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Lithium

element-chimique-3-lithium

Caractéristiques du Lithium

  • Symbole : Li
  • Masse atomique : 6,941 ± 0,002 ua
  • NumĂ©ro CAS : 7439-93-2
  • Configuration Ă©lectronique :[He] 2s1
  • NumĂ©ro atomique : 3
  • Groupe : 1
  • Bloc : Bloc S
  • Famille d’Ă©lĂ©ments : MĂ©tal alcalin
  • ÉlectronĂ©gativitĂ© : 0,98
  • Point de fusion : 180,5 °C2

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Le lithium, élément atomique n°3 de symbole Li : son histoire, son abondance, ses réserves, ses propriétés, son utilisation et sa consommation.

Les généralités à connaßtre sur le lithium

La demande en lithium est en constante progression depuis quelques annĂ©es. En effet, de nombreux secteurs d’activitĂ© ont besoin de cet Ă©lĂ©ment chimique. Il s’agit d’un des composants nĂ©cessaires Ă  la fabrication de tĂ©lĂ©phones portables, de voitures Ă©lectriques et de plusieurs outils Ă©lectroniques. Une multitude d’objets utilisĂ©s au quotidien contient Ă©galement ce mĂ©tal alcalin. Voici tout ce qu’il faut savoir dessus.

Le lithium est l’élĂ©ment chimique au numĂ©ro atomique « 3 ». Son symbole est « Li ». Il appartient au premier groupe du tableau pĂ©riodique des Ă©lĂ©ments. Il dispose de deux isotopes stables avec des noyaux atomiques. Ces derniers figurent parmi ceux ayant l’énergie de liaison par nuclĂ©on le plus faible de tous les isotopes stables. À cet effet, ses noyaux sont assez instables par rapport Ă  ceux des autres Ă©lĂ©ments lĂ©gers. Cela explique pourquoi il est possible de les utiliser dans les rĂ©actions de fission et de fusion nuclĂ©aire. Autre consĂ©quence, cet Ă©lĂ©ment est aussi moins abondant dans le systĂšme solaire comparĂ© Ă  25 des 32 Ă©lĂ©ments chimiques les plus lĂ©gers.

Le lithium est prĂ©sent en surabondance dans la nature par rapport aux prĂ©dictions de la nuclĂ©osynthĂšse primordiale et stellaire. Cela s’explique par sa nuclĂ©osynthĂšse interstellaire qui n’est autre que le phĂ©nomĂšne de spallation cosmique. La synthĂšse de noyaux atomiques se fait par bombardement d’élĂ©ments plus lourds par des rayons cosmiques.

Ce mĂ©tal alcalin Ă  l’état pur est un mĂ©tal mou et gris argentĂ©, Ă©tant le plus lĂ©ger des Ă©lĂ©ments solides. Il se prĂ©sente gĂ©nĂ©ralement sous forme de poudre, aprĂšs avoir Ă©tĂ© raffinĂ© et transformĂ©. Il s’oxyde aisĂ©ment une fois au contact de l’air et de l’eau. En l’occurrence, il devient gris foncĂ©, puis rapidement anthracite et, enfin, il noircit. En raison de cela, il est nĂ©cessaire de le conserver dans de l’huile minĂ©rale afin de le prĂ©server de l’air.

En gĂ©nĂ©ral, il sert Ă  concevoir des piles Ă©lectriques et des batteries d’accumulateurs rechargeables ou Ă  haute tension. On l’utilise Ă©galement dans l’industrie du verre et des cĂ©ramiques techniques. Son usage s’étend aussi aux lubrifiants spĂ©ciaux, au traitement de l’air viciĂ© par le CO2, Ă  la mĂ©tallurgie, ainsi qu’à l’industrie du caoutchouc et des thermoplastiques. Il joue Ă©galement un rĂŽle important dans la chimie fine et dans la fabrication d’alliages. En mĂ©decine, cet Ă©lĂ©ment sert Ă  traiter le trouble bipolaire. On l’utilise aussi dans de nombreux domaines de la psychiatrie, mĂȘme s’il ne dispose pas d’une fenĂȘtre thĂ©rapeutique large. En physique nuclĂ©aire, il sert Ă  produire du tritium, du deutĂ©rure de lithium, qui est le combustible de la bombe H.

Il faut noter que cette substance est trĂšs rĂ©active. En outre, elle n’existe pas Ă  l’état natif dans le milieu naturel. On ne peut la trouver que sous la forme de composĂ©s ioniques. Elle est originaire de roches de type pegmatite, d’argiles et de saumures. Dans la majoritĂ© des cas, on l’utilise directement Ă  partir de concentrĂ©s miniers. L’électrolyse de sel fondu est le procĂ©dĂ© qui permet de l’obtenir industriellement Ă  l’état mĂ©tallique (55 % LiCl et 45 % KCl, Ă  400 °C).

Il est important de prĂ©ciser que quelques traces de lithium sont prĂ©sentes dans les ocĂ©ans et chez tous les ĂȘtres vivants. Ce mĂ©tal alcalin peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un oligoĂ©lĂ©ment, mais ses propriĂ©tĂ©s rĂ©elles restent floues. En effet, les animaux et les vĂ©gĂ©taux semblent pouvoir vivre correctement dans un milieu qui en est dĂ©pourvu.

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L’histoire de l’élĂ©ment chimique

L’homme qui a dĂ©couvert ce mĂ©tal alcalin est un chimiste suĂ©dois qui s’appelle Johan August Arfwedson. Le mot « lithium » est issu du grec Î»ÎŻÎžÎżÏ‚ (lithos) qui signifie « pierre ». La substance a pu ĂȘtre identifiĂ©e grĂące Ă  l’analyse de la pĂ©talite (LiAlSi4O10)en 1817.

Tout commence en 1800, lors d’un voyage de JosĂ© BonifĂĄcio de Andrada e Silva en Europe. Plus prĂ©cisĂ©ment, cela s’est passĂ© sur l’üle d’Utö, dans la commune de Haninge, en SuĂšde. Cet homme a pu dĂ©couvrir, durant son sĂ©jour, un minĂ©ral encore inconnu Ă  l’époque. Il nomma la trouvaille « pĂ©talite ». Plus tard, aprĂšs analyse de cette roche dans le laboratoire de Berzelius, Arfwedson a pu identifier un nouvel Ă©lĂ©ment chimique. Suite Ă  cela, il dĂ©tecte aussi ce dernier dans des minĂ©raux de spodumĂšne (LiAlSi2O6) et de lĂ©pidolite (K(Li,Al)3(Si,Al)4O10(F,OH)2. Ceux-ci proviennent Ă©galement de l’üle d’Utö. Afin de souligner l’origine minĂ©rale de l’élĂ©ment dĂ©couvert Ă  l’époque, Berzelius le nomme Lithion. Cela a permis de le diffĂ©rencier des deux autres alcalins connus Ă  cette pĂ©riode (le potassium et le sodium). En 1818, Christian Gmelin a prĂ©cisĂ© que les « sels de lithion » donnent une flamme rouge et brillante.

Certains chercheurs ont essayĂ© d’isoler l’élĂ©ment de son sel, mais sans succĂšs. Ce n’est que plus tard que cela a Ă©tĂ© rendu possible grĂące Ă  l’électrolyse d’un oxyde de lithium. William Thomas Brande et sir Humphry Davy sont les premiers Ă  parvenir Ă  ce rĂ©sultat. L’élĂ©ment a alors finalement reçu son nom actuel pour rappeler sa dĂ©couverte dans le rĂšgne minĂ©ral.

La firme allemande Metallgesellschaft AG commença la production commerciale de ce mĂ©tal alcalin en 1923. Il Ă©tait produit par l’électrolyse d’un mĂ©lange de LiCl et de KCl fondu.

L’histoire se poursuit vers la fin des annĂ©es quarante et au dĂ©but des annĂ©es cinquante. À l’époque, de nombreuses nations impliquĂ©es dans le dĂ©veloppement de la bombe H produisaient du deutĂ©rure de lithium enrichi en 6Li. L’élĂ©ment chimique appauvri intĂšgre alors le marchĂ© des rĂ©actifs. Cela augmente considĂ©rablement l’incertitude sur sa masse atomique. Celle d’échantillons aux Ă©tats naturels et commerciaux se situe entre 6,9387 et 6,9959 u.

