Aussi connue sous le nom de « kena » ou « quéna », la quena est un instrument de musique traditionnelle des Andes, en Amérique du Sud. Ce dispositif musical possède une gamme diatonique, ce qui signifie qu’il peut produire une série de notes sans avoir besoin de mécanismes complexes. Il peut être joué avec d’autres instruments comme la zampona, le charango et le sikuri.
La quena incarne l’histoire, la culture et l’expression artistique des peuples andins.
La kena trouve ses origines en Amérique du Sud. À Inca Cueva, un site ancien dans la province de Jujuy, au nord-ouest de l’Argentine, des chercheurs ont découvert d’anciennes flûtes en os possédant trois trous. Ces artefacts datent d’environ 2130 av. J.-C. Ils témoignent de l’utilisation précoce de la quena par des pasteurs, des chasseurs et des horticulteurs.
Des traces de l’utilisation de la kena ont été découvertes San Pedro de Atacama, au nord du Chili, témoignant de sa place dans la culture Atacameña. Selon les sources, celles-ci datent de 400 à 500 apr. J.-C. Des éléments archéologiques indiquent que cet instrument était utilisé par des peuples des régions côtières, tels que les Chavíns, les Nazcas, les Limas, les Moches, les Chinchas et les Chancays. De plus, elle était aussi présente dans les pratiques culturelles des populations des régions montagneuses telles que les Chichas et les Incas.
Des flûtes du type quena, les plus anciennes connues, ont été découvertes en Allemagne. Selon les recherches, une flûte néandertalienne, sujette à controverse, aurait été créée il y a environ 45 000 ans en Slovénie. Fabriquée en os d’ours, elle est connue sous le nom de « Flûte de Divje Babe » et présente des similitudes avec la quéna. Ces découvertes soulignent que ce type d’instrument existe depuis très longtemps dans l’histoire de la musique.
La forme de la quena, telle qu’on la connaît aujourd’hui, a été modelée au XVIe siècle. Elle a évolué à partir de celle de la kena préhispanique, qui avait jusqu’à cinq trous, en intégrant des éléments de la flûte à bec européenne. Désormais, ce dispositif musical est joué dans divers pays d’Amérique du Sud, dont :
En France, la quéna est appelée parfois « flûte des Andes » ou « flûte indienne ». Cependant, ces appellations peuvent créer une confusion en raison de l’existence d’autres types de flûtes indiennes dans la région des Andes. Malgré cela, la kena demeure la plus connue parmi celles-ci. Cela peut s’expliquer par son caractère mythique ainsi que par sa diffusion internationale. Cet instrument est associé à la vulgarisation de la chanson « El cóndor pasa ».
La quena est l’un des quatre modèles de la flûte andine. Elle se présente comme une flûte verticale, droite, composée d’un tube unique creux ouvert à ses deux extrémités.
La kena est traditionnellement fabriquée en bambou et en os. Certaines versions précolombiennes ont été conçues en calebasse, en argile cuite, en pierre volcanique ou encore en métal (or ou argent). Aujourd’hui, les fabricants se servent de matériaux plus robustes comme le métal, le bois, les résines synthétiques ainsi que la fibre de carbone. Le bambou provenant de la lisière de l’Amazonie, dans la forêt de nuage des Yungas, est privilégié en raison de la qualité de sa sonorité.
La quena est pourvue d’une embouchure située à son extrémité supérieure, souvent en forme de « C », de « U » ou de « V ». Elle peut également adopter une forme rectangulaire. Cette encoche joue un rôle crucial, non seulement dans la production du son, mais aussi dans la qualité du timbre. Elle représente un point minuscule au niveau duquel des phénomènes d’aérodynamique et de vibration réagissent à des modifications infimes.
La forme, la taille et la profondeur de l’embouchure de la quéna ont un impact important sur le son émis. Une ouverture plus large nécessite plus d’air, ce qui produit un son plus fort et accentue la brillance, mais diminue la douceur de celui-ci.
Les trous de jeu présentent des tailles variées, pouvant être circulaires, ovales ou en forme de goutte. En Bolivie, ils sont plus grands et sont fermés avec la deuxième phalange. Pour la kena grave, ceux-ci sont plus étendus et éloignés pour éviter le décalage de l’auriculaire.
