La prêle des champs, scientifiquement nommée Equisetum arvense, est une plante attrayante, qui évoque un mini-arbre de Noël. Elle est couramment surnommée « queue-de-renard », « queue-de-cheval » ou « queue-de-rat ». L’espèce se distingue par ses multiples vertus médicinales, ses applications agricoles et sa valorisation en cuisine.
L’existence de la prêle des champs remonte à plusieurs millions d’années, faisant d’elle un « fossile vivant ». Étant cryptogame, elle ne développe ni fleurs ni graines.
Au fil des siècles, elle avait été utilisée pour ses vertus médicinales et avait joué un rôle essentiel dans diverses cultures. Au XVIIe siècle, les Européens l’appliquaient en cas de blessures, d’inflammations cutanées et de calculs rénaux. En Inde, elle était employée pour le traitement des infections urinaires. Les tribus amérindiennes de l’Amérique du Nord appréciaient ses propriétés antalgiques qui apaisent les maux dentaires.
Dans certaines régions, quelques tiges étaient attachées à la queue des chevaux, pour les aider à chasser les mouches qui les dérangeaient.
Depuis les années 1990, la science a progressivement certifié les propriétés médicinales de l’Equisetum arvense. Elle fait désormais partie des espèces recherchées en phytothérapie.
Actuellement, la Chine en est le principal producteur mondial. La plante est aussi cultivée en Europe orientale, notamment en Albanie et en Bulgarie.
Equisetum arvense est une plante vivace d’environ 0,15 à 0,50 m de haut. Elle est caractérisée par des tiges fertiles et stériles sur le même pied. Elles sont dotées de gaines, portant 6 à 20 dents lancéolées aiguës.
Les tiges fertiles, non-chlorophylliennes et non-ramifiées, mesurent 10 à 30 cm de hauteur. Elles s’observent au printemps et sont de couleur brun rougeâtre, jaune clair, blanchâtre ou grisâtre. Chacune porte, à son extrémité, un épi oblong constitué de sporangiophores, dont les sporanges produisent des spores vertes. Lorsque celles-ci arrivent à maturité, l’épi périt.
Les tiges stériles de la queue-de-cheval sont chlorophylliennes, vertes, creuses et d’une hauteur allant de 15 à 80 cm. Elles apparaissent à la fin du printemps et restent visibles jusqu’aux gels. De fins rameaux verts sont disposés en verticille au niveau des nœuds. Ils sont à 4 côtes longitudinales et dépourvus de ramification.
Le système racinaire de la queue-de-cheval comprend de longs rhizomes, munis de racines fibreuses secondaires. Ces propagules sont plus nombreuses et de dimensions plus importantes au-delà de 0,5 m de profondeur. Des tubercules s’y rattachent souvent.
La prêle des champs se distingue principalement de la prêle des marais (Equisetum palustre) par la présence de deux types de tiges distincts. Chez la seconde, les rameaux et les épis sont portés par la même tige. En outre, cette espèce est surtout réputée pour sa toxicité, en raison des alcaloïdes qu’elle renferme.
Diverses dénominations, désignant des variétés de la prêle des champs, sont des synonymes du nom scientifique « Equisetum arvense » :
D’autres appellations indiquent également la même plante, dont Presla arvensis et Allostelites arvensis.
La queue-de-renard se rencontre sur tous les continents, sauf en Australie. Elle serait originaire des zones tempérées et arctiques de l’hémisphère Nord. Cette espèce est fréquente en Amérique du Nord, en Europe et en Asie septentrionale. Elle peut faire face à des températures négatives jusqu’à environ -30 °C.
Bien que l’Equisetum arvense apprécie l’humidité, elle occupe également des endroits très secs. Elle se développe depuis le littoral jusqu’à 2 000 m d’altitude. Divers lieux lui servent d’habitats : prairies humides, marais, champs cultivés, bermes de chemin de fer et fossés. La plante pousse sur des sols neutres, acides et basiques. Elle croît sur des sols sableux, caillouteux, limoneux ou glaiseux.
