De la même famille que les roses, c’est-à-dire les Rosacées, le genre Crataegus comprend plusieurs espèces, dont l’aubépine rouge. Scientifiquement appelé Crataegus laevigata, cet arbuste épineux existe en de nombreux cultivars, à usage ornemental pour certains. Cette plante peut vivre jusqu’à cinq siècles et ses propriétés sont connues depuis la Préhistoire dans plusieurs régions du monde.
L’aubépine rouge, à l’instar des autres espèces Crataegus, provient de l’hémisphère Nord. Elle a des origines multiples qui vont de l’Amérique du Nord à l’Asie, en passant par l’Afrique du Nord et l’Europe. Elle pousse principalement dans les régions tempérées. En France, cet arbuste est assez répandu, que ce soit dans le sud, dans le nord et sur le littoral. Il est également présent en région méditerranéenne. L’aubépine rouge pousse même au Maroc, notamment dans la région de l’Atlas, aux alentours de Sefrou et de Midelt.
Le vocable aubépine est dérivé du terme latin alba spina qui désigne une épine blanche. Le Crataegus est tiré du mot grec kratos qui se traduit par force. Ce terme renvoie à la solidité du bois de l’arbuste.
Son usage remonte à la période médiévale, où ses propriétés antivieillissement sont déjà reconnues, outre sa consommation alimentaire. En 1897, Henri Leclerc, historien de la phytothérapie, teste sur ses patients des substances dérivées de l’aubépine rouge.
Au bout de 30 ans d’expérience, il a pu conclure que la plante agit sur les mouvements cardiaques. Les mêmes vertus sont également exploitées en médecine traditionnelle chinoise ou MTC. De leur côté, les Grecs ont eu connaissance des propriétés de la plante. Ils les intègrent dans les traitements des troubles de la vessie et des reins.
Pendant le massacre de la Saint-Barthélemy à Paris en 1572, un arbuste fané refleurit au cimetière des Innocents. Les catholiques interprètent cette floraison inattendue comme une manifestation divine : le miracle de l’aubépine. Ils poursuivent le carnage, malgré l’ordre du roi de cesser la bataille à midi.
Le genre se décline en 400 espèces, dont des cultivars. L’aubépine rouge figure parmi les deux principales espèces exploitées à des fins thérapeutiques.
L’arbuste est reconnaissable à sa hauteur de 3 à 6 m en moyenne, mais il peut atteindre 10 m dans certains cas. Il s’agit d’une plante rustique avec une résistance jusqu’à -20 °C. Cette caractéristique lui permet de pousser dans les régions froides et de ne pas craindre les hivers rigoureux.
Ses fleurs à 2 ou 3 styles sont rosées, odorantes et disposées en inflorescence de grappes sur des rameaux étalés. Les feuilles sont caduques, alternes mesurant 2 à 5 cm avec 3 lobes en moyenne, profondes, d’un vert brillant et un peu poilues en dessous. La dénomination épine blanche se justifie par l’aspect épineux des rameaux lisses de couleur gris cendré. L’écorce de couleur claire est pourvue d’épines. Une apparence fissurée et brune indique que l’arbuste est âgé. Les cenelles, c’est-à-dire les baies rouges, contiennent deux graines.
L’espèce Crataegus laevigata diffère du Crataegus monogyna sur plusieurs caractéristiques botaniques. Cette dernière s’appelle aubépine à un style, possède des feuilles jusqu’à sept lobes et la cenelle ne contient qu’un grain. Des variétés hybrides résultent de ces deux espèces, à l’instar du Crataegus media, faisant partie des cultivars d’aubépine à usage ornemental.
L’aubépine rouge est peu exigeante en matière de sol, tant qu’il est drainé. Elle supporte ainsi un sol calcaire, frais ou pauvre, mais surtout à pH neutre. Il s’agit d’une plante neutrophile en mesure de se développer sans problème sur une terre légèrement acide. Elle pousse idéalement dans une exposition ensoleillée, car il s’agit d’une plante héliophile, c’est-à-dire qui aime la lumière. Néanmoins, elle apprécie aussi une situation mi-ombragée.
À l’état sauvage, l’aubépine rouge croît dans les forêts d’arbres à feuilles caduques, dans les haies ou dans les lisières. Dans un jardin, les semis se font généralement en automne avec des graines de cenelles mûres. La période de dormance des graines dure 18 mois en moyenne.
Les fleurs en bouton sont cueillies au début de leur floraison, puis séchées et conservées. Les sommités fleuries sont les plus utilisées en phytothérapie.
Les composants de l’aubépine rouge expliquent ses nombreuses vertus. Cette plante contient des principes actifs comme des flavonoïdes, des acides phénoliques, des oligomères proanthocyanidines ainsi que des triterpènes pentacycliques.
Les propriétés antioxydantes sont favorisées par les composés de flavonoïdes, notamment la vitexine, les rhamnosides ou encore les hyperosides. Ces substances ont aussi des actions protectrices contre les maladies cardiovasculaires.
L’acide caféique comptant parmi les acides phénoliques est réputé pour ses vertus anti-inflammatoires et antivirales.
L’épicatéchine et la catéchine composant les oligomères proanthocyanidines apportent de nombreux bienfaits sur la circulation sanguine. Elles préviennent les maladies cardiovasculaires, entre autres.
