Les non-métaux : propriétés physiques, typologie, allotropie, les gaz nobles, les halogènes et les CHNOPS.
Les non-métaux, à l’exception de l’hydrogène, se trouvent dans l’angle supérieur droit du tableau périodique, tandis que les métaux sont à gauche. Toutefois, il n’est pas toujours pertinent de catégoriser les éléments en fonction de leur place. En effet, d’autres éléments comme le silicium, l’arsenic, le bore, l’antimoine, le germanium et le tellure sont à mi-chemin entre les métaux et les non-métaux. Ce sont des métalloïdes ou des semi-métaux.
Les non-métaux sont des éléments chimiques dont les atomes du corps simple ne sont pas unis par des liaisons métalliques. En effet, ils sont assemblés par des liaisons intermoléculaires ou des liaisons covalentes.
Un non-métal est un bon isolant thermique et électrique. Il existe un grand nombre de non-métaux volatils. Hormis le carbone, ils possèdent une masse volumique faible ainsi que la capacité à changer d’état à des températures plus basses que celles d’un métal.
L’électronégativité ainsi que l’énergie d’ionisation d’un non-métal sont élevées. Il est capable de former des liaisons ioniques avec de multiples éléments chimiques. Ses oxydes sont très acides.
Le tableau périodique contient dix-sept non-métaux. Ils sont classés sous trois catégories bien distinctes :
les non-métaux solides (le sélénium, le carbone, l’iode, le soufre et le phosphore) ;
les non-métaux gazeux (l’hélium, le fluor, le chlore, le krypton, le radon, l’hydrogène, l’azote, le néon, l’argon, l’oxygène et le xénon) ;
un non-métal liquide (le brome). À l’état solide, un non-métal présente une surface peu brillante ou terne, à l’exception de l’iode qui a des reflets métalliques. Contrairement au métal, il est fragile et se casse facilement, sauf le carbone diamant. Tous les non-métaux ont des caractéristiques différentes des métaux. Ils ne sont ni ductiles, ni malléables, ni élastiques.
Quelques propriétés physiques des non-métaux
Les non-métaux sont les éléments qui ne sont ni des métalloïdes ni des halogènes, sur le tableau périodique. Ils ne sont pas non plus des métaux, puisque leurs propriétés physiques ne sont pas pareilles. Par exemple, ces derniers sont des éléments chimiques durs. En revanche, presque tous les non-métaux sont mous.
Voici les principales propriétés des dix-sept non-métaux du tableau périodique.
Les non-métaux sont cinq fois moins nombreux que les métaux. Néanmoins, ils constituent en grande partie les êtres vivants. En effet, l’azote, l’hydrogène, le phosphore, l’oxygène et le carbone sont les principaux constituants des molécules biologiques. En outre, le soufre et le sélénium sont des composants de nombreuses protéines.
L’oxygène constitue environ 50 % de la masse des océans, de l’écorce terrestre et de l’atmosphère. Quant à l’hélium et l’hydrogène, ces deux éléments représentent plus de 99 % de la matière composée essentiellement de baryons de l’Univers.
La typologie des non-métaux
Les non-métaux forment un ensemble de corps simples dont les atomes ne sont pas unis par des liaisons métalliques. Dans le tableau périodique, en le parcourant vers la droite en partant des métalloïdes, les liaisons des atomes de chaque corps simple sont marquées par une spécificité dans leur nombre. En effet, les atomes forment des liaisons covalentes décroissantes avec les particules de leurs éléments chimiques voisins.
Le cas des atomes du carbone : les atomes du carbone graphite établissent des liaisons covalentes avec trois atomes voisins et forment une structure plane à six côtés.
Le cas des atomes de soufre : ils établissent des liaisons avec deux atomes voisins et engendrent la formation d’une structure cyclique de S8 ou de cyclo-octasoufre.
Le cas de l’azote, des halogènes, de l’oxygène et de l’hydrogène : ces éléments forment des molécules diatomiques. Leur atome est en liaison par covalence avec un autre atome.
Le cas des gaz nobles : les gaz rares sont monoatomiques. En d’autres termes, leur atome est unique et il n’est pas lié par covalence à aucun autre atome.
Trois familles de non-métaux sont ainsi recensées : les non-métaux polyatomiques, les non-métaux diatomiques et les gaz nobles.
Les non-métaux polyatomiques
Ils forment deux, trois ou quatre liaisons covalentes par atome. Ces éléments sont solides à pression et température ambiantes. Leurs propriétés se rapprochent de celles des métalloïdes. C’est le cas du phosphore noir, du carbone graphite et du sélénium.
