Bistorta officinalis est une plante herbacée vivace qui appartient à la famille des Polygonaceae. Il s’agit de celle de l’oseille, du sarrasin ou de la persicaire. L’origine étymologique de son nom est le latin bistortus qui signifie « deux fois tordue » en référence à son rhizome coudé. La plante contient un nombre intéressant de composants qui lui confèrent des propriétés thérapeutiques reconnues.
Le capitulaire carolingien atteste de l’usage médicinal ancien de la bistorte. Au Moyen-Âge, elle était utilisée pour favoriser la conception. En resserrant l’utérus grâce à ses vertus astringentes, elle favoriserait la rétention du sperme. Ses feuilles aidaient à atténuer les écoulements de sang et à guérir les plaies.Au XVIIe siècle, les racines de la Bistorte étaient utilisées dans la composition du « diascordium ». Il s’agit d’un remède figurant dans la pharmacopée maritime occidentale pour ses propriétés sédatives et astringentes.
La Bistorte est une plante qui attire le regard. La hauteur de la tige, simple et peu feuillée, est de 20 cm à 1 m. En touffes denses, elle présente une masse de feuillage d’où émerge avec élégance un nuage d’épis d’une belle couleur rose profond.
L’inflorescence de Bistorta officinalis se reconnaît instantanément par son aspect unique. Il s’agit d’épis de 9 cm de long et de 1 à 3 cm de large, composés de multiples petites fleurs. La plante est andromonoïque, un épi portant les hermaphrodites et les mâles en même temps. Cette bonne mellifère voyante et facile d’accès fait le bonheur de divers insectes pollinisateurs. Elle fleurit de mai à août.
Les feuilles sont de couleur vert glauque et d’aspect glabre sur le dessus. La nervure médiane est beaucoup plus claire. Celles de la base sont ovales, au bord nettement ondulé, et se terminent en pointe douce.
Les petits fruits secs et durs sont des akènes qui proviennent des fleurs hermaphrodites fécondées. Leur couleur est d’un brun sombre, avec un aspect étonnamment brillant. Ils se présentent en forme de poire trigone avec des côtes bien marquées. La plante produit peu de fruits à cause des fleurs mâles présentes dans les épis.
La partie souterraine, le rhizome, mérite une mention spéciale. Enfoncé à environ dix centimètres sous terre, il se remarque par sa forme qui a valu à la plante son nom de bistorte. Il porte un bourgeon à son extrémité, ce qui permet la production d’une nouvelle tige chaque année. Il s’allonge avec le temps et se ramifie pour donner naissance à d’autres plantes.
Bistorta officinalis porte des noms vernaculaires le plus souvent liés à sa forme. Elle peut être appelée « bistorte », « serpentaire rouge », « renouée bistorte », « couleuvrée » ou « langue de bœuf ».
Elle est aussi parfois dénommée « bistorte commune », « andrelles », « andresse » ou « bistorte officinale ». Dans certaines régions, elle est connue autrement comme « feuillote », « faux épinard » ou encore « bouïne ».
La bistorte officinale aime les sols profonds, frais, peu acides et qui se révèlent riches en éléments nutritifs. Raison pour laquelle elle prospère dans les bois clairs, les fossés, les prairies humides et le long des ruisseaux.
Les exigences climatiques de la plante se traduisent par sa répartition. Elle pousse en Europe, en Asie et en Amérique du Nord orientale, dans les régions tempérées et montagneuses. En France, elle prospère à une altitude entre 600 et 2300 m.
Comme elle abrite deux espèces de papillons menacées, elle bénéficie d’un arrêté de protection. Certaines régions de France sont concernées.
Pour cultiver la bistorte, pensez à choisir un sol argileux, riche et profond qui puisse rester frais tout l’été. Les bords d’un plan d’eau sont un bon exemple de terrain humide et en mi-ombre fraîche. Attention, elle ne fleurira pas si vous la mettez à l’ombre.
Réalisez le semis de Bistorta officinalis dès février sous abri. Remplissez une caissette avec un mélange de terreau que vous tasserez bien à l’aide d’une planchette. Déposez les ensemencements en terre en respectant une certaine distance. Ajoutez un peu de terreau sur les graines en les tassant fermement. Arrosez régulièrement jusqu’à la levée.
Dès lors que quelques feuilles apparaissent sur les plantules, prenez des godets remplis de terreau. Triez les plants et choisissez les plus forts et les plus beaux. Mettez-les en godet en prenant soin de ne pas abîmer les racines. Serrez et compactez la terre avec vos doigts. Arrosez jusqu’au printemps ou l’automne, moment de la plantation.
Pour cette dernière procédure, commencez par travailler la terre et par y ajouter du terreau et du compost mature. Enterrez les plants en godet en espaçant de 30 cm. Recouvrez de terre et tassez. Pensez à finir avec un arrosage copieux.
Les principaux constituants actifs de la bistorte sont :
En raison de ses nombreux composants, Bistorta officinalis présente diverses propriétés thérapeutiques.
On lui reconnaît également d’autres activités : antimutagène, anti-tumorale et alexitère de protection contre certains venins de serpent.
La bistorte se prête à diverses utilisations.
Elle est utilisée comme telle pour sa partie aérienne. Au moment de la floraison, en été, elle agrémente les massifs de manière spectaculaire dès lors qu’elle dispose d’assez d’espace pour se développer.
Cette plante nourrit les chenilles de papillons et aussi certains grands herbivores. Toutefois, le plus assidu des « brouteurs » se révèle historiquement être l’Homme.
Il apprécie les feuilles pour leur goût mi-acide et mi-piquant conféré par la présence d’amidon. Elles sont consommées crues, en salade ou cuites à la façon des épinards sauvages. Les recettes varient en fonction des pays et des régions. À titre d’exemple, la « bourbouillade » dans les Cévennes, le « pudding » en Grande-Bretagne, l’ « Easter mangiant » en Irlande.
Le rhizome est aussi consommé pour sa richesse en fécule. Il était d’usage de le tremper au préalable pendant un certain temps dans l’eau. Dans les pays nordiques, il était cuit dans plusieurs eaux pour en éliminer l’amertume. Puis, après macération, il était grillé sous la braise comme un légume. Il pouvait également être réduit en farine et mélangé à de la farine de blé.
En phytothérapie, la plante entière est préconisée pour les affections suivantes :
On utilise principalement les rhizomes qui sont extirpés de préférence à la main, puis lavés et séchés au soleil. Différentes applications médicinales nécessitent des feuilles écrasées ou la poudre des racines. Bistorta officinalis est utilisé en externe, sous forme de pommade, et en interne.
Aucune contre-indication n’est connue à ce jour, mais il est recommandé d’éviter un usage prolongé. Cela est dû à la présence importante de tanins, de l’ordre de 20 %, dont la toxicité à long terme est encore mal connue.
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