X

Curium

element-chimique-96-curium

Caractéristiques du Curium

  • Symbole : Cm
  • Masse atomique : 247 u
  • NumĂ©ro CAS : 7440-51-9
  • Configuration Ă©lectronique : [Rn] 5f7 7s2
  • NumĂ©ro atomique : 96
  • Groupe :
  • Bloc : Bloc f
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : Actinide
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 1,3
  • Point de fusion : 1 345 °C

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Le curium, élément atomique n°96 de symbole Cm : sa découverte, sa distribution et ses propriétés.

De numĂ©ro atomique 96, le curium est l’élĂ©ment de symbole Cm. Il fait partie des actinides. Il est Ă©galement un Ă©lĂ©ment synthĂ©tique transuranien. Son nom fait rĂ©fĂ©rence Ă  Pierre et Ă  Marie Curie.

Ce mĂ©tal radioactif est de couleur blanche argentĂ©e. Il est trĂšs dur. Sa formation se dĂ©roule dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Environ 20 g de l’élĂ©ment 96 sont retrouvĂ©s dans une tonne de combustible usĂ©.

En Ă©tĂ© 1944, le curium a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© Ă  partir du plutonium. Ce dernier est un Ă©lĂ©ment plus lĂ©ger. Cette expĂ©rience a d’abord Ă©tĂ© dissimulĂ©e aux yeux de tous. Un an plus tard, Glenn T. Seaborg annonce publiquement la dĂ©couverte de l’élĂ©ment 96 lors d’une Ă©mission pour les enfants sur un mĂ©dia amĂ©ricain. Étant invitĂ©, il a rĂ©pondu Ă  un jeune auditeur qui a posĂ© une question sur la dĂ©couverte de nouveaux Ă©lĂ©ments. L’élĂ©ment 96 Ă©met abondamment des particules α. Cette propriĂ©tĂ© lui confĂšre une grande puissance thermique. De ce fait, des gĂ©nĂ©rateurs thermoĂ©lectriques Ă  radioisotope l’ont testĂ© comme source de chaleur. Il a aussi une application dans la formation de plutonium 238. Ce dernier sert d’activateur de stimulateur cardiaque. Il peut aussi ĂȘtre utilisĂ© dans les gĂ©nĂ©rateurs Ă  radioisotope de faible radioactivitĂ© Îł. Le curium est la matiĂšre premiĂšre des autres transactinides et transuraniens. Il a son usage comme source de rayons α dans les spectromĂštres X. Ces spectromĂštres ont permis l’analyse de la surface de la comĂšte 67P/Tchourioumov-Guerassimenko par l’atterrisseur PhilaĂ© de la sonde Rosetta. Ils ont aussi aidĂ© Ă  l’analyse des roches sur Mars par les robots Spirit, Sojourner et Opportunity.

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La découverte du curium

L’annĂ©e 1944 marque la dĂ©couverte du curium par Glenn T. Seaborg, Albert Ghiorso et Ralph A. James. Leur sĂ©rie de recherches s’est dĂ©roulĂ©e Ă  l’UniversitĂ© de Californie Ă  Berkeley Ă  l’aide d’un cyclotron de 1,50 m. L’élĂ©ment 96 est le troisiĂšme transuranien dĂ©couvert depuis 1940, aprĂšs le neptunium et le plutonium. L’élaboration du curium a abouti avant celle de l’amĂ©ricium. Pourtant, ce dernier a un numĂ©ro atomique infĂ©rieur d’une unitĂ©.

Les oxydes de l’élĂ©ment Ă  irradier servent de matiĂšres premiĂšres pour l’élaboration d’un nouvel Ă©lĂ©ment. Pour l’élĂ©ment 96, du nitrate de 239Pu est Ă©talĂ© sur une feuille de platine de 0,5 cmÂČ. AprĂšs l’évaporation de la solution, le chauffage du sel restant conduit au dioxyde de plutonium. S’ensuit une exposition dans le cyclotron, une dissolution par l’acide nitrique et une prĂ©cipitation par un mĂ©lange ammoniacal. L’étape suivante consiste Ă  dissoudre le reste par l’acide perchlorique. Les Ă©changeurs d’ions aident Ă  la sĂ©paration finale. Ces recherches ont conduit Ă  la production du 242Cm et 240Cm.

