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Xénon

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Caractéristiques du xénon

  • Symbole : Xe
  • Masse atomique : 131,293 ± 0,006 u
  • NumĂ©ro CAS : 7440-63-3
  • Configuration Ă©lectronique : [Kr] 5s2 4d10 5p6
  • NumĂ©ro atomique : 54
  • Groupe : 18
  • Bloc : Bloc p
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : Gaz noble
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,6
  • Point de fusion : −111,74 °C

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Le xénon, élément atomique n°54 de symbole Xe : son histoire, sa production, ses propriétés, ses isotopes, ses composés et ses utilisations.

Le xĂ©non est un gaz noble relativement dense. Il est inodore et incolore. Il est prĂ©sent Ă  l’état de traces dans l’atmosphĂšre terrestre. Cet Ă©lĂ©ment possĂšde une orbite de valence entiĂšrement remplie. Cela explique sa stabilitĂ© et le fait qu’il ne participe pas Ă  d’autres rĂ©actions. MalgrĂ© sa raretĂ© et son coĂ»t Ă©levĂ©, il est utilisĂ© dans de nombreux domaines. Voici ce qu’il faut savoir sur le xĂ©non.

Cet Ă©lĂ©ment porte le numĂ©ro atomique 54. Son symbole est « Xe ». Il s’agit du gaz noble le plus rare si l’on ne compte pas le radon ; tous ses isotopes sont stables. Par consĂ©quent, il est aussi le plus cher de sa catĂ©gorie. Il Ă©met une lumiĂšre bleutĂ©e dans une lampe sous dĂ©charge Ă©lectrique.

William Ramsay et Morris William Travers sont les premiers Ă  avoir dĂ©couvert cet Ă©lĂ©ment. Ils ont notamment rĂ©alisĂ© une analyse spectrale de rĂ©sidus de l’air aprĂšs en avoir Ă©liminĂ© l’oxygĂšne et l’azote. Cela a abouti Ă  la dĂ©couverte du xĂ©non. Ainsi, cet Ă©lĂ©ment s’extrait par distillation de l’air. Pour cela, il faut rendre ce dernier liquide en le compressant. En effet, il reste gazeux si on le chauffe, mais sous compression et en le refroidissant, il se liquĂ©fie. GrĂące Ă  cela, il est possible d’extraire le xĂ©non par distillation fractionnĂ©e de l’air devenu liquide.

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Histoire du xénon

Les chimistes britanniques William Ramsay et Morris William Travers isolent cet Ă©lĂ©ment le 12 juillet 1898, peu de temps aprĂšs leur dĂ©couverte du krypton et du nĂ©on. Ces scientifiques trouvent notamment le xĂ©non dans un rĂ©sidu issu de l’évaporation sĂ©lective des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments composant l’air liquide.

Ramsay baptise alors le gaz « xĂ©non », du grec Â«â€‰ÎŸÎ­ÎœÎżÎœâ€‰Â» ou « xĂ©nĂŽn » issu de Â«â€‰ÎŸÎ­ÎœÎżÏ‚â€‰Â» ou « xĂ©nos » qui veut dire « étranger ». Toujours selon Ramsay en 1902, l’atmosphĂšre terrestre contient une partie pour 20 millions de xĂ©non.

Dans les annĂ©es trente, l’ingĂ©nieur Harold Edgerton commence Ă  s’intĂ©resser Ă  la lumiĂšre stroboscopique pour l’appliquer Ă  la photographie Ă  grande vitesse. L’étude aboutit Ă  l’invention d’un stroboscope au xĂ©non. Une brĂšve dĂ©charge de courant produit de la lumiĂšre Ă  l’intĂ©rieur d’un tube rempli de xĂ©non. En 1934, l’ingĂ©nieur gĂ©nĂšre donc des flashs durant une microseconde.

En 1939, Albert R. Behnke Jr analyse les causes de l’ivresse des profondeurs chez les plongeurs en eaux profondes. Ces derniers sont notamment amenĂ©s Ă  respirer un air plus dense avec une pression relativement plus haute que l’air ambiant. Il teste l’effet de changement de composition dans les bouteilles. Il constate alors que l’organisme humain rĂ©agit diffĂ©remment aux diverses compositions chimiques du gaz inspirĂ© Ă  haute pression. Il conclut que le xĂ©non pourrait servir d’anesthĂ©siant.

Le Russe Lazharev Ă©tudie alors l’utilisation du xĂ©non en anesthĂ©sie en 1941. En revanche, les premiers travaux publiĂ©s sur l’effet du gaz datent de 1946. Ils relatent des expĂ©riences de J. H. Lawrence sur des souris. Stuart C. Cullen se sert du xĂ©non pour anesthĂ©sier deux patients pour la premiĂšre fois en 1951.

En 1960, le physicien John H. Reynolds dĂ©couvre un taux singuliĂšrement Ă©levĂ© de l’isotope 129 du xĂ©non dans certaines mĂ©tĂ©orites. Il Ă©met l’hypothĂšse selon laquelle la dĂ©sintĂ©gration de l’iode 129 est le phĂ©nomĂšne qui entraĂźne cette abondance. L’isotope provient ainsi de rĂ©actions de spallation lentes dues aux rayons cosmiques dans le milieu interstellaire, ainsi que de rĂ©actions de fission nuclĂ©aire. Cependant, seule l’explosion de supernovas le produit en quantitĂ© importante.

La demi-vie du 129I est plutĂŽt courte Ă  l’échelle cosmologique, elle est seulement de 16 millions d’annĂ©es. Cela indique que peu de temps s’est Ă©coulĂ© entre la supernova et le moment oĂč la mĂ©tĂ©orite s’est solidifiĂ©e en piĂ©geant l’iode 129. On suppose que ces deux Ă©vĂ©nements ont eu lieu durant les premiers temps de l’histoire du systĂšme solaire. L’iode 129 a pu ĂȘtre gĂ©nĂ©rĂ© probablement peu de temps avant la formation du systĂšme stellaire.

