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Oganesson

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CaractĂ©ristiques de l’Oganesson

  • Symbole : Og
  • Masse atomique : 294u
  • NumĂ©ro CAS : 54144-19-3
  • Configuration Ă©lectronique : [Rn]5f14 6d10 7s2 7p5
  • NumĂ©ro atomique : 118
  • Groupe : 18
  • Bloc : Bloc p
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : IndĂ©terminĂ©e
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© :
  • Point de fusion :

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L’Oganesson, Ă©lĂ©ment atomique n°118 de symbole Og : son origine, sa synthèse, ses isotopes et ses caractĂ©ristiques.

L’Oganesson, de symbole Og et de numĂ©ro atomique 118, est un Ă©lĂ©ment chimique Ă©galement connu sous le nom d’ununoctium (Uuo) selon la dĂ©nomination systĂ©matique de l’UICPA. Dans les ouvrages, il est appelĂ© Ă©lĂ©ment 118. L’Oganesson a Ă©tĂ© créé en 2002 en Russie, Ă  l’Institut unifiĂ© de recherches nuclĂ©aires (JINR), grâce Ă  la rĂ©action chimique 249Cf (48Ca, 3n) 294Og. Cet Ă©lĂ©ment synthĂ©tique n’existe pas Ă  l’Ă©tat naturel et a Ă©tĂ© créé en laboratoire en utilisant des accĂ©lĂ©rateurs de particules pour fusionner des noyaux atomiques. Lors de sa dĂ©couverte, les scientifiques ont rĂ©ussi Ă  produire trois noyaux d’Oganesson dont la pĂ©riode de dĂ©sintĂ©gration est de moins d’une milliseconde. En raison de cette instabilitĂ© des isotopes, il est encore difficile d’Ă©tudier les propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques de cet Ă©lĂ©ment. Toutes les informations sur l’Oganesson proviennent de modèles thĂ©oriques et de calculs.

Origine de l’oganesson

Le nom ununoctium a Ă©tĂ© donnĂ© Ă  cet Ă©lĂ©ment dans les annĂ©es soixante. Au dĂ©part, l’ununoctium Ă©tait nommĂ© Ă©ka-Ă©manation (eka-Em), qui signifie Ă©manation. Parfois, il Ă©tait reprĂ©sentĂ© par eka-Rn ou Ă©ka-radon, car il Ă©tait situĂ© juste en dessous du radon dans le tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments. En 1979, l’Union Internationale de Chimie Pure et AppliquĂ©e (UICPA) a recommandĂ© un nouveau nom pour cet Ă©lĂ©ment, basĂ© sur son numĂ©ro atomique. Le nouveau nom recommandĂ© Ă©tait « un-un-oct-ium », qui est basĂ© sur les trois chiffres du numĂ©ro atomique de l’Ă©lĂ©ment. Cette dĂ©nomination temporaire est souvent utilisĂ©e pour dĂ©signer un Ă©lĂ©ment chimique qui n’a pas encore Ă©tĂ© observĂ© ou caractĂ©risĂ© de manière expĂ©rimentale. La dĂ©nomination a une origine grĂ©co-latine : « un-un-oct » quisignifie littĂ©ralement « un-un-huit ». D’autre part, le suffixe « -ium » est courant dans la nomination des Ă©lĂ©ments chimiques.

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Cet Ă©lĂ©ment a Ă©tĂ© observĂ© et Ă©tudiĂ© par deux Ă©quipes de chercheurs, une Ă©quipe russe et une Ă©quipe amĂ©ricaine, qui n’ont pas rĂ©ussi Ă  se mettre d’accord sur le nom Ă  donner. En effet, la caractĂ©risation de cet Ă©lĂ©ment n’ayant pas encore Ă©tĂ© validĂ©e par l’UICPA, le terme « ununoctium » a Ă©tĂ© utilisĂ© pendant longtemps avant la nomination officielle en « Oganesson ».

