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Antimoine (élément)

element-chimique-51-antimoine

CaractĂ©ristiques de l’antimoine

  • Symbole : Sb
  • Masse atomique : 121,760 ± 0,001u
  • NumĂ©ro CAS : 7440-36-0
  • Configuration Ă©lectronique : [Kr]4d10 5s2 5p3
  • NumĂ©ro atomique : 51
  • Groupe : 15
  • Bloc : Bloc p
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©talloĂŻde
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,05
  • Point de fusion : 630,63 °C

Voir les produits associĂ©s Ă  l’antimoine

Le antimoine, élément atomique n°51 de symbole Sb : son histoire, ses isotopes, ses occurrences, ses propriétés, ses utilisations, sa production et sa commercialisation.

Cousin de l’arsenic, l’antimoine est l’élĂ©ment chimique de symbole Sb et de numĂ©ro atomique 51. Il s’agit d’un mĂ©talloĂŻde de couleur mĂ©tallique qui ne ternit pas Ă  tempĂ©rature ambiante et Ă  l’air libre. Il fait partie du groupe des pnictogĂšnes et se caractĂ©rise par ses propriĂ©tĂ©s se situant entre celles des non-mĂ©taux et mĂ©taux. L’antimoine fait Ă©galement partie du cinquiĂšme groupe principal dans le tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments, avec l’arsenic. Son Ă©lectropositivitĂ© est faible, tandis que son Ă©lectronĂ©gativitĂ© est de 1,9 selon le chimiste amĂ©ricain Linus Carl Pauling. À titre de comparaison, celle de l’arsenic avoisine les 2.

Le corps simple de ce mĂ©talloĂŻde est polymorphe, cancĂ©rigĂšne et toxique, au mĂȘme titre que l’arsenic. D’ailleurs, on combine souvent ces deux matiĂšres, notamment dans la conception de munitions Ă  plomb, par exemple. Les propriĂ©tĂ©s de l’antimoine en font aussi un polluant routier et urbain nanoparticulaire Ă©mergent. On l’utilise en tant que contaminant durant la fin de vie de produits en contenant. Dans l’industrie automobile, on s’en sert pour remplacer l’amiante dans les patins de frein. Son adjectif antimoniĂ© reprĂ©sente une matiĂšre ou un corps qui a de l’antimoine dans sa composition.

Étymologie et histoire de l’antimoine

Le symbole Sb de l’antimoine a Ă©tĂ© choisi par le chimiste suĂ©dois Jöns Jacob Berzelius. Il fait rĂ©fĂ©rence au mot latin « stibium », provenant du terme grec « ÏƒÏ„ÎŻÎŒÎŒÎč » ou « stĂ­mmi » qui dĂ©signe la stibine particuliĂšrement et les corps minĂ©raux antimoniĂ©s. Pour ce qui est du nom antimoine, celui-ci viendrait d’une altĂ©ration du mot arabe « al-itmid » qui, lui-mĂȘme, serait un emprunt du mot ancien Ă©gyptien « stim » ou « smdt ».

En outre, le trisulfure d’antimoine nommĂ© stibine dotĂ© d’une poudre noir intense Ă©tait dĂ©jĂ  utilisĂ© dans l’AntiquitĂ©. On l’employait comme fard Ă  cils afin de souligner le contour des yeux. Il Ă©tait Ă©galement utilisĂ© en tant que mĂ©dicament dans le but de prĂ©venir ou de soigner les infections oculaires. MĂȘme si la premiĂšre description d’une prĂ©paration n’est apparue que dans un manuscrit de 1604, l’usage du terme est restĂ© le mĂȘme.

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Pour ce qui est du stibium, celui-ci a Ă©tĂ© probablement connu depuis le IVĂšme millĂ©naire avant JĂ©sus-Christ par les Babyloniens, notamment. Ce matĂ©riau dĂ©signait dĂ©jĂ  l’antimoine natif des minĂ©ralogistes ou le corps simple gris mĂ©tallique et stable des chimistes. On a d’ailleurs retrouvĂ© un vase chaldĂ©en en antimoine pur qui devait dater d’environ quatre mille ans avant notre Ăšre. Des rĂ©cipients en cuivre, recouverts d’antimoine, utilisĂ©s pour transporter de l’eau Ă©taient aussi employĂ©s par les Égyptiens des VĂšme et VIĂšme dynasties.

Au 1er siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ, Pline l’Ancien et Celse utilisaient le latin « stibium » qui signifie « signe ou marquage ». C’est au XVIIIĂšme siĂšcle que le chercheur Jöns Jakob Berzelius a créé l’abrĂ©viation Sb. Ce dernier Ă©tant devenu le symbole chimique de l’antimoine. Le minerai aurait donc Ă©tĂ© baptisĂ© ainsi par Pline, mais il distinguait des formes mĂąle et femelle. La stibine (alors sulfure d’antimoine) serait probablement le mĂąle. La femelle, quant Ă  elle, a Ă©tĂ© dĂ©crite comme plus brillante, plus lourde et moins friable. Elle Ă©tait donc supĂ©rieure. On fait probablement allusion Ă  l’antimoine mĂ©tallique que l’on retrouve Ă  l’état naturel.

Beaucoup plus tard, les alchimistes du Moyen Âge ont donnĂ© le nom d’antimonium qui est une forme latine mĂ©diĂ©vale. AttestĂ© vers 1050, celui-ci a toutefois une origine incertaine. En effet, si l’on croit l’étymologie populaire, l’origine de cette appellation s’expliquerait par une succession de dĂ©cĂšs de moines au Moyen Âge. Ceux-ci auraient effectuĂ© des travaux de recherche sur l’antimoine. La lĂ©gende dit aussi qu’ils auraient Ă©tĂ© les victimes de l’apprenti de Paracelse, l’alchimiste Basile Valentin. À noter que ce dernier aurait eu l’habitude d’engraisser ses cochons avec les rĂ©sidus de ces expĂ©riences qu’il mettait dans leurs mangeoires. Les animaux domestiques seraient donc devenus toxiques.

