Le karaya (Sterculia urens) fait partie de la famille des Sterculiacées. Cette espèce est surtout connue pour ses propriétés thérapeutiques, héritées de sa gomme. Cette dernière est exploitée depuis des siècles par la médecine traditionnelle indienne.
Le Sterculia urens est originaire d’Asie, plus particulièrement d’Inde. Elle a été décrite, pour la première fois, par le botaniste et médecin écossais William Roxburgh, en 1795.
Le nom du genre est dérivé du mot Sterculius, l’appellation du dieu romain des engrais et de la croissance des plantes. D’ailleurs, tellement l’espèce Sterculia foetida présente une odeur de fumier qu’elle est appelée « arbre caca ». Quant au nom spécifique, urens, il fait référence aux poils urticants que l’on trouve sur les différentes parties de l’arbre.
À partir du XXe siècle, la gomme issue du S. urens est utilisée en alternative à la gomme adragante. Elle s’est montrée beaucoup plus efficace et moins coûteuse que son homologue, favorisant ainsi son utilisation et son exportation au départ de l’Inde.
La dénomination « karaya » compte plusieurs synonymes. En marathi (langue indo-aryenne), la plante est connue sous le nom de « bhutyā » ou arbre fantôme. Elle est aussi appelée katira, adragante indienne et kulu. Dans le domaine scientifique, l’espèce S. urens peut être désignée par Kavalama urens, Clomparus urens et Cavallium urens.
Le karaya est un arbre de taille moyenne, car sa hauteur maximale est de 15 m.
L’écorce est de couleur gris verdâtre. Elle est épaisse, lisse et fibreuse. La couche supérieure s’effrite grossièrement.
Les feuilles sont caduques, simples, alternes et groupées à l’extrémité des brindilles. Elles sont constituées de trois à cinq lobes palmés. La partie inférieure du limbe est particulièrement velue.
Le karaya est une plante polygame : il comporte sur un même pied des fleurs mâles, femelles et bisexuées. Elles sont en panicules et situées sous les feuilles. De couleur jaune, nuancée de vert, elles sont garnies de poils courts roux et de poils urticants.
Les fleurs du katira ne possèdent aucun pétale et leur calice se divise en cinq lobes. Les inflorescences mâles présentent dix étamines tandis que les fleurs bisexuées comptent cinq carpelles d’environ 75 mm. Elles sont encerclées par un anneau d’anthères.
Les fruits sont des carpelles coriaces en forme d’étoile. Ils sont rouges à maturité et renferment des graines carrées, de couleur brune ou noire.
L’exsudat de Sterculia urens est un liquide visqueux. Il est disponible en grande quantité dans les branches et au niveau du tronc. Il est récolté entre avril et juin. Desséchée, cette substance se solidifie pour donner la gomme de karaya. Celle-ci est de couleur brun rose à jaune pâle. En moyenne, il est possible de prélever jusqu’à 5 kg de gomme naturelle par an, par pied. L’extraction de cette dernière peut se faire sur cinq saisons jusqu’à ce que l’arbre dépérisse.
Var. thorelli est la seule variété connue de l’espèce S. urens. Elle pousse au Vietnam. Dans sa localité d’origine, elle est appelée « bảy thưa Thorel ». Cette variété peut aussi être désignée par les noms scientifiques suivants : S. thorelli et Clompanus thorelli.
Le karaya est indigène en Inde, en Malaisie et en Indochine. Il peut croître à des altitudes variables allant jusqu’à 800 m. Des spécimens peuvent être observés du côté de l’Himalaya.
Cet arbre pousse dans les forêts de feuillus et requiert un milieu à la fois humide et sec. Dans son environnement, il est souvent localisé sur les pentes raides et sur un terrain rocheux. Il peut aussi border les cours d’eau et les bassins.
La culture du karaya se fait dans des régions où les températures moyennes annuelles fluctuent entre 30 et 42 °C. Néanmoins, cet arbre supporte un minimum de 7 °C et un maximum de 47 °C. Il requiert une pluviométrie allant de 750 à 1 200 mm, voire 2 000 mm par an.
Le semis des graines se fait dans une zone exposée au soleil, mais la présence d’ombrage est tolérée par la plante. Le sol est idéalement léger et bien drainé, avec un pH compris entre 6 et 7.