Les deux isotopes stables du Li prĂ©sents dans la nature sont les lithiums 6 et 7. Il faut prĂ©ciser que ce dernier est le plus abondant. En 2012, il a Ă©tĂ© possible d’observer les radio-isotopes lithium 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13. Les deux derniers sont ceux que l’on a dĂ©couverts le plus rĂ©cemment. Les isotopes radioactifs les plus stables sont le numĂ©ro 8 et le numĂ©ro 9. Chacun d’eux possĂšde respectivement une demi-vie de 838 ms et de 178 ms.

L’abondance de l’élĂ©ment

On trouve ce mĂ©tal alcalin sur la planĂšte Terre, mais il est Ă©galement prĂ©sent dans tout l’univers. Voici quelques dĂ©tails.

Le lithium dans l’univers

La Nova Centauri 2013 est la premiĂšre nova dĂ©couverte qui contient l’élĂ©ment chimique en question. Selon la thĂ©orie moderne de la cosmologie, ce mĂ©tal alcalin fait partie des trois Ă©lĂ©ments synthĂ©tisĂ©s durant le Big Bang sous forme de Li 7. La quantitĂ© de lithium gĂ©nĂ©rĂ©e correspond au nombre de photons par baryon. Il est possible d’en calculer l’abondance pour les valeurs gĂ©nĂ©ralement admises pour ce nombre.

Il faut cependant prĂ©ciser qu’il existe une contradiction cosmologique concernant cet Ă©lĂ©ment. À cet effet, on a pu dĂ©montrer que les Ă©toiles les plus anciennes contiennent moins de lithium qu’elles ne le devraient. En revanche, les plus jeunes en renferment plus. On peut alors formuler une hypothĂšse selon laquelle le mĂ©tal alcalin est mĂ©langĂ© et dĂ©truit dans les Ă©toiles anciennes. Les jeunes Ă©toiles, quant Ă  elles, en gĂ©nĂšrent.

Il faut savoir que cet Ă©lĂ©ment se transmute en deux atomes d’hĂ©lium. Cela est possible suite Ă  une collision avec un proton avec une exposition Ă  des tempĂ©ratures s’élevant Ă  2,4 millions de degrĂ©s Celsius. L’abondance du mĂ©tal alcalin dans les jeunes Ă©toiles est plus grande que les modĂšles numĂ©riques ne le prĂ©voient.

En 2017, on a pu observer 12 Ă©toiles de la Voie lactĂ©e renfermant prĂšs de 2 800 fois plus de lithium que le Soleil. En revanche, il est important de noter que ces Ă©toiles n’ont pas atteint la phase de gĂ©ante rouge. On prĂ©sume donc que le Li qu’elles contiennent date de leur formation. Sa prĂ©sence reste, nĂ©anmoins, encore inexpliquĂ©e.

Le Li est l’un des trois Ă©lĂ©ments chimiques synthĂ©tisĂ©s Ă  l’origine de l’univers. Cependant, au mĂȘme titre que le bĂ©ryllium et le bore, il est nettement moins abondant que dans d’autres Ă©lĂ©ments. Cela est dĂ» aux faibles tempĂ©ratures nĂ©cessaires Ă  sa destruction ainsi qu’à l’insuffisance de processus pour le produire.

L’élĂ©ment chimique sur Terre

Il est plus rare comparĂ© aux alcalins et aux alcalino-terreux courants tels que le sodium, le potassium, le magnĂ©sium et le calcium. Selon les estimations, la croĂ»te terrestre dispose d’une concentration variant entre 20 et 70 ppm (parties par millions). En poids, cela donne entre 20 et 70 mg/kg de terre. Cette estimation fait du lithium le troisiĂšme Ă©lĂ©ment le plus abondant sur la planĂšte. D’ailleurs, il est prĂ©sent dans toutes les rĂ©gions du monde. Cependant, il ne l’est pas Ă  l’état pur en raison de son oxydation au contact de l’eau et de l’air. Il est possible de le trouver dans les roches magmatiques. Sa concentration est aussi plus importante dans les granites. Les pegmatites granitiques sont les minĂ©raux qui contiennent le plus de lithium. Pour une exploitation commerciale, l’idĂ©al est de se tourner vers le spodumĂšne et la pĂ©talite. En effet, il s’agit des sources les plus viables dans le cas d’une exploitation commerciale. Le lĂ©pidolite contient lui aussi une grande quantitĂ© de ce mĂ©tal alcalin. Une autre source est les argiles d’hectorite. L’organisme principal qui exploite ces derniĂšres est la Western Lithium Corporation aux États-Unis.

Les eaux marines recÚlent au total une quantité de Li estimée à 230 milliards de tonnes. La concentration est relativement constante et est comprise entre 0,14 et 0,25 ppm ou 25 ”mol (micromoles). Des éléments à concentration plus importante atteignant les 7 ppm se trouvent, cependant, prÚs des monts hydrothermaux.

Les teneurs et la fonction biologique du métal alcalin

Les chercheurs ont trouvĂ© des traces de lithium dans le plancton et dans de nombreuses plantes et invertĂ©brĂ©s. En l’occurrence, les concentrations varient de 69 Ă  5 760 ppb (parties par milliard). Les tissus et les fluides vitaux des vertĂ©brĂ©s contiennent ce mĂ©tal alcalin Ă  une concentration entre 21 et 763 ppb. Il faut noter que les organismes marins en bioaccumulent plus comparĂ©s aux organismes terrestres.

On soupçonne son rĂŽle en tant qu’oligoĂ©lĂ©ment dans le Vivant depuis les annĂ©es 1990, mais cela reste Ă  prouver. En 2001, au Japon, une Ă©tude nutritionnelle a Ă©tĂ© menĂ©e chez les mammifĂšres. Elle a permis de dĂ©montrer que le lithium constituerait un oligoĂ©lĂ©ment chez l’Homme et chez les mĂ©tazoaires. Les chercheurs ont utilisĂ© le ver Caenorhabditis elegans comme modĂšle animal et suggĂšrent une dose journaliĂšre admissible d’environ 1 mg/j. Il faut prĂ©ciser que ce ver a dĂ©jĂ  servi Ă  des Ă©tudes sur les facteurs de longĂ©vitĂ©.

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Les réserves terrestres et la production de lithium

Selon l’USGS, les rĂ©serves terrestres vers la fin de l’annĂ©e 2021 sont estimĂ©es Ă  22 Mt (millions de tonnes). Les ressources identifiĂ©es, quant Ă  elles, atteignent les 89 Mt, toujours d’aprĂšs cet organisme. Les premiĂšres se rĂ©partissent entre plusieurs pays. Il s’agit du Chili (42 %), de l’Australie (26 %), de l’Argentine (10 %), de la Chine (7 %) et des États-Unis (3,4 %). Les secondes se trouvent notamment en Bolivie (24 %), en Argentine (21 %), au Chili (11 %), aux États-Unis (10 %), en Australie (8 %) et en Chine (6 %).

La production de lithium se trouve majoritairement dans quatre pays. Il s’agit de l’Australie (55 %), du Chili (26 %), de la Chine (14 %) et de l’Argentine (6 %).

Cependant, la sociĂ©tĂ© britannique BP a fourni des estimations de production un peu plus Ă©levĂ©es avec un total de 106 kt (kilotonnes) en 2021. Selon Beyond Petroleum, les rĂ©serves mondiales seraient de 20,25 Mt vers la fin de l’annĂ©e 2021. Au rythme de cette annĂ©e prĂ©cĂ©demment mentionnĂ©e (100 kt par an), ce total correspondrait Ă  environ 220 ans de production.

Voici un tableau qui illustre les productions dans les pays cités précédemment.

PaysProduction en 2018Production en 2019Production en 2020Production estimée en 2021Réserves prouvéesRessources estimées
Argentine6 4006 3005 9006 2002 200 00019 000 000
Australie58 80045 00039 70055 0005 700 0007 300 000
Boliviendndndndnd21 000 000
Brésil3002 4001 4201 50095 000470 000
Canada2 400200ndndnd2 900 000
Chili17 00019 30021 50026 0009 200 0009 800 000
Chine7 10010 80013 30014 0001 500 0005 100 000
République démocratique du Congondndndndnd3 000 000
États-Unis900900900900750 0009 100 000
Allemagnendndndndnd2 700 000
Mexiquendndndndnd1 700 000
République tchÚquendndndndnd1 300 000
Espagnendndndndnd300 000
Portugal80090034890060 000270 000
Malindndndndnd700 000
Russiendndndndnd1 000 000
Serbiendndndndnd1 200 000
Zimbabwe1 6001 2004171 200220 000500 000
Total mondial95 00086 00082 500100 00022 000 00089 000 000

Ci-aprĂšs les productions des pays non citĂ©s dans le tableau. En l’occurrence, on a le PĂ©rou (880 000 t), le Ghana (130 000 t), l’Autriche (60 000 t), ainsi que la Finlande, le Kazakhstan et la Namibie (50 000 t chacun).

