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Technétium

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Caractéristiques du technétium

  • Symbole : Tc
  • Masse atomique : 98u
  • NumĂ©ro CAS : 7440-26-8
  • Configuration Ă©lectronique : [Kr] 4d5 5s2
  • NumĂ©ro atomique : 43
  • Groupe : 7
  • Bloc : d
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©tal de transition
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 2,16
  • Point de fusion : 2 157 °C

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Le technétium, élément atomique n°43 de symbole Tc : son histoire, ses propriétés, ses caractéristiques, sa production et ses utilisations.

Le technĂ©tium, de symbole Tc et de numĂ©ro atomique 43, est un Ă©lĂ©ment chimique radioactif de couleur gris mĂ©tallique. Il est rarement prĂ©sent dans la nature et se prĂ©sente comme le plus lĂ©ger des Ă©lĂ©ments dĂ©couverts par crĂ©ation artificielle. Il s’agit d’un mĂ©tal de transition dont les propriĂ©tĂ©s chimiques se situent entre celles du rhĂ©nium et du manganĂšse. Son nom provient du grec τΔχΜητός / tekhnĂȘtĂłs qui signifie « artificiel ». En 1937, l’isotope technĂ©tium 97 (97Tc) est le premier Ă©lĂ©ment produit artificiellement. Il est important de souligner que le technĂ©tium ne possĂšde pas d’isotope stable. En effet, aucun de ses isotopes n’a une demi-vie supĂ©rieure Ă  4,2 millions d’annĂ©es.

Avant sa dĂ©couverte, Dmitri MendeleĂŻev remarqua une absence dans sa classification et anticipa certaines de ses caractĂ©ristiques. Il le nomma « ekamanganĂšse ». Le technĂ©tium est principalement extrait du cycle du combustible nuclĂ©aire sur Terre, issu de la fission de l’uranium 235 dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Cependant, sa dĂ©couverte dans les gĂ©antes rouges en 1952 a dĂ©montrĂ© que les Ă©toiles sont capables de produire des Ă©lĂ©ments massifs grĂące Ă  la nuclĂ©osynthĂšse stellaire.

Le technĂ©tium est prĂ©sent en quantitĂ©s infimes sur Terre, rĂ©sultant soit de la fission spontanĂ©e d’un alliage d’uranium, soit de la capture d’un neutron dans un alliage de molybdĂšne. Il est utilisĂ© dans divers domaines, notamment en mĂ©decine nuclĂ©aire oĂč le technĂ©tium 99m (99mTc), un isotope Ă  courte demi-vie qui Ă©met des rayons Îł, intervient dans divers diagnostics. En revanche, l’isotope 99Tc possĂšde une durĂ©e de vie plus longue et est utilisĂ© comme source de particules ÎČ. Le pertechnĂ©tate (TcO4−), quant Ă  lui, est couramment utilisĂ© pour protĂ©ger les aciers doux contre la corrosion anodique dans les systĂšmes de refroidissement fermĂ©s.

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Histoire du technétium

Recherche de l’élĂ©ment 43

La place vide entre le molybdĂšne et le ruthĂ©nium dans la table pĂ©riodique a longtemps Ă©tĂ© un mystĂšre pour les chercheurs. La dĂ©couverte de cet Ă©lĂ©ment manquant Ă©tait un objectif ambitieux pour de nombreux scientifiques, puisque sa position dans le tableau pĂ©riodique suggĂ©rait qu’il serait moins difficile Ă  trouver que d’autres Ă©lĂ©ments mĂ©connus.

En 1828, la prĂ©sence supposĂ©e d’un nouvel Ă©lĂ©ment, nommĂ© polonium, a Ă©tĂ© signalĂ©e dans un alliage de platine. Cependant, il s’est avĂ©rĂ© plus tard que ce dernier Ă©tait en fait de l’iridium impur. De mĂȘme, en 1846, la dĂ©couverte de l’ilmĂ©nium a Ă©tĂ© rapportĂ©e, mais des analyses ultĂ©rieures ont rĂ©vĂ©lĂ© qu’il s’agissait en fait du niobium impur. Cette erreur a Ă©galement Ă©tĂ© commise en 1844 avec la pseudo-dĂ©couverte par Heinrich Rose du pĂ©lopium. Il avait prĂ©dit que l’eka-manganĂšse (Em), un Ă©lĂ©ment inconnu Ă  l’Ă©poque, prĂ©senterait des propriĂ©tĂ©s comparables Ă  celles du manganĂšse.

Le mausolĂ©e de MendeleĂŻev Ă  Saint-PĂ©tersbourg comporte un tableau pĂ©riodique qui prĂ©sente l’ilmĂ©nium. Cette substance appartient Ă  la septiĂšme pĂ©riode et a un numĂ©ro atomique de 187 dont le symbole est Jl.

En 1877, le chimiste russe Serge Kern a prĂ©tendu avoir dĂ©couvert un nouvel Ă©lĂ©ment dans un alliage mĂ©tallique qu’il nomma « davyum » en hommage Ă  Sir Humphry Davy, un cĂ©lĂšbre chimiste anglais. Cependant, cette dĂ©couverte fut invalidĂ©e, car il s’agissait en rĂ©alitĂ© d’un mĂ©lange de fer, et de rhodium d’iridium. En 1896, un autre candidat, le lucium, a Ă©tĂ© proposĂ©, mais a finalement Ă©tĂ© identifiĂ© comme Ă©tant de l’yttrium. En 1908, le chimiste japonais Masataka Ogawa a affirmĂ© avoir dĂ©couvert des preuves de l’existence de l’Ă©lĂ©ment 43 dans un minerai de thorianite. Il l’a nommĂ© nipponium, en rĂ©fĂ©rence au Japon. Des analyses plus poussĂ©es ont nĂ©anmoins rĂ©vĂ©lĂ© que les plaques photographiques d’Ogawa contenaient du rhĂ©nium, mais pas l’Ă©lĂ©ment 43.

