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Bore

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Caractéristiques du Bore

  • Symbole : B
  • Masse atomique : 10,81 u1
  • NumĂ©ro CAS : 7440-42-86
  • Configuration Ă©lectronique : [He]2s2 2p1
  • NumĂ©ro atomique : 5
  • Groupe : 13
  • Bloc : Bloc P
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©talloĂŻde
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,04
  • Point de fusion : 2 075 °C4

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Le bore, élément atomique n°5 de symbole B : son utilisation, son histoire, ses isotopes, sa production et ses phases de risque.

Portant le symbole B, le bore figure sur le tableau périodique dans le groupe 13. Son numéro atomique est le 5. Comme le béryllium et le lithium, ce composant n’est pas répertorié dans le processus de nucléosynthèse. Sa présence en quantité infime dans l’espace est causée par la spallation cosmique (bombardement interstellaire sur les éléments chimiques plus lourds). Le bore est un corps simple catégorisé parmi les métalloïdes trivalents. Cela signifie qu’il conduit la chaleur et l’électricité, mais son pouvoir dans cette optique est très limité. En principe, il est présent sous forme de borates sur la surface terrestre à raison de 0,001 %, soit 10 ppm (partie par million). Cet élément chimique est également disponible en très faible quantité dans le système solaire et dans les océans. Dans ce dernier cas, il est appelé « acide borique ».

Les différentes utilisations du bore

Il convient de préciser que le bore se décline en deux variétés. Le bore amorphe se présente sous forme de poudre brune. Quant au bore cristallin, il est de couleur noire et se caractérise par sa grande dureté (9,3 sur l’échelle de Mohs).

Le bore a captĂ© l’attention des scientifiques et des industriels pour de nombreuses raisons, notamment Ă  cause de ses composĂ©s. Polyvalent, cet Ă©lĂ©ment chimique peut ĂŞtre utilisĂ© dans un grand nombre d’applications. Il a la particularitĂ© d’être stable et de rĂ©sister Ă  la corrosion. Son Ă©tude a permis une meilleure comprĂ©hension du processus de liaison chimique. De plus, ce mĂ©talloĂŻde est relativement bon marchĂ© et facile Ă  traiter. Il joue un rĂ´le significatif dans le secteur de l’automobile, de l’aĂ©ronautique et de l’Ă©lectronique. Ă€ titre d’illustration, le perborate de sodium Na2B2O4(OH)4 constitue un des ingrĂ©dients contenus dans les dĂ©tergents et les lessives. Quant au borax Na2B4O7·10H2O, il est principalement prĂ©sent dans les matĂ©riaux de construction comme les fibres de verre.

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La découverte du bore

Le bore est un mot dĂ©rivĂ© du persan « burah » signifiant brillant. Il peut Ă©galement ĂŞtre associĂ© Ă  un terme arabe « buraq ». Cet Ă©lĂ©ment chimique est utilisĂ© par diffĂ©rentes civilisations depuis des millĂ©naires. Il figurait dans le processus de momification en Égypte antique. Il est notamment prĂ©sent dans le natron, un minĂ©ral qui contient des borates. Durant la haute AntiquitĂ©, les cĂ©ramistes et les mĂ©tallurgistes connaissaient dĂ©jĂ  les propriĂ©tĂ©s de ce mĂ©talloĂŻde. Selon les dĂ©couvertes archĂ©ologiques, les Chinois utilisaient en – 300 J.-C. des glaises contenant une grande quantitĂ© de borax. Quant aux Romains, ils avaient intĂ©grĂ© le bore dans leur processus de fabrication du verre.

L’élément simple bore est isolé grâce aux recherches effectuées par des scientifiques en 1808 (le baron Louis Jacques Thénard, Gay-Lussac et Humphry Davy). Ceux-ci ont réussi à obtenir un composé pur à 50 %. Cependant, ils n’ont pas encore considéré leur découverte comme un élément chimique. Cette identification n’a été réalisée qu’en 1824 par Jöns Jacob Berzelius. Néanmoins, ce fut le chimiste américain Ezekiel Weintraub qui a obtenu un échantillon pur à 100 % en 1909. Il a réalisé des expériences à partir du sesquioxyde de bore.

Cinétique environnementale du bore

Le bore est principalement connu pour sa facilité d’adsorption. Il se fixe aisément à la surface d’une quelconque substance. Il a également la particularité de se dissoudre dans un sol labouré. De ce fait, cet élément chimique peut être emporté par le ruissellement. Il est présent à raison de 0,001 à 2 mg par litre dans les eaux douces d’Europe. Selon les chiffres de l’OMS en 2003, les valeurs du bore sont inférieures à 0,6 mg par litre.

De nombreux facteurs expliquent la faible quantité de bore dans le sol. D’abord, cela peut être causé par un récent apport de chaux, le pH du sol étant supérieur à 6,6. D’abondantes précipitations peuvent également être à l’origine des carences en bore. Celles-ci sont également constatées dans les sols sablonneux et dans ceux riches en matières organiques.

Le ruissellement emporte le bore vers les océans. Il y est présent en grande quantité sous forme d’acide borique. En 1998, l’International Programme on Chemical Safety ou IPCS a relevé 4,5 mg de bore par litre. Cet élément chimique se trouve principalement dans les sédiments marins. Une infime partie de lui se volatilise dans l’atmosphère. Ce phénomène se produit à cause de l’évaporation de l’acide borique marin, mais aussi via les incendies de forêt, les embruns et les activités volcaniques.

Depuis quelques siècles, la volatilisation est également due aux opérations minières, à l’épandage de produits chimiques sur les zones agricoles et à la production de céramiques et de verres. La combustion du charbon dans les usines métallurgiques et les centrales thermiques contribue, entre autres, à ce phénomène. Le bore particulaire retombe par la suite sur terre ou sur mer sous forme de dépôts humiques ou secs.

Néanmoins, la teneur en bore dans l’air est comprise entre 0,5 à 80 ng/m3. Les dépôts dans les sédiments ou dans le sol se transforment en borates grâce à des bactéries et des champignons. Le bore est également adsorbé sur le substrat alcalin ayant un pH compris entre 7,5 et 9. Lorsque le milieu s’acidifie, le bore est désorbé. L’ATSDR et l’IPCS ont constaté cette situation en 1992 et en 1998.

Masse atomique

Le bore naturel est constitué de ses deux isotopes stables. Les proportions respectives de ces derniers varient notamment entre les borates de Californie (faible teneur en 10B) et ceux de Turquie (forte concentration en 10B).