Gisements de lithium

Malheureusement, trĂšs peu d’endroits sur Terre disposent d’une concentration en Li permettant une exploitation Ă©conomique et rentable. La raison Ă  cela est l’impuretĂ© des sels et d’autres mĂ©taux alcalins, se prĂ©sentant sous forme de :

  • Chlorure de lithium (LiCl), qui se trouve notamment dans les saumures de certains vieux lacs salĂ©s continentaux. Il est mĂ©langĂ© Ă  d’autres sels de mĂ©taux alcalins, de certaines eaux gĂ©othermales ou de champs pĂ©trolifĂšres.
  • Silicates, incluant le spodumĂšne (LiAlSi2O6) ou la pĂ©talite (Li(AlSi4O10)) dans la pegmatite.
  • Hectorite : on parle ici d’une sorte d’argile de formule NaO,4Mg2,7LiO,3Si4O10(OH)2. Elle est issue de l’altĂ©ration de certaines roches volcaniques.
  • Jadarite Li Na Si B3O7(OH) : il s’agit d’un borate ;
  • Rhassoul : il s’agit d’une argile marocaine riche en stevensite (Mg3Si4O10(OH)2 et en lithium.

Le plus grand gisement mondial connu est le salar d’Uyuni, situĂ© au sud-ouest de la Bolivie, dans le dĂ©partement de PotosĂ­. Son Li reprĂ©sente un tiers de la ressource mondiale, ce qui intĂ©resse le groupe BollorĂ©. En mars 2008, la Bolivie a permis l’exploitation du mĂ©tal alcalin sur le dĂ©sert de sel fossile d’Uyuni. Cela a abouti Ă  la crĂ©ation d’une usine d’extraction. Le second plus grand gisement est celui du salar d’Atacama, au Chili. Il reprĂ©sente le premier exportateur mondial depuis 1997, avec la compagnie allemande Chemetall comme opĂ©rateur principal.

L’Argentine possùde aussi un gisement de lithium que la FMC exploite depuis 1995, au salar del Hombre Muerto. Ce site se trouve à une centaine de kilomùtres au nord d’Antofagasta de la Sierra, au nord-ouest du pays. Il est assez difficile d’accùs. En effet, les pistes en terre naturelle sont les seuls chemins qui y mùnent.

En Australie-Occidentale, entre 2010 et 2011, Talison Lithium Ltd avait extrait ce mĂ©tal alcalin dans la pegmatite des mines de Greenbushes. À l’époque, l’entreprise avait pu obtenir plus de 300 000 t de spodumĂšne par an, lui permettant de produire 8 000 Ă  9 000 t de Li. Cela constituait plus de 25 % de la production mondiale. Les rĂ©serves prouvĂ©es et probables sont estimĂ©es Ă  31,4 Mt de minerai recelant 1,43 % de lithium. Dans la mĂȘme rĂ©gion, en 2010, Galaxy Ressources a procĂ©dĂ© Ă  une exploitation Ă  ciel ouvert d’un gĂźte de pegmatite. Cela s’est dĂ©roulĂ© dans la mine de Mount Cattlin, prĂšs de Ravensthorpe. Cette exploitation a produit 137 000 t par an de concentrĂ© de spodumĂšne Ă  6 % de Li2O en plus d’une coproduction d’oxyde de tantale. En 2012, la production de spodumĂšne a atteint les 54 047 t. Les rĂ©serves prouvĂ©es et probables sont de 10,7 Mt de minerai avec 1,04 % de Li2O et 146 ppm de Ta2O5. Ce dernier est majoritairement envoyĂ© en Chine pour le transformer en Li2CO3.

Il existe d’autres gisements dans certains lacs assĂ©chĂ©s du Tibet, de la Russie et des États-Unis. Il est possible de citer celui du Silver Peak, au Nevada, exploitĂ© par Rochwood Lithium. Au Zimbabwe, on peut trouver la mine de Bikita, Ă  ciel ouvert, qui produit 30 000 t par an de minerai Ă  4,45 % de Li2O.

Il est important de rappeler que les dĂ©serts de sel prĂ©sentent aussi une grande quantitĂ© de Li. L’extraction se fait par concentration de la saumure aprĂšs pompage et Ă©vaporation dans les marais salants.

En Californie, les eaux gĂ©othermales de Salton Sea sont aussi riches en cet Ă©lĂ©ment chimique que les lacs salĂ©s boliviens et chiliens. L’extraction a Ă©tĂ© prĂ©vue, mais la sociĂ©tĂ© concernĂ©e par le projet a fermĂ© ses portes en 2015.

Au Canada, un gisement en 2010 a Ă©tĂ© dĂ©couvert aux alentours de la baie James. Plusieurs entreprises ont exploitĂ© la zone, mais tout s’est arrĂȘtĂ© en 2014. Actuellement, un projet de mine est en cours d’étude dans l’Abitibi.

En Afghanistan, il existe aussi des rĂ©serves considĂ©rables de lithium. La presse l’a d’ailleurs mentionnĂ© en 2010.

En fĂ©vrier 2023, le gouvernement indien a dĂ©couvert un gisement majeur dans la rĂ©gion du Jammu-et-Cachemire, dans le nord-ouest du pays. Celui-ci est estimĂ© Ă  5,9 Mt, ce qui correspond Ă  5,7 % des rĂ©serves mondiales. En revanche, la dĂ©couverte n’est qu’au stade prĂ©liminaire. Il faut encore de nombreuses analyses pour confirmer la taille exacte du gisement.

En Europe

Selon les derniers rapports officiels, la consommation de lithium de l’Union europĂ©enne pourrait ĂȘtre multipliĂ©e par 18 entre 2020 et 2030. Cela risque de poser problĂšme, car elle importe la majoritĂ© de l’élĂ©ment chimique qu’elle utilise. En effet, il n’existe qu’une seule mine active en Europe. Il s’agit de celle du Portugal qui fournit 1 200 t de Li par an. Cette production sert, cependant, dans l’industrie de la cĂ©ramique. MalgrĂ© cela, Bruxelles considĂšre que l’Europe pourrait assurer 80 % des besoins de son industrie automobile (principal consommateur) d’ici 2025.

En 2021, l’USGS a estimĂ© les rĂ©serves europĂ©ennes Ă  60 000 t, soit 0,7 % des rĂ©serves mondiales. Cela concerne notamment les gisements de taille connue et Ă©conomiquement exploitables. Par ailleurs, les ressources ou les gisements dĂ©couverts ou probables comptent 7 % du total mondial. L’analyste Natixis a conclu que cela pourrait Ă  peine couvrir la moitiĂ© de la demande de voitures Ă©lectriques en 2030.

En France, le site The Conversation a annoncĂ© une importante nouvelle au public dans un article qu’il a fait paraĂźtre. Ainsi, les chercheurs du BRGM (Bureau de Recherches GĂ©ologiques et MiniĂšres) ont trouvĂ© des gisements exploitables. Ces derniers se situent notamment dans le Massif central, dans les saumures gĂ©othermales d’Alsace. Ce pays pourrait d’ailleurs ĂȘtre autonome concernant ce mĂ©tal alcalin. En effet, il dispose d’un potentiel minier dĂ©passant les 200 000 t de Li mĂ©tal.

En Autriche, aux alentours de Wolfsberg, une entreprise du nom d’European Lithium compte produire ce mĂ©tal alcalin Ă  partir de 2023. Le projet le plus prometteur est celui de Mina do Barroso, situĂ© au nord du Portugal. Une sociĂ©tĂ© britannique du nom de Savannah Resources a aussi ouvert une premiĂšre mine en 2010. Cette entreprise exploite le plus important gisement de spodumĂšne en Europe.

Vers fin dĂ©cembre 2021, Rio Tinto a suspendu son projet de mine de lithium dans la rĂ©gion de Jadar au sud-ouest de la Serbie. La raison ? Quatre semaines de manifestations des militants Ă©cologistes qui craignent une pollution des champs de maĂŻs. Initialement, le responsable de l’exploitation comptait commercialiser l’élĂ©ment chimique dĂšs 2026. Il estimait Ă©galement une production de 58 000 t par an Ă  partir de 2029. Cela aurait Ă©tĂ© suffisant pour Ă©quiper un million de voitures Ă©lectriques. Malheureusement, le 20 janvier 2022, le gouvernement serbe a retirĂ© les permis d’exploitation, ce qui a mis fin au projet.