La présence d’acide ursolique et d’acide oléanolique renforce le pouvoir antioxydant de l’aubépine rouge.
La synergie de tous ces composants favorise la circulation coronarienne et la régulation du rythme cardiaque. Grâce à leurs multiples vertus, les sommités fleuries sont couramment utilisées dans les compositions pharmaceutiques.
Toutes les parties de l’aubépine rouge servent en phytothérapie : fleurs, feuilles et baies.
Sur la tension artérielle et la digestion, l’aubépine rouge relâche les artères et aide à réduire la pression artérielle. En ce sens, elle permet de lutter contre l’hypertension tout en prévenant l’obturation des artères. Elle est aussi indiquée pour soulager les douleurs au niveau du thorax. Sa composition participe au traitement des troubles digestifs, dont les ulcères gastriques et les maladies inflammatoires de l’intestin. Son effet va jusqu’à inhiber les contractions au niveau de l’intestin. Il s’agit aussi d’un excellent anti-inflammatoire.
Cette plante a des effets bénéfiques considérables sur le fonctionnement du cœur. Elle apaise les signes d’insuffisance cardiaque, baisse le taux de cholestérol et favorise le pompage de sang. Elle réduit l’essoufflement, les gonflements et la fatigue. Ses vertus s’étendent au renforcement de la paroi des vaisseaux et à la réduction des signes d’anxiété.
L’aubépine rouge constitue un allié minceur grâce à son action probiotique. Elle a aussi la capacité de stopper la formation de cellules de graisse dans l’organisme.
Les composés de la plante ont un pouvoir intéressant sur les fonctions cognitives. Ils favorisent la vitesse visuomotrice en plus d’améliorer l’attention. Ils participent dans la prévention de certaines maladies dégénératives, comme le Parkinson et l’Alzheimer. Ils renforcent aussi la mémoire et stimulent la capacité d’apprentissage. L’aubépine rouge développe la logique et apaise les troubles de coordination.
Les femmes présentant des signes de la ménopause peuvent l’utiliser. Elle agit sur les différents symptômes, comme les changements d’humeur et les bouffées de chaleur. Elle assure également une protection des follicules ovariens, en plus de réduire les niveaux d’hormones sexuelles.
L’aubépine rouge est bénéfique pour la peau, en prévenant l’hyperpigmentation et la mort cellulaire, par exemple. Elle est aussi connue pour apporter hydratation et éclat. Elle limite l’apparition des signes de l’âge, dont les rides. Ses principes actifs contribuent dans l’élasticité de la peau et stimulent l’accumulation de collagène.
Les propriétés thérapeutiques de l’aubépine rouge améliorent les fonctions hépatiques et rénales. Une activité antioxydante est attribuée à cette plante. Cette caractéristique aide à préserver l’équilibre des enzymes et à neutraliser les radicaux libres, responsables du vieillissement prématuré de la peau. Elle contribue à la lutte contre le stress oxydatif et agit sur la stéatose hépatique ou l’accumulation de graisse dans le foie.
L’activité antidiabétique observée chez l’aubépine rouge lui permet de prévenir les complications. Les principes actifs régulent le taux de glycémie en bloquant les enzymes responsables de son augmentation. De plus, ils réduisent la résistance à l’insuline. Par ailleurs, les composants augmentent même la production de cette hormone dans l’organisme.
Les cultivars sont plébiscités pour créer des haies défensives et vives, en plus de servir de plante d’ornement dans le jardin. Cet arbuste sert aussi de porte-greffe pour certains arbres fruitiers, à l’instar du poirier ou du néflier. Les pêcheurs utilisent les épines comme hameçons.
Les cenelles sont parfois transformées en gelée, en sirop et en compote.
Le bois d’aubépine rouge se révèle résistant et robuste, caractéristique intéressante dans la fabrication de petites menuiseries et tourneries. Il s’agit aussi d’un bon combustible.
L’usage thérapeutique de l’aubépine rouge est soumis à une posologie bien précise. Le dosage suivant se réfère aux recommandations émanant de l’EMA ou European Medicines Agency.
Une infusion ou une décoction d’aubépine se prépare avec 150 ml d’eau bouillante pour 1 ou 2 g de feuilles et de fleurs broyées. Il faut en boire 3 ou 4 fois dans la journée.
Une teinture mère se confectionne avec 10 gouttes, avec une prise quotidienne dosée entre 3 et 5 fois. Pour un macérât, le dosage recommandé est de 5 gouttes.
L’extrait d’aubépine sec est fractionné en trois prises pour un total journalier de 240 à 900 mg.
La poudre d’aubépine est dosée entre 570 et 1 750 mg pour répartis en trois prises.
La consommation d’aubépine rouge entraîne parfois des effets secondaires, comme des vertiges, des palpitations ou des interactions avec d’autres traitements. Une consultation médicale s’impose avant toute cure, surtout pour les patients souffrant de problèmes cardiovasculaires. En outre, l’utilisation de cette plante est contre-indiquée chez les enfants, les bébés, ainsi que les femmes enceintes et allaitantes. Des interactions médicamenteuses ont été rapportées, comme sur les inhibiteurs d’enzyme de conversion, les diurétiques ou encore les bêtabloquants. Une cure prolongée présente aussi des risques d’action dépressive sur le fonctionnement cardiaque. Il convient ainsi de tenir compte de ces mises en garde.
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