En raison de sa grande section efficace neutronique (~3838 barns), le bore 10 a Ă©tĂ© utilisĂ© dans les annĂ©es 1950 comme standard de rĂ©fĂ©rence. Cela a entraĂ®nĂ© la mise sur le marchĂ© de quantitĂ©s non nĂ©gligeables de bore appauvri en 10B. Tel a Ă©galement Ă©tĂ© le cas pour le lithium appauvri en 6Li pour d’autres raisons. En consĂ©quence, cette diffusion contribue Ă  la mĂ©diocre prĂ©cision de la masse atomique du bore.

Isotopes

On connaĂ®t quatorze isotopes du bore, dont le nombre de masses varie entre 6 et 19. Seuls 10B et 11B sont stables et prĂ©sents dans la nature, le second reprĂ©sentant 80 % du bore naturel. Les isotopes radioactifs du bore sont très instables, avec une demi-vie maximale de 770 millisecondes pour 8B. Ces isotopes se dĂ©composent en isotopes de l’hĂ©lium pour les plus lĂ©gers et en isotopes du carbone pour les plus lourds. L’analyse isotopique du bore peut s’avĂ©rer utile pour retracer les origines de certains composĂ©s anthropiques.

Caractéristiques notables

Le bore est un Ă©lĂ©ment semi-conducteur avec une Ă©lectronĂ©gativitĂ© Ă©levĂ©e et une faible conductivitĂ© thermique. Il forme des composĂ©s oxydĂ©s qui sont faiblement solubles dans l’eau et qui s’accumulent dans la nature. Par exemple, le bore se combine avec l’oxygène, le soufre et le phosphore pour former des sels appelĂ©s borates. D’ailleurs, le bore est un liant très fort, ce qui en fait un composant important dans de nombreux alliages mĂ©talliques. Il sert Ă©galement Ă  la fabrication d’huile de moteur, de produits chimiques agricoles, de revĂŞtements anti-usure et de matĂ©riaux de construction.

Le bore est utilisĂ© en Ă©lectronique comme dopant de type P (accepteur d’Ă©lectrons / riche en trous) pour le silicium (tĂ©travalent). Ce processus de dopage consiste Ă  ajouter des impuretĂ©s Ă  un matĂ©riau semi-conducteur, ce qui permet de modifier ses propriĂ©tĂ©s Ă©lectriques. Les composĂ©s du bore se comportent souvent comme des acides de Lewis. Ils se lient aisĂ©ment avec des espèces riches en Ă©lectrons afin de combler leur dĂ©ficit Ă©lectronique.

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Le bore est transparent dans le spectre infrarouge. En conditions normales, sa conductivitĂ© Ă©lectrique est faible, mais elle s’accroĂ®t Ă  haute tempĂ©rature. Cet Ă©lĂ©ment chimique peut servir dans la fabrication de matĂ©riaux rĂ©fractaires et d’alliages rĂ©sistant Ă  la corrosion. Il peut Ă©galement ĂŞtre utilisĂ© dans la fabrication de lubrifiants, d’acides boriques et de produits chimiques. Il est couramment employĂ© dans l’industrie automobile, dans l’industrie aĂ©ronautique et dans l’industrie des semi-conducteurs. De mĂŞme, l’usage du bore est frĂ©quent dans le traitement des eaux usĂ©es et potables. Il peut jouer un rĂ´le important dans le contrĂ´le de la croissance des algues et des bactĂ©ries dans les rĂ©servoirs d’eau.

Le bore est un Ă©lĂ©ment particulièrement rĂ©sistant Ă  la traction. Sa nitrure cubique est aussi dure que le diamant et sert d’isolant Ă©lectrique, mais conduit la chaleur comme un mĂ©tal. En outre, le nitrure hexagonal prĂ©sente des qualitĂ©s lubrifiantes proches du graphite. De plus, le bore est similaire au carbone, car il est capable de former des structures molĂ©culaires stables par liaison covalente. Il est utilisĂ© comme alliage et composant pour les aciers ainsi que pour les mĂ©taux non ferreux. Il peut Ă©galement ĂŞtre employĂ© comme catalyseur dans les matĂ©riaux rĂ©fractaires pour la fabrication de fusibles, de sondes et de bougies. Il peut servir dans la crĂ©ation de lubrifiants, de plastiques, d’émulsions et de vernis. De mĂŞme, il est utilisĂ© dans la conception de produits chimiques destinĂ©s aux produits pharmaceutiques, au textile et Ă  l’industrie alimentaire.

Le rouge de rosocyanine est formĂ© par un traceur de pollution urbaine prĂ©sent dans les lessives et dĂ©tectable dans l’eau grâce Ă  la curcumine. Il s’agit du mĂ©thylène bleu, un colorant permettant de repĂ©rer les rĂ©seaux d’assainissement contaminĂ©s. Le rouge de rosocyanine est visible Ă  l’Ĺ“il nu et peut ĂŞtre mesurĂ© avec un spectrophotomètre.

Le bore est curieusement prĂ©sent uniquement dans une seule molĂ©cule ayant un rĂ´le biologique connu : AI-2 (autoinducer 2). Cette molĂ©cule a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1994 par Bonnie L. Bassler. Elle permet aux bactĂ©ries de communiquer entre elles afin d’Ă©valuer leur nombre et de ne dĂ©clencher certaines actions (comme la luminescence) que lorsqu’elles sont nombreuses. Ă€ titre d’information, l’AI-2 est un sucre qui enserre un atome de bore, ce qui lui assure un rĂ´le clĂ© dans la communication inter-bactĂ©rienne.

Sous haute pression, le bore forme un cristal ionique Ă  lui seul, ce qui est inhabituel dans la nature. Cette propriĂ©tĂ© est due Ă  la façon dont ses atomes s’assemblent sous l’effet de la pression, crĂ©ant deux types d’amas ayant des caractĂ©ristiques ioniques diffĂ©rentes. Ceux-ci se comportent respectivement comme des cations et des anions, ce qui permet la formation d’un cristal ionique. Cette caractĂ©ristique revĂŞt une importance considĂ©rable pour les chercheurs qui Ă©tudient la structure et la composition des matĂ©riaux Ă  haute pression.

Applications du bore

Le borax est l’un des composĂ©s les plus importants du bore en raison de sa grande variĂ©tĂ© d’applications industrielles. Il est Ă©galement utilisĂ© comme additif alimentaire, comme liant pour les lubrifiants et les cĂ©ramiques ainsi que pour la fabrication de produits chimiques. Il sert Ă  crĂ©er des borates, des phosphates et des acides boroniques. De mĂŞme, il est Ă©galement couramment utilisĂ© comme agent de soudure, comme dĂ©sinfectant, comme antiseptique et comme agent de nettoyage.