Pendant longtemps, il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© que le xĂ©non et les autres gaz nobles Ă©taient entiĂšrement inertes chimiquement. Par ailleurs, on a cru qu’ils n’entraient pas en jeu dans la formation de composĂ©s chimiques.

Neil Bartlett, enseignant Ă  l’UniversitĂ© de la Colombie-Britannique, dĂ©couvre alors que l’hexafluorure de platine (PtF6) constitue un agent oxydant trĂšs puissant. Celui-ci est capable d’oxyder le dioxygĂšne (O2) et de former l’hexafluoroplatinate de dioxygĂ©nyle (O2+[PtF6]). Les Ă©nergies de premiĂšre ionisation du dioxygĂšne et du xĂ©non sont, par ailleurs, trĂšs similaires. Bartlett rĂ©alise que l’hexafluorure de platine pourrait aussi oxyder le xĂ©non. Le 23 mars 1962, il mĂ©lange ces deux gaz et obtient le premier composĂ© chimique contenant un gaz noble. Il s’agit de l’hexafluoroplatinate de xĂ©non.

Le scientifique formula d’abord la composition du produit comme Xe+(PtF6). Plus tard, d’autres recherches Ă©tablirent  qu’il avait probablement fabriquĂ© un mĂ©lange de plusieurs sels de xĂ©non. Depuis, les chercheurs ont dĂ©couvert plusieurs autres composĂ©s contenant des gaz nobles (radon, krypton et argon). L’on cite entre autres l’hydrofluorure d’argon, le difluorure de krypton ou le fluorure de radon.

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Abondance du xĂ©non dans l’Univers et sur la planĂšte Terre

Des traces de cet Ă©lĂ©ment sont prĂ©sentes dans l’atmosphĂšre terrestre. Sa concentration est de 0,087 ± 0,001 ppm. Le xĂ©non est relativement rare sur la planĂšte Terre, ainsi que dans les comĂštes, les astĂ©roĂŻdes et dans le Soleil.

L’atmosphĂšre de Mars prĂ©sente une plus grande quantitĂ© de xĂ©non par rapport Ă  la Terre (0,08 ppm). Par ailleurs, la proportion de 129Xe sur Mars est plus Ă©levĂ©e comparĂ©e Ă  celle sur la planĂšte bleue ou dans le Soleil. L’isotope s’obtient par dĂ©sintĂ©gration d’élĂ©ments radioactifs. Ainsi, Mars pourrait avoir perdu la majoritĂ© de son atmosphĂšre primitive dans les 100 premiers millions d’annĂ©es suivant sa formation.

L’atmosphĂšre de Jupiter, par-contre, prĂ©sente une concentration particuliĂšrement Ă©levĂ©e de xĂ©non. Elle est, en l’occurrence, 2,6 fois plus Ă©levĂ©e que celle du soleil, ce qui reste inexpliquĂ©. Selon les scientifiques, la raison serait une formation ÂČrapide et prĂ©coce de planĂ©tĂ©simaux. Ce phĂ©nomĂšne se serait produit avant que le disque protoplanĂ©taire ne commence Ă  chauffer. Dans l’ensemble du systĂšme solaire, la part du xĂ©non est de 1,56×10-8, en tenant compte de tous ses isotopes. Ainsi, la concentration massique est de 1 pour 64 millions.

La possibilitĂ© de liaisons covalentes xĂ©non-oxygĂšne dans le quartz explique peut-ĂȘtre la faible quantitĂ© de l’élĂ©ment sur la planĂšte. Cela rĂ©duit la prĂ©sence du xĂ©non Ă  l’état gazeux dans l’atmosphĂšre.

Les chercheurs Hans Keppler et Svyatoslav Shcheka donnent une autre explication en 2012. En l’occurrence, le magma a emprisonnĂ© les gaz rares les plus lĂ©gers en refroidissant et en se cristallisant. Seuls les gros atomes du xĂ©non sont alors restĂ©s dans l’atmosphĂšre. En outre, cette derniĂšre s’est partiellement Ă©chappĂ©e dans l’espace en emportant le xĂ©non avec elle. Les raisons en sont le bombardement de la Terre par des mĂ©tĂ©orites, la chaleur et le fort rayonnement ultraviolet du Soleil jeune.

Les autres chercheurs disent, par-contre, que cet Ă©lĂ©ment est lĂ , mais qu’il se cache quelque part. Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© absent puisqu’il n’existait aucune place oĂč il pouvait se cacher trĂšs tĂŽt dans l’histoire de la Terre.

Le xĂ©non et le krypton ne se forment pas par nuclĂ©osynthĂšse stellaire, dans les Ă©toiles Ă  la  diffĂ©rence des autres gaz nobles de masse plus faible. À l’évidence, la production d’élĂ©ments plus lourds que le nickel 56 par fusion coĂ»te trop cher en Ă©nergie. Ainsi, une majeure partie des isotopes du xĂ©non se forme durant les explosions de supernovas.

Production industrielle du xénon

Industriellement, cet Ă©lĂ©ment est un sous-produit de la sĂ©paration de l’air en oxygĂšne et en azote. Cette sĂ©paration est rĂ©alisĂ©e par distillation fractionnĂ©e avec une double colonne. On obtient ainsi de l’oxygĂšne liquide avec une petite quantitĂ© de xĂ©non et de krypton. La solution peut ĂȘtre enrichi jusqu’à obtenir une concentration de 0,1 Ă  0,2 % grĂące Ă  des Ă©tapes supplĂ©mentaires de distillation fractionnĂ©e. Il s’agit d’un mĂ©lange de gaz nobles que l’on extrait par adsorption sur un gel de silice ou par distillation. On sĂ©pare ensuite ce mĂ©lange en krypton et en xĂ©non par distillation.

Il faut une Ă©nergie de 220 Wh pour prĂ©lever 1 l de xĂ©non de l’atmosphĂšre. En 1998, le xĂ©non mondialement produit Ă©tait de 5 000 Ă  7 000 m3. En raison de sa faible concentration dans l’air, il est bien plus cher que les autres gaz nobles plus lĂ©gers.

