L’épine-vinette ou Berberis vulgaris est un arbuste appartenant à la famille des Berberidaceae. Particulièrement appréciée pour ses baies au goût acidulé, cette plante renferme également des vertus thérapeutiques intéressantes. Elle est utilisée pour le traitement des lithiases rénales et des troubles hépatiques.
Berberis désigne le nom du fruit de la plante en arabe. Le mot signifie « coquille », en référence aux pétales creux des fleurs, donnant une allure semblable à celle des enveloppes des mollusques.
« Épine » rappelle le caractère épineux de l’espèce.
Quant au terme « vinette », il vient du mot « vin », en référence à la couleur rouge bordeaux des fruits. Il est également le nom vernaculaire de l’oseille dont les feuilles rappellent son goût acide. Il s’agit d’une caractéristique qui est à l’origine des autres appellations de l’épine-vinette en français, à savoir : oseille des bois, vinaigrette, pisse-vinaigre et piche-vinette.
Cette plante est aussi nommée vinettier, arbre salé, petite vigne, berbéris et myrtille sauvage d’Iran.
La Berberis vulgaris est un arbuste à port touffu et ramifié. Sa hauteur à maturité peut atteindre entre deux et trois mètres.
Les tiges sont munies d’épines à trois pointes. À la fois dressées et cassantes, elles présentent une couleur jaunâtre qui vire au gris à mesure que la plante croît.
Les feuilles sont fasciculées, ovales et alternes. Leur couleur est vert foncé au-dessus et vert clair sur le revers. Elles sont dépourvues de poils et sur les bords, elles présentent de fines dents irrégulières. Étant une plante caduque et semi-persistante, l’épine-vinette perd la totalité de son feuillage en hiver.
Les fleurs sont hermaphrodites. En d’autres termes, chacune d’elles possède à la fois des organes femelles ou pistils, ainsi que des organes mâles ou étamines. Elles sont disposées en grappes et sont facilement reconnaissables de par leurs six pétales à la teinte jaune d’or.
Enfin, les fruits se présentent sous forme de nombreuses baies ovales. Elles sont de couleur verte à leur apparition, puis deviennent jaunes, ensuite rouges une fois matures. Elles ont chacune 3 à 5 mm de large et 7 à 12 mm de long.
L’épine-vinette est une plante originaire de l’Asie occidentale, ainsi que de l’Europe méridionale et centrale. Elle pousse en majorité dans les haies et les buissons situés jusqu’à une altitude de 2 000 m.
En France, elle est surtout présente dans les endroits au sol calcaire.
Cultivée, cette espèce constitue une plante ornementale des haies.
L’épine-vinette préfère les sols calcaires, caillouteux, sableux, limoneux ou argileux. Elle préfère aussi un terrain bien drainé et qui soit bien exposé au soleil ou mi-ombragé.
En pépinière, la culture se fait par semis au mois de mars. Cependant, vous pouvez aussi réaliser une multiplication par bouturage. Pour ce faire, prélevez les boutures en été. Ensuite, procédez à la plantation en automne.
L’épine-vinette est une plante facile à entretenir. Une fois établie, elle n’a pas besoin de beaucoup d’eau. L’arrosage doit ainsi être réalisé de manière ponctuelle.
Le taillage est à effectuer au mois de mars. Le but étant de donner à la plante une silhouette équilibrée. Cette opération permet aussi de favoriser la floraison qui a lieu en mai et en juin.
En été, il peut être nécessaire de couvrir les pieds des plantes avec des pailles afin de maintenir la fraîcheur au niveau du sol.
La récolte des baies peut se faire au mois de septembre ainsi qu’en octobre.
Il existe deux sous-espèces d’épine-vinette.
La première est la Berberis vulgaris L. subsp. australis (Boiss.) Heywood.
La seconde est la Berberis vulgaris subsp. seroi O.Bolòs & Vigo.
Le vinettier contient des alcaloïdes isoquinoléiques. Le plus important d’entre eux est la berbérine. Viennent ensuite la berbamine, la palmatine et la magnoflorine. Il renferme aussi de l’oxyacanthine qui est un alcaloïde bisbenzyltétrahydroisoquinoléine.
Les feuilles comportent de l’acide oxalique.
Enfin, les baies affichent un taux élevé de vitamines C et de fer. Elles contiennent également de la pectine et des acides organiques.
L’usage de l’épine-vinette pour ses propriétés médicinales remonte à 2 500 ans. Dans l’Égypte ancienne, elle servait surtout à combattre la fièvre. De par la théorie des signatures, elle était également employée pour traiter les troubles relatifs à la vésicule biliaire. En effet, l’écorce des rameaux, grâce à la présence de la berbérine, était d’une couleur jaune semblable à celle de la bile.
Aujourd’hui, après de nombreuses études, d’autres propriétés et indications thérapeutiques sont associées à cette plante.
L’épine-vinette présente des propriétés cholérétiques et cholagogues. En d’autres termes, elle stimule la production de la bile par le foie. Elle facilite aussi son évacuation dans les voies biliaires et extra-hépatiques.
De par ces deux activités, et grâce au caractère hépatoprotecteur de la berbérine, cette plante est ainsi indiquée en cas :
Enfin, elle est aussi utile en cas d’intoxication aux médicaments et aux polluants chimiques.
Au niveau des reins, l’épine-vinette favorise l’élimination des acides uriques via l’urine. Elle aide à traiter et à prévenir l’hyperuricémie, les coliques néphrétiques, ainsi que les calculs et les brûlures urinaires.