Une autre hypothĂšse disait Ă©galement que l’étymologie pseudo-savante aurait proposĂ© un mot grec hypothĂ©tique : antimonos. Anti signifiant « Ă  l’opposĂ© de » et monos « seul » du fait que le minerai a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme ne se prĂ©sentant jamais seul. L’antimoine ne se retrouve que combinĂ© avec d’autres mĂ©taux, tels que le plomb par exemple, Ă  l’état naturel.

Gabriel Lippmann, physicien franco-luxembourgeois, aurait supposĂ© que l’origine Ă©tymologique de l’antimoine Ă©tait le mot grec anthemonion qui signifiait « mascara » ou littĂ©ralement « fleurette ». Il cite Ă©galement plusieurs termes qui se rapportent au grec ancien qui dĂ©crivent des Ă©lĂ©ments biologiques et chimiques.

En ce qui concerne les premiĂšres utilisations du nom antimonium, celles-ci remontent aux annĂ©es 1050 Ă  1100 par Constantin l’Africain dans les traitĂ©s de mĂ©decine arabe. De ce fait, l’élĂ©ment antimoine, mais non pas son sulfure ou le cosmĂ©tique, pouvait ĂȘtre appelĂ© ithmid, othmod, uthmod, athimar ou encore athmoud. Plus tard, le dictionnaire LittrĂ© laisse entendre que la premiĂšre forme est une dĂ©rivation de « stimmida », de « stimmi ».

DĂšs l’AntiquitĂ©, l’antimoine Ă©tait exploitĂ© dans une petite mĂ©tallurgie extractive qui se poursuivait durant l’époque mĂ©diĂ©vale. La connaissance de la matiĂšre s’amĂ©liore de plus en plus Ă  l’ùre moderne. Au XVIIIĂšme siĂšcle, des chimistes nommaient l’antimoine « Poudre d’Algaroth » ou « Mercure de vie ». À l’heure actuelle, dans la mĂ©decine, on ne l’utilise plus que pour contrer la leishmaniose cutanĂ©e ou viscĂ©rale.

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Les isotopes de l’antimoine

Parmi les isotopes de l’antimoine, seul le 121 constitue les 57 % de la masse de ce mĂ©talloĂŻde. Avec l’antimoine 123, il est le seul isotope stable.

Pour les isotopes radioactifs, il en existe une vingtaine. Les masses atomiques de ces derniers sont Ă©chelonnĂ©es Ă  partir de 113 jusqu’à 134. On parle d’isotopes assez mal connus, dont l’antimoine 125, qui est un radionuclĂ©ide artificiel. Celui-ci est utilisĂ© en tant qu’indicateur de radioactivitĂ©. Dans la littĂ©rature, on mentionne ses formes bio ou mĂ©thylĂ©es qui seraient donc mieux bioassimilables.

La cinĂ©tique environnementale du 125 reste mal connue. Cependant, on constate que celui-ci  est moins mobile dans les sols. Il est aussi peu bioassimilable pour les plantes. Dans les rĂ©seaux trophiques, il paraĂźt ne pas subir de bioamplification ni de bioaccumulation. En ce qui concerne sa toxicitĂ© dans les organismes, celle-ci semble ĂȘtre liĂ©e de maniĂšre irrĂ©versible Ă  des enzymes importants. Son Ă©cotoxicitĂ©, en revanche, est peu connue.

Enfin, l’antimoine 124 gĂ©nĂšre des rayons gamma. Lorsqu’il Ă©tait associĂ© Ă  du bĂ©ryllium, on l’utilisait dans la divergence de rĂ©acteurs nuclĂ©aires.

Les occurrences de l’antimoine en minĂ©ralogie et gĂ©ologie

ComparĂ© au Clarke, l’antimoine est rare, Ă©tant dix fois moins abondant que l’arsenic. On le retrouve cependant dans au moins une centaine de minĂ©raux. Il est encore plus difficile Ă  trouver dans la nature sous sa forme d’élĂ©ment natif. NĂ©anmoins le Sb mĂ©tallique dĂ©nommĂ© « antimoine natif » est souvent retrouvĂ© avec des traces de fer, d’argent et d’arsenic. Il s’agit d’un minĂ©ral qui est parfois alliĂ© avec de l’arsenic natif, l’arite ou le stibaren. Il faut aussi noter que le breithauptite correspond Ă  un antimoniure naturel de nickel.

Par ailleurs, l’antimoine correspond Ă  l’unitĂ© que l’on utilise depuis l’annĂ©e 2024 dans le but de dĂ©terminer la consommation d’une matiĂšre premiĂšre donnĂ©e. Cela concerne notamment les analyses de cycle de vie et l’apprĂ©hension de l’épuisement des ressources qualifiĂ©es d’abiotiques. Pour estimer la raretĂ© d’une matiĂšre spĂ©cifique, on rĂ©alise des estimations en milligrammes d’antimoine par litre et par kg.

Les formes, la spĂ©ciation et les minĂ©raux les plus communs de l’antimoine

D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on retrouve plus facilement l’antimoine sous sa forme de sulfure. Lorsqu’il est associĂ©, combinĂ© ou non avec des mĂ©taux tels que le cuivre, l’argent ou le plomb, sa spĂ©ciation possĂšde une grande influence sur sa toxicitĂ©.

Les sulfures d’antimoine

Parmi les sulfures d’antimoine, on compte la stibine ou l’antimonite, de formule Sb2S3. De couleur gris acier et d’une densitĂ© de 4,6, il s’agit de la forme la plus frĂ©quente. Le mot Grec « stibi » signifiant noir d’antimoine est l’origine de son nom.