Propriétés du xénon

Le noyau de l’atome de xĂ©non compte 54 protons. Dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression, cet Ă©lĂ©ment est un gaz d’une masse volumique de 5,761 kg/m3. À l’état liquide, il prĂ©sente une masse volumique allant jusqu’à 3,100 kg/m3.  La masse volumique maximale s’atteint au point triple. Dans les mĂȘmes conditions, la masse volumique du xĂ©non Ă  l’état solide est de 3,640 g/cm3.

Sous une pression de plusieurs gigapascals, le xénon présente un aspect métallique.

En tant que gaz noble, la couche de valence du xĂ©non est entiĂšrement pleine. Il est donc inerte, c’est-Ă -dire qu’il n’entre dans quasiment aucune rĂ©action chimique.

NĂ©anmoins, il est possible de l’oxyder avec des oxydants trĂšs puissants. Par ailleurs, une multitude de composĂ©s de cet Ă©lĂ©ment peuvent ĂȘtre synthĂ©tisĂ©s.

Une fois placĂ© dans un tube et excitĂ© par des dĂ©charges Ă©lectriques, le xĂ©non, Ă©met une lumiĂšre bleue ou lavande. Ses raies d’émission remplissent le domaine visible. Cependant, les plus intenses se trouvent dans le bleu. Cela explique la couleur de la lumiĂšre.

Il est possible de produire du xĂ©non liquide ou solide Ă  tempĂ©rature ambiante par implantation d’ions Xe+ dans une matrice solide. Plusieurs solides disposent d’un rĂ©seau constamment plus petit comparĂ© au xĂ©non solide. Le xĂ©non implantĂ© subit donc une compression Ă  des pressions suffisantes pour sa liquĂ©faction ou sa solidification.

Isotopes du xénon

Le xĂ©non dispose de sept isotopes stables ou quasiment stables. L’étain est l’élĂ©ment avec le plus grand nombre d’isotopes stables (10). Celui-ci et le xĂ©non sont Ă©galement les deux seuls Ă  en possĂ©der plus de sept.

En thĂ©orie, les isotopes 124Xe et 134Xe devraient subir une double dĂ©sintĂ©gration ÎČ, mais cette derniĂšre n’a jamais pu ĂȘtre constatĂ©e. Il a Ă©tĂ© possible d’observer cette double dĂ©sintĂ©gration avec une Ă©mission de deux antineutrinos (ÎČÎČ2Μ) avec l’isotope 136Xe durant l’expĂ©rience EXO-200. Cette derniĂšre a pu mesurer une demi-vie de 2,11 × 1021 annĂ©es, soit plus de cent milliards de fois l’ñge de l’Univers. On a Ă©galement pu constater une dĂ©sintĂ©gration par double capture Ă©lectronique de l’isotope 124Xe par l’expĂ©rience XENON. La demi-vie mesurĂ©e a Ă©tĂ© de 1,8 × 1022 ans.

En outre, le xĂ©non prĂ©sente plus de 40 isotopes instables et isomĂšres nuclĂ©aires. L’un d’entre eux possĂšde des enjeux particuliers dans le pilotage de certains rĂ©acteurs nuclĂ©aires (notamment les REP). Parmi les rĂ©acteurs concernĂ©s, le 135Xe est produit comme fils du 135I (dĂ©gradation en quelques heures). Le xĂ©non 135 se dĂ©grade donc rapidement en absorbant des neutrons de la fission. En temps normal, il y a Ă©quilibre entre la production et la dĂ©gradation. Lorsque la puissance du rĂ©acteur baisse, la production de neutrons diminue. Ceux-ci ne suffisent plus Ă  la dĂ©gradation du 135Xe produit par la fission des heures prĂ©cĂ©dentes et qui s’accumule. L’énorme section efficace d’absorption thermique du 135Xe, de l’ordre de 3 millions de barns, amplifie la baisse de puissance nuclĂ©aire. Dans ce cas, on parle d’« empoisonnement au xĂ©non » du rĂ©acteur.

Le xĂ©non peut pĂ©nĂ©trer d’autres matĂ©riaux tels que le nitrure de titane. Ce dernier est un des Ă©lĂ©ments utilisĂ©s comme matrice inerte pour entourer le combustible dans les rĂ©acteurs (type RĂ©acteur avancĂ© au gaz). L’analyse, la modĂ©lisation et la maĂźtrise de l’empoisonnement d’un rĂ©acteur au xĂ©non constituent un enjeu fondamental pour l’industrie nuclĂ©aire. Il en va de mĂȘme pour les effets de cet empoisonnement sur la rĂ©partition des flux d’énergie et la puissance ainsi que la gestion des accidents graves.

Le xĂ©non : traceur d’explosions ou d’accidents nuclĂ©aires

PremiĂšrement, le 135Xe, le 133mXe, le 133Xe et le 131mXe figurent parmi les produits de fission de la rĂ©action dans l’explosion d’une bombe atomique. Ils le sont aussi dans un rĂ©acteur nuclĂ©aire thermique Ă  fission. Ces radioisotopes gazeux et chimiquement non rĂ©actifs disposent donc parfois d’une valeur de « radioindicateur ».

DeuxiĂšmement, il a Ă©tĂ© mis en place un systĂšme de surveillance mondial du xĂ©non radioactif dans l’air. Celui-ci est destinĂ© Ă  vĂ©rifier la conformitĂ© de la recherche des pays signataires et celle de leurs activitĂ©s militaires. Il s’agit du TraitĂ© d’Interdiction ComplĂšte des Essais nuclĂ©aires (TICE).

En cas d’accident nuclĂ©aire grave, le xĂ©non est un traceur important pour les raisons Ă©voquĂ©es plus haut. En effet, il fait partie, avec l’iode 131, des premiers radionuclĂ©ides Ă©mis dans une dĂ©pressurisation accidentelle ou volontaire ou une rupture accidentelle du confinement d’un rĂ©acteur de centrale nuclĂ©aire. Dans l’atmosphĂšre, la demi-vie radioactive de l’élĂ©ment est plus longue que dans le rĂ©acteur. Une quantitĂ© supplĂ©mentaire de xĂ©non apparaĂźt grĂące Ă  l’iode 133  dont la demi-vie radioactive dure un peu plus de vingt heures.

