L’Euphraise, de son nom scientifique Euphrasia, est un genre de plantes à fleurs de la famille des Orobanchaceae. Plus de 400 espèces sont réparties dans le monde. Ces plantes hémiparasites chlorophylliennes se développent principalement aux côtés de graminées et de joncs. Seulement quelques-unes d’entre elles sont exploitées en phytothérapie, à l’exemple de l’Euphrasia officinalis.
Durant le Moyen Âge, la plante était désignée par euphrasia dans plusieurs herbiers, notamment le « Tractatus de herbis ». Cette dénomination était liée à Euphrosyne, l’une des trois Charites de la Grèce antique, symbolisant la joie et l’allégresse.
Au XVII e siècle, les apothicaires ont utilisé le terme « euphrasie ». Cette appellation dérive du grec ancien εὐφρασία, euphrasia, signifiant « joie ». À cette même période, le nom Εὐφροσύνη ou euphrosyne était également employé. Les termes ophthalmica et occularia désignaient indistinctement les Euphraises.
En 1753, Carl Von Linné, naturaliste suédois, a défini le nom Euphrasia dans son ouvrage « Species plantarum ».
Au XIXe siècle, ce nom scientifique a été simplifié en « euphraise ». Pour Gaston Bonnier, un botaniste français, la plante guérit les yeux et, par conséquent, ramène la joie, mais sa version ne fait pas l’unanimité.
Actuellement, l’appellation familière « casse-lunettes », « délice des yeux » ou « herbe aux myopes » peuvent englober toutes les espèces du genre ou spécifiquement l’E. officinalis.
Les Euphraises sont des herbacées annuelles de 10 à 30 cm de haut. Le système racinaire se compose d’une racine principale, d’où émergent des racines secondaires. Ces dernières comportent de petits suçoirs, appelés « haustoria », qui leur confèrent la capacité de parasiter les plantes hôtes.
Les tiges peuvent être simples ou ramifiées, avec des feuilles, vert-vif et dentées au bord poilu avec des trichomes. Cela leur donne une texture légèrement duveteuse ou veloutée.
Leurs fleurs, solitaires et regroupées en grappes terminales à l’image d’un épi inversé. Le calice, de couleur verte, est en forme de cloche coupée en quatre parties, soudées deux par deux. La corolle est blanche ou violette, avec des stries pourpres et une tache jaune au centre. Elle se termine par un ensemble de deux parties distinctes. Le lobe supérieur est recourbé à la manière d’un casque. Le lobe inférieur est aplati et divisé en trois sections. La fleur présente deux longues étamines et deux autres plus courtes. Elles sont groupées sous la partie courbe. Les anthères ont deux loges et sont munies de fines pointes. Le style est long et son stigmate est composé de minuscules excroissances. les abeilles pollinisent les fleurs. Le fruit est une capsule oblongue qui s’ouvre par des fentes longitudinales pour laisser échapper de nombreuses graines ovoïdes.
La majorité des espèces d’Euphrasia montrent une grande variabilité, des différenciations légères et une hybridation aisée. Cela rend la taxonomie du genre Euphraise complexe. Il est fréquent de rencontrer des populations où un trait se trouve en dehors de la gamme conventionnelle de variation. De même, les caractéristiques d’une espèce peuvent s’intégrer dans ceux d’une autre. Les éléments qui aident à la classification incluent :
Par ailleurs, la couleur de la corolle doit être observée sur une plante vivante, car elle peut changer en séchant.
Parmi les nombreuses espèces d’Euphraise, certaines se démarquent des autres. Cela peut être en rapport avec leurs traits distinctifs, leurs habitats préférentiels, ainsi qu’avec leurs applications traditionnelles dans la phytothérapie. Certaines taxons sont spécifiques à des régions géographiques et sont utilisées localement pour leurs propriétés médicinales. Voici les trois espèces les plus connues.
Euphrasia officinalis est l’espèce la reconnue dans la phytothérapie pour ses vertus médicinales dans le traitement des affections des yeux. Elle se reconnaît par les poils distinctifs et parfaitement visibles sur le calice. Ses fleurs blanches comportent une tache jaune et des stries violettes. Elles éclosent de juillet à septembre. Son synonyme est Euphrasia rostkoviana, également appelée euphraise de Rostkov.
Euphrasia nemorosa est également connue sous le nom de « Euphraise des bois ». Elle est abondamment répandue dans les environnements forestiers et dans les zones herbeuses. Ses fleurs blanches ont une tache jaune, mais ne comportent aucun veinage. L’espèce ne trouve aucune application en phytothérapie.