Le bore « amorphe » est un composant essentiel dans les effets pyrotechniques, car il produit une couleur vert intense et brillante lorsqu’il est chauffĂ© Ă  des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es. Il fait preuve d’une grande stabilitĂ© Ă  des tempĂ©ratures allant jusqu’Ă  2 000 °C, ce qui le rend particulièrement adaptĂ© Ă  la formation de certains mĂ©langes. Dans la plupart des cas, il est combinĂ© Ă  des combustibles sous forme de poudre ou de grains. L’association Ă  crĂ©er doit ĂŞtre dĂ©cidĂ©e en fonction de la taille et de la couleur de la flamme souhaitĂ©e.

L’acide borique est un composĂ© chimique couramment utilisĂ© dans l’industrie textile. Il est notamment employĂ© dans le blanchiment et la teinture des tissus. Il est Ă©galement capable d’amĂ©liorer la rĂ©sistance de ces derniers aux dĂ©chirures et Ă  l’usure. Il leur donne aussi une apparence plus brillante et plus soigneuse.

L’acide borique et ses sels ont longtemps Ă©tĂ© utilisĂ©s en mĂ©decine comme mĂ©dicaments biocides. Cependant, ils sont progressivement remplacĂ©s par d’autres produits plus sĂ»rs Ă  cause de leur toxicitĂ© Ă  des doses thĂ©rapeutiques. Dans les annĂ©es 1970-1980, de nombreux agents borĂ©s hypolipĂ©miants, anti-inflammatoires ou anticancĂ©reux ont Ă©tĂ© proposĂ©s et/ou dĂ©veloppĂ©s. Cependant, la grande majoritĂ© d’entre eux n’ont pas passĂ© les tests de toxicitĂ© et n’ont donc pas Ă©tĂ© approuvĂ©s pour une utilisation en mĂ©decine humaine.

Le mĂ©lange de trois parts d’acide borique et d’une part de borax a longtemps Ă©tĂ© utilisĂ© comme conservateur alimentaire au XIXème siècle. Toutefois, son usage a connu une vive opposition après que des cas d’empoisonnements mortels ou graves (par surdosage ou par consommation accidentelle) aient Ă©tĂ© dĂ©couverts. Les États-Unis, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne et, plus tardivement, la Grande-Bretagne (un peu avant 1928), ont tous interdit cette pratique. En particulier, le lait traitĂ© au bore (Boricized milk) aurait Ă©tĂ© Ă  l’origine de troubles intestinaux graves chez les nourrissons.

Les composés du bore sont couramment utilisés dans de nombreux domaines, notamment en synthèse organique et pour la fabrication de verres borosilicatés comme le Pyrex. Ils sont également employés dans les alliages, dans la fabrication d’additifs alimentaires ainsi que de produits phytosanitaires et fertilisants. De plus, le bore est un composant essentiel dans la formation de nombreux matériaux de construction tels que les fibres de verre, les céramiques, les produits cimentaires et les isolants.

Les sels de bore, eux, peuvent ĂŞtre utilisĂ©s comme pesticides, comme insecticides et comme fongicides. Un parfait exemple de leur usage est le polyborate (NaB8O13 · 4 H2O). Celui-ci joue un rĂ´le important dans la lutte contre les termites et les autres insectes xylophages ainsi que certains types de champignons. Il prĂ©sente l’avantage de pĂ©nĂ©trer spontanĂ©ment dans le bois. Cependant, il est très soluble et sa durĂ©e de vie comme son efficacitĂ© restent encore mĂ©connues jusqu’à ce jour. Les sels de bore sont Ă©galement utilisĂ©s dans les antipuces, dans les ovicides et dans les larvicides.

Les sels de bore et l’acide borique Ă©taient autrefois frĂ©quemment utilisĂ©s comme fongicide et ignifugeant pour le bois et la ouate de cellulose. La plupart des gens croyaient que ces produits prĂ©sentaient une faible toxicitĂ© pour l’Homme. Cependant, des Ă©tudes ont montrĂ© qu’ils sont, en rĂ©alitĂ©, toxiques pour les mammifères et, a priori, pour le dĂ©veloppement fĹ“tal humain. En consĂ©quence, un reclassement de l’élĂ©ment chimique a Ă©tĂ© fait le 16 fĂ©vrier 2007. En raison de leur Ă©cotoxicitĂ©, l’acide borique et ses sels ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme « Reprotoxiques de catĂ©gorie 2 » Ă  l’annexe de la 30ème A.T.P. de la directive 67/548.

Dans le passĂ©, l’acide borique, le borate de sodium, l’eau boriquĂ©e et l’eau oxygĂ©nĂ©e boriquĂ©e ont tous Ă©tĂ© utilisĂ©s comme des mĂ©dicaments. Ils auraient Ă©tĂ© nĂ©cessaires, en particulier, pour le traitement profond des plaies. Un article scientifique de 1990 l’a, d’ailleurs, dĂ©montrĂ©. Cependant, plus tard, cette Ă©tude a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme prĂ©sentant des dĂ©fauts mĂ©thodologiques. Dans tous les cas, il est important de noter une certaine nuance entre les impacts de l’élĂ©ment chimique 5 sur l’organisme humain. En effet, les symptĂ´mes de l’intoxication par l’acide borique ou ses sels sont diffĂ©rents de ceux directement induits par le bore. Ceux qui sont plus courants incluent :

  • des troubles digestifs (Ă  63,7 % des cas : vomissements, douleurs abdominales, etc.) ;
  • des troubles neurologiques (Ă  13,0 % des cas : vertiges, Ă©briĂ©tĂ©, hypotonie, etc.) ;
  • des manifestations cutanĂ©o-muqueuses de type allergique (Ă  11,0 % des cas : Ă©rythème) ;
  • des troubles respiratoires (Ă  5,5 % des cas) et/ou gĂ©nĂ©raux (Ă  5,5 % des cas).

Ces symptĂ´mes ont Ă©tĂ© constatĂ©s chez 22,3 % de 367 personnes qui ont participĂ© Ă  une Ă©tude. Celles-ci ont Ă©tĂ© exposĂ©es (par voie orale le plus souvent) Ă  de l’acide borique (84,2 %). Elles ont Ă©galement Ă©tĂ© mises en contact avec du borate de sodium, de l’eau boriquĂ©e et de l’eau oxygĂ©nĂ©e. Le but Ă©tait de dĂ©celer d’éventuelles erreurs thĂ©rapeutiques.