L’Equisetum arvense est généralement facile à cultiver, mais sans prise de mesures appropriées, elle peut devenir rapidement envahissante.
La multiplication de la prêle des champs s’effectue principalement en divisant les rhizomes et en les plantant dans des trous. La culture a lieu au début du printemps.
Le semis constitue un autre procédé de culture possible. Les sporanges se récoltent dès leur maturité et sont semés dans des pots contenant du compost stérile. La teneur en NPK doit être minime. L’emploi de matériaux inertes et finement pulvérisés est approprié. Les plantules sont transplantées lorsque leur taille le permet.
La prêle des champs s’adapte aux substrats pauvres en éléments nutritifs, comme les anciennes terres cultivées. Cependant, il est préférable d’éviter de la cultiver dans un potager. Elle sera en compétition avec d’autres plantes qui nécessitent des apports d’engrais.Bien que la « Queue-de-renard » résiste à la sécheresse, un sol humide et drainé favorise son développement. L’exposition au soleil lui est également bénéfique. Afin de procurer une protection ombragée à Equisetum arvense, il convient de planter des herbacées élevées à ses côtés.
La réduction des espaces libres, via le maintien de la couverture végétale du sol, prévient efficacement sa pullulation. Il est aussi envisageable de couper les extrémités des tiges reproductrices avant la production des spores.
L’adoption de cette technique demande une certaine patience, car elle prend généralement plus d’une année pour être efficace. Couvrir la zone envahie avec une toile noire empêche l’exposition au soleil d’Equisetum arvense. Une plantation en abondance de végétaux plus hauts limite également sa croissance. Une troisième option consiste à rabattre les tiges au sol, chaque fois que la plante se régénère.
Les herbicides sont utiles, mais leur efficacité reste limitée. Ceux qui sont élaborés à base d’acide citrique, de vinaigre ou de savon, éliminent les tiges de la prêle des champs. Cependant, ils ne tuent pas les rhizomes. Par conséquent, le traitement devra être répété à chaque réapparition de la plante, pour contrôler son expansion.
Le sarclage pour tuer la queue-de-renard risque de favoriser davantage sa prolifération. Les morceaux de rhizomes sectionnés, mais non retirés, sont aptes à produire de nouvelles plantes. Les tubercules, une fois détachés de ces derniers, ont aussi cette capacité de repousse. Par ailleurs, ils se développent habituellement à des profondeurs inaccessibles à la binette, allant de 0,5 à 1,5 m.
Si vous avez pris la décision de contrôler la multiplication de la plante en la sarclant, assurez-vous de nettoyer vos équipements après chaque opération. Les outils infectés sont en mesure de propager des fragments de tubercules et de rhizomes dans d’autres zones. Lavez soigneusement les lames de votre motoculteur, car la mobilité de cet engin favorise l’expansion des propagules.
Equisetum arvense renferme diverses substances actives responsables de ses multiples bienfaits, notamment :
La plante contient de plus d’autres éléments : glucosides, tanins, triterpénoïdes et vitamines avec une concentration particulièrement élevée en vitamine C.
Grâce à ses propriétés, Equisetum arvense connaît à la fois des applications médicinales, agronomiques et culinaires.
La prêle des champs présente des effets :
Disposant de propriétés immunomodulatrices, Equisetum arvense constitue potentiellement un agent anticancéreux. Par ailleurs, elle réduit certaines pathologies rhumatologiques et névralgiques, dont la polyarthrite rhumatoïde.
L’agriculture biologique fait appel aux propriétés antifongiques de la plante. La décoction et le purin de prêle des champs sont valorisés en arboriculture, en maraîchage et en viticulture. Leur pulvérisation sur d’autres végétaux permet de prévenir ou de traiter des maladies cryptogamiques. Parmi celles-ci figurent : le mildiou, l’oïdium, la rouille, la moniliose, la cloque du pêcher, l’alternariose, la septoriose et l’anthracnose.
Les espèces d’Equisetum, y compris Equisetum arvense, peuvent s’employer pour amender le sol. La silice qu’elles contiennent est plus biodisponible que le sable. Les végétaux résistent davantage aux maladies, à la sécheresse et aux métaux lourds.
