Le quinquina rouge est un arbre à feuillage persistant célèbre pour son écorce gorgée de quinine. Il se rencontre en abondance au niveau de la végétation sud-américaine. Il était longtemps exploité pour ses capacités antipaludiques.
Le quinquina rouge est originaire d’Amérique du Sud. L’histoire de sa recherche est encore floue, mais il a été longtemps utilisé par les Péruviens comme antipyrétique. Son grand pouvoir a valu son nom d’« écorce des écorces » ou « Kina kina » en quechua. L’usage contemporain de la plante a été observé au Nicaragua, dans les régions andines, à Madagascar et au Brésil. Au XVIIe siècle, les missionnaires jésuites ont trouvé cette plante et l’ont introduit en Europe. À cette époque, elle était nommée « poudre des Jésuites ».
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’importation européenne de quinquina concernait uniquement la forêt équatoriale de Loja. Les chimistes ont découvert en 1820 la richesse en quinine du quinquina jaune de Bolivie. Depuis, les quinquinas qui renferment une forte concentration en quinine sont fortement exploités. Au milieu du XIXe siècle, le quinquina sauvage poussait dans les colonies espagnoles : Pérou, Bolivie, Équateur et Colombie. Constatant l’utilité de la plante, les Européens l’ont aussi introduit dans leurs propres colonies. Les Britanniques ont de leur côté implanté le quinquina rouge à Ceylan (maintenant le Sri Lanka). Les Hollandais ont choisi l’île indonésienne de Java pour leur culture de quinquina jaune.
Avant 1880, la production mondiale d’écorce de quinquina a été dominée par l’Amérique du Sud. Vers 1885, le Ceylan a pris cette place. Le titre est revenu aux Indes néerlandaises jusqu’à la période d’entre-deux-guerres.
Le quinquina a contribué à la colonisation européenne de la population noire. Vers les années cinquante et soixante, les pays développés ont synthétisé la chloroquine pour substituer la quinine. Cependant, la culture du quinquina se poursuit en Inde, en République Démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.
En 1738, le naturaliste suédois Carl Von Linné décida de désigner la plante « Cinchona ». Ce mot fait référence à la comtesse de Chinchón, Ana de Osorio, épouse du vice-roi du Pérou Luis de Cabrera. La comtesse guérie de la malaria par le quinquina fit connaître les vertus antipyrétiques de la plante. Son nom scientifique « pubescens » se rapporte à l’aspect duveteux de sa face externe. Son appellation courante désigne la couleur que prend le versant interne de son écorce une fois exposée à l’air libre.
Avec son petit tronc de 20 cm de diamètre, le quinquina rouge peut atteindre 10 m de hauteur. Si la face externe de son écorce est colorée en gris, sa face interne est brun-rougeâtre.
Ses feuilles se distinguent par leur largeur et leur minceur. Elles possèdent plusieurs caractéristiques :
Les vieilles feuilles virent au rouge.
Ses fleurs dégagent un parfum délicieux. Elles sont hypocratériformes, pentaradiées et polysymétriques. Leur calice gamosépale à cinq dents est velu à l’extérieur et lisse à l’intérieur. Il mesure 1,3 à 2,8 mm de long. Leur corolle se colore en rose pourpre, sauf à la base, au niveau de laquelle elle est plus pâle. Elle se présente comme un tube de 9 à 14 mm terminé par cinq lobes pourvus de longs poils blancs. Cinq étamines inversement proportionnelles à la corolle y sont insérées.
Ses fruits sont des capsules courbes de 13-41 x 5-7 mm renfermant de petites graines.
Le quinquina rouge est connu sous plusieurs appellations à travers le monde entier :
Son autre nom scientifique est Cinchona succirubra.
Cette espèce de Cinchona est celle avec la plus grande répartition terrestre. Vous pouvez la trouver à l’état sauvage au Costa Rica et le long de la cordillère des Andes (du Venezuela à la Bolivie). Elle prolifère dans les jungles et les montagnes, entre 600 à 3 900 m d’altitude.
Le quinquina rouge a été cultivé en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Il envahit facilement la biodiversité locale en Polynésie française, à Hawaï, aux îles Galápagos et à l’île de Santa Cruz. Cela est dû à sa multiplication spontanée à partir de rejet de racines. Elle se multiplie également par bouturage des tiges, semis des graines ou repiquage de rejets.
