Le gattilier est un arbuste appartenant à la famille des Verbenaceae. Son nom scientifique est Vitex agnus-castus. Depuis l’Antiquité, cette plante est reconnue pour ses bienfaits santé. Elle sert notamment à traiter les troubles affectant les femmes comme la ménopause, la dysménorrhée et les perturbations hormonales.
Le nom « gattilier » vient de l’espagnol « sauce gatillo » ou « sauzgatillo » qui signifie « saule chaton ». Une expression qui rappelle la texture douce et velue des fleurs de la plante.
En français, cet arbuste est aussi appelé « arbre au poivre ». Un synonyme qui fait référence au goût des baies, semblable à celui de cette célèbre épice. Ses graines ont aussi la réputation de pouvoir calmer le désir sexuel. Une caractéristique qui explique les autres noms vernaculaires de la plante, à citer : arbre chaste et poivre des moines.
Sa dénomination scientifique « Vitex » vient de « vitilium », qui veut dire « tresse » ou « tressage ». En effet, les branches de la majorité des espèces de ce genre servaient autrefois à fabriquer des clôtures en clayonnage.
L’expression « agnus castus » signifie « arbre chaste ». Dans d’autres traductions, elle est interprétée sous les termes « agneau chaste », en rappel à la propriété anaphrodisiaque de l’arbuste.
Dans de nombreuses œuvres, le gattilier est présenté comme étant un symbole de chasteté, notamment dans l’Iliade d’Homère. Dioscoride et Pline, respectivement médecin grec et naturaliste romain, l’ont mentionné dans leurs ouvrages.
Par ailleurs, les religieux l’utilisaient dans le but de respecter leurs vœux de chasteté sans difficulté. Pour cet usage, il était planté près des monastères. Il faisait aussi partie des plantes constituant l’Essence de chasteté de Michael.
En outre, les jeunes femmes d’Athènes se servaient de ses feuilles pour préserver leur innocence.
Enfin, dans la mythologie grecque, cet arbuste est mentionné dans une légende relatant l’origine du culte d’Héra à Samos. Cette déesse serait née sous un gattilier poussant sur l’île.
Le gattilier est un arbuste à port buissonnant qui, à maturité, peut atteindre un à deux mètres de hauteur.
Ses branches sont souples et résistantes à la fois. Elles ont une texture velue et présentent une teinte gris-blanc.
Ses feuilles sont longues et de forme ovale. Au toucher, elles sont totalement glabres. La face supérieure de l’organe foliaire est de couleur verte, tandis que la face inférieure est gris-blanc.
Cette plante possède des fleurs disposées en grappes. Elles sont bleues, parfois avec une nuance violacée, et ont une texture veloutée. Elles s’épanouissent entre juillet et août.
À la fin de la période de floraison, des fruits en forme de drupes de couleur rouge et jaune apparaissent. Ils ont entre 4 et 5 mm de diamètre. Ils dégagent une odeur poivrée.
Le gattilier est une plante originaire du bassin méditerranéen, plus précisément de la Grèce et de l’Italie. Il pousse aussi spontanément dans les régions centrales d’Asie et en Anatolie.
De nos jours, de nombreuses variétés de cet arbuste sont cultivées dans les zones tempérées de France.
Le gattilier est une plante facile à cultiver. Ci-dessous les conditions à respecter pour une croissance pérenne et une floraison généreuse.
Le gattilier n’est pas sélectif en matière de type de sol. En effet, il peut facilement se développer sur un terrain pauvre, sableux, caillouteux ou encore calcaire. Il a besoin que la terre soit bien drainée et que la circulation de l’eau y soit fluide. En revanche, il supporte mal l’excès d’humidité. Une fois bien établi, il est résistant à la sécheresse.
Cette plante est rustique et supporte aisément les températures extrêmes allant jusqu’à -15 °C et -17 °C. Cependant, pendant les périodes de fortes gelées, elle peut perdre de son éclat, ce qui ne l’empêchera pas de repousser au printemps.
