Le terme « lyra » fait référence à une famille d’instruments de musique à cordes frottées. Ces derniers sont de vièles rustiques dépourvues de pique, avec un corps intégré à la caisse de résonance. Leur particularité réside dans la méthode de pression des cordes. En vue d’obtenir des sons, au lieu d’appuyer directement sur celles-ci avec les doigts, l’utilisateur les touche par le côté des ongles.
Apparue au IXe siècle, la lyra est probablement à l’origine du rebec médiéval. Elle est connue sous différentes dénominations telles que :
Chaque variante de cet instrument possède sa propre histoire.
L’origine de la lyra byzantine remonte à Byzance au IXe ou Xᵉ siècle. Ibn Khordadbeh, un géographe persan, a mentionné pour la première fois ce dispositif dans une liste d’instruments de musique. D’après un historien arabe, connu sous le nom de « El Messaoudi », ce modèle était considéré comme l’équivalent du rabâb arabe. Cette affirmation était corroborée par le Glossarium Latino-Arabicum du XIe siècle.
Abd al-Qadir Maraghi, compositeur ottoman du XIVe siècle, soutient que la lyra byzantine était également connue parmi les Perses et les Turcs sous le nom de kemânçe-i rumî. Ce terme signifie « des chrétiens ».
Malgré ces références historiques, aucune illustration de la lyra n’a été découverte avant le XVIIIe siècle dans ces régions. La plus ancienne représentation iconographique de cet instrument est visible sur un coffret en ivoire datant entre 900 et 1100, actuellement préservé à Florence. En outre, deux exemplaires de lyres byzantines qui remontent à l’an 1190 ont été découverts lors de fouilles à Novgorod.
La lyra pontique, en forme de barque, est traditionnellement associée aux régions situées près de la frontière entre la Grèce et la Turquie. Originaire des rives de la mer Noire, elle est nommée karadeniz kemençesi, kemençe ou « lyra du Pont ». Il s’agit d’un instrument emblématique pour les Grecs pontiques et les Lazes (une ethnie turque). En Grèce continentale, il est appelé kementzes. La lyra pontique ressemble à la pochette, un petit violon employé autrefois par les maîtres de danse afin de marquer le pas.
La politiki lyra est principalement utilisée dans les îles grecques. En Turquie, depuis le XIXe siècle, elle est connue sous le nom de klâsik kemençe. La famille d’instruments qui en dérive, comme le contralto, le ténor et le baryton, a été abandonnée, à l’exception du soprano.
L’origine de la lyra crétoise reste incertaine. Son apparition sur l’île de Crète se situerait au Xᵉ siècle. Durant la domination vénitienne, et sous l’influence du violon, cet instrument a subi des transformations importantes entre le XIIIe et le XXe siècle.
La lira calabraise correspond à une forme de lyra traditionnelle de la Calabre (sud de l’Italie). Son arrivée dans cette région est probablement due à l’influence des Vénitiens ou des Byzantins. Elle se décline en trois variantes : soprana, ntronata et contralta.
La lirica croate partage des similitudes avec la politiki lyra. Elle aurait été introduite en Croatie lors de l’expansion ottomane.
Voici une description de chaque variante de lyra.
La lyra byzantine présente deux formes distinctes. L’une possède un corps piriforme, long de 40 cm, prolongé par un manche sans touche. L’autre est munie d’une touche intégrée à la caisse de résonance en bois. Elles sont toutes dotées de deux trous semi-circulaires sur la table d’harmonie, avec un chevillier plat à l’arrière. Elles sont équipées de deux ou trois cordes.
La kemençe se caractérise par son corps oblong. Fabriquée en bois de noyer, elle est légère et mesure environ 40 cm de long. Quatre petits orifices ainsi que deux longues et fines ouïes sont présents sur la table d’harmonie. Souvent sculptée dans une seule pièce de bois massif, la lyra pontique est parfois ornée de décorations en marqueterie ou en bas-relief.
Une âme (petit morceau de bois) semblable à celle utilisée dans les violons est insérée sous le chevalet.
La kemençe est équipée de trois cordes métalliques. Cependant, certains modèles possèdent des cordes sympathiques supplémentaires.
La politiki lyra se reconnaît à son corps en forme de poire. Elle mesure 40 cm de long sur 15 cm de large. Sa caisse de résonance est taillée dans un seul bloc de bois. L’instrument présente une table d’harmonie fabriquée en bois de conifère, bombée et percée de deux ouïes en forme de « D ». Une petite âme en bois est placée sous une excroissance située près du chevalet.