En aoĂ»t 1944, l’irradiation de plutonium 239 avec des particules α donne du curium 242 :

23994Pu + 42He → 24296Cm + 10n.

L’énergie de la particule α Ă©mise Ă  la dĂ©sintĂ©gration facilite l’identification de l’isotope :

24296Cm → 23894Pu + 42He.

Cette désintégration avait une demi-vie de 150 j. Actuellement, la meilleure mesure est de 162,8 j.

En mars 1945, le mĂȘme groupe de scientifiques dĂ©couvre le 240Cm. Le principe est la mĂȘme que celui du 242Cm : du 239Pu irradiĂ© par des particules α.

23994Pu + 42He → 24096Cm + 310n.

Cette désintégration avait une demi-vie de 27,6 j. Présentement, la mesure est de 27 j.

Étant en pleine Seconde Guerre mondiale, l’identification du curium n’a pas Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e immĂ©diatement. Le 11 novembre 1945, Glenn Seaborg a participĂ© Ă  l’Ă©mission de radio amĂ©ricaine Quiz Kids. Un jeune auditeur a demandĂ© la dĂ©couverte de nouveaux Ă©lĂ©ments lors de la recherche sur les armes chimiques. Le scientifique a annoncĂ© l’identification du curium et de l’amĂ©ricium. Cette dĂ©claration prĂ©cĂšde l’annonce officielle dans un colloque de l’American Chemical Society.

Plus tard, la dĂ©couverte de l’élĂ©ment, de ces isotopes et de leurs composĂ©s a Ă©tĂ© accrĂ©ditĂ©e Ă  Glen Seaborg. Cette sĂ©rie de recherches a Ă©tĂ© nommĂ©e « ELEMENT 96 AND COMPOSITIONS THEREOF »

La nomenclature de l’élĂ©ment 96 correspond Ă  celle du gadolinium. Ce dernier se trouve juste au-dessus du curium dans le tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments. Ses sept Ă©lectrons 4 f sont aussi analogues aux 7 Ă©lectrons 5 f de l’élĂ©ment 96. Le terme curium fait rĂ©fĂ©rence aux cĂ©lĂšbres physiciens Pierre et Marie Curie. En effet, leurs travaux ont conduit Ă  la recherche sur la radioactivitĂ©. De son cĂŽtĂ©, le gadolinium a Ă©tĂ© nommĂ© en l’honneur du cĂ©lĂšbre scientifique Johan Gadolin.

En 1947, Louis Werner et Isadore Perlman ont créé la premiĂšre quantitĂ© pondĂ©rale de curium. Elle est sous forme d’hydroxyde de curium. Le principe du procĂ©dĂ© est l’irradiation neutronique de 241Am. Le rĂ©sultat a produit 40 ”g de 242Cm(OH)3. En 1951, le baryum a rĂ©duit le curium en CmF3.

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La distribution du curium

En 2016, une Ă©tude a prouvĂ© qu’au dĂ©but le systĂšme solaire renfermait du curium. Une mĂ©tĂ©orite contenant de l’uranium 235 qui est un produit de dĂ©sagrĂ©gation du curium 247 a permis de confirmer cette hypothĂšse.

L’isotope avec la plus longue pĂ©riode de vie est le 247Cm. Elle ne s’élĂšve que de 15,6 × 106 annĂ©es. De ce fait, le curium terrestre initial s’est dĂ©sagrĂ©gĂ©. La recherche utilise de petites quantitĂ©s de curium synthĂ©tisĂ©. Les combustibles usĂ©s des rĂ©acteurs nuclĂ©aires contiennent aussi une infime quantitĂ© de l’élĂ©ment 96.

Jusqu’en 1980, le curium environnemental dĂ©coule des tests de bombes atomiques atmosphĂ©riques. Les dĂ©chets nuclĂ©aires et les autres tests atomiques ont augmentĂ© la concentration de curium local. Cela n’influence que trĂšs peu la radioactivitĂ© naturelle.

