Durant l’Antiquité, les onyx sont originaires de l’Arabie et de l’Inde. Les plus beaux viennent de la montagne Shibam, non loin de Marib, capitale du fameux royaume de Saba (aujourd’hui enfoui sous les sables du Yémen, dans la région de l’Hadramaout). La taille faramineuse des blocs d’onyx travaillés étonne toujours les scientifiques et les historiens. Toutes les civilisations de l’Antiquité utilisent l’onyx de manière très habile. À Abydos, en Égypte, les chercheurs ont découvert plusieurs assiettes, jarres et vases en onyx. Les temples funéraires cachaient également des perles de boucles d’oreilles en onyx. Les Romains en faisaient des chevalières gravées de divers symboles. Le Cabinet des Médailles abrite aujourd’hui un vieux sceau phénicien qui date de 780 av. J.-C., représentant l’enfant-dieu solaire Nefertoum entouré de magnifiques fleurs de lotus.
Selon Appien, un historien grec, le roi du Pont (localisé au nord de la Turquie actuelle), Mithridate le Grand (environ l’an 100 avant notre ère), aurait en sa possession deux mille vases d’onyx et d’or. Suite à sa victoire, Pompée ramène ces magnifiques vases à Rome. Leur matière n’est pas réellement certaine, puisqu’onyx peut également désigner alabastrite, une sorte de marbre blanc veiné. Cet albâtre permet de concevoir des récipients utilisés pour préserver les onguents précieux et les baumes parfumés comme le benjoin ou encore la myrrhe. Cette résine odoriférante aurait donné naissance à des vases murrhins ou onyx murrheus stipulés dans les récits antiques. Il est peut-être certain que les vases de Mithridate étaient en albâtre. Les scientifiques et historiens sont également confus concernant le « marbre-onyx ». L’onyx, plutôt sardonyx, est nommée fréquemment memphite. Vers l’an 200 avant notre ère, le général Scipion l’Africain aurait apporté les premières sardonyx à Rome, depuis, elles sont très recherchées. L’Antiquité est marquée par l’art de la glyptique (les intailles et les camées). Les Romains et les Grecs préfèrent utiliser des blocs d’onyx à strates droites et parallèles. Plusieurs œuvres antiques en sardonyx ou onyx sont représentées dans les musées. Le Cabinet des Médailles de Paris conserve justement deux des œuvres en onyx les plus célèbres et qui dateraient du Ier siècle de notre ère :
- L’Apothéose d’Auguste ou le camée de la Sainte-Chapelle. C’est sans aucun doute le plus grand camée du monde, avec des dimensions de 31×26 cm. Il figure Auguste et sa lignée, jusqu’à l’empereur Tibère, soit 24 grands personnages. Par erreur, le Moyen- ge a apporté une interprétation chrétienne à la représentation. Le roi Saint-Louis en fait l’acquisition et l’installe à la Sainte-Chapelle comme relique.
- La coupe de Ptolémée ou vase de Saint-Denis. Taillée dans un unique bloc de canthare et dédiée à Bacchus (Dionysos), l’œuvre dispose de deux anses prenant la forme de ceps de vigne. On y trouve des scènes festives où plusieurs personnages et animaux évoluent parmi des végétaux et des ornements. Ayant appartenu au roi carolingien Charles le Simple, un piétement orné de joyaux précieux l’a transformé en calice utilisé au cérémonial du sacre des reines de France. La glyptique disparaît en Occident pendant les invasions barbares. Aux premiers siècles du Moyen- ge, on retrouve les camées romains enrichissant les églises et les trésors royaux. Des imitations plutôt grossières sur du verre sont réalisées.
Plus tard au Moyen-âge, dans les récits médiévaux, la notion onice désigne les intailles d’agate. Celles qui figurent quelques animaux ont une excellente réputation, tandis que la couleuvre et le cerf transmettent du courage. Porter l’onyx en bague ou en collier la nuit est déconseillé : « il donne veoir les diables et donne moult de fantasmes en dormir ». L’onyx permet de discuter avec un être cher disparu pendant le sommeil tout en préservant le souvenir au réveil. Il possède aussi d’autres influences négatives : elle rend l’humeur difficile, multiplie les procès, éveille la tristesse… Au XIIe siècle, l’évêque Marbode affirme que « Si tu as de la sarde avec toi, l’onyx ne peut te nuire ». La sarde tire son nom de l’ancienne ville de Sardes, située en Turquie actuelle. Elle apporte la tempérance et la douceur à l’onyx.
Bien plus tard, Isabelle d’Este, épouse du Duc de Gonzague, possède de prestigieuses collections de camées antiques à Mantoue. Le plus célèbre est le grand camée de Gonzague ou Malmaison, de 16×12 cm de dimensions. Ayant beaucoup voyagé, ce joyau du IIIe siècle av. J.-C. a connu bon nombre de propriétaires comme l’Impératrice Joséphine et le Tsar Alexandre Ier. Originaire d’Alexandrie, il figure Ptolémée II et sa sœur-épouse Arsinoé (conservé au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg). Le musée d’histoire de l’art de Vienne abrite l’onyx-kanne, l’aiguière d’onyx. Ce vase fait d’or et onyx, embelli par des joyaux précieux est un chef-d’œuvre du français Richard Toutain. Charles IX l’offre au prince tyrolien pendant son union avec Elisabeth d’Autriche. L’aiguière d’onyx participe alors à l’épanouissement de l’art français en Europe.
L’onyx demeure apprécié à l’époque des Bourbons. La favorite d’Henri IV, Gabrielle d’Estrée, possède un pendentif d’onyx sur lequel était gravée l’image du roi. Louis XV a un cachet fait d’onyx, d’or et de cornaline portant la devise « l’amour les assemble ». On y trouve le profil subtil de Madame de Pompadour protégé par un couvercle joliment orné de fruits rouges et de feuillages. La colline de Chantilly-sur-Marne regorge des calcédoines roses et des onyx à trois couches (deux d’un brun rougeâtre et une d’un blanc bleuâtre).