X

Or (élément)

element-chimique-79-or

CaractĂ©ristiques de l’Or

  • Symbole : Au
  • Masse atomique : 196,966 569 ± 4 × 10−6 u
  • NumĂ©ro CAS : 7440-57-5
  • Configuration Ă©lectronique : [Xe] 4f14 5d10 6s1
  • NumĂ©ro atomique : 79
  • Groupe : 11
  • Bloc : Bloc d
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©tal de transition
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,54
  • Point de fusion : 1 064,18 °C

Voir les produits associĂ©s Ă  l’Or.

L’Or, Ă©lĂ©ment atomique n°79 de symbole Au : histoire, origines, isotopes, chimie, propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques, usage, production, Ă©conomie et marchĂ©.

L’or est connu sous le symbole Au, reprĂ©sentation choisie par le savant suĂ©dois Jöns Jacob Berzelius. De numĂ©ro atomique 79, cet Ă©lĂ©ment chimique est Ă  la fois un mĂ©tal noble et un mĂ©tal prĂ©cieux. De couleur jaune d’or, il est pur et dense. Cette matiĂšre est aussi ductile et molle, ce qui la rend facile Ă  travailler. D’un point de vue chimique, l’or est un mĂ©tal de transition pouvant former des cations trivalents et monovalents en solution. Moins rĂ©actif que les autres mĂ©taux de transition, il peut toutefois ĂȘtre attaquĂ© par l’eau rĂ©gale et les solutions alcalines de cyanure. Comme cet Ă©lĂ©ment dissout l’argent et les mĂ©taux communs, il est possible de l’isoler et de le purifier. L’or est connu des Hommes depuis l’Ancien Monde. Ses applications touchent plusieurs domaines, dont l’industrie, l’économie, l’art, la mĂ©decine et l’alimentation. Cependant, sa principale utilisation reste la thĂ©saurisation. Les banques centrales du monde stockent environ 31 850 t d’or en 2004. En 2010, prĂšs de 40 % de l’or mondial sont dĂ©tenus dans la zone euro, et 30 %, par les États-Unis.

Histoire de l’Ă©lĂ©ment Or

Étymologie

Tout comme le mot « or », le symbole Au vient du latin aurum qui signifie « de mĂȘme sens ». Ce terme est aussi Ă  l’origine de l’adjectif « aurifĂšre » qui qualifie un corps ou une matiĂšre contenant de l’or. L’orthographe « aur » avait parfois Ă©tĂ© utilisĂ©e dans les anciens textes français. Les langues germaniques employaient plutĂŽt les mots « geld », « gyld » ou « gold ».

GĂ©nĂ©ralement, cet Ă©lĂ©ment chimique reprĂ©sente l’émanation d’une matiĂšre solaire et cĂ©leste. La Nubie est considĂ©rĂ©e comme le pays de l’or. Cette rĂ©gion s’étendant le long du Nil a Ă©tĂ© conquise par les anciens Égyptiens, et ce, par la violence.

element-or-01

Dans l’Ancien Monde

Depuis la nuit des temps, l’élĂ©ment or est considĂ©rĂ© comme le mĂ©tal prĂ©cieux par excellence. Incorruptible, il fait partie des mĂ©taux nobles, car il est peu sensible Ă  l’oxydation et Ă  la corrosion. L’un des plus anciens objets Ă  base de cette matiĂšre date du milieu du Ve millĂ©naire av. J.-C. Il a Ă©tĂ© dĂ©couvert Ă  l’est de la Bulgarie, dans la nĂ©cropole de Varna.

Le Moyen-Orient et l’Égypte ont prĂ©cocement accordĂ© Ă  l’or un rĂŽle monĂ©taire. En Europe, ce mĂ©tal occupe une place importante Ă  partir du IIIe millĂ©naire av. J.-C. Enroulements, fils d’or, perles annulaires
, de luxueuses piĂšces d’orfĂšvrerie ouvragĂ©es remplissaient les tombes collectives.

À la fin de la PrĂ©histoire, pendant le Chalcolithique, les peuples atlantiques portaient des parures en or pour dĂ©montrer probablement leur pouvoir. Celles-ci associaient perles hĂ©licoĂŻdales, pointes de flĂšche, colliers Ă  lamelles dĂ©coupĂ©es aux armes et lunules. L’ñge du bronze a ensuite Ă©tĂ© marquĂ© par la diversification des objets : diadĂšmes, bracelets, torques, vaisselles
 La fouille de certaines tombes individuelles (dont celles des princes armoricains) a, par exemple, menĂ© Ă  la dĂ©couverte des urnes Ă  bronze. Cette pĂ©riode est aussi caractĂ©risĂ©e par l’essor de la thĂ©saurisation de l’or par offrande, enfouissement ou utilisation d’une cachette provisoire. Ces emplacements servaient de dĂ©pĂŽts indĂ©pendants d’art funĂ©raire. Pendant la pĂ©riode du bronze moyen (1600-1350 av. J.-C.), les dĂ©pĂŽts d’or deviennent communs. Les sĂ©pultures contiennent de moins en moins de vrais bijoux d’or comme le prouvent les tumuli de la forĂȘt de Haguenau et les tombes du Midi français. À la fin de l’ñge du bronze, les dĂ©pĂŽts d’or et les reliquats funĂ©raires se sont rarĂ©fiĂ©s. Ensuite, Ă  l’ñge du fer, l’or Ă©tait moins utilisĂ©. Les tumuli des territoires celtes de la pĂ©riode hallstattienne (premier Ăąge du fer) regroupent cependant des coupes en or et des armes incrustĂ©es d’or. Les rĂ©gions les plus concernĂ©es Ă©taient le sud de l’Allemagne, la France, la Suisse
 AprĂšs 550 av. J.-C., des tombes princiĂšres Ă  char de parade ou Ă  coque de navire contenaient de rutilants objets en or. Ces derniers Ă©taient posĂ©s prĂšs de diverses armes en fer et Ă  cĂŽtĂ© de plaques de ceinture et de piĂšces en bronze. Pendant la pĂ©riode de La TĂšne (second Ăąge du fer), les tertres princiers deviennent rares, mais conservent toutefois des objets en bronze, en fer et en or.

Histoire des techniques

Avec le bronze et le cuivre, l’élĂ©ment or fait partie des premiers mĂ©taux colorĂ©s travaillĂ©s par les mĂ©tallurgistes de l’AntiquitĂ©. Dans toutes les grandes civilisations, ce mĂ©tal prĂ©cieux sert aux cĂ©rĂ©monies religieuses et Ă  la parure des puissants. Cela s’explique, entre autres, par l’assimilation de cette matiĂšre au disque solaire divinisĂ©. Les tombes Ă©gyptiennes renfermaient des amulettes en or Ă  toutes les grandes Ă©poques de l’Égypte antique. Les pharaons Toutankhamon et RamsĂšs ont Ă©tĂ© enterrĂ©s avec des masques mortuaires en or et d’autres parures.

Pourtant, trĂšs peu d’or Ă©tait disponible Ă  cette Ă©poque. En Égypte, l’extraction de ce mĂ©tal Ă©tait rĂ©alisĂ©e dans des lieux dĂ©sertiques et sans eau. Les mĂ©thodes adoptĂ©es et les conditions difficiles avaient coĂ»tĂ© la vie Ă  plusieurs travailleurs Ă©tant donnĂ© l’inexistence d’esclaves dans l’Égypte ancienne. Les grandes puissances obtenaient de l’or aprĂšs une attaque militaire fructueuse ou par le biais des tributs. L’Égypte a obtenu une importante quantitĂ© d’or aprĂšs avoir vaincu les HyksĂŽs, un groupe pluriethnique vivant dans l’Asie de l’Ouest. Au dĂ©but du IIe siĂšcle, la victoire de Rome durant les guerres daciques de Trajan lui a permis de rapporter un butin constituĂ© de 180 t d’or et de 350 t d’argent. L’Allemagne a Ă©tabli son systĂšme monĂ©taire sur la rançon de 967 t d’or payĂ©e par la France aprĂšs la dĂ©faite de 1871.

Pendant l’AntiquitĂ©, l’élĂ©ment or Ă©tait utilisĂ© pour fabriquer la premiĂšre monnaie classique de l’Histoire. En effet, les rois lydiens confectionnaient des piĂšces plates rondes en Ă©lectrum, un alliage naturel d’argent et d’or. Les piĂšces les plus lourdes, les statĂšres, pesaient environ 10,9 g et contenaient entre 50 et 60 % d’or. Les numismates ne s’accordent pas sur la date exacte de l’édition de ces piĂšces, mais la situent entre 700 et 550 av. J.-C. L’or sortait du temple et du palais lydien Ă  destination des particuliers. Ce type d’usage s’est rĂ©pandu en Perse, en GrĂšce centrale, puis dans le reste du monde antique pendant l’époque hellĂ©nistique. Ces monnaies ont gagnĂ© en valeur et ont pris le dessus par rapport Ă  celles en cuivre, en bronze et en argent. En Occident, l’or Ă©tait employĂ© comme monnaie jusqu’en 1973, annĂ©e durant laquelle son rĂŽle de monnaie de rĂ©serve internationale lui a Ă©tĂ© retirĂ©.

Utilisation religieuse de l’or

MalgrĂ© cet Ă©vĂšnement marquant, l’utilisation religieuse de l’or perdure encore durant des siĂšcles. Par exemple, les saints sont dotĂ©s d’une aurĂ©ole jaune, cercle tirant son origine Ă©tymologique du mot latin aureola qui signifie « dorĂ© ». Comme les Grecs, les Germains posaient une piĂšce d’or dans la bouche de leurs chefs avant de les enterrer. L’or se retrouvait sur des piĂšces appartenant Ă  de hautes classes sociales : les boucles, les bagues, les fibules, les armes, les sceaux
 La vaisselle en or servait Ă  la fois de rĂ©serve monĂ©taire et d’apparat lors des cĂ©rĂ©monies.

L’accĂšs Ă  l’or a Ă©tĂ© compliquĂ© pour l’Occident en raison des conquĂȘtes sassanides et arabes. Bien que la monnaie en or ait dominĂ© le bimĂ©tallisme jusque-lĂ , l’argent l’a largement dĂ©passĂ© vers le VIIIe siĂšcle. La diffusion de ce mĂ©tal prĂ©cieux dans le monde occidental connut un nouvel Ă©lan au XIe siĂšcle en MĂ©diterranĂ©e. Venise eut l’idĂ©e de bĂątir sa fortune sur l’arbitrage entre la forte demande en argent et en or de l’Orient et celle de l’Occident.

De la Haute AntiquitĂ© Ă  la Renaissance, les alchimistes ont essayĂ© de crĂ©er de l’or Ă  partir d’autres matiĂšres comme le mercure et le plomb. Ils ont explorĂ© la chrysopĂ©e pour transmuter des mĂ©taux vils en or, et ce, en recourant Ă  la pierre philosophale.

Le Nouveau Monde et l’économie bimĂ©tallique

La conquĂȘte du continent amĂ©ricain fut rapide en raison de la recherche d’or. Le conquistador espagnol HernĂĄn CortĂ©s s’est attaquĂ© Ă  l’Empire aztĂšque, au Mexique, afin de s’emparer de l’or de l’empereur. Il a ensuite envoyĂ© une quantitĂ© importante de ce mĂ©tal prĂ©cieux au roi d’Espagne, Charles Quint. Une partie de ce butin a Ă©tĂ© expĂ©diĂ©e sous forme de bijoux. Cependant, la grande majoritĂ© a Ă©tĂ© fondue en vue de financer les conquĂȘtes militaires espagnoles. Charles Quint prĂ©levait l’impĂŽt dĂ©nommĂ© « Quinto Real » qui Ă©quivaut Ă  20 % de l’or extrait. Le mĂ©tal prĂ©cieux Ă©manant des mines du Nouveau Monde a permis Ă  l’Espagne et au Portugal d’accumuler une vĂ©ritable richesse au dĂ©but de la pĂ©riode moderne. Puis, d’autres nations europĂ©ennes comme la Grande-Bretagne et la France ont aussi profitĂ© de ce mĂ©tal. La lĂ©gende de l’Eldorado a alors vu le jour Ă  cette Ă©poque.

L’exploitation des mines d’argent europĂ©ennes Ă©tait Ă  la fois technique et onĂ©reuse. Elle a Ă©tĂ© abandonnĂ©e suite Ă  la dĂ©couverte et Ă  la mise en valeur des mines d’argent de Potosi. Cela a diminuĂ© le dĂ©sĂ©quilibre causĂ© par l’excĂšs d’or dĂ©coulant de la violente conquĂȘte amĂ©ricaine.

L’élĂ©ment or s’est donc trouvĂ© Ă  la base de toutes les politiques monĂ©taires. En 1640, le Louis d’Or devient le symbole mondial des placements refuges. L’inventeur de cette piĂšce d’or française, Claude de Bullion, a d’ailleurs donnĂ© son nom au marchĂ© londonien de mĂ©taux prĂ©cieux. Le systĂšme monĂ©taire de l’étalon-or a reposĂ© sur ce mĂ©tal prĂ©cieux avant que les accords de Bretton Woods ne l’annulent en 1971.