Les deux Ă©quipes ont essayĂ© d’attribuer un nom officiel Ă  l’ununoctium. L’Ă©quipe amĂ©ricaine du Laboratoire national de Lawrence Livermore a voulu l’appeler Ghiorsium (Gh) en hommage au directeur de l’Ă©quipe, Albert Ghioso. Cette proposition n’a pas Ă©tĂ© acceptĂ©e. Lorsque l’Ă©quipe russe du Flerov Laboratory of Nuclear Reactions (FLNR) a annoncĂ© qu’elle avait Ă©galement dĂ©couvert cet Ă©lĂ©ment en 2006, ils ont proposĂ© plusieurs noms possibles. Le premier Ă©tait Dubnadium (Dn), mais Ă©tant trop similaire au Dubnium (Db), l’idĂ©e a Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Le deuxième Ă©tait Flyorium, en hommage Ă  Georgy Flyorov, fondateur de leur laboratoire. Enfin, la dernière proposition Ă©tait Moscovium, en raison de la proximitĂ© de leur laboratoire avec Moscou. Le directeur du laboratoire russe a dĂ©clarĂ© que leur Ă©quipe Ă©tait en droit d’attribuer le nom de l’Ă©lĂ©ment sous prĂ©texte que le FLNR Ă©tait le seul endroit au monde capable de rĂ©aliser cette expĂ©rience.

Le 30 dĂ©cembre 2015, l’IUPAC a officiellement validĂ© sa dĂ©couverte. En novembre 2016, il a Ă©tĂ© nommĂ© Oganesson en l’honneur du directeur du laboratoire Flerov Laboratory of Nuclear Reactions, Iouri Oganessian. Ce laboratoire est connu pour sa production d’élĂ©ments superlourds. L’Oganesson est ainsi le deuxième Ă©lĂ©ment dont le nom est inspirĂ© d’une personne vivante, après le seaborgium.

Synthèse

Fausse annonce

L’Ă®lot de stabilitĂ© est une zone hypothĂ©tique du tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments oĂą les noyaux superlourds seraient plus stables et radioactifs pour des durĂ©es plus longues que ceux existants. Sa dĂ©couverte permettrait de crĂ©er de nouveaux Ă©lĂ©ments superlourds utiles dans divers domaines de la recherche et de l’industrie.

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La recherche de ces nouveaux Ă©lĂ©ments a donc Ă©tĂ© relancĂ©e vers la fin du XXe siècle. En 1998, le flĂ©rovium, de numĂ©ro atomique 114, a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© Ă  l’Institut unifiĂ© de recherches nuclĂ©aires de Dubna, en Russie. Robert Smolanczuk, physicien polonais, a publiĂ© des calculs pour crĂ©er des noyaux superlourds en fusionnant des noyaux atomiques. Il a proposĂ© de fusionner un noyau de plomb avec un noyau de krypton pour crĂ©er l’Oganesson :
86
36Kr + 20882Pb âź¶ 293118Og + 10n.

Cependant, l’annĂ©e suivante, les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© dĂ©mentis, car personne d’autre n’a pu reproduire l’expĂ©rience. En effet, il s’avère que les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© falsifiĂ©s par l’auteur de l’étude, Victor Ninov.

Synthèse officielle

L’Oganesson a Ă©tĂ© annoncĂ© officiellement en 2006 suite Ă  l’alliance du Lawrence Livermore National Laboratory aux États-Unis et du Joint Institute for Nuclear Research en Russie. Ils ont observĂ© de manière indirecte des noyaux d’Oganesson (294Og) obtenus par la collision d’ions de calcium 48 sur des atomes de californium 24926,27,28,29,30. Cette rĂ©action a produit un noyau de 294Og. En 2005, ces observations ont permis d’obtenir la formule suivante :
4820Ca + 24998Cf ⟶ 297118Og* ⟶ 294118Og + 310n.

Modus operandi

La fusion nuclĂ©aire est le processus par lequel deux noyaux atomiques lĂ©gers se combinent pour former un noyau plus lourd. Ce procĂ©dĂ© libère une grande quantitĂ© d’Ă©nergie, qui est utilisĂ©e dans des centrales nuclĂ©aires pour produire de l’Ă©lectricitĂ©. Cependant, la fusion nuclĂ©aire est un mĂ©canisme très difficile Ă  rĂ©aliser, car il nĂ©cessite des conditions extrĂŞmes de tempĂ©rature et de pression. Pour le cas de l’Oganesson, l’expĂ©rience de fusion nuclĂ©aire a durĂ© quatre mois avant que les chercheurs aient observĂ© la première signature de dĂ©sintĂ©gration d’un noyau. Les chercheurs ont envoyĂ© environ 2,5 Ă— 1019 ions de calcium 48 sur le californium 249. La probabilitĂ© d’une fausse dĂ©tection ayant Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  moins d’une pour cent mille, cette observation a Ă©tĂ© acceptĂ©e. Au total, trois noyaux de 294118 (des noyaux comportant 294 nuclĂ©ons, dont 118 protons) ont Ă©tĂ© observĂ©s en train de se dĂ©sintĂ©grer. Cela a permis aux chercheurs d’estimer l’Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration de cet isotope Ă  11,65 ± 0,06 MeV, et sa pĂ©riode radioactive Ă  0,89ms.

