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Platine

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Caractéristiques du platine

  • Symbole : Pt
  • Masse atomique : 195,084 ± 0,009 u
  • NumĂ©ro CAS : 7440-06-4
  • Configuration Ă©lectronique : [Xe]4f145d9 6s1
  • NumĂ©ro atomique : 78
  • Groupe : 10
  • Bloc : Bloc D
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©tal de transition
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,28
  • Point de fusion : 1 768,2 °C

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Le platine, élément atomique n°78 de symbole Pt : son histoire, ses isotopes, gisements, propriétés physiques et chimiques, usage, ses impacts écologiques et toxicologiques.

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Le platine est l’élĂ©ment chimique du tableau de MendeleĂŻev portant le numĂ©ro atomique 78. Il s’agit d’un mĂ©tal de transition qui fait partie du sous-groupe des nickels, des palladiums et des Ă©lĂ©ments du groupe 10. NichĂ© dans les minerais de cuivre et de nickel, le platine se prĂ©sente aussi sous forme de dĂ©pĂŽt natif. Son symbole alchimique est le rĂ©sultat de la fusion respectivement lunaire et solaire de l’argent et de l’or. Ce mĂ©tal fait partie des huit matiĂšres premiĂšres stratĂ©giques indispensables en temps de guerre. C’est un mĂ©talloĂŻde lourd qui figure parmi les Ă©lĂ©ments de la pĂ©riode 6 au mĂȘme titre que l’iridium et l’osmium. Il est inaltĂ©rable, trĂšs ductile et relativement mallĂ©able. Disposant d’une couleur gris-blanc, il est aussi brillant qu’une piĂšce d’argent.

Histoire et généralité sur le platine

En AmĂ©rique prĂ©colombienne et dans les cultures nĂ©olithiques et chalcolithiques de l’Eurasie, le platine fut utilisĂ© pour sa propriĂ©tĂ© martelable. En 1557, l’humaniste Jules CĂ©sar Scaliger le dĂ©crit comme un mĂ©tal mystĂ©rieux provenant des mines des Indes occidentales (entre DariĂ©n (Panama) et Mexico).

Les Conquistadors hispaniques ont dĂ©couvert le platine en Colombie sous sa forme native. Ils l’ont nommĂ© « platina Â» ou « petit argent Â». Les savants le considĂ©raient comme une impuretĂ© de l’argent et, par mĂ©pris, du petit argent brillant. Quant aux autoritĂ©s rĂ©galiennes espagnoles, elles redoutaient la fraude que pouvait engendrer ce mĂ©tal. En effet, ce dernier imite parfaitement les piĂšces d’argent. Ainsi, elles le jetĂšrent dans les fleuves. Ce sont les Indiens et les colons, dotĂ©s d’un esprit pratique, qui s’en sont servis pour leurs usages quotidiens : ustensiles divers, pierres Ă  fusil et balles.

En 1735, l’astronome Antonio de Ulloa (1716-1795) et Jorge Juan y Santacilia (1713-1773) Ă©tudient en profondeur ce mĂ©tal argentĂ©. CommanditĂ©s par le roi, ils devaient rejoindre la mission scientifique française au PĂ©rou (1735-1745). Ils Ă©taient chargĂ©s d’analyser le platina del pinto qui est un mĂ©tal inexploitable dĂ©couvert avec de l’or en Nouvelle-Grenade (Colombie). Le navire d’Ulloa fut attaquĂ© par les corsaires britanniques sur le chemin du retour. Il fut alors retenu captif en Angleterre puis devint membre de la Royal Society. En 1748, il publia, avec l’aide du chimiste et mĂ©decin William Brownrigg, un recueil sur le platine et le dĂ©crivit comme Ă©tant une minĂ©ralogie. Vers la fin du XVIIIe siĂšcle, les chimistes et minĂ©ralogistes suĂ©dois ont inventĂ© un chalumeau performant qui a permis d’exploiter la chimie du platine en joaillerie. En 1803, le chimiste anglais Wollaston a dĂ©montrĂ© que le corps simple mĂ©tallique du platine est issu d’un Ă©lĂ©ment particulier appelĂ© platinium en latin ou en anglais. On l’appelle platine en français, platino en italien ou en espagnol et das platin en allemand.