En 1925, Walter Noddack, Ida Tacke et Otto Berg ont annoncĂ© la dĂ©couverte d’un nouvel Ă©lĂ©ment, baptisĂ© masurium. Ce nom a Ă©tĂ© choisi en rĂ©fĂ©rence Ă  la rĂ©gion de Mazurie, en Pologne, d’oĂč vient la famille de Noddack. Ils ont utilisĂ© une mĂ©thode de bombardement d’Ă©lectrons sur de la ferrocolumbite pour dĂ©tecter sa prĂ©sence. Ensuite, ils ont analysĂ© le spectre au rayon X pour confirmer leur dĂ©couverte. Cependant, ils n’ont pas rĂ©ussi Ă  reproduire leurs rĂ©sultats expĂ©rimentaux.

La dĂ©couverte du technĂ©tium a Ă©tĂ© finalement attribuĂ©e Ă  Emilio SegrĂš et Carlo Perrier en 1937 lorsqu’ils ont rĂ©ussi Ă  isoler les isotopes 95 et 97.

En 1998, John T. Armstrong du National Institute of Standards and Technology (NIST) a simulĂ© numĂ©riquement l’expĂ©rience de 1925. Les rĂ©sultats obtenus ont Ă©tĂ© similaires Ă  ceux de l’Ă©quipe Noddack, suggĂ©rant que la dĂ©couverte du technĂ©tium aurait bien Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  cette Ă©poque. Cette hypothĂšse est renforcĂ©e par les mesures de la prĂ©sence naturelle du technĂ©tium effectuĂ©es par David Curtis au Los Alamos National Laboratory. Toutefois, les rĂ©sultats expĂ©rimentaux de Noddack concernant la dĂ©couverte de l’Ă©lĂ©ment 43 n’ont jamais Ă©tĂ© reproduits avec succĂšs. Par consĂ©quent, l’authenticitĂ© de cette dĂ©couverte demeure un sujet de dĂ©bat.

Découverte officielle

En 1937, l’universitĂ© de Palerme en Sicile a confirmĂ© la dĂ©couverte de l’Ă©lĂ©ment 43, suite Ă  une expĂ©rience menĂ©e par Carlo Perrier et Emilio SegrĂš. Durant l’Ă©tĂ© de 1936, SegrĂš s’est rendu aux États-Unis pour visiter le Laboratoire national Lawrence-Berkeley. Sur place, il rĂ©ussit Ă  convaincre Ernest Orlando Lawrence, l’inventeur du cyclotron, de lui fournir des produits radioactifs issus de cet appareil.

Le 17 dĂ©cembre 1936, Lawrence a envoyĂ© une feuille de molybdĂšne Ă  SegrĂš et Perrier. Celle-ci avait Ă©tĂ© utilisĂ©e comme dĂ©flecteur dans le cyclotron. Le 30 janvier 1937, ils ont commencĂ© leurs recherches pour dĂ©couvrir un nouvel Ă©lĂ©ment. SegrĂ© a dressĂ© une liste des expĂ©riences de chimie menĂ©es par Perrier pour prouver que l’activitĂ© du molybdĂšne Ă©tait en fait celle de l’Ă©lĂ©ment Z = 43. Celui-ci n’existe pas dans la nature, puisqu’il est instable et se dĂ©sintĂšgre par radioactivitĂ©. MalgrĂ© des difficultĂ©s importantes, ils ont rĂ©ussi Ă  isoler trois produits ayant des pĂ©riodes de dĂ©croissance de 90, 80 et 50 jours qui se sont finalement transformĂ©s en deux isotopes, 95Tc et 97Tc. Ils ont Ă©tĂ© nommĂ©s technĂ©tium par Perrier et SegrĂš.

Les scientifiques ont proposĂ© plusieurs appellations pour nommer ce nouvel Ă©lĂ©ment chimique. Certains ont suggĂ©rĂ© les noms panormium en rĂ©fĂ©rence Ă  l’universitĂ© de Palerme, ou trinacrium en rĂ©fĂ©rence Ă  la Sicile. Cependant, les chercheurs ont finalement optĂ© pour le mot grec « tekhnĂȘtos », signifiant artificiel. Ce choix Ă©tait plus appropriĂ©, puisqu’il s’agissait du premier Ă©lĂ©ment chimique dĂ©couvert artificiellement. De retour Ă  Berkeley, SegrĂš a collaborĂ© avec Glenn T. Seaborg. Ensemble, ils ont isolĂ© l’isotope technĂ©tium 99m, de nos jours utilisĂ© annuellement dans dix millions de diagnostics mĂ©dicaux

En 1953, l’astronome californien Paul W. Merrill a identifiĂ© la signature spectrale du technĂ©tium en observant des raies Ă  403,1 nm, 423,8 nm, 426,8 nm et 429,7 nm dans les gĂ©antes rouges de type S. Ces Ă©toiles massives en phase terminale sont riches en Ă©lĂ©ments Ă  courte durĂ©e de vie, tĂ©moignant de la prĂ©sence de rĂ©actions nuclĂ©aires qui les produisent. Cette preuve a renforcĂ© la thĂ©orie spĂ©culative selon laquelle les Ă©toiles sont des sites de nuclĂ©osynthĂšse produisant des Ă©lĂ©ments chimiques massifs. Des dĂ©couvertes rĂ©centes ont confirmĂ© la formation des Ă©lĂ©ments par l’absorption de neutrons dans les processus s.

