La caisse claire, un élément clé de la batterie, se classe parmi les instruments de percussion membranophone. Sa membrane inférieure résonne avec un timbre distinct. La sonorité émise est directement influencée par la qualité de sa conception et les matériaux utilisés lors de sa fabrication.
Fruit d’une invention américaine dans sa forme actuelle, la caisse claire dispose d’un double serrage. Il est constitué d’un fût cylindrique, d’un diamètre de 35 cm et de profondeur oscillant entre 5 et 22 cm, espaçant deux peaux tendues. Celle qui est supérieure est appelée « peau de frappe » et celle inférieure est désignée par « peau de résonance ». En deçà de ces dimensions, l’instrument est communément considéré comme un modèle piccolo, « petit » en italien.
Toutes équipées d’un timbre, la majorité des caisses claires intègre un déclencheur pour activer ou désactiver celui-ci. De plus, un système de réglage à vis (composé du pontet et du serre-timbre) permet de contrôler la pression qu’il exerce sur la membrane de résonance. Actuellement, les brins du timbre adoptent une structure en ressorts d’acier. Certains modèles proposent également une sourdine ajustable en feutre. Elle peut être fixée à la peau de frappe grâce à une vis extérieure agissant depuis l’intérieur du fût.
La caisse claire est couramment tendue avec une tension élevée pour réduire le temps de réverbération du son. Elle favorise la clarté des notes rapides telles que celles des roulements et facilite le rebond des baguettes. Selon le modèle, l’instrument est équipé de 6 à 12 tirants à vis par peau. Ces réglages sont répartis avec une coquille par tirant ou pour deux tirants opposés (un pour chaque peau).
Considérée comme la « reine de la batterie », la « caisse roulante » (son autre nom) se distingue comme l’instrument le plus polyvalent, le plus expressif et le plus clair de l’ensemble musical. Elle offre la flexibilité d’être positionnée à l’horizontale ou inclinée, selon les préférences du batteur. Il est important de noter qu’elle peut être jouée en solo, dans le cadre d’un orchestre ou d’autres contextes musicaux.
La caisse claire puise ses origines dans les fanfares militaires européennes. Ses coups ont été codifiés dès 1607, marquant son utilisation initiale à des fins de communication militaire. Cependant, son histoire remonte bien plus loin, trouvant ses premières racines dans le tambour des jongleurs et des ménestrels du Moyen Âge, déjà pourvu d’une chanterelle vibrante.
À partir de la Renaissance, un type de tambour plus profond s’est répandu, en parallèle avec l’essor de l’école bâloise de fifres et tambours. Au cours de la période baroque, cet instrument a été exploité pour créer des effets sonores naturalistes, imitant notamment des orages.Durant le XVe siècle jusqu’à la guerre de 1870, le tambour militaire était un moyen de communication essentiel, particulièrement pendant les manœuvres militaires.
Ce n’est qu’au XIXe siècle que le tambour a évolué pour devenir la caisse claire, marquée par une réduction significative de la profondeur de son fût. Cette transformation a conduit à une capacité accrue à exprimer une palette de nuances sonores, d’où son surnom de sonorité « claire ». Elle est ainsi devenue compatible avec l’orchestre moderne.
Son aptitude à reproduire fidèlement les nuances a favorisé son intégration dans la musique savante. Des compositeurs tels que Wagner, Berlioz, Ravel et Stravinsky l’ont très bien exploité.Au début du XXe siècle, elle a acquis une place prépondérante dans la batterie de jazz. Par la suite, elle devient naturellement un élément clé de la batterie de rock.
La caisse claire a marqué de nombreuses œuvres majeures à travers divers genres musicaux. Dans la musique savante, elle s’est illustrée de manière remarquable dans des compositions telles que le célèbre « Boléro » de Maurice Ravel (1928) et « Le Sacre du printemps » d’Igor Stravinski (1913).
Dans l’univers du jazz, des virtuoses tels que Roy Haynes ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de la caisse claire. Elle a été propulsée bien au-delà de sa fonction classique d’accompagnement, notamment aux côtés de Charlie Parker et Thelonious Monk dans les années 1950. D’autres figures marquantes comme Max Roach, Art Blakey, avec sa pratique caractéristique du press roll, et Elvin Jones ont chacun apporté une approche unique à l’instrument.