Enfin, pour obtenir de belles fleurs au moment de la floraison, installez l’arbuste dans un endroit chaud et ensoleillé. Protégez-le également des vents desséchants et froids, car ces conditions peuvent altérer l’apparence de ses feuilles.
Le gattilier est à planter en pleine terre entre mars et mai. En effet, le climat printanier optimise sa croissance, puisque le risque de gel est écarté. Une culture de septembre à octobre est aussi à envisager. Cela permettra à l’arbuste de bien s’enraciner avant l’arrivée de l’hiver.
Commencez par creuser un trou faisant deux fois la taille de la motte. Déposez-y ensuite cette dernière en veillant à la placer bien au milieu de la fosse. Si la circulation de l’eau à cet endroit n’est pas optimale pour le développement de l’arbuste, procédez tout d’abord au drainage. Pour ce faire, ajoutez au fond du trou une couche épaisse de billes d’argile ou de graviers.
Une fois la motte bien installée, rebouchez, puis tassez la terre. Ensuite, arrosez en fine pluie.
À noter que l’apport de compost ou d’engrais n’est pas nécessaire au moment de la plantation.
L’été suivant la plantation, procédez à un arrosage régulier des jeunes plantes afin de les aider à mieux s’enraciner. Ensuite, l’apport en eau ne devient nécessaire qu’en cas de sécheresse prolongée.
Si vous habitez dans une région où les hivers sont rudes, installez une couche de paille au pied de chaque arbuste. Cela permettra de protéger les gattiliers des vagues de fortes gelées.
Une fois l’hiver terminé, un taillage est indispensable afin de stimuler l’apparition des jeunes pousses. Pour ce faire, sectionnez tous les rameaux qui ont fleuri au trois quarts de leur longueur. Conservez uniquement deux à trois bourgeons.
Supprimez également les branches mortes, ainsi que tout élément permettant de désencombrer le centre de l’arbuste.
La multiplication se fait par bouturage. Pour ce faire, prélevez une branche herbacée de 15 à 20 cm de long au mois d’août. Enlevez les feuilles se trouvant à la base du rameau et gardez seulement celles situées sur l’extrémité haute de la tige.
Plantez ensuite la bouture dans un godet contenant du sable et du terreau, puis conservez-le à l’abri des gels. En outre, pour faciliter l’enracinement qui prend six à huit semaines environ, maintenez la fraîcheur et l’humidité du substrat.
Vous pourrez effectuer la transplantation en pleine terre au printemps suivant.
À part le bouturage, la multiplication par semis est aussi une option possible. Pour ce faire, recueillez les graines séchées de la plante au mois d’octobre. Laissez-les germer et se développer sous châssis pendant tout l’hiver avant la mise en terre.
Le gattilier est rarement attaqué par les nuisibles et les ravageurs. En effet, son odeur poivrée repousse les parasites, prévenant ainsi une infestation.
Toutefois, des symptômes physiologiques peuvent apparaître si le milieu de culture devient trop humide ou trop froid.
Ci-dessous les variétés de gattiliers les plus cultivées :
Cette dernière variété est un cultivar à développement réduit. À cet effet, elle convient parfaitement à la culture en pot ou en bac. Cependant, au fur et à mesure de sa croissance, il est conseillé de la transplanter dans un récipient plus grand. Ce rempotage est à réaliser tous les deux ans.
Le gattilier renferme des flavonoïdes dont la vitexine, la lutéoline et la casticine.
Il contient également des iridoïdes tels que l’agnuside et l’aucuboside. Les labdanes diterpènes, comme le vitexilactone et le rotundifurane, figurent aussi parmi les principes actifs du gattilier.
Enfin, une huile essentielle est extraite de cette plante. Celle-ci est aussi composée d’alpha-pinène, de limonène, de béta-caryophyllène, de sabinène et de béta-farnésène.
Les vertus thérapeutiques du gattilier sont exploitées tant en phytothérapie qu’en homéopathie.