Suite Ă  cette dĂ©couverte, des Ă©tudes ont Ă©tĂ© menĂ©es pour dĂ©tecter la prĂ©sence de technĂ©tium Ă  l’Ă©tat naturel sur Terre. En 1962, B. T. Kenna et P. K. Kuroda ont isolĂ© et identifiĂ© du technĂ©tium 99 dans de la pechblende au Congo belge, mais en quantitĂ© faible (approximativement 0,2 ng/kg). Cette substance est gĂ©nĂ©rĂ©e par la fission spontanĂ©e de l’uranium 238. Des recherches ont Ă©galement dĂ©montrĂ© que le rĂ©acteur nuclĂ©aire naturel d’Oklo a produit une grande quantitĂ© de technĂ©tium 99 qui s’est ensuite transformĂ© en ruthĂ©nium 99 par dĂ©sintĂ©gration. De plus, des observations rĂ©centes ont validĂ© la crĂ©ation de ces Ă©lĂ©ments par la capture de neutrons lors des processus de fusion nuclĂ©aire.

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Propriétés nucléaires

Le technĂ©tium est un mĂ©tal radioactif qui ne possĂšde aucun isotope stable. Il s’agit du mĂ©tal le plus lĂ©ger Ă  prĂ©senter cette propriĂ©tĂ©. Il est Ă©galement l’un des deux seuls Ă©lĂ©ments chimiques parmi les 82 premiers connus Ă  ĂȘtre exclusivement radioactif, l’autre Ă©tant le promĂ©thium.

Il est principalement gĂ©nĂ©rĂ© par des rĂ©actions nuclĂ©aires et se diffuse plus rapidement que d’autres radioisotopes. Sa toxicitĂ© chimique est relativement faible, mais sa toxicitĂ© radiologique dĂ©pend de l’isotope, de sa nature, de sa radiation et de sa demi-vie. Bien que la comprĂ©hension de la toxicitĂ© du technĂ©tium soit cruciale, les Ă©tudes expĂ©rimentales sont actuellement limitĂ©es

La manipulation des isotopes du technĂ©tium doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e avec une grande prudence. L’isotope le plus rĂ©pandu, le technĂ©tium 99, Ă©met notamment des radiations ÎČ Ă  faible intensitĂ© qui peuvent ĂȘtre arrĂȘtĂ©es par les vitres de protection du laboratoire.

Lorsque des Ă©lectrons sont arrĂȘtĂ©s, ils Ă©mettent un rayonnement continu de freinage qui produit des rayons X de faible intensitĂ©. Cependant, il ne prĂ©sente aucun danger pour le corps humain si la distance entre celui-ci et les vitres est supĂ©rieure Ă  30 centimĂštres. L’inhalation de particules radioactives constitue le risque majeur lors de la manipulation du technĂ©tium. Cette exposition peut entraĂźner une contamination radioactive des poumons et accroĂźtre significativement le risque de cancer. NĂ©anmoins, la plupart des travaux peuvent ĂȘtre effectuĂ©s en toute sĂ©curitĂ© sous une hotte. Par consĂ©quent, l’utilisation d’une boĂźte Ă  gants n’est pas nĂ©cessaire.


Stabilité isotopique

Le technétium possÚde des isotopes stables tels que :

  • le 98Tc qui a une demi-vie de 4,2 millions d’annĂ©es ;
  • le 97Tc qui a une demi-vie de 2,6 millions d’annĂ©es ;
  • le 99Tc qui a une demi-vie de 211 100 ans.

Vingt-deux autres isotopes ont Ă©tĂ© identifiĂ©s avec une masse atomique variant de 87,933 u pour le 88Tc Ă  112,931 u pour le 113Tc. La plupart ont une demi-vie infĂ©rieure Ă  1 heure, Ă  l’exception :

  • du 93Tc qui a une demi-vie de 2,75 heures ;
  • du 94Tc qui a une demi-vie de 4,883 heures ;
  • du 95Tc qui a une demi-vie de 20 heures ;
  • du 96Tc qui a une demi-vie de 4,28 jours.

Le technĂ©tium prĂ©sente plusieurs Ă©tats mĂ©tastables, dont le plus stable est le 97mTc, avec une demi-vie de 90,1 jours et une Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration de 0,097 MeV. Il est suivi de prĂšs par le 95mTc avec une demi-vie de 61 jours et une Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration de 0,038 MeV. Vient ensuite le 99mTc avec une demi-vie de 6,01 heures et une Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration de 0,1405 MeV. Il est important de noter que le 99mTc se caractĂ©rise par l’Ă©mission exclusive de rayons gamma lors de sa transformation en 99Tc.