Le 1er novembre 1952, les dĂ©chets d’Ivy Mike, la premiĂšre bombe H amĂ©ricaine, ont Ă©tĂ© explorĂ©s. Ces dĂ©bris sur l’atoll d’Enewetak ont permis l’identification de plusieurs Ă©lĂ©ments :

  • de l’einsteinium ;
  • du fermium ;
  • du plutonium ;
  • de l’amĂ©ricium ;
  • des isotopes de curium ;
  • du berkĂ©lium ;
  • du californium.

Ce jour a marqué la découverte du 245Cm et du 246Cm. De petites quantités de 247Cm, de 248Cm et des traces de 249Cm ont été également mises en évidence.

Ces rĂ©sultats n’ont Ă©tĂ© publiĂ©s que quatre ans plus tard, Ă  cause de sa couverture par le secret militaire.

L’obtention et la prĂ©paration du curium

L’obtention des isotopes du curium

Les rĂ©acteurs nuclĂ©aires sont le lieu de formation de petites quantitĂ©s de curium. Le stock mondial n’est que de quelques kg. Le prix du 244Cm ou du 248Cm est trĂšs onĂ©reux, s’élevant Ă  environ 160 USD/mg. Une sĂ©rie de rĂ©actions nuclĂ©aires se dĂ©roule dans les rĂ©acteurs Ă  partir du 238U. La capture neutronique est une Ă©tape importante de la formation. Le nuclĂ©ide excitĂ© se dĂ©sintĂšgre par rayonnement Îł et devient sa forme de base. Les fissions des autres noyaux du rĂ©acteur crĂ©ent les neutrons libres. S’ensuivent deux dĂ©sintĂ©grations ÎČ- et la production de 239Pu. Cette rĂ©action est Ă  l’origine de nouveaux matĂ©riaux fissiles dans les rĂ©acteurs surrĂ©gĂ©nĂ©rateurs.

23892U (n,Îł) → 23992U ÎČ â†’ 23993Np ÎČ- → 23994Pu.

La dĂ©sintĂ©gration de l’uranium 239 en neptunium 239 dure 23,5 minutes. À partir de ce stade, le neptunium 239 se dĂ©sagrĂšge pendant 2,25 j en plutonium 239.

Deux captures neutroniques et une dĂ©sintĂ©gration ÎČ forment l’amĂ©ricium 241. Ce dernier subit une autre capture neutronique et une dĂ©sintĂ©gration ÎČ pour donner le curium 242 :

23994Pu 2(n,Îł) → 24194Pu ÎČ- → 24195Am (n,Îł) → 24295Am ÎČ- → 24296Cm

La désintégration du 241Pu en 241Am dure 14,35 années et le 242Am en 242Cm 16,02 h.

Une autre façon de produire du curium commence par le plutonium obtenu à partir de combustibles nucléaires usés. Ce plutonium sera irradié par un flux élevé de sources de neutrons. Une autre chaßne de réaction peut prédominer si le flux est augmenté.

Plus prĂ©cisĂ©ment, le plutonium 239 se transforme par quatre capteurs neutroniques succincts en 243Pu. Ce dernier subit une dĂ©sintĂ©gration ÎČ pendant 4,96 h pour donner de l’amĂ©ricium 243. L’isotope subit ensuite une nouvelle capture neutronique et forme l’amĂ©ricium 244. S’ensuit une dĂ©sintĂ©gration ÎČ de 10,1 h. L’aboutissement final de la sĂ©rie est le 244Cm.

23994Pu 4(n,Îł) → 24394Pu ÎČ- →24395Am (n,Îł) → 24495Am ÎČ- → 24496Cm α → 24094Pu.

Puisque cette réaction se déroule dans les réacteurs nucléaires, le 244Cm est retrouvé dans les produits de retraitement de combustibles nucléaires.

Des isotopes lourds sont produits dans le rĂ©acteur Ă  partir du 244Cm. À cause de leur durĂ©e de vie longue, le 247Cm et le 248Cm sont trĂšs sollicitĂ©s dans les recherches.