Histoire des unitĂ©s mĂ©triques, Ă©lectrochimiques et d’éclairage Ă  partir du platine

Le platinium est utilisĂ© dans la fabrication de divers objets tels que le mĂštre, le kilogramme, l’éclairage, etc. Le premier mĂštre Ă©talon fut fondĂ© sur le principe de distance entre deux points gravĂ©s sur une barre en platine iridiĂ© (platine associĂ© iridium). Il est conservĂ© au bureau international des poids et mesures Ă  SĂšvres en France.

Proposant une large Ă©chelle de densitĂ© de courant, le platine dispose d’une durĂ©e de vie Ă©levĂ©e ainsi qu’une rĂ©sistance accrue Ă  la corrosion. C’est pour cela qu’on le retrouve dans les thermocouples et dans les thermomĂštres Ă  rĂ©sistance de platine. Enfin, ce mĂ©tal prĂ©cieux est employĂ© pour fabriquer l’électrode standard Ă  hydrogĂšne.

Isotopes du platine

Le platine naturel se compose de six isotopes, dont cinq sont stables, notamment 192 Pt, 194 Pt, 195 Pt, 196 Pt et 198 Pt. Le sixiĂšme est un radioactif primordial 190 Pt avec une demi-vie relativement longue (650 milliards d’annĂ©es) et une faible abondance (0,01 % soit 100 ppm). Il existe Ă©galement d’autres radio-isotopes stables aprĂšs 190 Pt. Il s’agit du 193 Pt qui a une demi-vie de 50 ans.

Abondance naturelle, géologie et minéralogie, gisement et production du platine

Le platine et ses alliages sont en abondance dans la nature. RĂ©sistant Ă  la corrosion, ce mĂ©tal noble s’associe avec certains minerais tels que le cuivre et le nickel. On le retrouve Ă©galement, mais de maniĂšre rare, sous forme de dĂ©pĂŽts natifs comme c’est le cas en Afrique du Sud.

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Gisements et productions de platine

À l’état natif, le platine est prĂ©sent dans les gisements primaires de minerai et/ou des roches magmatiques tels que les dunites. Il est souvent alliĂ© Ă  d’autres mĂ©taux comme l’iridium (Ir), le fer (Fe), le cuivre (Cu), le nickel (Ni), l’or (Au), etc. On dĂ©tecte aussi du platine natif dans les gisements secondaires, en l’occurrence, des placers qui sont denses et quasi inaltĂ©rables. La source principale du platine est le minerai Ă  base de sperrylite ou l’arsĂ©niure de platine dont la formule est PtAs 2. L’alliage du platine et de l’iridium naturel forme aussi le platiniridium. Ce dernier se trouve dans le coopĂ©rite minĂ©ral ou le sulfure de platine sous la formule PtS.

Norilsk est un complexe mĂ©tallurgique et minier qui a Ă©tĂ© créé par la Russie SoviĂ©tique en 1935. En 1953, le gisement Norilsk produisit 35 % du nickel, 30 % du cobalt et 90 % des mĂ©taux platinoĂŻdes (groupe du platine) de l’Union soviĂ©tique. Cette activitĂ© autour du platine est d’ailleurs Ă  l’origine de la ville de Norilsk qui abrite 175 000 habitants. La production de ce mĂ©tal a permis d’ouvrir la voie ferrĂ©e qui transporte le minerai de Norilsk vers Doudinka (IenisseĂŻ) et vers l’usine de Severonickel (dans la presqu’üle de Kola). À lui seul, le gisement de Norilsk gĂ©nĂšre prĂšs de 23,6 % de la production mondiale de nickel avec 330 000 t. Quant Ă  la production de platine, il ne dĂ©passe pas les 2 g/t puisque c’est un sous-produit du traitement minĂ©ral de nickel.

Propriétés physiques et chimiques du corps simple du platine

Le corps simple du platine est un mĂ©tal de transition bĂ©nĂ©ficiant d’une teinte blanche ou gris-blanc avec un reflet mĂ©tallique brillant. La densitĂ© de ce platinoĂŻde est de 21,4. Tout comme l’or et l’argent, le platine est Ă  la fois raffinĂ© et prĂ©cieux. MallĂ©able et assez mou, il affiche une rĂ©sistance Ă  la corrosion, au ternissement et Ă  l’abrasion. C’est pourquoi il est particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© en bijouterie. Non magnĂ©tique, ce mĂ©tal est considĂ©rĂ© comme un bon conducteur de chaleur et d’électricitĂ©. D’ailleurs, son coefficient de dilatation thermique avoisine celui du verre. Concernant le point de fusion du platine, celui-ci est de 1 770 Â°C. En joaillerie, il se soude Ă  une tempĂ©rature trĂšs Ă©levĂ©e de 2 000 Â°C. Ce mĂ©tal dense s’oxyde moins facilement. Il reste trĂšs blanc, si bien que les artisans joailliers apprĂ©cient de le travailler. Il peut atteindre un point d’ébullition allant jusqu’à 3 800 Â°C.