En Espagne, une rĂ©gion prĂšs du Portugal (l’EstrĂ©madure) possĂšde d’importants gisements de Li. Face Ă  cela, la compagnie Lithium Iberia est composĂ©e d’un groupe d’entrepreneurs et d’ingĂ©nieurs espagnols. Elle dĂ©sire lancer un projet de mine Ă  Las Navas dans la commune de Cañaveral Ă  partir de 2024. La sociĂ©tĂ© estime une production de 30 000 Ă  35 000 t par an de LiOH pendant 20 ans. Si l’affaire est rentable, elle compte prolonger l’exploitation de 10 ans.

Un autre projet a fait l’objet d’une opposition farouche de la population et des Ă©lus municipaux. Il s’agit de celui qui se trouvait Ă  Saint JosĂ©, Ă  CĂĄceres. La production est notamment l’Ɠuvre d’une compagnie australienne nommĂ©e Infinity Lithium. Cette entreprise menait des recherches afin d’exploiter une mine Ă  ciel ouvert. Une nouvelle version du projet a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en octobre 2021. Il s’agit surtout d’une exploitation en galeries qui pourrait donner de nouvelles garanties pour la restauration des lieux.

Par ailleurs, le producteur germano-australien Vulcan Energy Resources exploite raisonnablement le mĂ©tal alcalin en Allemagne. Il rĂ©alise notamment une extraction de saumure et une rĂ©injection de celle-ci une fois traitĂ©e pour rĂ©duire son empreinte carbone. En 2021, la compagnie s’est engagĂ©e Ă  fournir Ă  Stellantis entre 81 000 et 99 000 t d’hydroxyde de lithium. Le projet compte s’étaler sur cinq ans Ă  partir de 2026. Créée en 2018 en Australie, Vulcan Energy Resources obtient cet Ă©lĂ©ment chimique de quatre sites gĂ©omĂ©triques dans la vallĂ©e du Rhin. L’eau chaude et salĂ©e est extraite Ă  plus de trois kilomĂštres de profondeur, puis filtrĂ©e pour rĂ©cupĂ©rer le mĂ©tal alcalin. Celui-ci est alors concentrĂ© sur place, puis raffinĂ© Ă  Francfort. La chaleur de l’eau atteint les 165 °C. Elle sert notamment Ă  produire de l’énergie verte. Une moitiĂ© sert au procĂ©dĂ© prĂ©cĂ©demment citĂ©, tandis que l’autre est revendue aux collectivitĂ©s locales. Vulcan Energy Resources possĂšde des dizaines de licences en Allemagne et une autre en Italie. Ce producteur espĂšre Ă©galement, avec le soutien de Renault et de Stellantis, en acquĂ©rir une en France, en Alsace. En effet, le potentiel y semble important.

Le 24 juin 2022, Stellantis a investi 50 millions d’euros afin d’acquĂ©rir 8 % de Vulcan Energy Resources. L’entreprise a Ă©galement signĂ© des contrats avec de grandes marques. Il s’agit de Renault, Volkswagen, Umicore et LG. En septembre 2022, le premier pilote de son procĂ©dĂ© donne de bons rĂ©sultats Ă  la centrale gĂ©othermique d’Insheim, aux alentours de Karlsruhe. Celle-ci est opĂ©rationnelle depuis 2012. La sociĂ©tĂ© a aussi prĂ©vu une seconde installation afin de multiplier les volumes par 200. La production devrait dĂ©buter vers fin 2024 pour atteindre un volume de plus de 50 000 t d’hydroxyde de lithium par an en 2027. Plus de deux milliards d’euros d’investissement sont prĂ©vus pour ce projet.

Il faut aussi noter que les projets de mines de ce mĂ©tal alcalin en Europe se multiplient, en l’occurrence :

  • SyvĂ€jĂ€rvi en Finlande ;
  • Cinovec en TchĂ©quie ;
  • Zinnwald, Brichsal et Karlsruhe en Allemagne ;
  • Wolfsberg en Autriche ;
  • Soultz-sous-ForĂȘts en Alsace ;
  • ÉchassiĂšres dans l’Allier ;
  • Barroso au Portugal.

D’aprĂšs le rapport de l’universitĂ© de Louvain, la plupart de ces mines sont de petite taille. La production moyenne Ă©tant notamment de 130 000 t par an. Selon les estimations, en 2030, les projets de raffineries pourraient atteindre 155 000 t. Cela reste optimiste, celui de Rio Tinto de Jadar stoppĂ© par Belgrade a Ă©tĂ© pris en compte.

Selon Eramet, il existe plusieurs projets en cours qui pourraient rĂ©pondre au mieux (15 Ă  20 %) aux besoins europĂ©ens en 2030. NĂ©anmoins, le potentiel du recyclage est plus important. L’universitĂ© de Louvain l’estime Ă  150 000 t en 2030 et Ă  600 000 t en 2050 pour une demande de 700 000 Ă  860 000 t.

En France

Il existe un petit gisement dans la France mĂ©tropolitaine. Il s’agit d’un gĂźte de gros tonnage Ă  faible teneur en Ă©tain, en tantale-niobium, en lithium et en bĂ©ryllium. Le BRGM Ă  TrĂ©guennec (FinistĂšre) est l’organisme ayant rĂ©alisĂ© la dĂ©couverte. Cela s’est fait sur le site de l’ancienne carriĂšre de Prat-ar-Hastel. Il existe quelques gisements exploitĂ©s de maniĂšre ponctuelle dans du lĂ©pidolite, situĂ©s au nord-ouest du Massif central. Ils ont Ă©galement permis la production de pĂ©talite et d’amblygonite. Les gisements se situent notamment Ă  ÉchassiĂšres, Ă  Montebras et dans les monts d’Ambazac. En 2015, le site d’EchassiĂšres Ă©tait le seul Ă  fournir du lithium en guise de coproduit de l’exploitation de kaolin de sables et de granulats. Le gĂźte est liĂ© Ă  un apex leucogranitique diffĂ©renciĂ© ou Ă  albite. Selon le BRGM, son potentiel est estimĂ© Ă  280 000 t de Li2O Ă  0,7 % sous forme de lĂ©pidolite dissĂ©minĂ© ou de mica lithinifĂšre. AssociĂ© Ă  cela, on peut compter 20 000 t de Sn, 5 000 t de WO3 et 5 000 t de Ta-Nb. Cependant, il faut noter que l’exploitation du minerai n’est pas facile, car il est riche en fer et en fluor.

En 2019, le BRGM a publiĂ© un rapport de synthĂšse des ressources en lithium de la France. Il mentionne que les productions de Li2CO3 ou de LiOH Ă  partir de roche dure sont tirĂ©es exclusivement de pegmatites LCT. Ce dernier n’est autre qu’un sous-type du spodumĂšne. Il convient de prĂ©ciser que ce type d’élĂ©ment n’existe pas en France, Ă  l’exception de trĂšs rares indices. Ainsi, il n’est possible de produire du lithium Ă  partir de roche dure qu’avec le dĂ©veloppement de procĂ©dĂ©s d’extraction Ă  l’échelle industrielle. Cela se fait grĂące Ă  des minĂ©raux tels que la zinnwaldite, la sĂ©rie du lĂ©pidolite et la sĂ©rie de l’amblygonite-montebrasite. Le BRGM prĂ©cise que les ressources mesurĂ©es de Li2O sont de 23 564 t. Cette donnĂ©e est issue du gisement de Beauvoir, toujours en exploitation. Par ailleurs, on peut compter plus de 65 895 t de ressources indiquĂ©es issues du gisement de TrĂ©guennec. Enfin, les ressources supposĂ©es sont estimĂ©es Ă  443 200 t.

En outre, cet organisme compte 41 sites potentiels. Ceux-ci se trouvent en France, en Alsace et dans une diagonale allant du Massif armoricain au Massif central. Du lithium se cache dans les aquifĂšres trĂšs profonds (entre 1 000 et 4 000 m) de la plaine d’Alsace. Il s’agit notamment de grĂšs dĂ©posĂ©s il y a 235 millions d’annĂ©es. En 2017, le BRGM a estimĂ© un tonnage utile d’environ un million de tonnes de Li mĂ©tal. En 2021, l’AFPG (Association Française des Professionnels de la GĂ©othermie) a Ă©valuĂ© la coproduction possible de lithium en Alsace. Le chiffre atteint les 15 000 tonnes par an sur 10 sites gĂ©othermiques. Par ailleurs, les sociĂ©tĂ©s ES GĂ©othermie et Fonroche GĂ©othermie ont fait une annonce en 2019. En l’occurrence, les eaux chaudes remontant le sous-sol alsacien contiendraient 180 Ă  200 mg de Li par litre. Il faut noter que ces deux entreprises se servent notamment du sous-sol alsacien pour produire de la chaleur et de l’électricitĂ© par gĂ©othermie. À cet effet, elles considĂšrent la fourniture par site d’environ 1 500 t de carbonate de lithium (LCE) par an.

