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ManganĂšse

element-chimique-25-manganese

Caractéristiques du manganÚse

  • Symbole : Mn
  • Masse atomique : 54,938 044 ± 0,000 003 u
  • NumĂ©ro CAS : 7439-96-5
  • Configuration Ă©lectronique : [Ar] 3d5 4s2
  • NumĂ©ro atomique : 25
  • Groupe : 7
  • Bloc : Bloc d
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©tal de transition
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 1,55
  • Point de fusion : 1 246 °C

Voir les produits associés au manganÚse

Le manganÚse, élément atomique n°25 de symbole Mn : ses généralités, son histoire, ses isotopes, ses propriétés, ses utilisations, sa toxicologie et sa production.

Proche parent du fer en raison de son aspect, le manganĂšse est un Ă©lĂ©ment prĂ©sent dans un certain nombre d’alliages. L’Afrique du Sud dĂ©tient environ 80 % de la rĂ©serve mondiale en manganĂšse. Il s’agit du quatriĂšme mĂ©tal le plus utilisĂ© dans le monde aprĂšs le fer, l’aluminium et le cuivre. Il joue un rĂŽle crucial dans la fabrication d’acier au carbone. Cet Ă©lĂ©ment chimique a des applications dans les secteurs de l’automobile et de la construction. Il entre dans la composition des piles, des batteries de vĂ©hicules Ă©lectriques, des cĂ©ramiques et des circuits Ă©lectroniques. On l’emploie aussi dans l’agroalimentaire.

Généralités sur le manganÚse

Le manganĂšse est un Ă©lĂ©ment chimique du groupe VII. Son numĂ©ro atomique est le 25 et son symbole est Mn. Son corps simple se prĂ©sente sous forme de mĂ©tal de transition. Il est situĂ© au milieu de la premiĂšre sĂ©rie de mĂ©taux que l’on qualifie « de transition Â». Les chimistes considĂšrent les Ă©lĂ©ments suivants comme appartenant Ă  ce groupe : le technĂ©tium, le rhĂ©nium et, accessoirement, le bohrium (un transactinide synthĂ©tique radioactif). L’atome de manganĂšse est caractĂ©risĂ© par une structure Ă©lectronique [Ar] 4s2 3d5. Il dispose en tout de 7 Ă©tats d’oxydation. Les Ă©tats II et III sont les plus courants dans la nature. L’état +3, par contre, n’est stable qu’en formant des complexes.

La valeur d’électronĂ©gativitĂ© de Pauling du manganĂšse est de 1,55. Il est donc l’un des Ă©lĂ©ments les plus Ă©lectropositifs et les plus abondants du 7ᔉ groupe secondaire. Sa rĂ©activitĂ© est plus importante que celle du rhĂ©nium. À titre de comparaison, le chrome et le fer, dans leurs groupes respectifs (6ᔉ et 7ᔉ), sont plus rĂ©actifs par rapport au tungstĂšne et Ă  l’osmium. Le technĂ©tium, Ă©tant un Ă©lĂ©ment synthĂ©tisĂ© par l’ĂȘtre humain, on ne le retrouve pas dans sa forme naturelle. Par ailleurs, le corps simple mĂ©tal du manganĂšse n’a pas de propriĂ©tĂ©s magnĂ©tiques, contrairement au corps composĂ© sulfate de manganĂšse. On reconnaĂźt ce dernier Ă  sa forme poudreuse de couleur blanche rĂ©sultant de l’accumulation de cristaux incolores.

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Histoire du manganĂšse

Des chimistes et minĂ©ralogistes suĂ©dois ont dĂ©couvert le manganĂšse dans la magnĂ©sie noire, « magnesia nigra » en latin. On parle ici du dioxyde de manganĂšse ou pyrolusite, un minĂ©ral naturel de formule chimique MnO2. On retrace l’utilisation de ce minĂ©ral Ă  l’antiquitĂ©. Son nom provient de la citĂ© lydienne de MagnĂ©sie du Sipyle (Mont Sipylos). À cette Ă©poque, il faisait dĂ©jĂ  l’objet de commerce par les habitants de cette ville.

Le chimiste suĂ©dois, Torbern Olof Bergman, soupçonne la prĂ©sence d’un nouvel Ă©lĂ©ment dans la magnĂ©sie noire. Il entreprend alors d’analyser ce minĂ©ral. Son Ă©tudiant, Carl Wilhelm Scheele, est le premier Ă  considĂ©rer le manganĂšse comme un Ă©lĂ©ment chimique Ă  part. Ce chimiste est arrivĂ© Ă  cette conclusion en utilisant la magnĂ©sie noire pour produire des gaz oxydants : l’oxygĂšne en 1773 et le chlore en 1774. Le gaz oxygĂšne a Ă©tĂ© nommĂ© comme tel par Antoine Laurent Lavoisier plus tard.

Le chimiste, Johan Gottlieb Gahn, prĂ©parateur et collĂšgue de Carl Wilhelm Scheele, a pu isoler le corps simple du manganĂšse sous forme de mĂ©tal pur en 1774. Pour ce faire, il a rĂ©duit du dioxyde de manganĂšse avec du carbone dans un creuset. Martin Heinrich Klaproth a reproduit la prĂ©paration en 1808. Il baptise en latin le corps simple qu’il a obtenu et le nomme « magnesium ». En allemand, il a choisi l’appellation « das magnesium ». Humphry Davy l’avait appelĂ© Â« magnium Â». Guyton de Morveau, un chimiste français, donne finalement l’appellation « manganĂšse Â» en 1785 dans sa nomenclature des Ă©lĂ©ments en s’inspirant des travaux de Lavoisier.

Pyrolusite

Ce minĂ©ral, essentiellement constituĂ© de dioxyde de manganĂšse (MnO2), est souvent associĂ© Ă  la magnĂ©tite ou Ă  l’oxyde de fer. La pyrolusite possĂšde des propriĂ©tĂ©s magnĂ©tiques. Les mots grĂ©co-latins « magnes », « magnetis », « magnetem » et « magnes lapis » font rĂ©fĂ©rence Ă  l’aimant. Ce dernier est aussi appelĂ© « pierre de magnĂ©sie » ou « pierre d’aimant » pour caractĂ©riser par sa puissance et sa force. Le terme « magnes(ia) » est un qualificatif qui  dĂ©signer la magnesia nigra. Ce pigment minĂ©ral noir s’intĂšgre autant naturellement qu’artificiellement aux argiles et aux ocres.

L’utilisation de cette substance colorante remonte Ă  la prĂ©histoire. On en a retrouvĂ© des traces dans des peintures vieilles de 17 000 ans. Les Romains et les Égyptiens employaient des dĂ©rivĂ©s du manganĂšse pour fabriquer du verre. Ils s’en servaient pour les colorer ou les dĂ©colorer. La magnĂ©sie noire Ă©tait et continue Ă  ĂȘtre manipulĂ©e pour blanchir le verre. En effet, les ions ferreux entraĂźnent l’apparition d’une coloration verdĂątre sur les coulĂ©es de verre.

D’ailleurs, la signification de « pyrolusie » en grec fait penser au savoir-faire des vitriers. Cette appellation peut se traduire par « ce qui se dissout et qui agit par le feu ». Effectivement, l’oxydation d’ions ferreux Fe2+ en ions ferriques Fe3+ fait intervenir le dioxyde de manganĂšse. En fonction de la concentration de pyrolusite, le verre peut devenir incolore ou brun.

Le fer et le manganĂšse

Du manganĂšse a Ă©tĂ© trouvĂ© dans les minerais de fer par les Spartiates et les LacĂ©dĂ©moniens. L’acier spartiate est reconnu pour sa duretĂ©. Elle rĂ©sulterait d’un alliage de fer et de manganĂšse. La magnĂ©sie noire a Ă©tĂ© utilisĂ©e depuis l’AntiquitĂ© comme fondant actif. Elle a Ă©tĂ© largement exploitĂ©e par les hommes de l’art alors qu’ils n’avaient pas une connaissance poussĂ©e des corps minĂ©raux. DiffĂ©rents composĂ©s ferromanganĂšses ont ainsi Ă©tĂ© créés pour fabriquer des lames de fer Ă  couche d’acier. La rĂ©duction au charbon de bois d’oxyde de manganĂšse et de minerai de fer, suivi d’une coulĂ©e de cuivre, a permis de façonner du bronze.

Les usages du manganùse à travers l’histoire

Des textes arabes du XIe siĂšcle font Ă©tat de l’ajout de magnesia nigra dans les creusets servant Ă  la production d’aciers fondus. Cette opĂ©ration avait pour but d’augmenter la rĂ©sistance de ces derniers. Elle a donnĂ© naissance Ă  l’acier de Damas.

Le permanganate, correspondant au degrĂ© d’oxydation le plus Ă©levĂ© du manganĂšse, a Ă©tĂ© dĂ©couvert par le chimiste allemand Johann Rudolf Glauber au XVIIe siĂšcle. Le dioxyde de manganĂšse a servi dans la fabrication du chlore dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle.

Le manganĂšse servait d’oxydant commun dans les laboratoires au XIXe siĂšcle. À une Ă©chelle industrielle, il permettait de gĂ©nĂ©rer du gaz oxygĂšne et du chlore et des dĂ©colorants. Il en est de mĂȘme pour l’eau de Javel, l’eau de Labarraque ou le chlorure de calcium avant le dĂ©veloppement du procĂ©dĂ© Solvay.

Au dĂ©but du XIXe siĂšcle, des scientifiques ont Ă©tudiĂ© la possibilitĂ© d’intĂ©grer le manganĂšse dans la fabrication de l’acier. Leurs essais ont Ă©tĂ© concluants et ont abouti Ă  l’obtention de brevets. En 1816, on a constatĂ© que la combinaison manganĂšse-fer rendait l’acier plus dur sans devenir plus cassant. L’utilisation du manganĂšse dans la mĂ©tallurgie a Ă©tĂ© lancĂ©e en 1858 avec le procĂ©dĂ© Bessemer. On doit Ă  l’industriel et mĂ©tallurgiste anglais, Robert Forester Mushet, la mise au point des techniques dĂ©veloppĂ©es dans ce premier processus de fabrication de l’acier.

Le soufre contenu dans les mauvais minerais de fer est bloquĂ© par le manganĂšse. En effet, la prĂ©sence de sulfure de fer, mĂȘme en petite quantitĂ©, rend l’acier cassant. Cet Ă©lĂ©ment rĂ©agit pareillement avec le gaz oxygĂšne lors des procĂ©dĂ©s de coulage moderne. La formation de dioxyde de manganĂšse pendant ces coulĂ©es Ă©vite l’apparition de poches d’air (boursouflures au refroidissement des coulĂ©es). La fonte spĂ©culaire de la technique Bessemer a permis la crĂ©ation d’alliages de fer, de manganĂšse et de carbone. Ils sont appelĂ©s Spiegeleisen (« fer Ă  miroir » ou « miroir/fer ») en allemand Ă  cause de leur cassure miroitante. En langage technique internationale, on utilise le terme « spiegel Â».

Le manganùse durant la Belle Époque

L’acier au manganĂšse, particuliĂšrement dur et rĂ©sistant Ă  l’abrasion, est exploitĂ© dans la conception de chemins de fer. Les hĂ©lices de navire de l’époque sont pour la plupart construites avec des alliages de ferromanganĂšse et de cuivre. On assiste alors au dĂ©veloppement des bronzes au manganĂšse, selon le mĂȘme principe et pour des applications similaires.

Le chimiste naturaliste Hikorokuro Yoshida et le chimiste français Gabriel Bertrand ont observĂ© l’effet du manganĂšse Ă  faible dose au niveau de l’arbre Ă  laque. Ils ont remarquĂ© son rĂŽle d’engrais catalytique, favorisant ainsi l’assimilation des Ă©lĂ©ments fertilisants par les plantes cultivĂ©es. Le chimiste français est par ailleurs Ă  l’origine de la notion d’oligo-Ă©lĂ©ments. Il a ouvert la voie aux cultures intensives ainsi qu’à l’agrochimie.

Le dioxyde de manganĂšse est employĂ© comme dĂ©polarisant pour entourer la cathode d’une pile sĂšche. Pour les piles alcalines, la cathode est Ă  base d’un mĂ©lange de poudre de carbone et de dioxyde de manganĂšse. On le retrouve aussi dans les batteries et piles au lithium créées Ă  la fin du XXe siĂšcle.

Lexique autour du manganĂšse

Jöns Jacob Berzelius est Ă  l’origine de l’adjectif manganeux. Il l’a citĂ© dans son ouvrage de chimie en 1831. Ce terme sert Ă  qualifier Ă  la fois :

  • le monoxyde de manganĂšse MnO ;
  • le chlorure de manganĂšse MnCI;
  • le sulfate de manganĂšse MnSO4 et l’ensemble des composĂ©s de Mn(II).

Les adjectifs « manganĂ©sifĂšre » et « manganique » ainsi que le mot « manganate » n’ont Ă©tĂ© acceptĂ©s par l’AcadĂ©mie française qu’en 1840. Cependant, des nuances sont Ă  faire sur ces appellations. « ManganĂ©sifĂšre » dĂ©signe les corps chimiques qui contiennent du manganĂšse. L’appellation « manganique » regroupe les composĂ©s Mn de valence VI. Le terme « manganate » fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’anhydride manganique MnO3 ainsi qu’aux sels de l’acide correspondant tels que le trisulfate de manganĂšse Mn(SO4)3

En revanche, les adjectifs « manganĂ©sĂ© » et « manganĂ©sien » sont citĂ©s dans le dictionnaire Larousse. En effet, ils ont Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ©s dans les laboratoires avant 1870. Les mots « manganine » et « manganite » ont fait leur entrĂ©e dans ce mĂȘme dictionnaire en 1873. Ils sont suivis par le mot « permanganite » et son adjectif « permanganate » durant l’annĂ©e 1874. Le terme « manganite » dĂ©signe Ă©galement les oxydes doubles de MnO2, le sesquioxyde mĂ©tallique et les sels dĂ©rivĂ©s de MnO2.

En 1922, le mot « manganine » devient « manganin » , sans pour autant changer de sens. On parle alors de l’alliage rĂ©sultant de la combinaison de 13 Ă  15 % de manganĂšse, de 82 Ă  83 % de cuivre et de nickel pour le reste. Ce matĂ©riau mĂ©tallique est souvent prĂ©sentĂ© sous la forme d’un fil de manganin insĂ©rĂ© dans les bobinages et les rĂ©sistances Ă©lectriques.

