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Mercure

element-chimique-80-mercure

Caractéristiques du mercure

  • Symbole : Hg
  • Masse atomique : 200,59 ± 0,02 u
  • NumĂ©ro CAS : 7439-97-6
  • Configuration Ă©lectronique : [Xe]4f145d10 6s2
  • NumĂ©ro atomique : 80
  • Groupe : 12
  • Bloc : Bloc d
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©tal pauvre ou mĂ©tal de transition
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,00
  • Point de fusion : −38,842 °C

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Le mercure, élément atomique n°80 de symbole Hg : faits généraux, origines, isotopes, chimie, propriétés physiques et chimiques, usage, aspects environnementaux et faits historiques.

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De numéro atomique 80 et de symbole Hg, le mercure est un corps simple qui se présente sous une forme liquide et peu visqueuse à température et pression normales.

Durant des annĂ©es, le mercure Ă©tait prĂ©sent dans les mĂ©dicaments, les thermomĂštres et les batteries. L’annĂ©e 1999 marque l’interdiction de son utilisation en raison de sa toxicitĂ© avĂ©rĂ©e. En 2021, une Ă©tude a montrĂ© que son ingestion Ă  travers les produits de la mer causerait 250 000 cas de dĂ©ficience intellectuelle par an.

Des faits généraux sur le mercure

Le mercure appartient au groupe 12 et Ă  la pĂ©riode 6 du tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments. LittĂ©ralement, il ne correspond pas Ă  la dĂ©finition des Ă©lĂ©ments de transition de l’Union Internationale de Chimie Pure et AppliquĂ©e (UICPA). Cependant, il est frĂ©quemment mentionnĂ© comme tel dans de nombreux ouvrages et manuels.

Le groupe 12, Ă©galement appelĂ© « groupe du zinc » ou « groupe IIB », se compose des Ă©lĂ©ments 30Zn, 48Cd et 80Hg, qui ont deux Ă©lectrons sur la sous-couche s au-delĂ  d’une sous-couche d.

La configuration Ă©lectronique de l’élĂ©ment 80 se prĂ©sente comme suit : [Xe] 4f14 5d10 6s2, ce qui lui confĂšre un caractĂšre noble et covalent plus fort ainsi qu’une rĂ©activitĂ© plus faible. Il est presque noble en tant que corps simple et peut ĂȘtre isolĂ©.

Le mercure est un mĂ©tal argentĂ© brillant qui est le seul Ă©lĂ©ment chimique sous forme liquide Ă  tempĂ©rature et pression ambiantes, Ă  moins qu’il ne soit en surfusion. Cependant, il a une tension de vapeur Ă©levĂ©e et s’Ă©vapore facilement Ă  des tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es.

Le Hg peut se présenter sous différentes formes, toutes toxiques pour le systÚme nerveux et la reproduction :

  • organomĂ©tallique, tels que le monomĂ©thylmercure et le dimĂ©thylmercure ;
  • sel comme le calomel ou le cinabre ;
  • liquide.

L’exposition au mercure peut causer l’hydrargyrisme, une intoxication grave dont la maladie de Minamata est l’exemple le plus connu. Il est Ă©galement suspectĂ© d’ĂȘtre impliquĂ© dans des maladies chroniques comme la maladie d’Alzheimer, le syndrome de fatigue chronique ou la fibromyalgie.

En 2009, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement a instaurĂ© des contraintes juridiques pour le mercure, sous forme de traitĂ© international. Le comitĂ© de nĂ©gociation intergouvernemental s’est rĂ©uni au Japon en janvier 2011, puis Ă  Nairobi en octobre de la mĂȘme annĂ©e.

Les origines des noms du mercure

Les dĂ©nominations « vif-argent » et Â« mercure » ont Ă©tĂ© utilisĂ©es indiffĂ©remment jusqu’au XIXe siĂšcle.

L’étymologie de vif-argent

« Vif-argent » reprĂ©sente l’ancien nom du mercure en français moyen.

Dans la nature, l’élĂ©ment se prĂ©sente sous forme d’un minerai rouge vermillon appelĂ© cinabre (α-HgS). Il a Ă©tĂ© employĂ© dans diverses cĂ©rĂ©monies religieuses et comme pigment de confection de cĂ©ramiques, tatouages, fresques murales. Des dĂ©couvertes archĂ©ologiques tĂ©moignent de sa prĂ©sence :

  • en Turquie, le ÇatalhöyĂŒk (-7000, -8000) ;
  • en Espagne, dans la mine Casa Montero et les tombes de La Pijota et de Montelirio (-5300) ;
  • en Chine dans les cultures de Yangshao (-4000 – 3500).

En GrĂšce antique, ThĂ©ophraste (-371, -288) a Ă©crit « De Lapidus », le premier livre sur les minĂ©raux. Il y dĂ©taille les lavages successifs du minerai pour extraire le cinabre et Ă©galement, comment ce dernier peut ĂȘtre traitĂ© pour produire du « vif-argent », en le broyant avec du vinaigre.

Au premier siÚcle, Dioscoride met en évidence la vapeur de mercure qui se dépose dans un récipient sous lequel a été calcinée une cuillerée de cinabre. Il a nommé cette préparation hydrårgyros qui signifie « argent liquide » en grec.

À la mĂȘme Ă©poque, le Romain Pline a expĂ©rimentĂ© le mĂȘme procĂ©dĂ© de sublimation du minerai pour obtenir l’hydrargyrus, dĂ©rivĂ© du grec ancien et dont le nom français sera « hydrargyre ».

En 1813-1814, Berzelius a adoptĂ© le symbole chimique Hg pour l’élĂ©ment, en rĂ©fĂ©rence aux deux morphĂšmes Hydrar et Gyrus. Pline a dĂ©couvert ensuite la forme native du mĂ©tal et le qualifie de vicem argenti ou « vif-argent » en français. Ce terme est retrouvĂ© dans Le Charroi de NĂźmes, une chanson de geste Ă©crite vers 1160. Cette dĂ©nomination restera jusqu’au dĂ©but du XIXe siĂšcle.

L’étymologie de la nouvelle dĂ©nomination

À l’Ă©poque de l’AntiquitĂ©, les nĂ©oplatoniciens et les astrologues grĂ©co-romains ont alliĂ© les sept mĂ©taux aux divinitĂ©s, aux couleurs et aux astres : l’or et le soleil, l’argent et la lune, le cuivre et le VĂ©nus, etc. AprĂšs sa dĂ©couverte, le vif-argent, qui prĂ©sentait la particularitĂ© d’ĂȘtre Ă  la fois liquide et solide, a Ă©tĂ© associĂ© Ă  l’Androgyne Mercure.

Les deux noms en latin ont Ă©tĂ© utilisĂ©s indiffĂ©remment par les alchimistes europĂ©ens. L’ouvrage Summa perfectionis de Geber Latin mentionne argento vivo ou Mercurio. Ce n’est qu’en 1787 que le nom plus simple de Mercure a Ă©tĂ© adoptĂ©, suite Ă  la grande rĂ©forme de nomenclature proposĂ©e par  Guyton de Morveau, Lavoisier et al., dans leur ouvrage « MĂ©thode de nomenclature ». Son symbole Hg est en rapport avec hydrargyrum (latin).

Les isotopes du mercure

Le mercure est composĂ© de 40 isotopes. Plusieurs d’entre eux sont stables et employĂ©s pour des analyses isotopiques ou un traçage isotopique.

31 isotopes sont instables et seuls quatre ont une pĂ©riode supĂ©rieure Ă  une journĂ©e. Selon l’Institut de Radioprotection et de SuretĂ© NuclĂ©aire (IRSN), seul le 203Hg est pratique comme traceur isotopique.

Les centrales nuclĂ©aires et le retraitement des dĂ©chets nuclĂ©aires produisent du 203Hg par spectromĂ©trie Îł. Son activitĂ© massique est de 5,11 × 1014 Bq.g-1 et sa pĂ©riode radioactive est de 46,59 jours. Il est Ă©mis par dĂ©sintĂ©gration Ă  491 keV.

De 1950 Ă  1963, le mercure Ă©lĂ©mentaire stable entrait dans la fabrication d’armes nuclĂ©aires et a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans les eaux et dans les sols polluĂ©s. Toutefois, les donnĂ©es concernant la cinĂ©tique et les effets du 203Hg sont encore insuffisantes. Selon l’IRSN, « les rejets de radioisotopes de cet Ă©lĂ©ment ne conduisent pas Ă  leur dĂ©tection dans l’environnement ». Il est alors supposĂ© agir comme le mercure Ă©lĂ©mentaire stable.

De 1966 Ă  1979, l’usine de La Hague a Ă©valuĂ© le Hg radioactif de ses effluents gazeux Ă  2 MBq.an-1 Ă  4 GBq.an-1. Le Commissariat Ă  l’énergie atomique l’a Ă©galement trouvĂ© dans l’atmosphĂšre des rĂ©acteurs.

La gĂ©ochimie, la minĂ©ralogie, la mĂ©tallurgie et la rĂ©cupĂ©ration de mercure mĂ©tal

Le mercure est un Ă©lĂ©ment rare avec un clarke de 0,05 et 0,08 g/t. Il peut exister sous diffĂ©rentes formes : natif, ionique et composĂ© oxydĂ©. La principale source de cet Ă©lĂ©ment est le sulfure de mercure (HgS), un minĂ©ral rouge vermillon appelĂ© cinabre. On le trouve rarement sous forme d’oxyde ou de chlorure.

Le mercure est prĂ©sent naturellement dans l’environnement, surtout dans les roches du sous-sol. Les volcans sont les principales sources naturelles d’Ă©mission dans l’environnement, suivis des activitĂ©s industrielles.

Actuellement, la plupart du Hg utilisĂ© provient du recyclage de l’élĂ©ment, ce qui est interdit pour certains usages. Qu’il soit utilisĂ© lĂ©galement ou pour l’orpaillage illĂ©gal, il s’agit souvent de mercure rĂ©cupĂ©rĂ©. Une production secondaire de ce minerai provient de condensats de grillage de minerais complexes comme le zinc. La ville d’AvilĂ©s en Espagne est l’une des grandes zones de production de cet Ă©lĂ©ment, avec en moyenne plusieurs centaines de flacons par an. Chaque flacon est un rĂ©cipient en acier contenant 34,5 kg de Hg, selon l’industrie du mercure.