A96Cm + 10n → A+196Cm + γ

La courte durée de vie du 249Cm défavorise la production de 250Cm. Elle diminue la possibilité de capture neutronique. La désintégration α du californium 254 produit du curium 250. Pourtant, le 254Cf se désagrÚge surtout par fission spontanée et rarement par désintégration α.

Le curium produit est un mĂ©lange de plusieurs isotopes. Cela est dĂ» Ă  une sĂ©rie de dĂ©sintĂ©grations ÎČ- et de captures neutroniques. Leur morcellement est particuliĂšrement difficile.

Le 248Cm est trĂšs employĂ© dans les expĂ©riences, car elle a une grande vie. La dĂ©sintĂ©gration alpha du californium 252 est le procĂ©dĂ© le plus sĂ»r pour produire l’isotope. Elle dure 2,645 annĂ©es. À cause de sa longue vie, le 252Cf est obtenu en beaucoup de quantitĂ©. La puretĂ© isotopique du curium 248 obtenu est de 97 %. Sa production annuelle est de l’ordre de 35 Ă  50 mg.

25298Cfα → 24896Cm

La dĂ©sintĂ©gration ÎČ du berkĂ©lium 249 produit une infime quantitĂ© de californium 249. La dĂ©sintĂ©gration de ce dernier pendant 351 ans produit le curium 245.

24997BkÎČ- → 24998Cfα → 24596Cm

La préparation du curium métallique

La rĂ©duction des composĂ©s forme le curium mĂ©tallique. La premiĂšre Ă©tape consiste Ă  rĂ©duire du fluorure de curium. Dans un appareil en tungstĂšne ou en tantale, le fluorure rĂ©agit avec du lithium ou du baryum en absence d’oxygĂšne ou d’eau.

CmF3 + 3 Li → Cm + 3 LiF

Le curium mĂ©tallique peut aussi ĂȘtre obtenu par rĂ©duction de dioxyde de curium. Elle se fait par alliage de zinc et de magnĂ©sium dans un flux de fluorure de magnĂ©sium et chlorure de magnĂ©sium.

Les propriétés du curium

Les propriétés physiques du curium

Ce mĂ©tal artificiel est radioactif et dur. Son aspect imite le gadolinium. Il est donc de couleur blanche argentĂ©e. Ses autres propriĂ©tĂ©s physico-chimiques ressemblent Ă  son analogue des lanthanides. ComparĂ© aux transuraniens dĂ©couverts ultĂ©rieurement, le curium a un point de fusion plus Ă©levĂ©. Il s’Ă©lĂšve Ă  1 340 °C si celui de l’amĂ©ricium est de 1 173 °C, le plutonium 639 °C, le neptunium 637 °C. Soumis Ă  une tempĂ©rature de 1 312 °C, le gadolinium fond. À 3 110 °C, le curium est en Ă©bullition.

Dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression, on n’observe qu’une structure cristalline, le Cm-α. Son rĂ©seau est hexagonal de groupe P63/mmc. La configuration du rĂ©seau est de 4 atomes par cellules Ă©lĂ©mentaires, a= 365 pm et c= 1 182 pm. Un double empilement hexagonal compact et une suite de couches type ABAC constituent la structure. Cette forme est isotypique Ă  celle de la structure α du lanthane.

Soumis Ă  une pression supĂ©rieure Ă  23 GPa, le Cm-α devient Cm-ÎČ. Ce dernier est de structure cubique du groupe Fm3m. Le rĂ©seau cubique est Ă  faces centrĂ©es compactes munies d’une sĂ©rie de couches ABC. Le paramĂštre de rĂ©seau est a= 493 pm.

La spectroscopie de fluorescence laser rĂ©solue en temps Ă©tudie la fluorescence des ions Cm stimulĂ©s. Cette fluorescence est suffisamment longue pour ĂȘtre exploitĂ©e. L’Ă©norme distance entre le premier Ă©tat excitĂ© 6D7/2 et le fondamental 8S7/2 explique cette longue fluorescence. Cela est utile dans la sĂ©lection de composĂ©s de curium dans un lot important. En effet, la fluorescence des autres ions mĂ©talliques ou des substances organiques est plus courte.