À l’état standard, quatre éléments chimiques non-métaux polyatomiques peuvent être recensés. Il s’agit du phosphore, du sélénium, du carbone et du soufre. Ces éléments chimiques sont solides à l’état standard. À la différence des autres non-métaux, ils présentent tous un caractère métallique beaucoup plus marqué. Ces corps simples possèdent la faculté d’exister sous diverses structures moléculaires ou cristallines différentes. Ils sont généralement semi-conducteurs, comme le cas du sélénium gris et du carbone graphite.
Parmi ces quatre non-métaux polyatomiques, le soufre est l’élément chimique le moins métallique. En effet, ses structures cristallines sont aussi bien vitreuses que cassantes. Il est également doté d’une faible conductivité électrique.
Les particularités des propriétés chimiques des non-métaux polyatomiques résident dans leur coordinence, leur température d’ébullition et de fusion élevées. Les non-métaux polyatomiques disposent de la plus large amplitude liquide et leur volatilité à température ambiante est la plus faible.
Les non-métaux polyatomiques présentent une tendance développée à la caténation. En d’autres termes, ils sont capables de former une longue structure identique à une chaîne par l’intermédiaire d’une série de liaisons covalentes. En revanche, ils présentent une faible affinité avec l’hydrogène.
La faculté du carbone à la caténation est d’une importance capitale en biochimie et en chimie organique. En effet, la chimie des hydrocarbures est fondée sur cette formation et elle assure la production de chaînes carbonées. Ces derniers constituent l’ossature d’un grand nombre de molécules biologiques.
Les non-métaux diatomiques
Les non-métaux diatomiques sont capables de présenter de multiples phases métalliques à haute pression. Ils forment une liaison covalente par atome. Plus précisément, la molécule de ces éléments est formée de deux atomes, elle est dite diatomique.
À l’état standard, sept éléments chimiques sont des non-métaux diatomiques, ce sont :
l’azote (N2) ;
le fluor (E2) ;
le brome (Br2) ;
l’hydrogène (H2) ;
l’oxygène (O2) ;
le chlore (Cl2) ;
l’iode (I2).
Deux de ces non-métaux diatomiques sont volatils à température ambiante, tandis que le reste est gazeux à pression et température ambiantes. En principe, ces éléments chimiques sont d’excellents isolants électriques. Ils sont, par ailleurs, électronégatifs, sauf l’hydrogène. Ce dernier possède une configuration électronique spécifique. Ainsi, il est faiblement électronégatif.
La coordinence des non-métaux diatomiques est égale à un. Par rapport aux non-métaux polyatomiques, ils ont des températures d’ébullition et de fusion plus basses. Contrairement à ces derniers, leur allotropie est également moins développée. En revanche, leur aptitude à établir des liaisons hydrogène est beaucoup plus marquée. Quant à leur énergie d’ionisation, elle est aussi plus élevée que celle des non-métaux polyatomiques.
Les non-métaux monoatomiques ou gaz nobles
Un gaz noble est monoatomique. Il est peu réactif. Six gaz nobles sont recensés dans le tableau périodique, ce sont l’hélium, l’argon, le xénon, le néon, le krypton et le radon. Ces éléments constituent une famille homogène. Ces gaz sont incolores et inertes, à température et pression normales.
Chacun de ces gaz présente la plus forte énergie d’ionisation de sa période. Les gaz nobles établissent de très faibles liaisons interatomiques. C’est pourquoi leurs températures d’ébullition et de fusion sont basses.