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Les propriétés physico-chimiques, la préparation du corps simple et alliages

Le corps simple mercure brille d’un Ă©clat mĂ©tallique argentĂ©. De forme liquide Ă  faible viscositĂ©, il est trĂšs mobile malgrĂ© sa densitĂ© Ă©levĂ©e de de 13,6 g/cm3 g/cmÂł. Il se solidifie Ă  -39 °C.

Les propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques du corps simple du mercure

À tempĂ©rature et pression normales, le mercure est le seul mĂ©tal qui reste Ă  l’Ă©tat liquide et ne subit pas de surfusion. Le brome, un halogĂšne, est l’autre substance Ă  avoir cette propriĂ©tĂ©. Le Hg est aussi l’unique mĂ©tal ayant une tempĂ©rature d’ébullition infĂ©rieure Ă  650 °C. Le point triple du mercure, qui est un point fixe sur l’Ă©chelle internationale des tempĂ©ratures (ITS-90), se situe Ă  -38,8344 °C.

Les vapeurs du Hg sont dangereuses. En effet, c’est le seul Ă©lĂ©ment, en dehors des gaz rares, qui se prĂ©sente sous forme de vapeur monoatomique. La pression de sa vapeur saturante peut ĂȘtre calculĂ©e en utilisant les formules suivantes :

log p*= 7,149 – 3212,5/T entre 273 et 423 K ;

log p*= 7,003 – 0,000197 (T-273) – 3141,33/T entre 423 et 673 K.

Le rĂ©sultat est exprimĂ© en kilopascal. Le Hg est insoluble les solutions d’acides, particuliĂšrement des acides oxydants.

Les amalgames formés avec du mercure

Le mercure a la capacitĂ© de s’allier facilement avec presque tous les mĂ©taux, sauf avec le fer, le nickel et le cobalt. Il lui est Ă©galement difficile de former un alliage avec le cuivre, la platine et l’antimoine. Cette propriĂ©tĂ© unique du minerai, appelĂ©e amalgame, est utile pour de nombreuses applications.

Le moyen de stockage du mercure

Le Hg « vierge » (pur Ă  99,9 %) peut dissoudre de nombreux mĂ©taux. En contact avec les mĂ©taux alcalins, il peut produire une flamme ou dĂ©gager une forte chaleur. Le plastique est facilement attaquĂ© par le mercure, ce qui peut donner des composĂ©s. Par ailleurs, il est trĂšs lourd et seuls le vanadium, le fer, le niobium, le molybdĂšne, le tantale et le tungstĂšne prĂ©sentent une rĂ©sistance Ă  la dissolution ou l’amalgame avec cet Ă©lĂ©ment.

Pour ces raisons, la manipulation du Hg doit ĂȘtre effectuĂ©e avec prĂ©caution et son stockage nĂ©cessite des contenants spĂ©ciaux solides en acier ou en fer (flacon ou flasque). Les petites quantitĂ©s peuvent ĂȘtre versĂ©es dans des flacons en verre protĂ©gĂ©s de plastique ou de mĂ©tal. Le mercure trĂšs pur Ă  99,99999 % (mercure Ă©lectronique) exige un conditionnement en ampoules scellĂ©es en verre blanc neutre dit de « chimie ».

La chimie du mercure, les propriĂ©tĂ©s physico-chimiques des corps composĂ©s et complexes

L’élĂ©ment 80 se distingue du groupe du zinc par son inertie chimique spĂ©cifique. Son ionisation est exceptionnellement faible. Contrairement Ă  d’autres sels, les sels de mercure ne contiennent pas d’eau

La chimie du mercure

Le mercure peut adopter diffĂ©rents degrĂ©s d’oxydation :

  • 0 pour le mercure mĂ©tallique ;
  • I pour l’ion mercureux Hg22+ et le Hg2SO4 ;
  • II pour l’ion mercurique Hg2+, le HgO, le HgSO3, le HgI+, le HgI2, le HgI3et le HgI42-.

Le Hg mĂ©tallique ne subit pas de rĂ©action d’oxydation Ă  l’air sec. Toutefois, en milieu humide, il s’oxyde pour former du Hg2O Ă  tempĂ©rature ambiante et du HgO entre 573 K (300 °C) et 749 K (476 °C). La forme Ă©lĂ©mentaire est invulnĂ©rable face Ă  l’acide chlorhydrique et l’acide sulfurique, mais l’acide nitrique (HNO3) peut le transformer en HgNO3. En prĂ©sence d’eau royale, le mercure peut ĂȘtre attaquĂ© pour produire du mercure corrosif HgCl2.

Les combinaisons de mercure avec le soufre : sulfures de mercure et mercaptans

Les composés soufrés se lient au mercure par des liaisons covalentes. Les thiols, ou mercaptans, qui contenaient un groupe -SH lié à un atome de carbone, étaient traditionnellement utilisés pour capturer cet élément. Le concept acide-base de Pearson explique cette affinité entre le mercure et le soufre : le méthylmercure est un acide mou, tandis que les composés soufrés sont des bases molles.

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L’usage du corps simple, des alliages et des composĂ©s

Les composĂ©s mercuriques sont utilisĂ©s dans les fongicides et bactĂ©ricides, Ă  l’exemple du Thimerosal, un conservateur utilisĂ© dans les vaccins. Il en est de mĂȘme pour le Panogen, qui aurait Ă©tĂ© impliquĂ© dans l’affaire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit . En Europe, des cellules Ă  cathode de mercure servent Ă  la production du chlore.

Les utilisations du Hg dans les domaines de la santé et la médecine est multiple :

  • sous forme de produits organo-mercuriels tels que le mercurochrome ou merbromine ainsi que le Mecryl LaurylĂ©, connus comme Ă©tant des antiseptiques. Cependant, le mercurochrome n’est plus en vente ni en France ni aux Etats-Unis depuis 2006.
  • dans 45 Ă  50 % du poids des amalgames dentaires, appelĂ©s plombage malgrĂ© l’absence de plomb dans leur contenu.
  • dans le traitement de la syphilis, jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle.

Longtemps, le mercure a reprĂ©sentĂ© 0,6 % du contenu des piles salines et 0,025 % de celui des piles alcalines. Dans certains cas, les piles boutons mettent en jeu les couples Zn2+/Zn et Hg2+/Hg.

La rĂ©action chimique impliquĂ©e dans le fonctionnement des piles est la suivante  :

Zn + HgO + H2O + 2 KOH â†’ Hg + [Zn(OH)4]K2

La forme atomique de cet Ă©lĂ©ment est Ă©galement utilisĂ©e dans les lampes Ă  mercure et Ă  iodure mĂ©tallique sous haute pression. Les lampes fluorescentes Ă  vapeur contiennent environ 15 mg de mercure gazeux. Depuis 2005, la Restriction Hazardous Substances a limitĂ© une quantitĂ© maximale de 5 mg de Hg dans les piles. En 2009, cette limitĂ© a pu ĂȘtre rĂ©duite Ă  2 mg par les fabricants.

L’élĂ©ment 80 est couramment utilisĂ© dans les piles de type bouton, bien que la majoritĂ© de ces piles utilise de l’oxyde d’argent plutĂŽt que de l’oxyde de mercure. En effet, environ un tiers du poids d’une pile bouton est constituĂ© de mercure, mais les piles contenant de l’oxyde d’argent ne contiennent que 0,5 Ă  1 % de mercure.

Auparavant, le Hg Ă©tait employĂ© comme fluide dans les thermomĂštres, car il est capable de se dilater avec la tempĂ©rature. Toutefois, sa toxicitĂ© ayant Ă©tĂ© constatĂ©e, l’utilisation des thermomĂštres Ă  mercure a Ă©tĂ© interdite.

L’élĂ©ment 80 est Ă©galement utilisĂ© dans les contacts des dĂ©tecteurs de niveau, tels que les poires de niveau pour les fosses avec pompe de relevage ou alarme de niveau. Chaque contact en contient environ 4 grammes.

On trouve du Hg dans les systĂšmes rotatifs de lentilles pour assurer un mouvement de rotation rĂ©gulier sans frottement. Il permet l’alimentation Ă©lectrique grĂące Ă  deux cuves concentriques. Enfin, le mercure est largement utilisĂ© dans l’orpaillage pour amalgamer l’or et faciliter son extraction.

En septembre 2015, les tensiomÚtres des cabinets médicaux contenaient encore cet élément.

En raison de ses propriĂ©tĂ©s utiles pour la chimie nuclĂ©aire et les instruments de mesure, ce minerai fait partie des huit matiĂšres premiĂšres stratĂ©giques jugĂ©es indispensables, tant en temps de guerre qu’en temps de paix.

Certaines mines artisanales tirent profit du mercure. En effet, il est utilisé :

  • dans le traitement de semences Ă  l’aide des composĂ©s Ă  base de cet Ă©lĂ©ment ;
  • dans environ 50 % de la composition d’un amalgame dentaire ;
  • en homĂ©opathie par l’intermĂ©diaire du mercurius solubilis ;
  • comme conducteur dans les thermostats Ă  basse tension et les lampes fluorescentes.

Les aspects environnementaux du mercure

Le mercure, l’un des mĂ©taux les plus toxiques, a une grande mobilitĂ© dans l’environnement car il est volatil Ă  tempĂ©rature ambiante. Il est facilement absorbĂ© par la matiĂšre organique et impliquĂ© dans les processus mĂ©taboliques, sous forme mĂ©thylĂ©e. Les sources naturelles ou anthropiques de l’élĂ©ment peuvent ĂȘtre identifiĂ©es par des analyses isotopiques. Des recherches sont en cours pour trouver des solutions durables qui pourraient permettre de solidifier ou d’isoler le Hg.

La toxicologie du mercure

Quelle que soit sa dose, sa forme organique ou ses états chimiques, le mercure est toxique et écotoxique.

L’élĂ©ment 80 est bioaccumulable. En 2007, Björkman et son Ă©quipe ont menĂ© une Ă©tude qui a rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence de 1 ”g/L de mercure inorganique dans le sang et de 2,2 ”g/L de MeHg. Dans le cortex du lobe occipital, les niveaux Ă©taient respectivement de 5 ”g/L et de MeHg de 4 ”g/kg. Les rĂ©sultats ont montrĂ© une corrĂ©lation significative entre les niveaux de MeHg dans le sang et ceux dans le cortex occipital. De plus, le mercure total des ongles d’orteils Ă©tait liĂ© aux niveaux de MeHg sanguin et occipital. Les recherches ont Ă©galement mis en Ă©vidence les taux de mercure inorganique au moment de la mort qui s’est accumulĂ© Ă  la surface des amalgames dentaires. Les taux hypophysaires et thyroĂŻdiens de Hg total y sont Ă©galement rĂ©unis.