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Le cas Fukushima en mars 2011

AprĂšs le tremblement de terre, des lĂ©sions ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es avant la premiĂšre dĂ©pressurisation volontaire du premier rĂ©acteur. L’émission de xĂ©non indiquait des dommages structurels probables dans la partie nuclĂ©aire des installations. Durant les jours qui ont suivi la catastrophe de Fukushima, le taux de 133Xe dans l’air a remarquablement augmentĂ©. Il a, par la suite, atteint un niveau record, au Japon et mĂȘme en AmĂ©rique du Nord. Ce fait a Ă©tĂ© observĂ© par des scientifiques amĂ©ricains Ă©tudiant la radioactivitĂ© de l’air dans le cadre du rĂ©seau de dĂ©tection d’éventuels essais nuclĂ©aires. C’était le premier indice notable que le confinement du rĂ©acteur Ă©tait compromis, et que le taux de criticitĂ© Ă  l’intĂ©rieur de la piscine de dĂ©sactivation Ă©tait atteint.

Une Ă©quipe internationale a rĂ©alisĂ© une modĂ©lisation inverse des Ă©missions de xĂ©non et de cĂ©sium, publiĂ©e en mars 2012. Les calculs effectuĂ©s se sont basĂ©s sur les quantitĂ©s connues de combustibles dans la piscine concernĂ©e ainsi que dans les cƓurs de rĂ©acteurs. Les donnĂ©es de ces relevĂ©s ont Ă©tĂ© croisĂ©es avec les donnĂ©es mĂ©tĂ©orologiques.

Le nuage enrichi en xĂ©non radioactif a atteint l’AmĂ©rique du Nord le 15 mars et l’Europe le 22 mars. Des relevĂ©s d’analyses de xĂ©non ont Ă©tĂ© effectuĂ©s dans plusieurs dizaines de stations en AmĂ©rique du Nord, au Japon et dans d’autres lieux. Un mois aprĂšs la catastrophe (mi-avril), le 133Xe Ă©tait uniformĂ©ment rĂ©parti dans les latitudes moyennes de l’hĂ©misphĂšre nord. Ce taux a Ă©galement Ă©tĂ© mesurĂ© pour la premiĂšre fois dans l’hĂ©misphĂšre sud grĂące Ă  une station de Darwin en Australie.

La quantitĂ© de xĂ©non radioactif relĂąchĂ©e dans l’air du 11 au 15 mars 2011 par la centrale nuclĂ©aire de Fukushima Daiichi a ainsi Ă©tĂ© estimĂ©e. Cette modĂ©lisation et les mesures de terrain ont permis d’établir qu’elle a Ă©tĂ© de 15,3 EBq (avec une marge d’incertitude de 12,2-18,3 EBq) selon Stohl & al, ou 16,7 ± 1,9 Ebq, ou 14,2 ± 0,8 EBq. Cela concerne l’estimation moyenne. Cependant, selon une autre mĂ©thode de calcul, la quantitĂ© a pu atteindre 19,0 ± 3,4 EBq.

Cette quantitĂ© est deux fois supĂ©rieure au total des rejets de xĂ©non lors de la catastrophe de Tchernobyl. Par ailleurs, les Ă©missions de cĂ©sium 137 des quatre rĂ©acteurs endommagĂ©s de Fukushima correspondent Ă  seulement 43 % de celles estimĂ©es par le seul rĂ©acteur n° 4 de Tchernobyl. Cette catastrophe constitue donc le plus grand dĂ©gagement de gaz rare radioactif de toute l’Histoire.

La production du xĂ©non Ă©mise s’explique par la dĂ©sintĂ©gration du 133I en 133Xe dans les rĂ©acteurs en difficultĂ©, puis en fusion, notamment dans la piscine du rĂ©acteur n° 4. Suite Ă  l’aspersion de cette piscine, les Ă©missions ont chutĂ© considĂ©rablement.

La majeure partie du xĂ©non Ă©mis s’est dirigĂ©e vers le Pacifique et les États-Unis. Non seulement le Japon a Ă©tĂ© touchĂ© par l’émission du xĂ©non, mais aussi par la radioactivitĂ© du cĂ©sium et de l’iode. Le pays du Soleil-Levant a fait l’objet en avril-mai 2011 d’une premiĂšre Ă©valuation rĂ©trospective officielle. Le xĂ©non radioactif a notamment contribuĂ© Ă  une premiĂšre exposition interne et externe des Japonais.

Le xénon et ses composés

En dĂ©pit de la stabilitĂ© de sa couche Ă©lectronique, on peut prĂ©parer des composĂ©s du xĂ©non, tous aux degrĂ©s d’oxydation II, IV, VI et VIII.

Découverte et théories

Depuis sa dĂ©couverte en 1898, l’élĂ©ment est connu pour son inactivitĂ© chimique. En 1933, Linus Pauling se propose d’isoler le KrF6 et le XeF6, mais sans succĂšs. D.M. Yost et A.L. Lake ont Ă©galement tentĂ© l’expĂ©rience, mais sont arrivĂ©s au mĂȘme rĂ©sultat. Ils ont notamment soumis un mĂ©lange de difluor et de xĂ©non Ă  des dĂ©charges Ă©lectriques.

Le xĂ©non dispose donc d’une certaine rĂ©activitĂ© en engageant de rĂ©elles liaisons covalentes. Il peut se trouver Ă  l’intĂ©rieur de quelques dizaines de composĂ©s chimiques. Cela est possible grĂące Ă  la polarisabilitĂ© de son cortĂšge Ă©lectronique, elle est de 4,01 Å3 (= 4,01 × 10-24 cm3).  Celle du krypton est de 2,46 (quelques composĂ©s covalents),  0,39 pour le nĂ©on, 0,62 pour l’argon et 0,201 pour l’hĂ©lium.