La caisse claire a également joué un rôle significatif dans divers genres musicaux. Bien que Richard Wagner ait souvent préféré la caisse roulante dans la musique d’orchestre, certains compositeurs ont exploré ses capacités. Cela a été le cas des opérettes viennoises et des compositions de Gustave Mahler, qui l’a utilisée pour évoquer des éléments de musique populaire ou militaire.
Dans le domaine du jazz, dès les débuts du genre, l’instrument occupe une place centrale, notamment dans les musiques déambulatoires de La Nouvelle-Orléans. Les marching bands et les fanfares en faisaient un usage intensif pour rythmer les compositions. Son rôle de ponctuation s’est affirmé avec l’avènement du bop, où des batteurs tels que Kenny Clarke ont contribué à sa reconnaissance.
Dans le rock, cet instrument musical a fréquemment marqué le temps pair et exécuté des breaks. En revanche, des batteurs comme Bill Bruford, pour le rock progressif, et Stewart Copeland, pour la pop music, ont exploré ses possibilités uniques.
La caisse claire a également connu une grande diversité d’utilisation à travers le monde. De la samba à la musique de carnaval au Brésil (batucada), au bikutsi au Cameroun, à l’afrobeat et à la rumba congolaise, elle a été exploitée. Dans les musiques électriques, influencées par la culture yorouba, elle a été adaptée et réemployée de multiples façons, devenant une percussion affranchie des stéréotypes musicaux.
La caisse claire offre une palette sonore variée, étroitement liée à la technique et à la précision du batteur. La frappe de la baguette à différents endroits de la peau (au centre, sur le bord ou le cercle) génère des sons distincts. Une diversité infinie de rythmes en résulte. En utilisant des méthodes spécifiques ou en laissant l’olive de la baguette rebondir, le batteur crée des effets sonores uniques, ajoutant une dimension expressive à sa performance.
Le timbre joue un rôle déterminant dans le son de la caisse claire. Enclenché, il produit un son métallique distinctif. En revanche, quand il est relâché, la sonorité devient différente, plus claire.
La caisse claire se compose d’un fût en bois, en aluminium, en acier ou en alliages cuivreux. Il est fermé par deux peaux, d’origine animale ou synthétique, l’une pour la frappe et l’autre pour la résonance. L’instrument se distingue du tambour par l’ajout de parties métalliques mobiles ou fixes, notamment le timbre. Il peut être monté sur un trépied ou fixé à une sangle, dans le cadre des performances de samba par exemple.
Il est constitué d’une bande de fils métalliques torsadés fixée sous la caisse claire qui longe la peau de résonance. Il est activé et désactivé par une petite manivelle ou déclencheur.
Les matériaux utilisés et le niveau de finition de ce type d’instrument varient selon les fabricants et les gammes de prix. Elles partagent des caractéristiques communes avec les autres éléments de percussion d’une batterie traditionnelle, tels que la grosse caisse et les toms.
La caisse claire offre plusieurs techniques de frappe spécifiques :
Il existe également le stick shot, un coup spécial impliquant un choc entre les baguettes. Cette technique est fréquemment utilisée par les premiers batteurs de jazz.
La technique fondamentale du batteur est le « roulement » (long roll, double stroke roll en anglais). La baguette rebondit entre chaque coup « frisé » (alternance main droite, main gauche). Les jazzmen ont perfectionné ce concept en variant le nombre de rebonds pour une plus grande liberté des mains.
Plusieurs figures classiques appelées « rudiments » découlent du roulement :
Ces techniques ont été adaptées pour la batterie avec pédales, permettant des variations entre pieds et mains.
Une autre technique, le « fla » ou flam en anglais, implique deux coups très rapprochés et isolés. Celle-ci est également présente chez les joueurs de djembé.
Dans le jazz, la caisse claire se joue en continu avec une main pour accompagner les solistes. Une phrase répétitive en « indépendance » avec l’autre main sur une cymbale est maintenue. Cette façon de jouer rappelle la technique des dununs mandingues.
Dans la notation musicale dédiée aux batteurs, chaque note représente un élément spécifique de la batterie, qu’il s’agisse de la caisse claire, des toms, du charleston et d’autres.