On compte Ă©galement la berthiĂ©rite de formule FeSb2S4 qui doit son nom au gĂ©ologue et minĂ©ralogiste français Pierre Berthier l’ayant dĂ©couvert en 1827. Sa densitĂ© est aussi de 4,6. Elle est souvent confondue avec la stibine. Une attaque Ă  l’hydroxyde de potassium est gĂ©nĂ©ralement nĂ©cessaire pour les diffĂ©rencier.

La gudmundite de formule FeSbS, quant Ă  elle, est un sulfure de fer et d’antimoine qui fait partie du groupe des arsĂ©nopyrites. On n’oublie pas non plus la wakabayashilite qui est un sulfure complexe d’As et de Sb, de formule [(As,Sb)6S9][As4S5].

En outre, de nombreuses familles de sulfosels d’antimoine qui comportent des Ă©lĂ©ments mĂ©talliques tels que le plomb, le zinc, le cuivre et l’argent existent. Il est donc possible de citer les sulfosels :

  • contenant des cations plomb comme :
    • la guettardite Pb(Sb,As)2S4
    • la plagionite Pb5Sb8S11
    • la bĂ©navidĂ©site Pb4(Mn,Fe)Sb6S14
    • la jamesonite Pb4FeSb6S14
    • l’ardaĂŻte Pb19Sb13S35Cl7
    • la semseyite Pb9Sb8S14
    • la boulangĂ©rite Pb5Sb4S11
    • la zinkĂ©nite Pb6Sb14S27
    • la madocite Pb17Sb16S41
    • la mĂ©nĂ©ghinite Pb13CuSb7S24
    • la franckeite (Pb,Sn)6Fe2+Sn2Sb2S14
    • la twinnite Pb(Sb,As)2S4
  • comportant des cations cuivre :
    • la galkhaĂŻte (Cs, Ti)(Hg, Cu, Zn)6(As, Sb)4S12
    • la tĂ©traĂ©drite (Cu, Fe, Ag, Zn)12Sb4S13
    • la freibergite (Ag,Cu,Fe)12(Sb,As)4S13
    • la bournonite CuPbSbS3
    • la chalcostibite CuSbS2
  • disposant d’autres cations :
    • l’ullmannite NiSbS
    • la vrbaĂŻte Tl4Hg3Sb2As8S20
    • la dyscrasite Ag3Sb
    • la routhiĂ©rite Tl(Cu,Ag)(Hg,Zn)2(As,Sb)2S6
    • la stĂ©phanite Ag5SbS4
    • la miargyrite AgSbS2
    • la pyrargyrite Ag3SbS3
    • la nagyagite AuPb(Sb,Bi)Te2-3S6

On n’oublie pas non plus l’allemontite ou stibarsen AsSb.

Les oxydes d’antimoine

D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les oxydes d’antimoine sont de couleur grise ou blanche comme la valentinite Sb2O3 orthorhombique et la sĂ©narmontite Sb2O3 cubique. On trouve aussi la stibiconite (Sb3O6(OH)) qui est jaune. La kermĂ©site Sb2S2O ainsi que la livingstonite HgSb4O8, quant Ă  eux, ont une teinte rouge.

Dans la famille des hydroxydes et des oxyhydroxydes, l’antimoine ne compte que le shakhovit, de formule Hg4SbO3(OH)3.

Les corps simples et corps composĂ©s chimiques de l’antimoine

En ce qui concerne le rayon atomique de l’antimoine, celui-ci est de 1,41 Å, soit entre 1,21 Å (arsenic) et 1,62 Å (bismuth). Son Ă©nergie d’ionisation est de 199 kcal/mol. Les critĂšres physico-chimiques des ponts thermodynamiques Ă  l’enthalpie de formation de l’antimoine le rapprochent du sens chimique du bismuth. En revanche, puisque sa polarisabilitĂ© est plutĂŽt moindre, ce mĂ©talloĂŻde ressemble plus Ă  l’arsenic.

Propriétés chimiques et physiques des corps simples antimoine

On compte trois formes solides de corps simple d’antimoine avec deux instables par rapport Ă  la chaleur. L’une se caractĂ©rise par sa propriĂ©tĂ© explosive. Pour avoir une forme jaune avec une structure tĂ©traĂ©drique non mĂ©tallique (Sb4), une condensation rapide des vapeurs d’antimoine est nĂ©cessaire.

Le corps simple Sbgris mĂ©tal qui dispose d’un aspect cassant et blanc argentĂ© est un semi-mĂ©tal brillant de densitĂ© 6,7. A l’air libre de tempĂ©rature ambiante, il ne ternit pas. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il n’est pas un conducteur de chaleur ni d’électricitĂ©. Par rapport au corps simple du cuivre, sa conductivitĂ© Ă©lectrique n’atteint que 4 %. En outre, le corps simple Sb peut facilement ĂȘtre rĂ©duit en poudre fine du fait de son caractĂšre trĂšs cassant. Cela s’explique par l’énergie de cohĂ©sion avec des joints de grain.

Par rapport Ă  la forme stable qui se constitue de macromolĂ©cules dotĂ©es d’atomes formant un rĂ©seau cristallin trigonal, l’antimoine fond Ă  plus de 630 °C. Il bout lorsque la tempĂ©rature atteint les 1 380 °C. Sa vaporisation s’effectue de maniĂšre lente au vaporisateur de code couleur rouge blanc. En 1928, on a annoncĂ© que l’antimoine liquide perd de son volume lorsqu’il se solidifie. Cependant, cette affirmation a Ă©tĂ© contredite par la suite.