Cependant, l’élĂ©ment or amĂ©ricain demeure ultra rare. L’emballement spĂ©culatif des annĂ©es 1780 pour les actions de la Banque de Saint-Charles de Madrid rĂ©alisĂ© sous le rĂšgne de Louis XVI le prouve. Celles-ci profitaient de la pĂ©nurie de monnaie mĂ©tallique. Le ministre des Finances, Charles-Alexandre de Calonne, a mĂȘme demandĂ© Ă  ce que le TrĂ©sor royal rachĂšte les actions de cette banque, dont il est lui-mĂȘme actionnaire.

Les ruĂ©es vers l’or des XVIIIe et XIXe siĂšcles

AprĂšs le dĂ©senclavement du monde au dĂ©but des Temps modernes, l’économie monĂ©taire fut marquĂ©e par plusieurs ruĂ©es vers l’or, ou « gold rushes » en anglais. Celle du BrĂ©sil en 1725, celle de la Russie en 1750 ainsi que celles de la SibĂ©rie et de l’Australie en 1840 sont les plus importantes.

Une ruĂ©e vers l’élĂ©ment or a Ă©galement eu lieu au milieu du XIXe siĂšcle en Californie. D’une part, elle a jouĂ© un rĂŽle important dans la conquĂȘte de l’Ouest amĂ©ricain. D’autre part, elle a favorisĂ© la croissance Ă©conomique et dĂ©mographique de plusieurs villes californiennes telles que San Francisco. Les villes miniĂšres situĂ©es dans des zones trop reculĂ©es furent abandonnĂ©es dĂšs que leur source de richesse s’est tarie. Les murs de certaines de ces villes fantĂŽmes ont Ă©tĂ© prĂ©servĂ©s grĂące Ă  l’ariditĂ© du climat local.

Deux autres ruĂ©es vers l’or ont Ă©galement marquĂ© l’histoire : celles de l’Afrique du Sud et de l’Alaska en 1885.

De nos jours

La nuclĂ©osynthĂšse est l’ensemble des rĂ©actions nuclĂ©aires produites par la synthĂšse de noyaux atomiques. RĂ©alisĂ©e pour la premiĂšre fois en 1941, celle de l’or consista Ă  bombarder des atomes de mercure avec des neutrons. Elle fut artificielle. Ce procĂ©dĂ© prĂ©sente deux inconvĂ©nients majeurs, Ă  commencer par la radioactivitĂ© des isotopes d’or obtenus. Puis, le coĂ»t de la production est plus Ă©levĂ© que le prix de ce mĂ©tal prĂ©cieux. Comme les atomes de mercure doivent ĂȘtre changĂ©s un Ă  un, cette technique n’est pas viable d’un point de vue commercial.

AprĂšs l’abandon du bimĂ©tallisme or-argent dans les annĂ©es 1870, l’or est devenu un Ă©talon monĂ©taire exclusif. Cependant, ce systĂšme monĂ©taire est abandonnĂ© aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale. Il a Ă©tĂ© remplacĂ© par un Ă©talon de change or avec les accords de Bretton Woods signĂ©s en 1944. AppelĂ© « Gold Exchange Standard » en anglais, ce systĂšme a Ă©tabli la convertibilitĂ© du dollar en or et des autres monnaies en dollar. MenĂ©e par les États-Unis en 1971, la suspension de cette convertibilitĂ© a conduit le FMI Ă  dĂ©monĂ©tiser ce mĂ©tal prĂ©cieux. Les accords de la JamaĂŻque signĂ©s en 1976 ont entĂ©rinĂ© cette dĂ©monĂ©tisation.

Cela n’empĂȘche pas les principales banques centrales de rĂ©aliser des rĂ©serves d’or monĂ©taire par prĂ©caution. La rĂ©serve fĂ©dĂ©rale de New York est la plus grande rĂ©serve mondiale d’or monĂ©taire, bien que celle de Fort Knox soit la plus cĂ©lĂšbre. En 1995, le stock d’or dans les banques Ă  travers le monde se chiffrait Ă  910 millions d’onces.

element-or-02

Cela Ă©quivaut Ă  un cube d’environ 12 m d’arĂȘte. Ainsi, l’élĂ©ment or conserve un rĂŽle Ă©conomique majeur. Sa cotation dans les bourses occidentales (Tokyo, Londres et New York) le prouve. Les transactions effectuĂ©es sur cette valeur, surtout en temps de crise, servaient d’important baromĂštre Ă©conomique.

L’or garde sa fonction artistique dans les bijoux, les mĂ©dailles et la dorure. Il maintient Ă©galement son Ă©norme pouvoir symbolique, car les sports modernes l’utilisent encore comme rĂ©compense suprĂȘme. Il est possible d’en voir aux Jeux olympiques, lors des compĂ©titions de football, etc. Plusieurs ateliers, dont les LEONIS, utilisent encore la mĂ©thode de dorure traditionnelle au mercure ou Ă  la feuille. Les experts peuvent former un fil fin de 3 000 m de long et couvrir une superficie de 1 mÂČ avec un gramme d’or. Ce dernier est aplati en une feuille de 1⁄15 ÎŒm d’épaisseur. L’or joue Ă©galement un rĂŽle technique dans la fabrication de divers produits, notamment les piĂšces Ă©lectroniques comme les microprocesseurs. Enfin, la dĂ©monĂ©tisation n’impacte pas la thĂ©saurisation en or qui reste une solution d’épargne de prĂ©caution de premier choix.

Isotopes

L’élĂ©ment or compte 34 isomĂšres nuclĂ©aires et 37 isotopes connus, dont le nombre de masses varie entre 169 et 205. Le 197Au est l’unique isotope stable. Comme l’or est mononuclĂ©idique et monoisotopique, cet isotope constitue la totalitĂ© de l’or prĂ©sent Ă  l’état naturel. Depuis que le bismuth ne possĂšde plus d’isotope stable, l’or est devenu l’élĂ©ment chimique monoisotopique le plus lourd. Sa masse atomique standard correspond donc Ă  celle du 197Au : 196,966 569(5) u.

Origine stellaire et prĂ©sence sur Terre de l’Or

L’élĂ©ment or provient de la nuclĂ©osynthĂšse stellaire effectuĂ©e par des gĂ©nĂ©rations d’étoiles qui se sont succĂ©dĂ© depuis plus de 12 milliards d’annĂ©es. Sa formation par processus r au sein des Ă©toiles s’explique de deux maniĂšres. Cela peut arriver pendant l’explosion d’une supernova ou bien au cours d’une collision/fusion de deux Ă©toiles Ă  neutrons. Les spĂ©cialistes privilĂ©gient la deuxiĂšme hypothĂšse d’aprĂšs les rĂ©sultats de deux Ă©tudes. Une simulation numĂ©rique rĂ©alisĂ©e en 2011 a mis en Ă©vidence la corrĂ©lation de l’abondance des noyaux d’or avec la fusion de deux Ă©toiles Ă  neutrons. L’étude de la galaxie naine RĂ©ticule II menĂ©e en 2016 a fourni des rĂ©sultats dans ce sens.

Tout comme les mĂ©taux du groupe du platine, ce mĂ©tal prĂ©cieux gĂ©ochimique sidĂ©rophile est concentrĂ© dans le noyau de la Terre. Sa prĂ©sence dans la croĂ»te terrestre est extrĂȘmement rare, comme le prouve son clarke de 5 mg/t. À titre de rappel, le clarke d’un Ă©lĂ©ment chimique est sa teneur moyenne dans la croĂ»te terrestre en gĂ©nĂ©ral. L’or s’accumule surtout dans les zones oĂč passent les fluides chauds provenant du manteau terrestre. Toutefois, ces Ă©tudes avancent que cette concentration en or dans l’écorce terrestre est beaucoup trop Ă©levĂ©e. ComparĂ©e Ă  ce qu’elle devrait ĂȘtre, la concentration est entre cent et mille fois plus importante. Elle rĂ©sulterait donc du GBT (grand bombardement tardif) ayant eu lieu il y a 3,8 ou 4 milliards d’annĂ©es.

L’élĂ©ment or est un minĂ©ral de structure cubique compacte avec une densitĂ© de 19,3 et une faible duretĂ© comprise entre 2,5 et 3. C’est la raison pour laquelle il est mallĂ©able et ductile. À l’état natif, ce mĂ©tal prend souvent la forme de poussiĂšres, de paillettes, de granules ou de grains. Il se prĂ©sente rarement en octaĂšdres, en cubes, en grosses pĂ©pites ou en masses informes enveloppĂ©es de quartz et de sulfures mĂ©talliques. Il convient de procĂ©der par Ă©rosion mĂ©canique pour rĂ©duire ces masses en paillettes ou en poudre. En fonction de sa puretĂ©, la couleur Ă  reflet mĂ©tallique brillant de l’or varie de jaune d’or Ă  jaune rouge. Ce mĂ©tal devient jaune pĂąle lorsqu’il contient une forte proportion d’argent. Le cas Ă©chĂ©ant, on l’appelle Ă©lectrum ou or argentifĂšre.

À l’état natif, les occurrences typiques de l’or sont le filon aurifĂšre et souvent le filon argentifĂšre. Il est inclus et dispersĂ© dans les roches ultrabasiques et les massifs de roches magmatiques plutoniques comme les granites, les diorites et les granodiorites. Il est Ă©galement prĂ©sent dans les dĂ©pĂŽts alluvionnaires Ă©manant de l’érosion fluviale des roches mĂšres ci-dessus. Il y est disponible sous forme de poudre, de grains plus ou moins gros, de sable aurifĂšre ou de rare pĂ©pite. Il peut aussi prendre des formes massives pesant jusqu’à des centaines de kilogrammes. Les minerais (mĂȘme s’ils sont rares) et les tellurures d’or tels que la sylvanite et la calavĂ©rite existent Ă©galement.

L’eau de mer contient aussi de l’or prĂ©sentĂ© sous forme de chlorures, avec une teneur Ă  hauteur de 10-8 g/cm3.

La rĂ©partition de l’élĂ©ment or Ă  la surface de la Terre est inĂ©gale. La teneur en or de certaines roches avoisine un million de fois le taux de concentration moyen d’un milligramme par tonne. Cette rĂ©partition inĂ©gale s’explique par plusieurs mĂ©canismes, dont l’orogenĂšse. En effet, lors des variations de pression, des sĂ©ismes peuvent former de l’or orogĂ©nique qui se dĂ©pose et crĂ©e des filons pour remplir les failles. Par ailleurs, la mobilisation et la concentration de l’or sont aussi possibles quand les complexes formĂ©s Ă  la suite de sa solubilisation se dĂ©composent. Les chlorures, les sulfures et surtout l’anion radicalaire S3 prĂ©sents dans la croĂ»te terrestre sont les agents capables de procĂ©der Ă  cette solubilisation. Quoi qu’il en soit, une zone prĂ©sente un intĂ©rĂȘt d’exploitation lorsque le taux de concentration de la roche dĂ©passe 1 g/t. Vers la fin de l’annĂ©e 2010, la quantitĂ© d’or extraite depuis le dĂ©but de cette activitĂ© est estimĂ©e Ă  166 000 t. On peut l’imaginer sous forme d’un cube d’environ 20 m d’arĂȘte, qui peut ĂȘtre disposĂ© sous la tour Eiffel. En 1993, les rĂ©serves d’or dĂ©tenues par toutes les banques s’élevaient seulement Ă  35 000 t. En 2010, les stocks miniers Ă©taient Ă©valuĂ©s Ă  51 000 t, dont 26 % Ă©taient partagĂ©s entre l’Australie et l’Afrique du Sud. Cette derniĂšre a Ă©tĂ© dĂ©trĂŽnĂ©e par la Chine en 2007, mĂȘme si elle a Ă©tĂ© le premier pays producteur mondial d’or pendant longtemps. Depuis, l’Empire du Milieu garde la premiĂšre place grĂące Ă  la dĂ©couverte d’importants filons assurant 13,8 % de la production mondiale en 2010. Elle a Ă©tĂ© suivie par l’Australie, les États-Unis, l’Afrique du Sud/la Russie et le PĂ©rou. Ces pays ont respectivement assurĂ© 10,2 %, 9,2 %, 7,6 % et 6,8 % de cette production.

Corps simple

L’élĂ©ment or pur est Ă  la fois tendre et dense. Ce cristal Ă  rĂ©seau cubique Ă  faces centrĂ©es obtient un grand Ă©clat, une fois poli. Chimiquement, il est ultra stable et relativement inerte. En effet, il ne s’oxyde ni dans l’eau, ni Ă  l’air, ni dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression. La prĂ©servation de son Ă©clat ne fait que confirmer sa valeur, surtout esthĂ©tique, selon l’ensemble des cultures humaines. Toutefois, ce mĂ©tal peut former de l’oxyde d’or en milieu rĂ©actif ou sous haute pression.