La gomme karaya ou gomme adragante indienne est le principal produit de l’arbre qui est utilisé en phytothérapie. Elle est obtenue à partir de l’exsudat des branches. Ce dernier est naturellement prélevé lorsque l’écorce est endommagée. Son extraction peut aussi être provoquée par une entaille plus ou moins profonde ou un épluchage de l’écorce. Toutefois, ces pratiques nuisent à l’arbre.
La gomme de Sterculia est composée de 40 % d’acide galacturonique et de glucides. Elle contient, en plus, des tanins, de la botuline et de l’alpha-cellulose. Il est possible qu’elle renferme des terpénoïdes qui possèdent des propriétés antiprolifératives.
L’analyse réalisée sur les graines des fruits du karaya a mis en évidence la présence de glucides. Celles-ci sont aussi constituées d’acides gras essentiels comme les acides linoléique, palmitique, oléique et stéarique.
La gomme de Sterculia présente une action épaississante. Elle peut aussi absorber une quantité d’eau égale à 96 fois son propre poids. Mélangée avec un solvant, elle forme une pâte gélifiée ou un produit adhésif suivant les proportions utilisées. La gomme karaya a aussi une action stabilisante.
Des études expérimentales menées sur des animaux montrent les propriétés hypocholestérolémiantes des extraits de cette plante. Les hypothèses suggèrent que ces derniers contribuent à la réduction de la glycémie et des lipides dans le sang.
Conformément aux usages traditionnels du karaya, celui-ci possèderait des vertus anti-inflammatoires et aphrodisiaques. Toutefois, les données qui s’y rapportent sont insuffisantes pour confirmer son efficacité.
L’administration de gomme adragante indienne est conseillée en cas de constipation. Son action laxative se traduit par une augmentation du volume des matières fécales et donc une stimulation de l’intestin pour leur évacuation. Pour faciliter l’élimination des selles, cette gomme naturelle aide à réduire leur consistance. Le karaya est aussi indiqué en cas de gastro-entérite et d’autres troubles intestinaux.
La gomme de katira constitue un coupe-faim naturel. Hydrophile, il s’épaissit une fois arrivé dans l’estomac, induisant rapidement un effet de satiété. De plus, il limite l’absorption des matières grasses et des sucres, principales causes du surpoids.
La gomme de Sterculia (avec la polyvinylpolypyrrolidone) entre dans la composition du médicament appelé Poly-karaya. Il se présente sous forme de granulés et est indiqué pour le traitement des météorismes, de la constipation et des diarrhées. Ce médicament est à prendre trois fois par jour, à raison d’un sachet avant chaque repas.
La gomme de karaya, en tant que médicament, est contre-indiquée chez les enfants de moins de six ans. Elle est aussi déconseillée chez la femme en cas de grossesse, d’allaitement et d’absence de contraception efficace. En raison de sa composition et de ses effets sur le système digestif, sa consommation est interdite chez les personnes qui absorbent mal le glucose-galactose. Elle est aussi déconseillée à celles qui présentent une affection sténosante du tube digestif.
En cas de diabète, de mégacôlon et de régime hypoglucidique, l’utilisation de la gomme de karaya doit se faire avec prudence et sous avis médical. Elle peut, en outre, contraindre l’absorption des médicaments. Elle doit donc être prise deux heures avant ou après ces derniers.
Les propriétés physiques de la poudre de Sterculia urens sont appréciées dans le domaine agroalimentaire. Celle-ci est utilisée comme épaississant ou comme émulsifiant dans les sauces et les préparations sucrées. Elle peut aussi servir de liant ou de stabilisant dans le processus de fabrication de certaines boissons et des aliments surgelés.
Adhésive, la gomme de karaya est privilégiée pour fixer les prothèses dentaires. Elle est également utilisée sur les poches de colostomie (création d’anus artificiel). Cette gomme naturelle sert aussi d’épaississant pour l’élaboration de produits cosmétiques et de médicaments.
Les graines de S. urens grillées sont comestibles. Elles peuvent être torréfiées, puis broyées pour remplacer le café. Les racines tendres sont consommables une fois cuites. Elles sont surtout préparées en période de famine. Les fibres extraites de l’écorce de l’arbre servent à la fabrication de tissus grossiers. Elles peuvent aussi être assemblées en cordages.
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