Leur bord peut être coupé net ou poli en arrondi pour faciliter les ornements et le doigté. Selon Angel Sampedro del Río, un luthier, cela réduit la « viscosité du trou » et favorise le son en adhérant à la pulpe du doigt. Certains trous de modèles bas de gamme sont brûlés au lieu d’être percés mécaniquement.
Le corps de la quena est fabriqué à partir de roseau ou de bambou soigneusement coupé entre deux nœuds. Le tuyau est percé de 5 à 8 trous, dont 6 au-dessus et 1 en dessous, avec celui du bas comme trou d’accord. De nos jours, il est utilisé pour donner un sol grave.
La kena a une longueur comprise entre 25 et 50 cm, avec un diamètre de 2,5 cm. Cependant, certaines variétés ont des tailles différentes. Cet instrument adopte une tonalité en sol majeur, incluant une échelle chromatique.
Par ailleurs, la quéna se décline en plusieurs variantes. Voici un tableau résumant les modèles disponibles et leurs caractéristiques.
| Variante | Longueur | Trous de jeu | Accord | Utilisation spécifique |
| Quena-quena | 50 à 70 cm | 7 | – | Parfois pratiquée simultanément avec la quena mala |
| Pusiphia quena | 72 cm | – | – | Jouée en trio macululos |
| Quenilla | 28 cm | – | – | – |
| Quenacho | 51 cm | 6 | ré | Utilisée pour accorder une quarte plus basse |
| Lichiwayu | Environ 37,5 cm | – | – | Interprétée par les Aymaras et les Chipayas en formant un ensemble |
| Paceño | Variable | – | En quinte | – |
| Chokela | Guia (60 cm) Malta (40 à 45 cm) | – | – | – |
Pour une justesse optimale dans les registres aigus, le tube de toutes ces variantes doit être cylindrique. Ainsi, les formes coniques, elliptiques ou courbées sont moins adaptées.
La quena est un instrument emblématique de la musique traditionnelle des Andes. Elle est utilisée pour interpréter des mélodies riches et pour accompagner une variété de danses folkloriques. Dans certaines communautés andines, ce dispositif est employé lors des cérémonies religieuses ou rituelles.
Auparavant, la kena était conçue et jouée exclusivement par les hommes. De nos jours, les virtuoses, surtout dans les zones urbaines, incluent des femmes talentueuses. Par exemple, Mariana Cayón, kéniste argentine de la Province de Salta, jouit d’une renommée internationale. Lauréate de plusieurs prix, dont le trophée Revelación Baradero 2001, elle a également été récompensée au Festival Nacional de Folklore de Cosquín en 2009. Une autre artiste notable est Micaela Chauque, compositrice et flûtiste de quena originaire de cette même province. Son œuvre discographique intitulée « Jallalla » lui a permis d’obtenir le prix du meilleur album folklorique des artistes féminines de l’année en 2019.
Grâce à sa capacité à produire des sons doux et mélodieux, la kena sert souvent à exprimer des émotions profondes. Les notes qu’elle produit sont employées pour transmettre des sentiments allant de la mélancolie à la joie. En raison de sa sonorité distinctive, la quéna est prisée par de nombreux artistes. Elle peut être utilisée dans différents genres musicaux comme la musique baroque, le tango nuevo, le jazz, et même le rock. Désormais, l’utilisation de cet instrument est répandue dans le monde entier, en particulier aux États-Unis, en France et au Japon.
La quena produit des sons grâce à la vibration de l’air à l’intérieur du tube. Celle-ci est contrôlée par l’embouchure, les trous de jeu et les ajustements du musicien. Son fonctionnement repose sur la manipulation habile de ces éléments pour créer une large gamme de notes et d’expressions musicales.
La kena est fabriquée de manière artisanale, conférant à chaque instrument une singularité et une personnalité unique. Voici un aperçu du processus de conception.
Le choix du matériau détermine le son produit par la quéna. La plupart des modèles sont conçus à partir de bambou. Celui-ci doit présenter une haute qualité acoustique, être dépourvu d’entre-nœuds et avoir des parois épaisses.
Certaines kena sont créées à partir de bois précieux comme le palissandre, le noyer, l’ébène et la grenadille. Ces matériaux sont employés par des fabricants spécialisés. À cet effet, la conception de l’instrument nécessite l’utilisation de machines de tournage sur bois.
L’extérieur et l’intérieur des bois utilisés sont scellés. Ils sont traités avec des produits spécifiques comme la gomme-laque indienne pour résister aux effets du temps et des fluctuations de température. Cette technique permet également de les protéger contre les champignons.