Le degrĂ© d’oxydation influence la toxicitĂ© du mercure.

  • Au degrĂ© 0, la forme vapeur est trĂšs nocive ;
  • Les ions de mercure I sont moins toxiques que les II.
Le mercure métallique

Le Hg mĂ©tallique solide est faiblement absorbĂ© dans le tractus gastro-intestinal quand il est ingĂ©rĂ© (moins de 10 %). Il peut s’accumuler dans l’appendice et devenir une source de mĂ©thylmercure. Une fois dans le sang, l’élĂ©ment peut parvenir au cerveau et au fƓtus. Dans le corps, le Hg mĂ©tallique est oxydĂ© en mercure mercurique qui s’associe au groupe sulfhydrile pour attaquer le rein. Une encĂ©phalopathie et des lĂ©sions rĂ©nales rĂ©sultent de l’exposition chronique Ă  cet Ă©lĂ©ment.

Environ 70 Ă  80 % des vapeurs de mercure inhalĂ©es sont captĂ©es et absorbĂ©es par les voies et le systĂšme sanguin pour se dissoudre facilement dans le plasma, le sang et l’hĂ©moglobine. Ainsi, l’élĂ©ment parvient aux reins et dans le systĂšme nerveux. Chez la femme enceinte, il traverse sans peine le placenta pour atteindre le fƓtus. Chez les post-partum, le lait maternel peut ĂȘtre aussi contaminĂ©. Des lĂ©sions pulmonaires sĂ©vĂšres rĂ©sultent de l’exposition intense aux vapeurs de Hg.

L’ingestion de mercure mercurique provoque une nĂ©crose gastrique, intestinale et tubulaire (rĂ©nale). Une exposition chronique Ă  cet Ă©lĂ©ment peut Ă©galement provoquer des lĂ©sions tubulaires rĂ©nales et Ă©ventuellement une glomĂ©rulonĂ©phrite d’origine immunologique.

Le chlorure mercurique

Chez les rats, le chlorure mercurique peut entraßner une immunosuppression, mais son effet de dépression immunitaire dépend de la souche des rongeurs..

Sous une forme inorganique, il est à l’origine de dermatite de contact allergique.

Une modification de la cinétique des composés inorganiques et du méthylmercure protÚge contre la toxicité du mercure. Ce changement est induit par certains composés de sélénium.

Le mĂ©thylmercure

Le monomĂ©thylmercure HgCH3 est produit par la conversion d’une partie du mercure dissous par des bactĂ©ries de l’intestin ou du sĂ©diment.

Cette forme est trĂšs toxique pour le systĂšme nerveux et bioaccumulable. Il peut causer des dommages aux cellules souches du systĂšme nerveux central et affecter le dĂ©veloppement humain, mĂȘme Ă  faible dose. On peut citer la microcĂ©phalie et le dĂ©ficit de dĂ©veloppement neurologique. Les fƓtus semblent ĂȘtre plus vulnĂ©rables que les mĂšres. Les mĂȘmes effets ont Ă©tĂ© observĂ©s chez plusieurs espĂšces de laboratoire. Le degrĂ© de toxicitĂ© du mĂ©thylmercure sur la reproduction et le dĂ©veloppement est infĂ©rieur Ă  celui du mercure inorganique. Cependant, il peut avoir un impact sur un plus grand nombre de facteurs.

Les fruits de mer, comme les moules, le thon, le marlin, l’espadon et le requin, sont les principales sources d’exposition au HgCH3 pour l’homme, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes. Il attaque en premier lieu le systĂšme nerveux, mais chez certaines personnes, le rein peut Ă©galement ĂȘtre affectĂ©.

Les amalgames dentaires Ă  base de mercure ont Ă©tĂ© la source majeure d’exposition pour la population dans les pays dĂ©veloppĂ©s. Actuellement, ils ne renferment plus que 5 % de leur masse initiale.

Face Ă  cette toxicitĂ© avĂ©rĂ©e, l’emploi du Hg a Ă©tĂ© limitĂ© et peu Ă  peu interdit. La vente d’objets contenant l’élĂ©ment 80 est rĂ©glementĂ©e dans l’Union europĂ©enne depuis les annĂ©es 2000. De nombreux usages ont Ă©tĂ© interdits, y compris l’utilisation des thermomĂštres Ă  mercure dans les Ă©tablissements sanitaires Ă  partir de 1999.

L’Ă©limination du mercure mercurique se fait principalement par les ongles, les cheveux, les urines, les selles et le lait maternel.

Le Hg se prĂ©sente sous deux formes : inorganique et mĂ©thylĂ©. Les composĂ©s inorganiques ont deux demi-vies : une courte, mesurĂ©e en jours ou semaines, et une plus longue, comptĂ©e en annĂ©es ou dĂ©cennies. En revanche, les composĂ©s de mĂ©thylmercure ont une seule demi-vie biologique d’environ deux mois chez l’homme. Les niveaux de mercure dans l’urine, le sang et le plasma servent d’indicateurs utiles pour la surveillance biologique, bien que cela ne soit pas complet. On peut surveiller l’exposition aux composĂ©s de mĂ©thylmercure grĂące Ă  leurs concentrations dans les cheveux et le sang.

Une modification de la cinétique des composés inorganiques et du méthylmercure par certains composés de sélénium protÚge contre la toxicité du mercure.

L’assimilation du mercure par des populations humaines

Les rĂ©gions d’orpaillage (notamment en Guyane et au Surinam) ainsi que certaines rĂ©gions industrielles prĂ©sentent une forte concentration de l’élĂ©ment 80.

En 2018, le « Volet pĂ©rinatal » du Programme National de Biosurveillance en France a rĂ©alisĂ© une Ă©tude sur l’imprĂ©gnation des femmes enceintes par le Hg ainsi que d’autres mĂ©taux et polluants organiques. L’objet de l’étude Ă©tait de mesurer les niveaux de mercure dans les cheveux de 1 799 femmes enceintes (« Cohorte Elfe ») pour Ă©valuer principalement le mercure organique, qui est le rĂ©sultat d’une exposition chronique par ingestion ou inhalation. Ces femmes ont accouchĂ© en France en 2011, Ă  l’exception de la Corse et des TOM.

Une baisse du taux de mercure capillaire a Ă©tĂ© constatĂ©e, par rapport aux Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes en France, avec un taux moyen de 0,4 ”g par gramme de cheveux. L’étude a montrĂ© que moins de 1 % des femmes dĂ©passait le seuil de 2,5 ÎŒg, Ă©tabli par le JECFA pour les femmes enceintes. Toutefois, ce niveau est plus important que celui mesurĂ© en Europe centrale et de l’Est ainsi qu’aux Etats-Unis, oĂč les niveaux de mercure sont problĂ©matiques. Cet Ă©cart entre la France et les autres pays a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© observĂ© en 2007 pour l’arsenic. Cette diffĂ©rence est due Ă  une consommation plus importante de produits de mer en France.

L’orpaillage et le mercure

En 1997, l’Institut de Veille Sanitaire a Ă©tudiĂ© l’exposition alimentaire au Hg de 165 AmĂ©rindiens vivant dans quatre villages en bordure du fleuve Maroni en Guyane : KayodĂ©, TwenkĂ©, Taluhen et AntĂ©cume-Pata. Des dosages de mercure total ont Ă©tĂ© aussi effectuĂ©s pour 235 habitants des villages aux alentours. L’étude a Ă©galement relevĂ© les donnĂ©es anthropomĂ©triques de 264 autres personnes.

L’étude a rĂ©vĂ©lĂ© que certains poissons du fleuve contenaient jusqu’à 1,62 mg/kg de Hg total. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que plus de 50 % de la population Ă©tudiĂ©e dĂ©passait la valeur sanguine recommandĂ©e par l’OMS de 10 ”g/g de mercure total dans les cheveux ((11,4 ”g/g en moyenne, Ă  comparer Ă  un taux de rĂ©fĂ©rence de 2 ”g/g). Par ailleurs, prĂšs de 90 % de l’élĂ©ment 80 Ă©tait sous forme organique, la plus toxique et de plus bio-assimilable. Toutes les tranches d’ñge ont prĂ©sentĂ© une teneur Ă©levĂ©e, bien que lĂ©gĂšrement infĂ©rieures chez les nourrissons, qui sont pourtant trĂšs vulnĂ©rables. Les Wayanas de KayodĂ©, oĂč les activitĂ©s d’orpaillage sont courantes, ont enregistrĂ© le plus haut taux d’exposition au Hg. La limite recommandĂ©e de 0,5 mg/kg de mercure total a Ă©tĂ© dĂ©passĂ©e par 14,5 % des 242 personnes dans le Haut-Maroni. Depuis, l’exploitation de l’or s’est dĂ©veloppĂ©e, exposant davantage les Wayanas. Ils dĂ©passent l’apport quotidien habituel de 2,4 ”g de mĂ©thylmercure et de 6,7 ”g de mercure total. La dose tolĂ©rable hebdomadaire recommandĂ©e par l’OMS Ă  l’époque a Ă©tĂ© largement franchie (300 ”g de mercure total, dont 200 ”g de mĂ©thylmercure au maximum, soit 30 ”g/j).  La consommation des adultes varie de 40 Ă  60 ”g par jour, tandis que celle des personnes ĂągĂ©es est de 30 ”g/j.

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Chez les moins de quinze ans, l’ingestion de mercure est d’environ :

  • 3 ”g/j via l’allaitement pour les nourrissons ;
  • 7 ”g/j pour les petits enfants de 1 Ă  3 ans ;
  • 15 ”g/j pour les enfants de 3 Ă  6 ans ;
  • 28 Ă  40 ”g/j pour les enfants de 10 Ă  15 ans.

Ces valeurs n’incluent pas l’apport par les gibiers, l’air et l’eau.

La Guyane a montrĂ© des rĂ©sultats Ă©quivalents Ă  ceux de Minamata au Japon. L’Agence Française de SĂ©curitĂ© Sanitaire de l’Environnement et du Travail a continuĂ© les recherches.

Le mercure peut causer des maladies professionnelles chez les travailleurs qui l’utilisent et chez les humains, des maladies comme l’Ă©rythĂšme mercuriel.