Voici un tableau récapitulatif des propriétés physiques des différents types de non-métaux :
Propriétés physiques
Gaz nobles
Non-métaux diatomiques
Non-métaux polyatomiques
État standard
Gazeux
Majoritairement gazeux
Solide
Coordinence
0
1
2,3 ou 4
Allotropie
Pas d’allotropes
Peu d’allotropes
Plusieurs allotropes
Apparence
Incolores
Variabilité de couleurs et surfaces ternes à l’état solide (sauf l’iode)
Variabilité des couleurs, surfaces vitreuses
Élasticité
Mous, moindre résistance mécanique à l’état solide
Cassants à l’état solide
Souvent cassants, malléables, ductiles ou souples
Point d’ébullition
Bas à très bas (5 K à 212 K)
Bas à assez élevé (21 K à 458 K)
Élevé à très élevé (718 K à 4 300 K)
Point de fusion
Bas à très bas (1 K à 202 K)
Bas (15 K à 387 K)
Élevé (389 K à 3 800 K)
Conductivité électrique
Mauvaise
Mauvaise à faible
Mauvaise à bonne
Intervalle liquide
Très étroit
Étroit
Assez étendu
Volatilité (à température et pression ambiantes)
Généralement les plus volatils
Volatils
Peu volatils
Énergie d’ionisation (kJ·mol−1)
Parmi les plus élevées (10,75 à 24,59)
Élevée (10,45 à 17,42)
Basse (9,75 à 11,26)
Nature chimique
Inerte à non métallique, à l’exception du radon partiellement cationique
Non métallique, à l’exception de l’iode partiellement métallique
Non métallique à partiellement métallique
Électronégativité (échelle d’Allen)
Très élevée (2,582 à 4,789)
Élevée (2,300 à 4,193)
Basse (2,253 à 2,589)
Caténation
Peu d’affinité
Tendance moindre
Tendance marquée
Oxydes
Le dioxyde de xénon est polymérique. Les oxydes des autres gaz rares sont moléculaires. Ils ne forment pas de verres.
Les oxydes d’iode peuvent être polymériques. Ces éléments ne forment pas de verres.
Tous les éléments ont au moins une forme polymérique. La plupart de ces éléments (le soufre, le phosphore et le sélénium) forment des verres. Le dioxyde de carbone CO2 forme un verre à 40 Gpa.
Liaisons hydrogène
Connu pour l’argon, le krypton et le xénon
Forte aptitude
Faible aptitude
États d’oxydation
• Les états d’oxydation positifs sont connus, et uniquement pour les gaz rares les plus lourds • De +8 pour le xénon à +2 pour le radon, le xénon et le krypton
• Négatifs pour tous ces éléments, mais instable pour l’hydrogène • Positifs pour tous ces éléments sauf le fluor, exceptionnellement pour l’oxygène • De ‒3 pour l’azote à +7 pour l’iode, le chrome et le brome
• Positifs et négatifs • De ‒4 pour le carbone jusqu’à +6 pour le sélénium et le soufre
L’allotropie
Un grand nombre de non-métaux disposent de plusieurs formes allotropiques. En d’autres termes, ces corps simples ont la capacité de se présenter sous des formes moléculaires ou cristallines différentes. Selon les cas, ces éléments disposent de propriétés plus ou moins métalliques.
Le carbone
Le carbone diamant est un mauvais conducteur d’électricité. Il présente une apparence transparente et il n’est pas métallique. En revanche, le carbone graphite est d’une apparence luisante. Dans cet état standard, le carbone est un assez bon conducteur d’électricité. Le C60 ou le buckminsterfullerène sont, entre autres, d’autres allotropes du carbone.
L’azote
L’azote est un non-métal capable de former du tétrazote (N4) et du diazote (N2) standard. Le tétrazote est un allotrope gazeux instable. Sa durée de vie est d’environ une microseconde.
L’oxygène standard
L’oxygène standard est constitué de deux atomes sous forme de dioxygène O2. En revanche, il existe aussi en molécule triatomique, cette formule O3 constitue l’ozone. Ce dernier est instable et sa durée de vie est à peu près d’une demi-heure.
Le phosphore
Le phosphore dispose d’allotropes beaucoup plus stables que le phosphore blanc (P4) qui est son état standard. Le phosphore rouge est dérivé de ce dernier quand il est chauffé à une température supérieure à 300 °C. Au début, il est amorphe, mais quand le chauffage se poursuit, il se cristallise dans le système cubique.
La forme thermodynamique stable du phosphore est le phosphore noir. Il est d’un éclat brillant et structure est identique à celle du graphite. Il dispose aussi des mêmes qualités électriques. En outre, le phosphore peut exister sous forme de molécule diatomique instable formée par deux atomes de P.
Le soufre
Le soufre est l’élément possédant le plus d’allotropes. À l’exception du soufre plastique, tous les autres sont non métalliques.
Le sélénium
Le sélénium est un élément disposant de plusieurs isotopes non métalliques. Quand il est gris, il est conducteur d’électricité.
L’iode
L’iode est un non-métal existant sous forme non cristallisée semi-conductrice.
Les gaz nobles, les halogènes et les CHNOPS
Les gaz nobles, les halogènes et les CHNOPS sont des familles de non-métaux faisant partie du tableau périodique. Ces derniers sont constitués des éléments : carbone, hydrogène, azote, oxygène, phosphore et soufre qui forment l’acronyme CHNOPS.