En outre, les propriĂ©tĂ©s de ce mĂ©talloĂŻde lui permettent d’ĂȘtre soluble dans les acides nitrique, sulfurique et phosphorique quand ces derniers sont concentrĂ©s Ă  chaud. On croyait alors qu’il engendrait de l’acide antimonique, mais sous une forme d’ions antimoniates Sb(OH)6. Enfin, par fusion avec du carbonate de soude et Ă©ventuellement avec du charbon actif, l’antimoine impur peut ĂȘtre purifiĂ©.

Les alliages possibles de l’antimoine

L’antimoine est un mĂ©talloĂŻde qui peut constituer facilement des alliages avec le cuivre, le plomb et les mĂ©taux prĂ©cieux. La plupart du temps, on le considĂšre comme un Ă©lĂ©ment qui favorise le durcissement dans le cadre d’un alliage Ă  base d’étain (Sn) et de plomb (Pb), entre autres. Quand il est associĂ© avec le bismuth, des alliages nommĂ©s antimoniures de bismuth se forment. À noter que les proportions sont variĂ©es et les propriĂ©tĂ©s Ă©lectriques sont nombreuses. L’antimoine peut Ă©galement former un alliage avec l’arsenic.

La chimie des corps simples d’antimoine

Le nombre maximal de liaisons covalentes ou ioniques (valence) de l’antimoine dans ses composĂ©s peut ĂȘtre de II, III, V et de maniĂšre accessoire, –III.

En milieu acide, l’antimoine produit des ions Sb3+ hydrolysĂ©s en SbO+ ou prĂ©cipitĂ©s en Sb(O{H}2+. L’antimoine Sb de valence V de formule Sb(V) dispose d’un niveau d’énergie supĂ©rieur. La valeur est de 0,58 e.V de Sb(III). L’oxyde Sb2O5, un oxydant modĂ©rĂ©ment fort, est virtuellement insoluble dans un milieu acide.

L’antimoine corps simple ou Sb0 (niveau d’oxydation Ă©lĂ©mentaire ou zĂ©ro), n’est que de niveau d’énergie infĂ©rieure Ă©valuĂ© Ă  0,21 e.V de Sb(III). Notons que le Sb(-III) qui est reprĂ©sentĂ© par l’hydrogĂšne antimoniĂ© SbH3 est de -0,51 e.V de Sb0.

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L’antimoine corps simple entre en rĂ©action au rouge avec le gaz oxygĂšne. De l’oxyde amphotĂšre Sb2O3 se forme ainsi, mais celui-ci est volatile. On parle ici d’une poudre insoluble dans l’eau, cristalline et blanche. Lorsqu’elle est chauffĂ©e, elle vire au jaune et quand elle refroidit, elle reprend sa couleur d’origine. La sĂ©narmontite octaĂ©drique de maille cubique se transforme en une fleur d’antimoine. Elle prend la forme de rhomboĂšdres proches de la valentinite.

Dans le gaz chlore, l’antimoine s’enflamme de maniĂšre spontanĂ©e. Le chlorure ainsi formĂ© est un pentachlorure SbCl5. Afin d’obtenir du trichlorure SbCl3, le corps doit ĂȘtre rĂ©chauffĂ© lentement Ă  200 °C. ContrĂŽlĂ©s Ă  cette tempĂ©rature, les corps simples peuvent produire du trichlorure d’antimoine. Avec un excĂšs d’acide chlorhydrique et de l’eau rĂ©gale ou eau royale, celui-ci s’obtient assez facilement. On l’appelle Ă©galement « beurre d’antimoine » du fait de sa masse molle, incolore et hygroscopique. Lorsque le trichlorure d’antimoine entre en contact avec de l’eau, on remarque une dangereuse rĂ©action exothermique. Du chlorure d’hydrogĂšne (HCl) ou acide chlorhydrique gazeux apparaĂźt.

D’autres composĂ©s tels que le trifluorure et le pentafluorure d’antimoine s’obtiennent aussi facilement. CombinĂ© avec d’autres corps simples halogĂšnes comme le brome ou l’iode, l’antimoine rĂ©agit Ă  chaud. AssociĂ© au fluor, il produit du trifluorure d’antimoine SbF3, un corps volatile et incolore.

En chimie analytique, l’hydrure d’antimoine SbH3 est le gaz d’hydrogĂšne stibiĂ© ou hydrogĂšne antimoniĂ© aussi nommĂ© stibine. ParticuliĂšrement instable, ce gaz d’une toxicitĂ© majeure, correspond Ă  un produit de rĂ©duction dans un milieu acide. À titre d’exemple, on peut l’obtenir en versant de l’antimoine dans une solution caractĂ©risĂ©e par son aciditĂ© et qui comporte des morceaux de zinc. Le rĂ©sultat est une Ă©bullition d’hydrogĂšne rĂ©actif.

Comparativement, la quantitĂ© de ce gaz qu’on obtient est moins importante que celle de l’arsine. En revanche, la proportion est plus notable que celle de la bismuthine qui est plus instable. En solution alcaline, le gaz n’existe pas. On remarque plutĂŽt une dĂ©composition en hydrogĂšne et en Sb. Attention ! À la moindre excitation Ă  l’état gazeux, une dĂ©composition exothermique est probable.

Les corps composés antimoniés

Dans plusieurs composĂ©s minĂ©raux, on retrouve de l’antimoine qui est gĂ©nĂ©ralement combinĂ© avec du plomb. Ce dernier peut prendre la forme de sulfures, d’oxydes, de sulfoxydes et d’oxychlorures, entre autres.

Pour ce qui est de l’acide antimonique HSb(OH)6, celui-ci reste inconnu dans la pratique. On ne compte que l’ion antimoniate que l’on trouve dans du pyroantimonate de sodium, de formule NaSb(OH)6 ou par convention Na2Sb2O5(OH)2. À noter que la formule 5 H2O correspond au pyroantimonate de potassium.