L’écotoxicitĂ© du mercure

La toxicitĂ© du Hg touche toutes les espĂšces vivantes. Ses impacts sur la vie sauvage sont montrĂ©s par :

  • Un frein dans la croissance des organismes unicellulaires tels les algues, les bactĂ©ries et les champignons ;
  • des difficultĂ©s de croissances chez les truites arc-en-ciel, ainsi qu’un taux anormalement Ă©levĂ© de mortalitĂ© des embryons et des larves ;
  • une reprotoxicitĂ© caractĂ©risĂ©e par une diminution du succĂšs reproductif et des pontes avortĂ©es chez les poissons zĂšbres ; un affaiblissement de la production de spermatozoĂŻdes chez les guppys et une augmentation de la mortalitĂ© des embryons et des larves chez les amphibiens ;
  • des anomalies de reproduction chez des volatiles, avec des couvĂ©es plus petites et une baisse de survie des canetons chez les oiseaux d’eau vivants dans les milieux contaminĂ©s ;
  • une perturbation endocrinienne : selon le niveau de la contamination, la durĂ©e d’exposition et d’autres facteurs, le mercure interfĂšre avec l’hormone dopamine. Par exemple, le poisson Pimephales promelas exposĂ© dix jours au Hge (1,69 Ă  13,57 % g HgCl2/L) devient malhabile pour capturer sa nourriture. Ce phĂ©nomĂšne s’est dĂ©roulĂ© en absence de modifications de taux d’hormones tels que la norĂ©pinĂ©phrine, la sĂ©rotonine et la dopamine. Pourtant, ces changements ont Ă©tĂ© observĂ©s dans les autres espĂšces ;
  • un trouble enzymatique de protĂ©ase, amylase ou lipase. Chez une mĂȘme espĂšce, on peut observer des prĂ©dispositions gĂ©nĂ©tiques qui rendent vulnĂ©rable au mercure, comme c’est le cas chez le Gambusia holbrooki ;
  • un effet synergique variant d’une espĂšce et d’un composĂ© Ă  l’autre. Chez la moule Mytilus edulis, un cofacteur favorise la bioaccumulation du sĂ©lĂ©nium. Cependant, exposĂ© au mercure et au cadmium, le cofacteur y diminue l’absorption de cadmium.

Les quantitĂ©s Ă©mises et gĂ©ologiquement rĂ©absorbĂ©es du mercure

L’élĂ©ment 80 est un polluant mondial. Depuis le dĂ©but de l’AnthropocĂšne, les enregistrements sĂ©dimentaires et les analyses isotopiques ont constatĂ© une forte augmentation des Ă©missions anthropiques. Les statistiques rejoignent plusieurs thĂ©ories.

  1. Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, les activitĂ©s humaines Ă©mettent encore environ 3 500 tonnes de mercure par an dans l’atmosphĂšre. 50 Ă  75 % provenaient de la combustion du charbon. Les Ă©missions volcaniques, gĂ©othermiques, d’Ă©vaporation naturelle et de recirculation sont quant Ă  elles de 1 400 Ă  2 400 tonnes par an.
  2. D’autres Ă©missions indirectement liĂ©es aux activitĂ©s humaines ne sont pas pris en compte :
    • l’évaporation Ă  partir des sols contaminĂ©s puis dĂ©gradĂ©s par les pratiques agricoles ou les amĂ©nagements ;
    • la dĂ©forestation, le pĂąturage, le drainage excessif ou la salinisation ainsi que la grave Ă©rosion qui en rĂ©sulte (par exemple Ă  Madagascar ou en Chine) ;
  1. Le mercure utilisĂ© dans l’orpaillage clandestin est sous-estimĂ©.
  2. Selon une Ă©tude effectuĂ©e en 2017 par le PNUE et l’Agence internationale de l’énergie, l’homme aurait injectĂ© environ 1 540 000 tonnes de Hg dans la biosphĂšre au cours des 4 000  ans, ce qui reprĂ©sente 78 fois les Ă©missions naturelles durant la mĂȘme pĂ©riode. Le rejet de mercure dans l’eau et dans le sol constitue 1 070 Gg (1 Gg = 1 000 t), dans l’air 472 gigagrammes, dont 336 Gg Ă©mis aprĂšs 1850.

La production de mercure (19 %) est classĂ©e deuxiĂšme activitĂ© la plus polluante derriĂšre l’argent (30 %), suivie par l’industrie chimique (10 %). Depuis peu, l’orpaillage et la combustion du charbon sont devenues les principales  sources de pollution.

Depuis 1880, les rejets globaux de Hg s’élĂšvent Ă  8 Gg/an, avec un pic de 10,4 Gg atteint en 1970. Depuis, ils diminuent progressivement, mais les rĂ©gions Ă©mettrices ont aussi changĂ©.

Avant 1850, 81 % des Ă©missions avaient un rapport avec la production d’argent en AmĂ©rique espagnole.

De 1850 Ă  2010, les Ă©missions de mercure venaient principalement de l’AmĂ©rique du Nord (30 %), de l’Europe (27 %) et de l’Asie (16 %). 79 % des rejets dans l’air ont atteint directement l’hĂ©misphĂšre nord. Depuis 1890, l’hĂ©misphĂšre sud commence Ă  ĂȘtre de plus en plus touchĂ©.

RĂ©glementĂ©es, les Ă©missions de Hg dans l’air ont diminuĂ©. En revanche, les rejets dans le sol et l’eau ont augmentĂ© Ă  cause du mercure contenu dans le charbon et des dĂ©chets qui se retrouvent dans les cendres volantes et les rĂ©sidus. Une partie de ces cendres est dispersĂ©e par la pluie ou le vent tandis que le reste est recyclĂ© dans la fabrication de ciment ou de briques. Par ailleurs, l’eau et le sol reçoivent 84 % des dĂ©chets mercuriels solides qui proviennent de la production du mercure pour 30 %, de la production d’argent pour 21 % et de l’industrie chimie pour 12 %.

Volatil, l’élĂ©ment 80 est prĂ©sent en grande quantitĂ© dans l’air, mais son cycle biogĂ©ochimique et sa cinĂ©tique environnementale sont encore mal connus. En 2010, sa prĂ©sence dans l’air s’Ă©levait Ă  4,57 Gg, soit trois fois plus qu’en 1850. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, les modĂšles de sa cinĂ©tique dans l’air, la terre et la mer ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s. En 2015, une Ă©tude a montrĂ© que 23 % des dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques en 2017 seraient d’origine humaine. Par ailleurs, 40 % des rejets depuis 4 000 ans ont Ă©tĂ© piĂ©gĂ©s dans un Ă©tat stable, principalement dans l’Ă©cosystĂšme terrestre plutĂŽt que dans l’ocĂ©an. En 2020, une nouvelle modĂ©lisation a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour Ă©valuer l’impact des activitĂ©s humaines sur le cycle du mercure.

Les modĂšles de cycle et de risque de l’élĂ©ment 80 se sont d’abord focalisĂ©s sur le mercure ocĂ©anique, supposant que la principale source du Hg Ă©tait atmosphĂ©rique. Toutefois, il a Ă©tĂ© constatĂ© que les Ă©coulements fluviaux sont devenus une source importante dans les ocĂ©ans. En 2021, les donnĂ©es ont montrĂ© que les fleuves apportent en moyenne 1000 Mg/an (entre 893 et 1224) de mercure aux ocĂ©ans cĂŽtiers, soit trois fois plus que les dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques. En outre, le rĂ©chauffement climatique est responsable de l’augmentation des dĂ©bits fluviaux, ce qui constitue Ă©galement une nouvelle source importante de Hg.

Les ocĂ©ans cĂŽtiers, qui ne reprĂ©sentent que 0,2 % du volume total de l’ocĂ©an, sont des zones sensibles car ils contiennent la nourriture des poissons. Ils reçoivent 27 % de l’apport externe de mercure Ă  l’ocĂ©an. Selon une estimation thĂ©orique, les estuaires des fleuves apporteraient 350 Mg de cet Ă©lĂ©ment Ă  la mer, les rendant la plus grande source de Hg qui contamine les ocĂ©ans cĂŽtiers. L’Ă©cosystĂšme estuarien, particuliĂšrement le bouchon vaseux, facilite la mĂ©thylation du mercure et sa bioconcentration dans le rĂ©seau trophique..

Le Hg reprĂ©sente un problĂšme environnemental mondial. Sa concentration moyenne dans les poissons et les mammifĂšres de tous les ocĂ©ans est trĂšs prĂ©occupante, alors que celle de la plupart des autres mĂ©taux lourds est en diminution. Sa rĂ©partition gĂ©ographique varie, comme l’a montrĂ© Lehnherr et al. en 2011, et les taux de mercure s’amplifient de l’Est Ă  l’Ouest de l’AmĂ©rique du Nord. Depuis quelques dĂ©cennies, l’Arctique est touchĂ©e par des « pluies de mercure ». MalgrĂ© que cette rĂ©gion soit peu habitĂ©e, ses cours d’eau charrient l’élĂ©ment vers l’ocĂ©an Arctique. Une partie de ce Hg est mĂ©thylĂ©e, ce qui le rend plus facilement absorbable.

Les principales sources d’émissions de mercure

Les activitĂ©s humaines sont responsables de 85 % de la pollution mercurielle actuelle des lacs et des cours d’eau. Ces activitĂ©s sont les centrales thermiques au charbon et l’exploitation de gaz ou de pĂ©trole. Les sources de mercure seraient principalement le lessivage de l’air et des sols polluĂ©s, ainsi que les apports terrigĂšnes en mer ou dans les zones humides.

ClassĂ©es par ordre dĂ©croissant d’importance, ces sources sont :

  1. L’exploitation du pĂ©trole et des combustibles fossiles

Les hydrocarbures fossiles, tels que le pĂ©trole et le gaz naturel, sont issus de la dĂ©composition de matiĂšres organiques contenant du mercure. Ce mĂ©tal est prĂ©sent dans toutes les formes d’hydrocarbures fossiles, mais sa concentration varie en fonction de la source et de la veine. En 2001, l’Environmental Protection Agency a indiquĂ© que certains pĂ©troles bruts et condensats de gaz naturel contenaient des concentrations Ă©levĂ©es de Hg Ă©lĂ©mentaire (1 Ă  4 ppm). Les pĂ©troles bruts peuvent Ă©galement en contenir plus de 5 ppm, en suspension, sous forme ionique ou organique. En Asie du Sud, les condensats de gaz extraits peuvent contenir de 10 Ă  800 ppb de Hg. Aux États-Unis, la plupart des pĂ©troles bruts raffinĂ©s contiennent moins de 10 ppb de mercure, avec une moyenne d’environ 5 ppb en poids, bien que certains Ă©chantillons puissent contenir jusqu’Ă  1000 ppb. Les naphtes raffinĂ©es contiennent gĂ©nĂ©ralement entre 5 et 200 ppb de Hg.

