De nom scientifique Lactuca virosa, la laitue vireuse est une plante bisannuelle qui appartient au genre Lactuca et à la famille des Asteraceae. Malgré son appellation qui peut prêter à confusion, la laitue sauvage ne se consomme pas en salade. Elle est plutôt préconisée en phytothérapie sous différentes formes en raison de son effet calmant.
Le nom du genre Lactuca vient du latex blanc appelé lactucarium qui s’écoule des lésions subies par les tiges. Le terme dérive du latin lac, lactis signifiant « le lait ».
La Lactuca virosa possède les mêmes caractéristiques que les espèces appartenant au genre Lactuca et à la famille des Asteraceae. Leurs ovaires sont infères, c’est-à-dire situés en dessous du point d’insertion des fleurs. Leur formule florale est typique : O, (5S), (5P), (5E) et (2C/). Leur fruit est un akène, sec et indéhiscent.
Autrefois, la plante était qualifiée de magique en raison de ses propriétés narcotiques et hypnotiques. Elle était même suspectée d’être utilisée par les sorcières dans la composition de leurs onguents.
Les Romains et les Hébreux considéraient la Lactuca virosa comme sacrée. Ils l’avaient employée pour traiter les irritations de l’estomac. Son suc, similaire aux laitances humaines, lui avait valu la réputation d’être aphrodisiaque. Elle avait été utilisée en Europe et en Égypte dans cette optique.
Les médecins du XIXe siècle avaient recommandé le lactucarium (latex amer séché) en substitut de l’opium dans les cures de désintoxication. Le Conseil de la Société Pharmaceutique de Grande-Bretagne avait étudié la plante en 1911. Cela avait permis la découverte de deux substances actives, le lactucérol et la lactucine aux effets analgésiques et sédatifs.
Consommé ou fumé de manière similaire à l’opium, le lactucarium était employé pour atténuer la dépendance rituelle. Il procurait une sédation, mais il ne parvenait pas à combler le manque d’opiacés. De plus, à forte dose, il pouvait générer des maux de tête.
La plante développe une importante racine pivotante. Sa tige est robuste et hispide, c’est-à-dire couverte de poils espacés et grossiers. Elle est épineuse et adopte une couleur violacée à la base. Lorsqu’elle subit une blessure mineure, une sève blanche s’épanche en dégageant une odeur désagréable. La plante peut mesurer de 50 à 200 cm. Toutefois, certains spécimens de laitue vireuse peuvent dépasser les deux mètres de hauteur.
Les feuilles entières, mais parfois découpées, les feuilles adoptent la forme d’une rosette. Elles sont sessiles et fixées à la tige, et leur limbe s’étale à l’horizontale. Leurs bords sont sinués ou dentés, tandis que le dessous de la nervure principale est épineux.
Ses fleurs de couleur jaune se présentent en capitules, avec des bractées lancéolées. Elles apparaissent à partir de mi-juillet jusqu’à mi-août.
Ses fruits, aux bords épais et à la forme ovale, sont des akènes sans poils qui portent une aigrette blanche à leur sommet. Cette dernière favorise la dispersion des graines fines et longues grâce à l’anémochorie, c’est-à-dire par le vent. Lorsqu’ils arrivent à maturité, les fruits prennent une coloration noire légèrement pourpre.
La laitue vireuse est une plante originaire de l’Amérique du Nord et du bassin méditerranéen. En tant qu’adventice, elle pousse partout en France dans des endroits tels que les bords de route, les décombres et les lieux incultes. Elle croît aussi dans les jardins et les champs.
Elle apprécie particulièrement les sols riches en azote. Aussi, elle abonde dans les fermes et autour des décharges sauvages.
Le semis est la meilleure méthode de multiplication de la laitue vireuse, même si le bouturage est possible.
Préparez une caissette avec un terreau destiné au semis, c’est-à-dire un substrat aéré et fin. Semez les graines et recouvrez-les d’une fine couche de terre d’un ou de deux millimètres. Arrosez en fine pluie, puis disposez le contenant dans un endroit humide et chaud jusqu’à la levée des graines. La germination survient après deux à trois semaines.
Lorsque les plantules atteignent 10 à 15 cm, procédez à la mise en pleine terre ou dans un pot de 20 cm de diamètre, au moins.
La Lactusa virosa renferme :
Ses composants font de la laitue vireuse une plante aux multiples propriétés médicinales.
La laitue vireuse se consomme de préférence lorsqu’elle est une jeune pousse. Elle entre en petite quantité dans la composition du mesclun, salade composée d’au moins cinq variétés de pousses et de feuilles de plantes potagères. Dès lors qu’elle atteint l’état de rosette, elle se révèle coriace et amère. Les racines et les feuilles du centre sont consommées poêlées pour atténuer leur amertume.
Calmante et sédative, la Lactuca virosa est préconisée pour traiter l’insomnie, pour atténuer la nervosité et pour apaiser les palpitations cardiaques. Ses vertus narcotiques, hypnotiques et oniriques en font un choix pour soulager l’anxiété, le stress et l’hyperactivité. Dans ce cadre, il favorise l’endormissement et un profond sommeil, en raison de la présence du lactucérol, entre autres.
Ses effets analgésiques ont aussi été reconnus sur la douleur et les spasmes, grâce à la lactucine.
Ses propriétés émollientes, laxatives et diurétiques stimulent la digestion et traitent le catarrhe chronique, les affections des voies urinaires et les flatulences.
Ses vertus antitussives et sédatives, béchiques et expectorantes permettent de l’utiliser pour soulager la toux sèche et pour traiter la bronchite ou la coqueluche.
La laitue vireuse est également un antidiarrhéique et un sudorifique.
En usage externe, la laitue vireuse est utilisée pour traiter les problèmes inflammatoires de la peau tels que l’acné, les verrues et l’urticaire due au sumac.
Les parties de la plante les plus utilisées en phytothérapeutique sont les tiges, les feuilles et les sommités. Ces parties aériennes sont récoltées au moment de la floraison ou de la formation des graines. Par la suite, elles sont séchées, pour être utilisées sous forme d’infusion, de sirop ou de décoction.
Le lactucarium (le latex) ou la thridace (l’extrait sec) sont aussi utilisés, car ils renferment principalement du lactucérol et de la lactucine. Le premier est concentré de 10 à 20 fois plus que la plante, tandis que le second est 3 à 5 fois.
La posologie usuelle est de 0,5 à 3 g de plante sèche, soit 1 cuillère à café à 1 cuillère à soupe de la plante en morceaux. Le breuvage est à prendre sous forme d’infusion ou de décoction courte. Les doses faibles peuvent être renouvelées au bout de quatre heures.
Dans le cadre de la substitution de traitement de la toxicomanie, l’usage du lactucarium à raison de 1 à 2 g, parfois 3 g, a été préconisé.
Des doses dépassant 4 g risquent de créer de la somnolence ou de réduire la vigilance. Au-delà de 6 à 8 g, un surdosage est à craindre.
Chaque posologie est donnée à titre indicatif et ne peut, en aucun cas, remplacer l’avis précis d’un professionnel de santé.
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