Propriétés physiques

La rĂ©sistivitĂ© de l’or est de 22 x 10-9 Ω m. Ce mĂ©tal prĂ©cieux est un excellent conducteur thermique et Ă©lectrique. Cependant, sa conductivitĂ© Ă©lectrique (70 %) est moins Ă©levĂ©e que celle de l’argent (106 %).

Conduction électrique et thermique

Bien que l’élĂ©ment or fasse partie des meilleurs mĂ©taux conducteurs, ses utilisations sont limitĂ©es en raison de son coĂ»t Ă©levĂ© liĂ© Ă  sa raretĂ©. En matiĂšre de conductivitĂ© Ă©lectrique, il est le troisiĂšme (45,2 x 106 S.m-1) aprĂšs le cuivre (59,6 x 106 S.m-1) et l’argent (63 x 106 S.m-1). Son caractĂšre inoxydable en tempĂ©rature ambiante le rend efficace pour les contacts Ă©lectroniques sous forme de plaquage ultra mince.

Comme il est inoxydable, inaltĂ©rable et hautement ductile, l’or intervient dans l’établissement des connexions. Avec le fer, il forme aussi un alliage utilisĂ© dans des thermocouples lors des sondes de tempĂ©rature.

element-or-03
Couleurs et caractéristiques optiques

Bien que la plupart des mĂ©taux purs soient blanc argentĂ© ou gris, l’élĂ©ment or est jaune mĂ©tallique. Il a des reflets complexes qui lui donnent la caractĂ©ristique « dorĂ©e ». Cette couleur particuliĂšre Ă©mane de la densitĂ© de ses Ă©lectrons de valence qui sont faiblement liĂ©s. Ces derniers forment un plasma dans le matĂ©riau et subissent des fluctuations modĂ©lisĂ©es par des quasi-particules dĂ©nommĂ©es plasmons. Pour l’or, la frĂ©quence de ces fluctuations se trouve dans le spectre visible Ă  cause des effets relativistes affectant les orbitales atomiques situĂ©es autour de l’atome. Ce mĂȘme effet provoque le reflet dorĂ© de l’élĂ©ment chimique cĂ©sium.

Une feuille ou une lame d’or qui est assez fine pour ĂȘtre translucide est de couleur bleu-vert lorsqu’elle est observĂ©e en transmission par transparence. En effet, les couleurs rouge, orange et jaune sont rĂ©flĂ©chies par le matĂ©riau.

L’élĂ©ment or est aussi facilement polissable et rĂ©flĂ©chit grandement les rayons infrarouges.

Ce mĂ©tal forme des alliages de diffĂ©rentes couleurs avec l’argent et le cuivre. Cette coloration varie en fonction de la proportion des composants. Il est aussi possible de produire de l’or gris ou de l’or blanc Ă  partir d’alliages comportant du nickel, du platine et du palladium. Étant allergĂ©nique, l’usage du nickel en France est rĂ©glementĂ© depuis le dĂ©but du XXIe siĂšcle. Technique moins connue, mais possible, l’addition de fer, de manganĂšse, d’indium, d’aluminium et d’autres Ă©lĂ©ments chimiques donne des couleurs plus rares aux alliages.

Propriétés mécaniques

Les atomes d’or s’empilent selon une structure cristalline appelĂ©e cubique Ă  faces centrĂ©es. Celle-ci a de nombreux plans cristallographiques denses, ce qui facilite la dĂ©formation plastique du matĂ©riau. En effet, cette dĂ©formation est possible Ă  la suite du glissement des dislocations dans les plans denses. Ainsi, les cristaux cubiques Ă  faces centrĂ©es sont gĂ©nĂ©ralement ductiles. Tel est le cas de l’aluminium, du plomb, etc. Au vu de sa mallĂ©abilitĂ©, une once d’or fin peut produire une feuille de 8 mÂČ (environ 0,2 ”m d’Ă©paisseur).

Bon Ă  savoir : une once correspond Ă  31,1 g.

Comme l’or pur se dĂ©forme aisĂ©ment Ă  froid, que ce soit par Ă©tirement ou par martelage, il se coupe facilement. De ce fait, ce mĂ©tal a Ă©tĂ© employĂ© sous forme de fines feuilles (obtenues par laminage) pour plaquer des ornements et des bijoux. Il a aussi Ă©tĂ© exploitĂ© sous forme de fil (obtenu par trĂ©filage) en matiĂšre de dĂ©coration. Tel est le cas du dĂŽme des Invalides Ă  Paris qui est dorĂ© Ă  la feuille. En revanche, l’or pur est rarement utilisĂ© dans la fabrication d’outils en raison de sa faible tenue mĂ©canique.

Une structure cristalline composĂ©e d’atomes d’or ne fond pas si elle est chauffĂ©e Ă  une tempĂ©rature dĂ©passant le milliard de degrĂ©s. Au contraire, les expĂ©riences prouvent qu’elle devient plus rĂ©sistante, car son point de fusion augmente temporairement.

Alliages

En joaillerie, il est possible de mĂ©langer l’or avec un ou plusieurs autres mĂ©taux afin d’augmenter sa rigiditĂ© et d’obtenir diffĂ©rentes teintes. Les plus utilisĂ©s en alliage sont l’argent, le cuivre, le nickel, le zinc, le platine et le manganĂšse. La proportion des composants varie d’un pays Ă  l’autre. En GrĂšce et aux États-Unis, l’or est dit « Ă  14 carats » lorsqu’il renferme 585/1 000 d’or. En France, quand le produit contient de l’or, de l’argent, du platine ou du palladium, le mĂ©tal prĂ©cieux employĂ© et son titre exprimĂ© en milliĂšmes doivent accompagner l’indication du prix. Auparavant, il importait de distinguer l’or « 18 carats » (750/1 000 ou plus) de l’alliage d’or (moins de 18 carats = 750/1 000).

Ci-dessous les proportions de mĂ©taux contenues dans l’or 18 carats.

  • L’or jaune contient 75 % d’or, 12,5 % d’argent et 12,5 % de cuivre.
  • L’or rose est constituĂ© de 75 % d’or, de 5 % d’argent et de 20 % de cuivre.
  • L’or gris est habituellement composĂ© de 75 % d’or, de l’argent et parfois du palladium.
  • L’or bleu est un alliage constituĂ© de fer et d’or. Sa couleur azur provient du traitement thermique oxyde des atomes de fer Ă  la surface du mĂ©tal.
  • L’or blanc de joaillerie est un terme souvent employĂ© pour dĂ©signer l’or gris. Il est dotĂ© d’une fine couche de rhodium. Lorsque celle-ci disparaĂźt avec le temps, le produit devient gris-jaune.

D’autres alliages sont aussi possibles et l’or acquiert des couleurs variĂ©es, en fonction des mĂ©taux. Il devient saumon avec le platine, jaune-vert avec le zinc, vert avec le cadmium et violet pourpre avec l’aluminium.

Les techniques de dorure Ă  la feuille nĂ©cessitent que l’alliage demeure le plus mou possible. Ainsi, plusieurs compositions sont possibles, Ă  commencer par l’or jaune contenant 98 % d’or, 1 % d’argent et 1 % de cuivre.

L’or rouge comporte 94,5 % d’or et 5,5 % de cuivre et l’or œ jaune, 91,5 d’or, 6 % d’argent et 2,5 % de cuivre.

L’or citron contient 94,5 % d’or et 5,5 % d’argent, tandis que l’or gris possùde 75 % d’or, 15 % de palladium et 10 % d’argent.

L’or noir est constituĂ© d’or blanc recouvert d’une couche de rhodium ou de ruthĂ©nium.

L’or blanc français, quant Ă  lui, est composĂ© de 80 % d’argent et de 20 % d’or. Cette proportion devient 50-50 dans les autres pays d’Europe.

Le batteur d’or est le fabricant de feuilles d’or trĂšs fines destinĂ©es Ă  l’ornement d’objets et de monuments. Il peut crĂ©er ses propres alliages, avec la possibilitĂ© de ne pas respecter Ă  la lettre ces standards.

Depuis 1980, l’or employĂ© sur les circuits Ă©lectroniques des tĂ©lĂ©phones portables et des ordinateurs est recyclĂ© sous forme de lingot. Il peut aussi ĂȘtre triĂ©, fondu, affinĂ© et reconditionnĂ© sous forme d’alliage contenant 5 % d’or.

element-or-04

Propriétés chimiques

Une des caractĂ©ristiques importantes de l’or est l’inertie chimique. Autrement dit, il rĂ©siste aux frottements contre le corps humain et aux diverses agressions chimiques gazeuses ou liquides. Cette capacitĂ© permet donc Ă  l’or mĂ©tallique de rĂ©sister aux attaques du dioxygĂšne. Ce mĂ©tal ne se ternit pas et ne s’oxyde pas, quelle que soit la tempĂ©rature.

L’élĂ©ment or rĂ©siste aussi Ă  l’action d’autres produits chimiques, notamment la plupart des acides et les bains alcalins fondus en absence d’oxydants. Exceptionnellement, il se dissout facilement en prĂ©sence de cyanure et d’eau rĂ©gale. Cette derniĂšre est un mĂ©lange d’acide nitrique et d’acide chlorhydrique. Par ailleurs, il est possible de graver l’or avec une solution de Lugol.

Ces rĂ©actions au chlore gazeux, aux cyanures alcalins et Ă  l’eau rĂ©gale s’expliquent par la stabilitĂ© relative des complexes d’or obtenus. Ces derniers sont pourtant assez instables et se dĂ©composent sous le simple effet de la chaleur.

ComposĂ©s et chimie de l’or

Comme l’élĂ©ment or est un mĂ©tal noble, son degrĂ© d’oxydation est gĂ©nĂ©ralement de l’ordre de 0. Toutefois, il peut varier de -I Ă  +V dans divers composĂ©s. Les ions AuI et AuIII sont majoritaires, alors que ceux Au−I, AuII et AuV sont nettement plus rares. L’or est prĂ©sent dans les Ă©tats I et III dans presque tous les composĂ©s oĂč son nombre d’oxydations semble ĂȘtre +II. Par exemple, le chlorure d’or(I,III) de formule AuCl2 n’est rien d’autre que le tĂ©tramĂšre AuI2AuIII2Cl8. Sa couleur sombre est issue des Ă©changes de charge entre AuIIIet AuI. Par ailleurs, l’AuV apparaĂźt seulement dans le fluorure d’or(V) et l’anion AuF6 en solution.

Ion aureux

Un composĂ© est dit « aureux » quand l’or est monovalent. Il s’agit de la premiĂšre forme courante de ce mĂ©tal prĂ©cieux lorsqu’il est oxydĂ©. L’Au(I) se trouve sur des ligands doux comme les thiolates, les thioĂ©thers et les phosphines tertiaires. Ses composĂ©s sont souvent linĂ©aires.

L’élĂ©ment or est solubilisĂ© sous forme du complexe dicyanoaurate Au(CN)2− pendant la cyanuration des sables aurifĂšres. L’ion Au(I) se retrouve dans ce complexe.

Le dicyanoaurate de potassium est un composĂ© chimique de formule K[Au(CN)2]. Il s’agit du sel de dicyanoaurate(I) [Au(CN)2]− et de potassium K+ qui contient 68,2 % d’or en masse. Il est incolore, particuliĂšrement toxique et soluble dans l’eau. Ce sel s’obtient par dissolution anodique de l’or dans du cyanure de potassium KCN. Il est utilisĂ© en industrie de matĂ©riel Ă©lectrique et en bijouterie pour les bains de dorure galvanique.

Il existe peu de complexes aqueux de l’ion aureux. Les halogĂ©nures d’or binaires tels que l’AuCl donnent des chaĂźnes polymĂšres en zigzag, derechef propres Ă  la coordination linĂ©aire de l’ion monovalent Au(I). La majoritĂ© des mĂ©dicaments contenant de l’or sont des dĂ©rivĂ©s de ce dernier.

L’ion Au+ est capable d’interagir avec lui-mĂȘme afin de former des polymĂšres, dont l’Au(CN)2-, par le biais d’interaction faible dĂ©nommĂ©e interaction aurophilique. La crĂ©ation de matĂ©riaux photoluminescents en chimie supramolĂ©culaire fait appel Ă  cette particularitĂ©.

Ion aurique

L’or oxydĂ© prend Ă©galement la forme d’ion aurique Au(III) et apparaĂźt dans la crĂ©ation de certains composĂ©s comme le chlorure d’or(III). Son dĂ©rivĂ©, l’acide tĂ©trachloraurique HAuCl4, se forme lors de la dissolution de l’or dans de l’eau rĂ©gale. La configuration des complexes auriques se fait typiquement en carrĂ© plat. Tel est le cas de la plupart des composĂ©s ayant une configuration Ă©lectronique d.