L’anhydride permanganique Mn2O7, en prĂ©sence d’un oxydant fort de type nitrate ou chlorate oxydant, entre en rĂ©action avec l’alcali pour former du permanganate de base. Le permanganate de potassium est un agent oxydant Ă  haute Ă©nergie qui a Ă©tĂ© manipulĂ© dans les laboratoires dĂšs 1874. On s’en sert pour rĂ©aliser l’analyse volumĂ©trique des eaux contaminĂ©es. En mĂ©decine, on l’emploie comme dĂ©sinfectant puissant pour le lavage des mains et des plaies, entre autres. Pour traiter les MST, en particulier la gonorrhĂ©e, on fait appel Ă  des antiseptiques spĂ©cifiques. Par ailleurs, l’industrie remplace parfois les manganates basiques par des permanganates. Ils sont connus pour ĂȘtre de puissants agents de blanchiment de matiĂšres organiques, notamment dans le traitement des Ă©ponges et pulpes vĂ©gĂ©tales. Le permanganate de potassium et de calcium est, entre autres, employĂ© dans la dĂ©sinfection de l’eau.

Les prĂ©fixes « manganoso- »  ou « mangano- » indiquent, respectivement en chimie minĂ©rale et en chimie organique, la prĂ©sence de manganĂšse dans un composĂ© chimique. On peut citer la saponite de manganĂšse, au mĂȘme titre que les substances suivantes :

  • calcite de manganĂšse ou carbonate de manganĂšse Ă  teneur variable en anions ;
  • minerai de manganĂšse ou antimoniate de fer et de manganĂšse ;
  • tungstĂšne de manganĂšse ou tungstate de manganĂšse naturel ;
  • silicate de manganĂšse naturel ;
  • saponite de manganĂšse Ă  teneur variable en anions.
  • Calcium, composĂ©s de manganĂšse d’ammonium ou sels de manganĂšse,
  • oxydes et ammoniaque, etc.

En outre, certaines appellations ont Ă©tĂ© retenues pour des raisons phonĂ©tiques :

  • manganagraphite pour dĂ©signer le silicate naturel hydratĂ© de manganĂšse ;
  • manganapatite ou phosphate naturel de chaux manganĂ©sifĂšre (environ 6 %) ;
  • manganamphibole (rhodochrosite Ă  haute teneur en manganĂšse).
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Les isotopes du manganĂšse

Le manganĂšse dispose de 26 isotopes artificiels dont la masse varie de 44 Ă  69. Il possĂšde 7 isomĂšres nuclĂ©aires. Un seul de ces isotopes est stable : le 55Mn. On ne retrouve le manganĂšse naturel que dans cet Ă©tat, faisant de lui un Ă©lĂ©ment monoisotopique et mononuclĂ©aire. Par consĂ©quent, sa masse atomique standard correspond Ă  la masse isotopique de 55Mn : 54,938 045(5) u.

Les occurrences du manganĂšse, son extraction miniĂšre et sa purification

AprĂšs le fer et le titane, le manganĂšse est le troisiĂšme mĂ©tal de transition le plus abondant dans la croĂ»te terrestre. Elle renferme entre 850 Ă  1 000 g/t de clarke. Les estimations sont significativement plus Ă©levĂ©es dans le granite, soit entre 1 500 Ă  1 600 g/t, contre 400 et 500 g/t dans les roches magmatiques basiques. On parle donc d’un Ă©lĂ©ment moyennement abondant.

Le manganĂšse est retrouvĂ© dans les « nodules polymĂ©talliques » qui se dĂ©posent sur le fond marin. Il prend alors la forme de composĂ©s de manganĂšse hydratĂ© associĂ©s Ă  des particules de quartz, d’argile et de feldspath. Les nodules les plus importants Ă©conomiquement disposent d’une granulomĂ©trie de l’ordre de 8 cm de diamĂštre. En moyenne, ils renferment des composĂ©s de Mn Ă  hauteur de 30 % de leur masse. Ils contiennent de l’eau en proportion Ă©quivalente ou supĂ©rieure en masse. De mĂȘme, ils sont constituĂ©s de fer, de nickel, de cobalt, de cuivre, de zinc, de molybdĂšne, de titane et de cĂ©rium (de 1,5 % Ă  50 %, mais gĂ©nĂ©ralement, en quantitĂ© plus faible).

Certaines zones d’eaux profondes de l’ocĂ©an Pacifique abriteraient environ 120 000 kg/kmÂČ de manganĂšse. Les rĂ©serves combinĂ©es de minerai de manganĂšse pourraient dĂ©passer 30 milliards de tonnes. Toutefois, l’exploitation miniĂšre est dĂ©licate en raison de la taille et de la profondeur des grains des sĂ©diments Ă  l’Ă©chelle centimĂ©trique. Les consĂ©quences des extractions de cet Ă©lĂ©ment sur la biodiversitĂ© des fonds marins sont inĂ©vitables. Les nodules d’oxydes mĂ©talliques, constituĂ©s en grande partie de Fe et de Mn, se sont formĂ©s aprĂšs l’Ă©rosion des gisements primaires de silicate de manganĂšse. Ils Ă©manent Ă©galement d’acier corrodĂ© de navires ou d’installations anthropiques.

Le manganĂšse est prĂ©sent dans de nombreux oxydes et dans plusieurs silicates, en substitution aux ions ferreux. Il se transforme facilement en solution, pour ĂȘtre par la suite prĂ©cipitĂ©. Il est alors trouvĂ© Ă  forte concentration dans des roches chimiquement sĂ©dimentaires. Tel est le cas des minerais oolithiques Ă  gangues calcaires, des minerais Ă  gangues siliceuses ou dolomitiques, ou des nodules polymĂ©talliques.

Les minĂ©raux communs qui renferment du manganĂšse sont :

  • pyrolusite MnO2 quadratique ;
  • rhodochrosite MnCO3 ou « manganspath » ou « diallogite » (pour les anciens chimistes et minĂ©ralogistes) ;
  • rhodonite CaMn4(Si5O15) ;
  • braunite Mn7SiO12 ;
  • manganite MnO(OH) monoclinique en aiguilles avec des macles noires Ă  brunes ;
  • hausmannite Mn3O4 des roches sĂ©dimentaires oolithiques et des filons hydrothermaux.

L’hausmannite et la braunite sont abondantes dans certains sols. Le sulfure de manganĂšse cubique MnS est reprĂ©sentĂ© par l’alabandite, un minĂ©ral rare autrefois appelĂ© alabandine.

Les grands gisements d’oxydes de manganĂšse non cristallins sont nombreux. La pyrolusite accompagne parfois ces oxydes. On parle gĂ©nĂ©riquement de « wad ».

Par ailleurs, une Ă©quipe gĂ©ologique russe a mis en exergue le manganĂšse natif Ă  l’échelle micromĂ©trique en 2001. Cependant, l’étude, assez dĂ©licate en raison de la raretĂ© des Ă©chantillons, n’a pas Ă©tĂ© approuvĂ©e par l’association internationale de minĂ©ralogie.

On retrouve souvent les minéraux de manganÚse dans les minéraux de fer. De temps en temps, ils sont associés aux roches qui contiennent une quantité importante de chrome ou de fer. Ces minéraux prennent la forme de composés chimiques de manganÚse.

L’eau ferrugineuse peut, de maniĂšre exceptionnelle, avoir une grande concentration d’anions manganĂšse, allant jusqu’à 0,5 g/l.

Les minerais qui contiennent de l’oxyde de manganùse les plus courants sont :

  • la pyrolusite MnO2 ;
  • l’ancienne psilomĂ©lane [(Ba,H2O)2Mn5O10] ;
  • la coronadite ou le groupe des cryptomĂ©lanes ;
  • les oxyhydroxydes produits d’altĂ©ration ou hydroxydes (mĂ©langes de vernadite et de birnessite) ;
  • les carbonates comme la rhodochrosite (MnCO3).

Les gisements stratiformes syngĂ©nĂ©tiques, sĂ©dimentaires ou hydrothermaux-sĂ©dimentaires, surtout ceux en milieu dĂ©tritique et carbonatĂ©, sont les principales sources de ces minerais. On compte Ă©galement les gisements volcano-sĂ©dimentaires. Ils sont la consĂ©quence d’une prĂ©cipitation chimique en milieu aqueux  des oxydes de manganĂšse, lorsque les conditions physico-chimiques sont favorables.

En France, au XIXe siĂšcle, le terme gĂ©nĂ©rique « manganĂšse » dĂ©signait de nombreux minĂ©raux. Ce nom renvoyait aux hydroxydes, oxyhydroxydes, oxydes et aux silicates de manganĂšse se trouvant en inclusion dans des roches. Les mines de PĂ©rigueux et de Saint-Martin en Dordogne, qui Ă©taient exploitĂ©es sous l’ancien rĂ©gime, appelaient le manganĂšse « pierre de PĂ©rigueux ». Sous le rĂ©gime consulaire et impĂ©rial, les divisions minĂ©ralogiques comptaient les dĂ©partements suivants parmi les producteurs de ces minerais :

  • la SaĂŽne-et-Loire, qui compte une mine reconnue se trouvant Ă  RomanĂšche, prĂšs de MĂącon ;
  • la Loire ;
  • le Bas-Rhin Ă  Dambach ;
  • la Sarre, dans la mine de Kreslenich du canton de Wadern ;
  • le Gard, dans la mine de CĂ©venole de Saint-Jean de Gardonnenque ;
  • le PĂ©rigord.

Une relance des investigations miniĂšres a Ă©tĂ© faite durant la pĂ©riode de la Restauration. L’exploitation du manganĂšse a Ă©tĂ© de nouveau reprise :

  • de 1817 Ă  Saint-Martin-de-Fressengeas ;
  • de 1833 Ă  1841 Ă  Milhac-de-Nontron ;
  • entre 1840 Ă  1912 Ă  Saint-Pardoux-la-RiviĂšre.

De 1823 Ă  1949, la France n’a produit que 0,875 Mt de minerai, dont la teneur en Mn Ă©tait infĂ©rieure Ă  50 %. Cette pĂ©riode correspond Ă  la fermeture de la production en SaĂŽne-et-Loire et Ă  Saint-Prix. De plus, la majoritĂ© de ces gĂźtes Ă©taient isolĂ©s et assez petits. En revanche, ceux localisĂ©s dans le sud Ă©taient exploitables et rentables. On parle surtout des mines des PyrĂ©nĂ©es, des CorbiĂšres, de la montagne Noire ainsi que ceux des cĂŽtĂ©s nord-nord-est du Massif central. On y a extrait 2 000 Ă  28 000 tonnes de minerai au XIXe siĂšcle et au XXe siĂšcle.

Le deuxiĂšme producteur français de manganĂšse s’est implantĂ© dans le district de Las Cabesses, en AriĂšge. Ses extractions sont estimĂ©es Ă  0,195 Mt de 1890 Ă  1946. À Chaillac, dans l’Indre, on extrait des minĂ©raux lenticulaires Ă  faible teneur en manganĂšse. Elles sont incrustĂ©es entre les couches mĂ©sozoĂŻques de grĂšs et d’argiles du Permo-Trias et du Lias basal.

Ce type de minerai est rarement disponible en gros filons. On en trouve nĂ©anmoins dans les mines de RomanĂšche en SaĂŽne-et-Loire. Elles sont gĂ©rĂ©es par le premier producteur français de manganĂšse. Sa production Ă©tait de 0,435 Mt de 1823 Ă  1919. À la fin du XXe siĂšcle, la majoritĂ© du minerai extrait servait dans la fabrication de ferroalliages de ferromanganĂšse carburĂ© ou affinĂ©. Il Ă©tait utilisĂ© pour prĂ©parer du silicomanganĂšse constituĂ© de Mn Ă  hauteur de 65 Ă  68 %.

Les propriétés physiques et chimiques du corps simple métal de manganÚse, ses préparations et alliages

Le manganĂšse Mn est un mĂ©tal solide, gris-blanchĂątre ou grisĂątre. Sa couleur gris clair et sa brillance s’apparentent Ă  celles du fer. Les atomes de rayon sphĂ©rique proche de 1,4 Å forment un cristal avec une structure centrale en rĂ©seau cubique et un paramĂštre de maille de 6,28 Å. Sa densitĂ© est de 7,2 Ă  7,44 (pur), avec une duretĂ© comprise entre 5 Ă  6 œ sur l’Ă©chelle de Mohs. Il est fragile et particuliĂšrement cassant. Ce corps mĂ©tallique possĂšde quatre formes allotropiques. Le plus courant de ces variĂ©tĂ©s cubiques est le Mnα, dont la densitĂ© est de 7,44. Il est stable Ă  742 Â°C. Il se transforme en MnÎČ par aluminothermie. Sa densitĂ© diminue alors jusqu’à 7,29. Cette forme classique se mĂ©tamorphose ensuite en MnÎł Ă  742 Â°C et en MnÎŽ Ă  1 160 Â°C. Ces modifications de la structure cristallochimique du manganĂšse sont rĂ©versibles. AprĂšs Ă©lectrolyse, les dĂ©pĂŽts de mĂ©tal sont composĂ©s de MnÎł avec une densitĂ© minimale de 7,18. Ce dernier se change rapidement en Mnα au repos et Ă  tempĂ©rature ambiante.

VariĂ©tĂ©s allotropiquesMnαMnÎČMnÎłMnÎŽ
Structure cristalline
SystĂšme cristallincubiquecubiquecubiquecubique
Nombre de coordination16+16+13+1214+12128
Groupe d’espaceI43mP4132Fm3mIm3m
ParamĂštre de maille a (pm)891,1631,5386,3308,1
Nombre d’atomes par maille Ă©lĂ©mentaire582042
Masse volumique calculée (g/cm3 théorique)7,4637,246,336,238

Dans une atmosphĂšre inerte, le manganĂšse se liquĂ©fie moins par rapport au fer. Il fond sans effort Ă  environ 1 246 Â°C. Son point d’ébullition est d’approximativement 2 061 Â°C. Son oxydation est trĂšs lente Ă  tempĂ©rature ambiante. Cependant, chauffĂ© Ă  l’air, il s’oxyde facilement et brĂ»le. Sa combustion produit du tĂ©traoxyde de manganĂšse Mn3O4. La poudre fine de manganĂšse s’enflamme de maniĂšre spontanĂ©e au contact de l’air et Ă  tempĂ©rature ambiante. En s’oxydant dans l’air en grande quantitĂ©, il donne du dioxyde de manganĂšse MnO2.