Les isotopes ayant une masse atomique infĂ©rieure Ă  celle du technĂ©tium 98 se dĂ©sintĂšgrent par capture Ă©lectronique produisant du molybdĂšne. En revanche, les isotopes ayant une masse atomique supĂ©rieure se dĂ©sintĂšgrent exclusivement par Ă©mission bĂȘta produisant du ruthĂ©nium Ă  l’exception du technĂ©tium 100 qui peut subir Ă  la fois une capture Ă©lectronique et une Ă©mission bĂȘta.

Le technĂ©tium 99 (99Tc) est l’isotope prĂ©dominant du technĂ©tium. Sa radioactivitĂ© est de 6,2×108 dĂ©sintĂ©grations par seconde par gramme de matiĂšre (0,62 GBq/g).

Analyse de la stabilité

Le technĂ©tium et le promĂ©thium sont des substances inhabituelles qui ne possĂšdent pas d’isotopes stables.

En se basant sur le modĂšle de la goutte liquide pour dĂ©crire les noyaux atomiques, la formule semi-empirique de WeizsĂ€cker permet d’évaluer l’Ă©nergie de liaison nuclĂ©aire. Elle postule l’existence d’une zone de stabilitĂ© bĂȘta oĂč un nuclĂ©ide n’est pas sujet Ă  une dĂ©sintĂ©gration bĂȘta. Au-dessus de cette zone, les nuclĂ©ides subissent une dĂ©sintĂ©gration radioactive qui se traduit par l’Ă©mission d’un Ă©lectron ou d’un positron, ou encore par la capture d’un Ă©lectron les amenant Ă  se dĂ©placer vers le centre de la vallĂ©e.

La conversion d’un nuclĂ©ide d’une masse A en un nuclĂ©ide d’une masse A+1 ou A-1 peut ĂȘtre effectuĂ©e par une simple capture Ă©lectronique ou une seule Ă©mission bĂȘta Ă  condition que le produit final ait une Ă©nergie de liaison nuclĂ©aire plus faible et que la diffĂ©rence d’Ă©nergie soit suffisante pour permettre la dĂ©sintĂ©gration radioactive. Pour une parabole unique, il n’existe qu’un seul isotope stable associĂ© : celui qui possĂšde l’Ă©nergie de liaison nuclĂ©aire maximale.

Le graphique de l’Ă©nergie de liaison nuclĂ©aire en fonction du numĂ©ro atomique pour un nombre pair de nuclĂ©ons A prĂ©sente une irrĂ©gularitĂ© sous forme de deux paraboles distinctes pour les numĂ©ros atomiques pairs et impairs. Cette diffĂ©rence est due Ă  la stabilitĂ© accrue des isotopes ayant un nombre pair de protons et de neutrons par rapport Ă  ceux ayant un nombre impair de nuclĂ©ons.

Il est rare de trouver des noyaux stables avec un nombre impair de neutrons et de protons dans le contexte de deux paraboles, notamment lorsque le nombre de nuclĂ©ons est pair. Cependant, il existe quatre noyaux lĂ©gers qui prĂ©sentent cette particularitĂ© : 2H, 6Li, 10B et 14N. Dans ces cas, il est impossible d’avoir des isotopes stables avec un nombre pair de neutrons et de protons.

Le technĂ©tium est caractĂ©risĂ© par une vallĂ©e de stabilitĂ© bĂȘta centrĂ©e sur 98 nuclĂ©ons. Toutefois, il existe dĂ©jĂ  un nuclĂ©ide stable de molybdĂšne (Z = 42) ou de ruthĂ©nium (Z = 44) pour chaque nombre de nuclĂ©ons compris entre 95 et 102. Pourtant, le technĂ©tium ne possĂšde qu’un seul isotope stable, en raison de son nombre impair de protons qui ne permet la stabilitĂ© qu’avec un nombre impair de neutrons optimisant ainsi l’Ă©nergie de liaison nuclĂ©aire. Cependant, des isotopes stables de molybdĂšne ou de ruthĂ©nium ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©couverts. Ils ont le mĂȘme nombre de masse que chacun des isotopes « stables » possibles du technĂ©tium. Ainsi, ils ont tendance Ă  se transformer en isotopes stables en Ă©mettant des particules bĂȘta ou en capturant des Ă©lectrons. Cette transformation implique le changement d’un neutron en proton ou vice versa.

Caractéristiques physico-chimiques

Le technĂ©tium se trouve entre le rhĂ©nium et le manganĂšse dans la classification pĂ©riodique. Il possĂšde des caractĂ©ristiques qui se situent entre celles de ces deux Ă©lĂ©ments. On le trouve rarement sur terre, puisqu’il ne dispose pas d’un isotope stable ou ayant une durĂ©e de vie significative. Il n’a aucun rĂŽle biologique et n’est pas prĂ©sent dans le corps humain ni dans tout autre organisme vivant. De plus, il prĂ©sente une faible toxicitĂ© chimique.

Corps simple

Le corps simple est un métal gris argenté qui ressemble au platine. En général, il se présente sous forme de poudre grise.

Sa structure cristalline varie selon sa forme physique. Le mĂ©tal pur en vrac adopte une structure hexagonale compacte. Quant au technĂ©tium nanodispersĂ©, il prĂ©sente une structure cristalline cubique. Cette diffĂ©rence se reflĂšte Ă©galement dans leurs propriĂ©tĂ©s spectroscopiques distinctes. Le spectre Tc-99-NMR du technĂ©tium massif hexagonal prĂ©sente neuf satellites alors que le technĂ©tium nanodispersĂ© ne prĂ©sente pas de division de spectre RMN. Par ailleurs, la forme mĂ©tallique du technĂ©tium est sensible Ă  l’oxydation et peut se ternir graduellement en prĂ©sence d’air humide. Ses oxydes les plus courants sont le TcO2 et Tc2O7.