Le trisulfure d’antimoine Sb2S3, quant Ă  lui, se prĂ©sente sous forme de cristaux allongĂ©s avec un Ă©clat mĂ©tallique net et une teinte gris noire. On parle ici de la stibine de maille orthorhombique connue par les minĂ©ralogistes. Par ailleurs, sa forme allotropique amorphe rouge orangĂ©e dispose d’un niveau mineur en apport en Ă©nergie. Celle-ci est aussi instable.

On retrouve aussi l’antimoine dans divers composĂ©s organomĂ©talliques comme les gluconates et les tartrates.

L’analyse qualitative et le dosage quantitatif de l’antimoine

À la diffĂ©rence du miroir d’arsenic, le miroir d’antimoine que l’on obtient par la dĂ©composition de l’hydrogĂšne stibiĂ© sur du verre ne se dissout pas par une solution d’hypochlorite. Pour produire un sulfure orangĂ© insoluble, il faut faire rĂ©agir l’antimoine avec un hydrogĂ©nosulfure dans un milieu acide. Cela est Ă©galement possible avec une association avec de l’ion hydrogĂ©nosulfure. Le prĂ©cipitĂ© colorĂ© ainsi obtenu permettait auparavant de confirmer s’il y a de l’antimoine ou non.

En outre, le fait de sĂ©parer As et Sb sous forme de sulfures est possible. Cela se fait en procĂ©dant Ă  la dissolution sĂ©lective du Sb2S3 basique dans de l’acide chlorhydrique et As2S3 plus acide dans du carbonate d’ammonium.

Diverses mĂ©thodes analytiques permettent d’estimer la quantitĂ© d’antimoine dans des milieux diffĂ©rents. Une digestion Ă  l’acide est souvent nĂ©cessaire pour sĂ©parer l’antimoine de la matrice de son milieu. En raison de l’importante toxicitĂ© de l’antimoine, deux systĂšmes de dĂ©tection, soit la SAA-four de graphite et/ou l’ICP-MS, sont proposĂ©s par l’INRS. On les utilise pour les composĂ©s dans l’urine et dans le sang. Enfin, dans l’ultraviolet proche, les raies d’absorption sont intenses.

Toxicologie de l’antimoine

L’antimoine ainsi que la majoritĂ© de ses composants se caractĂ©risent par une toxicitĂ© intense ou moyenne. Ils sont souvent irritants pour les muqueuses de la peau et/ou vomitifs aprĂšs ingestion.

Pour ce qui est de l’hydrure d’antimoine ou du gaz antimoniure d’hydrogĂšne, la toxicitĂ© est comparable Ă  celle de l’arsine. La tolĂ©rance dans l’atmosphĂšre de travail, est de 0,5 mg/m3 d’air. On retrouve souvent l’hydrure d’antimoine dans de l’eau en bouteille, dĂ», notamment au PET et dans l’eau potable. Les concentrations sont nĂ©anmoins infĂ©rieures aux valeurs rĂ©glementaires. Au Canada, la norme de concentration maximale acceptĂ©e dans l’eau potable est de 6 ”g/L.

Si l’on se base sur le site de l’INRS, en France, il existe deux fiches toxicologiques sur :

  • le trioxyde d’antimoine : diantimoine trioxyde, antimoine trioxyde, oxyde antimonieux, oxyde d’antimoine(III), anhydride antimonieux, sesquioxyde d’antimoine ; numĂ©ro CAS : 1309-64-4 ;
  • l’hydrure d’antimoine : hydrogĂšne antimoniĂ©, antimoine trihydrure, hydrure d’antimoine, stibine ; numĂ©ro CAS : 7803-52-3.

Sous certaines formes, l’antimoine semble aussi toxique pour le spermatozoĂŻde, soit reprotoxique gĂ©notoxique (clastogĂšne). En termes de risques, le fƓtus, l’embryon ainsi que la femme enceinte paraissent plus vulnĂ©rables. D’ailleurs, lors d’un suivi d’une cohorte de 4 145 femmes enceintes ayant accouchĂ© en France mĂ©tropolitaine en 2011, un rĂ©sultat a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©. Le dosage dans l’urine de 990 sujets a notamment mis en exergue une prĂ©sence d’antimoine supĂ©rieure au seuil de dĂ©tection de 70 % des Ă©chantillons. On parle d’une moyenne gĂ©omĂ©trique de 0,04 ÎŒg/L. La proportion de crĂ©atinine est de 0,06 ÎŒg/L, ce qui correspond Ă  un niveau quasiment identique de ce qui a Ă©tĂ© dĂ©couvert chez la femme enceinte ou non, en France, comme Ă  l’étranger lors de prĂ©cĂ©dentes Ă©tudes.

Cette Ă©tude dĂ©montrait ainsi que les femmes enceintes imprĂ©gnĂ©es par ce mĂ©talloĂŻde augmentent en nombre. La raison n’est autre que la consommation de tabac et d’eau en bouteille. Dans les zones urbaines et industrielles, l’air ambiant reprĂ©sente Ă©galement une source de contamination de l’environnement. Les doses sont, de maniĂšre Ă©ventuelle, un problĂšme pour la femme enceinte et l’embryon.

Les seuils toxicologiques sont Ă©tablis de façon Ă  Ă©viter de mettre des bĂątons dans les roues de l’industrie. Il ne faut effectivement pas empĂȘcher la production de bouteilles PET, entre autres. Cependant, selon les toxicologues Jean-François Narbonne et AndrĂ© Picot, dans leur dĂ©claration de 2011, ces seuils devraient ĂȘtre baissĂ©s en Europe. La VTR devrait donc ĂȘtre mieux prĂ©cisĂ©e. En effet, certaines valeurs telles que celle de l’eau devraient passer de 5 Ă  2 ÎŒg/L. Comme l’a dĂ©jĂ  fait le Japon, le taux limite d’antimoine dans de l’eau de consommation devrait aussi baisser. Par rapport aux risques suite Ă  l’exposition Ă  ce mĂ©talloĂŻde ainsi qu’à ses composĂ©s dans un milieu de travail, la norme devrait ĂȘtre réévaluĂ©e. Cette derniĂšre est actuellement de 0,5 mg/m3.