Après l’envoi des ions de calcium sur une cible de californium, des rĂ©actions nuclĂ©aires peuvent produire des noyaux de Uuo. Pour dĂ©tecter ces dĂ©croissances successives, les scientifiques utilisent des dĂ©tecteurs sensibles aux particules alpha. En suivant la chaĂ®ne de dĂ©sintĂ©gration α, on constate que les noyaux de 294118 se dĂ©composent en livermorium (290Lv,). Ce dernier se dĂ©sintègre en deux autres noyaux : le flĂ©rovium (286Fl) qui a une pĂ©riode de 10 ms et une Ă©nergie de 10,80 MeV, et le copernicium (282Cn) qui possède une pĂ©riode de 0,16 s et une Ă©nergie de 10,16 MeV.

Isotopes

Les isotopes de l’Oganesson sont lourds, instables et se dĂ©sintègrent facilement. En effet, les Ă©lĂ©ments chimiques avec un numĂ©ro atomique supĂ©rieur Ă  82 n’ont aucun isotope stable, et ceux avec un numĂ©ro atomique supĂ©rieur Ă  101 ont une très courte pĂ©riode radioactive.

Selon les thĂ©ories MM (microscopic-macroscopic) et RMF (champ moyen relativiste), les noyaux atomiques peuvent ĂŞtre plus stables s’ils ont un « nombre magique » de neutrons et de protons, dĂ©signant ainsi une configuration particulière. Ces thĂ©ories prĂ©tendent que cet Ă®lot de stabilitĂ© se situe autour des nuclĂ©ides ayant 184 neutrons et un nombre magique de protons, soit 114, 120, 122 ou 126, en fonction des modèles et des paramètres utilisĂ©s. L’Ă©lĂ©ment 118 est Ă©galement situĂ© autour de cette rĂ©gion privilĂ©giĂ©e. Son isotope connu, qui a 118 protons et 176 neutrons, a une pĂ©riode radioactive lĂ©gèrement plus Ă©levĂ©e que ce qui Ă©tait attendu.

Des Ă©tudes ont montrĂ© que certains isotopes de l’Oganesson pourraient avoir une pĂ©riode radioactive plus longue que celle du 294Og synthĂ©tisĂ©. Il s’agit notamment des isotopes 293, 295, 296, 297, 298, 300 et 302. D’autres isotopes plus lourds, comme le 313Og, pourraient mĂŞme avoir une pĂ©riode radioactive supĂ©rieure Ă  une milliseconde.

Caractéristiques moléculaires et physiques

L’Oganesson appartient Ă  la famille des gaz nobles comme l’hĂ©lium, le nĂ©on et l’argon. Les gaz nobles ont une particularitĂ© : leur couche externe d’Ă©lectrons est complète, ce qui les rend très stables et peu rĂ©actifs avec d’autres Ă©lĂ©ments. L’Oganesson devrait donc ĂŞtre un Ă©lĂ©ment très stable et peu rĂ©actif comme les autres gaz rares. Des scientifiques ont pourtant dĂ©couvert que cet Ă©lĂ©ment pouvait ĂŞtre plus rĂ©actif que prĂ©vu. Cela est dĂ» Ă  des phĂ©nomènes quantiques qui perturbent sa stabilitĂ©. Les Ă©lectrons de l’Oganesson peuvent avoir un comportement particulier en raison d’un effet appelĂ© « couplage spin-orbite », qui est liĂ© Ă  la manière dont les Ă©lectrons tournent et bougent. Les Ă©lectrons de l’Oganesson se dĂ©placent très rapidement autour du noyau et sont donc soumis Ă  un champ Ă©lectrique intense. Cela peut entraĂ®ner un couplage fort entre leur spin et leur orbite. Cet effet peut rendre l’Oganesson plus rĂ©actif que les autres gaz rares.

En outre, une Ă©tude thĂ©orique a rĂ©vĂ©lĂ© que les Ă©lectrons de l’Oganesson ne sont pas organisĂ©s de la mĂŞme manière que dans les autres Ă©lĂ©ments chimiques. Normalement, les Ă©lectrons sont organisĂ©s en « couches » autour du noyau de l’atome. Mais pour l’Oganesson, les Ă©lectrons sont plutĂ´t « dĂ©localisĂ©s » : ‘ils sont rĂ©partis de manière plus uniforme. Cela le rendrait analogue Ă  un gaz de particules sans interaction, un comportement très inhabituel pour un Ă©lĂ©ment chimique.