Le quinquina rouge pousse sur un sol acide, perméable, riche et léger. L’abondance de pluie et l’altitude sont des conditions indispensables à sa croissance. Il ne supporte pas le gel.
L’écorce de quinine renferme plusieurs composantes.
| Groupes | Composants |
| Alcaloïdes phénoliques | Quinine, cinchonidine, cinchonine, cinchonamine |
| Composés phénoliques | Cinchonaïnes Ia-d, cinchonaïne IIB, cinchonaïne IIa, tanin condensé |
| Anthraquinones (12) | |
| Acide organique | Acide quinique |
| Huile essentielle | α-terpinéol, linalol, limonène |
| Saponosides à génine triterpénique (amer) | Quinovine |
La quinine fait partie des molécules entrant dans la composition des médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la Santé.
Les vertus du quinquina rouge sont majoritairement dues à la présence de quinine. Dans le domaine digestif, il est apéritif, eupeptique et carminatif. Il stimule les sécrétions salivaires et gastriques ainsi que la motilité intestinale pour faciliter la digestion. Sur le plan immunologique, cette plante dynamise le système immunitaire afin de lutter contre diverses infections. Il est également antipyrétique, antiparasitaire et antigrippal. Le quinquina rouge possède aussi des propriétés antalgiques et myorelaxantes. En outre, il est tonique, régulateur cardiaque et hypoglycémiant.
Le quinquina rime avec vin apéritif dans le monde culinaire. Il entre dans la composition des sodas toniques comme le Canada Dry ou encore le Schweppes.
Le quinquina gris convient le mieux pour préparer du vin à cause de sa faible teneur en quinine. Pourtant, vous pouvez quand même concocter votre propre vin apéritif à partir du rouge. Vous aurez besoin de :
Le principe est de macérer les écorces de quinquina dans du vin alcoolisé. Vous y ajoutez ensuite les autres ingrédients. Si vous voulez plus de parfums, vous pouvez opter pour la camomille, la cannelle, la fève de tonka, le cacao, la cardamome… La macération dure deux semaines. Avant la mise en bouteille, versez un peu d’eau-de-vie dans la préparation. Cela permettra une conservation de cette boisson pendant des mois.
Grâce à la quinine, le quinquina rouge est essentiellement employé contre le paludisme. Il est aussi indiqué dans le diabète de type I. Les crampes musculaires et les douleurs rhumatismales peuvent être soulagées en utilisant cette plante. Il fait regagner de l’énergie lors de la convalescence ou en cas d’asthénie. Il aide à soulager les problèmes d’appétit et de digestion. En outre, il renforce les défenses immunitaires, permettant ainsi de combattre les infections.
Son usage externe se limite aux soins des cheveux. En effet, le quinquina rouge est employé pour revitaliser les crinières grasses ou ternes et pour empêcher leur chute.
L’écorce séchée de quinquina est présentée sous forme entière ou coupée. Elle est aussi réduite en poudre. Elle se consomme à raison de 1 à 6 g par jour. Cette poudre peut être ajoutée à votre shampooing.
Les extraits hydroalcooliques de quinquina rouge résultent d’une macération alcoolique de l’écorce séchée. Leur posologie est de 25 gouttes, à diluer dans un verre d’eau trois fois par jour. Des extraits glycérinés circulent également sur le marché.
La décoction se prépare en faisant bouillir 250 ml d’eau et 2,5 à 5 g d’écorce pendant 15 min. Le traitement à base de cette boisson peut se poursuivre durant trois semaines. Cette décoction sert aussi de lotions capillaires. Pour les grandes quantités, le dosage est de 100 g d’écorce dans un litre d’eau.
Deux gélules quotidiennes de quinquina rouge se prennent au moment des repas.
L’huile essentielle contenue dans l’écorce de cette plante n’est pas exploitée.
Les situations qui contre-indiquent formellement l’usage du quinquina rouge sont :
Faites preuve de prudence en cas de prise de médicaments anticoagulants ou en cas de maladies inflammatoires de l’intestin.
Il est impératif de respecter le dosage de macération au 1/10ᵉ. Dix grammes d’extrait hydroalcoolique sont donc l’équivalent d’un gramme de plante.
N’hésitez pas à consulter un professionnel pour l’usage thérapeutique de cette plante.
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