En 2001, l’EPA a estimĂ© que la production annuelle pĂ©troliĂšre amĂ©ricaine reprĂ©sentait jusqu’Ă  10 000 t/an d’émission de mercure dans l’environnement. Le gaz naturel ne contient que la forme Ă©lĂ©mentaire de l’élĂ©ment 80,Ă  des taux infĂ©rieurs Ă  la saturation, ce qui suggĂšre qu’il n’existe pas dans les rĂ©servoirs. Cependant, au Texas, un rĂ©servoir de gaz est saturĂ© en Hg0, qui par condensation produit du mercure liquide. Cela suggĂšre que, dans ce cas unique, le gaz est en Ă©quilibre avec le Hg liquide. Encore mal connue, sur la base de quelques donnĂ©es de spĂ©ciation, la teneur en dialkylmercure du gaz naturel est supposĂ©e moindre (infĂ©rieur Ă  1 % du mercure total), basĂ©e sur des donnĂ©es sur les teneurs en substances indĂ©sirables des condensats de gaz.

Le pétrole brut, ses vapeurs et leurs condensats peuvent contenir différentes formes chimiques de Hg, ayant des propriétés chimiques, physiques et toxicologiques variables.

Selon l’EPA, le pĂ©trole brut et les condensats de gaz naturel sont composĂ©s de mercure en suspension ou adsorbĂ©s sur les matiĂšres en suspension. Ces composĂ©s incluent principalement le HgS mais aussi d’autres espĂšces de l’élĂ©ment adsorbĂ© sur des silicates et d’autres matiĂšres en suspension colloĂŻdales. L’élĂ©ment 80 en suspension peut reprĂ©senter une partie importante du mercure total dans les Ă©chantillons liquides d’hydrocarbures. Avant d’analyser ses formes dissoutes, il doit ĂȘtre filtrĂ©. Toutefois, pour Ă©viter les pertes dues Ă  l’Ă©vaporation ou l’adsorption, la mesure doit ĂȘtre effectuĂ©e avant toute filtration, centrifugation ou exposition Ă  l’air. Une partie de ce Hg peut contaminer l’air et l’environnement s’il est exposĂ© Ă  la chaleur ou au soleil.

  1. L’exploitation miniùre

Dans certains pays, la premiĂšre source de contamination de l’environnement est l’orpaillage. L’extraction et le traitement d’autres minĂ©raux, de pĂ©trole, de gaz et de charbon naturellement contaminĂ©s par du mercure sont Ă©galement concernĂ©s.

  1. Les incinérateurs

Autrefois, on retrouvait des résidus non-négligeables de mercurochrome ou de thermomÚtres cassés dans les incinérateurs hospitaliers. Le mercure des amalgames dentaires est retrouvé dans les crématoriums.

  1. L’emploi d’autres combustibles fossiles

Un taux Ă©levĂ© de Hg peut ĂȘtre retrouvĂ© dans la tourbe ou le bois, les arbres ayant poussĂ© sur des sols polluĂ©s ou dans une atmosphĂšre contaminĂ©e. L’élĂ©ment 80 est libĂ©rĂ© lors de la combustion ou de la transformation en d’autres produits.

  1. Certains procédés industriels

Les procĂ©dĂ©s dans l’industrie du chlore et de la soude caustique peuvent libĂ©rer cet Ă©lĂ©ment dans l’environnement.

  1. Le recyclage

Le recyclage des thermomĂštres, des phares de voitures et des lampes au mercure provoque une grave pollution locale, etc.

  1. Les séquelles industrielles et de guerre

Les sols des chapelleries, des miroiteries, des cristalleries et des ateliers de doreurs restent contaminĂ©s mĂȘme des annĂ©es aprĂšs l’arrĂȘt des activitĂ©s. Il en est de mĂȘme pour le mercure industriel (fulminate de mercure) utilisĂ© depuis 1805 dans la fabrication de munitions : amorces de balles, obus, mines, etc. Des sĂ©quelles socio-Ă©conomiques, Ă©cologiques et humaines durables sont le rĂ©sultat des pollutions chroniques, comme ce fut le cas Ă  Minamata.

La mobilitĂ© du mercure

La vapeur de Hg est trĂšs mobile et peut se dĂ©placer facilement dans l’air, le sol et les sĂ©diments. Cette mobilitĂ© est rĂ©duite en prĂ©sence de complexes argilo-humiques, mais est augmentĂ©e dans les sols acides et lessivables. Elle dĂ©pend Ă©galement de la tempĂ©rature et du type de sol. Ainsi, une pile bouton peut polluer 1 mÂł d’un sol moyen europĂ©en pendant 500 ans ou 500 mÂł durant un an. Les animaux peuvent aussi transporter le mercure par bioturbation. En raison de sa non biodĂ©gradabilitĂ©, le Hg reste un polluant dangereux pour les ĂȘtres vivants.

Le mercure est un contaminant qui peut traverser les frontiĂšres. Les lacs quĂ©bĂ©cois subissent une pollution en raison du transport de particules depuis le sud de l’Ontario et du nord des États-Unis. La teneur en Hg des lacs a doublĂ© depuis le siĂšcle dernier, obligeant les pĂȘcheurs Ă  mesurer leur consommation de poisson.

La pollution de l’air par le mercure

La pollution de l’air extĂ©rieur

Auparavant, on pensait que la pluie purifiait l’air et fournissait de l’eau pure aux Ă©cosystĂšmes. Cependant, la vĂ©ritĂ© est que la pluie rĂ©duit les polluants tels que les pesticides et les mĂ©taux dangereux comme le mercure. La volatilitĂ© de cet Ă©lĂ©ment contribue Ă  la pollution atmosphĂ©rique, des eaux et des sĂ©diments quand il est lavĂ© par la pluie et le brouillard. Les incendies peuvent Ă©galement rĂ©pandre du mercure dans l’air et polluer l’environnement.

L’EPA, en collaboration avec des universitĂ©s amĂ©ricaines, a mis en Ă©vidence la pollution de plusieurs rĂ©gions par l’Hg. Les analyses de pluies et de neige ont montrĂ© qu’autour de DĂ©troit, sa teneur est 65 fois supĂ©rieure au seuil dĂ©fini par l’EPA. À Chicago, elle est de 41 fois supĂ©rieure et 73 fois plus Ă  Kenosha, Wisconsin. La teneur moyenne en mercure sur six ans Ă  Duluth est prĂšs de six fois le seuil, tandis que les pluies les moins polluĂ©es dĂ©passent Ă©galement ce seuil. Le degrĂ© d’urbanisation n’influence pas les rĂ©sultats. En effet, dans le Michigan, un nombre 35 fois supĂ©rieur au seuil a Ă©tĂ© relevĂ© tandis que la rĂ©gion de Devil’s Lake du Wisconsin a Ă©galement enregistrĂ© 23 fois le seuil.

À la fin des annĂ©es 90 et au dĂ©but des annĂ©es 2000, la teneur en mercure dans les prĂ©cipitations dĂ©passait encore le seuil dans douze Ă©tats de l’est des Etats Unis :

  • l’Alabama ;
  • la Floride ;
  • la GĂ©orgie ;
  • l’Indiana ;
  • la Louisiane ;
  • le Maryland ;
  • le Mississippi ;
  • l’État de New York ;
  • la Caroline du Nord ;
  • la Caroline du Sud ;
  • la Pennsylvanie ;
  • le Texas.

L’usage massif du charbon fait de la Chine et des États-Unis les deux pays les plus touchĂ©s par la pollution de l’air. La premiĂšre place de l’émission mondiale de l’élĂ©ment 80 revient Ă  la Chine.

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La pollution de l’air intĂ©rieur

Le mercure des lampes fluorescentes est passĂ© de 12 mg Ă  4 mg en quelques annĂ©es. En 2011, elle est mĂȘme tombĂ©e Ă  moins de 2 mg, alors que le nombre de lampes a augmentĂ©. L’Institut de Veille Sanitaire n’a relevĂ© aucun incident en France, mais le risque pour la santĂ© subsiste. Les vapeurs de mercure restent dans l’air intĂ©rieur aprĂšs la casse des lampes,  et dans l’air extĂ©rieur via l’élimination ou les incinĂ©rations. 

En 2007, le Centre Interprofessionnel Technique d’Études de la Pollution AtmosphĂ©rique a Ă©mis une thĂ©orie, considĂ©rant qu’un ampoule contient 5 mg de mercure. Si 30 millions de lampes sont jetĂ©es avec les ordures mĂ©nagĂšres et incinĂ©rĂ©es, 150 kg de mercure de plus se retrouveraient avec les 6,7 t dĂ©jĂ  prĂ©sents dans l’air en 2007. Bien que la rĂ©glementation ait fixĂ© la limite de 5,92 mg de Hg dans les ampoules, aucune norme sur sa teneur dans l’air extĂ©rieur ou intĂ©rieur n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©finie.

L’Organisation Mondiale de la SantĂ© recommande de ne pas dĂ©passer le seuil de vapeur de mercure inorganique de 1 ”g/m3/an. En 2011, la Commission de la SĂ©curitĂ© des Consommateurs de France a revendiquĂ© que le gouvernement Ă©tablisse des « valeurs maximales d’exposition aux vapeurs de mercure acceptables dans l’air ambiant ». La derniĂšre recommandation europĂ©enne relative Ă  l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les Ă©quipements Ă©lectriques et Ă©lectroniques remonte Ă  2003. La commission a alors demandĂ© une mise Ă  jour, compte tenu de l’évolution technologique actuelle, ainsi qu’une baisse du niveau maximal de mercure dans une ampoule (de 5 mg Ă  2 mg).

En France, le code du travail fixe une teneur maximale tolĂ©rĂ©e en Ă©lĂ©ment 80 de 20 Â”g/m3 d’air pour les travailleurs. En 2004, la directive europĂ©enne a omis de prĂ©ciser une valeur cible pour le Hg dans l’air, alors que celles de l’arsenic, du cadmium, du nickel et des HAP ont Ă©tĂ© bien mentionnĂ©es. Aucune valeur maximale d’exposition Ă  court terme n’a pas Ă©tĂ© Ă©galement indiquĂ©e.