Après la découpe du tube principal à partir du matériau prévu à cet effet, des trous sont percés pour créer les notes de l’échelle musicale. La position précise de ces perforations est cruciale en vue de garantir une intonation correcte de l’instrument.
L’extrémité supérieure du tube est façonnée pour créer l’embouchure. Le musicien peut choisir la forme de cette dernière selon ses préférences.
La quéna peut être ornée de motifs artistiques, de gravures ou de peintures. Les bords des trous sont polis ou décorés afin d’améliorer le confort de jeu et l’esthétique de l’instrument.
Pour jouer de la quena, il est essentiel de la tenir horizontalement, de manière à placer l’extrémité supérieure au niveau de votre bouche et à orienter l’ouverture vers le bas. Assurez-vous que tous les trous sont facilement accessibles avec vos doigts. Ensuite, placez vos lèvres sur l’embouchure de manière à couvrir légèrement l’encoche. Expérimentez en inclinant l’angle de cette partie de l’instrument afin de trouver la position qui produit le son le plus clair. Vous pouvez souffler doucement et régulièrement sur l’entaille tout en maintenant une pression constante. La kena réagit bien à un souffle doux et contrôlé. Ajustez l’intensité pour moduler le volume. Dans le but de générer la première note, il est conseillé de boucher les trous et d’essayer d’insuffler de l’air lentement. Ensuite, ouvrez successivement chaque trou pour apprendre à produire les différentes notes.
La quena ne possède pas de système de guidage d’air spécifique sur le biseau. Elle offre au joueur une grande variété de possibilités de jeu grâce à différentes techniques d’articulation. Cela se concrétise par l’utilisation de syllabes articulatoires telles que « te », « de », « ke » et « gue ».
Pour conserver la musique de la kena, plusieurs solutions sont possibles, à savoir les enregistrements audio et les vidéos. Certains musiciens notent également leurs compositions et leurs mélodies sous forme de partitions musicales.
L’entretien de la quena est crucial pour assurer sa durabilité et préserver sa qualité sonore. Avant de jouer, il est essentiel de se rincer la bouche. Après chaque utilisation, essuyez l’instrument avec un chiffon sec dans le but d’éliminer les résidus de salive et la saleté. Évitez de placer la kena dans les endroits exposés à des températures extrêmes et à des humidités excessives. Ces conditions sont susceptibles de l’endommager et de provoquer des changements dans sa structure. Pour protéger ce dernier contre les chocs, rangez-le dans un étui adapté lorsqu’il n’est pas utilisé.
Il importe de vérifier régulièrement les liaisons, les trous ainsi que les embouchures pour vous assurer qu’il n’y ait pas de fuites d’air. Les liaisons desserrées peuvent affecter la qualité sonore. Si vous remarquez des fissures, des déformations ou d’autres problèmes, confiez la réparation à un professionnel.
La quéna peut être difficile à prendre en main pour les débutants. Une formation est recommandée afin de maîtriser les techniques de jeu. Pour apprendre à en jouer, plusieurs options sont possibles.
Engager un professeur indépendant est une meilleure solution pour les futurs quénistes souhaitant progresser rapidement. Les cours particuliers offrent la possibilité de bénéficier d’une attention individuelle de la part de l’enseignant. Cela facilite la correction des erreurs, et permet une compréhension approfondie des techniques de jeu. De plus, le formateur est en mesure de prodiguer des conseils personnalisés adaptés aux besoins spécifiques de chaque apprenant.
De nombreuses plateformes en ligne proposent des cours de kena dispensés par des quénistes expérimentés. En visualisant les vidéos pédagogiques et les tutoriels, l’apprenti peut se familiariser avec plusieurs techniques.
Les écoles de musique offrent une formation structurée avec des enseignants certifiés. Les cours en groupe permettent aux apprenants de partager leur expérience avec d’autres passionnés de musique, favorisant un environnement d’apprentissage enrichissant.
Afin de consolider les connaissances acquises lors des cours, une pratique régulière de l’instrument est recommandée.
Pour trouver la quena qui correspond à vos préférences et à vos besoins, plusieurs points doivent être pris en compte, à savoir :
Certains vendeurs proposent des ensembles comprenant des accessoires tels que des étuis, des embouts de protection, etc.
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