La béchonnet, instrument de musique à vent, s’apparente à la cornemuse à soufflet. Elle porte le nom de son fabricant Joseph Béchonnet, un sabotier de formation, qui s’est reconverti en luthier. Inventée à Effiat, dans le Puy-de-Dôme, elle est célèbre pour sa qualité musicale et son raffinement esthétique ainsi que ses innovations techniques. Cet instrument a été largement utilisé en Basse-Auvergne entre 1870 et 1930.
Communément appelée « musette béchonnet », la béchonnet est constituée de plusieurs éléments essentiels :
Ce réservoir reçoit l’air et le stocke en vue de produire le son. Cette partie principale de la musette béchonnet est également nommée « poche à soufflet ».
Celle-ci est généralement faite en peau d’animal ou en cuir. Pour un fonctionnement optimal de l’instrument, il est crucial qu’il soit rempli et qu’il ne se dégonfle pas. Pour ce faire, le musicien se sert d’un soufflet pour pomper de l’air.
Le chanter ou chalumeau correspond au tuyau mélodique de la béchonnet. Il comporte des trous utilisés par le musettiste pour contrôler la mélodie. En général, cette pièce est placée sur la partie inférieure de la musette béchonnet. Cette dernière possède deux chalumeaux : un pour la main gauche et un autre pour la main droite.
Chaque tuyau de l’instrument étant doté d’une anche, cette dernière vibre lorsque le musicien souffle dans celui-ci. La vibration de l’air qui pénètre dans cette lamelle en roseau est à l’origine du son produit par la musette béchonnet. Il est à noter que l’anche du chanter, qui se trouve dans le tuyau, influence directement la puissance sonore de cette variante de la cornemuse.
La béchonnet se caractérise par la présence d’un bourdon basse et d’un bourdon ténor. Ces deux éléments produisent un son continu et constant, servant d’arrière-plan sonore.
Les frises en dents de scie, alliant ébène et ivoire, intégrées sur les musettes béchonnet par son inventeur, étaient leur marque de fabrique. Elles étaient également ornées de fleurs en nacre, de filets d’ébène ou d’ivoire ainsi que de viroles et de bagues. Ces décorations étaient réalisées à la suite de demandes de clientèles aisées.
L’histoire de la béchonnet remonte au XVIIIe siècle. Joseph Béchonnet a passé beaucoup de temps dans son atelier à Effiat (Bourgogne) afin de mettre au point cet instrument. Au départ, il était étroitement lié à la musique folklorique de cette région. Il était aussi utilisé pour marquer des festivités ou pour accompagner des danses traditionnelles et des cérémonies religieuses. Dans certaines situations, la béchonnet peut prendre le rôle de soliste ou s’associer avec d’autres instruments mélodiques comme le violon.
Il était difficile d’imaginer que 150 ans plus tard, elle aurait une répercussion sur la pratique de la musette. L’objectif de son inventeur était d’améliorer la cornemuse en la dotant de bourdons fonctionnels. Il voulait également l’équiper d’un registre d’une octave et demie, avec des notes justes sur la seconde octave, et une tonique un ton au-dessous. Ces paramètres l’ont contraint à revoir la conception des anches : des lames en triangle moins ouvertes, un tuyau plus large et une rasette (fil de laiton) pour régler le passage de l’anche. Cette dernière a subi des modifications significatives dans les années soixante-dix. La construction à sec et l’usage de plastique pour remplacer le roseau en font partie.
Avec l’émergence de nouveaux instruments aux caractéristiques plus avancées et l’évolution des goûts musicaux, la musette béchonnet est tombée en déclin. Au cours du XXe siècle, il est réapparu sur le devant de la scène grâce aux passionnés de musique, notamment ceux amateurs des genres musicaux traditionnels. Aujourd’hui, cet instrument à vent est largement présent dans ce milieu grâce à la préservation du patrimoine musical.
La béchonnet est un élément phare de l’héritage culturel français, mettant l’accent sur la diversité et la richesse des traditions musicales dans toutes les régions.