Le bore naturel ou enrichi en 10B est couramment utilisĂ© dans le domaine nuclĂ©aire. Sous forme d’acide borique diluĂ© dans l’eau, il est employĂ© comme absorbant neutronique dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă  eau pressurisĂ©e. De mĂŞme, le bore peut servir de bouclier contre les radiations neutroniques et est Ă©galement utilisĂ© dans les dĂ©tecteurs de neutrons.

Le nĂ©odyme est un Ă©lĂ©ment chimique de la sĂ©rie des lanthanides souvent utilisĂ© pour la fabrication d’aimants permanents. Il est gĂ©nĂ©ralement mĂ©langĂ© avec le fer et le bore (Nd2Fe14B) pour produire des aimants extrĂŞmement puissants et durables. Ceux-ci peuvent ĂŞtre intĂ©grĂ©s dans les systèmes de moteurs Ă©lectriques ou de haut-parleurs. Ils peuvent Ă©galement devenir un composant de certains appareils mĂ©nagers, d’équipements Ă©lectroniques, d’appareils de levage et de manutention, etc.

En mĂ©tallurgie, le bore est utilisĂ© pour renforcer la rĂ©sistance des joints de grains. La combinaison du bore et du titane (appelĂ© « couple titane-bore ») est très efficace pour amĂ©liorer les propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques des aciers trempĂ©s-revenus, notamment en augmentant leur trempabilitĂ©. Dans cette optique, il est particulièrement important de veiller Ă  ce que le dosage soit prĂ©cis. Selon certaines normes d’Ă©laboration, les concentrations en bore ne doivent pas dĂ©passer 5 ppm (en masse).

De nombreux composés de bore sont actuellement étudiés pour leur potentielle application dans :

  • les membranes permĂ©ables aux sucres ;
  • les catalyseurs ;
  • les capteurs d’hydrate de carbone ;
  • les matĂ©riaux Ă  base de boron.

Ces composés sont considérés comme des outils puissants pour le développement de technologies innovantes et durables.

Le bore est un dopant de type P qui peut ĂŞtre ajoutĂ© Ă  un diamant naturel pour amĂ©liorer sa conductivitĂ© Ă©lectrique. Dans ce cas, celui-ci peut acquĂ©rir des propriĂ©tĂ©s mĂ©talliques et ĂŞtre utilisĂ© comme une Ă©lectrode. Les Ă©lectrodes Ă  base de diamant dopĂ© au bore font preuve d’une grande utilitĂ©, car elles permettent de rĂ©duire les nitrates. Elles sont aussi capables d’oxyder certains polluants organiques dans l’eau sans nuire au liquide lui-mĂŞme. De mĂŞme, il est possible d’utiliser le bore dopĂ© pour produire des composĂ©s organomĂ©talliques complexes. Grâce Ă  ses propriĂ©tĂ©s de conductivitĂ© Ă©lectrique, de stabilitĂ© et de rĂ©sistance Ă  des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es, le diamant dopĂ© au bore devient particulièrement polyvalent. Il peut notamment trouver des applications dans l’industrie des semi-conducteurs et dans l’Ă©lectrochimie.

Le diborane est un ergol d’un grand intĂ©rĂŞt dans la recherche spatiale. Il produit une impulsion spĂ©cifique très Ă©levĂ©e lorsqu’il est combinĂ© au difluorure d’oxygène.

L’utilisation du bore en combinaison avec de l’hydrogène est Ă©galement envisagĂ©e comme combustible pour la fusion neutronique Ă  l’avenir.

Production industrielle

Le bore ne se prĂ©sente pas Ă  l’Ă©tat pur dans la nature. Il revĂŞt gĂ©nĂ©ralement des formes combinĂ©es telles que le borax (tinkalite), l’acide borique, la colĂ©manite, la kernite, l’ulexite et divers borates. D’ailleurs, de l’acide borique peut ĂŞtre trouvĂ© dans les sources d’eau volcanique. L’ulexite, en particulier, est un minerai de bore qui prĂ©sente naturellement des propriĂ©tĂ©s de fibre optique.

Les États-Unis et la Turquie sont les plus grands producteurs mondiaux de bore. Alors que le premier dispose d’un important gisement de minerai de rasorite dans le désert des Mojaves, le second possède d’immenses réserves de minerai de borax. Ensemble, ils représentent 86 % des réserves mondiales de bore, avec la Turquie à 73 % et les États-Unis à 13 %.

Pour obtenir du bore pur, il faut mettre en place des techniques particulièrement sophistiquĂ©es et complexes. Les premières mĂ©thodes qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es en la matière consistaient Ă  rĂ©duire l’acide borique avec des mĂ©taux tels que le magnĂ©sium et l’aluminium. Cependant, le rĂ©sultat obtenu Ă©tait, dans la majoritĂ© des cas, toujours souillĂ© par des borures mĂ©talliques. Une manière plus efficace d’obtenir l’élĂ©ment chimique 5 est de le produire en rĂ©duisant des halogĂ©nures de bore volatils avec de l’hydrogène Ă  des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es. Cette technique permet d’atteindre une puretĂ© de près de 99,9999 %. Dans tous les cas, d’autres mĂ©thodes de purification peuvent ĂŞtre mises en Ĺ“uvre pour obtenir un bore encore plus pur.

Fonctions et toxicité biologique

Le bore contiendrait un oligo-élément à faible dose qui a un impact plus ou moins considérable sur les végétaux et chez les animaux, incluant l’Homme.

Pour les végétaux

Le bore est un mĂ©talloĂŻde qui se prĂ©sente dans l’environnement sous forme ionique ou minĂ©rale amorphe. Il s’agit de l’un des sept composants essentiels des vĂ©gĂ©taux. Il contribue Ă  maintenir l’intĂ©gritĂ© des parois cellulaires et est indispensable Ă  la croissance des tubes polliniques. Seuls les vĂ©gĂ©taux sont susceptibles de bioaccumuler le bore. Les lĂ©gumes en contiennent gĂ©nĂ©ralement entre 0,025 et 0,05 mg/g de poids sec. Les fruits, eux, en possèdent entre 0,005 et 0,0005 mg/g et les cĂ©rĂ©ales ainsi que leurs grains entre 0,001 et 0,005 mg/g. Dans le bois de l’arbre, le bore se stabilise dans le phloème. Il est peu transfĂ©rable aux autres tissus, sauf pour certaines espèces, notamment les pommiers. Les racines en contiennent le moins, contrairement aux feuilles.

