La grande herbe à poux, connue sous l’appellation de ambroisie trifide, est une plante appartenant à la famille des Asteraceae. Son nom scientifique est Ambrosia trifida. Dans de nombreuses régions du monde, elle est considérée comme étant une espèce envahissante et nuisible. Elle est surtout connue pour la propriété allergène de son pollen, responsable du rhume des foins. Elle est classée comme une espèce nuisible à la santé humaine selon le Code de la Santé Publique.
La grande herbe à poux est une plante herbacée annuelle au port dressé. Son apparence varie en fonction de son stade de croissance.
Une plantule fait 15 cm de haut environ. Elle est constituée de deux cotylédons qui ont la forme d’une cuillère. Ceux-ci sont épais, plus longs que larges et leurs extrémités sont arrondies.
Les deux premières feuilles vertes de la plantule sont opposées. Elles sont découpées en trois ou six folioles.
La plante adulte est munie d’une racine pivotante, comportant elle-même de nombreuses radicelles. Elle possède des tiges dressées, ramifiées et poilues. À maturité, au moment de la floraison, elle peut atteindre une hauteur de deux à quatre mètres.
Les organes foliaires sont opposés sur toute la plante. Au sommet, ils sont alternés, de part et d’autre de la tige, mais à des hauteurs différentes.
Les feuilles sont relativement larges mesurant chacune 4 à 15 cm de long. Parmi les autres plantes, elles sont faciles à identifier grâce à leur allure semblable aux feuilles de carottes. Elles sont vertes, dentelées et possèdent trois à cinq lobes. Au toucher, elles présentent une texture rugueuse.
La grande herbe à poux est une espèce monoïque. Les fleurs mâles et femelles se trouvent ainsi sur le même pied, mais à des endroits différents.
Les fleurs mâles sont perchées au bout des rameaux et des tiges. Elles se présentent sous forme de 20 à 50 capitules groupés en grappes, formant un épi. Le capitule fait 4 à 8 mm de diamètre. À maturité, elles libèrent le pollen.
Les femelles sont situées à proximité des aisselles des feuilles, qui se trouvent à la base des épis mâles. Elles se présentent en groupe de un à trois capitules de 5 à 10 mm de diamètre chacun. Une fois matures, elles produisent des akènes. Chacun renferme une graine à six épines, dont un bec central couronné de cinq autres petites pointes.
Les graines de la grande herbe à poux germent habituellement au printemps, une fois le froid hivernal totalement dissipé. Les premières plantules font ainsi leur apparition dès le mois de mai.
Elles se développent pendant 60 à 90 jours environ. Ensuite, une fois adultes, elles fleurissent à partir de la fin du mois de juillet jusqu’au mois d’octobre.
Cette espèce supporte mal le froid et les colonies meurent dès l’arrivée des premières gelées. Toutefois, les graines dispersées par le vent demeurent viables dans le sol pendant une période de deux ans en moyenne. Par la suite, elles peuvent germer une fois la saison hivernale passée.
La grande herbe à poux est une plante indigène au Canada. Elle pousse aussi spontanément dans plusieurs autres régions de l’Amérique du Nord.
Au milieu du XIXe siècle, des semences de plantes auraient été introduites en Europe par l’intermédiaire des importations de nourriture pour les animaux.
La plante existe dans la plupart des pays scandinaves, ainsi qu’en Russie. En France, l’Observatoire des ambroisies a noté sa présence dans sept régions métropolitaines. Il s’agit des Hauts-de-France, du Grand Est, de la Bourgogne-Franche-Comté, de l’Auvergne-Rhône-Alpes, de la Provence-Alpes-Côte d’Azur, de l’Occitanie et de la Nouvelle-Aquitaine.
La grande herbe à poux pousse sur tous les sols. Cependant, elle est plus abondante dans les endroits humides, argileux et peu fertiles. Il est courant de la trouver au bord des trottoirs, des routes goudronnées et des rivières.
Elle pousse aussi sur les terrains vagues et industriels, ainsi que ceux en construction et ceux qui servent de dépôt à neige. Ce dernier désigne les sites où les camions déversent la neige ramassée sur les voies publiques. En agriculture, elle a tendance à envahir les fossés et les bords des champs. Elle affiche une préférence pour les plantations de maïs et de soja. Récemment, dans les parties sud-ouest de l’Ontario, sa présence a été détectée en grand nombre dans les plantations.