Sur le plan chimique, le platine reste stable et ne change pas au contact de l’air. On peut le chauffer au chalumeau sans risque de ternir sa surface. Ce mĂ©tal forme des cloques lorsqu’il se solidifie. La rĂ©sistance Ă  l’oxydation du platine est relative. Pour cause, l’oxyde de platine ou PtO est formĂ© Ă  partir d’une tempĂ©rature et d’une pression Ă©levĂ©e.

Le corps simple platine se montre plus rĂ©actif que l’iridium et l’osmium mĂ©tallique. Les bases fortes et les acides forts ne peuvent altĂ©rer le platine. NĂ©anmoins, l’eau rĂ©gale rĂ©agit sur le platine afin de former l’ion complexe hexachloroplatinique soluble ainsi que l’ion hexachloroplatinate dont la formule est [Pt (Cl6)] 2−.

Ce mĂ©tal prĂ©cieux est remarquable en termes de catalyse et d’absorption. En effet, un tout petit fil de platine est capable de dĂ©composer la vapeur de mĂ©thanol en mĂ©thanal et en gaz dihydrogĂšne. De plus, le platine est un des premiers mĂ©taux prĂ©cieux que l’on utilise comme catalyseur lors de la synthĂšse de l’acide sulfurique. On le retrouve dans les pots d’échappement sous l’aspect de mousses en platine finement divisĂ©es. Auparavant, ces mousses ou Ă©ponges de platine Ă©taient créées Ă  partir de plusieurs procĂ©dĂ©s thermiques. Leur fabrication rĂ©cente se fait Ă  base du noir de platine. Le corps organo-platinique est rĂ©duit dans une solution aqueuse qui provoque une prĂ©cipitation chimique de fines particules. La mousse de Pt peut adsorber Ă  tempĂ©rature ambiante. L’adsorption signifie qu’il fixe, sur sa grande surface, 100 x son poids de gaz dihydrogĂšne et 20 x son poids de gaz dioxygĂšne. Quand on chauffe la mousse de platine, elle libĂšre ses gaz sans les dĂ©naturer. Depuis les travaux de Sir Humphry Davy en 1817, on considĂšre le platine comme un mĂ©tal d’adsorption essentiel dans la catalyse, en chimie.

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Chimie du platine

Le platine dispose des propriétés physico-chimiques et catalytiques spécifiques.

Propriétés physico-chimiques du platine

L’état d’oxydation IV du platine est nettement plus stable que celui du palladium. On dĂ©note ainsi le monoxyde de platine (PtO) et le dioxyde de platine (PtO2). À partir de 300 Â°C, le platine rĂ©agit avec le fluor et donne la formule Pt solide cristal + 2 F2 gaz â†’ PtF4. Cette rĂ©action se poursuit avec du Platinum pentafluoride PtF5 et PtF6. La rĂ©action du platine et du gaz dichlore Ă  haute tempĂ©rature donne le Platinium chloride PtCl2 et PtCl3. Avec d’autres halogĂšnes plus lourds, on obtient des formules comme le bromure de platine PtBr2 et PtBr3 ou l’indole de platine PtI2 et PtI3.