Pour la littĂ©rature scientifique, le constat est qu’aucune rĂ©glementation pertinente n’est en place. C’est le cas, mĂȘme si les concentrations de Sb atteignant 30 ÎŒg/g sont bioaccessibles dans les peintures extĂ©rieures. La mĂȘme chose pour les concentrations qui atteignent 20 mg/L qui sont migrantes dans certains Ă©lĂ©ments en cĂ©ramique. De plus, un manque de comprĂ©hension des effets de l’antimoine sur la santĂ© est flagrant. On a besoin de rĂ©aliser plus d’études par rapport Ă  sa toxicitĂ© et Ă  sa mobilitĂ© dans les produits que l’on rencontre au quotidien.

L’antimoine : un polluant Ă©mergent

À l’origine, l’antimoine que l’on retrouve dans la croĂ»te terrestre n’était que peu prĂ©sent naturellement dans l’eau et dans l’air selon Reimann et al. en 2010. Ayrault et al., quant Ă  eux, notent la soudaine augmentation dans l’air et dans l’eau dans les annĂ©es 2000. L’antimoine est devenu un des Ă©lĂ©ments mĂ©talliques en traces ou ETM les plus riches dans les zones urbaines par rapport au fond gĂ©ochimique.

Ainsi, vu l’augmentation exponentielle de ce mĂ©talloĂŻde dans l’environnement, des techniques de dĂ©pollution efficaces doivent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. En 2021, on a pu travailler sur un absorbant Ă  base d’alginate de sodium (GAD) et d’oxyde de graphĂšne. Celui-ci se caractĂ©rise par une capacitĂ© Ă  absorber efficacement l’antimoine dans l’eau.

CinĂ©tique environnementale et Ă©cotoxicologie de l’antimoine

Étant un mĂ©talloĂŻde toxique, non essentiel et non bĂ©nĂ©fique, l’antimoine est donc un Ă©lĂ©ment indĂ©sirable. Il l’est surtout dans les eaux potables, les sols cultivĂ©s ainsi que dans la chaĂźne alimentaire. Dans le systĂšme Sol-RhizosphĂšre-plante, il dispose d’un comportement inconnu. Au mĂȘme titre que d’autres mĂ©taux, il est caractĂ©risĂ© par le niveau d’aciditĂ© de l’eau et la nature du sol, entre autres. De plus, il est bioaccumulable par les plantes, surtout par les parties comestibles de celles-ci. On parle notamment des cĂ©rĂ©ales, des lĂ©gumes et des lĂ©gumineuses.

Des Ă©tudes ont par ailleurs Ă©tĂ© faites sur la spĂ©ciation solide de ce mĂ©talloĂŻde dans des Ă©chantillons de bords de route et de bassins routiers. Il a Ă©tĂ© possible de dĂ©montrer que des formes chimiques se forment au moment du cycle biogĂ©ochimique. Ce phĂ©nomĂšne est Ă©galement constatĂ© au moment de son trajet Ă  partir de la chaussĂ©e jusqu’aux bassins rĂ©cepteurs. Les conditions redox du milieu influencent particuliĂšrement ceux-ci. Cela signifie qu’en fonction des conditions microbiologiques du milieu, la formation de composĂ©s encore plus toxiques et bioassimilables est possible. Cela est dĂ©jĂ  le cas pour l’arsenic et le mercure suite Ă  la biomĂ©thylation de certains microorganismes du sol comme les bactĂ©ries et les champignons.

En outre, les champignons peuvent Ă©ventuellement ĂȘtre utilisĂ©s dans le cadre d’un biomonitoring de l’environnement. Lors d’une analyse de mĂ©talloĂŻdes et mĂ©taux sur neuf espĂšces de champignons comestibles diffĂ©rents, les taux de Sb Ă©taient de 0 Ă  0,11 ”g/g de champignon sec.

Par rapport aux animaux, l’antimoine se prĂ©sente gĂ©nĂ©ralement comme toxique. Il s’agit d’un produit gĂ©notoxique, mais aussi cancĂ©rogĂšne. Il interagit d’ailleurs avec plusieurs antioxydants enzymatiques :

  • peroxydase ;
  • catalase ;
  • ascorbate peroxydase ;
  • superoxyde dismutase ;
  • glutathion peroxydase.

Il entre aussi en interaction avec des antioxydants non enzymatiques :

  • glutathion ;
  • phytochĂ©latines ;
  • proline ;
  • acide ascorbique.

La rĂ©action se rĂ©sume Ă  une production de radicelles rĂ©actives puis en crĂ©ant un stress oxydatif. Un certain nombre des composĂ©s reprĂ©sentent de forts perturbateurs endocriniens. Pour ce qui est des plantes, celles-ci ont rĂ©ussi Ă  tolĂ©rer l’antimoine. Cela leur permet d’avoir un rĂŽle crucial dans la bioaccumulation, l’écotoxicitĂ©, la contamination de la chaĂźne alimentaire et du rĂ©seau trophique.

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Les usages de l’antimoine

L’antimoine s’utilise dans diffĂ©rents domaines sous deux formes : les corps simples et alliages, ainsi que les corps composĂ©s.

Les utilisations des corps simples et alliages d’antimoine

Comme corps simple, l’antimoine dispose de propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques fragiles. Se cassant facilement, il est le plus souvent utilisĂ© en tant que catalyseur ou additif dans des domaines mĂ©dicaux ou industriels. On le retrouvait dans le « mĂ©tal de la Reine » ou « mĂ©tal d’Alger ».