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Un excès de bore dans le sol peut causer des nécroses marginales des feuilles et affecter la croissance des plantes sauvages ou cultivées. Certains dérivés du bore ont été employés comme pesticides désherbants qui, en grande quantité, peuvent tuer les végétaux. Néanmoins, un niveau trop bas (inférieur à 0,8 ppm) peut également produire les mêmes symptômes chez des plantes particulièrement sensibles au bore du sol (arbres fruitiers).

Une Ă©tude menĂ©e en 2010 en Californie a mis en Ă©vidence le rĂ´le aggravant de l’aciditĂ© du sol (pH bas) dans la phytotoxicitĂ© du bore. Une augmentation du taux de bore dans un sol lĂ©gèrement acide s’accompagne d’une diminution de la diversitĂ© bactĂ©rienne associĂ©e aux racines des concombres. Ces derniers ont Ă©tĂ© cultivĂ©s sur un sol salinisĂ© par l’irrigation Ă  l’eau dure.

Les plantes absorbent le bore Ă  partir de leur environnement, principalement Ă  partir de l’eau et du sol. Lorsqu’elles croissent, elles le stockent dans leurs tissus, le concentrant parfois Ă  des niveaux plus Ă©levĂ©s que ceux prĂ©sents dans le sol. Une fois absorbĂ©, le bore est transportĂ© dans les diffĂ©rents organes des plantes, ce qui peut entraĂ®ner des effets nĂ©gatifs. Il est notamment susceptible d’engendrer la diminution de la croissance, de la productivitĂ© et de la qualitĂ© des produits agricoles. En quelques mots, la toxicitĂ© du bore pour les plantes dĂ©pend de divers facteurs. Elle varie en fonction de la teneur en bore du sol, du pH du sol et du type de plante.

Chez l’humain et l’animal

Le bore est un Ă©lĂ©ment nutritif essentiel qui joue un rĂ´le important dans le mĂ©tabolisme osseux, la santĂ© dentaire et le système immunitaire. Il est nĂ©cessaire pour la croissance et le dĂ©veloppement des os. Il est Ă©galement essentiel Ă  la synthèse des protĂ©ines, Ă  la production d’hormones et Ă  l’utilisation optimale des vitamines ainsi que des minĂ©raux. De mĂŞme, il peut aider Ă  l’assimilation des acides gras. Le bore intervient aussi dans la rĂ©gulation des enzymes et des hormones ainsi que dans le mĂ©tabolisme des glucides et des lipides. Une carence peut donc entraĂ®ner des effets nĂ©fastes sur la santĂ©.

L’acide malĂ©ique est considĂ©rĂ© comme toxique pour les invertĂ©brĂ©s aquatiques Ă  des doses relativement faibles. Tel a notamment Ă©tĂ© le rĂ©sultat d’une Ă©tude menĂ©e sur la crevette Litopenaeus vannamei. Celle-ci a montrĂ© que des concentrations de quelques dizaines de milligrammes d’acide malĂ©ique par litre d’eau sont toxiques pour cet organisme. Dans tous les cas, il convient de prĂ©ciser que cette toxicitĂ© dĂ©pend majoritairement de la salinitĂ© du liquide. Des recherches sur la limande et le mulet Ă  grosses lèvres ont Ă©galement prouvĂ© que les poissons marins sont moins sensibles Ă  l’acide malĂ©ique.

Cependant, Ă  forte dose, le composĂ© est toxique pour les animaux. Des Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© qu’il peut avoir un effet nĂ©gatif sur le système immunitaire et cardiovasculaire. En effet, il inhibe la fonction et la rĂ©ponse des cellules immunitaires. Il a Ă©galement Ă©tĂ© associĂ© Ă  des consĂ©quences nĂ©fastes sur le dĂ©veloppement et le comportement des animaux. L’acide malĂ©ique nuit Ă  la santĂ© cardiaque et mentale. Il peut causer des lĂ©sions musculaires et nerveuses.

Il n’est pas certain que le bore soit un Ă©lĂ©ment absolument indispensable pour le mĂ©tabolisme du calcium osseux. Cependant, des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© que la supplĂ©mentation en bore peut avoir un effet sur le mĂ©tabolisme du calcium osseux. Les rĂ©sultats sont bien plus marquĂ©s lorsque d’autres nutriments et micronutriments comme le cholĂ©calcifĂ©rol et le magnĂ©sium sont prĂ©sents.

D’ailleurs, il existe des indications selon lesquelles le bore pouvait avoir un effet bĂ©nĂ©fique pour la santĂ©, Ă  condition d’ĂŞtre consommĂ© Ă  faible dose. Selon l’OMS, il faut respecter une quantitĂ© de 1 Ă  13 mg/j. Des Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques ont Ă©galement donnĂ© certaines informations ahurissantes. Les habitants des zones minières oĂą est exploitĂ© le bore prĂ©sentent un taux particulièrement faible de cancers et de maladies musculo-squelettiques. Cependant, il est encore difficile de dĂ©terminer si cette relation est rĂ©ellement causale.

Dans certaines rĂ©gions, l’eau de forage peut naturellement contenir des concentrations Ă©levĂ©es de bore et de fluor. Ces teneurs trop Ă©levĂ©es sont susceptibles de provoquer la fluorose dentaire. Cependant, une Ă©tude anglaise menĂ©e en 2010 a montrĂ© que la contamination par le bore en tant qu’additif de produits nettoyants est en baisse. En effet, le bore a Ă©tĂ© massivement utilisĂ© comme ignifugeant et a polluĂ© les eaux de surface. Toutefois, des mesures de prĂ©vention et de contrĂ´le de la pollution sont actuellement mises en place pour rĂ©duire cette source de pollution.

Les rĂ©sultats de cette Ă©tude anglaise suggèrent que l’inhalation de trifluorure de bore (BF3) associĂ© au fluor est extrĂŞmement toxique pour les rats. Une exposition Ă  180 mg/m3 d’air pendant deux semaines a entraĂ®nĂ© la mort de la totalitĂ© de ces derniers. Les symptĂ´mes suivants ont Ă©tĂ© observĂ©s chez ceux qui ont Ă©tĂ© mis en contact avec 66 et 24 mg/m3 :

  • des signes cliniques d’irritation respiratoire ;
  • une perte de poids ;
  • une augmentation du poids des poumons ;
  • une diminution du poids du foie ;
  • une accumulation de matières sèches autour du nez et de la bouche ;
  • des râles et des larmoiements ;
  • une dĂ©pression rĂ©versible du taux de protĂ©ines du sĂ©rum et des globulines ;
  • une augmentation du taux de fluor osseux et urinaire.