Ce mĂ©tal noble a une nette propension Ă  former des complexes et interagit avec de nombreuses molĂ©cules, ce qui en fait un catalyseur de premier choix. RĂ©sistant Ă  de nombreuses attaques chimiques, le platine ne se rouille pas Ă  l’air libre. Toutefois, les Ă©lĂ©ments qui peuvent le corroder sont le soufre, les halogĂšnes, les cyanures et les mĂ©taux alcalins caustiques. Le platine est insoluble dans l’acide chlorhydrique HCI et dans l’acide nitrique HNO3, sauf Ă  l’état de nano-microparticules. Il se dissout cependant dans l’eau rĂ©gale qui est un amalgame de ces deux acides. Ce mĂ©tal mallĂ©able ne s’oxyde ni Ă  l’air ambiant ni avec de l’oxygĂšne O2 pur. Lorsqu’on le combine avec de l’acide chloroplatinique (H2PtCl6, 6 h O) et divers sels azotĂ©s, on obtient du nitrate de platine. Une fois la solution obtenue est rĂ©duite, on obtient de l’oxyde hydratĂ© de platine. Ensuite, celui-ci devient un dioxyde de platine PtO2. Il s’agit d’un oxyde lamellaire stable qui ressemble au dioxyde de titane TiO2 par ses caractĂ©ristiques cristallographiques. Ce dioxyde de platine possĂšde Ă©galement un pouvoir catalytique (catalyseur d’Adams). AprĂšs rĂ©duction avec l’hydrogĂšne H2, il devient du platine colloĂŻdal. Ce dernier Ă©lĂ©ment donne un catalyseur puissant appelĂ© noir de platine qui est trĂšs rĂ©actif grĂące Ă  sa surface particuliĂšre. Un procĂ©dĂ© similaire permet aussi d’obtenir l’éponge de platine, qui est un autre type de catalyseur en platine pur qui Ă©quivaut largement le noir de platine.

Propriété catalytique du platine

Le platine a des caractĂ©ristiques catalytiques exceptionnelles. On l’emploie dans les industries chimiques, pĂ©trochimiques et automobiles. Lorsqu’on mĂ©lange l’oxygĂšne O2, l’hydrogĂšne H2 ainsi que le platine, il y a une explosion. En effet, le platine catalyse cette rĂ©action exothermique et l’élĂ©vation de tempĂ©rature qui s’ensuit conduit Ă  un emballement, donc Ă  une explosion.

Usage du métal platine et de ses alliages

Le platine en tant que mĂ©tal prĂ©cieux est utilisĂ© dans divers domaines en bijouterie, en mĂ©decine dentaire, en horlogerie, etc. Il est aussi prĂ©sent dans certains Ă©quipements de laboratoires et des Ă©quipements mĂ©dicaux tels que les instruments cathĂ©ters et les instruments chirurgicaux. Cet Ă©lĂ©ment peut faire office de catalyseur chimique au sein des pots catalytiques des moteurs Ă  combustion interne des vĂ©hicules. Ce mĂ©tal prĂ©cieux est nĂ©cessaire dans la fabrication des fourneaux Ă©lectriques Ă  haute tempĂ©rature ainsi que des creusets. Par ailleurs, il existe d’autres utilisations du platine :

  • la photographie avec la platinotypie qui est un procĂ©dĂ© de tirage photographique, celui-ci s’est amĂ©liorĂ© et est devenue le tirage platine-palladium ;
  • la conception d’un conteneur d’hydrogĂšne avec des piles Ă  combustible (en cours d’étude) ;
  • la composition d’engrais, d’explosifs et d’acide nitrique (alliage platine-rhodium sous forme de gaze) ;
  • le raffinage, la transformation du pĂ©trole et la production d’essence ainsi que des composĂ©s aromatiques dans l’industrie pĂ©trochimique ;
  • le scellage des Ă©lectrodes dans le verre (du fait de son coefficient de dilatation Ă©quivalent Ă  celui du verre de silicate) ;
  • la constitution d’un aimant trĂšs puissant (alliage du cobalt et du platine qui est magnĂ©tique) ;
  • la rĂ©alisation des stimulateurs cardiaques, des valvules cardiaques et autres implants (alliage platine-osmium) ;
  • la formation du premier kilogramme Ă©talon et du premier mĂštre Ă©talon (alliage platine-iridium ou platine iridiĂ©) ;
  • la protection du nez des missiles, des injecteurs des moteurs Ă  rĂ©action et des dispositifs fonctionnant Ă  haute tempĂ©rature ;
  • la fabrication de briquets et de chaufferettes Ă  alcool (fil de platine fin catalysĂ© qui devient du mĂ©thanol en formaldĂ©hyde) ;
  • le thermomĂštre Ă  rĂ©sistance de platine et pour la production de thermocouples (soudure de platine pur et platine rhodiĂ©) ;

Le platine est également indispensable dans la création des stimulateurs et des valvules artificielles cardiaques (alliage platine (90)/osmium (10)).