La polarisabilitĂ© exprime gĂ©nĂ©ralement la possibilitĂ© du cortĂšge Ă©lectronique Ă  se dĂ©former. Cette propriĂ©tĂ© est essentielle pour pouvoir entrer en combinaison avec d’autres atomes.

Fluorures, oxydes et oxyfluorures de xénon

En 1962, Neil Bartlett, synthĂ©tise la premiĂšre molĂ©cule d’hexafluoroplatinate de xĂ©non. Par la suite, d’autres composĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s, plus de 80 sont connus en 2007. Ceux-ci incluent le difluorure de xĂ©non (XeF2), le tĂ©trafluorure de xĂ©non (XeF4) et l’hexafluorure de xĂ©non (XeF6). Le perxĂ©nate de sodium (Na4XeO6*8H2O) un puissant oxydant. Le trioxyde (XeO3) est explosif, le tĂ©traoxyde de xĂ©non (XeO4) fait Ă©galement partie des composĂ©s.

La majoritĂ© des composĂ©s du xĂ©non contiennent du fluor et de l’oxygĂšne : l’oxytĂ©trafluorure de xĂ©non XeOF4 ou le dioxydifluorure de xĂ©non XeO2F2. Les autres atomes liĂ©s au xĂ©non  font partie d’une molĂ©cule contenant de l’oxygĂšne ou du fluor. Tel est le cas de l’hydrogĂšne et du carbone.

La majorité des composés du xénon sont incolores ; il en existe quelques-uns qui sont colorés.

Liaison carbone-xénon

Parfois, les composĂ©s organoxĂ©non contiennent du Xe (II) ou (IV). Dans une liaison carbone-xĂ©non, les atomes de xĂ©non font partie d’une molĂ©cule comportant du fluor ou de l’oxygĂšne.

Composés ioniques du xénon

L’ionisation d’un composĂ© du xĂ©non se produit par arrachement ou par fixation d’un ion fluorure. Ainsi, il est possible de donner accĂšs Ă  une chimie ionique du xĂ©non. Les ions connus sont :

  • le XeF+, dĂ©rivant de XeF2,
  • l’ion linĂ©aire FXeFXeF+, produit suite Ă  la complexation d’un ion fluorure par deux ions XeF+,
  • l’ion XeF3+,
  • l’ion XeF5+ et XeF82-.

Il s’agit des structures les plus simples pour le xĂ©non. Le cation tĂ©traxĂ©non-or(II) AuXe42+ se caractĂ©rise dans le complexe [AuXe42+](Sb2F11-)2.

Composés non fluorés

La synthĂšse de plusieurs molĂ©cules contenant du xĂ©non a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  l’UniversitĂ© d’Helsinki en 1995 par un groupe de chercheurs. Il s’agissait, entre autres, des composĂ©s suivants :

  • dihydrure de xĂ©non (XeH2),
  • hydroxy-hydrure de xĂ©non (HXeOH),
  • hydroxĂ©noacĂ©tylĂšne (HXeCCH),
  • HxeOXeH.

De mĂȘme, des molĂ©cules deutĂ©rĂ©es ainsi que des molĂ©cules organiques contenant du xĂ©non ont Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ©es.

Clathrates de xénon

À part les composĂ©s prĂ©cĂ©demment citĂ©s, le xĂ©non forme des clathrates dans lesquels des atomes de xĂ©non sont piĂ©gĂ©s dans le rĂ©seau cristallin formĂ© par un composĂ© chimique. L’hydrate de xĂ©non (Xe*5,75H2O) est formĂ© par des atomes de xĂ©non piĂ©gĂ©s dans le rĂ©seau cristallin composĂ© de molĂ©cules d’eau et de son analogue deutĂ©rĂ© Xe*5,75D2O.

Dans la nature, les clathrates se forment sous haute pression, par exemple sous les glaces de l’Antarctique, dans le lac Vostok. La formation de clathrates sert notamment Ă  la prĂ©paration du krypton, de l’argon et du xĂ©non grĂące Ă  la distillation fractionnĂ©e.

Les fullerĂšnes peuvent aussi piĂ©ger l’atome de xĂ©non en eux. La rĂ©activitĂ© du fullerĂšne est influencĂ©e par l’atome de xĂ©non. Le dĂ©placement chimique du xĂ©non dĂ©pend grandement de son environnement. La rĂ©sonnance magnĂ©tique nuclĂ©aire (RMN) du 129Xe permet d’observer l’atome piĂ©gĂ© ainsi que les rĂ©actions chimiques qui impliquent le fullerĂšne.

Composés transitoires

Les atomes de xĂ©non ne peuvent former de liaisons dans leur Ă©tat d’énergie fondamental. Ils se repoussent les uns les autres. GrĂące Ă  un apport d’énergie, ils forment, de maniĂšre transitoire, un dimĂšre dans un Ă©tat excitĂ© dit « excimĂšre ». Les atomes retrouvent l’état fondamental une fois que les Ă©lectrons sont dĂ©sexcitĂ©s.

La formation du dimĂšre est possible car les atomes de xĂ©non cherchent Ă  remplir leur couche Ă©lectronique pĂ©riphĂ©rique. Elle se produit de maniĂšre transitoire grĂące Ă  la « capture » de l’un des Ă©lectrons de l’atome de xĂ©non voisin. La durĂ©e de vie d’un excimĂšre de xĂ©non est de 1 Ă  5 nanosecondes. L’émission de photons de longueurs d’onde voisines de 150 et 173 nanomĂštres engendre la dĂ©sexcitation.

Le troisiĂšme continuum est une Ă©mission plus problĂ©matique en raison de son origine. L’origine serait un ion molĂ©culaire Xe2+. Le xĂ©non peut aussi former avec d’autres Ă©lĂ©ments, dont le brome, le chlore et le fluor des composĂ©s binaires diatomiques de maniĂšre transitoire. Cela devient possible car le xĂ©non excitĂ© possĂšde une structure Ă©lectronique identique Ă  celle des mĂ©taux alcalins. Il peut donc rĂ©agir avec les halogĂšnes. Par ailleurs, ces molĂ©cules servent dans le domaine des lasers.