Lorsqu’il se prĂ©sente sous forme de poudre grise, ce mĂ©tal peut s’enflammer en prĂ©sence de dioxygĂšne. Il peut ĂȘtre dissous dans l’eau rĂ©gale, l’acide nitrique et l’acide sulfurique concentrĂ©. En revanche, il est insoluble dans l’acide chlorhydrique. Son spectre prĂ©sente des raies spectrales distinctives Ă  des longueurs d’onde de 363, 403, 410, 426, 430 et 485 nm. Le technĂ©tium peut former plusieurs agrĂ©gats atomiques, notamment Tc4, Tc6, Tc8 et Tc13. Les formes les plus stables sont Tc6 et Tc8. Ils ont une structure prismatique avec des liaisons triples reliant les couples verticaux d’atomes de technĂ©tium et des liaisons simples reliant les atomes plans. Par ailleurs, il a une propriĂ©tĂ© paramagnĂ©tique caractĂ©risĂ©e par une susceptibilitĂ© molaire de χ=3,35 × 10−9 m3 mol−1. Sa structure cristalline est de type hexagonal compact.

Le technĂ©tium pur monocristallin est un matĂ©riau supraconducteur de type II avec une tempĂ©rature de transition de 7,46 K. Toutefois, en prĂ©sence de cristaux irrĂ©guliers et d’impuretĂ©s, la tempĂ©rature peut atteindre 11,2 K pour une poudre pure Ă  99,9 %. Il est le deuxiĂšme matĂ©riau le plus performant en termes de profondeur de pĂ©nĂ©tration magnĂ©tique, juste aprĂšs le niobium, lorsque la tempĂ©rature est infĂ©rieure Ă  ce seuil.

Composés chimiques

Le technĂ©tium possĂšde une gamme d’Ă©tats d’oxydation allant de -1 Ă  +7. En prĂ©sence d’oxydants, le technĂ©tium VII se manifeste sous forme d’ion pertechnĂ©tate TcO4−.

Ressources et rendements de l’exploitation miniĂšre

Dans la nature

L’isotope le plus stable du technĂ©tium a une pĂ©riode radioactive courte, reprĂ©sentant seulement un milliĂšme de l’Ăąge de la Terre. Il n’y a actuellement aucune trace de technĂ©tium primordial dans l’environnement naturel, mais une infime quantitĂ© de technĂ©tium secondaire peut ĂȘtre dĂ©tectĂ©e. Elle rĂ©sulte de la dĂ©sintĂ©gration nuclĂ©aire rĂ©cente d’Ă©lĂ©ments radioactifs plus massifs, tels que ceux prĂ©sents dans les minerais d’uranium.

Depuis sa dĂ©couverte, de nombreuses recherches ont Ă©tĂ© menĂ©es pour identifier les sources naturelles terrestres. En 1962, les chercheurs B.T. Kenna et P.T. Kuroda ont dĂ©couvert la prĂ©sence de technĂ©tium 99 en faible quantitĂ© dans l’uraninite africaine. Cette substance est gĂ©nĂ©rĂ©e par la fission spontanĂ©e de l’uranium 238. En 1999, le chercheur David Curtis du Laboratoire national de Los Alamos a Ă©valuĂ© que la quantitĂ© de technĂ©tium prĂ©sente dans un kilogramme d’uranium est d’environ 1 nanogramme (10−9g).

Dans le spectre de certaines Ă©toiles de type gĂ©antes rouges dans l’espace, on peut observer une raie d’absorption qui indique la prĂ©sence de technĂ©tium. Cette dĂ©couverte prouve que les Ă©lĂ©ments lourds sont produits dans les Ă©toiles par nuclĂ©osynthĂšse.

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Production dans les déchets nucléaires

Le technĂ©tium 99 est une substance rare dans la nature, mais sa production annuelle est importante en tant que sous-produit de la fission du combustible nuclĂ©aire. Lorsqu’un gramme d’uranium 235 subit la fission dans un rĂ©acteur nuclĂ©aire, il produit 27 mg de 99Tc, soit un taux de production de 6,1 %. D’autres Ă©lĂ©ments fissiles tels que l’uranium 233 et le plutonium 239 prĂ©sentent des taux de production similaires, respectivement de 4,9 % et de 6,21 %. Ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour produire du combustible nuclĂ©aire.

Principale source et coût

Selon les estimations, la production de technĂ©tium dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires a atteint environ 49 000 tĂ©rabecquerels (TBq), soit 78 tonnes, jusqu’en 1994. Cette production reprĂ©sente sa principale source sur Terre. Toutefois, seule une infime partie du technĂ©tium est utilisĂ©e Ă  des fins commerciales. Son coĂ»t d’achat en 2016 Ă©tait d’environ 100 dollars par gramme, soit une baisse considĂ©rable par rapport aux 2 800 dollars par gramme enregistrĂ©s en 1960. Il coĂ»te toutefois plus cher que le platine qui n’a jamais Ă©tĂ© Ă  plus de 72,40 dollars par gramme.

