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Lutécium

element-chimique-71-lutecium

Caractéristiques du lutécium

  • Symbole : Lu
  • Masse atomique : 174,966 8 ± 0,000 1
  • NumĂ©ro CAS : 7439-94-3
  • Configuration Ă©lectronique : [Xe]4f14 5d1 6s2
  • NumĂ©ro atomique : 71
  • Groupe : 3 ou n.a
  • Bloc : Bloc d ou fb
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : Lanthanide
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 1,27
  • Point de fusion : 1 663 °C

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Le lutécium, élément atomique n°71 de symbole Lu : étymologie, découverte, propriétés, isotopes, abondance, utilisations et toxicité.

Le lutĂ©cium ou lutĂ©tium est un Ă©lĂ©ment chimique, se prĂ©sentant comme un mĂ©tal gris argentĂ©, ductile et mou. Son symbole chimique est Lu et son numĂ©ro atomique, 71. Il appartient au groupe 3 et se classe dans la 6e pĂ©riode du tableau pĂ©riodique. Ses Ă©lectrons par niveau d’Ă©nergie sont 2, 8, 18, 32, 9, 2. Le lutĂ©cium est le dernier de la famille des lanthanides, faisant partie des terres rares.

Étymologie et appellations

Le nom lutĂ©cium vient de lutĂšce (lutetia en latin), en l’honneur de la ville de Paris oĂč il a Ă©tĂ© dĂ©couvert. En 1949, la graphie du nouvel Ă©lĂ©ment a Ă©tĂ© changĂ©e par l’IUPAC. MĂȘme si le lutĂ©cium est plus courant, la variante orthographique lutĂ©tium est acceptĂ©e en français. Cet Ă©lĂ©ment avait Ă©galement Ă©tĂ© longtemps appelĂ© « cassiopeium » dans les pays oĂč on parle allemand. Cette appellation est due aux discussions concernant sa dĂ©couverte. Son symbole Ă©tait Cp. DĂ©sormais, cette pratique est abandonnĂ©e.

Découverte du lutécium

Parmi les lanthanides, le lutĂ©cium est l’avant-dernier Ă  avoir Ă©tĂ© dĂ©crit. Le promĂ©thium, Ă  la fois radioactif et instable, reste le seul inconnu. Trois chimistes ont indĂ©pendamment et simultanĂ©ment dĂ©couvert le lutĂ©cium, en 1907. Il s’agit de l’AmĂ©ricain Charles James, de l’Autrichien Carl Auer von Welsbach et du Français Georges Urbain. Chacun d’eux Ă©tudiait l’ytterbine qui a Ă©tĂ© dĂ©couverte par Jean Charles Galissard de Marignac en 1878. Ce dernier Ă©lĂ©ment serait composĂ© d’oxyde d’ytterbium pur.

Le 4 novembre 1907, Urbain montre la composition de l’ytterbine de Marignac Ă  l’AcadĂ©mie des sciences de Paris. En rĂ©alitĂ©, celle-ci est composĂ©e de deux Ă©lĂ©ments diffĂ©rents. Afin d’Ă©viter de confondre l’ancien Ă©lĂ©ment de Marignac avec le lutĂ©cium, Urbain propose de les appeler nĂ©o-ytterbium. Von Welsbach a travaillĂ© sur la cristallisation fractionnĂ©e des sels d’ytterbium depuis 1905. Le 19 dĂ©cembre 1907, il annonce que ces travaux montrent des spectres mettant en Ă©vidence l’existence de deux Ă©lĂ©ments distincts.

Urbain propose les noms aldebaranium (d’aprĂšs l’Ă©toile AldĂ©baran) et cassiopeium (suivant la constellation CassiopĂ©e). Albdebaranium remplace ytterbium, tandis que cassiopeium est dĂ©diĂ© au lutĂ©cium.

ParallĂšlement, durant l’Ă©tĂ© 1907, Charles James avait pu isoler une grande quantitĂ© des compagnons de l’ytterbium Ă  l’UniversitĂ© du New Hampshire. Quand il a appris l’annonce faite par Georges Urbain, il abandonna l’idĂ©e de demander la paternitĂ© du nouvel Ă©lĂ©ment. Cependant, parmi ces trois scientifiques, Charles James effectuait les recherches les plus poussĂ©es.

Pendant les annĂ©es suivantes, Von Welsbach et Georges Urbain eurent des disputes sur la paternitĂ© de la dĂ©couverte. Les tensions politiques entre l’Autriche-Hongrie et la France ont intensifiĂ© leur conflit. En 1909, la Commission internationale des poids atomiques lĂ©gua finalement la prĂ©sĂ©ance au lutĂ©cium de Georges Urbain, réécrit lutetium. Le nom ytterbium du second Ă©lĂ©ment a toujours Ă©tĂ© maintenu. Toutefois, de nombreux chimistes de langue allemande continuĂšrent Ă  utiliser le terme cassiopeium jusqu’aux annĂ©es 1950.