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Utilisations du xénon

Le xĂ©non est assez rare et son extraction de l’atmosphĂšre terrestre mobilise des ressources onĂ©reuses. Pourtant, il est utilisĂ© Ă  de nombreuses fins.

Le xĂ©non dans l’optique

Cet élément sert notamment pour les lampes à décharge.

Lampes à décharge

Ce type de lampe est utilisĂ© en tant que dispositif d’émission de lumiĂšre dans les flash lumineux, les flash photographiques ou les stroboscopes. Dans la production de laser, le xĂ©non est utilisĂ© pour exciter le milieu amplificateur qui produit par la suite un faisceau cohĂ©rent. En 1960, une lampe au xĂ©non sert Ă  gĂ©nĂ©rer le premier laser solide. Les lasers utilisĂ©s dans la fusion nuclĂ©aire sont issus du mĂȘme procĂ©dĂ©.

Les lampes Ă  dĂ©charge au xĂ©non possĂšdent une tempĂ©rature de couleur qui se rapproche de celle du Soleil Ă  midi. C’est pour cela qu’elles sont utilisĂ©es pour simuler le Soleil dans des bancs solaires.

Dans les annĂ©es quarante, ces lampes remplacent les lampes Ă  arc au carbone et les projecteurs de cinĂ©ma. Elles se retrouvent dans les systĂšmes de projection 35 mm ou IMAX et d’autres usages spĂ©cifiques. Les lampes Ă  arc au xĂ©non peuvent servir de source de rayonnement ultraviolet de courte longueur d’onde. En effet, elles possĂšdent une grande intensitĂ© d’émission, proche de l’infrarouge. Elles servent donc dans quelques-uns des Ă©quipements de vision nocturne.

Dans les annĂ©es 2000, les lampes au xĂ©non sont utilisĂ©es pour les phares d’automobile. Ces lampes Ă  dĂ©charge procurent un Ă©clairage puissant avec une lumiĂšre blanche lĂ©gĂšrement bleutĂ©e. Ce type de phares est toutefois coĂ»teux, car il nĂ©cessite une alimentation haute tension. De mĂȘme, un systĂšme d’asservissement en azimut est obligatoire pour Ă©viter l’éblouissement des conducteurs en sens inverse.

Les Ă©crans plasma contiennent un mĂ©lange de nĂ©on ionisĂ©s et de xĂ©non, sous forme de plasma par les Ă©lectrodes. L’interaction des Ă©lectrodes avec le plasma produit un rayonnement ultraviolet. Ce dernier excite le revĂȘtement contenant du phosphore qui constitue les cĂŽtĂ©s visibles du systĂšme d’affichage. Le xĂ©non sert Ă©galement de « gaz de dĂ©marrage » pour les lampes Ă  vapeur de sodium haute pression. Cet Ă©lĂ©ment dĂ©tient la conductivitĂ© thermique et le potentiel de premiĂšre ionisation le plus faible parmi tous les gaz rares non radioactifs. De par son inertie, il n’interfĂšre pas avec les rĂ©actions chimiques lorsque la lampe fonctionne. GrĂące Ă  sa faible conductivitĂ© thermique, il est possible de minimiser les pertes thermiques durant l’usage. Son faible potentiel d’ionisation permet d’obtenir une tension de claquage particuliĂšrement basse pour le gaz Ă  froid. Ainsi, la lampe fonctionnera plus aisĂ©ment.

Lasers

Un groupe de chercheurs des laboratoires Bell dĂ©couvre un effet laser dans le xĂ©non en 1962. Les scientifiques constatent ensuite qu’un ajout d’hĂ©lium au milieu actif augmente le gain d’amplification du laser.

Un dimĂšre (Xe2) excitĂ© par un faisceau d’électrons sert pour rĂ©aliser le premier laser Ă  excimĂšre. Ce dernier produisait une Ă©mission stimulĂ©e dans l’ultraviolet avec une longueur d’onde de 176 nm. Les lasers excimĂšres ou Ă  exciplexes recouraient au chlorure de xĂ©non et au fluorure de xĂ©non. La dermatologie trouve une application aux lasers Ă  excimĂšres de chlorure de xĂ©non. Il est possible de gĂ©nĂ©rer une Ă©mission Ă  354 nm avec du XeF4, 308 nm avec le XeCl, et 282 nm avec le XeBr. Le laser Ă  fluorure de krypton, quant Ă  lui, offre une Ă©mission dans le proche ultraviolet Ă  248 nm.

Le xénon en médecine

La médecine trouve des applications au xénon en anesthésie et en imagerie médicale.

Anesthésie

Le xĂ©non est utilisĂ© en anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale inhalatoire malgrĂ© son prix. En 2008, seuls les deux CHU de NĂźmes et de Bordeaux Ă©taient Ă©quipĂ©s dans toute la France. Plus tard, les CHU de Clermont-Ferrand et de Poitiers s’en sont servis pour essai.

Il ne faut toutefois pas utiliser le xĂ©non pour anesthĂ©sier des patients fragiles sur le plan respiratoire. En effet, ses propriĂ©tĂ©s anesthĂ©tiques ne fonctionnent qu’à des concentrations Ă©levĂ©es (supĂ©rieures Ă  60 %). Cela rĂ©duit l’apport en dioxygĂšne Ă  40 %, ce qui est insuffisant pour ces personnes.

L’anesthĂ©sie au xĂ©non ne compte pas beaucoup d’effets secondaires. En effet, les patients ne font pas de baisse de pression artĂ©rielle et le rĂ©veil ou le retour Ă  la conscience est plus rapide. Seulement, le gaz reste coĂ»teux. VoilĂ  pourquoi son usage demeure limitĂ©.