Ces effets Ă©taient de type « dose-dĂ©pendant » et une toxicitĂ© rĂ©nale significative a Ă©tĂ© constatĂ©e Ă  17 mg/m3 d’air. Les rĂ©sultats de cette Ă©tude indiquent que l’inhalation de trifluorure de bore associĂ© au fluor peut ĂŞtre extrĂŞmement toxique, mĂŞme Ă  des niveaux d’exposition faibles.

Concernant sa reprotoxicité

Les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques disponibles ne permettent pas d’Ă©valuer l’exposition Ă  des niveaux Ă©levĂ©s de bore, car ce genre de situation est rare chez l’être humain. Cependant, les donnĂ©es toxicologiques issues des expĂ©riences animales montrent que cela peut entraĂ®ner des consĂ©quences nĂ©gatives sur la reproduction et le dĂ©veloppement. L’exposition Ă  des niveaux Ă©levĂ©s de bore est susceptible de provoquer des anomalies de la spermatogenèse et une diminution de la fertilitĂ©.

Concernant son utilité biologique

Le bore a un rôle important dans le métabolisme et le développement cellulaire. Il est impliqué dans la régulation de certains processus physiologiques, notamment le transport transmembranaire, la synthèse de la matrice extracellulaire et la cicatrisation des plaies. Une supplémentation en bore peut augmenter les taux sériques de β-estradiol et de testostérone. Cependant, elle est susceptible d’avoir des effets reprotoxiques et d’inhiber la fonction reproductive. Chez les humains et les animaux, le bore est moins bien compris que chez les végétaux, mais son importance pour la santé est évidente.

Toutefois, un excès de bore peut entraîner une toxicité hépatique, une hyperthyroïdie et une hypercalcémie. Des études de cohorte ont également montré que le bore peut être associé à un risque accru de cancer du poumon, de la prostate et des voies biliaires. D’ailleurs, des recherches de laboratoire et épidémiologiques suggèrent que le bore peut provoquer des impacts négatifs sur le développement du cerveau et du système nerveux.

Le bore est un oligo-Ă©lĂ©ment important qui peut ĂŞtre trouvĂ© dans de nombreux aliments. Les lĂ©gumes-feuilles, les noix, les grains entiers et les fruits secs sont notamment riches en bore. Les aliments d’origine animale tels que le poisson, la viande et les produits laitiers en sont Ă©galement des sources importantes. La quantitĂ© de bore dans les aliments varie selon le type de sol dans lequel ils ont Ă©tĂ© cultivĂ©s. Elle dĂ©pend aussi des mĂ©thodes de traitement et de prĂ©paration de ceux-ci.

Des Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© que le bore peut aider Ă  rĂ©guler les niveaux d’hormones et d’acides gras et Ă  amĂ©liorer le mĂ©tabolisme des glucides. Il a Ă©galement Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que le bore aide Ă  prĂ©venir l’ostĂ©oporose en favorisant le renouvellement des os et en rĂ©duisant l’excrĂ©tion de calcium. Enfin, il peut aider Ă  rĂ©duire l’inflammation et Ă  protĂ©ger contre des maladies chroniques telles que le diabète et les maladies cardiaques.

Concernant le passage percutané

Selon les dernières donnĂ©es (Ă©tudes in vivo et in vitro) disponibles, la peau humaine est considĂ©rĂ©e comme une barrière très efficace contre le passage percutanĂ©. Toutefois, lorsqu’elle est endommagĂ©e, abrasĂ©e ou blessĂ©e, cette protection devient inutile. Les Ă©tudes ayant permis de recueillir ces donnĂ©es sont plus rĂ©centes et bĂ©nĂ©ficient de mĂ©thodes d’analyse du bore dans une matrice biologique plus sensible.

L’utilisation du modèle in vitro a été proposée pour mieux comprendre la perméabilité cutanée. Elle suggère donc que le bore peut pénétrer plus profondément dans la peau que ce qui avait été précédemment estimé. Elle soulève des questions sur le risque de cet élément chimique sur la santé. Elle a également mis en évidence que les effets toxiques du bore pourraient être sous-estimés dans les études antérieures. Les chercheurs sont appelés à réaliser de nouvelles études pour évaluer de manière plus précise le passage percutané du bore. La toxicité de cette dernière à des niveaux de concentration plus élevés devrait également être analysée une nouvelle fois.

Concernant les seuils de toxicitĂ© et d’Ă©cotoxicitĂ©

Les effets toxiques du bore chez les mammifères se traduisent principalement par une dĂ©faillance testiculaire et par une inhibition du dĂ©veloppement fĹ“tal. Des seuils spĂ©cifiques doivent ĂŞtre respectĂ©s afin d’Ă©viter ces effets nĂ©fastes. Une réévaluation toxicologique menĂ©e en 2013 a mis en Ă©vidence ces limites et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de ne pas les dĂ©passer.

Une exposition excessive au bore est susceptible d’entraĂ®ner une infertilitĂ© masculine, ce qui est plus ou moins rĂ©versible selon la dose absorbĂ©e. Selon diffĂ©rentes Ă©tudes, les effets nĂ©gatifs sont d’autant plus prononcĂ©s lorsque l’exposition Ă  la substance est plus Ă©levĂ©e. Celle-ci peut entraĂ®ner une atrophie testiculaire et une dĂ©lĂ©tion de la spermatogenèse. Des signes de perturbation hormonale sont Ă©galement soupçonnĂ©s. Un seuil d’exposition sans effet nĂ©faste estimĂ© Ă  17,5 mg de bore par kilo de poids corporel et par jour chez le rat est proposĂ©. Il est Ă  noter que le bore ne s’accumule pas spĂ©cifiquement dans les testicules.

Des pertes de fertilité ont été observées chez des femelles des rats et des souris exposées à 58,8 mg de bore/kg de poids corporel et par jour. Une étude chez des souris femelles a montré que des doses supérieures à 111,3 mg/kg sont associées à une diminution de la fertilité. Chez des rats de souche Sprague-Dawley, la dose sans effet nocif observée est de 10 mg de bore/kg. Des effets néfastes pour le fœtus ont été observés à 13 mg/kg de poids corporel et par jour.