Certains pigments ont de l’antimoine dans leurs compositions, mais Ă  premiĂšre vue, on ne l’utilise pas dans le cadre de peintures artistiques. En revanche, dans d’anciennes peintures, du Sb Ă©tait frĂ©quemment prĂ©sent en tant qu’agent anti-farinage. Les plus rĂ©centes se caractĂ©risant par des couleurs vives peuvent employer du Sb en tant que fixateur de couleur. C’est Ă©galement le cas pour les teintes des mobiliers urbains et des Ă©quipements de jeux pour enfants. Les concentrations peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre trĂšs importantes, car peuvent atteindre plusieurs centaines jusqu’à 25 000 ÎŒg/g.

En ce qui concerne la cĂ©ramique et le verre, l’antimoine est utilisĂ© comme agent de collage, fixateur, opacifiant ou pigment. Dans les peintures-Ă©maux, une forte prĂ©sence de Sb est remarquĂ©e et peut atteindre 6 %.

Le corps simple de l’antimoine figure parmi les principaux composants d’alliages tels que le plomb. Il sert, dans cette optique, d’élĂ©ment d’optimisation de duretĂ©. Ces mĂ©taux plus ou moins composĂ©s vont ainsi servir dans la fabrication de :

  • plaques d’accumulateurs plomb-acide avec de l’antimoine Ă  hauteur de 5 % ;
  • batteries au plomb, dont il augmente la duretĂ© ;
  • piĂšces monĂ©taires en alliage CuSb de la fin du VIIĂšme siĂšcle ;
  • alliages complexes pour poinçons ou caractĂšres d’imprimerie ;
  • plomb de grenailles de cartouches et balles de chasse, de guerre et de tir sportif. Ces Ă©lĂ©ments expliquent la quantitĂ© importante d’antimoine, d’arsenic et de plomb que l’on retrouve dans le sol d’anciens stands ou champs de tir. Polluant du sol, il prend souvent une forme lixiviable contaminante de nappes phrĂ©atiques et d’eaux superficielles ;
  • alliages pour la soudure de plomb-antimoine-Ă©tain, Ă  hauteur de 80 %, 15 % et 5 % respectivement ;
  • alliages Ă  propriĂ©tĂ© antifriction ou de revĂȘtement de mĂ©taux ;
  • cuivre antimoniĂ© qui Ă©tait employĂ© dans la fabrication de monnaie en Chine et au Japon autrefois pour l’augmentation de la rĂ©sistance. C’est un des alliages de cuivre les plus utilisĂ©s au dĂ©but de l’ñge de bronze.
  • semi-conducteurs comme les InSb et GaSb dans le cadre de la dĂ©tection par infrarouge et dans les sondes Ă  effet Hall ou dĂ©tection de champ magnĂ©tique ;
  • poudre d’antimoine que l’on emploie dans les feux d’artifice afin d’avoir un effet de scintillement.

Il faut aussi noter que le corps simple d’antimoine se retrouve frĂ©quemment dans les matiĂšres plastiques.

L’usage des corps composĂ©s d’antimoine

La forme de corps composĂ© d’antimoine oxyde Sb2O3 est employĂ©e pour minimiser la propagation de flammes dans les matiĂšres plastiques. Elle fait aussi partie de la composition du PET et travaille en tant que catalyseur de rĂ©action de polymĂ©risation. Cependant, elle devient un contaminant de l’eau en raison de la dĂ©sorption du plastique des bouteilles. À noter que l’oxyde Sb2O3 pourrait ĂȘtre remplacĂ© par du dioxyde de titane de formule TiO2.

Dans la composition de plusieurs types de glaçures, les composĂ©s d’antimoine sont trĂšs utilisĂ©s. En tant qu’agent dĂ©capant ou fluorant, le trifluorure d’antimoine SbF3 s’emploie en poterie et en cĂ©ramique. Le beurre d’antimoine de formule SbCI3, quant Ă  lui, sert de base pour l’élaboration de catalyseurs et de rĂ©actifs dans le cadre de la synthĂšse de la vitamine A. Il s’agit d’un produit intermĂ©diaire chimique de l’antimoine. Le trisulfure Sb2S3 peut Ă©galement servir dans le cadre de la formation de pĂątes Ă  allumer des allumettes.

En pyrotechnie et dans la fabrication de verres rouges, l’antimoine est nĂ©cessaire. En outre, les oxydes d’antimoine sont utilisĂ©s afin de fabriquer du verre blanc opaque.

L’utilisation mĂ©dicale de l’antimoine

Pour l’élaboration de khĂŽl, la stibine broyĂ©e Ă©tait utilisĂ©e dans le cosmĂ©tique. Par ailleurs, au XVIIĂšme siĂšcle, des coupes d’antimoine Ă  trĂšs forte concentration ont Ă©tĂ© fabriquĂ©es. Leurs usages Ă©taient strictement mĂ©dicaux, car on y conservait du vin durant 12 Ă  24 heures. On buvait ensuite le contenu dans le but de faire transpirer et de vomir. On retrouvait aussi des petites cuillĂšres et des versions Ă  soupe qui avaient le mĂȘme objectif. Ces accessoires Ă©taient utilisĂ©s par les riches fĂȘtards romains, qui aprĂšs avoir vomi, pouvaient encore consommer les mets raffinĂ©s que leurs esclaves leur servent. Il s’agit d’un usage plutĂŽt abusif dans la mĂ©decine grĂ©co-romaine.

Pour ce qui est de la coupe d’antimoine spĂ©cifiquement, son utilisation a Ă©tĂ© interdite par le Parlement de Paris en 1566. Cependant, la facultĂ© de Montpellier refusait de respecter cette mesure. Le 30 juin 1658, suite Ă  la consommation de Bergues dans le Nord, Louis XIV fut victime d’une intoxication alimentaire grave. S’il reçoit les derniers sacrements et si sa succession a commencĂ© Ă  ĂȘtre prĂ©parĂ©e, on lui a donnĂ© un Ă©mĂ©tique Ă  base d’antimoine et de vin. Il guĂ©rit alors miraculeusement. C’est alors que le Parlement de Paris finit par annuler l’interdiction de l’antimoine dans la mĂ©decine en 1666.