En cas de bris d’une ampoule, il est recommandĂ© d’aĂ©rer la piĂšce pendant un long moment, de mettre des gants pour ramasser les dĂ©bris et de ne pas utiliser l’aspirateur, pour Ă©viter la dispersion des vapeurs de mercure.

La pollution de l’eau et des sĂ©diments par le mercure

Une petite quantitĂ© de Hg est capable de polluer des Ă©tendues d’eau et d’augmenter son taux chez les poissons Ă  un niveau dangereux pour la consommation humaine.

Une Ă©tude de 1991 a rĂ©vĂ©lĂ© qu’une centrale thermique de 100 MW Ă©met 11, 4 kg de cet Ă©lĂ©ment chimique par an.

Des acres d’étang au nombre de 25 peuvent ĂȘtre polluĂ©es par environ 9 g de mercure. Ce qui engendrerait un dĂ©passement des seuils prĂ©sumĂ©s « sĂ»rs » de Hg dans les poissons destinĂ©s Ă  la consommation.

PrĂšs de Bergen, en NorvĂšge, l’épave du sous-marin allemand « U-864 Â» coulĂ© prĂšs de l’üle de Fedje, le 09 fĂ©vrier 1945 a favorisĂ© une pollution importante par l’élĂ©ment 80. En effet, les 65 t de mercure qu’il transportait dans 1 875 flasques d’acier, destinĂ©es Ă  soutenir l’effort de guerre du Japon, ont commencĂ© Ă  relĂącher leur contenu et Ă  contaminer les poissons et la zone environnante. Le 22 fĂ©vrier 2003, l’épave fut dĂ©couverte et depuis, la pĂȘche a Ă©tĂ© interdite dans un rayon de 30 000 mÂČ. MalgrĂ© les Ă©tudes entreprises par l’administration cĂŽtiĂšre norvĂ©gienne, la dĂ©pollution du site n’a pas encore commencĂ© en 2019.

La contamination des organismes et des écosystÚmes

Volatile, le mercure s’échappe dans l’atmosphĂšre, contaminant les prĂ©cipitations, la  neige et les eaux de fonte de neiges, les eaux nivĂ©ales et les lacs de montagne.

La contamination des sédiments

Les sĂ©diments reçoivent la part de l’élĂ©ment 80 non Ă©vaporĂ©e ou non absorbĂ©e par les plantes ou stockĂ©e dans le sol. Les bactĂ©ries la transforment en mĂ©thylmercure bio-assimilable pour les poissons, les crustacĂ©s et les oiseaux marins. La contamination se propage dans la chaĂźne alimentaire.

La contamination en mer

Les poissons prĂ©dateurs qui vivent longtemps en mer, tels que les thons et les espadons, sont  contaminĂ©s par le mercure. Selon leur provenance et leur Ăąge, les poissons des abysses sont aussi affectĂ©s.

La bioaccumulation du mercure dans le réseau trophique concerne également les oiseaux marins et les cétacés. Au début des années 90, le taux moyen du Hg a été mesuré dans les foies et les muscles de certains oiseaux de la Mer du Nord. Elle est exprimée en poids sec. Le tableau suivant montre les résultats :

Oiseaux marinsTaux dans le foie (”g/g)Taux dans le muscle (”g/g)
Guillemot marmette8,53,4
Mouette tridactyle5,61,9
Mouette rieuse2,60,9
Macreuse noire9,52,1

Dans la mĂȘme rĂ©gion, le taux moyen de mercure chez le marsouin commun Ă©tait de 65,2 Â”g/g dans le foie. Il s’élevait Ă  4,1 ”g/g dans les muscles et Ă  7,7 ”g/g dans les reins. On a remarquĂ© des pics de mesure de 17,5 ”g/g chez la mouette tridactyle et de 456 ”g/g chez le marsouin. Les facteurs de risque identifiĂ©s Ă©taient l’habitat et le rĂ©gime alimentaire.

Les rĂ©sultats ont aussi rĂ©vĂ©lĂ© une augmentation du taux de mercure avec l’ñge du marsouin. Pourtant, le pourcentage de methylmercure baisse avec l’ñge au bĂ©nĂ©fice du Hg liĂ© Ă  du sĂ©lĂ©nium. Cela suppose l’existence d’un mĂ©canisme de dĂ©toxification dans les lysosomes des cellules hĂ©patiques de ce mammifĂšre.

Pour ces raisons, des limites de consommation des produits de pĂȘche ont Ă©tĂ© instaurĂ©es. Elles concernent les populations locales qui vivent prĂšs des milliers de lacs et riviĂšres de 44 Ă©tats amĂ©ricains.

La contamination des sols

La bioaccumulation par les champignons se produit suite Ă  leur pousse sur des sols polluĂ©s ou sur des arbres contaminĂ©s en dĂ©composition. C’est le cas du Calvatia gigantea (TĂȘte de mort), comestible, qui a une forte affinitĂ© pour le mercure et le methylmercure. Les teneurs peuvent atteindre 19,7 ppm sur des sols apparemment non polluĂ©s.

La contamination sur terre

Les lichens et les champignons peuvent accumuler une quantité non négligeable de Hg.

Les psalliotes peuvent contenir 20 à 50 fois plus de méthylmercure et de mercure quel que soit leur sol de pousse.

En France, Didier Michelot a mené une étude (Centre National de Recherche Scientifique) qui consistait à effectuer 3 000 mesures de quinze métaux chez 120 échantillons de différentes espÚces de champignons. Quatre espÚces se sont distinguées :

  • le bolet mouchetĂ© avec 94 ppm ;
  • l’agaric d’étĂ© avec 87,4 ppm ;
  • l’agaric des jachĂšres avec 84,1 ppm ;
  • le pleurote du panicaut avec 82 ppm.

Dans certains pays, des publications officielles ont lancĂ© des alertes rĂ©pĂ©titives au public sur l’empoisonnement aux mĂ©taux lourds prĂ©sents dans les champignons.

L’effet du mercure sur la santĂ© reproductive

La reproduction des espĂšces en haut de la chaĂźne alimentaire est plus touchĂ©e. L’homme fait donc partie des concernĂ©s. D’autres animaux marins et terrestres peuvent ĂȘtre affectĂ©s :

  • les poissons ;
  • les requins ;
  • les cachalots ;
  • les phoques ;
  • les orques ;
  • la loutre ;
  • la sterne ;
  • le vison ;
  • les canards ;
  • les limicoles ;
  • le huard ;
  • etc.

Les Ă©tudes des Centers for Disease Control and Prevention ont rĂ©vĂ©lĂ© un risque de malformation congĂ©nitale chez 320 000 nouveaux nĂ©s. Par ailleurs, la prĂ©sence Ă©levĂ©e du mercure dans le sang touche 1/12 des femmes en Ăąge de procrĂ©er. Cela peut impacter sur le dĂ©veloppement neurologique du fƓtus.

Depuis 1930, les vaccins ayant comme principe actif le Thiomersal contiennent l’élĂ©ment 80.

Le contrĂŽle du mercure et son Ă©volution dans la lĂ©gislation

Le « plan mercure » mis en place par le Programme des Nations unies pour l’environnement est d’ordre mondial.

Le 19 janvier 2013, la convention de Minamata a Ă©tĂ© validĂ©e Ă  GenĂšve par 140 États, aprĂšs une semaine de nĂ©gociation. Elle a pour but de diminuer les Ă©missions de mercure Ă  l’échelle mondiale. Elle a Ă©tĂ© symboliquement signĂ©e Ă  Minamata, au Japon, le 10 octobre de la mĂȘme annĂ©e. Cette ville a Ă©tĂ© choisie pour rendre hommage Ă  ses habitants, gravement contaminĂ©s par le mercure pendant plusieurs annĂ©es. La pathologie est connue sous le nom de la maladie de Minamata. La ratification de la convention passe par 50 États pour entrer en vigueur. Le programme de la convention comptait interdire Ă  partir de 2020 l’utilisation du mercure dans la fabrication de :

  • thermomĂštres ;
  • tensiomĂštre ;
  • batteries ;
  • interrupteurs ;
  • crĂšmes cosmĂ©tiques ;
  • lotions cosmĂ©tiques ;
  • lampes fluorescentes.

La convention de Minamata inclut Ă©galement des dispositions sur le stockage et la gestion des dĂ©chets contenant du mercure. Cependant, les petites mines d’or et les centrales Ă©lectriques au charbon ne sont pas couvertes par cette convention. Cela a causĂ© des regrets de la part des organisations non gouvernementales Ă©cologiques. Les amalgames dentaires et certains vaccins ne sont pas concernĂ©s par la convention. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de l’Organisation des Nations Unies chargĂ© du Programme des Nations Unies pour l’environnement, Achim Steiner, a soulignĂ© l’ampleur de la contamination au Hg. Il a qualifiĂ© ce phĂ©nomĂšne de « terrible hĂ©ritage » qui affecte aussi bien les Inuits du Canada que les ouvriers des mines d’or en Afrique du Sud.

Le contrĂŽle du mercure aux États-Unis

Les États du Michigan, de l’Ohio et de l’Indiana, ont mis en place des rĂ©glementations pour limiter la consommation de poisson, chacun au niveau de leur propre juridiction. Le Wisconsin et le Minnesota ont pris des mesures plus strictes en interdisant ou en limitant la consommation de poissons venants des centaines de lacs.

RĂ©guliĂšrement, l’EPA publie des conseils Ă  l’intention des femmes enceintes, des enfants et des personnes vulnĂ©rables. Il recommande surtout de limiter la consommation des fruits de mer et de certains poissons comme le thon ou l’espadon.

Le contrĂŽle du mercure au Canada

La consommation de certains poissons marins et des grands lacs est restreinte au Canada.

Le contrĂŽle du mercure et sa lĂ©gislation en Europe

L’utilisation du mercure est rĂ©gulĂ©e en Europe et il doit ĂȘtre contrĂŽlĂ© dans l’alimentation et dans l’eau potable.

Deux rapports ont donnĂ© lieu Ă  l’adoption d’une stratĂ©gie communautaire sur le mercure, avec six objectifs Ă  traduire en actions spĂ©cifiques, par  l’Union EuropĂ©enne. L’un est un rapport de 2002 sur le mercure dans l’industrie du chlore et de la soude. L’autre date de 2003 et insiste sur les risques liĂ©s Ă  l’usage du mercure pour la santĂ© et l’environnement. En effet, le 22 mars 1982, une recommandation a Ă©tĂ© Ă©mise sur le mercure du secteur de l’électrolyse des chlorures alcalins. Cela a motivĂ© les Ă©tudes de la Commission au Conseil en 2002.