Le manganĂšse est antiferromagnĂ©tique et ne devient ferromagnĂ©tique qu’aprĂšs un traitement spĂ©cial. Le premier potentiel d’ionisation est de 7,434 V. Les mĂ©taux ainsi que leurs ions les plus courants sont paramagnĂ©tiques. La conductivitĂ© Ă©lectrique de ce mĂ©tal de transition est de 4% IACS. Cette valeur a Ă©tĂ© Ă©tablie par rapport Ă  la conductivitĂ© du cuivre pur.

Il est facilement corrodĂ© par les acides diluĂ©s, mĂȘme par l’acide acĂ©tique. Dans ce sens, des cations divalents Mn2+ sont libĂ©rĂ©s par le mĂ©tal selon la rĂ©action d’équilibre Ă©lectrochimique rĂ©versible suivante :

Mn2+ + 2 e− == Mn0 manganĂšse mĂ©tal Δ0 = −1,18 V

L’attaque Ă  l’acide nitrique concentrĂ© libĂšre une quantitĂ© Ă©quivalente de cations tĂ©travalents ou MnO2. Le manganĂšse se dissout alors dans l’acide, libĂ©rant de l’hydrogĂšne gazeux. Il a la capacitĂ© de rĂ©duire les acides oxydants, notamment l’acide sulfurique en acide sulfureux.

Le corps simple mĂ©tallique du manganĂšse peut dĂ©composer l’eau Ă  froid. Ce procĂ©dĂ© libĂšre de l’hydrogĂšne gazeux. Il dissocie l’eau en hydrogĂšne et en oxygĂšne Ă  100 Â°C. Dans des conditions difficiles Ă  contrĂŽler, la poudre de manganĂšse finement divisĂ©e catalyse la dĂ©composition de l’eau oxygĂ©nĂ©e ou du peroxyde d’hydrogĂšne en solution aqueuse. Cette poudre rĂ©sulte de la formation de dioxyde de manganĂšse primaire en surface.

Le corps pur du manganĂšse ne possĂšde pas de couche d’oxydes. Il entre en rĂ©action avec la majoritĂ© des corps mĂ©talloĂŻdes. Il est Ă  noter qu’Ă  tempĂ©rature normale, sa rĂ©activitĂ© est faible. En revanche, elle augmente par chauffage et devient plus facile Ă  mesure que la tempĂ©rature augmente. On peut le combiner aisĂ©ment avec l’oxygĂšne, l’antimoine et le soufre, les corps allogĂšnes. On a recours au manganĂšse pour Ă©liminer les imperfections dans certains processus de mĂ©tallurgie du fer pour cette raison.

Le manganĂšse entre en rĂ©action avec l’azote Ă  1 200 Â°C, puis laisse du nitrure de manganĂšse Mn5N3.

Préparation et production du corps simple de manganÚse

Le carbone et le charbon permettent de rĂ©duire les divers oxydes de manganĂšse dans un four Ă©lectrique. NĂ©anmoins, le corps simple de cet Ă©lĂ©ment chimique renferme beaucoup d’impuretĂ©s composĂ©es de carbone. Pour produire du manganĂšse pur, on peut recourir Ă  l’aluminothermie. Louis Troost a dĂ©crit cette technique ancienne faisant intervenir la poudre d’aluminium dans son cours de chimie. Ainsi, l’oxydorĂ©duction exothermique de MnO2 par l’aluminium en l’absence de Mn3O4 permet d’obtenir du manganĂšse mĂ©tallique pur.

3 MnO2 solide + 4 Al poudre mĂ©tallique → 3 Mn manganĂšse ÎČ + 2 Al2O3 alumine

Δ H = −1 791 kJ/mol

Le chlorure de manganĂšse MnCl2 peut ĂȘtre rĂ©duit par le sodium mĂ©tallique. En utilisant du charbon actif, il est possible de rĂ©duire le carbonate de manganĂšse. On le chauffe alors au rouge blanc dans un creuset Ă  chaux (entourĂ© de chaux vive) ou dans un creuset rĂ©fractaire.

La prĂ©paration industrielle du manganĂšse mĂ©tal est possible avec une solution de sulfate de manganĂšse(II) et d’acide sulfurique bimolaire. Pour ce faire, on y applique une tension de 4,5 V et une densitĂ© de courant d’environ 35 000 ampĂšres. Outre le MnSO4, une autre technique consiste Ă  rĂ©aliser une Ă©lectrolyse de MnCl2. Le raffinage du manganĂšse mĂ©tal a Ă©tĂ© propulsĂ© par les utilisations chimiques ou Ă©lectriques qui nĂ©cessitent une plus grande puretĂ©. La production des mĂ©taux purs a longtemps Ă©tĂ© insignifiante, de l’ordre de quelques %. Cette comparaison a Ă©tĂ© faite par rapport Ă  la majoritĂ© de la production de ferromanganĂšse dans l’industrie sidĂ©rurgique. Ils contenaient entre 30 Ă  80 % de manganĂšse. Leur fabrication se faisait dans de hauts fourneaux remplis de coke et de minerai mixte de fer-manganĂšse. Contrairement Ă  ces derniers composĂ©s intermĂ©diaires, les spiegels ne disposent que d’une teneur en Mn infĂ©rieure Ă  30 % en masse. Ils sont obtenus par rĂ©duction du minerai de manganĂšse par du carbone.

manganese-03

Les alliages Ă  base de manganĂšse

Le manganĂšse est gĂ©nĂ©ralement combinĂ© avec le fer (symbole chimique Fe). Cet alliage rend l’acier plus dur et lui confĂšre des propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques particuliĂšres. NotĂ© « M » par convention en ancienne sidĂ©rurgie, le manganĂšse peut ĂȘtre introduit dans de l’acier par ferroalliage. Il se dĂ©cline ainsi en silicomanganĂšse, en ferromanganĂšse, etc. On l’assimile souvent Ă  un mĂ©tal additionnel. Dans ce cas, il augmente les propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques et chimiques de l’acier et de la fonte, entre autres. Pour ce qui est des aciers modernes Ă  faible proportion en Mn (2 %), ils sont simples Ă  travailler Ă  haute tempĂ©rature. Les alliages hautes performances renferment au moins une teneur en manganĂšse allant de 8 Ă  15 %. Cela optimise la duretĂ© du matĂ©riau, sa force de traction et sa rĂ©sistance aux chocs. À titre illustratif, l’acier de Robert Hadfield a une teneur en Mn variant de 12 Ă  13 %. Ce type d’acier se durcit sous l’effet de coups rĂ©pĂ©tĂ©s. Il rĂ©siste efficacement Ă  l’usure.

Parmi les alliages manganÚse-fer, on peut citer la fonte mangané et ceux avec du silicium (Si) et/ou du chrome (Cr). Ces derniers sont caractérisés par leurs propriétés superélastiques. Les combinaisons telles que le Ni0,52, le Mn0,24 et le Ga0,24 ont une mémoire de forme ferromagnétique.

Dans le but de maintenir un alliage indĂ©formable, on associe le manganĂšse avec le chrome et le tungstĂšne (W). Ce type d’acier spĂ©cial entre dans la fabrication des outillages, des rails d’aiguillage, des plaques de blindage, des socs de charrue et des casques lourds de protection. On compte Ă©galement les aciers de cĂ©mentation au chrome et au bore (B). D’autres associations ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour crĂ©er les types d’aciers suivants :

  • acier austĂ©nitique au Cr, Mn et Ni ;
  • acier spĂ©cifique au Mn, Ni molybdĂšne (Mo) ;
  • acier spĂ©cifique au Cr, Mn Si.

Les aciers aux Mn (Ni) résistent au fluage. Les aciers aux Mn Cr (Ni) sont amagnétiques.

Le manganĂšse se retrouve aussi dans les cuproalliages ou les bronzes. Il est frĂ©quemment prĂ©sent dans les alliages de mĂ©taux non ferreux d’étain (Sn), d’aluminium (Al), de cuivre (Cu) et de zinc (Zn) Ă  fonction industrielle. Autrefois trĂšs exploitĂ© dans l’industrie navale, le laiton au manganĂšse, qui rĂ©siste Ă  l’eau de mer, en est un parfait exemple.

L’alliage manganine, contenant du Cu Ă  84 %, du Mn Ă  12 % et du Ni Ă  4 %, possĂšde une rĂ©sistivitĂ© basse de 0,45 x 10-6 Ω. Lorsqu’il est soumis Ă  de hautes pressions, il montre une variation linĂ©aire. Le fait d’introduire du Mn offre la possibilitĂ© de concevoir des rĂ©sistances Ă©lectriques standards ou calibrĂ©es. Ce procĂ©dĂ© permet de fabriquer des thermocouples Ă©lectriques et des Ă©lĂ©ments magnĂ©tiques. De ce fait, les manomĂštres garantissent une grande prĂ©cision de mesures de pression Ă  hauteur de 30 x 106 hPa, mĂȘme Ă  haute tempĂ©rature.

Pour l’alliage constantan Ă  base de cuivre (55 %), de nickel (44 %) et de manganĂšse (1 %), la rĂ©sistivitĂ© est quasiment stable. Sa valeur est de 50 x 10-8 Ω m Ă  20 Â°C.

En outre, la crĂ©ation d’alliages d’aluminium Ă  rigiditĂ© renforcĂ©e est possible avec l’utilisation du manganĂšse. On peut citer en exemple les canettes pour boissons. Ces alliages qui rĂ©sistent parfaitement Ă  la rupture sont trĂšs utilisĂ©s dans l’industrie automobile.

Les alliages de titane et de manganĂšse sont employĂ©s pour rĂ©aliser des moulages d’acier. Ceux au Mn et au Ni restent intĂ©ressants en raison de leur mallĂ©abilitĂ©. Ceux avec du cobalt, du silicium, du zinc, du bismuth et de l’étain rĂ©sistent plus Ă  la corrosion et ont de meilleures performances mĂ©caniques. Ils sont rĂ©putĂ©s pour leur lĂ©gĂšretĂ©.

Chimie, corps composĂ©s/complexes et techniques d’analyse du manganĂšse.

Tous les Ă©tats mĂ©talliques oscillant entre +1 et +7 s’observent avec -1 et -3, outre celui de zĂ©ro. Les Ă©tats d’oxydations communs du manganĂšse sont de +2, +3, +4, +6 et +7.

En gĂ©nĂ©ral, les composĂ©s du manganĂšse sont colorĂ©s. À partir des Ă©tats d’oxydation 2 Ă  7, on a :

  • le dichlorure de manganĂšse MnIICl2 rose ;
  • le dioxyde prĂ©cipitĂ© MnIVO2 brun ;
  • le trifluorure MnIIIF3 rouge ;
  • l’ion manganite MnVO43- bleu ;
  • l’ion manganate MnVIO42- vert ;
  • l’ion permanganate MnVIIO4 violet.

La solubilitĂ© des oxydes des Ă©lĂ©ments Mn, Cr et Fe est plus ou moins identique, notamment chez ceux Ă  degrĂ© d’oxydation bas. Il n’est donc pas rare que l’on retrouve souvent au mĂȘme endroit les Ă©lĂ©ments manganĂšse et fer. Les possibles oxanions de manganĂšse sont plus oxydants et acides en raison de leur Ă©tat d’oxydation Ă©levĂ©. Comme leur propriĂ©tĂ© oxydante augmente en milieu acide, en mĂȘme temps que leurs degrĂ©s d’oxydation, leur production est plus facile dans un environnement basique.

Chimie de base du manganĂšse

Le corps simple mĂ©tal Mn reprĂ©sente l’état de valence 0. Il en est de mĂȘme pour les composĂ©s carbonylĂ©s et/ou complexes de coordination tels que le K6[Mn(CN)6] ‱ 2 NH3,particuliĂšrement rĂ©ducteurs et instables.

Plus rare, le cation monovalent Mn+ ne se retrouve que sous forme de complexe Ă  l’état solide stabilisĂ©. Le cation Mn2+, en revanche, est peu acide. Il est difficile Ă  oxyder en solution aqueuse. Il est dĂ©pourvu de caractĂ©ristiques rĂ©ductrices. Sa couleur rose trĂšs pĂąle est souvent confondue avec le Mg2+ dans les systĂšmes biologiques. L’action des alcalis produit un prĂ©cipitĂ© d’hydroxyde de manganĂšse. Tel est le cas de l’hydroxyde ou carbonate de potassium en solution aqueuse. On y rĂ©cupĂšre de l’oxyde de manganĂšse par calcination douce ou par l’action de l’air.

Dans les liqueurs neutres, l’action des sulfures alcalins comme le Na2S ou K2S conduit Ă  la formation de prĂ©cipitĂ©s de sulfures blanc rosĂ©. Obtenus par chauffage, les sels manganeux anhydres sont d’ordinaire blancs. Les sels hydratĂ©s avec de l’eau de cristallisation arborent une teinte rose. Cette analogie est gĂ©nĂ©ralement sans Ă©quivoque avec des ions divalents Fe2+, Co2+, Ni2+, Cu2+ et Zn2+. On parle d’anions complexes tels que :

  • le phosphate MnPO42− ;
  • l’oxalate Mn(C2O4)22− ;
  • le tartrate Mn(C4H2O6)22− ;
  • l’EDTA Mn(EDTA)22− ;
  • le cyanure Mn(CN)3− ou Mn(CN)64−.

Les complexes de Mn2+ servent de base pour former des complexes de Mn(I) et Mn(III). Le premier rĂ©sulte de la rĂ©duction par le zinc et le second, par oxydation Ă  l’air. En outre, le cation Mn3+ , de couleur rouge, est instable. Cet oxydant dispose d’une faible puissance, mais l’est suffisamment pour dĂ©composer l’oxygĂšne de l’eau. Sa dismutation en Mn2+ et MnO2 est relativement simple en milieu acide. En le mettant dans l’eau, il s’hydrolyse en Mn3O4. La formule permettant de rĂ©aliser cette rĂ©action est :

Mn3+ aq + e− == Mn2+ aq

Δ0 = 1,51 V

Dans le cas oĂč l’on tiendrait compte de la rĂ©action d’électrode dans un milieu aqueux acide, on a :

MnO2 solide + H3O+ anion hydronium + e− == Mn3+ aq + H2O eau

Δ0 = 0,95 V

En solution aqueuse, le bilan montre l’absence de chimie de Mn3+.