En phytothérapie, le gattilier intervient surtout dans le traitement des troubles affectant la gent féminine.
En janvier 2023, la professeure JoAnn V. Pinkerton a réalisé une étude sur le SPM ou syndrome prémenstruel à l’Université de Virginie. D’après cet examen, ce trouble toucherait 20 à 50 % des femmes.
Comme son nom l’indique, le SPM survient quelques jours avant les règles et s’accompagne de nombreux symptômes souvent handicapants. Il s’agit notamment de mastodynies, de migraines, de maux de tête ou encore de douleurs localisées au niveau de la région pelvienne.
Des perturbations au niveau du système digestif peuvent aussi apparaître, telles que des ballonnements, de la diarrhée ou de la constipation.
Certaines femmes ressentent une instabilité au niveau de l’humeur, de l’irritabilité, de la fatigue ou sont sujettes à des insomnies.
Le gattilier, grâce à la présence des flavonoïdes et des iridoïdes, a la capacité d’atténuer ces symptômes. Cette application est aujourd’hui reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé, ainsi que par la Commission E.
Les principes actifs du gattilier, en particulier la casticine et l’agnuside, agissent sur l’hypophyse. Une action qui permet à la plante de réguler le cycle menstruel. Ainsi, cette plante est efficace en cas d’oligoménorrhées, de polyménorrhées ou d’aménorrhées.
Elle est également indiquée pour la dysménorrhée ou les règles douloureuses. Dans ce contexte, le gattilier soulage les spasmes utérins. Il apaise aussi la douleur au niveau de la hanche et celle localisée dans le bas du dos.
Le gattilier aide les femmes à mieux supporter les symptômes qui se manifestent pendant la ménopause et la préménopause. Il s’agit entre autres des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes et des troubles de l’humeur. Il est aussi indiqué en cas de sécheresse vaginale et du syndrome des jambes sans repos.
Le gattilier permet de traiter les cas de stérilité chez les femmes. Les troubles concernés sont l’infertilité relative à l’absence de règles et celle associée à l’insuffisance lutéale. En effet, les labdanes diterpènes, plus précisément le rotundifurane, développent une activité de régulation hormonale. Ils stimulent la production de progestérone par les ovaires, une hormone impliquée dans la grossesse et le cycle menstruel.
En homéopathie, le gattilier est indiqué dans le traitement des troubles de l’humeur, à citer :
Il se révèle aussi utile en cas de ralentissement des fonctions vitales, de somnolence pendant la journée et d’envies fréquentes d’uriner.
Enfin, chez les femmes, il sert à traiter les troubles gynécologiques. Chez les hommes, cette plante aide à réguler les pulsions sexuelles.
Le gattilier s’administre sous forme de tisane, de poudre, d’extrait standardisé et d’huile essentielle.
Afin d’atténuer les symptômes de la ménopause, préparez une tisane à base de feuilles et de fleurs de gattilier. Pour ce faire, faites infuser les parties aériennes dans de l’eau chaude pendant 10 à 15 min. Ensuite, filtrez et prenez trois tasses de cette boisson par jour.
Cette poudre est obtenue à partir des fruits séchés. Elle est à diluer dans un fond d’eau ou dans une boisson de votre choix. Le dosage conseillé est de 400 mg, à répartir en deux prises par jour.
Les extraits standardisés sont vendus sous forme de gélules et de comprimés. Leur posologie varie en fonction du fabricant. Elle dépend aussi de la nature et de la quantité de principes actifs contenus dans chaque extrait.
Il est donc conseillé de prendre connaissance de la notice d’utilisation avant toute administration. Cette consigne est aussi valable pour les teintures mères.
L’huile essentielle de gattilier s’administre par diffusion. Dans ce contexte, elle permet de calmer les troubles de l’humeur et ceux affectant le système nerveux. Le dosage recommandé est de une à deux gouttes pour chaque diffusion.