Les rĂ©serves de LCE du fossĂ© rhĂ©nan totalisent entre 10 et 40 Mt. Les besoins de l’industrie automobile française, quant Ă  elle, comptent 15 000 t de LCE par an. En Alsace, Eramet s’intĂ©resse Ă  la saumure des stations gĂ©othermales du fossĂ© rhĂ©nan, au mĂȘme titre que Vulcan Energy Resources, cĂŽtĂ© allemand. L’entreprise a dĂ©jĂ  menĂ© un projet pilote qui a pu raffiner du Li2CO3 de qualitĂ© batterie. Cela s’est fait par le biais d’un des sites gĂ©othermiques d’ES GĂ©othermie. Geolith, une autre entreprise, dispose Ă©galement de projets Ă  Haguenau. Par ailleurs, Lithium de France, une filiale du groupe Arverne, s’implante Ă  Bischwiller afin de produire en mĂȘme temps de la chaleur et du Li. La sociĂ©tĂ© a d’ailleurs obtenu un permis exclusif de recherche de sites gĂ©othermiques dans le nord de l’Alsace. En outre, une start-up strasbourgeoise nommĂ©e Viridian compte aussi construire Ă  Lauterbourg (Bas-Rhin) la premiĂšre raffinerie de ce mĂ©tal alcalin en France. Avec une capacitĂ© de 25 000 t d’hydroxyde de lithium en 2025 et une capacitĂ© d’expansion de 100 000 t par an d’ici 2030, on ne peut qu’espĂ©rer un succĂšs. Ce procĂ©dĂ© rĂ©duirait d’ailleurs fortement les Ă©missions de CO2.

La recherche de gisements en mĂ©tropole se poursuit en septembre 2020. La demande de permis exclusif de recherches de cet Ă©lĂ©ment chimique et de substances connexes se multiplie Ă©galement. Une sociĂ©tĂ© nommĂ©e Fonroche GĂ©othermie a d’ailleurs franchi le pas. Celle-ci a demandĂ© un permis de bassin de la Limagne pour cinq ans sur 707 km2 dans la rĂ©gion de Clermont-Ferrand. Cela fait suite aux Ă©tudes gĂ©ochimiques du BRGM. Celles-ci ont mis en Ă©vidence le secteur de Riom disposant d’eaux souterraines trĂšs chaudes avec 80 mg/l de lithium.

À Beauvoir, dans l’Allier, le projet Emili est Ă©galement l’un des plus grands projets d’extraction de ce mĂ©tal alcalin en Europe. Il a notamment fait l’objet d’une annonce le 24 octobre 2022 par le groupe français de minĂ©raux industriels Imerys. Ainsi, l’ouverture d’une mine dont les rĂ©serves sont estimĂ©es Ă  1 Mt est prĂ©vue d’ici 2027. La production prĂ©vue est de 34 000 t d’hydroxyde de lithium par an Ă  compter de 2028 pendant 25 ans. Cette carriĂšre est ouverte depuis 1950 et produit chaque annĂ©e 30 000 t de kaolin. Cependant, Imerys a rachetĂ© le site en 2005. Si le projet est un succĂšs, il permettra d’équiper 700 000 voitures Ă©lectriques. Cela limiterait grandement l’empreinte carbone de l’extraction. En effet, il permettra la production de huit tonnes de CO2 par tonne d’hydroxyde de lithium. Cela peut mĂȘme atteindre les 15 Ă  20 t pour les projets similaires en Asie et en Australie.

En novembre 2022, une sociĂ©tĂ© miniĂšre australienne Vulcan Energy a créé une entitĂ© française. Elle a aussi dĂ©posĂ© une premiĂšre demande de permis de recherche dans le nord de l’Alsace, prĂšs d’Haguenau. Le but Ă©tant d’extraire l’élĂ©ment chimique en question des eaux gĂ©othermales. Elle a Ă©galement demandĂ© un permis similaire en Allemagne pour une production commerciale prĂ©vue vers 2025. Le projet comptait atteindre une capacitĂ© de 8 000 t d’hydroxyde de lithium par an et par module, soit par station de gĂ©othermie. Dans un premier temps, elle se base sur trois modules.

Dans les territoires d’outre-mer, plus prĂ©cisĂ©ment en Guyane, le BRGM a fait une autre trouvaille. À cet effet, l’organisme affirme que les indices ponctuels montrent une faible prĂ©sence de minĂ©raux Ă  Li Ă  cet endroit.

En janvier 2023, ÉlectricitĂ© de Strasbourg et Eramet ont conclu un accord. Le but de cette dĂ©marche est de dĂ©velopper la production de ce mĂ©tal alcalin Ă  l’aide des saumures du bassin rhĂ©nan. L’exploitation envisagĂ©e vers la fin de la dĂ©cennie tourne autour de 10 000 t de carbonate de lithium par an. Ainsi, 250 000 batteries destinĂ©es Ă  des vĂ©hicules Ă©lectriques pourraient voir le jour. La technique prĂ©vue est le procĂ©dĂ© d’extraction directe de l’élĂ©ment. Le processus consiste Ă  capter l’élĂ©ment Ă  l’aide d’un matĂ©riau dit « éponge » et de rĂ©injecter l’eau dans la nappe oĂč elle est pompĂ©e. Cette stratĂ©gie permet de rĂ©aliser des Ă©conomies en eau et en Ă©nergie.

Production mondiale

En 2022, la production mondiale est estimĂ©e Ă  130 000 t. Il faut noter que celles-ci Ă©taient de 86 000 t en 2019, de 82 500 t en 2020 et de 100 000 t en 2021. Plusieurs pays participent Ă  ce projet. Il s’agit de l’Argentine, de la Chine, du Chili et de l’Australie. L’annĂ©e derniĂšre, un tiers de la production planĂ©taire Ă©tait issue des grandes entreprises et des sociĂ©tĂ©s miniĂšres. Les investisseurs chinois Ă©tant les principaux contrĂŽleurs de ceux-ci.

En 2017, 136 petites compagnies avaient investi 157 millions de dollars pour essayer de trouver du lithium. Ces chiffres reprĂ©sentent le double de ceux de 2016. Entre 2005 et 2015, on a pu assister Ă  une hausse de la production de 20 % par an. En consĂ©quence, le prix de ce mĂ©tal alcalin a grandement augmentĂ©. Suite Ă  cela, plusieurs mines fermĂ©es antĂ©rieurement ont Ă©tĂ© rĂ©ouvertes. Il s’agit notamment de la mine Ă  ciel ouvert de Mt Cattlin en Australie. Une relance de la recherche gĂ©ologique a Ă©galement eu lieu, permettant ainsi de dĂ©couvrir de nouveaux gisements dans le Nevada, en Serbie et au nord du Mexique.

Il existe Ă©galement de nombreux projets de nouvelles mines en cours de dĂ©veloppement, Ă  l’instar de l’étude de Citigroup qui en a recensĂ© seize. Ces derniers se situent notamment au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Argentine. La structure d’oligopole formĂ©e de quatre entreprises produisait la majoritĂ© du mĂ©tal consommĂ© en 2014. Il s’agit des AmĂ©ricains Albemarle et FMC, du Chilien Sociedad QuĂ­mica y Minera de Chile (SQM) et du Chinois Tianqi.

Le « triangle du lithium » se compose du Chili, de l’Argentine et de la Bolivie. L’élĂ©ment chimique en question dont ces pays disposent constitue 85 % des rĂ©serves mondiales. En Argentine, les investissements d’exploration ont drastiquement augmentĂ© (+928 % depuis 2015). Plus d’une vingtaine de sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres ont alors rĂ©alisĂ© des projets d’exploitation. En outre, deux mines sont en activitĂ©. Au Chili, l’État supervise l’industrie du lithium. Par ailleurs, l’organisme gouvernemental Corfo octroie des quotas de production aux sociĂ©tĂ©s. Cela concerne principalement SQM, la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Albemarle et la firme chinoise Tianqi. Cette derniĂšre ayant rachetĂ© 24 % des parts de SQM en 2018. En Bolivie, le gouvernement contrĂŽle Ă©galement la production de Li. Cependant, celle-ci n’est pas aussi grande que celle de ses pays voisins, oĂč l’entreprise nationale YLB a conclu des accords de partenariats avec ACI Systems (sociĂ©tĂ© allemande) et avec Xinjiang Tbea (firme chinoise). Par ailleurs, la construction d’usines de batteries au Chili et en Bolivie est envisagĂ©e.