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Propriétés physiques du lutécium

Le lutĂ©cium dispose du numĂ©ro atomique le plus Ă©levĂ©. Cependant, le phĂ©nomĂšne de contraction des lanthanides le place comme le plus petit Ă©lĂ©ment de cette famille. Son rayon atomique est de 175 pm. De tous les lanthanides, sa densitĂ©, son point de fusion et son point d’Ă©bullition sont aussi les plus Ă©levĂ©s. Ils sont respectivement de 9,841 g·cm-3, de 1 663 °C et de 3 402 °C. Le lutĂ©cium et les mĂ©taux de transition, en particulier l’yttrium et le scandium, ont des propriĂ©tĂ©s structurelles et physiques similaires. MalgrĂ© ces caractĂ©ristiques, le lanthane se trouve sous l’yttrium dans le tableau pĂ©riodique. En effet, ce dernier se place en tĂȘte du bloc d et le lutĂ©cium est le dernier Ă©lĂ©ment du bloc f. Une erreur d’apprĂ©ciation de la configuration Ă©lectronique de ces Ă©lĂ©ments en est la cause. D’aprĂšs les rĂ©centes Ă©tudes spectroscopiques les 71 Ă©lectrons du lutĂ©cium sont effectivement classĂ©s suivant la configuration [Xe] 4f145d16s2. Lors d’une rĂ©action chimique, l’atome du lutĂ©cium perd les trois Ă©lectrons des orbitales s et d. Ce phĂ©nomĂšne est inhabituel, car les rĂ©actions de la majoritĂ© des lanthanides impliquent les Ă©lectrons de l’orbitale f. Actuellement, d’un commun accord, le lutĂ©cium, et non plus le lanthane, commence le bloc d. Voici d’autres propriĂ©tĂ©s du lutĂ©cium :

  • chaleur massique : 150 J·kg-1·K-1 ;
  • conductivitĂ© Ă©lectrique : 1,85×106 S·m-1 ;
  • conductivitĂ© thermique : 16,4 W·m-1·K-1 ;
  • Ă©nergie de fusion : 18,6 kJ·mol-1 ;
  • Ă©nergie de vaporisation : 355,9 kJ·mol-1 ;
  • pression de vapeur : 2 460 Pa Ă  1 936 K ;
  • structure cristalline : hexagonale compacte ;
  • volume molaire : 17,78×10-6 m3·mol-1.

Cet Ă©lĂ©ment, portant le N° CAS 7439-94-3 et le N° ECHA 100.028.275, a une masse atomique de 174,966 8 ± 0,000 1 u. Son rayon atomique et son rayon de covalence sont respectivement de 175 pm (217 pm) et de 187 ± 8 pm. L’Ă©tat d’oxydation de son atome est 3. À l’Ă©chelle de Pauling, son Ă©lectronĂ©gativitĂ© est 1,27. L’oxyde de lutĂ©cium est considĂ©rĂ© comme un composĂ© basique.

Le lutĂ©cium dispose de cinq Ă©nergies d’ionisation. La premiĂšre est de 5,425 86 eV et la deuxiĂšme s’Ă©lĂšve Ă  13,9 eV. La troisiĂšme, la quatriĂšme et la cinquiĂšme Ă©nergie d’ionisation sont successivement 20,959 4 eV, 45,25 eV et 66,8 eV.

Propriétés chimiques et composés

Le lutĂ©cium rĂ©agit particuliĂšrement avec la plupart des non-mĂ©taux, Ă  des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es. Il se modifie par l’oxygĂšne : lentement dans des conditions normales et plus rapidement en prĂ©sence d’humiditĂ©. Le lutĂ©cium brĂ»le Ă  partir de 150 °C et forme des oxydes. Ce mĂ©tal se dĂ©compose facilement dans les acides faibles et forme des solutions incolores renfermant des ions trivalents.

On trouve l’Ă©lĂ©ment Ă  l’Ă©tat d’oxydation +3 dans les composĂ©s de lutĂ©cium. La plupart des sels de lutĂ©cium ont des solutions incolores. À l’exception notable de l’iodure, ils forment des solides cristallins blancs, aprĂšs dessiccation. Pendant la cristallisation, les sels solubles tels que l’acĂ©tate, le nitrate et le sulfate forment des hydrates. Le carbonate, le fluorure, l’hydroxyde, l’oxalate, l’oxyde et le phosphate sont insolubles dans l’eau.