Elle s’utilise aussi par voie cutanée. Pour faciliter son application, elle est à mélanger avec d’autres huiles végétales. Celles extraites du jojoba (Simmondsia chinensis) ou du chanvre (Cannabis sativa) conviennent parfaitement. La posologie recommandée est de 20 % d’huile essentielle pour 80 % d’huile végétale.
Malgré ses nombreux bienfaits pour la santé, il est nécessaire de faire preuve de prudence lors de l’usage thérapeutique du gattilier.
Le gattilier est contre-indiqué chez les femmes allaitantes. En effet, le rotundifurane a tendance à réduire la production de prolactine, une hormone intervenant dans le processus de lactation.
Cette plante peut aussi perturber le bon déroulement d’une grossesse. Une étude clinique a démontré qu’elle peut compromettre le protocole de fécondation in vitro. En effet, elle ferait obstacle à la fixation de l’embryon dans l’utérus. Elle est donc à proscrire chez les femmes enceintes et celles qui veulent procéder à une FIV.
Par ailleurs, l’EMA ou l’Agence européenne des médicaments déconseille son usage chez les adolescents et les enfants de moins de 18 ans. Enfin, le gattilier ne peut pas être utilisé par les personnes ayant un antécédent ou une prédisposition génétique au cancer du sein.
Les effets indésirables répertoriés jusqu’ici sont des nausées, des maux de tête, ainsi que des troubles au niveau gastrique et intestinal. Son application sur la peau peut entraîner de l’acné, des démangeaisons et des rougeurs.
Par ailleurs, l’huile essentielle de gattilier provoque des perturbations hormonales et des effets stupéfiants si elle est administrée à forte dose. À noter que l’usage par voie interne de cette essence est à éviter.
Le gattilier peut avoir des interactions avec des antidépresseurs, des anticoagulants et des antidopaminergiques.
Il est également préférable de ne pas l’associer avec des médicaments ayant des influences sur le système hormonal. Il s’agit principalement des contraceptifs oraux dont l’efficacité chez les femmes peut être réduite.
Le gattilier présente des activités relatives à la régulation hormonale. De ce fait, son administration à visée thérapeutique doit toujours être encadrée par un professionnel de santé.
L’automédication est d’autant plus déconseillée dans le cadre d’un traitement d’une perturbation du cycle menstruel. En effet, ce genre de dérèglement cache souvent d’autres troubles plus graves comme un déséquilibre hormonal, voire un cancer. Il convient donc de procéder à un diagnostic de santé complet avant d’entreprendre une cure.
Le gattilier est un arbuste prisé dans l’univers de l’aménagement extérieur. En effet, il affiche une grande résistance à la sécheresse et au froid. En outre, il a une floraison tardive et ses différents cultivars se démarquent par la beauté de leurs fleurs.
En extérieur, cette plante a ainsi sa place dans tout type de jardins. Elle convient en massif, en haie, en culture isolée. Elle peut aussi être cultivée en bord de mer.
Dans la nature, le gattilier n’est pas seulement apprécié pour son aspect esthétique. En effet, il profite aussi à d’autres espèces de la faune et de la flore.
Tout d’abord, il est une plante mellifère. En d’autres termes, il produit en abondance des substances sucrées accessibles facilement pour les abeilles.
Ensuite, grâce à son parfum poivré, il est un excellent répulsif contre les insectes. Planté près des vergers et des potagers, il repousse ainsi les nuisibles et les parasites. Ainsi, il constitue une protection idéale pour vos cultures.
Les fruits du gattilier sont une épice couramment utilisée dans la gastronomie. En effet, une fois en bouche, ses graines dégagent une saveur proche de celle du poivre. Plus précisément, ils ont un goût piquant qui surprend les papilles avec, en sus, des notes florales subtiles.
Dans la majorité des cas, ces baies sont intégrées à la préparation des volailles et d’autres viandes. Elles sont aussi mélangées avec des farces, des sauces, des pâtés, des salades et des potages. Enfin, incorporées dans des recettes sucrées, elles donnent une saveur originale à vos desserts.
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