La grande herbe à poux est souvent confondue avec d’autres espèces du genre Ambrosia.
La petite herbe à poux ou Ambrosia artemisiifolia est aussi connue sous le nom d’ambroisie à feuilles d’armoise.
Ses inflorescences ressemblent à celles de l’Ambrosia trifida. Cependant, comme son nom vernaculaire l’indique, elle se révèle être plus petite que cette dernière. En outre, ses tiges ont tendance à afficher une teinte rougeâtre.
L’ambroisie à épis lisse est une autre espèce du genre Ambrosia. Son nom scientifique est Ambrosia psilostachya.
Au premier coup d’œil, il est facile de la confondre avec la grande herbe à poux, surtout au moment de la floraison. Les caractéristiques des inflorescences de ces deux espèces sont relativement identiques.
Leur différence se situe plutôt au niveau de leur manière de se multiplier. En effet, l’ Ambrosia trifida se reproduit via la dispersion et la germination des graines. En revanche, l’ambroisie à épis lisse se multiplie à partir des drageons.
La confusion entre les deux espèces vient de leurs noms relativement identiques. Cependant, la ressemblance entre les deux plantes s’arrête là. L’herbe à puce, aussi appelée sumac grimpant, sumac vénéneux ou Toxicodendron radicans en latin, fait partie de la famille des Anacardiaceae.
Pour la reconnaître, il suffit de prêter attention à ses feuilles qui sont légèrement découpées. Elles possèdent également des bords lisses. Elles ont la particularité de changer de teinte à chaque saison. Au printemps, elles sont rouges, en été vert foncé et en automne, le feuillage est multicolore.
Dans les pays où elle est présente, la grande herbe à poux a tendance à dominer dans les cultures. Elle porte aussi atteinte à la santé humaine.
L’Ambrosia trifida est une plante adventice. En d’autres termes, elle pousse spontanément dans une culture et sa présence se révèle nocive à celle-ci. Elle peut, notamment, entraîner une perte en récolte allant jusqu’à 90 %. Dans les pays où elle est indigène, il a été remarqué que cette plante développe une résistance à certains herbicides. Il s’agit, notamment, du glyphosate et des inhibiteurs de l’ALS. Une situation qui augmente davantage son degré de nuisance dans le domaine de l’agriculture.
Le pollen de la grande herbe à poux est hautement allergène. Lors de la période de floraison de la plante, il est responsable de nombreux cas d’allergies dans les régions les plus infestées. Au moins, une personne sur cinq est affectée, sans distinction d’âge ou ni sexe.
La rhinite est la réaction la plus courante observée dans 90 % des cas d’allergie. Ce trouble respiratoire se manifeste par des éternuements successifs et des écoulements nasaux abondants. Le nez se retrouve aussi bouché et irrité.
La trachéite et l’asthme représentent 50 % des réponses allergiques les plus fréquentes. La première se traduit par de violentes toux sèches, parfois nocturnes. Elle est suivie par la seconde, avec l’apparition de sifflements au niveau des bronches, d’une diminution du souffle et parfois d’une détresse respiratoire.
La conjonctivite constitue 75 % des cas d’intolérance au pollen de la grande herbe à poux. Les principaux symptômes sont l’irritation, le gonflement et la rougeur au niveau des yeux, accompagnés de larmoiement.
Dans 10 % des cas, des démangeaisons accompagnées d’une formation de plaques rouges à la surface de la peau surviennent. Des œdèmes peuvent aussi se manifester.
L’allergie au pollen de cette plante s’accompagne souvent d’une asthénie permanente. La personne affectée peut ressentir des troubles de l’humeur et du sommeil, qui impactent sa vie au quotidien : familiale, professionnelle ou scolaire.
Si vous développez une allergie aux pollens de la grande herbe à poux, ci-dessous quelques gestes à adopter pour limiter leurs effets :
Vous pouvez aussi vous rapprocher d’un allergologue pour une désensibilisation spécifique. Cette thérapie vise à rééduquer le système immunitaire pour le rendre plus tolérant face aux agents allergènes. Elle se fait avant et pendant la saison des allergies. Cette dernière est comprise entre le mois d’août et le mois d’octobre, avec un pic notable en septembre.