Isotopes

Le seul isotope stable de cet Ă©lĂ©ment chimique est le lutĂ©cium 175. Les Lu 176, 177 et 178 sont les plus instables. On obtient l’isotope 177Lu, de pĂ©riode 6,7 jours, par une activation neutronique de 176Lu. Cet isotope 177Lu Ă©met un rayonnement ÎČ−. Dans la mĂ©decine nuclĂ©aire, il est utilisĂ© pour traiter certaines tumeurs neuroendocrines. L’Institut Laue-Langevin le produit pour le compte d’une sociĂ©tĂ© privĂ©e.

Les diffĂ©rents isotopes ont chacun leurs propres caractĂ©ristiques. L’isotope 173Lu est radioactif et se dĂ©sintĂšgre en un autre isotope avec une pĂ©riode de demi-vie de 1,37 an. Son mode de dĂ©sintĂ©gration Δ reprĂ©sente l’Ă©mission d’un positron. Son Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration est de 0,671 MeV et le produit obtenu est le 173Yb. La pĂ©riode de demi- vie du 174Lu dure 3,31 ans. Son mode de dĂ©sintĂ©gration est Δ. Son Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration permettant d’obtenir du 173Yb est de 1,374 MeV. Le 175Lu, avec 104 neutrons, ne subit pas de dĂ©sintĂ©gration radioactive. La proportion naturelle stable de cet isotope dans la nature est de 97,41 %. Le pourcentage 2,59 % et 3,78×1010 ans dĂ©finissent respectivement la proportion naturelle et la pĂ©riode de demi-vie de l’isotope 176Lu. Son mode de dĂ©sintĂ©gration ÎČ- correspond Ă  l’Ă©mission d’un Ă©lectron. Son Ă©nergie de dĂ©sintĂ©gration s’Ă©lĂšve Ă  1,193 MeV. Le 176Hf est l’isotope produit lors de sa dĂ©sintĂ©gration radioactive.

Abondance naturelle et production

Avec le thulium, le lutĂ©cium est le lanthanide le plus rare. Il est prĂ©sent dans la croĂ»te terrestre, Ă  hauteur de 0,5 partie par million. Pourtant, il est plus courant que certains mĂ©taux tels que l’argent, le bismuth et le mercure. On rencontre souvent le lutĂ©cium avec la plupart des autres terres rares. Cependant, cet Ă©lĂ©ment n’est jamais pur. En plus, il est difficile de le sĂ©parer des autres Ă©lĂ©ments. La monazite, de formule grossiĂšre (Ce,La,Th)PO4, constitue le principal minerai commercial du lutĂ©cium. Il en contient 0,003 %. Les principales mines se trouvent en Australie, au BrĂ©sil, aux États-Unis, en Inde, en RĂ©publique populaire de Chine et au Sri Lanka. Le lutĂ©cium pur n’a Ă©tĂ© isolĂ© qu’au XXe siĂšcle. Il reste trĂšs difficile Ă  obtenir, car il fait partie des terres rares les plus chĂšres. Le lutĂ©cium est produit dans le monde Ă  hauteur de 10 t.

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Utilisations du lutécium

Du fait de son prix Ă©levĂ©, l’utilisation du lutĂ©cium est trĂšs limitĂ©e par rapport Ă  d’autres lanthanides. Cependant, il trouve des applications dans quelques domaines. Il est utilisĂ© comme catalyseur lors de la polymĂ©risation, du craquage et de l’hydrogĂ©nation. Il convient de noter que sa disponibilitĂ© et son prix peuvent varier en fonction de la demande du marchĂ©. Cette demande a augmentĂ© ces derniĂšres annĂ©es en raison de son utilisation dans diverses applications technologiques. Il peut servir d’aimants permanents pour les Ă©oliennes, les vĂ©hicules Ă©lectriques, les lasers, les verres optiques et les dispositifs mĂ©dicaux.

Toxicité

À ce jour, les rares Ă©tudes menĂ©es sur le lutĂ©cium n’ont pas montrĂ© d’effets toxiques significatifs. Pourtant, comme pour tout produit chimique, l’exposition Ă  de fortes concentrations de cet Ă©lĂ©ment est nĂ©faste pour la santĂ©. L’inhalation de ses particules est susceptible d’entraĂźner des irritations des voies respiratoires et des yeux. La manipulation de ses composĂ©s risque de provoquer une irritation cutanĂ©e ou des brĂ»lures. L’ingestion de quantitĂ©s importantes de lutĂ©cium peut aussi produire une irritation gastro-intestinale et une altĂ©ration du mĂ©tabolisme du calcium.

Il est toujours important de prendre des prĂ©cautions lors de la manipulation de cet Ă©lĂ©ment chimique afin de rĂ©duire les risques pour la santĂ©. Les travailleurs industriels et les chercheurs doivent suivre des procĂ©dures de sĂ©curitĂ© appropriĂ©es, dont le port d’Ă©quipement de protection individuelle.


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