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Les propriétés chimiques du curium

Le nombre d’oxydation le plus stable du curium est +3 : Cm2O3 et Cm(OH)3. Parfois, il peut ĂȘtre rencontrĂ© au degrĂ© d’oxydation +4 : CmO2. La chimie du curium imite les lanthanides et l’amĂ©ricium. Le Cm3+ est incolore et le Cm4+ est jaune pĂąle en solution aqueuse.

Les ions curium appartiennent aux acides forts de Lewis. Il construit les complexes les plus stables avec les bases fortes. L’Ă©laboration des complexes se base sur les interactions ioniques et ne possĂšde qu’une composante covalente. Le processus de complexation du curium imite plus les lanthanides que les actinides comme le thorium et l’uranium. Une coordinence Ă  neuf Ă©lĂ©ments gĂ©omĂ©triquement de trois prismes Ă  trois cĂŽtĂ©s se juxtaposant est privilĂ©giĂ©e par le curium.

Les aspects biologiques du curium

Hormis son caractĂšre radioactif, le curium n’a pas de pouvoir biologique spĂ©cifique. Des chercheurs ont Ă©tudiĂ© l’absorption de Cm3+ par des archĂ©es et des bactĂ©ries.

Les propriétés fissiles du curium

À cause de leur haute section efficace, 243Cm, 245Cm et 247Cm ont leur utilisation comme combustibles pour rĂ©acteur thermique. Les isotopes de 242Cm Ă  248Cm et 250Cm assurent une rĂ©action en chaĂźne. Certains le font juste avec des neutrons rapides. Dans un surgĂ©nĂ©rateur rapide, les combustibles peuvent ĂȘtre formĂ©s par n’importe quelle combinaison de ces isotopes. Le bĂ©nĂ©fice rĂ©side dans le retraitement de combustible usagĂ©. Une sĂ©paration chimique suffit au lieu de faire une sĂ©paration isotopique.

Le tableau ci-dessous montre les masses critiques pour un cercle dépourvu de modérateur et de réflecteur, puis pourvu de réflecteur et enfin des deux.

IsotopeMasse critiqueRayon+ réflecteur+ modérateur + réflecteur
242Cm371 kg40,1cm  
243Cm7,34 Ă  10 kg10 Ă  11 cm3 Ă  4 kg155g
244Cm13,5 Ă  30 kg12,4 Ă  16 cm  
245Cm9,41 Ă  12,3 kg11 Ă  12 cm3 Ă  4 kg59 g
246Cm 18 Ă  21 cm  
247Cm6,94 Ă  7,06 kg9,9 cm3 Ă  4 kg1,55 kg
248Cm40,4 kg19,2 cm  
250Cm 16 cm  

Les masses critiques des isotopes impairs tournent autour de 3 Ă  4 kg lorsqu’ils sont pourvus de rĂ©flecteurs. Ces masses se rĂ©duisent en solution aqueuse avec rĂ©flecteur. La prĂ©cision de ces valeurs avoisine les 15 %. En effet, les donnĂ©es physiques pertinentes sont incertaines et selon les sources, les indications sont trĂšs variables. Sa raretĂ©, son prix onĂ©reux et une loi allemande ĂŽtent au curium son usage comme combustible nuclĂ©aire.

Les curium 245 et 247 ont une utilisation dans la construction de rĂ©acteurs et d’armes nuclĂ©aires. À cause de leur courte durĂ©e de vie, le 243Cm utilisĂ© dans les bombes doit ĂȘtre en constant entretien. En plus, le curium 243 transforme l’énergie en chaleur par sa dĂ©sintĂ©gration α. Cette capacitĂ© rend difficile la construction d’une bombe. Cependant, la faible masse critique de certaines serait apte pour la construction des mini-bombes.

À cause de la faible disponibilitĂ© du curium, aucune Ă©tude sur les bombes miniaturisĂ©es n’a Ă©tĂ© menĂ©e.