Une Ă©tude sur des centaines d’ouvriers chinois exposĂ©s au bore a mis en Ă©vidence une diffĂ©rence de ratio Y/X. Cependant, aucun effet direct et statistiquement significatif n’a Ă©tĂ© observĂ© sur les autres caractĂ©ristiques du sperme. Aucune donnĂ©e n’a Ă©galement permis d’évaluer le nombre d’enfants engendrĂ©s par les travailleurs de l’industrie du bore dans une province de la Chine du Nord. Ces rĂ©sultats peuvent ĂŞtre liĂ©s Ă  la politique de l’enfant unique mise en place en Chine qui pourrait cacher une baisse de fertilitĂ© due au bore. Cependant, il est aussi possible que les ĂŞtres humains soient moins sensibles au bore que les souris, rats et chiens utilisĂ©s en laboratoire.

Une toxicitĂ© rĂ©nale accompagnĂ©e de modifications dĂ©gĂ©nĂ©ratives visibles au niveau des cellules des tubules proximaux a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence. Son intensitĂ© dĂ©pend de la dose et de la durĂ©e d’exposition.

Toxicité chez l’enfant

Au cours des annĂ©es 1980, l’empoisonnement accidentel par des antiseptiques contenant de l’acide borique Ă©tait frĂ©quent. Il pouvait parfois ĂŞtre fatal chez les nourrissons et les nouveau-nĂ©s. De mĂŞme, des empoisonnements ont Ă©galement Ă©tĂ© provoquĂ©s par l’absorption accidentelle de pesticides domestiques, y compris les insecticides, par les animaux qui y sont exposĂ©s. Dans d’autres cas, ce sont des produits mĂ©nagers contenant des borates qui ont Ă©tĂ© la cause des intoxications. Les accidents du travail impliquant des boranes ont Ă©galement Ă©tĂ© responsables d’intoxications. Chez l’enfant, les cas d’intoxication aiguĂ« sont plus facilement dĂ©tectables, mais des intoxications chroniques peuvent Ă©galement survenir.

Cinétique corporelle, excrétion

Toutes les quantitĂ©s de bore ingĂ©rĂ©es par l’homme et l’animal de laboratoire sont absorbĂ©es par le sang en quelques heures. Cependant, la rĂ©partition du bore est inĂ©gale Ă  travers le corps. Il est moins concentrĂ© dans les tissus adipeux et plus dans l’os, le cerveau et la moelle osseuse. Cette dernière en contient quatre fois plus que le sang.

L’acide borique ne paraĂ®t pas ĂŞtre mĂ©tabolisĂ© par l’animal ou l’humain, probablement en raison de l’Ă©nergie importante nĂ©cessaire pour rompre le lien BO. NĂ©anmoins, sa forte affinitĂ© pour les groupes chimiques cis-Hydroxy pourrait expliquer certains des effets biologiques.

En moyenne, le bore pris par des volontaires humains a une demi-vie de 21 heures. Durant une Ă©tude de pharmacocinĂ©tique, ceux-ci ont reçu une dose unique de 562 Ă  611 mg d’acide borique par perfusion en 20 minutes. Celle-ci a rĂ©vĂ©lĂ© qu’après 120 heures, 98,7 (± 9 %) de la dose Ă©tait Ă©liminĂ©e par l’urine. Des Ă©tudes chez le rat ont montrĂ© que la durĂ©e de demi-vie du bore Ă©tait d’environ 14 Ă  19 heures. Elle est significativement plus courte que chez l’humain.

Le bore qui n’est pas Ă©liminĂ© rapidement peut ĂŞtre absorbĂ© de manière durable par le cerveau et les os. Chez les femmes enceintes, le placenta n’est pas un obstacle au bore, ce qui a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par une Ă©tude de 2012. Celle-ci a trouvĂ© plus de 1 700 mg de lithium/L et de 14 000 mg de bore/L dans la première urine du nouveau-nĂ©. Les rĂ©sultats n’ont cependant pas Ă©tĂ© analysĂ©s plus en dĂ©tail. Les nourrissons sont moins exposĂ©s au bore par le lait maternel qui en contient moins que le sang de la mère.

Le cas du bore en nanoparticules ou dans des nanoproduits

Les nanotechnologies qui exploitent le bore soulèvent des interrogations chez les toxicologues, les Ă©cotoxicologues et les biologistes cellulaires. Les questionnements ont commencĂ© depuis l’avènement, dans les annĂ©es 2000, des nanotubes Ă  base de nitrure de bore.

Écotoxicité

Les vĂ©gĂ©taux absorbent le bore, un oligo-Ă©lĂ©ment. Comme le charbon est principalement composĂ© de restes vĂ©gĂ©taux, il contient une quantitĂ© non nĂ©gligeable de bore. Le pĂ©trole et le gaz naturel qui sont dĂ©rivĂ©s de matière organique animale, eux, en possèdent moins. Si la combustion du charbon est Ă  l’origine de contamination environnementale, les cendres volantes issues des centrales thermiques peuvent Ă©galement ĂŞtre une source de bore. En effet, lorsqu’elles sont observĂ©es au microscope Ă©lectronique, ces fines cendres se rĂ©vèlent ĂŞtre riches en bore.

Les lentilles d’eau ont montrĂ© une bonne capacitĂ© Ă  absorber le bore, ce qui en fait une solution pertinente pour la phytoremĂ©diation des eaux polluĂ©es. Cependant, l’excès ou la carence en bore peut ĂŞtre toxique pour cette espèce. Il est susceptible d’entraver la croissance, la morphologie, la physiologie et la structure cellulaire des plantes. Ainsi, cela affecte leur rendement en culture. D’un autre cĂ´tĂ©, un apport bien dosĂ© de bore sur un sol carencĂ© peut augmenter les rendements de cultures de vĂ©gĂ©taux et d’arbres. Tel est, par exemple, le cas des tournesols et des pommiers.

En 2017, des Ă©tudes sur la culture hydroponique contrĂ´lĂ©e ont rĂ©vĂ©lĂ© que les carences en bore affectent principalement les racines. Son excès, lui, brĂ»le les bords des feuilles plus âgĂ©es. Les concentrations en enzymes antioxydantes sont rĂ©duites en cas de dĂ©ficit en bore. De tels phĂ©nomènes peuvent Ă©galement se produire en cas d’excès. La concentration en MDA baisse en cas de carence et augmente avec la concentration en bore. Des fonctions vitales telles que la photosynthèse, l’Ă©vapotranspiration et la conductance stomatale sont rĂ©duites Ă  la fois en cas de carence et d’excès.