Euphrasia stricta, ou Euphraise raide, se distingue par sa tige dressée et fine, ainsi que par ses fleurs aux nuances roses ou violettes. Elles ne sont pas veinées. Cette espèce d’Euphrasia préfère les prairies et les landes. Elle est fréquemment rencontrée dans les régions montagneuses. Elle a à peu près les mêmes propriétés que l’herbe aux myopes. Elle est également exploitée en phytothérapie pour ses bienfaits sur la santé oculaire et respiratoire.
L’Euphraise se retrouve uniquement dans les régions à climat tempéré ou continental, aussi bien dans les plaines que dans les montagnes. Certains taxons ne se rencontrent que dans des endroits spécifiques : prés salés, landes, prairies ouvertes ou éboulis de montagnes.
L’herbe aux myopes prospère sur des sols variés : légers, lourds, sablonneux, argileux ou limoneux. Il est cultivé au début du printemps, lorsque les risques de gelées excessives diminuent. Pour ce faire, il est recommandé de semer les graines directement dans un sol humide.
La plante ne nécessite aucun entretien particulier et elle est résistante jusqu’à une température de -25 °C.
La récolte des jeunes pousses se fait principalement pour une utilisation culinaire ou médicinale. Ainsi, cultiver et entretenir les plantes de ce genre sont relativement simples. Cela peut être gratifiant aussi bien pour les jardiniers amateurs que pour les amateurs de plantes médicinales.
Le casse-lunettes est relativement épargné par les problèmes de maladies et par les attaques de parasites.
Il est important de noter que seule l’espèce Euphrasia officinalis, avec des poils glandulaires sur le calice, est la plus couramment exploitée pour ses vertus médicinales. Ses composants actifs ont des propriétés bénéfiques pour la santé :
Les propriétés bioactives de l’herbe aux myopes la rendent utile dans diverses applications de la phytothérapie.
Les indications thérapeutiques courantes de l’Euphraise comprennent :
Cependant, les effets bénéfiques de la plante peuvent varier et ne conviennent pas nécessairement à toutes les situations. Par conséquent, il est recommandé en premier lieu de consulter un professionnel de la santé.
L’Euphrasia est principalement utilisée sous forme séchée.
Pour l’infusion, il suffit de verser une cuillère à soupe de la plante coupée dans une tasse d’eau bouillante. Laissez reposer environ dix minutes avant de filtrer. Cette tisane au goût fort et amer est préconisée à raison de deux à trois tasses par jour.
La décoction aide également dans le traitement des allergies saisonnières. 10 g d’Euphrasia sont mélangés avec la même quantité de plantain lancéolé et d’ortie (Urtica dioica). Faites bouillir dans un litre d’eau pendant dix minutes.
Il implique l’application de compresses ou la réalisation de bains oculaires plusieurs fois par jour.
Pour la décoction, versez 30 g d’Euphraise séchée dans 1 l d’eau et portez le tout à ébullition durant 3 mn. Puis, laissez infuser 10 mn. Elle est utilisée pour laver les yeux avec une compresse ou pour un bain des yeux. En cas d’écoulements nasaux ou de rhume des foins, elle peut servir pour nettoyer les narines. Pour augmenter l’efficacité, une association avec de l’aigremoine séchée est parfois envisagée. Quelques gouttes de collyre à base d’Euphrasia peuvent être déposées dans le sac conjonctival de l’œil, à une fréquence de deux à trois fois par jour.
Il est recommandé d’éviter la consommation de l’Euphraise dans certains cas, car les effets spécifiques n’ont pas encore été suffisamment étudiés.
Les personnes allergiques aux plantes de la famille des Orobanchaceae ou aux autres composants de l’Euphrasia devraient éviter son utilisation.
Par précaution, elle n’est pas recommandée aux femmes enceintes, allaitantes et aux jeunes enfants, en particulier sans avis médical.
La pyrrolizidine, une substance présente dans l’Euphraise, peut causer des dommages au foie lorsqu’elle est ingérée en grande quantité. Les personnes ayant des problèmes hépatiques ou biliaires devraient s’abstenir de consommer la plante.
Une consommation prolongée de l’Euphrasia provoque des effets indésirables, comme des troubles gastro-intestinaux.
L’herbe aux myopes peut interagir avec certains médicaments, notamment les anticoagulants. Sa consommation peut accroître le risque d’un saignement excessif. Une consultation chez un professionnel de la santé est recommandée avant toute utilisation de l’Euphraise en cure.
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