La caisse claire est parfois représentée par une note dont la hampe pointe vers le haut, offrant ainsi une visualisation claire de cet élément essentiel de la batterie.
Il est également possible d’accorder la caisse claire en do, par exemple à une octave supérieure au tom basse. Cette méthode offre une diversité tonale au sein de la batterie.
Pour entamer l’accordage de ce type d’instrument, la sélection d’une clé adaptée est essentielle. Certains préfèrent la clé magnétique Evans pour ses avantages ergonomiques. En effet, sa prise en main est confortable et sa caractéristique évite les chutes pendant l’accordage.
Commencer par desserrer complètement la peau de résonance pour qu’elle la rendre mobile est important. Puis, serrer progressif chaque vis jusqu’à ce qu’elles effleurent délicatement le cercle.
Une astuce consiste à utiliser deux clés pour garantir un serrage uniforme, permettant au cercle de descendre de manière égale. Il est important d’initier un demi-tour de clé sur chaque vis en suivant un motif en étoile.
L’objectif majeur est d’obtenir une tension uniforme sur toute la peau de résonance, pour favoriser la vibration équitable du timbre, quelle que soit la zone sollicitée.
Il est conseillé de s’assurer que la tension est identique devant chaque vis pour garantir une sonorité équilibrée. Si nécessaire, effectuer un ajustement prudent à l’aide d’une seule clé.
Appliquer la même méthode d’accordage à la peau de frappe. Tenir compte du fait que la tension de cette peau influence considérablement le jeu musical.
Procéder au réglage du timbre en dévissant les vis qui le retiennent par des cordes ou un ruban. Le placer au centre de la peau en veillant à respecter une distance égale entre les éléments de fixation et le bord de la peau.
Progressivement, ajuster la tension du timbre jusqu’à obtenir un premier contact avec la peau. Il est ensuite recommandé d’affiner la tension selon les préférences en jouant sur la peau de frappe.
L’apprentissage de la caisse claire peut s’effectuer de différentes manières, en ligne ou avec des musiciens professionnels.
Sur Internet, de nombreuses ressources telles que des cours vidéo, des tutoriels et des plateformes offrent une variété de méthodes pour débuter ou pour perfectionner son jeu.
Les cours particuliers restent une option judicieuse pour bénéficier d’un enseignement personnalisé, adapté au niveau et aux objectifs de chaque élève. Ils donnent la possibilité d’aborder des techniques spécifiques, de recevoir des retours individualisés et de progresser à son propre rythme.
Quel que soit le mode d’apprentissage choisi, la pratique régulière demeure la manière ingénieuse pour développer une maîtrise de cet instrument musical. Rien ne peut remplacer l’entraînement quotidien, l’exploration de différents styles musicaux et l’expérimentation de nouvelles méthodes pour améliorer ses compétences.
Pour les novices, les caractéristiques techniques peuvent sembler complexes. Ainsi, le choix d’une caisse claire débute généralement par celui du matériau de fabrication.
Le bois, utilisé depuis des siècles, demeure prisé pour sa qualité sonore distinctive. Sa chaleur tonique, universellement reconnue, explique la popularité des modèles fabriqués dans ce matériau. De plus, son essence influe grandement sur le son produit
Le peuplier également utilisé se compare à l’acajou. Cependant, le son se distingue avec une légère augmentation des basses en raison de sa nature plus tendre.
Outre ces essences, d’autres bois comme le noyer, le frêne, le tilleul, le chêne, le bubinga (bois africain) ou le cerisier sont également employés. Deux types de fabrication coexistent : les bois massifs coûteux et qui offrent une résonance parfaite, et les bois multiplis, plus abordables avec des performances croissantes. Certains fabricants optent pour des mélanges pour une même caisse claire pour compenser les coûts.
Le métal offre une palette sonore plus large que le bois, avec une attaque et une brillance accentuées. Les genres contemporains, favorisant les beats intenses, apprécient cette variété de sons. Le hard rock et le métal l’utilisent pour sa clarté et sa puissance, tout comme les styles musicaux complexes qui nécessitent une réponse précise et une attaque nette.
Le bronze, bien que moins courant, fournit des basses chaleureuses et dispose d’un peu d’attaque.
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