Il se trouve dans les rĂ©sidus radioactifs issus de la fragmentation de l’uranium 235 et du plutonium 239 ainsi que lors d’une explosion nuclĂ©aire. Le technĂ©tium produit artificiellement est prĂ©sent en quantitĂ© bien supĂ©rieure Ă  celui prĂ©sent naturellement dans l’environnement. Cette production provient des essais nuclĂ©aires effectuĂ©s dans l’atmosphĂšre ainsi que du traitement et de la gestion des dĂ©chets nuclĂ©aires.

Problématiques liées à la gestion des déchets nucléaires

Le technĂ©tium 99 est considĂ©rĂ© comme l’un des Ă©lĂ©ments les plus problĂ©matiques des dĂ©chets nuclĂ©aires en raison de sa forte radioactivitĂ©, de sa longue demi-vie et de sa volatilitĂ©. En effet, sa dĂ©croissance, mesurĂ©e en becquerels par unitĂ© de combustible usĂ©, prĂ©domine dans une plage de temps allant de 104 Ă  106 ans aprĂšs la formation des dĂ©chets.

En 1994, des essais nuclĂ©aires en atmosphĂšre ont libĂ©rĂ© environ 250 kg de technĂ©tium 99 dans l’environnement, soit une quantitĂ© estimĂ©e Ă  160 TBq. En 1986, une grande quantitĂ© de cet Ă©lĂ©ment, Ă©quivalente Ă  approximativement 1 000 TBq (1 600 kg), a Ă©tĂ© produite par les rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Cette substance a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e dans l’environnement principalement lors du traitement du combustible usĂ©, avec des rejets dans la mer.

Avancées dans les techniques de retraitement

Ces derniĂšres annĂ©es, les avancĂ©es techniques dans le traitement des dĂ©chets radioactifs ont permis de minimiser les rejets de technĂ©tium 99 dans le milieu naturel. En 2005, le site de Sellafield Ă©tait sa principale source de rejet dans l’environnement. Entre 1995 et 1999, approximativement 550 TBq (900 kg) ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©s dans la mer d’Irlande. Depuis les annĂ©es 2000, une rĂ©glementation a Ă©tĂ© mise en place pour limiter les Ă©missions Ă  90 TBq (140 kg) par an.

Les bactĂ©ries anaĂ©robies sporulantes appartenant au genre Clostridium sont capables de rĂ©duire le technĂ©tium (Tc) de l’Ă©tat Tc(VII) Ă  Tc(IV). Cette capacitĂ© joue un rĂŽle clĂ© dans sa mobilitĂ© dans les dĂ©chets industriels et les environnements souterrains. Les clostridia peuvent Ă©galement rĂ©duire le fer, le manganĂšse et l’uranium. Elles modifient ainsi leur solubilitĂ© dans les sols et les sĂ©diments.

Défis de la gestion à long terme dans les déchets radioactifs

À l’instar de l’iode 129I, le technĂ©tium 99 prĂ©sente des dĂ©fis considĂ©rables pour la gestion Ă  long terme des dĂ©chets radioactifs en raison de sa longue durĂ©e de vie et de sa tendance Ă  former des espĂšces anioniques. De plus, de nombreux procĂ©dĂ©s utilisĂ©s dans les usines de retraitement pour Ă©liminer les produits de fission visent Ă  enlever les espĂšces cationiques telles que le cĂ©sium 137Cs ou strontium 90Sr. Ainsi, il est impossible d’Ă©liminer les ions pertechnĂ©tate Ă  l’aide de ces procĂ©dĂ©s de retraitement.

Les options de traitement pour les dĂ©chets radioactifs se concentrent sur l’enfouissement en profondeur dans des couches gĂ©ologiques. Cependant, cette mĂ©thode comporte un risque Ă©levĂ© de contamination de l’environnement en cas de contact avec l’eau. En effet, les anions pertechnĂ©tate et les ions iodure ont une faible capacitĂ© d’absorption sur les surfaces minĂ©rales. Ils sont donc plus susceptibles de se propager dans le milieu naturel.

Le technĂ©tium se distingue par sa faible affinitĂ© avec les particules du sol, contrairement Ă  d’autres Ă©lĂ©ments tels que le plutonium, le cĂ©sium et l’uranium. C’est la raison pour laquelle sa chimie environnementale suscite l’intĂ©rĂȘt de la communautĂ© scientifique.

Au sein du CERN, une mĂ©thode alternative pour l’Ă©limination du technĂ©tium 99 a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e avec succĂšs. Il s’agit de la transmutation nuclĂ©aire. Elle consiste Ă  bombarder une cible mĂ©tallique de technĂ©tium 99 avec des neutrons afin de produire du 100Tc. Cette substance radioactive a une durĂ©e de vie de 16 secondes et se dĂ©sintĂšgre rapidement en ruthĂ©nium (100Ru) par radioactivitĂ© bĂȘta.

La production complexe du technétium

Pour obtenir du ruthĂ©nium utilisable, il est nĂ©cessaire d’avoir une cible de technĂ©tium extrĂȘmement pure, sans traces d’actinides mineurs tels que l’amĂ©ricium et le curium. En effet, ces substances peuvent subir une fission et crĂ©er des produits de fission qui augmentent la radioactivitĂ© de la cible irradiĂ©e. Lors de la fresh fission, la formation de 106Ru qui a une demi-vie de 374 jours peut augmenter l’activitĂ© du ruthĂ©nium mĂ©tallique obtenu, nĂ©cessitant un temps de refroidissement prolongĂ© aprĂšs l’irradiation.

