Le frêne élevé est un grand arbre qui pousse partout en Europe. En France, il représente la 5e espèce la plus couramment rencontrée dans les bois. Faisant partie des Oléacées, il se nomme Fraxinus excelsior dans la classification classique établie par Carl von Linné. Il possède également plusieurs noms vernaculaires, dont frêne commun, grand frêne, frêne d’Europe et gaïac des Allemands. Certains l’appellent aussi quinquina d’Europe ou langue d’oiseau.
Le Fraxinus excelsior apparaît dans les textes mythiques anciens. Yggdrasil, frêne géant dans la mythologie nordique, supporterait le monde et aurait attribué des pouvoirs au dieu Odin. Chez les Grecs, cet arbre serait apparu après la bataille sanguinaire entre Cronos et Ouranos. Il aurait également donné naissance à des hommes brutaux, après la tentative de Zeus de créer des humains.
Les propriétés médicinales de cette espèce type du genre Fraxinus sont connues depuis longtemps. Hippocrate, illustre médecin de la Grèce antique, l’intégrait dans différents traitements : diarrhée, rhumatisme, goutte et inflammations diverses. Il utilisait notamment des extraits de feuilles ou d’écorce. Des botanistes grecs l’ont désigné comme alexitère, autrement dit qui soigne les morsures de serpent. Parmi ces savants figurent Dioscoride, Théophraste ainsi que Pline l’Ancien. Au Moyen Âge, les effets du frêne commun sur la goutte ont été démontrés davantage par la moniale bénédictine Hildegarde de Bingen. En outre, les Écossais ont pour coutume de donner une cuillère à café de cette plante aux nourrissons.
Le frêne élevé porte un tronc droit surmonté d’une couronne allongée. Cette espèce présente un enracinement profond et une longévité importante pouvant atteindre 200 ans.
Le frêne commun, mesurant entre 20 et 45 m de haut, est caractérisé par une écorce lisse et des feuilles ovales. Celles-ci sont pennées, longues de 40 cm et caduques, c’est-à-dire qui tombent en hiver. Un arbre adulte est identifié aux fissures et aux craquelures claires sur son tronc élancé. Il est constitué d’un bois dur et élastique d’un diamètre moyen de 1,6 à 1,8 m. Les pieds femelles sont plus fins et plus petits comparés aux mâles.
Ses fruits, appelés samares, présentent les mêmes aspects que ceux de l’érable. Toutefois, le frêne élevé se distingue avec ses akènes en grappes d’environ 4 cm qui forment une seule aile échancrée. Opposés, ses bourgeons mesurant entre 5 et 10 mm de long sont des indûments, c’est-à-dire qu’ils sont poilus. Ses feuilles sont composées, comptant cinq à sept paires de folioles ou de pinnules. Ses fleurs rouges, violacées ou noirâtres, sont disposées en grappes également. Une inflorescence comprend une centaine de fleurs.
Si le Fraxinus excelsior représente l’espèce type, il compte au moins trois sous-espèces. Quant au genre, il regroupe 65 espèces, dont certaines sont courantes comme le frêne blanc d’Amérique ou le frêne à fleurs. Parmi les plus parfumés figure le Fraxinus ornus, cultivé en tant que plante d’ornement. Il existe également une espèce asiatique reconnue pour sa persistance : le Fraxinus griffithii. Le frêne pleureur est aussi très prisé dans les jardins.
L’UICN ou Union internationale pour la conservation de la nature classe le Fraxinus excelsior parmi les NT ou Near Threatened. Autrement dit, il s’agit d’une plante Quasi menacée, que ce soit dans le monde ou en Europe. En revanche, la France la catégorise parmi les espèces de Préoccupation mineure. Le frêne élevé connaît un grand déclin dans certaines régions à cause de la chalarose et de l’agrile du frêne. D’autres menaces planent également, notamment les champignons et les lichens.
Le Fraxinus excelsior se répand partout dans les haies, sauf en Afrique du Nord, dans l’extrême sud de l’Europe et en Islande. Cet arbre survit jusqu’à une altitude de 1500 m, se rencontre dans les plaines, en bord de mer et dans les montagnes forestières. Cette grande distribution géographique s’explique par la tolérance écologique de l’espèce et sa résistance au froid. Au stade juvénile, le frêne élevé gagne environ 10 m de hauteur en 20 ans. Végétal héliophile, il a besoin de la lumière du soleil pour se développer, l’ensoleillement agissant considérablement sur sa croissance. Inversement, sa pousse ralentit en absence de lumière. En outre, ses bourgeons redoutent les gels tardifs.
Le frêne commun se révèle peu exigeant en matière de sols, expliquant sa grande répartition. Toutefois, il se développe plus rapidement sur des sols calcaires et sur des terrains frais. Il manifeste une préférence pour les fonds de vallées ou les substrats peu acides. Il craint la sécheresse ainsi que les phénomènes tels que l’envasement. Il côtoie aisément des bois comme le chêne, le sapin, le hêtre ou d’autres arbres à feuillage caduc.
Par sa longévité et sa grande adaptation aux sols, le quinquina d’Europe, son autre appellation, est facile à cultiver. Jeune, il ne supporte pas les sols secs ou argileux, et les préfère drainés tout au long de sa croissance. Il démontre une adaptation aux sols alcalins ou argilo-limoneux, outre sa prédilection pour les sols riches.
