La fumeterre comprend une cinquantaine d’espèces différentes. La fumeterre grimpante ou Fumaria capreolata, la fumeterre des murs ou Fumaria muralis et la fumeterre à petites fleurs ou Fumaria parviflora en sont quelques-unes.
La fumeterre est une plante herbacée, dicotylédone et annuelle. Elle possède de nombreuses appellations : « chausse rouge », « fiel de terre », « fleur de terre » et « fumée de terre ». Elle est également connue sous les noms « herbe à la jaunisse », « herbe à la veuve », « pied de Céline » ou encore « pisse-sang ».
La fumeterre est originaire d’Europe et d’Afrique du Nord. Cette plante a traversé plusieurs siècles. La trace de son nom est trouvée au début du XIIIe siècle et exprimée sous la forme fumus terrae. Dans l’Antiquité, Galien, médecin grec, mentionne la fumeterre comme remède pour le foie.
Olivier de Serres, agronome français, a émis l’hypothèse que l’appellation « fumée de terre » viendrait de son jus qui provoque une sensation de larmoiement, similaire à celle causée par la fumée. Cette appellation aurait aussi un lien avec la couleur grisâtre des feuilles qui donne l’impression d’une sorte de fumée, venant de la terre.
En France, le « jour de la fumeterre » désignait le 13ᵉ jour du sixième mois du calendrier révolutionnaire, dit mois de ventôse. Ce jour correspond généralement au 3 mars du calendrier grégorien. En général, cette plante croît dans les terrains vagues, le long des chemins, au milieu des décombres, dans les vignobles et dans les terres incultes de l’hémisphère nord.
La fleur de terre est une plante herbacée annuelle. Même si certaines espèces peuvent atteindre une hauteur d’un mètre, la plupart ne dépassent pas 50 cm.
La hauteur de la tige de l’herbe à la jaunisse fait habituellement 30 à 70 cm. Elle présente une structure délicate et souple, la faisant se courber et s’appuyer sur les plantes avoisinantes.
Celles-ci sont d’un vert-gris, finement divisées et disposées de manière pennatiséquée. Leurs lobes sont étroits, lisses et régulièrement découpés.
La fumée de terre a des fleurs qui éclosent en grappes situées à l’extrémité des tiges, comportant plus de 15 fleurs par épi. De petite taille, mesurant environ 1 cm, parfois moins, ces fleurs adoptent une forme de tube allongé, se terminant par un éperon. Leur palette de couleurs s’étend du blanc au rose, avec des nuances allant jusqu’au pourpre. Ces fleurs fleurissent du mois d’avril jusqu’au milieu de l’été.
Le pied de Céline porte des fruits se présentant sous la forme de petites siliques sphériques et contenant chacune une seule graine.
La fumeterre peut être semée de deux façons : directement en pleine terre ou en utilisant une terrine. Elle s’adapte à différents types de sols et se cultive en plein soleil ou à mi-ombre. Le meilleur moment pour semer se situe en automne, en hiver ou au début du printemps, en choisissant des nuits froides.
Avant de procéder au semis en pleine terre, le désherbage du sol s’avère essentiel. Les graines sont cultivées en lignes, puis recouvertes de terreau. Un arrosage régulier s’avère nécessaire, surtout si le sol devient trop sec ou s’il y a peu de précipitations en hiver.
Pour une meilleure germination, les semences peuvent être mises au réfrigérateur pendant quelques semaines, avant de les mettre en terre. Les germes apparaissent après une à deux semaines.
La fumeterree est une plante nécessitant peu d’entretien. Pour favoriser un port plus robuste et une meilleure ramification, les plantes doivent être légèrement rabattues, lorsqu’elles atteignent une hauteur de 7 à 8 centimètres.
Pour pallier la fragilité de la tige qui tend à se courber, une astuce courante consiste à les planter de manière dense. Cela permet aux plantes de s’appuyer les unes sur les autres. D’autres plantes voisines, notamment le romarin, peuvent leur servir de support supplémentaire.
Durant les périodes estivales, surtout en cas de chaleur intense et de sécheresse, un arrosage régulier devient indispensable. En maintenant une humidité adéquate, la plante aura la possibilité de refleurir en septembre.
La fumeterre est sujette aux attaques des pucerons et des fourmis. En effet, ces insectes peuvent coloniser la plante. La prise de mesures nécessaires au préalable protégera la plante.
La période de récolte des sommités fleuries varie en fonction de la région et de la date du semis. En général, les cueillettes se passent en février, en mai et en septembre.