Enfin, dans le cas où les symptômes se seraient déjà manifestés, une consultation auprès d’un professionnel de santé est impérative. Il vous prescrira des anti-inflammatoires et/ou des antihistaminiques afin d’atténuer les effets du pollen.
La grande herbe à poux ne dispose à ce jour d’aucune indication en phytothérapie, en dépit des études réalisées.
Les mesures de prévention ont pour but d’empêcher cette plante de pousser et d’établir une colonie.
En recouvrant le sol, il est possible de prévenir la germination des graines. Pour ce faire, il existe plusieurs options envisageables.
La première est la végétalisation, en laissant pousser des plantes couvre-sols ou du gazon, sur le terrain colonisé.
La deuxième option est le paillage. Outre la paille, vous pouvez utiliser d’autres matériaux comme du terreau, de l’engrais ou du fumier pour couvrir le sol.
Enfin, la dernière option est l’usage d’une membrane textile.
Cette technique consiste à répandre sur les sites colonisés des semences d’espèces plus compétitives que l’Ambrosia trifida. Il s’agit, notamment, du trèfle, du pâturin ou encore du sarrasin.
Il est essentiel de procéder à l’ensemencement avant le développement des premières plantules.
Sur les chantiers de construction ou d’aménagement de paysages, il est avisé de procéder à la vérification de l’origine des terres rapportées. Le but est de détecter la présence ou non de semences de grande herbe à poux dans les lots de terre.
Dans le même contexte, il est conseillé de ne surtout pas déplacer des terres contaminées par cette plante envahissante.
La même vérification est aussi recommandée sur les outils agricoles. Dans l’optique d’éviter la prolifération de cette mauvaise herbe, il est conseillé de bien nettoyer les machines ayant été à son contact.
Cette méthode convient surtout aux petites colonies. Elle consiste à déraciner entièrement les plantes avant leur floraison. Par mesure de sécurité, le port de gants est recommandé durant toute l’opération.
Il implique l’utilisation des outils mécaniques pour désherber le terrain colonisé, à l’aide d’une houe ou d’une binette, entre autres.
Ces deux techniques sont à utiliser en dernier recours, car elles comportent quelques inconvénients. Le brûleur thermique, bien qu’efficace, consomme beaucoup d’énergie et ne constitue pas une solution écologique.
Par ailleurs, il peut s’avérer compliqué de trouver des produits chimiques adaptés à des endroits autres que le milieu agricole.
Le pâturage est la méthode idéale pour supprimer les colonies implantées dans les zones difficiles d’accès, les chaumes et les terrains vastes. Toutefois, les troupeaux doivent y être amenés avant la floraison des ambroisies.
Avant la formation des boutons floraux, tailler ou tondre les plantes permet de retarder la grenaison. Cette opération limite aussi la dispersion des pollens et doit être effectuée aussi fréquemment que possible.
Cette technique consiste à laisser germer les graines. Ensuite, avant la floraison, il convient de détruire les plantules. Cela permet de diminuer considérablement la quantité de semences viables dans le sol.
En 2011, la France a créé l’Observatoire des ambroisies. Il a pour mission de coordonner toutes les mesures entrant dans la prévention et la lutte contre la multiplication de ces plantes. Outre la grande herbe à poux, sont aussi concernées : l’Ambrosia artemisiifolia et l’Ambrosia psilostachya. Un site dédié regroupe tout ce qu’il y a à savoir sur ces trois ambroisies. La plateforme ambroisie-risque.info est accessible à tous.
Chaque année, au mois de juin, cet observatoire organise des journées de lutte contre les ambroisies. Le but est de parler des problématiques relatives à la présence de ces plantes en France. Plusieurs différentes activités sont alors organisées sur l’ensemble du territoire de l’Hexagone.
Au niveau local, les préfets sont chargés de définir les mesures à appliquer pour chaque département. Après la publication de l’arrêté préfectoral, les personnes et les entités concernées sont tenues de les mettre en œuvre. En cas de manquement, des sanctions peuvent être prononcées.
Marie-Victorin, dans son ouvrage « La flore laurentienne », relate les différentes applications de cette plante par certaines tribus indiennes. Selon ses écrits, ces peuples se nourrissaient de la grande herbe à poux. Ils l’auraient également cultivée pour ses propriétés tinctoriales.
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