2 Mn3+ aq + 2 H2O == Mn2+ aq + MnO2 + 4 H3O+

ΔΔ0 = 0,56 V

À l’état solide, l’oxydation III du manganĂšse est stable. Dans un environnement basique ou alcalin, la combinaison d’un corps avec l’oxygĂšne du dihydroxyde de manganĂšse donne l’ancien oxyde manganique Mn2O3. Ce dernier est en mĂȘme temps stable et basique.

Mn(OH)2 aq + œ O2 gaz dioxygĂšne → Mn2O3 solide + 2 H2O

Le cation Mn3+

Le cation Mn3+ n’est stable qu’en formant des complexes, comme :

  • Mn(PO4)23− violet ;
  • Mn(CN)63− rouge ;
  • MnF52− rouge foncĂ© ;
  • Mn(C2O4)23− rouge foncĂ© ;
  • [MnCl4]− ;

La combinaison Mn3+-dioxalate Mn(C2O4)23− Ă©tant instable en milieu chaud, il se dĂ©sagrĂšge Ă  partir de 60 Â°C. Ce phĂ©nomĂšne explique la raison pour laquelle les doses de permanganates Ă  l’oxalate sont uniquement produites Ă  chaud.

Le cation Mn4+

On ne retrouve pas le cation Mn4+ dans une solution acide. Il est fortement reprĂ©sentĂ© par MnO2. On parle d’oxyde amphotĂšre, dont la composition est non stƓchiomĂ©trique stable. Dans la majoritĂ© des cas, une dĂ©ficience en oxygĂšne est observĂ©e. Cela se manifeste par la prĂ©sence d’une poudre brun-noir ou brun foncĂ©. Par rapport aux rĂ©actions Ă©lectroniques de base, les formulations suivantes sont possibles  :

  • oxydant puissant dans un milieu acide :

MnO2 solide + 4 H3O+ anion hydronium + 2 e− == Mn2+ aq + 6 H2O eau

Δ0 = 1,23 V

  • rĂ©ducteur potentiel en solution basique :

MnO2 solide + 2 H2O + 2 e− == Mn(OH)2 aq + 2 HO− anion hydroxyle

Δ0 = −0,5 V

Ainsi, le cation tĂ©travalent se prĂ©sente sous forme d’ions complexes. Ces derniers sont souvent jaunes comme le Mn(CN)84- ou MnF62-, ou rouge foncĂ© tel que le MnCl62-.

L’ion manganite bleu MnVO43-

PlutĂŽt rare, l’ion manganite bleu MnVO43− existe seulement en milieu basique fort tel que la soude fondue. Sa dismutation en MnO42- et en MnO2 est possible dans un environnement moins basique. Sous l’influence de la chimie anglo-saxonne et allemande, ce cation est Ă©galement qualifiĂ© d’hypomanganate.

L’ion manganate vert MnVIO42−

Cet ion n’existe quasiment pas en solution aqueuse. Il ne se retrouve qu’en milieu trĂšs basique. Le trioxyde MnO3 n’existe pas Ă  l’état libre. Il se dismute facilement en ion permanganate MnO4 et MnO2 dans un environnement moins basique. Cela se produit, par exemple, par la reprise d’une masse de base fondue avec de l’eau lĂ©gĂšrement acide. On parle ici d’acidification et de dilution. La formule est donc :

3 MnO42− + 4 H3O+ aqueux anion hydronium → 2 MnO4−aq permanganate violet + MnO2 prĂ©cipitĂ© brun-noir + 6 H2O eau

ΔΔ0 ~ 1,7 V

Pour former du manganate de potassium (K2MnO4), on fait chauffer un mĂ©lange de dioxyde de manganĂšse, de nitrate de potassium et d’hydroxyde de potassium. On obtient alors un solide vert clair trĂšs soluble dans l’eau, mais qui n’est pas stable en milieu basique. Les manganates ont des propriĂ©tĂ©s similaires Ă  celles des chromates et des ferrates. Leur diffĂ©rence rĂ©side dans leur stabilitĂ©, celui des manganates Ă©tant intermĂ©diaire.

Les composĂ©s de manganĂšse Ă  l’Ă©tat +7 ou VII, trĂšs acides, ont un fort pouvoir oxydant. Le permanganate de potassium KMnO4 peut dĂ©composer lentement l’eau en peroxyde d’hydrogĂšne ou en heptoxyde de manganĂšse Mn2O7. Le liquide rĂ©sultant de l’association du permanganate de potassium avec l’olĂ©um est trĂšs instable. L’ion permanganate MnO4− prĂ©sente une couleur violet foncĂ©, trĂšs indicatrice et bien connue des chimistes. Ses sels, en tant qu’agents oxydants, restent solubles. Cela explique alors l’intĂ©rĂȘt de son utilisation en chimie analytique et prĂ©parative, notamment pour le dosage des « solutions fraĂźches » pendant la manganimĂ©trie. L’acide permanganique HMnO4, dĂ©couvert par Mitscherlich, est l’un des acides les plus forts connus. En chauffant le permanganate de potassium Ă  environ 240°C, celui-ci se dĂ©compose et libĂšre de l’oxygĂšne. Il se forme alors du dioxyde de manganĂšse et d’oxyde de potassium.

Certains cations de manganĂšse rĂ©agissent avec l’anion sulfure. Ils participent Ă  plusieurs rĂ©actions redox. Ils sont stabilisĂ©s sous forme de complexes. Le Mn2+ et le MnO4 sont utilisĂ©s rĂ©guliĂšrement par les chimistes. Ils s’en servent dans des mĂ©thodes expĂ©rimentales ou analytiques Ă  cause de leur stabilitĂ©. Les potentiels normaux des couples MnO2solide/MnO4− et Mn2+aqueux/MnO4− en milieu acide sont respectivement de +1,69 V et +1,50 V.

MnO4−aq + 8 H3O+ + 5 e− == Mn2+aq + 12 H2O

Δ0 = 1,51 V

Les rĂ©actions spĂ©cifiques les plus communes permettant d’isoler les cations manganeux Mn2+ font intervenir des persulfates. Elles sont possibles en prĂ©sence d’ions argent Ag+ comme catalyseurs. Il en rĂ©sulte une oxydation au-delĂ  de l’Ă©tat IV. Ces rĂ©actions sont aussi rĂ©alisables Ă  chaud avec le dioxyde de plomb PbO2 dans un milieu concentrĂ© en acide nitrique. On parle alors de la rĂ©action de Crum.

Ces rĂ©actions d’identification respectives sont dĂ©crites ci-dessous :

2 Mn2+ aqueux + 5 S2O82− aq persulfate + 24 H2O eau → 2 MnO4−aq permanganate violet + 10 SO42− aq sulfate + 16 H3O+ ;

2 Mn2+ aq + 5 PbO2 solide noir + 4 H3O+ → 2 MnO4−aq permanganate violet + 5 Pb2+ aq + 6 H2O eau.

En revanche, les cations permanganate peuvent ĂȘtre rĂ©duits en cations manganeux en milieu aqueux acide par de nombreux agents rĂ©ducteurs tels que :

  • Fe(II) ;
  • peroxyde d’hydrogĂšne ou eau oxygĂ©nĂ©e ;
  • sulfure d’hydrogĂšne gazeux ;
  • anion chlorure Ă  chaud ;
  • bromure ;
  • iodure ;
  • tartrate Ă  chaud.

Cependant, ils oxydent Ă©galement de nombreux composĂ©s organiques en milieu aqueux neutre ou basique. On peut parler de l’anion formiate qui s’oxyde en anion carbonate. De mĂȘme, l’oxydation Ă  chaud de l’éthanol donne de l’acĂ©tate ou de l’aldĂ©hyde.

La fusion basique oxydante de tout composĂ© de manganĂšse dans un creuset rĂ©fractaire (par exemple, en porcelaine) entraĂźne la formation d’un mĂ©lange rĂ©siduel vert aprĂšs refroidissement. Cette rĂ©action se rĂ©alise avec une partie de nitrate de sodium et quatre parties de carbonate de sodium pour une partie de composĂ© de manganĂšse. Elle sert Ă  mettre en Ă©vidence la prĂ©sence d’anion manganate ou de manganate alcalin. Cette ancienne technique a Ă©tĂ© Ă©prouvĂ©e en verrerie.

MnSO4 sulfate de Mn par exemple + 2 Na2CO3 soude des Anciens + 2 Na2NO3 nitrate de sodium → Na2MnO4 manganate de sodium vert + Na2SO4 sulfate de sodium + 2 NaNO2 nitrite de sodium + 2 CO2 gaz carbonique dĂ©gagĂ©

Dans le passĂ©, les Ă©tudiants en chimie simplifiaient souvent la fusion en laboratoire en utilisant de la poudre de carbonate de sodium. Une fois chauffĂ©s avec un chalumeau rĂ©glĂ© sur une flamme oxydante, ils la saupoudraient lĂ©gĂšrement ou la plongeaient dans une solution d’ions manganĂšse. Ils ont obtenu un petit amas de manganate de sodium, de couleur verte, qu’ils ont dissous dans l’eau.

Une technique de dĂ©tection qualitative du manganĂšse a Ă©tĂ© mise au point par Heinrich Rose. Le chimiste Jean-Baptiste Boussingault a appliquĂ© ce procĂ©dĂ© pour prouver la prĂ©sence de cet Ă©lĂ©ment dans le fer carburĂ© ayant une teneur massique de 1/10000e. Il a chauffĂ© les sels issus de la dissolution complĂšte de ces matĂ©riaux ferreux avec de l’acide nitrique HNO3 et l’oxyde en feuille de plomb PbO2. Son objectif Ă©tait d’observer la formation d’un permanganate violet intense.

Les principaux composés du manganÚse

Les oxydes de manganĂšse
FormesCaractéristiques
Trioxyde de manganĂšse Mn2O3

Trioxyde de dimanganĂšse ou trioxyde de manganĂšse

Oxyde ionique basique Vert ou rose

Oxyde de manganÚse(II) MnO ou minéral de manganÚseOxyde ionique basique
Gris foncé ou parfois vert émeraude
Oxydes mixtes de manganùse (Ⅱ, ⅱ) Mn3O4

Oxydes mixtes similaires Ă  Fe3O4

Oxydes de sel de manganĂšse
  Poudre dont la couleur variant entre le brun et le noir. Dans la nature, on le retrouve sous la forme minĂ©rale d’hausmannite.
Dioxyde de manganĂšse hydratĂ© MnO2 ‱ H2OCorps brun rĂ©sultant d’une lente prĂ©cipitation du cation manganeux oxydĂ© dans un milieu basique.

RĂ©action obtenue avec du peroxyde d’hydrogĂšne, du brome liquide ou de persulfate de sodium.
Trioxyde de manganÚse et de lanthane LaMnO3 ou Manganite de lanthaneOptimisé au strontium
DegrĂ© d’oxydation III  
Dioxyde de manganÚse MnO2Tétragonal, noir
Formes minérales : la pyrolusite et la polianite globuleuse
Les oxyhydroxydes de manganĂšse

Les oxhydroxydes de Mn(III) ou MnO(OH) correspondent au manganite cubique, Ă  la feitknechtite trigonale et Ă  la groutite orthorhombique.

L’hydroxyde de manganùse

Ce corps de teinte blanche a pour formule chimique : Mn(OH)2. Il brunit progressivement lorsqu’il est exposĂ© Ă  la lumiĂšre. Il se transforme ensuite en hydrate de MnO2 et Mn3O4. La pyrochroĂŻte, de maille trigonale, est sa forme minĂ©rale.

Les oxysels avec du Mn en oxoanion

Les sels d’oxyacides à base de manganùse sont les suivants :

  • manganate de sodium Na2MnO;
  • acide permanganique HMnO;
  • manganate de potassium K2MnO;
  • permanganate de potassium KMnO;
  • permanganate de sodium NaMnO;
  • permanganate d’argent AgMnO;
  • permanganate d’ammonium NH4MnO;
  • permanganate de baryum Ba(MnO4)2 ;
  • permanganate de calcium Ca(MnO4)2.
Les halogénures de manganÚse

Les principaux composés chimiques issus de la combinaison du manganÚse avec des halogÚnes sont :

  • halogĂ©nures de manganĂšse(II) :
    • (di)fluorure de manganĂšse MnF2 ;
    • tĂ©trahydrate de chlorure de manganĂšse(II) MnCl2 ‱ 4 H2O sous une forme commerciale ;
    • chlorure de manganĂšse mncl2 monoclinique, trigonal ou cubique avec des cristaux roses, correspondant Ă  de la scacchite ;
    • iodure de manganĂšse Mnl;
    • bromure de manganĂšse MnBr2 α monoclinique ;
    • bromure de manganĂšse MnBr2 ÎČ orthorhombique ;
  • halogĂ©nures de manganĂšse(III) :
    • (tri)chlorure de manganĂšse MnCl3 ;
    • (tri)fluorure de manganĂšse MnF3 ;
  • halogĂ©nures de manganĂšse(IV) :
    • perchlorure de manganĂšse MnCl4 de couleur verte, soluble dans l’eau, dans l’Ă©thyl-Ă©ther et dans l’alcool Ă  95 Â° ;
    • perfluorure de manganĂšse MnF4.
Les sulfures de manganĂšse
FormesCaractéristiques
Sulfure de manganĂšse(II) polyhydratĂ© MnS ‱ n H2ODe couleur rose chair, on l’a produit avec un prĂ©cipitĂ© de cation manganeux. La rĂ©action a Ă©tĂ© faite en prĂ©sence de sulfure d’ammonium dans un milieu aqueux neutre
Sulfure de manganĂšse(II) MnSComposĂ© amorphe vert ou cubique noir. Sa forme minĂ©rale est l’alabandite.
Sulfure de manganĂšse(IV) MnSCorps cubique noir
Les carbonates de manganĂšse

Le carbonate de manganĂšse(II) MnCO3 est un corps solide blanc brunissant Ă  l’air. En subissant la mĂȘme rĂ©action que celle de l’eau portĂ©e Ă  Ă©bullition, il se transforme en MnO2 et en CO2. Le minĂ©ral correspondant est la « diallogite » ou rhodochrosite

Les phosphates de manganĂšse
Substances chimiquesAppellation et caractéristiques
MnHPO4Hydrogénophosphate de manganÚse
MnNH4PO4 ‱ H2OPhosphate double d’ammonium et de manganĂšse hydratĂ© Corps rose pĂąle
MnHPO4 ‱ 3 H2OTrihydrate de hydrogĂ©nophosphate de manganĂšse
Mn2P2O7Pyrophosphate de manganĂšse
Mn3(PO4)2Ce composĂ© blanc est trĂšs peu soluble dans l’eau (pKs~22). Il l’est en revanche dans l’acide acĂ©tique et dans les acides forts.  
Mn2P2O7Pyrophosphate de manganĂšse
Les nitrates de manganĂšse

L’hexahydrate de nitrate de manganĂšse Mn(NO3)2 ‱ 6 H2O a une teinte rose rouge. Cette substance est soluble dans de l’alcool Ă  95 Â°.