En 2020, les scientifiques de l’Institut de technologie de Karlsruhe ont dĂ©posĂ© une demande de brevet. Ce dernier est destinĂ© Ă  un processus d’extraction des eaux profondes du fossĂ© rhĂ©nan supĂ©rieur lors du passage dans les centrales gĂ©othermiques. La concentration en lithium dans ces eaux atteint les 200 mg/l. Ainsi, le traitement des deux milliards de litres d’eau du Rhin permettra d’obtenir plusieurs centaines de tonnes de Li chaque annĂ©e. Cela constitue un projet rentable et sans effet nĂ©gatif sur l’environnement.

En Arabie saoudite, les chercheurs de l’universitĂ© des sciences et technologies du roi Abdallah (KAUST) ont conçu une cellule Ă©lectrochimique. Cet outil, mis au point en juin 2021, permet de prĂ©lever Ă  moindre coĂ»t le Li de l’eau de mer. Cette derniĂšre ayant des rĂ©serves 5 000 fois supĂ©rieures Ă  celles des gisements terrestres. En outre, l’extraction peut Ă©galement faire bĂ©nĂ©ficier de coproduits tels que le chlore ou l’hydrogĂšne.

Les propriétés de ce métal alcalin

Le lithium est le mĂ©tal avec la masse molaire et la densitĂ© la plus faible. Sa masse volumique est aussi infĂ©rieure Ă  celle de l’eau. Par ailleurs, selon la loi de Dulong et Petit, il s’agit du solide ayant la plus grande chaleur massique.

Comme tout mĂ©tal alcalin, il rĂ©agit facilement au contact de l’eau ou de l’air, mais moins comparĂ© au sodium. Il faut Ă©galement noter qu’il n’existe pas Ă  l’état natif.

PlacĂ© au-dessus d’une flamme, il prĂ©sente une couleur cramoisie et commence Ă  brĂ»ler. Celle-ci devient alors d’un blanc trĂšs brillant. En solution, cet Ă©lĂ©ment chimique forme des ions Li+.

Ses propriétés physiques

La masse volumique de ce mĂ©tal alcalin est trĂšs faible (0,534 g/cm3). Il possĂšde le mĂȘme ordre de grandeur que le bois de sapin. Le lithium est l’élĂ©ment solide Ă  tempĂ©rature ambiante le moins dense.

En outre, Ă  l’état liquide, il est moins dense que tous les autres Ă©lĂ©ments mis Ă  part l’hydrogĂšne et l’hĂ©lium. Sa densitĂ© est de deux tiers de celle de l’azote liquide (0,808 g/cm3).

Ce mĂ©tal alcalin peut flotter sur les huiles d’hydrocarbures les plus lĂ©gers. Il est Ă©galement l’un des rares mĂ©taux pouvant flotter sur l’eau, tout comme le sodium et le potassium.

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L’utilisation du lithium

De nombreuses activités ont besoin de cet élément chimique. En voici les principales.

Le lithium pour stocker de l’électricitĂ©

On trouve souvent du lithium dans les électrodes de batteries, à cause de son potentiel électrochimique important. Il est également utilisé dans le domaine des systÚmes embarqués en raison de sa densité énergétique considérable et de sa masse volumique.

Le lithium comme carburant pour fusées et missiles

Lorsqu’il est sous forme de mĂ©tal ou d’aluminate, le Li reprĂ©sente un additif Ă  haute Ă©nergie nĂ©cessaire Ă  la propulsion des fusĂ©es. Le lithium peut Ă©galement constituer un combustible solide.

La conception de verres et céramiques

Ce mĂ©tal alcalin peut Ă©galement servir dans la fabrication de verres et de cĂ©ramiques Ă  faible expansion. Il s’agit du cas du miroir de 200 pouces du tĂ©lescope du mont Palomar.

L’élĂ©ment chimique rĂ©agit faiblement aux rayons X. Les verres qui en sont composĂ©s peuvent donc dissoudre des oxydes en spectromĂ©trie de fluorescence des rayons X. On peut donc dire que le lithium est presque toujours prĂ©sent dans la vie quotidienne.

La fabrication de graisses lubrifiantes

Cet Ă©lĂ©ment sert Ă©galement de graisse lubrifiante. Le LiOH chauffĂ© avec une graisse donne comme rĂ©sultat un savon composĂ© de C18H35LiO2. Ce dernier permet d’épaissir les huiles et est nĂ©cessaire Ă  la fabrication de graisses lubrifiantes Ă  haute tempĂ©rature. On peut donc affirmer que le lithium est un Ă©lĂ©ment qui sert Ă  bon nombre de personnes.

L’élĂ©ment et les polymĂšres

Les organolithiens, aussi appelĂ©s lithiens, sont utilisĂ©s dans la synthĂšse organique et dans la polymĂ©risation des Ă©lastomĂšres. Les batteries au Li-polymĂšre sont des dĂ©rivĂ©s de la technologie Li-ion. Elles offrent davantage d’énergie, prĂ©sentent des dimensions rĂ©duites et sont rechargeables. En revanche, elles coĂ»tent plus cher par rapport aux batteries lithium-ion.

Le lithium dans la métallurgie

Ce mĂ©tal alcalin peut aussi ĂȘtre utilisĂ© comme additif dans les laitiers de coulĂ©e continue. Il sert notamment Ă  en augmenter la fluiditĂ©. Il constitue Ă©galement un additif dans le sable de fonderie pour la fonte. Cela permet de rĂ©duire le veinage.

Il s’agit aussi d’une composante clĂ© dans le flux de brasage pour le brasage ou le soudage de matiĂšres mĂ©talliques. En effet, le lithium favorise la fusion des mĂ©taux tout au long du processus. Les impuretĂ©s sont absorbĂ©es, empĂȘchant ainsi la formation d’oxydes.

Les alliages mĂ©talliques du Li avec d’autres Ă©lĂ©ments chimiques permettent de fabriquer des piĂšces d’aĂ©ronefs Ă  haute performance. Il s’agit notamment d’associer le mĂ©tal alcalin avec de l’aluminium, du cadmium, du cuivre ou du manganĂšse.

L’élĂ©ment et le traitement de l’air

Le LiCl et le LiBr sont extrĂȘmement hygroscopiques. Ils sont utilisĂ©s comme absorbeurs d’humiditĂ©, ou sachets dĂ©shydratants.

Le LiOH et le Li2O2 sont les sels les plus sollicitĂ©s dans les endroits confinĂ©s, par exemple Ă  bord des navettes spatiales et des sous-marins. L’élĂ©ment chimique permet d’éliminer le dioxyde de carbone et de purifier l’air. Le LiOH absorbe le CO2 dans l’air en formant du Li2CO3. Il est privilĂ©giĂ© par rapport aux autres hydroxydes alcalins en raison de son faible poids.

Dans un milieu humide, le peroxyde de lithium rĂ©agit avec le dioxyde de carbone pour former du Li2CO3. Il libĂšre aussi de l’oxygĂšne.

La réaction chimique est la suivante :

2Li2O2 + 2CO2 → 2Li2CO3 + O2

Parmi les composĂ©s mentionnĂ©s figure le LiClO4, utilisĂ© dans les gĂ©nĂ©rateurs fournissant de l’oxygĂšne dans les sous-marins.

Le lithium dans la médecine et la toxicologie

Dans les annĂ©es 1940, il a Ă©tĂ© possible de calmer certains patients psychotiques avec ce mĂ©tal alcalin. Vers 1970, les scientifiques ont commencĂ© Ă  utiliser les sels de lithium pour traiter les troubles bipolaires seuls ou accompagnĂ©s d’autres thymorĂ©gulateurs. La concentration thĂ©rapeutique est de 0,8 Ă  1,2 mEq/l (0,8 Ă  1,2 mmol/l).