La production de technĂ©tium 99 Ă  partir de combustible nuclĂ©aire usĂ© est un processus complexe et chronophage. Ce radioisotope se trouve dans les dĂ©chets liquides hautement radioactifs. AprĂšs une pĂ©riode de plusieurs annĂ©es, l’extraction des isotopes Ă  longue durĂ©e de vie, tels que le technĂ©tium 99, peut ĂȘtre envisagĂ©e lorsque la radioactivitĂ© a suffisamment dĂ©cru. Des procĂ©dĂ©s d’extraction chimique sont ensuite utilisĂ©s pour obtenir du technĂ©tium mĂ©tallique de haute puretĂ©, le sĂ©parant ainsi chimiquement du combustible appauvri provenant des rĂ©acteurs.

Le réacteur national de recherche universel des Laboratoires nucléaires de Chalk River, en Ontario, au Canada, est responsable de deux tiers de la production mondiale de 99Tc.

Production par activation neutronique

L’isotope 99mTc est un Ă©lĂ©ment mĂ©tastable gĂ©nĂ©rĂ© Ă  partir de la fission de l’uranium ou du plutonium dans les rĂ©acteurs nuclĂ©aires. Dans la gestion classique des dĂ©chets nuclĂ©aires, le combustible usĂ© est entreposĂ© pendant une longue pĂ©riode avant d’ĂȘtre retraitĂ©. Cette approche garantit que tous les isotopes radioactifs, tels que le 99Mo et le 99mTc, se soient dĂ©composĂ©s avant d’ĂȘtre sĂ©parĂ©s des actinides majeurs. Le concentrĂ© de raffinement PUREX contient une quantitĂ© importante de technĂ©tium qui se trouve sous forme de TcO4−. Cependant, il s’agit majoritairement de l’isotope 99Tc.

La production de 99mTc en mĂ©decine repose principalement sur la production de 99Mo par activation neutronique de 98Mo. Le 99Mo a une demi-vie de 67 heures qui entraĂźne la production continue de 99mTc d’une demi-vie de 6 heures par sa dĂ©sintĂ©gration.

Dans les Ă©tablissements hospitaliers, le technĂ©tium est extrait d’une solution grĂące Ă  un procĂ©dĂ© chimique impliquant l’utilisation d’un gĂ©nĂ©rateur de technĂ©tium 99m. Ce dispositif est Ă©galement connu sous le nom de « vache Ă  technĂ©tium » ou de « molybdĂšne cow ». Le gĂ©nĂ©rateur standard est composĂ© d’une colonne en alumine qui renferme du molybdĂšne 98.

Étant donnĂ© que l’alumine a une faible section efficace pour les neutrons, il est facile d’irradier la colonne avec des neutrons pour produire du molybdĂšne 99 radioactif.

L’irradiation de l’uranium enrichi est une mĂ©thode alternative pour produire du 99Mo. Toutefois, pour extraire le molybdĂšne des autres Ă©lĂ©ments de fission, il est nĂ©cessaire d’utiliser un procĂ©dĂ© chimique complexe qui n’est pas requis dans la premiĂšre mĂ©thode.

Les autres isotopes du technĂ©tium ne sont pas produits en quantitĂ© significative par fission. Au besoin, ils sont créés par l’irradiation de neutrons sur des isotopes prĂ©existants. Par exemple, le 97Tc peut ĂȘtre produit en irradiant le 96Ru.

Utilisations du technétium

Utilisation en médecine

L’isotope du technĂ©tium 99m prĂ©sente un grand intĂ©rĂȘt dans le domaine mĂ©dical pour ses Ă©missions radioactives lors de sa dĂ©sintĂ©gration. Leur longueur d’onde est similaire Ă  celle des rayons X utilisĂ©s en radiographie conventionnelle. Cette caractĂ©ristique assure une profondeur de pĂ©nĂ©tration appropriĂ©e tout en limitant les dommages causĂ©s par les photons gamma.

En raison de sa courte demi-vie, l’isotope Tc-99m est rapidement Ă©liminĂ© du corps avant de subir une nouvelle dĂ©sintĂ©gration. Une propriĂ©tĂ© renforcĂ©e par la demi-vie plus longue de son isotope fils, le Tc-99. Ceci permet de procĂ©der Ă  un diagnostic nuclĂ©aire en administrant une faible dose de radiation, mesurĂ©e en sievert, dans l’organisme.

Par ailleurs, l’isotope radioactif 99mTc est frĂ©quemment utilisĂ© comme marqueur en imagerie mĂ©dicale nuclĂ©aire pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sa demi-vie de six heures est suffisamment longue pour permettre une observation adĂ©quate des processus physiologiques, tout en Ă©tant assez courte pour Ă©viter une irradiation excessive. Ensuite, l’Ă©nergie du photon gamma Ă©mis (140,5 keV) est optimale pour traverser les tissus vivants tout en Ă©tant facilement dĂ©tectable. Il est possible d’optimiser l’absorption de cette Ă©nergie en utilisant un cristal d’iodure de sodium d’une Ă©paisseur de 10 Ă  15 mm. Enfin, lors de la dĂ©sintĂ©gration, une quantitĂ© Ă©levĂ©e de photons gamma, de l’ordre 88,5 photons pour 100 dĂ©sintĂ©grations, est Ă©mise. Cette faible Ă©mission de particules non pĂ©nĂ©trantes rĂ©duit l’absorption d’énergie par les tissus vivants.