L’ion aurique se dĂ©tecte par la pourpre de Cassius, un pigment minĂ©ral rouge intense Ă  base d’or colloĂŻdal de couleur pourpre. La dĂ©tection chimique qualitative de l’Au(III) met en scĂšne un composĂ© ou un sel aurique. Celui-ci comporte de l’ion Au3+ et du chlorure d’Ă©tain Ă  base stƓchiomĂ©trique de deux ions chlorures Cl− et d’ion stanneux Sn2+. Cette rĂ©action chimique illustre la propension de l’or Ă  revenir Ă  l’état Ă©lĂ©mentaire (Au0), Ă©galement appelĂ© Ă©tat d’oxydation zĂ©ro. Elle se traduit comme suit :

2 Au3+ (ions solvatĂ©s en milieu aqueux) + 3 Sn2+ (aqueux) + 18 H2O (eau liquide, en excĂšs) → 2 Au (prĂ©cipitĂ© colloĂŻdal d’or rouge intense) + 3 SnO2 (poudre blanche et colloĂŻdale de dioxyde d’Ă©tain) + 12 H3O+ (aqueux)

Cette dĂ©tection peut ĂȘtre quantitative si on met en Ɠuvre des techniques de spectromĂ©trie d’absorption.

Formes d’or oxydĂ© moins communes : Au(-I), Au(II) et Au(V)

L’or forme le composĂ© ionique (et non un alliage) aurure de cĂ©sium CsAu lorsqu’il est fondu avec du cĂ©sium. L’atome devient alors un ion nĂ©gatif monochargĂ©. Les propriĂ©tĂ©s de l’aurure se rapprochent de celles d’un halogĂ©nure. L’aurure de cĂ©sium cristallise notamment dans le motif du sel CsCl (chlorure de cĂ©sium). L’or peut aussi former des aurures de potassium, de rubidium et de tĂ©tramĂ©thylammonium.

D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les composĂ©s de l’Au(II) sont diamagnĂ©tiques et prĂ©sentent des liaisons Au-Au. Tel est le cas dans [Au(CH2)2P(C6H5)2]2Cl2. Par ailleurs, le xĂ©non joue le rĂŽle de ligand dans le tĂ©traxĂ©non-or(II), un complexe remarquable d’Au(II) de formule [AuXe4](Sb2F11)2.

De formule Au2F10, le pentafluorure d’or est le seul composĂ© chimique dans lequel cet Ă©lĂ©ment est Ă  l’état d’oxydation le plus Ă©levĂ© (+5).

Des liaisons aurophiles apparaissent dans quelques composĂ©s de l’or. Elles sont comparables Ă  des liaisons hydrogĂšne au niveau de la force. Elles dĂ©crivent l’interaction rĂ©ciproque d’ions or, dont la distance est trop longue pour former une liaison Au-Au covalente. Toutefois, leur distance est plus courte que pour les forces de Van der Waals.

Principaux composĂ©s d’or

La synthĂšse de divers oxydes d’or tels que l’Au2O3 est possible sous de fortes pressions (pression atmosphĂ©rique). Tel est Ă©galement le cas dans un environnement rĂ©actif, c’est-Ă -dire en prĂ©sence d’ozone, de dioxyde d’azote ou d’oxygĂšne atomique.

Utilisations de l’or

L’élĂ©ment or relativement stable joue un rĂŽle important en dorure. Parfois, le placage ou le recouvrement Ă  la feuille traditionnelle a Ă©tĂ© remplacĂ© par les mĂ©thodes d’électrolyse. De lĂ  sont nĂ©s les placages Ă©lectrolytiques pour les cartes enfichables de PC, la dorure des miroirs de prĂ©cision, etc.

L’or sert de rĂ©flĂ©chissant IR dans un vitrage en glace sans tain et sur les panneaux rĂ©flĂ©chissants de modules spatiaux. Il compose aussi certains rĂ©flecteurs IR de maniĂšre Ă  conserver la chaleur en hiver ou la rĂ©flexion de la chaleur en Ă©tĂ©.

En bijouterie et en joaillerie, l’or est alliĂ© Ă  l’argent, au cuivre et parfois aux platinoĂŻdes. Les prothĂšses dentaires de luxe, les monnaies et les mĂ©dailles sont fabriquĂ©es Ă  partir de ces alliages. En parlant du domaine mĂ©dical, ce mĂ©tal prĂ©cieux et/ou ses composĂ©s sont encore employĂ©s comme mĂ©dicaments. Ce matĂ©riau est aussi utilisĂ© dans l’équipement scientifique.

Ainsi, selon le World Gold Council (WGC), environ 68 % de l’or disponible sont utilisĂ©s en bijouterie et en orfĂšvrerie. PrĂšs de 20 % servent Ă  la fabrication de lingots et de piĂšces. Ces derniers sont achetĂ©s par les particuliers et les banques (en contrepartie de l’émission de monnaies). Environ 14 % sont exploitĂ©s dans des domaines industriels, allant de la dentisterie Ă  l’électronique.

Dans les domaines de l’art et de l’artisanat

L’élĂ©ment or est essentiellement utilisĂ© en bijouterie. En 1995, environ 2,7 kt d’or y ont Ă©tĂ© consacrĂ©s. Certains bijoux asiatiques comportent de l’or pur et sont ainsi dĂ©formables. Cela obligeait les bijoutiers Ă  rĂ©aliser uniquement des formes simples comme les bracelets torsadĂ©s. Cependant, l’or pur est peu utilisĂ© en joaillerie. En vue d’obtenir des couleurs originales et une meilleure tenue mĂ©canique, il est alliĂ© Ă  l’argent, au cuivre ou aux deux.

element-or-05

En orfùvrerie, une couche d’or recouvrant des ouvrages en argent forme ce qu’on appelle un vermeil.

À part les bijoux, l’or est aussi utilisĂ© pour fabriquer des objets de luxe (stylos, montres
) et des mĂ©dailles. Il joue Ă©galement un rĂŽle important en dorure ornementale, que ce soit dans le domaine de la pĂątisserie, de la ferronnerie ou de la boiserie.

Le « titre » correspond au pourcentage d’or constituĂ© dans le mĂ©tal. Il est grossiĂšrement Ă©valuĂ© par les orfĂšvres grĂące Ă  un procĂ©dĂ© spĂ©cifique : la pierre de touche. Depuis longtemps, les objets ont un poinçon permettant de reconnaĂźtre le titre de l’alliage employĂ©, et donc leur degrĂ© de puretĂ© en or.

En France, l’apposition de poinçons sur les bijoux en or est obligatoire depuis le 9 novembre 1787. Les petits objets en sont Ă©pargnĂ©s, car la surface disponible ne permet pas cette opĂ©ration. Deux types de poinçons sont Ă  distinguer. Le poinçon d’État informe le titre, tandis que celui en forme de losange, le poinçon de MaĂźtre, indique le fabricant. Actuellement, le poinçon d’État pour l’or massif 18 carats est une tĂȘte d’aigle et celui de 24 carats, un hippocampe.

Les carats reprĂ©sentent 1/24 de la masse totale d’un alliage. Ci-dessous un tableau de conversion des carats par calcul en pourcentage massique d’or contenu dans ce mĂ©tal.

Carats024681012141618202224
% d’or08,3716,725,0333,3641,6950,0258,3566,6875,0183,3491,6799,99
MilliĂšmes084167250337417500584667750833917999

En 1982, la sociĂ©tĂ© Monnaie royale canadienne fut la premiĂšre institution Ă  crĂ©er des monnaies d’or au titre de 99,99 %.

Depuis 1997, l’élĂ©ment or peut ĂȘtre purifiĂ© jusqu’à un degrĂ© appelĂ© « 5-9 ». Il sera donc pur Ă  99,999 %. Pour marquer cet accomplissement, la plus grosse piĂšce au monde, la piĂšce d’un million de dollars, est conçue d’or 5-9. Tel est aussi le cas de la « Semeuse cinĂ©tique » (piĂšce de 100 €) qui a Ă©tĂ© créée par Joaquin Jimenez, un mĂ©dailleur et graveur de monnaies d’origine française.

Dans le domaine de l’industrie

Le domaine de l’industrie apprĂ©cie l’or pour sa bonne conductivitĂ© thermique et Ă©lectrique, ainsi que pour son inaltĂ©rabilitĂ©. Ce mĂ©tal intervient dans la fabrication de contacts Ă©lectriques inoxydables en Ă©lectronique et en connectique. Actuellement, l’or est souvent utilisĂ© dans les mĂ©thodes de pointe, surtout dans la conception des microprocesseurs. Un microprocesseur Pentium Pro contient, par exemple, 2 € d’or environ.

En 2003, le domaine de l’industrie Ă©lectronique consommait 318 t d’or dans l’annĂ©e.

Tous les appareils informatiques et Ă©lectroniques usagĂ©s dans le monde constituent un vĂ©ritable gisement de ce mĂ©tal. Il est possible de rĂ©cupĂ©rer environ 230 g d’or Ă  partir d’une tonne de vieux tĂ©lĂ©phones portables.

Ce matériau sert à opacifier les organes optiques dans le domaine des techniques spatiales. Il est aussi utilisé en guise de catalyseur dans des piles à combustible.

En médecine

La dentisterie exploite 67 t d’or par an. Depuis longtemps, ce mĂ©tal demeure une option de substitution nettement supĂ©rieure aux amalgames dentaires. Toutefois, son utilisation est assez onĂ©reuse et requiert l’emploi d’une technique spĂ©ciale pour les inlays, des obturations dentaires remplaçant les classiques plombages.

Quelques dĂ©rivĂ©s organiques de l’or appelĂ©s « sels d’or » peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour traiter certaines affections en rhumatologie.

Certaines pilules ont Ă©tĂ© enrobĂ©es dans une feuille d’or ou d’argent, notamment les plus amĂšres.

L’élixir d’or est une prĂ©paration pharmaceutique populaire au XVIIIe siĂšcle. Sa dĂ©nomination et sa composition varient d’une Ă©poque Ă  une autre et d’un prĂ©parateur Ă  un autre. À l’origine, cette prĂ©paration fut Ă  base d’or de diffĂ©rentes formes, notamment de chlorure aurique (jaune) ou d’or colloĂŻdal (de couleur pourpre). Puis, le chlorure d’or a laissĂ© la place au perchlorure de fer. L’invention de l’élixir d’or remonte Ă  1728 et revient au comte Alexis Petrovitch Bestoujev-Rioumine. Le prĂ©parateur de ce dernier, le gĂ©nĂ©ral La Motte, a changĂ© la formule originale. Il a baissĂ© sa teneur en or ou remplacĂ© complĂštement ce mĂ©tal par du perchlorure de fer. Il l’a ensuite introduit et commercialisĂ© en France Ă  un prix exorbitant. Il a ainsi fait fortune aprĂšs avoir vendu le secret de fabrication de cette prĂ©paration. Cette variĂ©tĂ© d’élixir d’or vendue par La Motte a connu une popularitĂ© accrue Ă  Paris sous le rĂšgne de Louis XV. Son administration sous forme de gouttes jaunes ou de gouttes blanches avait un but thĂ©rapeutique, Ă  l’origine de l’appellation : « Ă©lixir d’or et blanc ».

Apparemment, la comtesse de Saint-Vallier Diane de Poitiers a rĂ©ussi Ă  prĂ©server sa jeunesse et sa beautĂ© en buvant des potions Ă  base d’or. Elle meurt ensuite par surdosage de cet Ă©lixir.

Dans le domaine de l’alimentation

L’or alimentaire est utilisĂ© sous forme de poudre ou de feuille ultra fine en gastronomie de luxe et en pĂątisserie. Telles les fibres alimentaires, il traverse l’appareil digestif et rĂ©siste Ă  la digestion. Bien que son innocuitĂ© ne soit pas encore prouvĂ©e, il est autorisĂ© en dĂ©coration alimentaire aux États-Unis et dans l’Union europĂ©enne. Il porte le code E175 en tant qu’additif. La rĂ©glementation fixe, toutefois, des quantitĂ©s maximales et un certain nombre d’aliments avec lesquels il peut ĂȘtre utilisĂ©.

En économie

Jusqu’au dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale, l’or sert d’étalon monĂ©taire. Cette pĂ©riode est marquĂ©e par une stabilitĂ© monĂ©taire dominĂ©e par la livre sterling avec un rĂ©gime de paritĂ© fixe. Les porteurs avaient droit Ă  l’équivalent en or de leurs liquiditĂ©s lorsqu’ils se rapprochaient des banques centrales. MĂȘme si cette pĂ©riode s’arrĂȘte Ă  la fin de la Grande Guerre, la prospĂ©ritĂ© de l’étalon-or ne disparaĂźt pas totalement. Certes, son importance dans les Ă©changes entre particuliers a diminuĂ©. La quantitĂ© d’or utilisĂ©e en guise d’intermĂ©diaire d’échange dans le secteur secondaire correspondait pourtant Ă  1/10 des gisements annuels vers la fin du XXe siĂšcle. L’or est Ă©galement restĂ© une monnaie d’échange internationale. À la fin des annĂ©es 1980, le stock d’or des banques est estimĂ© Ă  60 % de la production annuelle. Le tiers de cette production est aussi prĂ©servĂ© sous forme d’épargne par les particuliers. Par la suite, les taux de change connaĂźtront une pĂ©riode d’instabilitĂ© qui sera Ă  son apogĂ©e avec les difficultĂ©s de la crise de 1929.

element-or-06

L’or et la santĂ©

Toxicité

Aucun problĂšme de santĂ© apparent n’est survenu depuis le temps que l’or est utilisĂ© dans les bijoux. La mĂ©decine rejoint ce point de vue en raison de sa faible propension Ă  l’oxydation. Les prothĂšses dentaires et cardiaques en or sont de plus en plus nombreuses. Ce mĂ©tal est aussi utilisĂ© dans certains sels permettant de combattre la neuroinflammation, notamment dans le cadre d’un AVC ou d’un traumatisme crĂąnien. Toutefois, des effets indĂ©sirables (surtout au niveau des reins) sont envisagĂ©s lorsque l’organisme le reçoit sous forme d’ions.