Chimiothérapie avec du platine

Les substances cisplatine (H6Cl2N2Pt) et carboplatine (C6H12N2O4Pt) sont efficaces dans le traitement de quelques types de cancer comme la leucĂ©mie, le cancer de la vessie et le cancer du testicule. Elles se lient Ă  l’ADN de façon bifonctionnelle, c’est-Ă -dire, par deux liaisons covalentes avec deux bases puriques. Ces associations produisent une torsion dans la double hĂ©lice et causent l’inhibition de la transcription et donc la mort de la cellule (apoptose). Ces complexes de platine provoquent de sĂ©rieux effets secondaires comme la nĂ©phrotoxicitĂ© (attaque des reins), l’ototoxicitĂ© (perte de l’audition) et les allergies. D’autres complexes sont aussi Ă  Ă©tudier comme la formule du carbĂšne N-hĂ©tĂ©rocyclique [Pt (NH3(N-hĂ©tĂ©rocycle) Cl] Cl. Monofonctionnels, ils inhibent la transcription par la gĂȘne stĂ©rique gĂ©nĂ©rĂ©e par l’hĂ©tĂ©rocycle.

Joaillerie en platine

En 2021, la moitiĂ© des ressources de platine est exploitĂ©e dans l’industrie automobile et 10 % dans la joaillerie. Entre le XIXe siĂšcle et au milieu du XXe siĂšcle, cet Ă©lĂ©ment Ă©tait considĂ©rĂ© comme un mĂ©tal de grand prestige du fait de sa duretĂ©. Il est surnommĂ© « l’or des riches Â» et on l’associe volontiers au diamant pour la crĂ©ation de « joaillerie blanche Â». Le platine est bien plus prestigieux que l’argent. Ce dernier a tendance Ă  noircir avec le temps.

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Les premiers objets en platine ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s par les civilisations prĂ©colombiennes. Au XVIe siĂšcle, ce mĂ©tal a Ă©tĂ© ramenĂ© de l’AmĂ©rique centrale et de l’AmĂ©rique du Sud vers l’Europe, par les Espagnols qui pensaient que c’était de l’argent. Les orfĂšvres furent dĂ©pitĂ©s par la tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e du platine par rapport Ă  l’argent, si bien qu’ils surnommĂšrent cette matiĂšre premiĂšre « platina Â», traduit par « petit argent Â». Le chimiste français Pierre-François Chabaneau fut le premier Ă  rĂ©ussir Ă  fondre le platine vers le XVIIIe siĂšcle. Sous l’empire français, la maison Mellerio fut la premiĂšre Ă  utiliser le platine en diadĂšme. Ce dernier a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă  l’exposition universelle de 1867 avant d’ĂȘtre acquis par la reine d’Espagne Isabelle II pour sa fille. Jusqu’à aujourd’hui, des membres de la famille royale le portent encore. Les joailliers s’y mettent et crĂ©ent des parures nĂ©oclassiques dites « style guirlande Â» qui sont trĂšs tendance au dĂ©but du XXe siĂšcle. Le mouvement Art dĂ©co suit la tendance platine en l’associant au diamant, au cristal de roche et Ă  l’onyx, comme le cas des cĂ©lĂšbres broches fabriquĂ©es par Raymond Templier. L’aprĂšs-PremiĂšre Guerre mondiale signe le dĂ©clin du platine remplacĂ© par l’or blanc ou or gris qui est un alliage rhodiĂ©.

Étant un mĂ©tal dur et rare, le platine est utilisĂ© pour la conception des bagues de fiançailles et de mariage. Cependant, il est concurrencĂ© par l’or qui est plus accessible. Avant la crise financiĂšre de 2008, l’once de platine valait 2 000 dollars contre 1 000 dollars pour l’or ; dix ans plus tard, la tendance s’est inversĂ©e.

Impacts écologiques et toxicologiques du platine

Il est frĂ©quent d’entendre parler du platine. Mais quels sont ses impacts ? Voici plus de dĂ©tails.

Impact écologique du platine

À l’état pur et massif, le platine ne pose pas de problĂšme de santĂ© environnementale. En effet, Ă  force d’ĂȘtre utilisĂ© comme catalyseur, le platine s’éparpille dans les diffĂ©rents compartiments de l’environnement, notamment dans l’air urbain. On dĂ©tecte Ă©galement un taux de platine Ă©levĂ© dans l’urine humaine.

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Le mĂ©tal de platine utilisĂ© dans les pots catalytiques est de plus en plus rare. Par consĂ©quent, il pourrait ĂȘtre remplacĂ© par le palladium. Ce dernier a la particularitĂ© d’ĂȘtre aussi bioassimilable que le platine.