Une Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© que l’Oganesson avait une affinitĂ© Ă©lectronique positive, contrairement aux autres gaz rares. Il s’agit d’une mesure de l’attraction qu’un atome exerce sur un Ă©lectron supplĂ©mentaire. Les gaz rares sont connus pour avoir une affinitĂ© Ă©lectronique nulle ou très faible, mais l’Oganesson semble ĂŞtre une exception. Des corrections basĂ©es sur l’Ă©lectrodynamique quantique ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă  cette dĂ©couverte. Elles ont rĂ©duit de 9 % l’Ă©nergie de liaison de l’anion Og (l’atome d’Oganesson ayant gagnĂ© un Ă©lectron pour former un ion nĂ©gatif). Ces corrections sont importantes pour les atomes superlourds comme l’Oganesson, qui ont des propriĂ©tĂ©s inhabituelles en raison d’un nombre Ă©levĂ© de protons et de neutrons dans leur noyau.

L’une des propriĂ©tĂ©s les plus intĂ©ressantes de l’Oganesson est sa polarisabilitĂ© Ă©levĂ©e. Il s’agit d’une mesure de la capacitĂ© d’un atome ou d’une molĂ©cule Ă  ĂŞtre dĂ©formĂ© par un champ Ă©lectrique externe. Selon les Ă©tudes, l’Oganesson aurait une polarisabilitĂ© plus Ă©levĂ©e que tous les autres Ă©lĂ©ments avec un numĂ©ro atomique infĂ©rieur. Elle serait presque deux fois plus Ă©levĂ©e que celle du radon. L’Oganesson a un potentiel d’ionisation très bas, ce qui signifie que les Ă©lectrons qui lui sont liĂ©s peuvent ĂŞtre facilement retirĂ©s. Enfin, cet Ă©lĂ©ment chimique a une tempĂ©rature d’Ă©bullition très Ă©levĂ©e, qui est d’environ 320 Ă  380 kelvin (K) ou entre 50 et 110 °C selon les Ă©tudes. Ce phĂ©nomène suggère que l’Oganesson pourrait ĂŞtre solide Ă  tempĂ©rature ambiante, mĂŞme si cela n’a pas encore Ă©tĂ© confirmĂ©.

Caractéristiques chimiques

Des modèles de composĂ©s d’Oganesson ont Ă©tĂ© calculĂ©s dès les annĂ©es 1960, mais la synthèse n’a Ă©tĂ© publiĂ©e officiellement que plus tard. En raison de sa structure Ă©lectronique similaire Ă  celle des gaz rares et son Ă©nergie d’ionisation Ă©levĂ©e, l’Oganesson rĂ©agit difficilement avec l’oxygène. Les scientifiques ont constatĂ© que les Ă©lectrons pĂ©riphĂ©riques de l’Oganesson pourraient ĂŞtre stabilisĂ©s dans les Ă©tats d’oxydation +2 et +4 lorsqu’ils sont couplĂ©s avec le fluor, grâce aux effets de couplage spin-orbit. Cela pourrait conduire Ă  la crĂ©ation de composĂ©s tels que le difluorure d’Oganesson (OgF2) et le tĂ©trafluorure d’Oganesson (OgF4). Ce dernier a une forme tĂ©traĂ©drique diffĂ©rente de la forme tĂ©tragonale plane du tĂ©trafluorure de xĂ©non XeF4. Cela est dĂ» Ă  la nature des liaisons en jeu. Les liaisons de l’Oganesson sont ioniques, tandis que celles du xĂ©non sont Ă  trois centres et quatre Ă©lectrons. Celles entre l’Oganesson et le fluor ont une faible tendance Ă  se vaporiser. Comme l’Oganesson est très lourd et possède un grand nombre de protons dans son noyau, il est susceptible de former des liaisons avec des Ă©lĂ©ments plus Ă©lectronĂ©gatifs tels que le chlore.

L’Ă©lectrodynamique quantique, une thĂ©orie physique qui dĂ©crit l’interaction entre la lumière et la matière Ă  l’Ă©chelle subatomique, peut Ă©galement avoir un impact sur les propriĂ©tĂ©s de l’Oganesson. Ces corrections quantiques peuvent modifier les Ă©nergies des orbitales Ă©lectroniques de l’Oganesson et donc affecter sa rĂ©activitĂ© chimique. En combinant ces effets, il a Ă©tĂ© proposĂ© que l’Oganesson prĂ©sente des propriĂ©tĂ©s similaires Ă  celles des mĂ©talloĂŻdes semi-conducteurs.


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