L’effet du xĂ©non en anesthĂ©sie s’explique par deux mĂ©canismes PremiĂšrement, l’inhibition de Ca2+ ATPase s’effectue dans la membrane plasmique synaptique. Cette protĂ©ine contribue Ă  transporter le calcium. L’inhibition s’explique par un changement conformationnel lorsque le Xe s’associe Ă  des sites non polaires dans la protĂ©ine. DeuxiĂšmement, le mĂ©canisme impliquerait des interactions non significatives entre la couche lipidique et l’anesthĂ©siant.

Le xĂ©non dispose par ailleurs d’une concentration alvĂ©olaire minimale (MAC) estimĂ©e Ă  71 %. Son pouvoir anesthĂ©siant est moitiĂ© plus fort que le protoxyde d’azote. Il convient notamment de s’en servir avec de l’oxygĂšne afin d’éviter l’hypoxie. Le xĂ©non est diffĂ©rent du protoxyde d’azote, car il ne s’agit pas d’un gaz Ă  effet de serre. Il ne prĂ©sente donc aucun danger pour l’environnement. En revanche, en raison de son coĂ»t Ă©levĂ©, ses applications nĂ©cessitent un systĂšme fermĂ© afin de pouvoir le recycler et le rĂ©utiliser. Cette partie se fait par filtration et purification.

Le xĂ©non dans l’imagerie mĂ©dicale

L’imagerie mĂ©dicale utilise deux techniques distinctes impliquant le xĂ©non. Il s’agit de l’utilisation du xĂ©non hyperpolarisĂ© et celle du radioisotope 133.

Xénon radioactif 133Xe

Le xĂ©non sert principalement dans l’imagerie du cerveau, des poumons ou du cƓur. La tomographie d’émission monophotonique produit l’émission gamma du radioisotope 133 du xĂ©non. Ce dernier sert aussi Ă  mesurer le flux de sang.

Xénon hyperpolarisé

Un moment angulaire non nul caractĂ©rise les noyaux de deux isotopes stables du xĂ©non : 129Xe et 131Xe. L’hyperpolarisation de ces noyaux se produit aprĂšs un protocole complexe.

Les isotopes sont immergĂ©s dans des vapeurs d’élĂ©ments alcalins ou d’azote. Ces vapeurs d’alcalin sont produites par chauffage du rubidium mĂ©tal Ă  plus de 100 °C.

Puis, ils sont exposĂ©s Ă  un flux laser polarisĂ© de maniĂšre circulaire. La longueur d’onde du laser doit correspondre Ă  une des raies d’absorption de l’alcalin.

Leurs spins nuclĂ©aires s’alignent alors dans un processus d’échange. Le flux laser polarise les Ă©lectrons de valence de l’alcalin. Ces derniers transmettent leur polarisation aux noyaux de xĂ©non grĂące Ă  un couplage magnĂ©tique hyperfin.

La polarisation des spins des noyaux de xĂ©non peut ĂȘtre largement supĂ©rieure Ă  la valeur d’équilibre estimĂ©e par une distribution de Boltzmann. Elle peut aller au-delĂ  de 50 % de sa valeur maximale possible. On parle alors d’hyperpolarisation.

Le noyau du 129Xe dispose d’un spin nuclĂ©aire de I = 1/2. À cet effet, il n’a pas de moment quadripolaire Ă©lectrique. Lors de collisions avec d’autres atomes, il ne subit donc pas d’interaction quadripolaire. Cela permet de garder l’hyperpolarisation pendant un long moment. Cela s’applique mĂȘme aprĂšs coupure du laser et Ă©limination des vapeurs de l’alcalin par condensation sur une surface Ă  tempĂ©rature ambiante.

Le « temps de relaxation T1 » est la durĂ©e nĂ©cessaire Ă  la distribution de spins pour retourner Ă  sa polarisation d’équilibre dĂ©finie par la statistique de Boltzmann. Pour le 129Xe, T1 varie de quelques secondes Ă  quelques heures ou Ă  quelques jours. Dans le premier cas, les atomes de xĂ©non sont dissous dans du sang. Dans le second cas, il s’agit du xĂ©non gazeux. Dans le dernier cas, le xĂ©non est Ă  l’état solide.

GrĂące Ă  l’hyperpolarisation du 129Xe, sa dĂ©tection par imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique est notablement plus sensible. Cela permet aussi de rĂ©aliser des images de poumons, ce qui est en principe difficile par d’autres techniques et avec d’autres tissus. Les flux gazeux dans les poumons peuvent, par exemple, ĂȘtre visualisĂ©s grĂące Ă  cette technique.

En outre, des recherches ont Ă©tĂ© menĂ©es pour encager le xĂ©non dans un environnement spĂ©cifique. Le but est de pouvoir observer sĂ©lectivement des parties du corps ou des cellules particuliĂšres. La cage pourrait ĂȘtre une Ă©mulsion lipidique destinĂ©e Ă  des Ă©tudes neurologiques. Un encagement par cryptophane a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© pour servir de biorĂ©cepteur.

Contrairement au 129Xe, le 1311Xe dispose d’un spin nuclĂ©aire I = 3/2. Son moment quadripolaire est donc non nul. Le temps de relaxation varie de quelques millisecondes Ă  quelques secondes.

Autres utilisations du xénon

Le xĂ©non trouve des applications dans les domaines oĂč une masse molĂ©culaire Ă©levĂ©e et un caractĂšre inerte sont requis. Il se trouve dans les chambres Ă  bulles et les dĂ©tecteurs.

Pour dĂ©tecter des Weakly Interacting Massive Particles ou WIMPs, le xĂ©non liquide constitue un milieu propice. Lorsque ce type de particule entre en collision avec un atome de Xe, en principe, il lui arrache un Ă©lectron et l’on peut observer une scintillation. Cette interaction est relativement facile Ă  distinguer d’autres Ă©vĂ©nements similaires que des particules telles que les rayons cosmiques engendrent. L’expĂ©rience XENON du laboratoire italien du Gran Sasso n’a cependant pas permis de confirmer l’existence d’une WIMP.

Toutefois, ces Ă©tudes contribuent Ă  faire avancer la connaissance de la matiĂšre noire et d’autres modĂšles de physique. Le dĂ©tecteur du Gran Sasso est, en effet, cinq fois plus sensible que n’importe quel autre instrument mis au point. Au cours de l’annĂ©e 2008, l’appareil a fait l’objet d’une amĂ©lioration quant Ă  sa sensibilitĂ©.