Son principal besoin reste l’ensoleillement et un trou suffisamment grand pour favoriser son enracinement. Il est possible de le planter dans un endroit mi-ombragé. Il se développe facilement en compagnie d’autres arbres comme l’érable (plane et sycomore) ou le merisier. En revanche, la préparation et le travail du sol sont importants. Le paillage ainsi qu’une bonne alimentation en eau sont indispensables à la plantation. Le frêne se cultive dans les haies, dans les bois ou dans les jardins. Les variétés ornementales offrent de nombreux choix de résultats.
Le grand frêne s’entretient avec une taille régulière pendant sa dormance, notamment au début de l’automne. Ainsi, des branches saines se forment et sa santé se maintient. Cet entretien protège également l’arbre des éventuelles attaques fongiques. Il faut respecter la saison recommandée pour la taille, autrement les maladies peuvent se développer. Un nettoyage fréquent du feuillage à l’automne et en hiver prévient aussi ces infestations. Un arrosage régulier se montre indispensable pendant les saisons sèches. Le sol doit demeurer humide pour favoriser la croissance du frêne élevé.
Le Fraxinus excelsior est exposé à différentes attaques d’acariens et d’insectes qui rendent sa situation préoccupante dans certaines régions. Les gelées tardives entraînent la formation courante de fourches faisant suite à la destruction des bourgeons. Le tronc est également sujet à des nécroses, outre le réchauffement climatique qui affecte l’espèce. Le chancre bactérien constitue la principale menace, notamment si l’individu est déjà en mauvais état. Cette maladie entraîne la mort de l’arbre au bout de trois ans seulement. L’agrile du frêne, scientifiquement appelé Agrilus planipennis, infeste souvent cet arbre. Son attaque oblige parfois à l’abattage des individus atteints au risque de répandre la maladie.
Les feuilles, les graines, l’écorce et la sève de frêne d’Europe contiennent les composants biochimiques suivants :
On retrouve aussi des traces d’alcanes, de manitol et de sucres.
La partie du grand frêne qui sert en phytothérapie est généralement l’écorce. Néanmoins, les fruits et les feuilles ont des propriétés toniques, anti-inflammatoires, laxatives et diurétiques. Leur utilisation prend souvent la forme d’une tisane.
La Pharmacopée française reconnaît les vertus des feuilles de frêne élevé. Elles figurent sur la liste A des plantes exploitées en médecine traditionnelle. De surcroît, cet arbre reste le plus utilisé, avec d’autres essences comme le tilleul.
L’écorce montre une action tonique, neuroprotectrice et astringente. La racine présentée en poudre agit contre l’hypertension. Les vertus des feuilles se retrouvent dans la frênette, une boisson régionale connue pour ses effets anti-inflammatoires, antioxydants et antalgiques. Par la présence des coumarines dans ses composants, le frêne élevé est un analgésique. Les iridoïdes qu’il contient lui permettent de lutter contre les inflammations. Son fruit aide à réguler le taux de glycémie et à réduire l’obésité. En ce sens, cet arbre est un antidiabétique en plus d’être hypolipidémiant. Il s’agit également d’un adjuvant qui intègre les régimes minceur grâce à son pouvoir diurétique et antioxalurique.
En phytothérapie, le frêne commun est indiqué dans plusieurs traitements. Il soulage les arthropathies métaboliques, l’arthrose et les affections douloureuses au niveau des articulations. Il est aussi utilisé dans le drainage de la goutte et dans les cas de lithiases rénales. L’extrait de fruit intervient dans le syndrome métabolique en calmant les troubles du métabolisme associés à un état diabétique. Les bourgeons démontrent également une efficacité en tant qu’antalgique, tout en diminuant l’acide urique et le taux de cholestérol.
Depuis l’époque néolithique, le frêne élevé sert de bois de chauffage dans plusieurs régions d’Europe. Cet usage se justifie par la qualité inflammable de l’acide oléique que contient l’essence de cet arbre. Par son élasticité et sa ténacité, il est aussi exploité pour fabriquer des outils, des manches et des bâtons. Sa résilience et sa résistance aux vibrations en font un matériau de prédilection pour fabriquer des avirons, des skis ou des arcs. Il est utilisé dans la fabrication d’instruments de musique ou de bois de déroulage. En ébénisterie, le cœur noir est également très plébiscité. Il s’agit d’une déformation esthétique, notamment un changement de couleur, de l’arbre en raison de l’humidité abondante du sol, entre autres. Cette anomalie a permis l’apparition de ce que les ébénistes appellent « bois-olive ».
En élevage, les feuilles de frêne ont servi de fourrage pour les bovins, les ovins, les équidés et les caprins. Il n’est pas rare de rencontrer des plantations afin de les émonder, c’est-à-dire enlever les branches inutiles ou mortes. Celles-ci fournissent de la nourriture pour le bétail.
Le Fraxinus excelsior produit de la manne, une sorte de liquide que la plante sécrète après incision de l’écorce. Elle se consomme sous forme de pastilles, de tisane ou de sirop. Elle révèle un goût légèrement sucré avec une action laxative.
La posologie du frêne dépend de la forme galénique choisie :
La prudence est de mise en cas d’association avec d’autres traitements diurétiques. Dans tous les cas, la consultation médicale s’impose avant toute prise.
Bien qu’aucune contre-indication ne soit vraiment formulée ni connue, l’utilisation des plantes à des finalités thérapeutiques n’est pas anodine. En revanche, il est déconseillé de donner du frêne élevé aux femmes enceintes et allaitantes.
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