Occurrences, extraction minière et purification
Occurrences du niobium
La teneur moyenne du niobium dans la croûte terrestre est estimée entre 18 et 24 g par tonne, ce qui en fait un élément chimique rare. Dans les gisements, sa concentration est faible et il est généralement associé au tantale dans la tantalite, l’yttrio-tantalite, la fergusonite et la samarskite.
Les principaux minerais de niobium sont des colombites, qui sont des minéraux oxydes typiques des pegmatites granitiques (Fe,Mn)O.Nb2O5. En réalité, ce sont des variétés de niobates de fer et de manganèse (Fe,Mn).[NbO3]2, de colombo-tantalites (Fe,Mn).(Nb,Ta)2O6 ou de niobates de calcium à structure complexe tels que les pyrochlores (Na,Ca)O.(Nb,Ta)2O5(F,OH) ou les euxénites de formule générique (Y,Ca,Ce,U,Th).[(Nb, Ta, Ti)O3]2.
Lorsque les pegmatites se décomposent, ces composés sont libérés et se concentrent au niveau des alluvions, des latérites et des bauxites.
Extraction et purification
Actuellement, la principale source de niobium provient des minerais à base de pyrochlore ou (Ca,Na)Nb2O6(OH,F). En revanche, le niobium issu de l’exploitation du coltan, un minerai à base de colombite-tantalite, ne constitue qu’un sous-produit. Elle sert surtout pour l’extraction du tantale. Cependant, dans les années 1990, la filière tantalite et columbite était la principale source de niobium avec une production annuelle de 3,5 millions de tonnes.
Le Brésil est le premier producteur de niobium avec 80 % de la production mondiale. Il est suivi par le Canada avec 15 % de production dans la seule exploitation minière de Saint-Honoré au Québec. D’autres pays producteurs incluent le Congo, l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Gabon, le Malawi, la Russie, la Chine et la Malaisie. Depuis 2008, Madagascar a également rejoint le rang des pays producteurs de niobium. Le métal est présent en grande quantité en Afghanistan, mais l’instabilité politique dans le pays et la faiblesse de ses infrastructures ne permettent pas son exploitation.
Caractéristiques physiques et chimiques du corps simple métal
Propriétés physiques
Métal brillant, le niobium est de couleur gris acier à gris blanc. Cependant, son exposition à l’air et à température ambiante pendant une longue durée engendre un changement de couleur en bleu, vert ou jaune. Parfois, il prend un bel éclat bleuté. Cela est dû par la formation d’une fine couche d’oxyde de niobium tenace et réfractaire qui le protège de la corrosion et des produits chimiques. Ce métal est aussi paramagnétique. Plongé dans un champ magnétique uniforme, il acquiert une aimantation de même sens que celle du champ appliqué. Il la perd dès lors qu’il est sorti de ce milieu.
Il est possible de forger le niobium. Avec une dureté de 6 sur l’échelle de Mohs, il est relativement malléable. La dureté Vickers de ce métal est proche des 870–1 320 MPa. De plus, même s’il est tendre et ductile, il ne se déforme pas facilement sous l’effet de la chaleur. Son écoulement à froid sous cette contrainte est faible. À température ambiante, l’allongement à la rupture est supérieur à 20 %. Le niobium tient cette propriété de la nature des joints de grains. Cela fait du niobium un excellent métal pour réaliser des alliages. Sa chaleur spécifique avoisine 0,265 J g−1 K−1.
Conductivité et réactivité
Comparé au cuivre pur, le niobium est faiblement conducteur avec une conductivité électrique de 10 % IACS. C’est un métal paramagnétique qui devient supraconducteur à des températures inférieures à -253,15 °C et avec des dopants. À l’état pur, il le devient également à des températures en dessous de -263,95 °C. Quant à sa conductivité thermique, elle est de l’ordre de 52 W m−1 K−1. Cette valeur est plus faible par rapport à celle du tungstène, mais est comparable à celle du tantale.