Elle est mise en avant dans plusieurs lieux de rassemblement et de préservation du patrimoine. On peut citer, entre autres, la Cité de la Musique à Paris, où deux modèles sont exposés. Le musée de Brest, le Musée de la Haute Auvergne à Saint-Flour (Cantal) et le musée des Musiques Populaires possèdent également des prototypes, dont certains sont visibles seulement à la demande.
Dans la littérature, de nombreuses œuvres font l’éloge de la musette béchonnet. Parmi elles figurent : La petite encyclopédie de la cornemuse – Les perces Blanc-Dubois, de Jean-Luc Matte et al. in Trad. Magazine n°105 et 106, et La tradition de cornemuse en Basse-Auvergne et Sud-Bourbonnais, de Jean-François Chassaing, Éditions Ipomée, en 1982.
Dans la musique, elle a été popularisée par des musiciens comme Ivan Karvaix. Ce dernier a utilisé l’instrument dans plusieurs interprétations comme « Scottish de Servant », « Valse à Milounet » et « La Sabotière/Marche de noce du père Faure/Marche à Mitchau la Tchèbre ».
Ces différents usages de la musette béchonnet dans la culture populaire sont la preuve de son attrait. Elle laisse un bel héritage pour la génération future à travers ces œuvres diversifiées.
La béchonnet a une morphologie proche de celle des autres musettes du centre France. Celles-ci sont apparues au XVIIIe siècle dans des endroits populaires des régions du Centre France, du Bourbonnais, du Berry, du Nivernais, de la Basse-Auvergne, du Morvan et de la Manche, d’où leur appellation. Comme ces dernières, la musette béchonnet dispose d’un hautbois conique à large perce, d’un bourdon moyen au même niveau que ce dernier et d’un boîtier parallélépipédique. Toutefois, elle s’en distingue par d’autres éléments :
Il est à noter que ce soufflet à côtes, pourvu de plis, à l’image d’un accordéon, se présente sous la forme d’un trapèze.
La fabrication d’une béchonnet passe par les étapes suivantes :
Des compétences techniques sont indispensables pour mener à bien cette mission. Le recours à un professionnel de musique ou à un luthier expérimenté est conseillé.
La béchonnet peut être jouée debout ou en position assise, selon les préférences du musicien. Comme pour tous les types de cornemuses, le souffle est crucial. Pour émettre le son, insufflez de l’air dans le sac. Régulez le volume de celui-ci afin d’assurer la justesse des notes. Durant le jeu, votre bras fait office de régulateur de pression. Vous devez vous familiariser avec les doigtés pour jouer des mélodies précises.
Une pratique régulière vous permettra d’exceller rapidement dans cette discipline. Vous pouvez y consacrer un peu de temps au quotidien pour travailler sur vos difficultés et améliorer votre aisance. Au fil du temps, vous jonglerez entre différentes techniques de jeu telles que les variations de volume, les ornementations ou la modulation de la tonalité.
Le réglage de la béchonnet doit se faire de manière régulière afin de garantir sa qualité sonore et sa durabilité. Un bon entretien est également requis pour préserver son fonctionnement et l’améliorer.
Des ajustements peuvent être effectués au niveau des anches, en vue d’optimiser la sonorité. Ajustez leur tension selon votre préférence sonore. En effet, lorsque celles-ci sont mal réglées, elles peuvent avoir un impact conséquent sur la tonalité générale.
Les bourdons sont des éléments considérables sur une musette béchonnet. Il est important de s’assurer qu’ils soient bien positionnés et bien alignés afin d’éviter toute incompatibilité dans le son.
Une vérification fréquente des joints et des fixations est également de mise pour inspecter leur état. Des pièces défectueuses risquent d’altérer le son et la jouabilité de l’instrument. Le cas échéant, remplacez-les immédiatement.