La propulsion ionique des engins spatiaux se rĂ©alise presque toujours avec du xĂ©non. Cela s’explique par sa faible Ă©nergie d’ionisation par unitĂ© de masse atomique. Par ailleurs, il est possible de le stocker et le transporter sous forme liquide Ă  des tempĂ©ratures avoisinant la tempĂ©rature ambiante mais sous haute pression. Il peut ĂȘtre facilement ramenĂ© Ă  l’état gazeux pour alimenter le moteur.

En raison de son caractĂšre inerte, le xĂ©non est aussi moins corrosif et moins polluant pour les moteurs ioniques. Il est donc prĂ©fĂ©rĂ© au mercure et au cĂ©sium. Le xĂ©non a servi pour alimenter les moteurs ioniques des satellites dans les annĂ©es soixante-dix. Il a aussi Ă©tĂ© utilisĂ© en guise de propulseur pour « Smart 1 », le vĂ©hicule spatial europĂ©en. Puis, la sonde amĂ©ricaine « Dawn » a Ă©tĂ© pourvu de trois moteurs ioniques carburant au xĂ©non.

Pour produire des microsystĂšmes Ă©lectromĂ©caniques ou MEMs, le silicium est attaquĂ© par du  dioflorure de xĂ©non (XeF2). La rĂ©action du difluorure de xĂ©non avec l’uracile permet d’obtenir du fluorouracile, un mĂ©dicament anticancĂ©reux. Le xĂ©non sert Ă  rĂ©soudre la structure des protĂ©ines lors d’une diffraction. Cet Ă©lĂ©ment se niche dans les cavitĂ©s hydrophobes des protĂ©ines une fois exposĂ©e Ă  une pression entre 0,5 et 5 MPa. La phase peut ĂȘtre retrouvĂ©e grĂące Ă  la dĂ©rivation aux atomes lourds.

Le xénon : précautions et mesures de sécurité

Le xĂ©non non radioactif peut servir d’anesthĂ©siant si le patient ne prĂ©sente pas de fragilitĂ© respiratoire.

Le 133Xe (radioactif) constitue un agent souvent utilisé par certains biologistes et médecins pour des études fonctionnelles du poumon. Il est également utilisé pour établir certains diagnostics. Dans les deux cas, il existe une certaine dose à respecter, prévue par le protocole.

Le xĂ©non se dissout vite dans la majoritĂ© des caoutchoucs et des plastiques. Si la fermeture de son contenant est constituĂ©e de ces matiĂšres, le xĂ©non s’échappera progressivement. Dans  les  conditions normales de pression et de tempĂ©rature, il peut ĂȘtre stockĂ© sans risque. Les containers doivent, toutefois, ĂȘtre en verre ou en mĂ©tal scellĂ©s.

Le stockage du 133Xe nĂ©cessite des prĂ©cautions particuliĂšres car il est coĂ»teux et radioactif. L’isotope est produit Ă  partir d’uranium 235 lors de sa fission. Il est distribuĂ© dans des flacons de 2 ml avec 370 ou 740 mĂ©gabecquerels (10 ou 20 millicuries) de xĂ©non.

Supposons qu’à l’étalonnage avant stockage ou expĂ©rience, le gaz prĂ©parĂ© ne contienne pas plus de 0,3 % de 133Xe. Il ne possĂ©derait pas plus de 1,5 % de 131Xe et pas plus de 0,06 % de 85Kr. La quantitĂ© de 131I, quant Ă  elle, ne dĂ©passerait pas 0,01 %. Pas moins de 99,9 % de la radioactivitĂ© du gaz provient du radioxĂ©non. Ce dernier est connu pour se comporter dans l’organisme comme du xĂ©non non radioactif. La composition va changer avec le temps. Ce phĂ©nomĂšne est dĂ» Ă  la dĂ©croissance radioactive et aux Ă©ventuelles fuites aprĂšs transvasement dans les contenants.

MĂȘme stockĂ©es fermĂ©es, les bouteilles « multi-injections » de 133Xe des annĂ©es soixante et soixante-dix perdaient 5 Ă  6 % de leur xĂ©non chaque jour. Plus tard, la fuite a Ă©tĂ© rĂ©duite de 70 Ă  80 % grĂące au froid.

Une seringue en plastique remplie d’une solution au xĂ©non perd de 0,5 Ă  1 % de son contenu par heure. Cet Ă©lĂ©ment, peu soluble dans les solutions salines, peut se dĂ©lier d’une substance et s’infiltrer dans le joint de caoutchouc du piston de la seringue. Par consĂ©quent, 0,5 ml de solution de xĂ©non dans une seringue de 2,5 cm3 peut ĂȘtre rĂ©duite de la moitiĂ© de son xĂ©non en 2 heures.

Le xĂ©non radioactif peut ĂȘtre dangereux pour l’environnement. À cet effet, tout systĂšme de dĂ©livrance par inhalation du gaz 133Xe doit ĂȘtre parfaitement Ă©tanche. Il s’agit par exemple de respirateur, ainsi que les accessoires, assemblages et tubes associĂ©s Une protection par un systĂšme d’aĂ©ration et de filtration adĂ©quat est nĂ©cessaire.

Le xĂ©non Ă  l’état pur n’est pas toxique. Toutefois, il peut atteindre le cerveau en franchissant la barriĂšre hĂ©matoencĂ©phalique. Par ailleurs, il se dissout aisĂ©ment dans le sang. Selon la dose, il peut engendrer une anesthĂ©sie partielle ou totale. Au-delĂ  d’une certaine quantitĂ©, il asphyxie. Les composĂ©s du xĂ©non sont toxiques. En raison de leur pouvoir oxydant considĂ©rable, plusieurs d’entre eux sont aussi explosifs. Cela s’explique aussi par la tendance du xĂ©non et du dioxygĂšne Ă  se sĂ©parer.


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