En masse, le niobium est passif. En revanche, il devient très réactif lorsqu’il est finement divisé. En effet, sous forme de poudre fine et fraîche il s’enflamme spontanément au contact de l’air et produit de l’anhydride niobique de formule Nb2O5. À des températures supérieures à 200 °C, le niobium en masse réagit en s’oxydant au contact de l’air, car la couche d’oxyde qui le protège perd son efficacité. Dans un environnement non inerte, le métal travaillé avec des machines-outils peut s’enflammer. La métallurgie du Nb est aussi complexe que celle du tantale.
Pression de vapeur, module d’élasticité et stabilité thermique
La pression de vapeur du niobium est faible. Elle correspond à la pression que la vapeur exerce au-dessus du métal quand elle se trouve en équilibre dynamique à l’intérieur d’un système fermé à des températures et pression constantes.
Le module d’élasticité du métal par rapport à la chaleur est élevé. Il varie entre 104 GPa à 20 °C et 50 GPa à 1 800 °C. En revanche, son faible coefficient de dilatation thermique de 7,1 × 10−6 K−1 à 20 °C lui confère une importante stabilité thermique. De telles propriétés sont spécifiques aux corps réfractaires et, que sa température de fusion à 2 477 °C en milieu protégé confirme. Par ailleurs, le thermocouple W-Nb autorise les mesures de températures qui atteignent les 2 000 °C.
Pour rappel, le thermocouple ne sert pas à mesurer directement la température, mais une différence de température. Celle-ci se base sur la différence de potentiel de deux métaux de nature différente.
Enfin, à très haute température, le niobium présente une forte résistance à la corrosion par les métaux alcalins. Quant à sa plage liquide, elle est importante. À l’état pur, le point d’ébullition du niobium est de 4 744 °C.
Propriétés chimiques
Le niobium est capable de fixer le gaz hydrogène, à raison de 100 ml/g à température ambiante et de 4ml/g à 900 °C. Il en ressort des hydrures de niobium non stœchiométriques semblables à des alliages fragiles du type NbH0,86. Les paramètres de température et de pression influent sur la quantité de gaz retenue dans le réseau métallique dilaté. Pour enlever les traces d’hydrogène, un chauffage sous vide du métal à plus de 800 °C est requis.
À des températures différentes, le niobium réagit avec le carbone, l’oxygène et l’azote à des températures diverses pour former des solutions solides. À des températures élevées, la réaction permet d’obtenir des nitrures interstitiels NbN et des composés carbonés de type NbC. Ces derniers ont la particularité d’être durs et réfractaires et entrent dans la fabrication des outils de coupe. Les composés de type NbC2 ont un caractère ionique et réagissent avec l’eau pour libérer de l’acétylène C2H2.
Selon la température, le niobium peut réagir avec divers composants. Il répond facilement au gaz fluor à température ambiante. Au-delà de 150 °C, il réagit avec les corps simples halogènes (chlore, brome, iode, souffre, phosphore) et les corps composés (vapeur d’eau,). Le Nb est un métal réfractaire mais il reste sensible à l’oxydation et à l’oxygène. À des températures de fonctionnement élevées, il peut réduire la résistance des oxydes et graphites réfractaires des fours, malgré la présence de gaz protecteur ou raréfié.
Solubilité
Le niobium est insoluble dans l’eau chaude, les solutions d’ammoniaque et les bases faibles. En revanche, il est sensible aux corps alcalins fondus à chaud comme la soude caustique et la potasse caustique, même diluées, en produisant des ions niobates
À température ambiante, le métal n’est pas attaqué par les acides forts comme l’acide nitrique et l’acide chlorhydrique et l’eau régale à froid. Cependant, il est soluble dans l’acide oxalique, l’acide sulfurique à forte concentration, l’acide fluorhydrique HF et le difluor F2. Il réagit avec les ions fluorures pour former des complexes. Les acides forts concentrés l’attaquent également à chaud ou à ébullition. Plus ils sont oxydants, plus la réaction est rapide.
Enfin, le niobium est résistant aux métaux en fusion pour ne citer que les corps simples argent ou Ag, mercure ou Hg et plomb ou Pb. Néanmoins, en raison de sa structure cristalline, il est altéré par certains liquides métalliques à base de cobalt , d’aluminium, de nickel et de zinc.