La teneur en chlorophylle et en carotĂ©noĂŻdes diminue Ă©galement lorsqu’il y a carence ou excès en bore. Il s’agit de l’un des Ă©lĂ©ments chimiques dont l’Ă©cotoxicitĂ© dans le sol a Ă©tĂ© le plus Ă©tudiĂ©e. En 2017, notamment, des recherches et des donnĂ©es scientifiques sur ses doses lĂ©tales et sublĂ©tales dans le sol ont Ă©tĂ© publiĂ©es pour au moins 38 taxons vĂ©gĂ©taux.

Le bore est toxique pour un grand nombre d’espèces du sol, en particulier les sols acides. Les espèces les plus sensibles sont le Folsomia candida, les enchytrĂ©es et les dicotylĂ©dones. Les doses et la durĂ©e d’exposition augmentent la sensibilitĂ©. Les tests de lĂ©talitĂ© et d’Ă©vitement sont moins significatifs que les effets sur la reproduction. Au Royaume-Uni, Ă  la fin des annĂ©es 1960, des rejets liquides et gazeux ont entraĂ®nĂ© une augmentation du taux de bore des eaux. Celle-ci s’est ensuite attĂ©nuĂ©e avec le dĂ©veloppement des stations d’Ă©puration et des dĂ©tergents sans perborate Ă  partir des annĂ©es 1990.

Le bore n’est pas reconnu comme mutagène ni cancĂ©rigène. Cependant, il est suspectĂ© d’ĂŞtre reprotoxique. Il a Ă©tĂ© employĂ© longtemps comme « toxique de rĂ©fĂ©rence » pour calibrer ou mesurer la sensibilitĂ© de tests Ă©cotoxicologiques standardisĂ©s. Toutefois, des options moins prĂ©occupantes pour la santĂ© environnementale sont actuellement recherchĂ©es.

Dans certaines rĂ©gions, la pollution humaine a conduit Ă  des sols et des milieux salinisĂ©s. De plus, certaines nappes ou sols de plusieurs rĂ©gions minières sont naturellement riches en bore. Tel est, par exemple, le cas du sud des États-Unis oĂą la roche-mère affleurante est riche en bore et des rĂ©gions. De mĂŞme, l’eau des rĂ©gions turques de Kirka et d’Hissarlik contient entre 2,05 et 29,00 mg de bore par litre (4,08 mg/l en moyenne). Dans ces mĂŞmes rĂ©gions, l’excrĂ©tion urinaire humaine varie de 0,04 Ă  50,70 mg/l de bore (8,30 ± 10,91 mg bore/l en moyenne) chez les adultes.

Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© menĂ©es sur la toxicitĂ© environnementale des bores en cours d’eau. Elles ont montrĂ© qu’Ă  certains endroits d’Europe, les taux sont proches des niveaux de toxicitĂ© pour les insectes aquatiques et d’autres espèces. Elles prouvent que les rejets anthropiques de bore peuvent dĂ©jĂ  ĂŞtre prĂ©judiciables aux rĂ©gions oĂą la concentration naturelle est plus Ă©levĂ©e. Ceux-ci peuvent Ă©galement ĂŞtre nĂ©fastes pour les espèces qui y sont les plus sensibles.

Les eaux d’irrigation et les cendres issues de la combustion du charbon ou du bois traitĂ© au bore peuvent Ă©galement causer des problèmes environnementaux. Leurs impacts sont d’autant plus importants lorsqu’elles sont utilisĂ©es comme amendements pour le sol. Les dĂ©tergents, biocides et ignifugeants du bois, de tissus ou d’isolants thermiques sont Ă©galement une source potentielle de toxicitĂ© environnementale. Lorsque ces matĂ©riaux sont en fin de vie, les effets nĂ©gatifs se trouvent dĂ©multipliĂ©s.

Épuration des eaux potables

Le bore est un contaminant indĂ©sirable des eaux potables et d’irrigation Ă  haute dose, car il est phytotoxique au-delĂ  d’un certain seuil. Des niveaux Ă©levĂ©s de bore peuvent ĂŞtre trouvĂ©s dans certains endroits, comme en Turquie et dans le sud des États-Unis. Ils sont susceptibles de causer des problèmes de toxicitĂ©. L’Ă©puration du bore de l’eau peut ĂŞtre coĂ»teuse, mais est techniquement faisable. Il suffit, par exemple, d’utiliser l’Ă©lectrocoagulation, l’osmose inverse ou d’autres procĂ©dĂ©s hybrides pour la dĂ©salinisation, comme une rĂ©sine ou d’autres matĂ©riaux absorbant sĂ©lectivement certains sels. Une alternative plus rĂ©cente est la bioremĂ©diation par une microalgue (Chlorella), testĂ©e et proposĂ©e en 2012. Une mĂ©thode moins onĂ©reuse pourrait ĂŞtre l’utilisation des propriĂ©tĂ©s adsorbantes de certaines argiles (naturelles ou modifiĂ©es) pour adsorber le bore.

Aliments riches en bore

Le bore est prĂ©sent dans de nombreux aliments, tels que l’avocat, l’arachide, la prune, le raisin, le vin et la noix de pĂ©can. Il se retrouve en quantitĂ©s importantes dans les lĂ©gumes-feuilles (chou, laitue, poireau, cĂ©leri, etc.), les fruits (sauf les agrumes) ainsi que dans les noix.

Phase de risque

Depuis 2000, l’ECHA et le règlement REACH considèrent l’acide borique comme une substance très prĂ©occupante en raison de ses propriĂ©tĂ©s reprotoxiques. En Europe, les dĂ©rivĂ©s du bore et de l’acide borique sont qualifiĂ©s par les phrases de risque suivantes depuis 2010 :

  • R 60 : peut altĂ©rer la fertilitĂ© ;
  • R 61 : risque pendant la grossesse d’effets nĂ©fastes pour l’enfant ;
  • S 45 : en cas d’accident ou de malaise, consulter un mĂ©decin immĂ©diatement ;
  • S 53 : Ă©viter l’exposition et obtenir des instructions spĂ©ciales avant utilisation ;
  • X 02 : usage rĂ©servĂ© aux professionnels. Attention ! Éviter l’exposition et obtenir des instructions spĂ©ciales avant utilisation.

Commerce

Selon les statistiques des douanes françaises, la France est un importateur net de bore en 2014. Le prix moyen Ă  l’import par tonne Ă©tait de 570 €.


✍️ Contenu rédigé par Kévin Papot , expert en lithothérapie et co-fondateur de France Minéraux.

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