Les isotopes du curium

Le curium ne possĂšde que des radionuclĂ©ides. NĂ©anmoins, il n’a pas d’isotopes stables. Vingt isotopes et sept isomĂšres ont Ă©tĂ© identifiĂ©s : de 233Cm Ă  252Cm. Le curium 247 et le curium 248 ont les plus longues demi-vies, respectivement de 15,6 × 106 ans et 348 000 ans. La demi-vie du 245Cm est de 8 500 ans, celle du 250Cm de 8 300 ans et celle du 246Cm de 4 760 ans. Environ 86 % des dĂ©sintĂ©grations du curium 250 sont des fissions spontanĂ©es. Ce fait suscite la curiositĂ©.

Le curium 242 et le curium 244 sont les isotopes les plus utilisés. Leurs demi-vies sont respectivement de 162,8 j et de 18,1 ans.

Des neutrons thermiques induisent une fission. Les sections efficaces sont d’environ :

242Cm243Cm244Cm245Cm246Cm247Cm248Cm
5 barns620 barns1,1 barn2 100 barns0,16 barn82 barns0,36 barn

Cette propriété répond à la rÚgle sur les nucléides transuraniens. Elle stipule que presque les nucléides transuraniens à nombre impair de neutrons sont aisément fissiles du point de vue thermique.

Les usages du curium

Dans le générateur thermoélectrique à radioisotope

L’élĂ©ment 96 est une des substances les plus radioactives. Le curium 242 a une demi-vie de 162,8 j et le curium 244 18,1 ans. Ils ont des Ă©nergies α d’approximativement 6 MeV. De courtes demi-vies, ils sont produits dans les rĂ©acteurs. Par rapport au radium 226, ils ont une plus grande activitĂ©. Le 226Ra a une demi-vie de 1 600 ans et il est produit dans la chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration naturelle uranium-radium. La radioactivitĂ© de ces isotopes produit une chaleur intense. Si le 244Cm Ă©met 3 W/g, le 242Cm peut Ă©mettre jusqu’à 120 W/g. À cause de cette grande Ă©mission de chaleur, ces isotopes ont leur utilisation dans des gĂ©nĂ©rateurs thermoĂ©lectriques Ă  radioisotope. Le trioxyde de dicurium (Cm2O3) est une source d’énergie Ă©lectrique pour les sondes spatiales.

L’utilisation du 244Cm a Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©tudiĂ©e. Son blindage d’émetteur α doit ĂȘtre plus mince que celui d’un Ă©metteur ÎČ. Toutefois, ses taux de neutrons, de Îł et de fission spontanĂ©e sont plus marquĂ©s que ceux du 238Pu. Ce dernier a une demi-vie de 87,7 ans. L’association d’un taux Ă©levĂ© d’irradiation neutronique, d’un blindage plus pesant contre les Îł et d’une plus courte demi-vie avantage le 238Pu.

Le 238Pu des gĂ©nĂ©rateurs thermoĂ©lectriques Ă  radioisotope pour stimulateurs cardiaques a Ă©tĂ© substituĂ© par du 242Cm. La rĂ©action (n,2n) du 237Np a produit du 236Pu. Ce dernier contamine le 238Pu produit dans les rĂ©acteurs. La rĂ©action contient dans sa chaĂźne de dĂ©sintĂ©grations un Ă©metteur Îł (le 208Tl). L’irradiation par du deutĂ©rium de l’uranium fabrique du 238Pu avec dĂ©faut. Le rayonnement fabriquant les stimulateurs cardiaques contenus dans les autres isotopes du curium sont moins importants. Ils sont beaucoup produits dans les rĂ©acteurs et conduisent dans la chaĂźne de dĂ©sintĂ©gration Ă  des isotopes de longue vie.

Dans les spectromĂštres X

L’institut de chimie Otto Hahn de la sociĂ©tĂ© Max-Planck a mis au point Ă  Mayence des spectromĂštres X Ă  particules α. Ils utilisent comme source de rayonnement α le curium 244. GrĂące Ă  ces spectromĂštres, Soujourner, Opportunity et Spirit ont pu faire des analyses chimiques de la roche du sol martien. Le spectromĂštre X de l’atterrisseur PhilaĂ© de la sonde spatiale Rosetta a aussi pu faire des analyses de la composition de la comĂšte 67P/Tchourioumov-Guerassimenko.