Préparations
Il est possible d’obtenir du niobium en utilisant l’hydrure de calcium comme réducteur :
NbO2 oxyde de Nb(IV) + 2 CaH2 Hydrure de calcium → Nbpoudre métallique + 2 CaOchaux vive + 2 H2 gaz hydrogène
Il est possible d’obtenir du niobium en utilisant l’hydrure de calcium comme réducteur :
NbO2 oxyde de Nb(IV) + 2 CaH2 Hydrure de calcium → Nbpoudre métallique + 2 CaOchaux vive + 2 H2 gaz hydrogène
Dans l’industrie de la filière columbite, la concentration de pentaoxydes de niobium et de tantale monte jusqu’à 70 %. Pour séparer les fluorures de niobium et de tantale, on dissout les minerais dans des solvants comme l’acide fluorhydrique ou l’acide sulfurique. L’oxydation du fluorure de niobium donne du pentaoxyde de niobium.
Le traitement des concentrés en niobium se déroule en deux étapes Dans la seconde étape, l’affinité du métal pour l’oxygène est utilisée, aussi, elle requiert une grande maîtrise des techniques du vide :
Nb2O5 oxyde de Nb(V) + 7 Ccharbon actif, chauffage au-dessus de 800 °C→ 2 NbCmatériau très dur + 5 COgaz monoxyde de carbone
5 NbCcarbure de niobium + 2 Nb2O5 oxyde de Nb(IV), chauffage à 2 000 °C sous vide→ 7 Nb0poudre métallique + 5 COgaz monoxyde de carbone
Seul ou conjointement avec le carbone, l’hydrogène peut aussi servir d’agent réducteur. Une fois la poudre métallique de niobium frittée, elle est transformée en barre ou lingot pesant des centaines de kilogrammes. Pour éliminer les éléments interstitiels ou de surface, elle subit un traitement thermique (recuit à 1700 °C) en vide poussé, sans aucune trace d’oxygène, d’hydrogène, d’azote ou de carbone. Leur éventuelle présence compromet les propriétés mécaniques et techniques du métal.
Il existe d’autres méthodes pour préparer le niobium. Par exemple, le traitement du concentré de pyrochlore à l’arc électrique ou par aluminothermie permet d’obtenir du ferroniobium en grande quatité. Ensuite, ce dernier est chloruré et nitruré, puis hydruré et nitruré avant d’être oxydé pour obtenir du pentaoxyde de niobium relativement pur. Ce dernier peut être facilement transformé en recourant à la réduction par des métaux spécifiques comme l’aluminium, le magnésium ou le calcium. Le niobium métallique qui en résulte peut se présenter sous différentes formes : poudre, aiguille ou éponge.
La purification du nobium implique de travailler sous vide en utilisant un four à bombardement électronique. Elle nécessite plusieurs étapes de fusion de zone pour éliminer les impuretés comme les métaux alcalino-terreux et les éléments interstitiels sous forme de gaz.
Il est également possible de raffiner le niobium par électrolyse du pentachlorure (rarement) ou par fusion de zone par faisceau d’électrons pour obtenir du métal ultra-pur. La synthèse par sodiothermie fournit des nanoparticules de niobium métal de haute pureté, par réduction du pentoxyde de niobium ou Nb2O5 par le métal sodium. Ce procédé est complexe et demande l’utilisation, à 650 °C, de sels fondus ou de chlorures diluants tels que le Na Cl, le KCl, le Ca CL2 et le LiCl. D’autres procédés demandent six heures et utilisent un cinquième de sodium en plus pour garantir une haute pureté au niobium nanométrique ainsi obtenu.
Bien que les procédés de préparation du niobium soient complexes, sa mise en forme est simple et se fait par technique de pliage, estampage, pressage ou emboutissage. Il est disponible sur le marché en feuille, fil, ruban ou barre. En revanche, le soudage à froid et des procédés de découpe sont déconseillés, car ils peuvent êtres délicats à mettre en œuvre.