En général, les phytothérapeutes utilisent la partie aérienne fleurie. Celle-ci est utilisée depuis des siècles dans la médecine traditionnelle, grâce à ses différentes vertus. Les fumeterres contiennent divers composants chimiques. Les alcaloïdes, les flavonoïdes, les tanins et les sels minéraux figurent parmi leurs principaux constituants. L’ensemble de la plante a un goût amer.
La fumeterre soulage les ballonnements, les troubles de l’appétit, les problèmes intestinaux chroniques, la constipation ainsi que les épisodes alternés de diarrhée et de constipation. Elle est efficace pour atténuer les migraines et les nausées liées à la digestion, même en cas de maladie de Gilbert. Cette plante peut aussi être utile pour soulager certains symptômes fonctionnels respiratoires.
Les vertus émollientes de la fumeterre se traduisent par des effets adoucissants sur les muqueuses et la peau, surtout en cas d’eczéma, de dermatite atopique et d’exanthème.
La fumée de terre recèle de bienfaits potentiels, en matière de protection hépatique et rénale, particulièrement en cas de diabète de type 2. Ses effets bénéfiques sur les troubles fonctionnels liés au stress sont ressentis, à partir du 9ᵉ jour de traitement.
La British Herbal Pharmacopoeia recommande cette herbacée pour le traitement de l’eczéma chronique et des éruptions cutanées, telles que le psoriasis, l’acné et les dartres. Elle peut également être prescrite pour soulager l’urticaire, les dermatoses prurigineuses, les perlèches et les croûtes de lait chez les nourrissons.
La fumeterre a la propriété de stimuler la production de bile et de favoriser son écoulement vers les voies biliaires. Ce mécanisme facilite le processus de dégradation des graisses et contribue à réguler le fonctionnement du système digestif.
Le pisse-sang aide à éliminer les toxines et les déchets du corps, améliorant ainsi une meilleure purification de l’organisme.
Cette herbacée soulage les spasmes et les crampes dans certaines parties du corps, y compris le sphincter d’Oddi.
La fumeterre représente un excellent soutien pour les personnes souffrant d’hypertension primaire, de rétention d’eau ou d’œdème. Dans certains pays d’Asie centrale, l’herbe à la veuve est signalée comme remède contre l’asthme.
À l’herboristerie, la fumeterre est généralement disponible en parties coupées, pour la préparation de baumes, de tisanes, d’onguents thérapeutiques, etc. Elle y est également proposée dans des formats prêts à l’emploi, tels que des ampoules ou un spray buccal. Elle se présente aussi sous forme de teinture mère et de gélule.
Une infusion, préparée avec 150 ml d’eau bouillante et une à deux cuillères à café (environ 1,5 à 3 grammes) de sommités fleuries séchées, soulage les migraines d’origine digestive, la constipation, le manque d’appétit, l’engorgement du foie et la dyskinésie biliaire. Par ailleurs, elle prévient les calculs biliaires.
Le mélange est cuit pendant environ 10 minutes, puis filtré. Une tasse de cette infusion est à consommer environ 30 minutes avant les deux repas principaux. Cette composition est prise en tant que cure dépurative pendant huit jours, suivie de 10 jours de pause, avant de la recommencer. Ce mélange traite aussi la nervosité et l’insomnie d’origine digestive. Dans ce cas, la cure doit durer 30 jours.
Un patient peut absorber 30 à 50 gouttes de teinture mère, mélangées à un verre d’eau, environ 30 minutes avant les repas. Une gélule, dosée à 400 mg de poudre, ingérée dans un verre d’eau, avant les repas principaux et une, au coucher, constitue le dosage standard de cette forme.
En application locale, l’infusion, deux à trois fois quotidiennement, soigne l’acné, le psoriasis, l’eczéma et les dartres. De plus, elle calme les conjonctivites.
La fumeterre peut être combinée à d’autres plantes, notamment en cas de :
Elle est utilisée en association avec la grande bardane et la pensée sauvage, pour leur vertu dépurative.
Le non-respect des doses prescrites est à éviter. En effet, lorsqu’elle est prise à des doses élevées, dépassant les 400 mg d’extrait sec par jour, le pied de Céline devient toxique.
La fumeterre est contre-indiquée en cas d’hépatite, d’hypotension, d’insuffisance hépatique grave et d’obstruction des voies biliaires.
Son administration aux enfants et aux adolescents est interdite. Elle ne convient qu’aux adultes.
Au bout de neuf jours d’utilisation, la fumeterre présente des propriétés légèrement hypnotiques et sédatives. Il est recommandé de consommer la plante ou les produits qui en contiennent avec précaution.
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