Les sulfates de manganĂšse
Substances chimiquesAppellation et caractéristiques
MnSO4Sulfate de manganĂšse(II)
De couleur blanche anhydre ou rose, il est trĂšs soluble dans l’eau.
MnSO4 ‱ H2OMonohydrate de sulfate de manganùse(II)
Cette substance ayant une teinte rouge clair ou rose monoclinique correspond au minéral appelé szmikite.
MnSO4 ‱ 2 H2ODihydrate de sulfate de manganùse(II)
MnSO4 ‱ 3 H2OTrihydrate de sulfate de manganùse(II)
MnSO4 ‱ 4 H2OÉtrahydrate de sulfate de manganùse(II)
Sa forme commerciale a une couleur rosée monoclinique ou rhomboédrique
MnSO4 ‱ 5 H2OPentahydrate de sulfate de manganùse(II)
MnSO4 ‱ 6 H2OHexahydrate de sulfate de manganĂšse(II)  ;
MnSO4 ‱ 7 H2OHeptahydrate de sulfate de manganĂšse(II) rouge  
Mn2(SO4)3Sulfate de manganĂšse(III) ou sulfate manganique
De couleur vert cristal, il est dĂ©liquescent et assez instable. Il est hydrolysable dans l’eau. Il se dissout facilement dans de l’eau froide et se dĂ©compose dans de l’eau chaude.
Les autres composés courants du manganÚse

Les autres formes les plus fréquemment rencontrées des corps chimiques à base de manganÚse sont :

  • les sĂ©lĂ©niures de manganĂšse ;
  • les carbures de manganĂšse, comme le Mn3C ;
  • les tellurures de manganĂšse ;
  • les siliciures de manganĂšse tels que la disiliciure de manganĂšse MnSi2 ;
  • les nitrures de manganĂšse Mn5N3 et difluorure de manganĂšse ;
  • le tĂ©trahydrate de iodure de manganĂšse MnI2 ‱ 4 H2O ;
  • les phosphures de manganĂšse ;
  • l’arsĂ©niate de manganĂšse Mn3(AsO4)2, composĂ© trĂšs peu soluble (pKs~28,7) ;
  • le molybdate de manganĂšse MnMoO4 ;
  • le silicate de manganĂšse MnSiO2 ;
  • le thionate de manganĂšse : sous forme de dithionate de manganĂšse(II) MnS2O6 ;
  • les titanates de manganĂšse MnTiO3 ;
  • les tungstates de manganĂšse MnWO4 ou minĂ©ral hĂŒbnĂ©rite. Ces composĂ©s forment le pĂŽle manganĂ©sĂ© du minĂ©ral wolframite ;
  • les acĂ©tates de manganĂšse Mn(CH3CO2)2 ;
  • le tĂ©trahydrate d’acĂ©tate de manganĂšse(II) Mn(CH3CO2)2 ‱ 4 H2O ;
  • les oxalates de manganĂšse Mn(C2O4), qui est peu soluble (pKs~15) ;
  • les tartrates de manganĂšse : reprĂ©sentĂ©s par le tartrate potassique de Mn K2Mn(C4H2O6)2 ;
  • les orotates de manganĂšse
  • les cyanures de manganĂšse : Mn(CN)2 brun, KMn(CN)3 vert, ferrocyanure de Mn(II) Mn2Fe(CN)6, et ferricyanure de manganĂšse ;les dĂ©rivĂ©s carbonyles Mn2CO10 ;
  • les dĂ©rivĂ©s carbonyles Mn2CO10 ;
  • les dĂ©rivĂ©s nitrosocarbonyles ;
  • les composĂ©s organomĂ©talliques de type manganocĂšne :
    • bis (cyclopentadiĂ©nyl) manganĂšse ou manganocĂšne officiel ;
    • (MĂ©thylcyclopentadiĂ©nyl) manganĂšse tricarbonyle ou MMT ;
  • les complexes de porphyrine ou phtallocyanine ;
  • les mĂ©talloenzymes de Mn ou arginase.

 

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Analyse du manganĂšse

Les perles de borax placĂ©es dans une flamme oxydante prennent une coloration violette en prĂ©sence de manganĂšse. L’analyse quantitative a montrĂ© une prĂ©cipitation des ions manganeux Mn2+ en un mĂ©lange de phosphate mixte d’ammonium et de manganĂšse NH4MnIIPO4. Cette rĂ©action nĂ©cessite l’ajout de chlorure d’ammonium NH4Cl et de phosphate d’ammonium NH4PO4 dans de l’ammoniac. La calcination du prĂ©cipitĂ© a donnĂ© du diphosphate de manganĂšse Mn(PO4)2. Son pesage Ă  froid permet de calculer la teneur en manganĂšse de l’Ă©chantillon initial.

La spectromĂ©trie d’absorption ou spectromĂ©trie d’Ă©mission atomique a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour analyser les Ă©chantillons qui contiennent du manganĂšse. Diverses formes ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es : des minĂ©raux solides, des sels dissous dans des milieux aqueux, plusieurs complexes et des particules colloĂŻdales.

Une des mĂ©thodes d’analyse classique consiste Ă  dissoudre les particules et les colloĂŻdes dans un milieu acide pour obtenir des ions permanganates solubles. Cette opĂ©ration nĂ©cessite un traitement au persulfate d’ammonium. Un dosage par Ă©talonnage est possible grĂące Ă  une analyse colorimĂ©trique ou spectrophotomĂ©trique basĂ©e sur de fortes absorbances dans le visible et l’ultraviolet. Toutefois, il peut ĂȘtre nĂ©cessaire d’augmenter la concentration en manganĂšse. Pour ce faire, on fait prĂ©cipiter ou coaguler les composĂ©s initiaux pour les rendre insolubles, avant de les filtrer. Les autres procĂ©dĂ©s d’analyse de la teneur en manganĂšse d’un Ă©chantillon sont la spectromĂ©trie de masse et l’analyse par activation neutronique ou par fluorescence X. Ils fournissent des informations sur la teneur totale en Mn, mais n’apportent pas de donnĂ©es prĂ©cises sur l’Ă©tat d’oxydation.

D’autres techniques d’analyse plus complexes, parfois Ă©lectrochimiques, sont indispensables. Ces mĂ©thodes sont le plus souvent couplĂ©es ou triplĂ©es, en fonction de la nature de l’Ă©chantillon. L’analyse chimique est un ancien procĂ©dĂ© de distinction des ions de diffĂ©rents Ă©tats de valence. Le manganĂšse appartient au groupe du sulfure d’ammonium dont le rĂ©actif de collecte en prĂ©sence d’ammoniac est le (NH4)2S. De mĂȘme, il occupe une place dans le sous-groupe du zinc. Les cations de ce groupe sont prĂ©cipitĂ©s sous l’effet du mĂ©lange rĂ©actif collecteur citĂ© prĂ©cĂ©demment. En revanche, quand les rĂ©actifs sont en excĂšs, on obtient des prĂ©cipitĂ©s solubles.

La prĂ©sence d’autres ions peut interfĂ©rer avec les mĂ©thodes chimiques. À titre d’exemple, le fer perturbe la mĂ©thode Ă  la formaldoxime.

Utilisations du manganĂšse

Les alliages

La prĂ©paration des alliages ferreux et non ferreux nĂ©cessite prĂšs de 90 % de la production de manganĂšse. On retrouve essentiellement ces combinaisons dans l’acier. Le manganĂšse est employĂ© pour confĂ©rer certaines propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques. Les aciers qui contiennent ce mĂ©talloĂŻde peuvent en contenir jusqu’Ă  14 %. Il est hautement rĂ©sistant Ă  la corrosion et est non magnĂ©tique. Ce type d’acier est adaptĂ© Ă  la fabrication des barreaux et des portes de prison (lorsqu’on le lime, cet alliage se durcit). Des tĂŽles d’acier au manganĂšse de diffĂ©rentes Ă©paisseurs, que l’on trouvait auparavant dans les casques lourds des soldats, comme les modĂšles 1951 et 1978 français en renferment Ă©galement. On en rencontre encore aujourd’hui dans les casques de sĂ©curitĂ© des ouvriers du bĂątiment. Ce mĂ©tal est couramment utilisĂ© dans la construction de meubles de sĂ©curitĂ© anti-perçage.

Les soudures Ă  l’arc Ă  Ă©lectrode enrobĂ©e Ă  haute tempĂ©rature nĂ©cessitent de la poudre de manganĂšse.

Les corps simples de manganÚse sont largement manipulés dans la métallurgie industrielle. Ces aciers durs et résistants à la corrosion entrent dans la composition des aciers ferroviaires, des aiguillages, des roulements, des meubles de sécurité, etc. Pour les outillages, les fabricants se tournent plus vers les aciers à base de Cr, Mn, voire des aciers modifiés contenant du Cr, du V, du Mn et du Si.

Pour amĂ©liorer l’acier au manganĂšse, on y ajoute du nickel. Cet alliage est maniable Ă  basse tempĂ©rature. Un acier spĂ©cial au manganĂšse Ă  0,3 % de carbone est exploitĂ© pour le formage Ă  froid. On parle aussi d’aciers de moulage, au mĂȘme titre que les aciers austĂ©nitiques au manganĂšse. Les aciers au carbone-manganĂšse conviennent Ă  la cĂ©mentation. Les aciers au chrome-manganĂšse ou au bore-manganĂšse sont des versions cĂ©mentĂ©es. L’acier au bore et celui au manganĂšse sont des spĂ©cimens Ă  boulons typiques. Ceux au manganĂšse et au nickel sont le premier choix pour la conception de chaĂźnes. On tire parti des propriĂ©tĂ©s des combinaisons de manganĂšse et de molybdĂšne Ă  moyen carbone pour fabriquer des tubes lĂ©gers, mais solides. On peut citer le chĂąssis de course Reynolds 531 et les tiges pour les matĂ©riels de forage.

Le manganĂšse est prĂ©sent dans les alliages lĂ©gers d’aluminium. Il est alors combinĂ© avec le chrome et divers bronzes au manganĂšse. Cet Ă©lĂ©ment Ă©tant peu soluble dans l’aluminium, il augmente la rĂ©sistance des alliages d’aluminium. Il renforce les propriĂ©tĂ©s frottantes du produit fini contre l’acier (tribologie). L’ajout de 5 Ă  15 % de manganĂšse amĂ©liore la rĂ©sistance Ă  la corrosion. Les hĂ©lices et les gouvernails en contiennent pour ĂȘtre rĂ©sistants Ă  l’eau de mer.

Le dioxyde de manganĂšse

Le dioxyde de manganĂšse MnO2 est un oxydant et un dĂ©sulfurant de l’acier et du fer. On s’en sert pour polir les aciers des canons de fusils ainsi que ceux des tuyaux et des piĂšces d’artillerie. CombinĂ© avec d’autres oxydes par frittage, il donne des aimants en cĂ©ramique. Il est parfois utile pour enlever le fer ou ses dĂ©rivĂ©s d’un liquide.

Il est le dĂ©polariseur historique de la pile LeclanchĂ© (pile saline). L’Ă©lectrode positive ou centrale de la batterie est recouverte de dioxyde de manganĂšse (MnO2) ou d’un composĂ© Ă©lectrochimique en couches plus complexe. Le dioxyde de manganĂšse fait Ă  la fois figure de stockage et de rĂ©gulation Ă©lectrochimiques. Le chlorure de manganĂšse (II) sert d’électrolyte dans les piles et les batteries.

Il est la matiĂšre premiĂšre de base dans la chimie du manganĂšse. Il est utilisĂ© pour gĂ©nĂ©rer du permanganate par fusion alcaline oxydative. On le manipule frĂ©quemment en chimie organique. Il figure parmi les agents oxydants dans la fabrication technique de l’uranium. Chimiquement parlant, il agit en tant que catalyseur. Ses nombreux composĂ©s intermĂ©diaires expliquent son rĂŽle dans la dĂ©composition du chlorate de potassium dans l’ancienne mĂ©thode de production de l’oxygĂšne. Il joue le rĂŽle de siccatif d’encres d’imprimerie, de vernis et de peintures.

L’acĂ©tate de manganĂšse est employĂ© dans l’industrie textile en tant qu’agent de mordançage. Le chlorure de manganĂšse (II) est aussi un agent siccatif pour l’huile de lin. En chimie organique, le permanganate de potassium agit comme agent d’oxydation dans plusieurs rĂ©actions.

Le dioxyde de manganĂšse est un pigment de couleur pour les Ă©maux cĂ©ramiques tels que le verre minĂ©ral, la poterie, la porcelaine et l’Ă©mail. Dans l’industrie du verre, l’ajout de dioxyde de manganĂšse Ă  faible dose permet de blanchir cette matiĂšre. À forte dose, il lui donne une couleur allant de violette Ă  amĂ©thyste et de brun Ă  noir. La coloration finale du verre dĂ©pend du mode de prĂ©paration et de la composition de la verrerie. Cela s’explique par la dispersion des ions mĂ©talliques et des mĂ©taux Ă  l’Ă©tat d’amas colloĂŻdaux. La teinte violette spĂ©cifique de l’amĂ©thyste s’explique par la prĂ©sence de traces ou de particules de composĂ©s de manganĂšse.