Des spectromĂštres α Ă©taient Ă  bord des sondes spatiales Surveyor 5 Ă  7. Avec l’aide du 242Cm, ils mesuraient les protons obtenus par Ă©jection de particules α. Ils Ă©valuent aussi les particules α renvoyĂ©es en arriĂšre.

Dans la production d’autres Ă©lĂ©ments

La production de transactinides et de transuraniens plus Ă©levĂ©s utilise du curium. Le seaborgium 265 est le produit de l’irradiation du curium 248 par des noyaux d’oxygĂšne 18. Les hassium 269 et 270 sont obtenus par irradiation du curium 248 par des noyaux de magnĂ©sium 26.

Les mesures de sécurité concernant le curium

Un rĂšglement allemand indique le degrĂ© de danger d’une substance. Le curium et ses composĂ©s ne sont pas concernĂ©s par la liste. Cette derniĂšre n’intĂ©resse que les risques chimiques qui sont nĂ©gligeables par rapport Ă  la radioactivitĂ©. Les dangers de la radioactivitĂ© ne sont importants qu’avec une certaine quantitĂ© de matiĂšres.

À cause de l’existence exclusive d’isotopes radioactifs, la manipulation du curium et de ses composĂ©s doit se faire dans des laboratoires spĂ©cialisĂ©s et sĂ©curisĂ©s. Elle doit Ă©viter d’incorporer les isotopes courants Ă©metteurs α. La plupart des isotopes se dĂ©sagrĂšgent en partie par fission spontanĂ©e. Les produits de fission ont un large spectre et sont souvent radioactifs. Ils Ă©mettent des rayonnements Îł de haute Ă©nergie. Cela confĂšre un risque supplĂ©mentaire et doit ĂȘtre pris en compte lors de la rĂ©daction des consignes de sĂ©curitĂ©.

Les effets du curium sur le corps humain

En cas d’absorption avec de la nourriture, la grande partie du curium est excrĂ©tĂ©e. Seul 0,05 % du curium ingĂ©rĂ© passe dans la circulation gĂ©nĂ©rale. Environ 45 % de cette quantitĂ© se dĂ©posent ensuite dans les os. Le foie est aussi le siĂšge de 45 % de l’élĂ©ment 96 et les 10 % restants sont Ă©liminĂ©s.

L’hĂ©matopoĂŻĂšse ou la production de globules rouges est stoppĂ©e par un dĂ©pĂŽt de curium entre la moelle et le corps osseux. Vient ensuite une diffusion lente vers la corticale.

L’inhalation du curium accumule une plus grande quantitĂ©. Cette forme d’absorption prĂ©sente ainsi un haut risque. Sous forme soluble, le 244Cm a une charge totale admissible pour le corps humain de 0,3 ”Ci.

Le principal risque de l’ingestion du curium par l’homme est une Ă©lĂ©vation du taux des cancers des os. Cela a Ă©tĂ© observĂ© lors d’une expĂ©rience menĂ©e chez le rat. Elle consistait Ă  injecter par voie intraveineuse du curium 242 et 244. Le cancer du foie et du poumon sont les rĂ©sultats de l’inhalation des isotopes du curium.

Les problÚmes liés au retraitement des déchets nucléaires

Les isotopes du curium se forment par rĂ©actions (n, Îł) suivies de dĂ©sintĂ©gration ÎČ. Cette formation se dĂ©roule dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires avec une grande durĂ©e d’usage de combustibles. Environ 20 g de variĂ©tĂ©s d’isotopes de curium sont renfermĂ©s dans une tonne de combustibles usagĂ©s. Les Ă©metteurs α de nombre de masse entre 245 et 248 sont indĂ©sirables dans les dĂ©chets radioactifs. Cela est dĂ» Ă  leur grande demi-vie. Ils doivent ĂȘtre comptabilisĂ©s comme dĂ©chets transuraniens. Pour rĂ©duire leur radiotoxicitĂ© Ă  grande pĂ©riode dans les stockages dĂ©finitifs, on pourrait sĂ©parer les isotopes Ă  grande vie des combustibles irradiĂ©s.