La France a Ă©tĂ© chargĂ©e par la Commission europĂ©enne pour rĂ©diger un argumentaire pour rĂ©viser la classification du mercure, dans le cadre de la directive 67/548/CEE. Il concerne la classification, l’emballage et l’étiquetage des substances dangereuses. L’AFSSET s’est concentrĂ©e sur la classification CancĂ©rogĂšne MutagĂšne Reprotoxique dans le but d’interdire la vente du mercure pour usage personnel et imposer une forte vigilance en milieu professionnel. En novembre 2005, au vu de l’étude de l’AFSSET, les responsables de la classification et de l’étiquetage ont souhaitĂ© avoir plus de prĂ©cisions sur la toxicologie du mercure et son caractĂšre cancĂ©rogenĂšse et mutagĂšne. Les donnĂ©es ont Ă©tĂ© fournies par l’Institut Nationale de Recherche Scientifique et de l’Institut National de l’Environnement Industriel des Risques. La procĂ©dure devrait mener Ă  un changement de statut du Hg.

Le 1er juillet 2006, la Restriction of Hazardous Substances limite l’utilisation du mercure Ă  0,1 % du poids du matĂ©riau dans les produits vendus en Europe.

En juin 2007, le Parlement europĂ©en Ă  Strasbourg a adoptĂ© un rĂšglement sur l’interdiction d’importer et d’exporter du Hg, ainsi que sur les conditions de stockage de ce mĂ©tal.

Environ un mois plus tard, les dĂ©putĂ©s europĂ©ens ont Ă©galement votĂ© en faveur de l’interdiction des thermomĂštres au mercure non Ă©lectriques. Par la mĂȘme occasion, ils ont aussi interdit d’autres instruments de mesure couramment utilisĂ©s contenant l’élĂ©ment 80. Les dĂ©putĂ©s ont rejetĂ© la demande de « dĂ©rogation permanente pour les fabricants de baromĂštres » mais leur ont accordĂ© deux ans d’exemption. Toutefois, l’utilisation de la pile au mercure dans les thermomĂštres Ă©tait toujours autorisĂ©e.

D’aprĂšs le parlement, 80 Ă  90 % du Hg des instruments de mesure et contrĂŽle figure dans les thermomĂštres mĂ©dicaux et domestiques, en grande partie importĂ©s depuis l’ExtrĂȘme-Orient. Cependant, leurs alternatives sont moins onĂ©reux pour le particulier alors que les substituts des instruments scientifiques fabriquĂ©s en Europe sont plus chers (manomĂštre, tensiomĂštre, baromĂštre, thermomĂštres non-mĂ©dicaux). Bien que le conseil songeait Ă  une privation complĂšte, des dĂ©rogations ont Ă©tĂ© soumises Ă  la demande du parlement. Elles touchent les anciens thermomĂštres et les sphygmomanomĂštres Ă  mercure qui sont plus prĂ©cis pour mesurer la tension artĂ©rielle. Seuls les instruments neufs seront concernĂ©s par l’interdiction non rĂ©troactive. Cependant, la revente des matĂ©riels existants restera accordĂ©e, ce qui rendra la fraude plus  difficile Ă  contrĂŽler. De plus, les instruments vieux de plus de 50 ans (antiquitĂ©s) contenant du mercure pourront toujours ĂȘtre importĂ©s.

Chaque pays membre est tenu de transposer la directive dans son droit national dans un dĂ©lai d’un an Ă  compter de son entrĂ©e en vigueur. Elle doit ĂȘtre mise en Ɠuvre dans un dĂ©lai maximal de 18 mois Ă  partir de la date de cette transposition (sauf pour les baromĂštres, pour lesquels le dĂ©lai est Ă©tendu Ă  24 mois).

La Commission europĂ©enne prĂ©voit Ă  la fin de l’annĂ©e 2007 de proscrire le mercure dans toute prĂ©paration thĂ©rapeutique. Elle doit Ă©galement se prononcer sur son avenir dans le domaine de la dentisterie oĂč il est utilisĂ© Ă  50 % dans les plombages et amalgames dentaires.

La NorvĂšge n’est pas un pays de l’Union EuropĂ©enne, mais elle a tout de mĂȘme interdit tout usage du mercure depuis le 1er janvier 2008.

En janvier 2008, un comité scientifique européen a sorti un rapport en anglais qui affirme que les amalgames dentaires sont sans danger pour la santé humaine. La moitié des membres était des dentistes.

L’UE est considĂ©rĂ©e comme le plus grand exportateur de ce mĂ©tal dans le monde. Le 22 fĂ©vrier 2008, la Commission europĂ©enne, aprĂšs concertation, a suggĂ©rĂ© l’arrĂȘt des exportations de ce mĂ©tal, Ă  titre d’exemple. L’UE cherche des solutions pour gĂ©rer les surplus de mercure, suite Ă  l’abandon de son utilisation par l’industrie du chlore et de la soude (12 000 t). Le stockage dans d’anciennes mines de sel spĂ©cialement adaptĂ©es a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©.

Le 26 fĂ©vrier 2008, le Journal Officiel de l’Union EuropĂ©enne publie une Position commune  (n°1/2008) du CE pour l’adoption d’un rĂšglement sur le stockage sĂ©curisĂ© et l’interdiction des exportations du mĂ©tal.

Le contrĂŽle du mercure et sa lĂ©gislation en France

En 2008, la Direction GĂ©nĂ©rale de l’Alimentation a Ă©mis une mise Ă  jour des recommandations de consommation. Cependant, elle ne possĂšde pas de plan de suivi des contaminants tels que le mercure.

Un cas spĂ©cifique concerne l’exploitation miniĂšre aurifĂšre en Guyane, oĂč la quantitĂ© de Hg utilisĂ©e illĂ©galement et dispersĂ©e dans l’environnement est peu connue.

En 2017, le rĂšglement europĂ©en sur l’élĂ©ment 80, incorporant l’Union europĂ©enne Ă  la Convention de Minamata (du 10 octobre 2013), est traduit dans le droit français. Ce rĂšglement vise Ă  combler les lacunes rĂ©glementaires de l’UE. Ses objectifs sont de:

  • conditionner l’utilisation du mercure ;
  • systĂ©matiser son stockage ;
  • rĂ©glementer le commerce du Hg, de ses composĂ©es et des mĂ©langes qui le contiennent ;
  • surveiller la fabrication, l’usage et le commerce des produits Ă  base de ce minerai ;
  • gĂ©rer les dĂ©chets de l’élĂ©ment 80.

La finalitĂ© est de protĂ©ger la santĂ© humaine et l’environnement contre les activitĂ©s anthropiques liĂ©es au mercure. Par ailleurs, six lacunes ont Ă©tĂ© pointĂ©es du doigt  :

  • l’importation de mercure mĂ©tallique ;
  • l’exportation des produits ayant du Hg ajoutĂ© ;
  • les utilisations du minerai dans les procĂ©dĂ©s industriels  ;
  • les nouveaux emplois de l’élĂ©ment 80 ;
  • la technique traditionnelle d’extraction d’or ;
  • les amalgames dentaires.

En 2017, la principale utilisation du mercure restant dans l’Union EuropĂ©enne Ă©tait pour les amalgames dentaires. DĂ©sormais, il est interdit d’utiliser des amalgames pour les femmes enceintes ou allaitantes ainsi que pour les enfants de moins de 15 ans. Les Ă©tablissements de soins dentaires doivent, dorĂ©navant, utiliser des amalgames prĂ©dosĂ©s encapsulĂ©s pour minimiser les Ă©missions et l’exposition. De plus, les cliniques dentaires sont contraintes de s’équiper en sĂ©parateurs d’amalgames pour Ă©viter le rejet dans les Ă©gouts et les masses d’eau. La Commission Ă©tait tenue de prĂ©senter un rapport au Parlement europĂ©en et au Conseil avant juin 2020 pour Ă©tudier la rĂ©solution d’un abandon des amalgames dentaires d’ici Ă  2030.

La gestion du risque liĂ© au mercure

Les propriĂ©tĂ©s physico-chimiques du mercure ont facilitĂ© sa propagation dans l’environnement, Ă  cause de sa prĂ©sence dans les thermomĂštres, les manomĂštres, les amalgames dentaires, les lampes fluorescentes, etc.

La mise en Ɠuvre des solutions demande de l’implication à tous les niveaux. Il est possible de limiter la dispersion de l’Hg dans l’environnement en prenant les mesures suivantes :

  • l’interdiction du mercure dans les usages non indispensables si une alternative moins nocive est disponible ;
  • l’amĂ©lioration du recyclage des objets, piles et accumulateurs contenant l’élĂ©ment 80 ;
  • la vĂ©rification de la teneur en Hg du charbon utilisĂ© pour la combustion et l’utilisation de procĂ©dĂ©s pour traiter les gaz avant leur libĂ©ration dans l’atmosphĂšre ;
  • l’adoption de procĂ©dĂ©s industriels sans mercure, notamment dans le secteur minier.

La rĂ©cupĂ©ration et le recyclage des piles bouton est obligatoire. Les piles bĂątons sont remplacĂ©es par d’autres. Il est Ă©galement possible de rĂ©duire l’exposition humaine au mĂ©thylmercure en adoptant certaines mesures, telles :

  • les recommandations alimentaires comme Ă©viter la consommation du thon, du merlin, d’espadon surtout pour les personnes Ă  risque ;
  • le contrĂŽle de la teneur en mercure des poissons des lacs utilisĂ©s pour la pĂȘche sportive, accompagnĂ©e par la diffusion des recommandations aux pĂȘcheurs.

Le traitement des écosystÚmes contaminés par le mercure

Il est essentiel de relever le dĂ©fi du traitement des prĂ©cipitations, comme indiquĂ© dans un rapport et une campagne de sensibilisation aux États-Unis. Les auteurs et la NWF encouragent vivement les industriels et les gestionnaires d’incinĂ©rateurs Ă  abaisser leurs Ă©missions de mercure. De plus, ils sensibilisent les citoyens sur l’économie d’Ă©nergie afin de limiter les Ă©missions de Hg provenant des combustibles. De mĂȘme, ils les invitent Ă  ne plus acheter de piles ou de produits Ă  base de mercure et leur recommandent de s’en dĂ©faire correctement.