L’ajout de dioxyde de manganĂšse donne une coloration noire ou brun foncĂ© Ă  la cĂ©ramique ou aux pierres et dalles prĂ©fabriquĂ©es. Pour ce faire, il est combinĂ© avec d’autres oxydes mĂ©talliques tels que l’oxyde de fer (II) et celui du chrome. De ce fait, le manganĂšse est particuliĂšrement populaire dans les briqueteries. Certains types de briques et de tuiles sont teints en noir avec du dioxyde de manganĂšse.

Les autres composés du manganÚse

La famille des sulfates de manganĂšse est l’une des matiĂšres premiĂšres du manganĂšse mĂ©tal Ă©lectrolytique industriel. Cet ancien dĂ©chet de l’industrie de l’aniline colore et pigmente les tissus. Il entre dans la prĂ©paration de vernis rouges pour le verre et les minĂ©raux. Sous forme de silicate, il agit comme un pigment rouge gĂ©ranium, essentiel dans la coloration des matiĂšres citĂ©es prĂ©cĂ©demment. Le carbonate de manganĂšse est un pigment blanc entrant dans la composition des peintures. Les substances chimiques colorantes Ă  base de manganĂšse se retrouvent dans les matĂ©riaux d’art, Ă  l’instar du violet et du bleu de manganĂšse. Ils sont surtout manipulĂ©s dans le domaine de la peinture artistique.

Au mĂȘme titre que le permanganate de potassium, le chlorure de manganĂšse (II) est un dĂ©sinfectant. Le carbonate de manganĂšse, Ă  faible dose, aide Ă  biocatalyser les produits pharmaceutiques.

Le dĂ©cacarbonyle de dimanganĂšse est un additif antidĂ©tonant pour l’essence. On l’emploie couramment dans la chimie des polymĂšres.

Le manganĂšse dans l’agriculture et l’élevage

Dans le monde vĂ©gĂ©tal, le manganĂšse est un oligo-Ă©lĂ©ment crucial. Il est prĂ©sent dans les engrais sous forme de sels plus ou moins solubles. Ceux-ci sont exploitĂ©s dans la culture des lĂ©gumes et des agrumes. Pour compenser la carence en manganĂšse, on ajoute du sulfate de manganĂšse (MnSO4) ou de l’acĂ©tate de manganĂšse Mn(CH3COO)2 au sol, en plus des engrais. Toutefois, cet apport n’est pas nĂ©cessaire quand le mĂ©lange de pesticides (fongicides Ă  base de manganĂšse) en contient. Le sulfate de manganĂšse a des propriĂ©tĂ©s antifongiques. On s’en sert aussi comme additif alimentaire pour bĂ©tail.

Dans le monde vivant, le manganÚse a un fonctionnement semblable au fer. On le considÚre souvent comme le second micronutriment des cultures végétales aprÚs le fer.

Agriculture

Le manganĂšse est un oligo-Ă©lĂ©ment typique du sol. Il est couramment prĂ©sent dans les sols ayant un pH compris entre 4 et 8. Il peut prendre la forme d’oxydes insolubles gĂ©nĂ©rĂ©s par une action complexe de bactĂ©ries en milieu alcalin. La teneur en Mn est variable selon la nature du sol et le type de vĂ©gĂ©taux cultivĂ©s.

Les plantes n’assimilent pas facilement le manganĂšse. La mĂ©thode foliaire reste possible lorsque certaines conditions sont respectĂ©es. La teneur de cet oligo-Ă©lĂ©ment influence la qualitĂ© du microbiote du sol. En revanche, il entre en jeu dans l’activation d’enzymes qui ont un lien avec le fer, comme dans la synthĂšse des chlorophylles. Les signes d’un dĂ©ficit en Mn sont la diminution de la taille, du nombre et de la fertilitĂ© des pollens.

Les carences en manganĂšse sont frĂ©quentes dans les terres agricoles. Les causes sont souvent multifactorielles. Des chaulages massifs peuvent les aggraver. On a rencontrĂ© ce cas au niveau de sols bretons riches en Ă©lĂ©ments organiques et acides dans les annĂ©es 80. On retrouve frĂ©quemment le Mn dans les composĂ©s organiques sous forme de complexes. Ils deviennent alors insolubles quand le pH augmente. Ce phĂ©nomĂšne s’accentue en prĂ©sence de lait de chaux dissĂ©minĂ©. Une fois que le Mn assimilable est piĂ©gĂ©, il ne peut plus couvrir les besoins des plantes, surtout dans le cadre de cultures intensives. Les rĂ©gions dans lesquelles cette carence est frĂ©quente ont adoptĂ© un chaulage Ă  effet modĂ©rĂ©.

Les besoins en manganĂšse des plantes varient entre 400 Ă  500 g par hectare. Dans un systĂšme d’agriculture intensive, il peut s’avĂ©rer indispensable de pulvĂ©riser une solution aqueuse avec une teneur en sulfate de manganĂšse variant entre 0,5 et 1,5 %. Une autre possibilitĂ© consiste Ă  rĂ©partir de maniĂšre modĂ©rĂ©e et anticipĂ©e des scories Thomas (2 ou 4 % en masse de Mn). L’action alcalinisante de ces scories rend le manganĂšse lentement ou peu mobilisable. Depuis l’époque d’entre-deux-guerres, on prĂ©conise l’usage de carbonates, de chlorures et d’oxydes de manganĂšse. L’objectif est de favoriser le processus d’assimilation des engrais par les plantes.

Cependant, si des seuils spécifiques sont dépassés, le Mn devient toxique pour les végétaux. Cette toxicité est fonction des variétés et des espÚces, sans oublier le pH du sol. Dans la plupart des cas, les limites concernées sont rapidement atteintes dans les sols manganésifÚres naturels ou au niveau des friches industrielles.

Élevage

Le manganĂšse est un cofacteur enzymatique ou un activateur de type carboxylase, peptidase ou phosphatase. On le retrouve dans les tissus des animaux vivants. Il joue un rĂŽle vital dans la formation des os ainsi que dans le dĂ©veloppement et le fonctionnement du systĂšme reproducteur. Il est particuliĂšrement important dans l’hypophyse antĂ©rieure, oĂč il stimule la production d’hormones sexuelles.

Chez les bovins, la carence en manganĂšse implique un retard de croissance et de maturation sexuelle chez les veaux et les gĂ©nisses. Une altĂ©ration dans la reproduction des adultes est Ă©galement possible. Un lĂ©ger manque se traduit gĂ©nĂ©ralement par une dĂ©marche raide chez les vaches adultes, en particulier au niveau du jarret droit. Par ailleurs, on remarque une diminution importante de la production laitiĂšre. Les jeunes bovins ont besoin de 60 mg/kg de matiĂšre sĂšche par jour. Les spĂ©cimens adultes ont besoin de la moitiĂ© de cette quantitĂ©.

Chez les volailles, il existe une maladie d’ossification spĂ©cifique si l’alimentation est trop pauvre en manganĂšse. D’autre part, le maintien du phosphore et du calcium dans l’alimentation explique l’apparition de certains symptĂŽmes qui entraĂźnent une ossification ou une dĂ©formation des pattes. Les poussins ont besoin de 55 mg/kg de matiĂšre sĂšche par jour, contre 35 mg pour les poules.

L’alimentation des porcs doit fournir 40 mg/kg de matiĂšre sĂšche au quotidien. Une carence en Mn cause un retard de croissance typique des os longs ainsi que des difformitĂ©s caractĂ©ristiques des pattes avant. On constate aussi une perturbation de la reproduction des truies. Elles sont souvent sujettes Ă  des Ɠstrus irrĂ©guliers et des avortements spontanĂ©s.

Toxicologie du manganĂšse

À de petites doses, le manganĂšse figure parmi les bioĂ©lĂ©ments courants du rĂšgne vĂ©gĂ©tal et animal. DosĂ© Ă  1 mg par jour (jusqu’Ă  5 mg par jour pour l’homme adulte), cet oligo-Ă©lĂ©ment est indispensable pour les enzymes de l’organisme. Ses dĂ©rivĂ©s sont toxiques Ă  fortes doses. Le manganĂšse est une neurotoxine mortelle Ă  partir de 10 mg/j. En milieu industriel, la poussiĂšre de manganĂšse doit faire l’objet d’une surveillance particuliĂšre, avec une limite de teneur en Ă©lĂ©ment Mn infĂ©rieure Ă  5 mg/m3. Une absorption trop importante peut entraĂźner de graves troubles au niveau du mĂ©tabolisme et du systĂšme nerveux. Connu sous le nom de folie du manganĂšse, ce ralentissement psychomoteur se manifeste par une sĂ©rie de convulsions et d’apathie similaires Ă  la maladie de Parkinson. Il s’accompagne d’une psychose hallucinatoire et, Ă©ventuellement, d’une paralysie. On nomme l’ensemble des maladies causĂ©es par cet Ă©lĂ©ment : le manganisme.

Oligo-élément

Le manganĂšse est un oligo-Ă©lĂ©ment indispensable pour le maintien des fonctions vitales des humains. Selon le modĂšle animal, une carence en manganĂšse peut entraĂźner des troubles de la reproduction chez les deux sexes. On assiste Ă  des dĂ©formations du squelette, une dĂ©pigmentation, une ataxie ainsi qu’à des lĂ©sions au systĂšme nerveux central. Ces phĂ©nomĂšnes se produisent Ă  la suite d’un apport insuffisant Ă©valuĂ© Ă  moins de 2 Ă  3 mg/j chez l’adulte.

Le manganĂšse est nĂ©cessaire Ă  l’activitĂ© biologique de nombreux enzymes qui jouent un rĂŽle important dans divers processus mĂ©taboliques :

  • glycosyltransfĂ©rase ;
  • pyruvate carboxylase ;
  • GTP oxaloacĂ©tate carboxylase ;
  • isocitrate dĂ©shydrogĂ©nase ;
  • malate dĂ©shydrogĂ©nase ;
  • arginine synthase ;
  • aminoamide synthĂ©tase.

Il est notamment prĂ©sent dans le mĂ©tabolisme des glucides et la synthĂšse des mucopolysaccharides. Il est indispensable dans la synthĂšse d’enzymes (Mn-SOD) impliquĂ©s dans la lutte contre le stress oxydatif. Il apporte une rĂ©elle protection contre les dommages causĂ©s par les radicaux libres. Il participe Ă  la production de vitamine E et contribue Ă  l’efficacitĂ© de la vitamine B1 (thiamine). Cet activateur d’oxygĂšne molĂ©culaire joue un rĂŽle majeur dans la fonction des mĂ©talloprotĂ©ines telles que le superoxyde dismutase.

Plusieurs systĂšmes enzymatiques ayant recours au magnĂ©sium sont fonctionnels avec du manganĂšse. En revanche, leurs propriĂ©tĂ©s enzymatiques (Km, Vmax) sont diffĂ©rentes. En fonction de la nature de l’enzyme, ce mĂ©talloĂŻde peut parfois remplacer le zinc.

Toxicité du manganÚse

Chez les adultes en bonne santĂ©, 3 Ă  5 % du manganĂšse ingĂ©rĂ© est absorbĂ© lorsque le bol traverse l’intestin. Il pĂ©nĂštre ensuite dans la circulation sanguine. Les substances non utilisĂ©es par le mĂ©tabolisme normal sont alors rapidement Ă©liminĂ©es par le foie. Ce dernier les excrĂšte dans la bile, qui les renvoie dans l’intestin, d’oĂč elles sont excrĂ©tĂ©es dans les fĂšces. La partie restante, soluble dans l’eau, est Ă©vacuĂ©e avec l’urine.

Cependant, selon les modĂšles animaux et les donnĂ©es de la mĂ©decine du travail, le manganĂšse devient neurotoxique dĂšs qu’il est ingĂ©rĂ© Ă  plus de quelques mg/j. Il en rĂ©sulte des troubles graves et irrĂ©versibles au niveau des systĂšmes nerveux et neuromoteur. Des cas isolĂ©s ou des sĂ©ries d’empoisonnements sont rĂ©guliĂšrement signalĂ©s depuis 1837. Une Ă©tude canadienne a dĂ©montrĂ© qu’en Ă©tant prĂ©sent dans l’eau potable, cet Ă©lĂ©ment peut nuire au dĂ©veloppement cognitif et intellectuel des enfants. La maladie neurodĂ©gĂ©nĂ©rative qu’il induit est irrĂ©mĂ©diable et Ă©voque une maladie de Parkinson idiopathique. Selon les recherches effectuĂ©es par Takser et al. en 2003, il y a un risque d’accumulation de Mn dans l’organisme du fƓtus pendant la grossesse. Toutefois, on observe un manque flagrant d’informations sur les effets d’une faible exposition au manganĂšse chez l’homme. Ce que l’on sait, en tout cas, c’est qu’une exposition in utero aurait des consĂ©quences sur le dĂ©veloppement psychomoteur chez les nouveau-nĂ©s.

Une limite de sĂ©curitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©finie en France par l’Anses, anciennement Afssa. Elle est de 4,2 Ă  10 mg/j. L’inhalation d’aĂ©rosols de dioxyde de manganĂšse est nocive pour les voies pulmonaires, surtout chez les professionnels de la soudure.

Il existe des tests comportementaux neurologiques, neuropsychologiques et neurophysiologiques qui permettent de dĂ©tecter les premiĂšres prĂ©mices de la neurotoxicitĂ© du manganĂšse. L’exposition professionnelle ou environnementale au manganĂšse est un facteur qui doit alerter les personnes concernĂ©es, avant mĂȘme l’apparition des manifestations cliniques d’intoxication aiguĂ« ou chronique. Ces tests recherchent les signes suivants  :

  • une fonction motrice ralentie ;
  • des tremblements accrus ;
  • des rĂ©ponses neuromusculaires ralenties ;
  • des dĂ©ficits possibles de l’odorat et de la mĂ©moire ;
  • des dĂ©ficits intellectuels ;
  • des changements d’humeur.