Sous forme mĂ©tallique, l’or alimentaire est chimiquement inerte, non allergĂšne et sans saveur. Cependant, au dĂ©but des annĂ©es 1990, des allergies de contact en rĂ©action au thiosulfate de sodium d’or ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es. Les tests cutanĂ©s attestent une rĂ©action, mais pas sa nature rĂ©ellement allergique. Il importait de savoir s’il s’agissait d’une vĂ©ritable allergie de contact ou d’une dermatite indirectement liĂ©e Ă  l’or. Puis, plusieurs cas d’allergie de contact ont Ă©tĂ© constatĂ©s Ă  la suite d’un traitement oral homĂ©opathique Ă  base d’or.

Cette allergie est confirmĂ©e par le fait qu’elle s’arrĂȘte une fois la dent en or retirĂ©e et par des tests Ă©picutanĂ©s Ă  base de sel d’or. Elle apparaĂźt souvent chez les personnes souffrant d’eczĂ©ma qui portent des bijoux en or ou encore une ou plusieurs prothĂšses dentaires en or. Cela signifie que ce mĂ©tal, notamment, lorsqu’il se trouve dans la bouche, pourrait ĂȘtre un Ă©lĂ©ment chimique sensibilisant. Des tests chez les porteurs de dents en or atteints de stomatites non spĂ©cifiques rĂ©vĂšlent souvent cette allergie. Tel est Ă©galement le cas des personnes prĂ©sentant des « symptĂŽmes subjectifs » de la cavitĂ© buccale ou des rĂ©actions lichĂ©noĂŻdes. Il s’avĂšre qu’une corrĂ©lation quantitative et qualitative existe entre la quantitĂ© d’or dentaire et la concentration sanguine de l’or. Le cas Ă©chĂ©ant, les effets de ce mĂ©tal coulant dans le sang demeurent inconnus. Un cas de dermatite de contact a au moins Ă©tĂ© signalĂ© aprĂšs utilisation d’une encre de tatouage Ă  base d’or.

Nanoparticules

Les propriĂ©tĂ©s physicochimiques des nanoparticules d’élĂ©ment or sont diffĂ©rentes de celles de l’or massif qui sont encore mal connues. Ces nanoparticules peuvent servir de catalyseur grĂące Ă  leurs propriĂ©tĂ©s optiques. Elles ont aussi d’autres usages en mĂ©decine et en cosmĂ©tique, entre autres.

Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les organismes vivants comme les vers de terre pouvaient bioconcentrer l’or en mangeant des sĂ©diments ou un sol en comportant. La bioaccumulation dans les vers de terre Eisenia fetida atteint 1,4 ± 0,2 mg/g aprĂšs 28 jours d’exposition Ă  un substrat contenant 50 mg AuNPs/kg de sĂ©diment. Un autre article paru dans la revue scientifique « Nature Communications » en 2021 atteste la tendance des nanoparticules d’or Ă  remonter la chaĂźne alimentaire. Elles s’accumulent Ă©galement dans les organismes aquatiques, particuliĂšrement dans le cerveau des poissons.

En mars 2021, le CSSC (ComitĂ© Scientifique europĂ©en pour la SĂ©curitĂ© des Consommateurs) a donnĂ© son avis sur les risques liĂ©s Ă  l’usage de nanoparticules d’or en cosmĂ©tique. En se basant sur la littĂ©rature scientifique, il confirme que l’utilisation de ces derniĂšres peut prĂ©senter un risque pour la santĂ© humaine. Les matĂ©riaux en or colloĂŻdal et en or modifiĂ© en surface dans les produits cosmĂ©tiques en sont Ă©galement concernĂ©s.

Techniques de production

L’extraction de l’élĂ©ment or comprend plusieurs Ă©tapes : l’exploration, le forage, l’étude gĂ©ologique, l’extraction proprement dite, le raffinage final et la livraison auprĂšs d’une raffinerie. Cette section traitera uniquement quelques-unes de ces Ă©tapes.

Phases d’extraction et d’affinage

L’extraction de l’or se dĂ©roule en plusieurs Ă©tapes, Ă  savoir :

  • l’extraction miniĂšre du minerai ou du conglomĂ©rat minier aurifĂšre ;
  • la concentration de l’or par Ă©mission de mousse ou par gravitation ;
  • la lixiviation Ă  l’aide de cyanure ;
  • la suppression du mercure par prĂ©cipitation (Ă©lectrolyse, adsorption par le carbone ou traitement de Merrill-Crowe) ;
  • la suppression du fer par traitement Ă  l’acide nitrique ;
  • la fusion ;
  • des procĂ©dĂ©s d’extraction d’or rĂ©siduel en solution dans des effluents industriels ou miniers.

Ces divers procĂ©dĂ©s sont testĂ©s depuis des dĂ©cennies. On parle, par exemple, de la bioconcentration ou encore de la biosorption Ă  partir de nĂ©cromasse d’azolles fausses-filicules. Celle-ci est une espĂšce de petites fougĂšres aquatiques flottantes. La deuxiĂšme mĂ©thode s’avĂšre meilleure dans le sens oĂč un rendement dĂ©passant les 99 % a Ă©tĂ© observĂ© dans des conditions optimales. Auparavant, on utilisait la nĂ©cromasse algale comme biosorbant pour divers types d’or dissous. La technique consistait Ă  faire passer de l’eau contenant de l’or dissous sur un lit d’azolla. Cette fougĂšre doit ĂȘtre fraĂźchement rĂ©coltĂ©e, lavĂ©e Ă  l’eau distillĂ©e et sĂ©chĂ©e Ă  une tempĂ©rature de 37 °C. Cette plante est apparemment capable de « capturer » entre 86 et 100 % de l’AuIII prĂ©sent dans une solution qui en comportait initialement 2 Ă  10 mg/l. Le cas Ă©chĂ©ant, la concentration initiale en or Ă©tait de 8 mg/l. Le milieu Ă©tait remuĂ© par un agitateur pendant que 5 g d’azolle fausse-filicule sĂ©chĂ©e Ă©taient ajoutĂ©s par litre de solution. La conclusion est simple : la fougĂšre sĂ©chĂ©e est un biosorbant ultra efficace, car elle a un pouvoir fixateur dĂ©passant celui des rĂ©sines Ă©changeuses d’ions. Ces derniĂšres sont d’ailleurs polluantes et coĂ»teuses. Son pouvoir « sĂ©questrant » est aussi plus puissant que celui du charbon de bois activĂ©.

Orpaillage

L’orpaillage est la recherche et l’exploitation artisanale de gisements alluvionnaires appelĂ©s « placers » en anglais. L’or alluvial se trouve dans les dĂ©pĂŽts des cours d’eau. Depuis le IIIe siĂšcle, le lavage des agglomĂ©rats ou des sables aurifĂšres en vue d’obtenir des paillettes est courant dans le monde celte. Parfois, il Ă©tait amĂ©liorĂ© par un concassage de minerai en Ă©coulement sur un plan inclinĂ©.

De nos jours, il convient d’employer un tapis roulant en caoutchouc pour rĂ©aliser cette sĂ©paration. Celui-ci est dotĂ© de traverses finement rainurĂ©es permettant d’arrĂȘter et de fixer les fines particules d’or sous le flux d’eau. Avant l’affinage proprement dit, deux procĂ©dĂ©s sont possibles : l’amalgamation (dont le rendement est assez faible : 70 %) ou la cyanuration (qui est plus efficace).

Afin de combattre l’orpaillage illĂ©gal, des opĂ©rations telles que Harpie et Anaconda (mises en place en Guyane) sont mises en place.

Amalgamation

Cette mĂ©thode consiste Ă  glisser le minerai aurifĂšre sĂ©lectionnĂ© sur un plateau de cuivre, dont les surfaces sont couvertes de mercure. L’or s’amalgame avec ce dernier, ce qui permet son extraction de la gangue minĂ©rale. Le reste sera Ă©liminĂ© avec l’eau. Il convient ensuite de gratter l’amalgame et de le chauffer Ă  600 °C dans des cornues. AprĂšs Ă©vaporation du corps simple liquide mercure, l’or se dĂ©pose en reliquat.

L’usage du mercure pour amalgamer l’or risque d’avoir de graves consĂ©quences sanitaires et Ă©cologiques en raison de la forte toxicitĂ© de cet Ă©lĂ©ment. 

Cyanuration

Cette technique de sĂ©paration est aussi valable pour l’argent.

Pour procĂ©der, il convient de concasser, de broyer et de mĂ©langer le minerai sous air comprimĂ©. Il est aussi possible de le passer dans une unitĂ© de flottation qui fournit un concentrĂ© ainsi que des rĂ©sidus mis en terril. Ceux-ci contiennent de l’élĂ©ment or et d’autres mĂ©taux.

Le concentrĂ© est traitĂ© par cyanuration. Cette mĂ©thode consiste Ă  dissoudre le minerai dans une solution de cyanures alcalins Ă©ventuellement recyclĂ©e et/ou diluĂ©e. Avant d’ĂȘtre filtrĂ©, l’or colloĂŻdal est prĂ©cipitĂ© par ajout de poudre de zinc. Celle-ci joue le rĂŽle de rĂ©actif Ă©lectrochimique. La rĂ©action globale correspondante est :

4 Au (dispersĂ© en poussiĂšres avec impuretĂ©s) + 8 NaCN (aqueux) + O2 (gaz oxygĂšne = air) + 2 H2O (eau liquide, en excĂšs) → 4 Na[Au(CN)2] (complexe dicyanoaurate de sodium) + 4 NaOH (aqueux soude caustique)

avec

2 Na[Au(CN)2] (complexe dicyanoaurate de sodium) + Zn0 (poudre de zinc mĂ©tal) → Au (prĂ©cipitĂ© colloĂŻdal d’or rouge Ă  jaune brillant) + Na2[Zn(CN)4] (complexe substituĂ© tĂ©tracyanozincate de sodium)

Cette technique sera sĂ»rement remplacĂ©e par l’extraction de l’or du minerai brut selon le procĂ©dĂ© dĂ©couvert par Zhichang Liu. Ce professeur de chimie et chimiste Ă  la Northwestern University fait partie de l’équipe du chimiste Ă©cossais Sir James Fraser Stoddart. Il est l’auteur principal de l’étude publiĂ©e le 14 mai 2013 dans Nature Communications. Son expĂ©rience consistait Ă  verser de l’alpha-cyclodextrine dans un tube Ă  essai et une solution contenant de l’or dans un autre. AprĂšs mĂ©lange de ces contenus, il a obtenu de minuscules aiguilles constituĂ©es par un assemblage de 4 000 nanofils d’ions d’or. Elles Ă©taient maintenues par de l’eau, de la cyclodextrine et des atomes. Il a pu sĂ©parer l’or des autres mĂ©taux prĂ©cieux prĂ©sents dans le minerai (platine et palladium). Il a ajoutĂ© qu’il est extrĂȘmement important d’éliminer le cyanure de l’industrie aurifĂšre afin de prĂ©server l’environnement. Son expĂ©rience a permis de conclure qu’il Ă©tait possible de remplacer cette substance redoutable par un dĂ©rivĂ© de l’amidon, un matĂ©riau bon marchĂ©, mais biologiquement inoffensif.

Affinage de l’or

Cette Ă©tape d’affinage correspond Ă  la sĂ©paration de l’or des autres mĂ©taux et des impuretĂ©s. Fondre le minerai avec un borate de sodium hydratĂ© sur silicate permet d’obtenir un or brut. Les mĂ©taux voisins tels que le zinc, le fer et le plomb s’oxydent, donnent des silicates ou des borates et se mĂ©langent aux scories.

Afin d’obtenir un or fin et pur, il y a lieu d’appliquer le procĂ©dĂ© Miller. InventĂ©e par Francis Bowyer Miller, cette technique consiste Ă  insuffler du chlore gazeux Ă  travers et sur l’or contenu dans un creuset. Les autres Ă©lĂ©ments forment des chlorures insolubles dans le mĂ©tal fondu. Une fois les impuretĂ©s retirĂ©es, l’or peut ĂȘtre isolĂ© et traitĂ© de la maniĂšre adaptĂ©e Ă  son utilisation ou Ă  sa vente.