  • Le palladium et le platine sont dĂ©tectĂ©s chez 22 espĂšces d’algues dans le littoral californien avec une teneur de 0,09 Ă  0,61 ng/g pour le palladium et 0,25 Ă  1,75 ng/g pour le platine.
  • Le ratio moyen de platine et de palladium dans les algues est de 3,5 tandis qu’il est de 4,5 dans la mer (ces algues accumulent ces deux mĂ©taux sans discrimination).

Les animaux aquatiques exposĂ©s aux sels solubles ou aux substances catalytiques ont une bioconcentration en platine. Chez le poisson Danio rerio, la platine sous forme de H2PtCl6 provoque une nĂ©crose et une lyse au niveau des cellules de la muqueuse intestinale, une fusion des villositĂ©s entre elles et des changements dans la sous-muqueuse. Les vers parasites de poissons peuvent Ă©galement bioaccumuler des platinoĂŻdes. Ils se montrent utiles pour assurer la biosurveillance fine dans les milieux aquatiques.

Le platine est moins bioassimilable que le palladium aussi bien pour la faune que pour la flore. NĂ©anmoins, sous forme de micro ou nanoparticule, il est trĂšs actif mĂȘme Ă  dose infime. Les composĂ©s biodisponibles de la platine Ă  l’état naturel sont trĂšs rares. Ils sont aujourd’hui fabriquĂ©s en grandes quantitĂ©s dans l’industrie et sont rĂ©pandus en abondance dans l’environnement. Cette propagation se fait par incinĂ©ration, par Ă©pandage de boues d’épuration ou suite Ă  la dĂ©gĂ©nĂ©rescence des pots catalytiques. 

Impact toxicologique du platine

Le platine pur ne présente pas de risque toxicologique. Ce sont ses composés sous formes biodisponibles qui peuvent se montrer hautement toxiques pour les organismes vivants.

Les effets toxiques du platine dans le monde

Entre 1993 et 1996, plusieurs analyses d’échantillon d’air et d’urine sont effectuĂ©es Ă  Munich. Ceux-ci ont permis d’obtenir les rĂ©sultats suivants :

  • une forte augmentation (triplĂ©e) de teneurs en air du platine allant jusqu’à 62 pg/m(7,3 ± 6,5 pg/m3 en 1993-1994 Ă  21,5 ± 13,8 pg/m3 en 1995-1996) ;
  • un taux moyen de platine dans l’urine de 6,5 ng/g de crĂ©atinine.

96 % des personnes testĂ©es avaient moins de 20 ng/g de crĂ©atinine et les 4 % prĂ©sentaient 4 fois plus (contaminĂ©s par les alliages dentaires or-platine qu’ils portaient).

À Mexico, le platine est en quantitĂ© croissante Ă  cause des poussiĂšres dans les zones de circulation des vĂ©hicules qui sont Ă©quipĂ©s de pots catalytiques. En Italie (sol de Naples), le taux de platine peut aller jusqu’à 52 ÎŒg/kg contre 110 ÎŒg/kg pour le palladium alors que la norme est de 6,2 ÎŒg/kg pour le platine et 17,2 ÎŒg/kg pour le palladium. À Boston, le taux de platinoĂŻdes et notamment les particules PM10 inhalĂ©es par la population est en hausse.

La hausse du taux de ces mĂ©talloĂŻdes est le rĂ©sultat des circulations intenses. En effet, la cartographie de la pollution est inter reliĂ©e Ă  celle de la densitĂ© de la circulation et du rĂ©seau routier. Les pots d’échappement catalytiques sont Ă  l’origine de la croissance des valeurs du platine. Depuis 1993, les proportions respectives de platinoĂŻdes (Pt/Pd/Rh) dans les pots catalytiques suivent des normes strictes.