La prêle des champs se marie avec divers mets, des omelettes ou des champignons sectionnés en fines lamelles. Les jeunes pousses stériles se consomment comme les salades d’asperges. Elles sont tendres et juteuses, bien que leur forte teneur en silice fasse crisser les dents. Les Japonais les apprécient particulièrement et l’utilisent pour prévenir les maladies dégénératives. Les très jeunes pousses fertiles entrent dans la préparation d’un bouillon japonais.
Également appelée « Herbe à récurer », Equisetum arvense est employé pour nettoyer ou polir le bois et les métaux. Les ébénistes y ont recours pour gratter les anches.
Les tiges stériles sont les plus utilisées en phytothérapie, mais certains pays font aussi usage des racines. La plante se consomme de différentes façons : en infusion, en décoction, en gélules, en comprimés, en teinture-mère ou en extraits.
En cas d’infection urinaire, il est recommandé d’infuser 2 g de plante séchée dans 150 ml d’eau bouillante, pendant 10 à 15 minutes. La dose journalière requise est de 3 tasses au maximum.
La décoction se prépare en faisant bouillir 50 g de plante séchée dans 1 l d’eau, durant 20 minutes. 3 tasses par jour suffisent pour se reminéraliser. La substance aide également à traiter les plaies qui cicatrisent mal. Elle est filtrée, refroidie, puis appliquée en compresses plusieurs fois par jour.
La poudre de prêle des champs s’obtient en séchant et en broyant les parties aériennes. Étant plus riche en minéraux et en silice que la forme liquide, elle est mieux indiquée pour l’apport de minéraux. De la poudre bio en gélules (sans excipients) et en comprimés sont en vente sur le marché.
Pour obtenir une teinture-mère, les plantes fraîches sont macérées dans une solution d’eau et d’alcool. Le produit est préconisé pour son effet diurétique. Il contribue au drainage des acides présents dans l’organisme.
Les extractions s’opèrent principalement avec des solvants naturels (eau ou éthanol). Les extraits secs sont peu commercialisés. Cependant, des extraits titrés de la plante, contenant 5 à 10 % de silice, sont aussi disponibles.
Le recours à la prêle des champs nécessite l’avis préalable d’un médecin, d’un pharmacien ou d’un herboriste. La plante présente des effets secondaires et présente des contre-indications importantes à prendre en compte.
Contrairement à la prêle des marais,Equisetum arvense semble être peu ou non-toxique. Toutefois, elle peut se retrouver en grande quantité dans les foins récoltés dans les zones où elle prolifère. Une ingestion à dose massive par les herbivores, tels les chevaux et les bovins, peut provoquer des intoxications mortelles.
L’emploi de la queue-de-cheval est susceptible de provoquer des troubles digestifs mineurs ou une dermatite allergique.
La consommation prolongée et à forte dose de la plante risque d’entraîner un déficit en vitamine B1 (thiamine). Equisetum arvense renferme un enzyme nommé « thiaminase » qui dégrade cette dernière. Bien que l’effet de ce composé n’ait pas été mis en évidence chez l’Homme, il est important de le prendre en considération. Généralement, les infusions et décoctions sont exemptes de thiaminase, car celle-ci est éliminée par l’ébullition. Cependant, la poudre de plante séchée peut en contenir.
En raison de ses propriétés diurétiques, Equisetum arvense doit être consommée avec prudence. Elle est à même d’occasionner une perte importante de potassium. Il est impératif de consulter un médecin en cas de prise de médicaments ou d’autres plantes ayant des effets similaires.
L’emploi de la prêle des champs est contre-indiqué pour les femmes enceintes et allaitantes. Il est également déconseillé aux personnes souffrant d’œdèmes causés par une maladie rénale ou cardiaque.
L’usage de la plante en poudre est à proscrire chez les enfants de moins de 12 ans. Le produit renferme une concentration élevée de silice inorganique. La mastication de tiges, par des jeunes personnes, a engendré des symptômes semblables à ceux d’une intoxication à la nicotine.
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