Cet Ă©lĂ©ment chimique est aussi utilisĂ© comme antidĂ©presseur ou avec certains antidĂ©presseurs. Au mĂȘme titre que la fluoxĂ©tine, il agit sur les troubles compulsifs, les troubles de l’humeur et les tendances suicidaires. On suppose que l’élĂ©ment principal qui agit sur ces maladies est l’ion Li+. De nombreux dĂ©bats sont, cependant, encore ouverts autour de ses mĂ©canismes d’actions.

Le gluconate de lithium sert aussi en dermatologie en guise d’antiallergique. Il traite surtout la dermite sĂ©borrhĂ©ique du visage chez l’adulte.

Ce mĂ©tal alcalin est Ă©galement rĂ©putĂ© pour agir sur les troubles du sommeil et sur l’irritabilitĂ© en oligothĂ©rapie.

L’élĂ©ment aide aussi Ă  ralentir la progression de la sclĂ©rose latĂ©rale amyotrophique. Une Ă©tude pilote dans le Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) a pu dĂ©montrer cela.

En 1990, une autre recherche a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. L’étude a Ă©tĂ© faite sur des personnes ayant bu une eau contenant un peu plus de lithium que la moyenne. Les rĂ©sultats ont montrĂ© une population avec moins de crimes, de suicides, d’arrestations et de risques d’addiction. 20 ans plus tard, une Ă©tude de 2009 a montrĂ© le moindre risque de suicide chez les personnes qui ont bu de l’eau plus riche en Li.

MĂ©canisme d’action

Le mĂ©canisme d’action demeure mal compris par la plupart de la population. Cependant, selon les rĂ©sultats des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es, le lithium affecte deux voies de signalisation intracellulaires. Il s’agit de l’inositol monophosphate et le glycogĂšne synthase kinase-3. Le premier concerne l’inhibition de l’inositol intracellulaire, Ă©tant peut-ĂȘtre le mĂ©canisme de stabilisation de l’humeur. Le second concerne l’inhibition de cette enzyme jouant un rĂŽle dans diverses voies de signalisation. Il s’agit de celles du mĂ©tabolisme Ă©nergĂ©tique, de la neuroprotection et de la neuroplasticitĂ© cĂ©rĂ©brale.

Toxicologie

Cet Ă©lĂ©ment chimique n’est efficace dans une thĂ©rapie qu’en utilisant une fourchette de doses Ă©troite. À cet effet, une grande partie des patients sous traitement chronique ont au moins eu un Ă©pisode de toxicitĂ© durant la procĂ©dure.

Le lithium intracellulaire est notamment présent dans les cellules du cerveau et des reins. Plus précisément, dans les cellules tubulaires des reins. Sa concentration est 10 à 20 fois plus élevée dans le sérum sanguin. Cela explique pourquoi cet élément est facilement source de toxicité aiguë pour les cellules, pour leur nécrose et contribuent au dysfonctionnement des reins.

L’intoxication aiguĂ« sĂ©vĂšre semble rare. MalgrĂ© cela, elle peut survenir en cas d’erreurs de posologie dans la prise de mĂ©dicaments contenant ce mĂ©tal alcalin. Si tel est le cas, des lĂ©sions cĂ©rĂ©belleuses persistantes se forment. En outre, le patient est sujet Ă  des tremblements, de l’ataxie et de la dysarthrie. Il souffre aussi de problĂšmes persistants de ganglions de la base.

À partir de 1,5 mmol/l, la personne devient hypertonique, ataxique, dysarthrique, hyperrĂ©flexe et confuse. Elle prĂ©sente souvent un tremblement grossier et une fasciculation musculaire. Aux alentours de 3 mmol/l, elle convulse, puis tombe dans le coma. Elle peut Ă©galement montrer des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales irrĂ©versibles pouvant entraĂźner la mort.

L’intoxication chronique est bien plus frĂ©quente. Ses complications biologiques classiques sont une hypercalcĂ©mie, un diabĂšte insipide, un dysfonctionnement thyroĂŻdien, d’éventuels troubles cardiovasculaires et des changements de repolarisation bĂ©nins. Plus rarement, on peut citer des tachyarythmies potentiellement mortelles et des anomalies du temps de conduction. Enfin, trĂšs rarement, la personne peut ĂȘtre sujette Ă  un bloc auriculo-ventriculaire complet avec choc cardiogĂ©nique. Si la thĂ©rapie au lithium est Ă  long terme, le patient peut souffrir d’une mauvaise mĂ©moire, de fatigue, d’une perte de concentration et d’un lĂ©ger tremblement.

Pendant longtemps, on a entendu dire que le Li et ses sels prĂ©sentent une toxicitĂ© rĂ©versible. Certes, la toxicitĂ© rĂ©nale aiguĂ« est temporaire. Cependant, le diabĂšte insipide dit nĂ©phrogĂ©nique peut rĂ©sister aprĂšs l’arrĂȘt d’un traitement Ă  long terme. La polyurie et la polydipsie sont associĂ©es au diabĂšte insipide dit nĂ©phrogĂ©nique. Il s’agit de complications du traitement au lithium. Ces cas peuvent survenir rapidement aprĂšs le dĂ©but du traitement.

Cet Ă©lĂ©ment chimique prĂ©sente une nĂ©phrotoxicitĂ© importante. Il gĂ©nĂšre des anomalies tubulaires distales. D’ailleurs, consommĂ© Ă  fortes doses, il peut engendrer des lĂ©sions tubulaires proximales. En gĂ©nĂ©ral, le mĂ©decin prescrit un bilan rĂ©nal au patient, puis un dosage mensuel du lithium sanguin. Il est difficile de faire le diagnostic d’une intoxication en raison des concentrations sĂ©riques Ă©levĂ©es. En effet, les tissus cibles sont sous protection dans une certaine mesure. Cependant, le taux de mĂ©tal alcalin dans le sĂ©rum ne reflĂšte pas les niveaux tissulaires et la corrĂ©lation entre les niveaux de Li. Sa toxicitĂ© est faible. Ces symptĂŽmes sont Ă  prendre en compte plutĂŽt que les taux sĂ©riques de lithium. Par un mĂ©canisme encore incompris, dans le tube collecteur de reins, cet Ă©lĂ©ment chimique inhibe la fonction des aquaporines. La cause est l’inhibition de l’activitĂ© de l’adĂ©nylate cyclase.

En cas d’intoxication ou d’empoisonnement criminel, le bilan toxicologique d’urgence peut ne rien rĂ©vĂ©ler. En effet, le taux sanguin ou urinaire retourne rapidement Ă  la normale. Cependant, l’analyse du lithium dans les cheveux permet de prouver une exposition Ă  l’élĂ©ment chimique durant la pĂ©riode supposĂ©e de faits. L’hĂ©modialyse est une solution envisageable. Elle aide Ă  protĂ©ger la fonction rĂ©nale et Ă  traiter l’altĂ©ration de l’état de conscience.

En cas d’intoxication, une collaboration entre plusieurs services mĂ©dicaux est nĂ©cessaire. Il s’agit de ceux de neurologie, de nĂ©phrologie et de psychiatrie fondamentale. Il ne faut pas nĂ©gliger une intoxication au lithium mĂȘme si le patient prĂ©sente une lithĂ©mie normale. Cela s’applique davantage si l’on est en prĂ©sence de signes neurologiques. Il est primordial d’utiliser l’EER dans la prise en charge. En effet, le temps pris pour rĂ©duire la concentration en Li correspond au risque de neurotoxicitĂ© chronique.

L’usage de l’élĂ©ment pour l’énergie

Bernard Bigot est le physicien et directeur du projet ITR. Il affirme que si la fusion thermonuclĂ©aire est maĂźtrisĂ©e, 1 g de lithium et 50 l d’eau suffisent Ă  extraire les isotopes de l’hydrogĂšne. Ces derniers sont nĂ©cessaires pour la production et pour la consommation Ă©lectrique. Il est alors possible d’envisager une vie terrestre occidentale avec de l’énergie qui produit trĂšs peu de dĂ©chets.

Les autres usages du lithium

Ce mĂ©tal alcalin agit comme un rĂ©ducteur et/ou un complexant dans la synthĂšse des composĂ©s organiques. Les sels de lithium permettent de transfĂ©rer de la chaleur par convection. La production de tritium par rĂ©action nuclĂ©aire sert dans la fusion nuclĂ©aire. Avec le potassium, cet Ă©lĂ©ment chimique est un des deux alcalins isotopes avec une fermionique stable. Cela explique son intĂ©rĂȘt pour l’étude des gaz ultrafroids fermioniques dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s.