Le carat est aussi l’unitĂ© exprimant la puretĂ© d’un mĂ©tal prĂ©cieux. Le 24 carats reprĂ©sente l’or pur possĂ©dant un titre de 1 000 pour 1 000, c’est-Ă -dire constituĂ© de 100 % d’or. Par ailleurs, la masse, plus prĂ©cisĂ©ment le poids, de l’or est mesurĂ©e en once.

Battage d’or

Également appelĂ© orbattage, le battage d’or est la rĂ©duction de l’or ou de l’alliage en or en feuilles ultra fines de 0,1 ”m d’épaisseur. Pour ce faire, le batteur d’or durcit lĂ©gĂšrement le mĂ©tal grĂące Ă  un alliage au cuivre. Il utilise un autre Ă  l’argent pour obtenir la couleur originelle Ă  98 % d’or. Plusieurs Ă©tapes sont Ă  respecter :

La forge

L’élĂ©ment or ou l’alliage d’or est fondu, puis coulĂ© dans une lingotiĂšre. Un lingot d’environ 400 g est aminci en un ruban de 40 m de long et de 4 cm de diamĂštre pour former le caucher. Il convient ensuite de couper ce ruban en mille quartiers carrĂ©s de 4 cm x 4 cm. Puis, il faut introduire chaque quartier dans le chaudret, un empilement de papier spĂ©cial de 16 cm x 16 cm.

Le dégrossissage

L’or est battu une premiĂšre fois sous un marteau mĂ©canique de 10 Ă  15 kg. Les quartiers grandissent et s’arrondissent pour former des feuilles d’environ 15 cm x 15 cm. À l’aide d’un massicotier, l’ensemble est ensuite coupĂ© en 4 Ă  9 piles de 5 cm x 5 cm de cĂŽtĂ©.

L’apprĂȘt

Avant d’introduire un par un les mille quartiers d’or entre les feuilles d’un nouvel empilement, il faut les sĂ©parer des papiers. Ici, la moule en polyester verni fait 14 cm x 14 cm de cĂŽtĂ©.

Le battage

L’élĂ©ment or subit un deuxiĂšme battage au marteau mĂ©canique de 5 Ă  8 kg dans une moule Ă  deux mille quartiers. Ces derniers s’agrandissent Ă  nouveau et s’arrondissent de maniĂšre Ă  former des feuilles de 12 cm x 12 cm de cĂŽtĂ©.

Le vidage

Le videur prend la moule et prend une Ă  une les feuilles d’or avant de les couper au format souhaitĂ©. Cela peut ĂȘtre 80 mm x 80 mm, 84 mm x 84 mm, 93 mm x 93 mm, etc. Enfin, il les introduit dans un livret pouvant contenir 25 feuilles.

À l’époque de la RĂ©volution française, une centaine de manufactures employait prĂšs de 5 000 personnes, dont les batteurs d’or. De nos jours, la France ne recense plus aucune manufacture de ce genre. La derniĂšre Ă  avoir mis la clĂ© sous la porte en 2018 employait une vingtaine de personnes : la maison Dauvet.

Les dĂ©tecteurs d’or

Depuis des annĂ©es, l’utilisation de dĂ©tecteurs de mĂ©taux est systĂ©matique dans les rĂ©gions aurifĂšres comme les États-Unis, l’Australie et l’Afrique. NĂ©anmoins, la plupart de ces appareils sont inutiles, puisque la terre contenant les filons d’or est hautement minĂ©ralisĂ©e. De plus, les VLF ou machines Ă  frĂ©quence unique ne peuvent pas compenser les effets du sol. C’est pourquoi il est plus judicieux d’utiliser des dĂ©tecteurs de mĂ©taux Ă  induction pulsĂ©e. Ces derniers dĂ©tectent l’or, mĂȘme si le sol est fortement minĂ©ralisĂ©. Ces appareils modernes sont performants et efficaces pour dĂ©tecter tous les mĂ©taux. Les orpailleurs n’ont plus besoin de creuser la galerie afin d’en extraire les pĂ©pites d’or. Cette mĂ©thode est d’ailleurs dangereuse, hasardeuse et polluante.

Économie

Production mondiale

L’or extrait depuis la PrĂ©histoire s’élĂšve Ă  145 kt selon le WGC dans un article publiĂ© en 2001. En 1990, il Ă©tait Ă©valuĂ© Ă  120 kt (sous forme de bijoux, de mĂ©dailles, de lingots
), dont 100 kt mis en rĂ©serve. Les stocks d’or sont 30 fois moins importants que ceux d’argent. Les rĂ©serves exploitables (prouvĂ©es) de ce matĂ©riau sont de 47 kt environ, contre environ 100 kt de rĂ©serves base (possibles). Le premier type de rĂ©serve est non renouvelable en raison de son origine cosmique. L’or provient de nombreuses sources. Selon le WGC, sur la pĂ©riode 2004-2008, prĂšs de 60 % des 3,6 kt d’or employĂ©s annuellement proviennent des mines. Le cas Ă©chĂ©ant, le mĂ©tal prĂ©cieux est dit « neuf », puisqu’il n’a jamais Ă©tĂ© utilisĂ© auparavant. Le recyclage, dont la fonte de vieux bijoux, produit les 28 %. Enfin, 12 % sont issus du dĂ©stockage net des banques centrales.

element-or-07

En 1993, la production mondiale d’élĂ©ment or s’élevait Ă  2,2 kt. Vers l’an 2004, l’extraction annuelle tournait autour de 2,5 kt. Ci-dessous les principaux pays producteurs d’or :

  • La Chine : l’or extrait essentiellement de la province de Shandong permet au pays d’en produire en tout 340 t.
  • L’Australie : sa production est estimĂ©e Ă  255 t en 2010.
  • Les États-Unis : ils en ont produit 230 t en 2010. D’ailleurs, le Nevada est l’une des plus grandes rĂ©gions aurifĂšres au monde.
  • L’Afrique du Sud : les principales mines d’or du pays se trouvent autour de Johannesburg. Sa production annuelle actuelle est d’environ 190 t.
  • La Russie et les anciennes rĂ©publiques socialistes : les mines des monts Oural ont produit 190 t d’or en 2010. Cette production est extrĂȘmement basse par rapport Ă  celle rĂ©alisĂ©e au temps de Staline.
  • L’OuzbĂ©kistan : sa production Ă©tait d’environ 90 t en 2010.
  • La Nouvelle-GuinĂ©e et l’IndonĂ©sie : les deux pays ont produit 180 t.
  • Le PĂ©rou : les 270 t d’or produites par le pays proviennent essentiellement de la mine de Yanacocha.
  • Le Ghana : Ă  l’époque oĂč le pays s’appelait encore CĂŽte-de-l’Or ou « Gold Coast » en anglais, il produisait 100 t pour l’annĂ©e 2010. En 2019, il devient le premier producteur d’or de toute l’Afrique avec 147 t extraites.
  • Le Mali : en 2011, le Mali Ă©tait le troisiĂšme exportateur du continent africain, juste aprĂšs l’Afrique du Sud et le Ghana. Sa production officielle Ă©tait de 50,1 t en 2015. Avec 73 t produites en 2019, il devient le deuxiĂšme plus grand exportateur d’or d’Afrique.
  • Le Canada : sa production annuelle de prĂšs de 90 t provient principalement du nord-ouest du QuĂ©bec et de la rĂ©gion de l’Ontario.
  • Le BrĂ©sil : sa production s’élevait Ă  65 t en 2010.

Depuis 2001, la production mondiale d’or baisse Ă  cause des investissements miniers trop faibles. De plus, le taux maximum d’extraction d’or est atteint. Ainsi, les causes seraient endogĂšnes, contrairement aux baisses de production ayant eu lieu au XXe siĂšcle. Celles-ci Ă©taient dues aux deux guerres mondiales et Ă  la politique monĂ©taire des annĂ©es 1970.

Concernant le futur de la production de ce matĂ©riau, les gisements tendent Ă  ĂȘtre de moins en moins concentrĂ©s en or. La hausse des coĂ»ts de production est Ă©galement inĂ©vitable.

Chiffres de production

Depuis les annĂ©es 2010, la Chine est devenue le premier pays producteur d’or au monde. En 2020, elle en produit 368,3 t, contre 331,1 t pour la Russie et 327,8 t pour l’Australie. Ci-dessous un tableau rĂ©capitulatif de la production mondiale et des rĂ©serves d’or entre 2001 et 2014 :

RangPaysProduction 2001 (t)Pourcentage mondialPaysProduction 2014 (t)Pourcentage mondialRéserve 2014 (t)
1Afrique du Sud394,815,4Chine46214,741 900
2États-Unis33513,07Australie272,48,699 100
3Australie28511,12Russie266,28,58 000
4Chine1857,22États-Unis210,86,733 000
5Indonésie166,16,48Pérou1715,462 800
6Canada158,96,2Afrique du Sud167,95,366 000
7Russie152,55,95Canada151,34,832 000
8Pérou1385,38Mexique110,43,521 400
9Ouzbékistan873,39Ghana104,13,321 200
10Ghana68,32,66Brésil90,52,892 400
11Papouasie672,61Indonésie89,52,863 000
12Brésil42,91,67Ouzbékistan852,711 700
13Chili42,71,67Papouasie67,22,141 200
14Mali42,31,65Argentine601,91 
15Philippines33,81,32Kazakhstan49,21,57 
16Argentine30,61,19Mali48,61,55 
17Tanzanie301,17Chili44,51,42 
18Kazakhstan27,11,06Colombie43,61,39 
19Kirghizistan240,94Burkina Faso38,91,24 
20Mexique23,50,92RD Congo36,11,15 
TOTAL MONDE 20012 560100TOTAL MONDE 20143 133,310056 000

Industrie miniĂšre

En 2003, le coĂ»t moyen de production d’une once d’or Ă©tait de 278 $. À cela s’ajoute le coĂ»t d’exploration qui Ă©tait de 30 $ Ă  40 $.

En 2017, les dix plus grandes entreprises exploratrices et productrices d’or sont :

  • l’entreprise canadienne Barrick Gold Corporation ;
  • la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Newmont Mining Corporation ;
  • la compagnie sud-africaine AngloGold Ashanti ;
  • l’entreprise canadienne Goldcorp ;
  • la sociĂ©tĂ© canadienne Kinross Gold ;
  • la compagnie australienne Newcrest Mining ;
  • l’entreprise sud-africaine Gold Fields ;
  • la sociĂ©tĂ© russe Polyus Gold ;
  • la compagnie canadienne Agnico Eagle ;
  • l’entreprise sud-africaine Sibanye-Stillwater.

La société Goldcorp a fusionné avec Newmont Mining Corporation en 2019.

Exploitation artisanale

Sur la pĂ©riode de 2005, 20 Ă  30 % de la production mondiale d’or provient de l’orpaillage rĂ©alisĂ© par 10 Ă  15 millions de mineurs.

Réserve monétaire

Selon l’association mondiale des producteurs d’or, en 2003, les banques centrales possĂšdent prĂšs du quart de la rĂ©serve mondiale d’or, soit 28 554 t. Ci-dessous la quantitĂ© (en tonnes) des rĂ©serves d’or des banques centrales pendant l’annĂ©e 2004 :

Banques centralesRĂ©serves d’or 2004 (t)
Ensemble de l’Union europĂ©enne12 700
RĂ©serve fĂ©dĂ©rale des États-Unis8 100
Banque fĂ©dĂ©rale d’Allemagne3 400
Banque de France2 451
Banque Nationale suisse1 350
Banque du Japon765
Banque populaire de Chine600
Banque centrale de Russie~ 400
Banque centrale du Portugal~ 382
Banque de rĂ©serve de l’Inde~ 350
Banque centrale du Venezuela~ 350
Banque d’Angleterre312
Banque du Liban286
Banque des rĂšglements internationaux208
Banque d’AlgĂ©rie205
TOTAL BANQUES CENTRALES MONDIALES~ 31 850

William J. Murphy III, prĂ©sident du Gold Anti-Trust Action Committee (GATA), pense que la moitiĂ© des stocks d’or dĂ©tenus par les banques centrales aurait disparu. Il estime que la quantitĂ© d’or rĂ©elle qui s’y trouve tourne autour de 15 000 t.

MarchĂ© de l’or

Le marchĂ© de l’élĂ©ment or se distingue de celui des autres marchandises, car les rĂ©serves de ce matĂ©riau sont estimĂ©es Ă  prĂšs de 50 fois la production annuelle mondiale. Cela inclut les stocks des particuliers et ceux des organismes tels que les banques centrales.

Ce mĂ©tal est cotĂ© Ă  la bourse de Londres (sous forme physique) et Ă  New York (sous forme de contrats Ă  terme). Son cours mondial est fixĂ© en dollar amĂ©ricain par once troy d’or. Outre ces marchĂ©s organisĂ©s traitant de gros volumes, des entreprises spĂ©cialisĂ©es en nĂ©goce de mĂ©taux prĂ©cieux sont accessibles aux particuliers, aux transformateurs et aux utilisateurs.