Les lieux les plus susceptibles d’ĂȘtre contaminĂ©s par le platinoĂŻde

Voici les endroits les plus intoxiquĂ©s en platinoĂŻdes :

  • Les tunnels : ils contiennent de petites particules (PM10) et trĂšs petites (PM 2,5). Les PM10 qui reprĂ©sentent les 70 % des particules ne peuvent passer dans les organes humains. En revanche, les PM 2.5 qui reprĂ©sentent 22 % passent dans le sang et d’autres organes.
  • Les sĂ©diments de lacs et riviĂšres : ils renferment des platinoĂŻdes en quantitĂ© comme dans le lac proche de Boston. Ces couches de sĂ©diment ont nettement augmentĂ© son taux de platinoĂŻdes depuis l’apparition des pots catalytiques et depuis l’introduction des catalyseurs.
  • Les Ă©chantillons de neige fraĂźche : on en dĂ©tecte dans 14 endroits de la vallĂ©e d’Aspe (PyrĂ©nĂ©es) pendant deux hivers (fĂ©vrier 2003 et mars 2004). En 2004, les teneurs en Pt, Pd et Rh sont plus Ă©levĂ©es Ă  cause du parc des vĂ©hicules europĂ©ens ainsi que des activitĂ©s miniĂšres russes.
  • Les neiges et les glaces du pĂŽle nord : les taux de platines et de platinoĂŻdes ont augmentĂ© entre 1990 et 2000. Cela indique une contamination de toute la stratosphĂšre de l’hĂ©misphĂšre Nord par les platinoĂŻdes, dus Ă©galement au pot catalytique provenant des convertisseurs catalytiques d’automobiles.
  • Les tunnels routiers, les tanneries, les pots catalytiques neufs sont des sources anthropiques de contamination par l’osmium, par l’iridium et par le platine.
Les effets chroniques du platine sur la biosphĂšre

Le potentiel Ă©cotoxicologique et toxicologique du platine n’est pas encore bien dĂ©fini, mais ses effets chroniques sur la biosphĂšre sont prouvĂ©s. Tout d’abord, il est considĂ©rĂ© comme un puissant catalyseur, que ce soit sous forme de trĂšs petites particules. Pouvant se multiplier rapidement, il provoque des effets synergiques potentiels. Le platine touche tous les compartiments de l’environnement et tout l’hĂ©misphĂšre nord par son accroissement. Depuis les derniĂšres dĂ©cennies, il dispose d’une disponibilitĂ© biologique (biodisponibilitĂ©) bien plus importante. Enfin, cet Ă©lĂ©ment possĂšde un processus d’accumulation (bioaccumulation) indĂ©niable sur les nombreuses espĂšces.

Les Ă©tudes sur l’impact Ă©cologique et toxicologique du platine sont encore complexes. Pour cause, l’analyse des traces de platine, de palladium et de rhodium n’est pas complĂšte. Il existe aussi des lacunes considĂ©rables sur les rĂ©els impacts environnementaux du platine. À cela s’ajoutent les Ă©missions (industrielles ou des pots catalytiques) changeantes causĂ©es par trois facteurs. Le premier est la perte accĂ©lĂ©rĂ©e d’une partie des catalyseurs des pots catalytiques. Le deuxiĂšme est la technologie qui ne permet pas une bonne adhĂ©sion des catalyseurs. Enfin, le troisiĂšme facteur est l’utilisation de carburants inappropriĂ©s par des conducteurs.  

Production du platine

En 2008, l’offre mondiale en platine Ă©tait de 198 tonnes dont :

  • 170 tonnes dĂ©rivent de l’extraction miniĂšre ;
  • 28 tonnes proviennent du recyclage des catalyseurs automobiles.

Les entitĂ©s qui produisent du platine Ă  l’échelle internationale sont les suivantes :

  • Anglo-AmĂ©ricain avec 70 tonnes de platine produit en 2007 ;
  • Impala Platinium en Afrique du Sud avec 55 tonnes ;
  • Lonmin (ex-Lonrho) avec 22 tonnes de platine ;
  • Norilsk Nickel avec 20 tonnes.

La production de platine selon les pays de 2010 Ă  2020 :

  • Afrique du Sud : 94 Ă  148 tonnes
  • Russie : 19 Ă  25,5 tonnes
  • Zimbabwe : 8,8 Ă  15 tonnes
  • Canada : 3,9 Ă  12,5 tonnes
  • États-Unis : 3,45 Ă  4,2 tonnes
  • Autres pays : 2,3 Ă  6,5 tonnes

Cette production tend à s’achever en 2064 puisque le platine est une ressource non renouvelable.

Commerce du platine en France

En 2014, la France est devenue un importateur net de platine. À l’époque, le prix moyen au gramme de ce mĂ©tal prĂ©cieux Ă©tait de 34 â‚Ź. De nos jours, le platine vaut plus que l’or. Recevoir une rĂ©compense de platine symbolise d’ailleurs un trophĂ©e hautement prestigieux.


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