De plus, ce radioisotope est largement accessible dans les Ă©tablissements hospitaliers grĂące Ă  un petit gĂ©nĂ©rateur de technĂ©tium de la taille d’une batterie de voiture. Le gĂ©nĂ©rateur renferme une colonne d’alumine sur laquelle est adsorbĂ© du molybdĂšne 99 radioactif. Le molybdĂšne subit un processus de dĂ©sintĂ©gration qui conduit Ă  la formation de 99mTc. Ce dernier est rĂ©cupĂ©rĂ© par Ă©lution de la colonne dans une solution physiologique telle que le sĂ©rum physiologique, sous forme de pertechnĂ©tate de sodium (Na+ TcO4−). Le gĂ©nĂ©rateur est utilisĂ© pour extraire une solution, appelĂ©e Ă©luat, contenant une activitĂ© requise pour la prĂ©paration des produits utilisĂ©s en mĂ©decine nuclĂ©aire.

Le 99mTc est utilisé pour la cartographie de la distribution de différentes molécules biologiques dans le corps humain en utilisant des dispositifs de détection de radioactivité appelés gamma-caméras. Il trouve également son utilité dans la localisation du ganglion sentinelle, notamment dans le traitement chirurgical du cancer du sein.

En outre, on l’utilise sous forme de technĂ©tium-mĂ©thoxyisobutylisonitrile (Tc-MIBI) pour le marquage et la scintigraphie tomographique des cellules du muscle cardiaque. Cette mĂ©thode permet de dĂ©celer la prĂ©sence de tissus myocardiques non irriguĂ©s. La ventriculographie l’utilise sous forme de pertechnĂ©tate de sodium pour marquer les globules rouges. L’objectif consiste Ă  Ă©valuer la fonction cardiaque en mesurant des paramĂštres tels que le volume d’Ă©jection et la fraction d’Ă©jection. En outre, le technĂ©tium combinĂ© Ă  la molĂ©cule vectrice HDP ou le HMDP constitue l’élĂ©ment de base dans la scintigraphie osseuse.

La molĂ©cule synthĂ©tique HMPAO, Ă©galement connue sous le nom d’hexa-mĂ©thyl-propylĂšne-amine-oxime, peut ĂȘtre marquĂ©e par cet isotope radioactif. Lorsqu’il est injectĂ© par voie intraveineuse, l’HMPAO se lie au cerveau de maniĂšre proportionnelle au dĂ©bit sanguin cĂ©rĂ©bral. Ainsi, il est possible d’estimer le dĂ©bit sanguin dans diffĂ©rentes zones du cerveau en mesurant la quantitĂ© de la molĂ©cule qui y est fixĂ©e.

Applications industrielles et chimiques

Le technĂ©tium 99 subit une dĂ©sintĂ©gration radioactive ÎČ qui se traduit par l’Ă©mission de particules ÎČ de faible Ă©nergie, sans toutefois produire de rayons Îł. Sa longue demi-vie garantit une diminution lente de son taux d’Ă©mission au fil du temps. De plus, il est possible de l’extraire avec une puretĂ© chimique et isotopique Ă©levĂ©e Ă  partir de dĂ©chets radioactifs. En raison de ses propriĂ©tĂ©s, il est frĂ©quemment choisi comme source d’Ă©mission de particules ÎČ pour la calibration des Ă©quipements du NIST.

Il trouve Ă©galement des applications en optoĂ©lectronique ainsi que dans la conception de batteries nuclĂ©aires de taille nanomĂ©trique. En tant que catalyseur, il s’avĂšre efficace pour certaines rĂ©actions, notamment la dĂ©shydrogĂ©nation de l’alcool isopropylique, surpassant mĂȘme le palladium et le rhĂ©nium. Toutefois, sa radioactivitĂ© se prĂ©sente comme un obstacle majeur Ă  son utilisation.

Dans certains cas, une faible concentration (5×10−5 mol/L) d’ion pertechnĂ©tate dans l’eau peut jouer un rĂŽle d’agent protecteur contre la corrosion de l’acier et du fer. Des observations ont dĂ©montrĂ© qu’un Ă©chantillon immergĂ© dans une solution de pertechnĂ©tate peut demeurer intact pendant une pĂ©riode de 20 ans sans ĂȘtre affectĂ© par la corrosion. En comparaison, l’ion chromate CrO42− peut avoir un effet inhibiteur sur la corrosion, mais cela nĂ©cessite des concentrations dix fois plus Ă©levĂ©es. Ainsi, le pertechnĂ©tate a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© comme un inhibiteur potentiel de la corrosion anodique.

Le mode d’action du pertechnĂ©tate dans la prĂ©vention de la corrosion n’est pas entiĂšrement Ă©lucidĂ©, mais il est probablement dĂ» Ă  la formation d’une fine couche Ă  la surface de l’Ă©chantillon qui se dĂ©veloppe de maniĂšre rĂ©versible.

Selon une hypothĂšse, le pertechnĂ©tate rĂ©agit avec l’acier pour former une couche de dioxyde de technĂ©tium Ă  sa surface, prĂ©venant ainsi la corrosion. Cette propriĂ©tĂ© est Ă©galement utile pour le retirer de l’eau en utilisant du charbon actif ou de la poudre de fer dans le processus de filtrage. Cependant, la prĂ©sence d’autres ions en concentration Ă©levĂ©e peut compromettre l’efficacitĂ© du pertechnĂ©tate. De plus, une concentration adĂ©quate doit ĂȘtre maintenue pour que l’effet perdure.


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