Les procĂ©dĂ©s de sĂ©paration et de mue atomique sont Ă©tudiĂ©s en vue d’Ă©liminer l’Ă©lĂ©ment 96. Trois Ă©tapes constituent le processus appliquĂ© :

  • une sĂ©paration chimique du combustible usagĂ© ;
  • un assemblage des Ă©lĂ©ments ;
  • une suite propre Ă  chaque groupe en vue d’obtenir un reste apte Ă  ĂȘtre stockĂ©.

Ce concept a pour but de transformer les isotopes du curium en nucléides à courte vie. Il consisterait à exposer les isotopes à irradiation par neutron dans des réacteurs spécialisés. Les recherches dans ce sens sont en cours.

Les réactions et les composés du curium

Les oxydes du curium

L’oxygĂšne attaque aisĂ©ment le curium. Les oxydes de curium ont des degrĂ©s d’oxydation +3 qui est le Cm2O3 et +4 qui est le CmO2. Un oxyde bivalent a aussi Ă©tĂ© identifiĂ©, le CmO.

Le dioxyde de curium noir est obtenu directement Ă  partir des Ă©lĂ©ments. En prĂ©sence d’oxygĂšne ou d’air, le procĂ©dĂ© consiste Ă  chauffer le curium mĂ©tallique. Cependant, cette manipulation est dĂ©licate. Le chauffage de sels de curium est alors prĂ©fĂ©rĂ© pour les petites quantitĂ©s. Ces sels sont le nitrate de curium ou Cm(NO3)3 et l’oxalate de curium ou Cm2(C2O4)3.

Une dĂ©composition thermique dans le vide Ă  600 °C du dioxyde de curium donne du trioxyde de dicurium:

4 CmO2 ΔT → 2 Cm2O3 + O2

Une autre mĂ©thode consiste Ă  rĂ©duire le dioxyde de curium Ă  l’aide de l’hydrogĂšne molĂ©culaire.

Les Cm2O3 et le CmO2 sont les formes de curium les plus retrouvées dans la nature.

Les halogénures de curium

Quatre halogÚnes stables sont à la base des halogénures de curium.

PrĂ©cipiter des solutions renfermant du curium avec des ions fluorures permet l’obtention du fluorure de curium incolore ou CmF3. La transformation de ce fluorure par du fluor molĂ©culaire permet d’obtenir du fluorure de cĂ©rium tĂ©travalent ou CmF4:

2 CmF3 + F2 → 2 CmF4

On connaßt une série de fluorures complexes avec un métal alcalin : M7Cm6F31.

La rĂ©action du chlorure d’hydrogĂšne sec HCl et l’hydroxyde de curium Cm(OH)3 donnent du chlorure de curium incolore CmCl3. La formation d’iodure de curium incolore et de bromure de curium vert clair emploie le chlorure de curium. Le processus consiste Ă  dĂ©placer le chlore Ă  l’aide de l’halogĂ©nure d’ammonium :

CmCl3 + 3 NH4I → CmI3 + 3 NH4Cl

Les sels de chalcogĂšnes et de pnictogĂšnes

Les sulfures et les sĂ©lĂ©niures sont des sels de chalcogĂšnes. L’action du sĂ©lĂ©nium gazeux ou du soufre purs Ă  haute tempĂ©rature permet d’avoir ces sels.

Les sels de pnictogĂšnes sont du type CmX. Leurs Ă©lĂ©ments X sont le phosphore, l’antimoine, l’arsenic et l’azote. L’action Ă  haute tempĂ©rature des Ă©lĂ©ments X avec du curium mĂ©tallique ou de l’hydrure de curium permet la production de ces sels.

Les composés organo-métalliques

L’uranocĂšne est un composĂ© organo-mĂ©tallique formĂ© par de l’uranium et deux ligands de cyclooctatĂ©traĂšne. D’une façon similaire, l’amĂ©ricium, le protactinium, le neptunium et le thorium prĂ©sentent des complexes correspondants.

Un curocĂšne est un composĂ© analogue Ă  l’uranocĂšne. La thĂ©orie des orbitales molĂ©culaires suppose la synthĂšse de ce (n8-C8H8)2Cm. Les recherches n’ont pas encore abouti.


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