L’or : la valeur refuge par excellence

L’or est une valeur refuge du fait que l’inflation propre de ce matĂ©riau est limitĂ©e aux quantitĂ©s extraites annuellement. D’ailleurs, ces derniĂšres sont relativement faibles et prĂ©visibles par rapport au volume dĂ©jĂ  en circulation. Ce fait est contraire aux monnaies courantes, dont la quantitĂ© en circulation dĂ©pend des politiques des banques centrales. L’or est aussi directement employĂ© comme monnaie, puisqu’il est difficile Ă  produire et Ă  reproduire. Cela incite certaines personnes Ă  revenir au systĂšme monĂ©taire de l’étalon-or.

L’élĂ©ment or est qualifiĂ© de valeur refuge depuis les accords de Bretton Woods du 1er au 22 juillet 1944. Il figure sur la liste des rĂ©serves monĂ©taires des banques centrales et reste une solution d’épargne de premier choix en cas de crise. Le gouvernement français a lancĂ© un emprunt national indexĂ© sur le cours de l’or dans les annĂ©es 1950. Ce fut un grand succĂšs et fit la renommĂ©e de son promoteur, l’homme d’État français Antoine Pinay. La fin des accords de Bretton Woods et la hausse du prix de l’or firent Ă  la source de l’effet d’aubaine imprĂ©vu. Le remboursement se faisait par tirage au sort. Les souscripteurs choisis en dernier touchĂšrent plus de trois fois leur mise, hors inflation.

L’or conserve aussi son rĂŽle de rĂ©serve de prĂ©caution, malgrĂ© les tentatives des États visant Ă  dĂ©courager la thĂ©saurisation. De plus, cette action n’est aucunement rentable par rapport Ă  la plupart des autres formes de placement. AprĂšs des annĂ©es de dĂ©prĂ©ciation, le cours de l’or a continuĂ© Ă  remonter. Le prix du lingot d’or est passĂ© de 8 017 € Ă  16 224 € de janvier 1999 Ă  septembre 2007, donc a quasiment doublĂ©. Au dĂ©but de l’annĂ©e 2008, il a grimpĂ© avant de redescendre lĂ©gĂšrement. 

Évolution du cours de l’or depuis 1944

L’élĂ©ment or fait partie des mĂ©taux prĂ©cieux Ă©changĂ©s sur les places financiĂšres de Londres, de New York, de Hong Kong et de Zurich. Le cours reconnu au niveau international depuis 1944 est exprimĂ© en dollars amĂ©ricains. Le systĂšme mis en place par les accords de Bretton Woods se base sur une paritĂ© fixe du dollar par rapport Ă  ce mĂ©tal prĂ©cieux. Son objectif est de stabiliser les taux de change. Cette paritĂ© s’avĂšre difficile Ă  maintenir dĂšs les annĂ©es 1960 Ă  cause des dĂ©ficits extĂ©rieurs amĂ©ricains. Les États-Unis abandonnent donc la paritĂ© fixe du dollar en 1971.

En 1944, le prix de l’once d’or est fixĂ© Ă  35 $. Il grimpe sensiblement pendant les annĂ©es 1970 et atteint les 200 $ entre 1973 et 1975 avant de redescendre aux alentours de 150 $. En 1979, le cours reprend un second souffle et atteint un pic le 21 janvier 1980 avec une valeur de 850 $. Ensuite, il entame une lente chute pour atterrir Ă  moins de 300 $ en 2002. En 2004, le cours de l’or remonte Ă  environ 400 $ et continue sur sa lancĂ©e pour atteindre 600 $ en 2005. La crise monĂ©taire et bancaire de 2007 a tellement accĂ©lĂ©rĂ© cette hausse, si bien que l’once frĂŽle les 1 000 $ au dĂ©but de l’annĂ©e 2008. La crise de la dette europĂ©enne ainsi que celle des États-Unis ont amenĂ© les Ă©pargnants et les investisseurs Ă  prendre conscience du problĂšme de surendettement. Ceux-ci s’étaient donc interrogĂ©s sur une absence relative de contrepartie Ă  la monnaie en circulation. Le 18 juillet 2011, l’once franchit 1 600 $ et atteint 1 900 $ sur la plateforme Globex le 22 aoĂ»t suivant. Le cours de l’or rebondit en 2012 et monte jusqu’à plus de 1 800 $. Bien qu’il descende Ă  1 200 $ en 2015, il remonte Ă  2 024 $ pendant la crise de la Covid-19. Il se stabilise aux alentours de 1 800 $ vers la fin de l’annĂ©e 2021.

Cours de l’or

Le cours de l’or varie fortement en fonction de plusieurs facteurs, pour ne citer que l’évolution des rĂ©serves d’or des banques centrales. On cite aussi les coĂ»ts et volumes de production, la notion de valeur refuge et les flux spĂ©culatifs (achats ou ventes) selon les incertitudes monĂ©taires. Les demandes en orfĂšvrerie (en Chine, aux États-Unis, en Inde
), l’état des rĂ©serves miniĂšres et la demande industrielle sont Ă©galement importants. Une opĂ©ration d’orpaillage illĂ©gal s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  la fin du XXe siĂšcle en AmĂ©rique du Sud, ce qui rend opaque une partie du marchĂ©.

MĂȘme si son cours Ă©volue constamment, l’or sert de rĂ©fĂ©rence pour les Ă©changes sur la place des marchĂ©s boursiers internationaux. Bien que la mesure officielle soit l’once troy, le cours de l’or peut aussi ĂȘtre calculĂ© en grammes ou en kilogrammes.

Fiscalité

Les contribuables français effectuant des ventes d’or dans l’Union europĂ©enne payaient une taxe forfaitaire jusqu’à fin 2017. L’article 150 VK du Code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts avait prĂ©vu une contribution de 10 % du prix de cession. L’article 1600-0 I prĂ©voyait aussi une autre contribution de 0,5 % de CRDS. Mise en place en 1976, cette taxe est Ă  l’origine de la fermeture du marchĂ© français de l’or au profit de la place financiĂšre de Londres.

Selon la loi de finances rectificative de 2005, les plus-values sont dĂ©sormais imposables selon un rĂ©gime similaire au droit commun (sans abattement). À partir du 1er janvier 2006, les particuliers ayant optĂ© pour ce rĂ©gime payaient 34,5 % sur la plus-value rĂ©alisĂ©e. Cela Ă©tait accompagnĂ© d’une dĂ©cote annuelle de 10 % Ă  partir de la troisiĂšme annĂ©e de dĂ©tention.

AprĂšs la suppression de l’ISF (impĂŽt sur la fortune), l’État français devait trouver de nouvelles recettes. Depuis le 1er janvier 2018, il a donc augmentĂ© la taxe de l’or Ă  11 %. Celle-ci est accompagnĂ©e d’une taxation Ă  36,2 % sur le rĂ©gime des plus-values rĂ©elles.

Les Français n’habitant pas sur le territoire ne sont pas assujettis Ă  cet impĂŽt. Ils sont plutĂŽt soumis Ă  la taxe du pays de rĂ©sidence, c’est-Ă -dire au pays de dĂ©claration de leurs impĂŽts.

L’essor du rachat d’or et ses dĂ©rives

Plusieurs boutiques de rachat d’or ont ouvert leur porte pendant les cinq annĂ©es suivant la crise bancaire et financiĂšre de l’automne 2008. Elles rachĂštent, entre autres, les lingots, les anciens bijoux, les couverts et l’or dentaire. Le paiement se faisait gĂ©nĂ©ralement en espĂšces. Ensuite, l’article L112-6 du Code monĂ©taire et financier autorisait d’autres moyens comme le virement bancaire ou le paiement par chĂšque. Bien que le paiement en espĂšces soit sujet Ă  une contravention de 5e classe, il est tout de mĂȘme pratiquĂ©. AprĂšs rachat, l’or est recyclĂ©. En d’autres termes, il est fondu et remodelĂ© en piĂšces ou en lingot en vue d’ĂȘtre de nouveau commercialisĂ© en France.

Les lingots d’élĂ©ment or prennent diffĂ©rentes formes selon le pays. Ils pĂšsent gĂ©nĂ©ralement entre 1 g et 12,5 kg. Les plus petits, pesant entre 1 g et 100 g, s’appellent les lingotins. Sur le London Bullion Market, un marchĂ© en gros de mĂ©taux prĂ©cieux (or et argent), l’unitĂ© de nĂ©gociation est le lingot monĂ©taire. Il correspond Ă  une barre d’or de 12,5 kg, soit 400 onces. Sur les marchĂ©s nationaux « de dĂ©tail », les lingots sont proposĂ©s en diverses tailles. La barre de 1 kg est la plus utilisĂ©e en Europe continentale. Elle est cotĂ©e si le pays a un marchĂ© d’or national. En France, ce mĂ©tal prĂ©cieux n’est plus cotĂ© en bourse depuis 2004. À la bourse de Luxembourg, le lingot de 1 kg est cotĂ© en euros.

MĂȘme si plusieurs valeurs boursiĂšres ont perdu leur valeur entre 2007 et 2012, le cours de l’or a continuĂ© Ă  grimper aprĂšs la crise de 2008. En ce qui concerne la France, de nombreuses entreprises de rachat d’or sont apparues puisque l’or est devenu une valeur refuge. Face Ă  l’essor de cette activitĂ©, plusieurs associations françaises de consommateurs ont Ă©mis des alertes. L’AssemblĂ©e nationale a donc commencĂ© Ă  lĂ©gifĂ©rer et menĂ© une surveillance accrue de ce secteur, surtout avec la multiplication des escroqueries. De nouvelles rĂšgles ont Ă©tĂ© mises en place par la Direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes. On peut citer le droit de rĂ©tractation du revendeur dans les 24 h suivant la transaction. La loi interdit dĂ©sormais aux boutiques de rachat d’or de rĂ©gler en espĂšces si le montant de la transaction dĂ©passe 500 €. Les associations de consommation accompagnent Ă©galement les particuliers et mĂšnent des campagnes de prĂ©vention contre les escroqueries. Elles informent notamment les personnes souhaitant vendre leurs biens en or sur les risques de fraude. Des sites de conseil spĂ©cialisĂ©s en vente d’or se crĂ©ent Ă©galement.

Les actions des grands groupes aurifÚres sont principalement cotées à New York, à Londres, à Toronto, à Sydney et à Johannesburg.

L’agence fĂ©dĂ©rale CFTC a auditionnĂ© un trader de la holding financiĂšre JPMorgan Chase & Co. en avril 2010. Celui-ci a rĂ©vĂ©lĂ© qu’il y aurait 100 fois moins d’or physique en circulation que du papier-or. Les commissions sur les transactions d’or physique seraient estimĂ©es Ă  2 % en moyenne. Les droits de garde dans les coffres de banque s’élĂšvent Ă  1,5 % environ.

Le rapport de l’ONG SWISSAID sorti en juillet 2020 dĂ©nonce une contrebande d’or. Ce commerce s’effectue entre la Suisse (actuellement le plus grand importateur d’or) et la plaque tournante de l’or importĂ© des Émirats arabes unis (ÉAU). Valcambi, la plus grande raffinerie de mĂ©taux prĂ©cieux du monde, serait donc le principal importateur d’or de ces derniers. Les documents ont rĂ©vĂ©lĂ© que les raffineries suisses s’approvisionnent auprĂšs de fournisseurs d’or Ă©miratis. Elles achĂštent les mĂ©taux prĂ©cieux auprĂšs du Kaloti Jewellery International Group et du Trust One Financial Services. Valcambi aurait reçu 83 t d’or de ces deux entreprises en 2018 et en 2019. Cependant, il a Ă©tĂ© reconnu que l’or de la firme de DubaĂŻ (Kaloti) provient de milices impliquĂ©es dans des crimes de guerre. Celles-ci ont violĂ© les droits de l’homme dans les mines d’or du Soudan.

Les dĂ©fauts de rĂ©glementation ont donc permis l’introduction de l’or liĂ© au blanchiment de capitaux et Ă  la guerre dans le commerce lĂ©gal. De ce fait, les prĂ©occupations quant Ă  la place de DubaĂŻ dans le marchĂ© des lingots illicites ont augmentĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Dans sa lettre du 11 octobre 2021, le secrĂ©taire d’État Ă  l’économie recommande aux raffineries d’or de prendre les mesures nĂ©cessaires. Le but est d’identifier la vĂ©ritable origine de chaque or importĂ© des ÉAU. Le 15 octobre 2021, la Suisse a sommĂ© les raffineurs d’ĂȘtre plus rigoureux sur les importations en provenance de ces derniers.

La confiscation de l’or

À plusieurs reprises, les autoritĂ©s ont limitĂ©, interdit ou rendu transparent la possession d’or des particuliers. En 1720, John Law de Lauriston crĂ©a des billets de banque pour remplacer les piĂšces de monnaie peu pratiques dans les Ă©changes commerciaux. Ce ministre français des Finances adressa essentiellement plusieurs Ă©dits royaux aux dĂ©tenteurs de plus de 500 livres en or. En cas de refus, l’or est confisquĂ©.

En septembre 1793, il Ă©tait interdit d’échanger les assignats (monnaies fiduciaires Ă©mises sous la RĂ©volution française) contre des espĂšces en or, sous peine de mort.