Enfin, pensez à faire réviser votre béchonnet par un professionnel certifié et reconnu dans sa pratique. Il sera habilité à réaliser les ajustements nécessaires ou à identifier les problèmes structurels et techniques avant qu’ils ne génèrent des dommages plus graves.
Un nettoyage régulier de votre musette béchonnet est essentiel. Cette opération favorise l’élimination de la salive et de la saleté accumulée ainsi que tout résidu indésirable. Pour ce faire, utilisez un chiffon doux et des produits spécialement formulés pour ce type d’instrument. Attention, l’usage d’un chiffon humide est fortement déconseillé, car il pourrait endommager les éléments en bois, comme les anches par exemple. Divers traitements sont à appliquer sur ces parties pour éviter le dessèchement et l’apparition de fissures. L’huile de lin en fait partie. Elle est idéale pour hydrater la surface de l’instrument.
Pour protéger votre béchonnet des rayures, des chocs et des variations excessives de température, rangez-la dans une housse adaptée, notamment lors de son transport. Veillez également à maintenir un taux d’humidité stable autour de votre musette béchonnet afin de prévenir une modification de sa qualité sonore et la détérioration des anches en bois. Évitez aussi de l’exposer au soleil ou à des conditions climatiques extrêmes.
Pour apprendre à jouer de la béchonnet, il convient de connaître certaines pratiques et techniques spécifiques.
Il s’agit d’un instrument plus petit, plus abordable et plus silencieux que la cornemuse. Cet élément est incontournable pour travailler le doigté et pour s’exercer. Sa présence permet à l’apprenti de se concentrer uniquement sur ses doigts. Pensez à opter pour un modèle compatible à votre niveau et fabriqué avec du bois ou du plastique.
La tenue de l’instrument est indispensable pour maîtriser celui-ci, car la position des bras et des mains influence grandement le jeu. Pour les droitiers, la main droite doit être dans le prolongement de l’axe de l’avant-bras. Le chanter est vertical par rapport au corps, avec une distance de 20 à 30 cm. Cette posture évite la fatigue du poignet.
À l’instar de la cornemuse, une respiration circulaire s’impose. Il s’agit d’une technique spéciale utilisée pour jouer sur une longue période sans interrompre le son. La qualité du son obtenu dépend du souffle exhalé. Remplissez vos joues d’air, puis inspirez et expirez par le nez. Exercez-vous avec de l’eau et une paille si vous n’avez pas encore un instrument à disposition.
Vous pouvez apprendre la béchonnet de différentes manières :
Les ateliers collectifs sont également propices à l’apprentissage de cet instrument à vent. Ils donnent la possibilité d’échanger avec d’autres élèves en vue de partager les connaissances et la passion pour celui-ci.
L’acquisition d’une béchonnet nécessite une sélection minutieuse pour disposer du meilleur rendu sonore. Les critères suivants vous aideront dans le choix de votre instrument :
Une musette béchonnet de qualité se reconnaît à sa sonorité riche et vive. Dans ce sens, renseignez-vous sur les particularités du modèle afin de déterminer celui qui correspond à vos besoins.
Un instrument facile et agréable à utiliser facilite l’apprentissage. Le poids et les dimensions, des critères essentiels à prendre en compte, doivent obligatoirement être adaptés à la morphologie du joueur.
La performance de la béchonnet dépend de sa qualité de fabrication. Les modèles les plus recherchés sont façonnés avec des matériaux de bonne qualité, comme le bois de buis, qui est exploité pour ses qualités acoustiques avérées. Certains fabricants ajoutent des pièces en corne, en ivoire ou en métal pour personnaliser leurs instruments. L’utilisation de la peau de chèvre constitue un indicateur de qualité supplémentaire.
Plusieurs marques se disputent le marché de la béchonnet. D’une manière générale, les plus renommées proposent des musettes béchonnet de qualité supérieure. Leur prix élevé s’explique par la fiabilité et la durabilité de leurs produits. Pour le modèle convenant à vos besoins, faites un tour chez France Minéraux. D’autres instruments à vent d’excellente facture y sont également disponibles.
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