La sensibilisation s’adresse Ă©galement au gouvernement fĂ©dĂ©ral et aux États pour qu’ils suivent de prĂšs la teneur en mercure dans les prĂ©cipitations. La NWF se porte garant de l’exĂ©cution des analyses de la pluie en cas d’incompĂ©tence des autoritĂ©s responsables. Elle est soutenue par les scientifiques de l’universitĂ© du Michigan et du Minnesota dans cette dĂ©claration. Chicago, Cleveland, DĂ©troit, Duluth et Gary (Indiana) Ă©taient les villes sĂ©lectionnĂ©es en premier lieu.

L’adoucissement de l’aciditĂ© des eaux pluviales, puis leur filtration sur du charbon actif avant leur utilisation dans l’arrosage des lĂ©gumes et dans l’alimentation des animaux ont Ă©tĂ© Ă©galement suggĂ©rĂ©s. Le charbon sera, par la suite, incinĂ©rĂ© dans des Ă©quipements disposant de filtres adaptĂ©s.

Une Ă©tude a suivi l’alimentation des femmes d’un village sur le bord de la riviĂšre TapajĂłs (Amazonie) durant un an. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que la consommation de fruits rĂ©duit l’absorption du mercure par l’organisme. Toutefois, on ne sait pas si c’est liĂ© Ă  un fruit en particulier de la rĂ©gion ou aux fruits en gĂ©nĂ©ral.

Des chiens ont Ă©tĂ© dressĂ©s pour repĂ©rer les gouttes de l’élĂ©ment 80 piĂ©gĂ©es dans diffĂ©rents endroits :

  • moquettes ;
  • instruments contaminĂ©s ;
  • fentes de plancher ;
  • Ă©gouts ;
  • puits ;
  • etc.

L’objectif consiste Ă  rĂ©cupĂ©rer le mercure en l’amalgamant avec un autre mĂ©tal  (poudre de zinc par exemple) avant son Ă©vaporation. Le projet a Ă©tĂ© nommĂ© « Mercurius 98 » et 1 000 Ă©coles y ont participĂ©. GrĂące Ă  cette technique, deux labradors renifleurs de Hg a permis la collecte de 1,3 t de cet Ă©lĂ©ment en SuĂšde, dans ces mĂȘmes Ă©coles. Un autre chien dressĂ© a dĂ©tectĂ© 2 t de mercure dans les Ă©coles du Minnesota.

Pour augmenter les rendements de la  phytoremĂ©diation, des scientifiques cherchent Ă  modifier gĂ©nĂ©tiquement des plantes.

La mĂ©thode d’analyse du mercure

La spectromĂ©trie d’absorption atomique est la mĂ©thode d’analyse du mercure la plus utilisĂ©e. Cette technique est adaptĂ©e Ă  la mesure de cet Ă©lĂ©ment dans diffĂ©rents types d’eau (eau de surface, eaux usĂ©es, eaux souterraines, eau potable). Les raisons du contrĂŽl de la concentration de l’Hg dans l’eau sont :

  • la vĂ©rification des rĂ©seaux d’égouts municipaux ;
  • la conformitĂ© aux rĂ©glementations en vigueur (eau potable) ;
  • l’examen des matiĂšres dangereuses ;
  • la protection des sols ;
  • la rĂ©novation des terrains contaminĂ©s.

Deux Ă©tapes distinctes sont Ă  suivre pour prĂ©parer l’échantillon Ă  analyser. La premiĂšre consiste Ă  oxyder toutes les formes de mercure avec une digestion acide. La seconde est la rĂ©duction des ions en mercure Ă©lĂ©mentaire gazeux, qui sera dirigĂ© vers la cellule de spectromĂ©trie atomique.

Le mercure est attirĂ© par les lipides des tissus gras des organismes vivants aquatiques et par prĂ©cipitation dans les sĂ©diments marins. L’analyse de ces derniers permet de dater une pollution au Hg, aussi bien naturelle qu’industrielle.

Pour mesurer le mĂ©tal trace, les Ă©chantillons solides sont analysĂ©s par une mĂ©thode similaire. On les fait passer dans un four fermĂ© Ă  une tempĂ©rature contrĂŽlĂ©e et en prĂ©sence d’oxygĂšne. Les gaz formĂ©s sont recueillis dans un tube catalytique Ă  haute tempĂ©rature pour rĂ©duire les organo-mercures en Hg. Un support en or sert Ă  amalgamer ce produit qui va ĂȘtre ensuite soumis Ă  une brusque Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature (environ 950 °C) pour obtenir du mercure solide.

La quantification de l’élĂ©ment 80 s’effectue ensuite par spectroscopie d’absorption atomique en vapeur froide, Ă  une longueur d’onde de 253,95 nm, en comparaison avec une norme internationale (appelĂ©e MRC ou CRM). Cette mĂ©thode est qualifiĂ©e de « vapeur froide », car la tempĂ©rature de mesure est relativement basse (115 °C) par rapport Ă  la spectromĂ©trie d’absorption atomique classique (flamme ou four graphite). Ses avantages sont multiples. Les Ă©chantillons sont simplement pesĂ©s et analysĂ©s sans passer par une prĂ©paration avec des acides ou d’autres produits chimiques.

Cette technique permet de rĂ©cupĂ©rer presque 100 % de l’échantillon et ne nĂ©cessite pas de faire un autre amalgame avant la mesure. Dans des conditions particuliĂšres (salle blanche et amalgamation), les limites de quantification peuvent atteindre 0,005 ng pour un gramme d’Ă©chantillon, soit 0,005 ppb ou 5 ppt. Dans les conditions normales pour une simple analyse, la limite de quantification est autour de 0,5 ppb ou 500 ppt. Les limites de dĂ©tection sont exprimĂ©es en valeur absolue et peuvent descendre jusqu’Ă  0,003 ng de mercure absolu.

La longueur d’onde d’absorbance du mercure est de 253,7 nm. La lampe Ă  cathode creuse du spectromĂštre atomique doit ĂȘtre calibrĂ©e Ă  cette longueur d’onde. Le rĂ©sultat est comparĂ© avec les absorbances des solutions Ă©talons prĂ©parĂ©es. Lintervalle de l’étalonnage est entre 0,1 ”g/L et 1,5 ”g/L. Une limite de dĂ©tection d’environ 0,04 ”g/L entraĂźne une limite de quantification de 0,12 ”g/L. Le Centre d’Expertise en Analyse Environnementale quĂ©bĂ©cois rĂ©vĂšle les taux de rĂ©cupĂ©ration par cette mĂ©thode :

  • 101 % pour les Ă©chantillons aquatiques ;
  • 97,2 % pour les Ă©chantillons biologiques ;
  • 90,1 % pour les Ă©chantillons de sĂ©diments.

Les faits historiques sur le mercure

Le mercure a Ă©tĂ© nommĂ© vif argent depuis l’AntiquitĂ©, un terme populaire autant chez les alchimistes que dans le corps mĂ©dical. Ils l’ont symbolisĂ© par la reprĂ©sentation de la planĂšte Mercure, d’oĂč son nom actuel. Il a connu de nombreuses applications malgrĂ© sa haute toxicitĂ©.

Il était employé dans la fabrication de nombreux remÚdes utilisés en médecine, à savoir :

  • le mercure courant, crud ou coulant ;
  • le mercure liĂ© au soufre (cinabre et ethiops minĂ©ral) ;
  •  les sels neutres ou solutions salines Ă  base de mercure (sublimĂ© doux, sublimĂ© corrosif et mercure doux) ;
  • le calomelas des Anglois ;
  • la panacĂ©e mercurielle ;
  • le prĂ©cipitĂ© blanc et l’eau phagĂ©dĂ©nique ;
  • la dissolution de mercure et le prĂ©cipitĂ© rouge ;
  • le turbith mĂ©tal ou prĂ©cipitĂ© jaune et le prĂ©cipitĂ© vert.

Les compositions mercurielles les plus courantes sont :

  • les pilules de Belloste ;
  • les dragĂ©es de Keyser ;
  • le sucre vermifuge et l’oprate mĂ©sentĂ©rique ;
  • la pommade mercurielle ;
  • l’onguent nĂ©apolitain ;
  • l’onguent gris ;
  • l’onguent mercuriel ;
  • les trochisques escharotiques ;
  • les trochisques de minium ;
  • l’emplĂątre de vigo ;
  • etc.

En 2700 avant notre Ăšre, le mercure aurait Ă©tĂ© utilisĂ© dans les amalgames avec l’or, l’argent ou d’autres mĂ©taux. Certains chercheurs d’or actuels ont encore recours Ă  cette mĂ©thode pour les paillettes et les poussiĂšres d’or. Il suffit de chauffer l’amalgame vers 400 Ă  500 °C pour faire Ă©vaporer le mercure qui sera ensuite condensĂ© et rĂ©cupĂ©rĂ© aprĂšs son passage Ă  travers un serpentin froid. C’est une technique peu adoptĂ©e dans l’orpaillage traditionnel, mais utilisĂ©e dans au moins 10 % de la production mondiale de l’or, principalement dans les prospections de surface. Elle est la source de graves problĂšmes de pollution dans les riviĂšres d’Amazonie et de Birmanie. Ceux qui mangent beaucoup de poissons et les personnes ĂągĂ©es amĂ©rindiennes wayanas sont les plus touchĂ©s.

En miroiterie, le mercure est utilisĂ© dans l’étamage des glaces. Une feuille d’étain est dissoute par le mercure pour parfaire son contact avec le poli de la glace. Un amalgame de bismuth, d’étain et de plomb rĂ©duit en feuilles constitue le tain.

En 1643, en raison de la densité élevée de ce métal, Torricelli préféra se servir du mercure pour créer son baromÚtre

Depuis le XVIIe siĂšcle, il s’est retrouvĂ© dans les thermomĂštres. Cela est dĂ» Ă  son coefficient de dilatation thermique Ă©levĂ©. Cependant, le thermomĂštre Ă  mercure a soulevĂ© des prĂ©occupations en matiĂšre de santĂ© publique.

Dans l’artisanat d’art, la dorure de divers objets est faite d’amalgames de Hg et d’or, dont le bronze est l’exemple le plus connu.

En 1799, l’Anglais Howard fut le pionnier de l’utilisation du fulminate de mercure (Hg(ONC)2) en tant que dĂ©tonateur, une pratique qui persista jusqu’Ă  rĂ©cemment.

Au XVIe siĂšcle, l’alchimiste Paracelsus a composĂ© un remĂšde Ă  base de Hg pour traiter la syphilis.

Mercure Ă©tait le 29Ăšme jour du mois de nivĂŽse dans le calendrier rĂ©publicain français. 


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