Les caractéristiques des gaz nobles
Les gaz nobles ou gaz rares se distinguent des autres éléments du tableau périodique par leur inertie chimique assez exceptionnelle. C’est pourquoi ils sont classés parmi les « autres non-métaux ». Plus, on descend le long de la colonne 18 du tableau de Mendeleïev, plus leur réactivité chimique est faible.
À l’état naturel, six gaz nobles sont recensés, dont :
l’hélium He disposant d’une masse atomique très faible ;
le néon Ne, un gaz non magnétique plus lourd que l’hélium ;
l’argon Ar, un gaz incolore, ininflammable et inodore ;
le krypton Kr, le plus léger des gaz nobles ;
le xénon Xe, le plus rare des gaz nobles ;
le radon Rn, un gaz radioactif dont l’affinité électronique est quasi nulle.
Le plus réactif de la famille des gaz nobles est le xénon. Ces six éléments ont un point de fusion et un point d’ébullition très bas.
Les principales caractéristiques des halogènes
Les halogènes sont aussi classés parmi les « autres non-métaux ». Ils figurent dans l’avant-dernière colonne du tableau périodique. Six éléments chimiques appartiennent à la famille des halogènes :
le chlore Cl ;
l’astate At ;
le fluor F ;
l’iode I ;
le tennesse Ts ;
le brome Br.
Les halogènes sont réactifs, à l’inverse des gaz rares. Leur réactivité chimique s’affaiblit à mesure que l’on descend dans la liste des éléments chimiques de la 17e colonne du tableau de Mendeleïev.
Les halogènes disposent tous de sept électrons de valence et sont liés à différents éléments chimiques. Ils ont des propriétés toxiques et bactéricides remarquables. C’est pourquoi ils sont utilisés dans la fabrication de désinfectants. Les halogènes sont également nécessaires à la synthèse des hormones iodées ou pour la composition de divers médicaments.
Les caractéristiques des CHNOPS
CHNOPS est l’acronyme des six éléments suivants :
le carbone, de symbole C ;
l’hydrogène, dont le symbole est H ;
l’azote, de symbole N ;
l’oxygène connu sous le symbole O ;
le phosphore, de symbole P ;
le soufre, dont le symbole est S.
À cette famille s’ajoute également le sélénium. Ces CHNOPS font partie des éléments les plus abondants sur Terre. Ils sont, par ailleurs, les principaux composants des matières vivantes.
Le tableau ci-après représente quelques propriétés des sept autres non-métaux de la famille des CHNOPS :
Nom Propriétés
Carbone
Hydrogène
Azote
Oxygène
Phosphore
Soufre
Sélénium
Désignation
6C
1H
7N
8O
15P
16S
34Se
État standard
Solide diamagnétique
Gaz
Gaz
Gaz paramagnétique
Solide
Solide
Solide
Conductivité électrique (S·m-1)
6,1 × 104
1,0 × 10-9
0,5 × 10-15
1,0 × 10-4
Conductivité thermique (W·m-1·K-1)
1,3 × 102
1,8 × 10-1
2,6 × 10-2
2,7 × 10-2
2,4 × 10-1
2,7 × 10-1
2,0 × 100
Importance physiologique
Macroélément
Macroélément
Macroélément
Macroélément
Macroélément
Macroélément
Oligoélément
Oxyde
Acide faible
ampholyte
Acide fort
Neutre
Acide faible
Acide fort
Acide fort
Point de fusion
3 550 °C
−259,1 °C
−209,9 °C
−218,4 °C
44 °C (Phosphore blanc)
113 °C
217 °C
Point d’ébullition
4 827 °C
−252,9 °C
−195,8 °C
−182,9 °C
280 °C (Phosphore blanc)
444,7 °C
685 °C
Fonctions biochimiques
Ubiquitaire (lipides, protéine et glucides)
Ubiquitaire (lipides, protéine et glucides)
Ubiquitaire (cofacteurs, protéines et bases nucléiques)
Ubiquitaire
Acides nucléiques (ARN et ADN) Membranes biologiques (phospholipides) Énergie métabolique (ATP) Minéralisation des dents et os (hydroxyapatite Ca10(PO4)6(OH)2)
Protéines, via la cystéine et la méthionine Réticulation des chaînes de peptidiques par ponts disulfure Abondant dans la kératine des phanères
Réduction des dérivés réactifs de l’oxygène (glutathion peroxydase) Sélénoprotéines, via la sélénocystéine Fonctionnement de la thyroïde (iodothyronine désiodase)