Les chercheurs Mergler et Baldwin n’ont pas trouvĂ© de relations claires entre l’exposition au manganĂšse (Ă©valuĂ©e par estimation) et une Ă©ventuelle incorporation (dĂ©terminĂ©e en fonction du rĂ©sultat des tests neurologiques). D’autres scientifiques ont avancĂ© la possibilitĂ© d’une relation dose-effet. La teneur en Mn est alors mesurĂ©e Ă  travers sa concentration dans le sang, les urines ou les cheveux. Les rĂ©sultats de ces analyses peuvent ainsi traduire une imprĂ©gnation plus ancienne, au mĂȘme titre que le plomb dans un cadre de saturnisme. Elle se remarque frĂ©quemment chez les enfants qui vivent Ă  proximitĂ© des zones Ă  risques de contamination par le manganĂšse (zones industrielles ou miniĂšres).

Autrefois, on mĂ©langeait le manganĂšse tricarbonyle ou mĂ©thylcyclopentadiĂ©nyl au plomb dans le carburant. Il est toujours utilisĂ© comme agent antidĂ©tonant dans l’essence Ă  ce jour, mais Ă  trĂšs faibles doses en raison de sa toxicitĂ©. On s’en sert Ă©galement en tant que fongicide. Ces deux types d’utilisation du manganĂšse sont des sources d’expositions Ă  ne pas nĂ©gliger selon Mergler et Baldwin. Ce composĂ© devient rare aux États-Unis, mais son usage augmente dans les pays pauvres.

De nos jours, on commence Ă  mieux comprendre les mĂ©canismes biochimiques de la toxicitĂ© du manganĂšse. On sait, par exemple, qu’il existe une susceptibilitĂ© individuelle en partie d’origine gĂ©nĂ©tique. De mĂȘme, le processus toxique qui implique l’auto-oxydation de la dopamine et la production de radicaux libres sont Ă  prendre en compte. Ces intoxications induisent des dommages neuronaux. Certaines recherches ont avancĂ© la possibilitĂ© que le manganĂšse figure parmi les perturbateurs endocriniens. En effet, des analyses ont Ă©tĂ© faites en mĂ©decine du travail. Elles ont mis en Ă©vidence qu’une exposition, mĂȘme en faible quantitĂ©, aux oxydes de manganĂšse a entraĂźnĂ© une modification de la teneur en prolactine sĂ©rique. Cette derniĂšre se retrouve aussi Ă  des taux particuliĂšrement Ă©levĂ©s chez des travailleurs exposĂ©s. Cette augmentation anormale de valeur est d’ailleurs persistante chez ces personnes.

D’autres marqueurs biochimiques ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. En mĂȘme temps, un modĂšle dose-rĂ©ponse a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© sur la base du manganĂšse urinaire, un marqueur d’exposition. La dose de rĂ©fĂ©rence est donc de 0,4 ÎŒg de manganĂšse par litre d’urine. Cela signifie qu’une exposition environnementale au manganĂšse peut entraĂźner une augmentation anormale des taux de prolactine sĂ©rique dans la population gĂ©nĂ©rale.

On observe actuellement une Ă©volution rapide de la maladie de Parkinson (500 000 Ă  1,5 million de cas par an aux États-Unis). Les mĂ©decins doivent alors mieux prendre en compte l’exposition au manganĂšse pendant le diagnostic diffĂ©rentiel. Les mĂ©decins du travail peuvent donc contribuer Ă  limiter l’exposition Ă  ce mĂ©talloĂŻde et ainsi limiter ses effets nĂ©fastes sur la santĂ© au travail.

Radiotoxicité du manganÚse

Le manganĂšse a 29 isotopes radioactifs. Ils vont de 44Mn Ă  67Mn. Ils sont pratiquement rares dans la nature (pas de bruit de fond dĂ©tectable). Cependant, ils sont bioconcentrĂ©s et bioaccumulĂ©s par les bryophytes aquatiques comme Cinclidotus, Fontinalis et Platyhypnidium. Dans ce cas, le facteur de concentration est de 15 000 Ă  25 000 (Karine Beaugelin-Seiller, 1994). Cette valeur est plus Ă©levĂ©e dans les zones de rejets de liquides radioactifs des installations nuclĂ©aires.

Les radio-isotopes les plus utilisĂ©s en laboratoire ou dans les industries industrielles sont :

  • le 54Mn : on l’emploie en tant que radiotraceur ÎČ+ et gamma dans l’industrie mĂ©tallurgique et miniĂšre. La pĂ©riode radioactive de cet isotope est de 312,5 j, avec une activitĂ© massive de 2,87 × 1014 Bq/g. Son dosage est rĂ©alisable par spectromĂ©trie gamma Ă  835 keV.
  • Le 56Mn est un Ă©metteur ÎČ− et gamma. Son Ă©mission principale par dĂ©sintĂ©gration est de 2 848 keV en rayonnement bĂȘta et 847 keV en rayonnement gamma. Cet isotope a une courte pĂ©riode radioactive de 2,5 heures. Il est exploitĂ© en tant que radiotraceur biologique.

Ces deux radio-isotopes sont gĂ©nĂ©rĂ©s par les centrales nuclĂ©aires. Ils rĂ©sultent du processus d’activation de l’isotope stable du fer (56Fe) des structures des rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Ils sont entraĂźnĂ©s dans l’environnement aprĂšs corrosion des mĂ©taux. Ils sont prĂ©sents sous forme de particules dans le flux neutronique du rĂ©acteur. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, on a Ă©valuĂ© la quantitĂ© de manganĂšse radioactif rejetĂ© sous forme liquide par la centrale nuclĂ©aire d’EDF. Le radio-manganĂšse constituait 1 Ă  2 % de l’activitĂ© gamma du parc Ă©lectronuclĂ©aire, hors tritium, soit l’équivalent de 1 GBq/an (Florence et Hartman, 2002).

Dans les usines de retraitement, le manganĂšse est issu d’assemblages combustibles sur lesquels se dĂ©posent des produits d’activation sous forme d’oxydes. Il est ensuite remis en solution au cours des opĂ©rations de dissolution du combustible. Le 54Mn est rejetĂ© sous forme liquide. En 1999, l’activitĂ© rejetĂ©e de l’usine de La Hague Ă©tait de 12 GBq et celle de l’usine de Sellafield en 2002 Ă©tait de 20 GBq. Selon l’IRSN, les paramĂštres radioĂ©cologiques spĂ©cifiques qui conditionnent son transfert sur la chaĂźne sol→plante→alimentation sont bien connus. En effet, des Ă©tudes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es chez la truite, mais pas chez les bivalves filtreurs. Ces derniers sont nĂ©anmoins considĂ©rĂ©s comme des indicateurs biologiques intĂ©ressants de la contamination d’un milieu. Les recherches sur le transfert foliaire du radio-manganĂšse, en revanche, ne sont pas nombreuses. Ces paramĂštres diffĂšrent selon les espĂšces et certains cofacteurs. Les effets radiotoxiques de ceux-ci sont encore mal connus, mais l’IRSN a publiĂ© en 2001 un tableau sur le 54Mn (un Ă©metteur bĂȘta). Chez l’animal et l’homme, on peut supposer qu’ils influencent le mĂ©tabolisme, puisque le manganĂšse est un Ă©lĂ©ment essentiel Ă  faible dose. Il joue un rĂŽle non nĂ©gligeable dans la minĂ©ralisation osseuse, le mĂ©tabolisme Ă©nergĂ©tique, la synthĂšse et l’activation des enzymes (mĂ©talloenzymes). Il est indispensable dans la protection des cellules contre les radicaux libres. Cela implique une teneur Ă©levĂ©e en manganĂšse dans le foie, la mĂ©lanine, le pancrĂ©as, les reins ainsi que les organes riches en mitochondries. L’ingestion de manganĂšse paraĂźt s’effectuer par diffusion dans le sang avec une liaison avec les protĂ©ines plasmatiques telles que l’albumine et les transferrines. L’assimilation du manganĂšse se fait par diffusion dans le sang. Il se lie alors aux protĂ©ines plasmatiques telles que l’albumine et les transferrines.

 

La prĂ©sence du manganĂšse dans les milieux anthropiques et dans l’environnement

Ce mĂ©talloĂŻde est un Ă©lĂ©ment chimique naturel plus ou moins commun. En effet, il est prĂ©sent Ă  hauteur de 0,1 % de la croĂ»te terrestre. Il est donc particuliĂšrement abondant dans l’environnement. On le rencontre dans plusieurs types de sĂ©diments et de roches, dans l’eau et dans le sol. Il se disperse dans l’air, dans l’eau de pluie et dans les sols aprĂšs l’érosion de ces derniers. Les embruns marins, les incendies de forĂȘt, les transferts par les vĂ©gĂ©taux et les Ă©missions de poussiĂšre de volcan libĂšrent Ă©galement du manganĂšse.

Depuis la rĂ©volution industrielle, des sources anthropiques directes ont vu le jour dans les mines et dans les industries mĂ©tallurgiques telles que les exploitations miniĂšres. De mĂȘme, les usines de traitement de minĂ©raux ainsi que les entreprises de production de manganĂšse et de ses alliages en gĂ©nĂšrent.

Le lessivage des zones industrielles par l’eau de pluie et celui de la nĂ©cromasse contenant du manganĂšse sont d’autres sources de ce minĂ©ral. On le retrouve aussi dans les excrĂ©ments des animaux et des humains. L’OMS cite la combustion de combustibles fossiles et les Ă©missions issues de la combustion d’additifs de carburants comme une source importante d’émission de manganĂšse. Il est prĂ©sent en grande quantitĂ© dans les eaux usĂ©es et les boues d’épuration puisqu’il n’est ni dĂ©gradable ni biodĂ©gradable.

Le manganùse dans l’air

La concentration de manganĂšse dans l’air est faible, surtout en milieu naturel. Sa valeur est comprise entre 0,5 et 14 ng/m3. En zone rurale, la teneur moyenne est de 40 ng/m3. Dans un environnement urbain, les taux moyens sont de 65 Ă  166 ng/m3 contre 8 000 ng/m3 dans les zones industrielles. Ce taux est sensiblement le mĂȘme prĂšs des autoroutes particuliĂšrement passantes. Il atteint 200 Ă  300 ng/m3 prĂšs des fonderies. À proximitĂ© des industries de ferromanganĂšse et de silicomanganĂšse, il peut dĂ©passer les 500 ng/m3. En outre, il est possible d’inhaler du manganĂšse sous forme de composĂ©s volatils. On risque de l’ingĂ©rer par inadvertance quand il prend la forme de poussiĂšre.

manganese-05

Le manganùse dans l’eau

La teneur en manganĂšse de l’eau varie Ă©normĂ©ment en fonction du contexte gĂ©ologique. Les taux oscillent entre 10 et 10 000 Â”g/L, mais dĂ©passent rarement les 1 000 Â”g/L. Ils restent gĂ©nĂ©ralement sous les 200 Â”g/L. À noter qu’une concentration de quelques ”g/L laisse des taches sur du textile. Le goĂ»t, la couleur et l’odeur de l’eau qui en contient peuvent ĂȘtre particuliers. Un traitement d’épuration qui fixe le manganĂšse en Ă©tat solide est donc parfois nĂ©cessaire. L’eau qui contient une importante concentration de sels de manganĂšse est communĂ©ment appelĂ©e « eau noire Â» dans le langage physico-chimiste.

Les deux principales formes du manganĂšse que l’on rencontre en milieu aquatique sont le Mn (II) et le Mn (IV). Le passage d’un Ă©tat Ă  un autre dĂ©pend du contexte microbien ou abiotique oxydorĂ©ducteur. La chimie environnementale du manganĂšse est rĂ©gie par le pH et les conditions redox de l’eau. Le Mn (II) est en position dominante lorsque le pH ainsi que le potentiel redox sont bas. La proportion de manganĂšse colloĂŻdal oxyhydroxyde est croissante dans les eaux non dystrophes, avec un pH supĂ©rieur Ă  5,5. Au niveau de la limite sĂ©diment-eau et dans le sĂ©diment, les facteurs qui influencent la forme chimique du manganĂšse sont :

  • le taux d’oxygĂšne de l’eau sus-jacente ;
  • la pĂ©nĂ©tration de l’oxygĂšne dans le sĂ©diment ;
  • la quantitĂ© de carbone organique benthique.

L’anthropisation des milieux contribue Ă  la modification de ces conditions. Ces changements sont frĂ©quents avec l’acidification des ocĂ©ans et aprĂšs les pluies acides. La tendance Ă  l’eutrophisation et au colmatage des sĂ©diments qui deviennent anoxiques est Ă  prendre en compte.

Le manganÚse dans les sédiments et les sols

Les concentrations de Mn dans les sĂ©diments figurent parmi les plus Ă©levĂ©es. Elles vont de 410 Ă  6700 mg/kg de poids sec au niveau des cours d’eau. Des teneurs importantes, voire astronomiques, ont Ă©tĂ© atteintes localement. Au fond des lacs urbains, elles peuvent atteindre 13 400 mg/kg (poids sec). En effet, ces Ă©tendues d’eau douce reçoivent les eaux de ruissellement des zones industrielles et rĂ©sidentielles. Dans les estrans et dans les sĂ©diments du nord de l’Adriatique, on compte 100 Ă  1 000 mg/kg de manganĂšse en poids sec. Dans la mer baltique, les charges sĂšches dans la partie supĂ©rieure des sĂ©diments varient de 3 550 Ă  8 960 mg/kg en poids sec. Ces taux de manganĂšse inhabituellement Ă©levĂ©s proviennent des activitĂ©s de l’industrie sidĂ©rurgique et de la production de dĂ©rivĂ©s de ferromanganĂšse. Ces composĂ©s sont transportĂ©s par les nodules et les charges fluviales vers cette mer intĂ©rieure Ă  faible capacitĂ© de rĂ©gĂ©nĂ©ration.

La teneur en Mn du sol varie en fonction des modifications de la matrice gĂ©ologique ou de la « contamination naturelle » par les vents de poussiĂšre et par l’eau. Le « fond gĂ©ochimique naturel » ou teneur globale en Mn peut aller de moins de 1 Ă  4 000 mg/kg de sol en poids sec. La moyenne est de 300 Ă  600 mg/kg de sol en poids sec. À teneur Ă©gale, la toxicitĂ© du manganĂšse est plus Ă©levĂ©e dans les sols naturellement acides ou acidifiĂ©s.