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Le lithium dans l’économie et la consommation

Depuis quelques annĂ©es, la demande en Li a considĂ©rablement augmentĂ©. Cela s’explique par la production croissante de batteries Li-ion, trĂšs sollicitĂ©es sur le marchĂ© de l’informatique et de la tĂ©lĂ©phonie. Le prix du lithium est d’environ 310 €/t Ă  2 000 €/t, soit 350 $/t Ă  prĂšs de 3 000 $/t entre 2008 et 2023. Il dĂ©passait les 9 000 $/t en 2017.

Le dĂ©veloppement des accumulateurs Ă©lectriques pour emmagasiner du courant et la conception de sources Ă©oliennes et solaires feront augmenter la demande. Cela reste possible Ă  condition que le monde contienne l’élĂ©vation de la tempĂ©rature en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux prĂ©industriels.

Le lithium et la politique

En avril 2022, le Parlement mexicain adopte une loi qui prohibe toute nouvelle concession d’exploitation de ce mĂ©tal alcalin dans le pays. Le gouvernement envisage Ă©galement la nationalisation de ses ressources. Le prĂ©sident AndrĂ©s Manuel LĂłpez Obrador, prĂ©dĂ©cesseur d’Enrique Peña Nieto, a accordĂ© 150 000 hectares de concessions.

Un projet majeur pilotĂ© par une sociĂ©tĂ© Ă  capitaux chinois nommĂ©e Bacanora revendique 10 concessions miniĂšres. Celles-ci couvrent 100 000 ha dans l’État de Sonora. Les responsables comptent commencer leur exploitation en 2023 et estiment pouvoir produire 35 000 t de lithium par an.

Le 23 aoĂ»t 2022, un dĂ©cret du gouvernement mexicain crĂ©e l’entreprise d’État Litio para Mexico ou LitioMx. Il se base sur l’exploration et l’exploitation de ce mĂ©tal alcalin sur le territoire national. Le projet s’appuie Ă©galement sur l’administration et le contrĂŽle des chaĂźnes de valeur Ă©conomique.

Le lithium : ressource et environnement

Il existe des problÚmes issus de la production, mais on peut également citer des solutions à appliquer. Voici quelques détails.

La pénurie de lithium

Le lithium est nĂ©cessaire pour fabriquer des batteries Li-ion, intĂ©grĂ©es aux voitures Ă©lectriques et hybrides de nos jours. Face Ă  cette demande grandissante, le risque de pĂ©nurie est important. En 2007, le cabinet Meridian International Research a dĂ©jĂ  estimĂ© que les rĂ©serves ne suffiront pas. Cela s’applique mĂȘme au remplacement du parc mondial d’automobiles, avant la prise en compte du recyclage de l’élĂ©ment chimique.

En 2015, une explosion de la demande de voitures Ă©lectriques a Ă©tĂ© constatĂ©e. Cela a eu un impact considĂ©rable sur le marchĂ© de ce mĂ©tal alcalin. Le prix du carbonate de lithium a alors grimpĂ© en Asie. Les chiffres ont atteint des records en octobre 2017. Suite Ă  cela, l’afflux de production a entraĂźnĂ© une rĂ©duction des coĂ»ts de 40 %. Une stabilisation de la tonne Ă  environ 13 400 € a Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©e en 2019.

Les analystes de Roskill estiment que d’ici 2026, la demande de carbonate de lithium (LCE) dĂ©passera le million de tonnes. Celle-ci Ă©tait de 320 000 t en 2018. Face Ă  cela, Goldman Sachs affirme qu’il faut quadrupler la production dans les 10 ans Ă  venir.

Il existe des alternatives envisageables aux batteries Li-ion. Il s’agit de celles dites sodium-ion qui sont en dĂ©veloppement depuis les annĂ©es 2010. Elles sont moins chĂšres et contournent le problĂšme des rĂ©serves. En revanche, elles sont encore peu performantes. Il en va de mĂȘme pour les accumulateurs lithium fer phosphate.

L’impact de son extraction

Le Li mĂ©tallique rĂ©agit avec l’oxygĂšne, l’azote et la vapeur d’eau de l’air. À cet effet, sa surface devient un mĂ©lange de LiOH corrosif. Son pH est fortement basique et est composĂ© de Li2CO3 et de Li3N. Il faut alors porter une attention particuliĂšre aux organismes aquatiques exposĂ©s Ă  la toxicitĂ© des sels de Li.

Par ailleurs, l’extraction du mĂ©tal alcalin agit grandement sur l’environnement. En effet, le procĂ©dĂ© consiste Ă  pomper la saumure du sous-sol des lacs salĂ©s. Ensuite, il faut augmenter la salinitĂ© de ce produit par Ă©vaporation. AprĂšs cela, il convient de purifier et de traiter la saumure du chlore. Cela permet d’obtenir le Li2CO3 pur Ă  99 %. Enfin, le carbonate de lithium subit une calcination Ă  haute tempĂ©rature afin d’obtenir de l’oxyde Li2O.

Il convient de prĂ©voir du carburant en quantitĂ© pour pomper la saumure. L’évaporation requiert Ă©galement de larges espaces de salins. La calcination du Li2CO3 nĂ©cessite de l’énergie et libĂšre, comme tout processus physique, du CO2. Les populations vivant prĂšs des sites d’extraction se plaignent souvent de la contamination des sols Ă  cause du procĂ©dĂ©. Une multiplication des cancers a Ă©galement Ă©tĂ© constatĂ©e autour des lacs assĂ©chĂ©s en raison des solvants utilisĂ©s pour la production. Ce cas se manifeste notamment sur le plateau tibĂ©tain. La prĂ©sence de lithium dans les sources d’eau provoque aussi des intoxications.

Ainsi, avec la hausse constante de la demande et la recherche et l’exploration de nouveaux gisements, le danger est rĂ©el. L’association Les Amis de la Terre affirme que cela revient Ă  bafouer les droits collectifs Ă  la terre pour les peuples indigĂšnes. D’ailleurs, la convention 169 de l’OIT prĂ©voit cela.

Le recyclage du lithium

Pendant longtemps, le lithium dans les piles et les batteries Ă©tait peu recyclĂ©. La raison Ă  cela est le faible taux de collecte ainsi que les prix bas et volatils du mĂ©tal alcalin sur le marchĂ©. Cela s’explique Ă©galement par les coĂ»ts souvent Ă©levĂ©s du recyclage par rapport Ă  la production primaire.

La premiĂšre usine de recyclage de lithium mĂ©tal et de batteries Li-ion existe depuis 1992 en Colombie-Britannique, au Canada. Aux États-Unis, les batteries Li-ion des voitures Ă©lectriques sont recyclĂ©es depuis 2015 Ă  Lancaster, dans l’Ohio. Sept autres usines ont commencĂ© ou vont commencer cette activitĂ© dans ces deux pays.

Le recyclage Ă©merge dans les annĂ©es 2010 en Europe. Ainsi, des projets voient le jour en Belgique, par l’entreprise Umicore, qui adopte le procĂ©dĂ© pyromĂ©tallurgique, et en France, par la start-up RĂ©cupyl, Ă  DomĂšne, par voie hydromĂ©tallurgique. La liquidation judiciaire de RĂ©cupyl a eu lieu en 2018.

La SociĂ©tĂ© nouvelle d’affinage des mĂ©taux (SNAM) ouvre Ă©galement ses portes Ă  Viviez (Aveyron). Il s’agit d’une filiale de la holding belgo-floridienne qui retraite 6 000 t d’accumulateurs par an, dont 8 % concernent des batteries d’automobiles en 2017. Depuis 2018, elle fabrique aussi des batteries avec des composants recyclĂ©s.

Par ailleurs, en 2019, une autre usine de fabrication en sĂ©rie a ouvert ses portes dans l’Aveyron. Celle-ci a une capacitĂ© de 20 MWh par an. L’entreprise compte s’amĂ©liorer et passer Ă  4 000 MWh par an vers 2025. Les constructeurs automobiles ne veulent pas de batteries recyclĂ©es en gĂ©nĂ©ral. À cet effet, la sociĂ©tĂ© vise le marchĂ© en croissance du stockage de l’électricitĂ© dans l’industrie, le bĂątiment et les Ă©nergies renouvelables.

Plusieurs recherches portent sur les moyens de recycler le Li des batteries. Il reste, cependant, difficile de récupérer celui dans les verres et les céramiques, car il est trop diffus.

La balance commerciale de l’élĂ©ment

Selon les douanes, la France est une importatrice nette de lithium en 2014. Le prix moyen Ă  l’import Ă©tant de 7 900 € par tonne.


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