Il existe des composĂ©s d’antimoine que l’on emploie dans le traitement de maladies parasitaires. On parle notamment de l’antimoine de mĂ©glumine pour traiter la leishmaniose de l’homme et du chien. Enfin, des pommades stibiĂ©es conçues pour l’attĂ©nuation de la douleur existent en pharmacie.

La production et le commerce d’antimoine

Dans cette partie, il reste intĂ©ressant de s’intĂ©resser aux minerais et traitements directs, mais aussi Ă  la production industrielle actuelle.

Les minerais d’antimoine et les traitements directs

Par ordre de prĂ©sence en milieu naturel, les principaux minerais d’antimoine sont :

  • la stibine Sb2S3 qui se caractĂ©rise par une prĂ©sence massive de filons Ă  plus ou moins 71 % de la production directe ;
  • la valentinite Sb2O3 ;
  • l’(oxy)hydroxyde d’antimoine Sb2O4. H2O.

Pour ce qui est des autres oxydes ou d’hydroxydes d’antimoine, on ne compte que quelques rares exploitations.

Durant les annĂ©es 1990, la Chine, la Russie, le Mexique, l’Australie, le Canada, l’Afrique du Sud et la Bolivie sont les principaux extracteurs de minerais d’antimoine.

Principalement Ă  base de stibine, les minerais de pierre antimoine sont Ă©galement composĂ©s de quartz. Les autres reliquats rocheux, en revanche, sont concassĂ©s et enrichis par flottation. Ils sont, par la suite, fondus Ă  une tempĂ©rature allant de 550 Ă  600 °C. Durant ce processus, on remarque l’écoulement d’une masse grise vers le fond du creuset. La raison est que le trisulfure d’antimoine est facilement fusible. Une cristallisation en aiguilles se produit ensuite, crĂ©ant ainsi de l’antimoine cru. Pour ce qui est de l’obtention du mĂ©tal, celui-ci s’effectue grĂące au grillage des sulfures. Cela fonctionne aussi par rĂ©duction en utilisant du monoxyde de carbone. À noter que ces opĂ©rations ont Ă©tĂ© perfectionnĂ©es durant la Belle Époque par les fondeurs français.

La réaction exothermique de grillage au four tournant se présente sous la formule suivante :

2 Sb2S3 solide cristal en aiguilles + 9 O2 gaz (de l’air) → 2 Sb2O3 poudre solide + 6 SO2 gaz anhydride sulfureux avec Δ H = −2 876 kJ/mol.

La réaction globale de la réduction par charbon actif dans un four de fusion ou un four à montée de chauffe rapide est :

2Sb2O3 solide cristal pulvĂ©rulent + 3 C charbon de bois → 4 Sb dĂ©pĂŽt en rhomboĂšdres + 3 CO2 gaz anhydride carbonique.

Dans un four à fosse, en revanche, la réaction de grillage se présente comme suit :

2 Sb2O3 solide cristal pulvĂ©rulent + Sb2S3 solide cristal en aiguilles → 6 Sb dĂ©pĂŽt en rhomboĂšdres + 3 SO2 gaz anhydride sulfureux.

En ce qui concerne le raffinage de l’antimoine, l’opĂ©ration reste reprĂ©sentative Ă  celui des semi-mĂ©taux. Celle-ci peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par fusion de zone ou par sublimation.

La production annuelle actuelle d’antimoine

Dans l’industrie, on parle plus souvent d’un sous-produit de raffinage ou issue de la mĂ©tallurgie du cuivre, de l’argent et du plomb. Cependant, il est aussi possible de rĂ©cupĂ©rer une grande partie de l’antimoine durant le processus de traitement des ordures.

Pour ce qui est de sa production, il s’agit d’une ressource non renouvelable produite dans plusieurs pays.

  • La RĂ©publique populaire de Chine avec 60 800 tonnes.
  • La Russie qui produit 10 500 tonnes.
  • La Bolivie avec 7 050 tonnes.
  • L’Afrique du Sud avec 4 534 tonnes.

D’autres exploitations se trouvent au Mexique, en Europe dans l’ancienne Yougoslavie et en TchĂ©quie. Il faut savoir qu’en Chine, la production de 2006 reprĂ©sentait 87 % de l’approvisionnement dans le monde. En 1990, la production globale Ă©tait de 90 000 tonnes.

Histoire de la production d’antimoine

C’était durant la Belle Époque que la France faisait partie des premiers producteurs mondiaux d’antimoine. La production Ă©tait localisĂ©e dans de nombreux sites, Ă  savoir celui de Laval, des corses d’Ersa, de Meria ou de Luri. On comptait aussi les auvergnats de Massiac, les sites d’Ouche ou encore de la vallĂ©e de la Sianne. C’était en ce temps que le fondeur Emmanuel Chatillon amĂ©liorait le processus de grillage. C’est lui qui a rationalisĂ© l’extraction et la production. On n’oublie pas non plus les mines en AlgĂ©rie des compagnies des mines de la Lucette. Entre 1890 et 1910, c’était donc la France qui dĂ©tenait le titre de premier producteur mondial d’antimoine. De nos jours, d’aprĂšs les services de douanes, l’Hexagone est un pays importateur d’antimoine. Le prix moyen Ă  l’import est estimĂ© Ă  5 500 € la tonne.


✍ Contenu rĂ©digĂ© par KĂ©vin Papot , expert en lithothĂ©rapie et co-fondateur de France MinĂ©raux.

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