Dans les sols largement contaminĂ©s par les activitĂ©s humaines (friches industrielles, dĂ©pĂŽts de pesticides, etc.), les champignons peuvent (re)concentrer le Mn. Ils l’exportent vers le rĂ©seau trophique sous forme soluble Ă  travers son rĂ©seau mycĂ©lien. Cela n’exclut pas les transports par les animaux qui en consomment comme les limaces ou les Ă©cureuils. On a aussi la dĂ©gradation de la nĂ©cromasse, fin ultime de la biomasse.

Le manganĂšse dans les aliments

Dans l’alimentation humaine, le manganĂšse se trouve en grande quantitĂ© dans :

  • les pains au germe de blĂ© et pains aux grains entiers ;
  • le seigle ;
  • les flocons d’avoine ;
  • le riz brun ;
  • la mĂ©lasse ;
  • les noix ;
  • les amandes et les noisettes ;
  • la noix de coco dessĂ©chĂ©e ;
  • le cacao ou le chocolat noir ;
  • les moules ;
  • les pĂ©toncles et les huĂźtres ;
  • plusieurs espĂšces de poissons comme le brochet et la truite ;
  • les lentilles cuites ou le quinoa ;
  • les pois chiches ;
  • le soja ;
  • les avocats ;
  • les haricots verts ;
  • les Ă©pinards ;
  • les lĂ©gumes Ă  feuilles vertes ;
  • les fruits frais comme les mĂ»res ;
  • les framboises ;
  • les fraises ;
  • l’ananas ;
  • l’huile d’olive ;
  • les jaunes d’Ɠufs ;
  • les pignons de pin ;
  • les feuilles de thĂ© ;
  • le sirop d’Ă©rable ;
  • les bananes sĂ©chĂ©es ;
  • les chĂątaignes crues.

On n’oublie pas non plus les herbes de Provence et les Ă©pices diverses telles que le gingembre, la cardamome, les clous de girofle et la cannelle.

Cinétique du manganÚse

Le manganĂšse constitue un oligo-Ă©lĂ©ment essentiel pour les plantes. Leurs besoins en Mn varient de 10 Ă  50 mg/kg de tissu. Il est facilement bioconcentrĂ© et bioaccumulĂ© par un certain nombre d’organismes aquatiques. Les facteurs de concentration sont :

  • de 2 000 Ă  20 000 pour les plantes marines et d’eau douce supĂ©rieures ;
  • de 2 500 Ă  6 300 pour le phytoplancton ;
  • de 300 Ă  5 500 pour les macroalgues marines ;
  • de 800 pour les moules intertidales Ă  83 ;
  • de 35 Ă  930 pour les poissons.

Vers la fin du XXe siĂšcle, les organismes aquatiques tels que les crustacĂ©s, les mollusques et les poissons renferment en moyenne 10 ÎŒg/g de manganĂšse (poids frais). Dans l’eau en revanche, sa bioaccumulation et sa concentration dans le rĂ©seau trophique varient avec la tempĂ©rature. Ils diminuent cependant avec l’augmentation du pH et de la salinitĂ©.

Les donnĂ©es issues des recherches conduites sur ce sujet montrent que les invertĂ©brĂ©s aquatiques et les poissons sont les espĂšces animales qui absorbent le plus le manganĂšse. La diminution du pH et l’augmentation de la tempĂ©rature favorisent cette absorption. Ces deux tendances sont accentuĂ©es avec l’apparition de la crise Ă©cologique. Par ailleurs, ces deux facteurs n’influencent pas l’effet de l’oxygĂšne dissous sur ce mĂ©canisme. De plus, l’absorption de manganĂšse est inversement proportionnelle Ă  l’augmentation de la salinitĂ© de l’eau. Le taux moyen de manganĂšse dans les organismes marins Ă  la fin du XXe siĂšcle Ă©tait de 10 ÎŒg/g en poids frais. NĂ©anmoins, sa bioaccumulation et sa concentration dans le rĂ©seau trophique marin sont variables. Elles augmentent avec la tempĂ©rature et diminuent quand le pH est Ă©levĂ©.

L’écotoxicitĂ© du manganĂšse

Les tests de toxicitĂ© du Mn ont Ă©tĂ© majoritairement rĂ©alisĂ©s avec du manganĂšse ionique. On a encore du mal Ă  Ă©tablir son Ă©cotoxicitĂ© globale. La toxicitĂ© aquatique des formes complexĂ©es, nanoparticulaires, particulaires et colloĂŻdales est Ă©galement peu connue. À doses Ă©quivalentes, les trois premiĂšres formes citĂ©es sont moins toxiques.

Le comportement du manganĂšse dans l’environnement peut ĂȘtre modĂ©lisĂ© avec le manganĂšse 54. Toutefois, les donnĂ©es qui indiquent sa localisation ainsi que son suivi ne peuvent permettre une Ă©valuation Ă©cotoxicologique. Cette derniĂšre est d’ailleurs mise en difficultĂ© par deux facteurs. Le premier est le seuil critique qui varie de maniĂšre considĂ©rable selon les espĂšces. Pareillement, on doit tenir compte des sous-populations et des cultivars de l’espĂšce pris en considĂ©ration. Le second facteur est sa synergie positive ou nĂ©gative avec d’autres Ă©lĂ©ments tels que la silice.
Le manganĂšse Ă©tant un oligo-Ă©lĂ©ment, il devient toxique dans les deux cas suivants :

  • une carence : frĂ©quente dans les sols calcaires, surtout lorsque ceux-ci contiennent une importante quantitĂ© de matiĂšre organique ;
  • un excĂšs qui se traduit par des niveaux supĂ©rieurs aux seuils de concentration, ces derniers variant d’une espĂšce Ă  une autre.

Par ailleurs, pour un mĂȘme niveau de concentration dans l’environnement, on constate l’apparition d’effets nĂ©gatifs lorsque les doses sont plus faibles. De plus, la dynamique environnementale (notamment la mobilitĂ© dans les sĂ©diments et les sols) s’accĂ©lĂšre dans les milieux acides et anaĂ©robies. Ces effets augmentent la biodisponibilitĂ© de ce mĂ©tal dans le sol Ă  travers des oxydes. La mobilitĂ© du manganĂšse dĂ©pend de son degrĂ© d’oxydation et du pH du milieu dans lequel il se trouve. Ainsi, il se dĂ©place rapidement dans les environnements acides. Un ralentissement consĂ©quent est constatĂ© lorsque le pH est supĂ©rieur Ă  7.

Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le manganĂšse agit comme un inhibiteur ou devient toxique pour certaines levures. L’expĂ©rimentation consistait Ă  ajouter 2 ppb de ferrocyanure de manganĂšse Ă  la mĂ©lasse de betterave. Ce sous-produit de l’industrie sucriĂšre est utilisĂ© comme substrat de fermentation acide rĂ©sultant de la dĂ©gradation de la levure Aspergillus niger (souche A-1-233 du CNRC). Cette quantitĂ© de ferrocyanure de manganĂšse est suffisante pour diminuer de 10 % la production d’acide. Ce mĂ©lange a entraĂźnĂ© un changement de la morphologie de la levure. Le stress engendrĂ© par cette baisse de la formation d’acide la fait passer d’une forme en granule Ă  une forme filamenteuse. Des ajouts plus faibles de l’ordre de 0,4 Ă  2 ppb ont conduit Ă  la formation d’une agglomĂ©ration de levures. Cela correspond, Ă  priori, Ă  une rĂ©action de stress. En augmentant la quantitĂ© de ferrocyanure de manganĂšse (de 2 Ă  100 ppb), on remarque une baisse significative de rendements.

Les rĂ©sultats obtenus lors de l’ajout de 100 ppb sont le quart de ceux constatĂ©s avec 1 ppb, voire moins. Les autres mĂ©taux testĂ©s en laboratoire (Al3+, Ca2+, Co2+, Cu2+, Fe2+, Mg2+, Ni2+, Zn2+) n’ont pas donnĂ© le mĂȘme effet. Ils n’ont pas entraĂźnĂ© une modification notable de la morphologie de la levure. Seuls Al3+, Fe2+ et Zn2+ ont causĂ© une rĂ©duction de la production d’acide, mais Ă  des concentrations relativement Ă©levĂ©es (5-25 ppm). De plus, l’ajout de ces autres mĂ©taux n’a pas changĂ© les effets nĂ©fastes du manganĂšse sur la croissance et la formation d’acide.

Pour certaines algues (par exemple, la diatomĂ©e marine Ditylum brightwellii ou les algues d’eau douce Scenedesmus quadricauda), il est toxique Ă  faible dose.

L’excĂšs de manganĂšse dans les plantes provoque une chlorose localisĂ©e, un dĂ©veloppement inĂ©gal des feuilles et des lĂ©sions nĂ©crotiques. Cet Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre prĂ©sent Ă  des concentrations hautement toxiques dans certaines espĂšces vĂ©gĂ©tales. Les plantes vivriĂšres en renferment Ă  des valeurs critiques qui vont de 100 Ă  5 000 mg/kg.

Le manganĂšse conditionne la survie des Daphnia magna. Les doses nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de ces crustacĂ©s planctoniques varient Ă©normĂ©ment en fonction de la duretĂ© de l’eau. Selon l’OMS, des tests toxicologiques sur des invertĂ©brĂ©s aquatiques ont donnĂ© des valeurs de CL50 ou EC50 Ă  48 heures comprises entre 0,8 mg/L (Daphnia magna) et 1389 mg/L (Crangonyx pseudogracilis). Les valeurs de CL50 les plus basses ont Ă©tĂ© observĂ©es dans une eau Ă  faible duretĂ© (25 mg de carbonate de calcium par litre).

L’exposition Ă  0,01 mg/L de manganĂšse pendant 7 jours rĂ©duit considĂ©rablement l’Ă©closion des larves de crabe jaune (Cancer anthonyi)

La sensibilitĂ© des poissons au manganĂšse varie d’une espĂšce Ă  l’autre. Les larves de saumon Coho sont plus sensibles Ă  cet Ă©lĂ©ment que les larves de poisson-chat (Heteropneustes fossilis). Le manganĂšse, Ă  des doses infĂ©rieures Ă  0,5 Ă  1 mg/L, est lĂ©tal pour les Ɠufs ou les alevins de truite, surtout si l’aciditĂ© augmente (pH infĂ©rieur Ă  5). La maladie de la carapace des crabes bleus (Callinectes sapidus) a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  une contamination par le manganĂšse. Celui-ci se dĂ©pose Ă©galement sur les branchies de la langoustine Nephrops norvegicus. Ce phĂ©nomĂšne lui donne une coloration brune ou noire. On a observĂ© cet effet du manganĂšse dans la zone anoxique au sud-est du Kattegat, en mer baltique, prĂšs de la SuĂšde.

L’écotoxicitĂ© du manganĂšse diminue en prĂ©sence d’agents chĂ©latants. La duretĂ© de l’eau est aussi un facteur qui rĂ©duit les effets toxiques de cet Ă©lĂ©ment sur les milieux vivants.

En gĂ©nĂ©ral, 1 mg/L de manganĂšse est suffisant pour provoquer des effets toxiques sur les organismes aquatiques Ă©voluant en eau douce. Pour protĂ©ger 95 % des espĂšces, avec 50 % de garantie d’aboutissement, une valeur gĂ©nĂ©rale de 0,2 mg/L de Mn a Ă©tĂ© proposĂ©e pour les eaux douces. Pour le milieu marin, cette teneur est de 0,3 mg/L.

Économie et production de manganùse

Vers le dĂ©but des annĂ©es 1990, les principaux producteurs de minerai Ă  faible teneur en manganĂšse Ă©taient la Russie et ses anciens voisins de la CEI. On parle du Kazakhstan, de l’Ukraine, de la Chine et de l’Inde. Les minerais Ă  forte teneur sont, en revanche, extraits au BrĂ©sil, au Gabon, en Australie et en Afrique du Sud. À cette Ă©poque, la production mondiale annuelle de minerai de manganĂšse avoisinait les 30 millions de tonnes. Les plus grands importateurs Ă©taient la France, le Japon et la Chine.

À partir des annĂ©es 1980, le marchĂ© des ferroalliages est monopolisĂ© par les producteurs de manganĂšse. Les groupes sidĂ©rurgiques recherchent des matĂ©riaux intermĂ©diaires pour la fabrication de l’acier et de ses dĂ©rivĂ©s technologiques. Des accords d’échange de technologie sont conclus entre les pays qui exploitent ce minerai et les pays industrialisĂ©s. Pour s’assurer une avance durable, le puissant groupe minier sud-africain Samancor s’associe Ă  un consortium de groupes japonais. On fait notamment allusion Ă  Mizushima & Ferroalloy Industries Sumitomo et de Japan Metal & Chemical & Mitsui.

La production de ferromanganĂšse augmente de plus en plus, avec une prĂ©fĂ©rence pour l’usage des fours Ă  arc Ă©lectrique. On laisse ainsi de cĂŽtĂ© l’ancien procĂ©dĂ© qui consistait Ă  se servir de hauts fourneaux.

Le volume de la production pour l’annĂ©e 2013 rĂ©partie par principaux pays producteurs miniers ainsi que leurs Ă©ventuelles rĂ©serves estimĂ©es en minerai de Mn se prĂ©sentent comme suit :

PaysProduction miniÚre en équivalent Mn (Mt)% mondialRéserves estimées (Mt)
Afrique du Sud4,325,4150
Chine317,744
Australie2,97517,697
Gabon1,96711,624
Brésil1,126,654
Inde0,925,449
Ghana0,5333,2
Malaisie0,432,5
Kazakhstan0,392,35
Ukraine0,31,8140
TOTAL MONDIAL16,9100570

Durant l’annĂ©e 2015, on a extrait 46 millions de tonnes de minerai de manganĂšse au niveau mondial. Cela correspond Ă  une production de 15,3 millions de tonnes de Mn.

Pour la France, la quantitĂ© de minerai de manganĂšse oscille entre 150 et 160 000 tonnes. De nos jours, l’industrie française importe surtout du manganĂšse en provenance du Gabon. En effet, l’Hexagone ne dispose plus de mines capables de fournir du Mn. Cependant, le groupe Eramet est l’une des plus grandes sociĂ©tĂ©s miniĂšres qui extraient du manganĂšse. En se basant sur les informations de la douane française, Ă  l’import, le prix moyen Ă  la tonne du Mn Ă©tait de 220 â‚Ź en 2014.

 


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