Autrefois, le centre du dos de la politiki lyra était percé de petits trous de résonance. Par ailleurs, la klâsik kemençe dispose de trois cordes en boyau. Celle du milieu est longue et enveloppée de fil d’argent. Sur d’autres modèles, elle repose sur un petit chevalet en bois afin de réduire sa longueur vibrante. Les versions traditionnelles sont dotées d’incrustations lourdes et de trois cordes sympathiques.
Auparavant, l’archet était rustique, mesurant 60 cm de long et présentant une courbure convexe ainsi que des grelots pour marquer le rythme. De nos jours, celui du violon est utilisé.
Le corps de la lyra crétoise est sculpté dans du bois de mûrier, de noyer ou d’asfadamos, avec une touche surélevée et une volute distincte. Conçues en boyau et présentant une même longueur, les cordes offrent une gamme de son étendue. Leur disposition est inspirée de celle du violon. L’archet, en crin de cheval, parfois orné de grelots, est remplacé par celui de ce même instrument à cordes frottées.
La lira calabraise est fabriquée de manière artisanale. Piriforme, elle est munie de trois cordes en nylon.
La lirica croate possède un corps sculpté dans un bloc de bois, et recouvert d’une table d’harmonie. Ornée de deux orifices en forme de « D », cette dernière abrite un petit chevalet. Les chevilles sont placées à l’arrière du chevillier.
Chaque variante de lyra fonctionne différemment.
Pour pratiquer la lyra byzantine, on utilisait les ongles pour toucher les cordes sur le côté, évitant ainsi d’appuyer directement dessus avec les doigts. Cela permettait une utilisation efficace des touches. Plusieurs de ces éléments vibrants étaient joués simultanément, avec une autre corde servant de bourdon.
La lyra pontique est généralement accordée en la – la – ré ou en mi – la – ré. L’ambitus s’étend sur deux octaves. Ce modèle se pratique en étant assis ou debout. La mélodie est exécutée sur une ou deux cordes à la fois, tandis que le troisième est employé en guise de bourdon. Les fils en soie sont pressés sur la touche.
Cet instrument est habituellement accordé à la quinte, mais parfois à la quarte dans un accord typique turc, comme la – ré – sol. Pour interpréter de la musique avec la politiki lyra, le musicien la place sur son genou gauche ou la maintient contre sa ceinture ou sa poitrine (s’il est debout). Il presse plusieurs cordes à la fois, accompagnant la mélodie jouée sur celle qui est la plus haute. Les autres servent de bourdons polyphoniques.
Ce type de lyra peut être pratiqué seul ou avec d’autres instruments tels que le laouto et la tsambouna.
Un accordage ancien, combinant quinte et quarte (la – ré – sol et la – ré – la), permettait au musicien de jouer sur la première et la troisième corde, la seconde servant de bourdon. Il a été remplacé par un accord en quinte sans bourdon afin que la mélodie puisse être interprétée avec toutes les cordes.
La lyra crétoise est associée au luth laouto dans la musique traditionnelle de l’île de Crète. Parmi les musiciens grecs renommés, on trouve Thanasis Skordalos, Ross Daly et Psarantonis.
À l’instar des autres lyras, la version calabraise est tenue verticalement au cours du jeu. Les cordes sont actionnées latéralement par l’ongle, au lieu d’être pressées par la pulpe des doigts. Il est possible de les jouer de manière simultanée dans le but d’augmenter la résonance de l’instrument. Par ailleurs, cette variante est utilisée en vue d’accompagner les tarentelles et d’interpréter les sérénades.
Les trois cordes présentent des longueurs différentes et sont accordées en la – ré – sol. La mélodie est généralement produite par celle qui est la plus aiguë, pendant que la troisième sert de bourdon. La deuxième joue le rôle d’une harmonie polyphonique. Cet instrument est utilisé dans le but d’accompagner les danses villageoises.
Afin de conserver la qualité sonore de la lyra et de la maintenir en bon état, un bon entretien est nécessaire. Voici quelques conseils pour en prendre soin :
Par ailleurs, un luthier peut effectuer des réglages et des ajustements généraux dans l’objectif d’améliorer le son, la jouabilité et le confort de votre dispositif musical.
Si vous souhaitez apprendre à jouer de la lyra, la meilleure option consiste à suivre une formation dans des écoles de musique. Ces établissements offrent des cours collectifs adaptés à différents niveaux.
Si vous en avez la possibilité, vous pouvez engager un enseignant individuel. Ce mode d’apprentissage est bénéfique pour progresser à votre rythme et recevoir des conseils personnalisés.
Une grande variété de ressources en ligne, par exemple, des tutoriels vidéo, constituent d’excellents compléments aux méthodes d’enseignement traditionnelles. Elles peuvent vous aider à approfondir vos connaissances et vos compétences techniques.
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