La loi « Gold Reserve Act » est adoptĂ©e par le gouvernement fĂ©dĂ©ral de Roosevelt le 30 janvier 1934. Interdisant la possession d’or, elle oblige les citoyens Ă  placer leurs lingots et piĂšces dans une banque, contre des certificats-or. Ces derniers sont confiĂ©s au DĂ©partement du TrĂ©sor des États-Unis. Toutefois, cette mesure sera suspendue en 1975, l’annĂ©e prĂ©cĂ©dant les accords de la JamaĂŻque qui suppriment dĂ©finitivement le systĂšme monĂ©taire de paritĂ© fixe.

Le 18 dĂ©cembre 1935, le rĂ©gime fasciste lance l’opĂ©ration « Oro alla Patria » et dresse un registre des citoyens donateurs. Elle consiste Ă  appeler les Italiens Ă  « donner leur or Ă  la Patrie » : les alliances, les piĂšces et les bijoux. Elle avait pour but de lutter contre les mesures rĂ©pressives de la SociĂ©tĂ© des Nations par rapport Ă  l’envahissement italien de l’Éthiopie.

En octobre 1936, le gouvernement du Front populaire (en France) sort un dĂ©cret interdisant le commerce de l’or. Les dĂ©tenteurs de plus de 200 g d’or sont tenus de les donner Ă  la Banque de France, une institution nationalisĂ©e. La dĂ©tention d’or Ă©tait considĂ©rĂ©e comme de la contrebande selon le dĂ©cret du 17 fĂ©vrier 1937. Peu populaire, cette dĂ©cision fut suspendue le 9 mars. Le commerce d’or redevient donc libre.

Le gouvernement provisoire de la RĂ©publique française menĂ© par le gĂ©nĂ©ral Charles de Gaulle sort un dĂ©cret en octobre 1944. Celui-ci ordonne la confiscation du produit des transactions rĂ©alisĂ©es entre les particuliers et l’occupant pendant la guerre, puis leur dĂ©pĂŽt au TrĂ©sor public. Un deuxiĂšme dĂ©cret interdit toutes sortes de transactions tournant autour de l’or.

element-or-08

Selon une ordonnance de juin 1945, les Français devaient changer les anciens billets de banque contre des nouveaux dans un dĂ©lai de 15 jours. Au-delĂ  d’une certaine somme, ils devaient expliquer la provenance de leur argent. Pendant cette pĂ©riode, les transactions ne pouvaient pas ĂȘtre anonymes et toute possession devait ĂȘtre justifiĂ©e. Le marchĂ© de l’élĂ©ment or redevient libre en fĂ©vrier 1948.

Avec le « Banking Act » de 1959, l’État australien se donne le droit de confisquer l’or des particuliers. Selon le gouverneur, cette nationalisation Ă©tait lĂ©gitime en vue de protĂ©ger « la monnaie ou le crĂ©dit public du Commonwealth ».

L’importation d’or est interdite en Grande-Bretagne en 1966.

La dĂ©tention d’or sous forme de lingots ou de piĂšces est interdite par la loi indienne de 1968 intitulĂ©e « Gold Control Act ». Elle fut abrogĂ©e par le Parlement indien en 1990.

L’or dans la culture

L’or et la religion

Dans plusieurs civilisations, l’or est le symbole du divin par excellence de par sa couleur jaune Ă©clatante et sa quasi-inaltĂ©rabilitĂ©. En effet, il ne change pas Ă  travers le temps, ce qui s’apparente Ă  l’immortalitĂ©. De plus, sa couleur reprĂ©sente la puissance du soleil.

Au temps de l’Égypte antique, on accordait Ă  ce mĂ©tal prĂ©cieux des propriĂ©tĂ©s divines, au point de le dĂ©nommer « la chair des dieux ». Il Ă©tait utilisĂ© pour fabriquer les masques funĂ©raires permettant de conserver Ă  jamais le visage du pharaon et de l’identifier aux Ă©toiles. Celui de Toutankhamon comportait 11 kg d’or massif. Plus d’une tonne d’or pur a aussi Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans le tombeau de ce pharaon.

La plus importante statue en or massif au monde est le Bouddha d’or de Bangkok. Elle pùse 5,5 t pour une hauteur de plus de 3 m.

Dans le Nouveau Testament, JĂ©sus est recouvert d’or par les mages venus d’Orient. Dans le livre de l’Exode, le deuxiĂšme livre de la Bible, le veau d’or est le symbole de l’idolĂątrie. Ce mĂ©tal prĂ©cieux est aussi employĂ© dans d’autres objets culturels du temple de JĂ©rusalem tels que les coupes, l’arche d’alliance et la menorah. Dans le livre de l’Apocalypse, JĂ©sus est entourĂ© de sept chandeliers d’or lors de son apparition Ă  Jean. Il y est Ă©galement mentionnĂ© qu’un ange verse de l’encens avec une pelle fabriquĂ©e Ă  base de ce matĂ©riau. Ainsi, l’or symbolise la divinitĂ© et la dignitĂ© dans les cultures chrĂ©tiennes et juives.

Dans l’art religieux, la tĂȘte des anges et des saints est souvent entourĂ©e d’or sous forme de nimbe. Ce mĂ©tal prĂ©cieux reprĂ©sente la lumiĂšre de Dieu. Il exprime aussi sa prĂ©sence dans de nombreux arts chrĂ©tiens occidentaux tels que les mosaĂŻques byzantines de Ravenne et celles de la Chapelle palatine.

Pour la religion catholique, la Rose d’or est un ornement destinĂ© Ă  honorer des souverains ou des sanctuaires. Comme son nom l’indique, elle est composĂ©e d’une rose, d’un rosier ou d’un bouquet de roses en or massif. Le matĂ©riau symbolise la charitĂ© et la fleur, la puretĂ©. Cette distinction hautement morale est bĂ©nie par le pape lorsqu’elle est utilisĂ©e comme rĂ©compense. Elle est attribuĂ©e aux personnes morales qui se servent de leur puissance pour rĂ©pandre la charitĂ© dans leur entourage. Au lieu de profiter de cette position, celles-ci aident Ă©galement les pauvres de la rĂ©gion, dont elles ont la charge. Parfois, la Rose d’or est offerte aux souverains catholiques ayant fait preuve de piĂ©tĂ©, de charitĂ© et de bravoure exemplaire. Moins de 200 Roses d’or ont Ă©tĂ© attribuĂ©es depuis le XIe siĂšcle. La plupart des personnes morales catholiques y ayant droit sont des sanctuaires, dont celui de Lourdes. À travers cette tradition, l’or reprĂ©sente ainsi la nature prĂ©cieuse de l’amour du Christ et la beautĂ©. Par consĂ©quent, il symbolise la charitĂ© en gĂ©nĂ©ral et l’amour Ă  travers le mariage.

Dans l’hindouisme, l’or est liĂ© Ă  la dĂ©esse Lakshmi. Elle est la dĂ©esse de l’économie, de la richesse, de l’abondance et de la prospĂ©ritĂ©. Toutes ses reprĂ©sentations font appel Ă  ce mĂ©tal prĂ©cieux. Des milliers de piĂšces d’or tombant dans des jarres fabriquĂ©es avec le mĂȘme matĂ©riau ruissellent de ses mains. La fĂȘte dĂ©diĂ©e Ă  cette dĂ©esse est l’Akshnaya Trinitia : moment pendant lequel les hindouistes portent de l’or sur eux.

Mythologie et littérature

D’anciennes Ɠuvres datant de l’AntiquitĂ© mentionnent deux rois de Lydie, CrĂ©sus et Midas, qui sont rĂ©putĂ©s pour leur richesse et leur attirance pour l’or. Ils auraient donc extrait l’or de la Pactole, une riviĂšre de Turquie. Le roi Salomon et son immense trĂ©sor sont Ă©voquĂ©s dans le Premier Livre des Rois de l’Ancien Testament. Dans la mythologie grecque, les rĂ©cits liĂ©s aux Douze Travaux d’HĂ©raclĂšs citent la prĂ©sence de l’or autour du bassin mĂ©diterranĂ©en. L’épopĂ©e de la GrĂšce antique attribuĂ©e Ă  HomĂšre, l’Iliade, mentionne le trĂ©sor exceptionnel des Troyens tant convoitĂ© par Agamemnon.

Peu de temps avant la naissance de l’Empire romain, Crassus fut capturĂ© par le gĂ©nĂ©ral parthe SurĂ©na. Ce gĂ©nĂ©ral et homme politique romain Ă©tait connu pour sa soif d’or et son immense fortune. Afin de l’exĂ©cuter, le gĂ©nĂ©ral SurĂ©na coula de l’or dans sa gorge.

Les orfĂšvres de l’époque mĂ©rovingienne rĂ©cupĂ©raient les chutes d’or, mĂȘme si elles risquaient de racler les objets lors de leur fabrication. L’évĂȘque saint Éloi exerçait ce mĂ©tier. Afin de prouver son honnĂȘtetĂ©, il arriva Ă  fabriquer deux trĂŽnes avec la quantitĂ© normale nĂ©cessaire pour en crĂ©er une. À cette Ă©poque, les alchimistes cherchaient Ă  transmuter le plomb en or. Par ailleurs, dans la mythologie nordique, le Glasir est un arbre aux feuilles d’or qui pousse Ă  l’extĂ©rieur du Valhalla.

Pendant les Temps modernes, la recherche de l’Eldorado (lĂ©gendaire pays de l’or) motivait la colonisation de l’AmĂ©rique latine. Les galions espagnols remplis d’or faisaient l’objet de la convoitise des pirates. De nombreux rĂ©cits, dont le roman « L’Île au trĂ©sor » Ă©crit par Robert Louis Stevenson, dĂ©coulent de lĂ .

Au XIXe siĂšcle, la quĂȘte de l’élĂ©ment or continue. La ruĂ©e vers l’or de Californie inspira le livre « L’Or » Ă©crit par Blaise Cendrars. Celui-ci raconte la malheureuse histoire du commerçant amĂ©ricain John Sauteur. Ce dernier dĂ©tenait lĂ©galement l’or qu’il avait extrait lui-mĂȘme du sol, mais ses droits ne furent jamais reconnus par la justice. L’écrivain autrichien Stefan Zweig reprend cette histoire dans la nouvelle intitulĂ©e « La dĂ©couverte de l’Eldorado ». Par ailleurs, les deux minĂ©raux pyrite et chalcopyrite sont dĂ©sormais appelĂ©s « or des fous ». Leur couleur jaune fait penser Ă  celle de l’or, si bien que les prospecteurs dĂ©butants peuvent les confondre avec des pĂ©pites d’or.

L’écrivain Richard Wagner a Ă©crit un cycle de quatre opĂ©ras (L’Anneau du Nibelung), dont le prologue est intitulĂ© « L’Or du Rhin ». InspirĂ© de la mythologie nordique et germanique, celui-ci raconte la maniĂšre dont le cĂ©lĂšbre sorcier Alberich s’empare de l’or du Rhin et forge l’anneau maudit.

L’élĂ©ment or fait partie de l’intrigue du roman « Le TrĂ©sor de la Sierra Madre » de B. Traven. Il raconte l’histoire de trois AmĂ©ricains ayant succombĂ© Ă  la fiĂšvre de l’or Ă  leur retour d’une expĂ©dition dans la jungle mexicaine. En 1947, l’auteur de bande dessinĂ©e Carl Barks invente pour The Walt Disney Company le personnage de Balthazar Picsou. Ce dernier a le pouvoir de flairer l’or dans n’importe quel endroit.

Vidéographie

Ci-dessous la liste des crĂ©ations vidĂ©ographiques en rapport avec l’or :

TypeDate de sortieTitreRéalisation / Production
Films de cinéma1914The SpoilersColin Campbell
1925La RuĂ©e vers l’orCharlie Chaplin
1940Chercheurs d’orEdward Buzzell
1948Le Trésor de la Sierra MadreJohn Huston
1952Les AffameursAnthony Mann
1962Coups de feu dans la SierraSam Peckinpah
1964GoldfingerGuy Hamilton
1970De l’or pour les bravesBrian G. Hutton
1972Aguirre, la colĂšre de DieuWerner Herzog
1983Le RuffianJosé Giovanni
1983EurekaNicolas Roeg
1984Les MorfalousHenri Verneuil
1993La Soif de l’orGĂ©rard Oury
2009OrpailleurMarc Barrat
2016GoldStephen Gaghan
2018Les FrĂšres SistersJacques Audiard
Productions tĂ©lĂ©visuelles2013Yukon Gold : L’Or Ă  tout prixÉmission canadienne
2017-2018GuyaneSérie télévisée, production Canal+

Périphrases

La possession d’or est associĂ©e Ă  la richesse, ce qui a conduit Ă  l’invention de quelques pĂ©riphrases. L’or noir dĂ©signe le pĂ©trole et l’or blanc, le sel ou la neige. L’or bleu est utilisĂ© pour indiquer l’eau, l’or rouge pour le safran et l’or vert pour la forĂȘt.


Retour en haut de la page

Recherche de produits

Le produit a été ajouté à votre panier