Cette plante intervient dans le traitement des infections intestinales et des troubles gastriques. Elle accélère également la cicatrisation du tube digestif.
Par ailleurs, la berbérine étant antiamibienne, la plante se révèle utile en cas de dysenteries amibiennes.
Enfin, l’oxyacanthine stimule la sécrétion salivaire, ce qui favorise la digestion.
La berbaramine, la magnoflorine et l’oxyacanthine ont des effets hypotenseurs.
Quant à la berbérine, elle a la capacité de réguler le cholestérol sanguin ainsi que la glycémie. Elle agit également sur le métabolisme, intervenant ainsi dans la lutte contre l’obésité et le surpoids.
L’association de ces propriétés permet à l’épine-vinette d’améliorer la santé cardiovasculaire. Elle intervient, notamment, dans le traitement de l’hypertension artérielle, de l’arythmie cardiaque et du diabète.
La Berberis vulgaris renferme des propriétés antibactériennes, antifongiques, anti-inflammatoires, cicatrisantes et astringentes. Elle peut ainsi servir à traiter les affections cutanées comme les plaies, le psoriasis, l’eczéma et les dermatoses.
Elle aide aussi à calmer les inflammations oculaires et s’utilise contre les troubles du cycle menstruel.
Enfin, elle atténue les douleurs localisées comme la dorsalgie, la lombalgie, la goutte, le rhumatisme et la douleur des cordons spermatiques.
Dans 100 g d’épine-vinette, on relève une quantité de 26 mg de fer. En cas de carence, sa consommation permet de combler les manques.
Grâce à cette propriété nutritionnelle, cette plante intervient en tant que traitement complémentaire de l’anémie ferriprive. Elle optimise également les fonctions du système immunitaire grâce à ses activités antianémiques, antifatigues, immunomodulantes et toniques mentaux.
En fonction de la forme pharmaceutique, l’épine-vinette s’administre soit par voie interne, soit par application externe.
Pour une décoction, vous pouvez utiliser soit de l’écorce de racine séchée, soit des baies.
Pour la première, le dosage recommandé est une cuillère à café de matière pour une tasse d’eau. Portez cette dernière à ébullition, et versez-y ensuite les écorces de racines séchées. Laissez mijoter à petit feu pendant 20 min, puis filtrez. Buvez deux tasses de cette boisson par jour.
Pour les baies, réalisez une décoction avec 1 L d’eau et 30 à 60 g de fruits. Laissez refroidir et buvez cette boisson rafraîchissante tout au long de la journée pour apaiser les maux de gorge. Enfin, pour faciliter la digestion, notamment après un repas copieux, vous pouvez réaliser une infusion digestive. Celle-ci contiendra des baies de Berberis vulgaris, d’anis vert et de badiane.
Les gélules renferment de l’extrait standardisé de berbérine obtenu à partir de l’épine-vinette. La dose d’alcaloïde contenue dans chaque gélule varie en fonction du fabricant. Il est ainsi conseillé de prendre connaissance de la notice d’usage avant le traitement.
La posologie des granules homéopathiques est fixée en fonction des troubles à traiter. Avant le début de la cure, il est ainsi avisé de demander des conseils à un spécialiste en homéopathie.
La teinture mère d’épine-vinette est principalement utilisée pour le drainage du foie. Elle aide aussi à stimuler le système immunitaire. En effet, cette solution présente des propriétés toniques et dépuratives.
La posologie recommandée est de 15 gouttes de teinture mère à diluer dans l’eau. Buvez le mélange le matin et le soir, avant ou après le repas.
En usage externe, diluez la teinture mère à 15 à 25 % dans une solution physiologique pour compresses ou dans une eau stérile. Ensuite, appliquez la solution en cataplasme sur la peau en cas d’affections cutanées.
En pharmacie, vous pouvez trouver des collyres à base d’épine-vinette. Ils s’utilisent uniquement par voie externe, et sous prescription médicale.
L’intégralité de la plante s’avère toxique, surtout les baies quand elles ne sont pas encore mûres. La consommation des fruits verts peut, notamment, entraîner des nausées, des diarrhées, des vertiges, des troubles gastriques et des convulsions.
Des symptômes similaires apparaissent lors d’un surdosage ou d’une consommation sur une période prolongée. Dans les cas les plus graves, la personne peut même avoir des difficultés à respirer et une chute de tension. Son rythme cardiaque se retrouve aussi diminué.
Les produits pharmaceutiques à base d’épine-vinette sont contre-indiqués aux enfants de moins de six ans, ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes.
En outre, il est conseillé de toujours demander l’avis d’un professionnel de santé avant le début d’un traitement. La consultation est d’autant plus recommandée si vous souffrez de l’un des troubles suivants : hypercholestérolémie, diabète et toute autre affection cardiaque.
Outre ses vertus thérapeutiques, cette plante dispose d’autres applications, notamment en cuisine et en artisanat.
Les baies mûres de l’épine-vinette se démarquent par leur texture moelleuse et leur goût acidulé. En cuisine, elles peuvent être intégrées soit dans des recettes salées, soit dans des préparations sucrées.
Dans les premières, ces fruits se mélangent parfaitement bien aux viandes, aux poissons, aux œufs et aux gibiers. En Iran, ils constituent l’un des ingrédients principaux du zereshk polo. Il s’agit d’une recette de riz aux baies d’épine-vinette et qui contient du poulet parfumé. D’autres épices comme le cumin, le safran et la coriandre viennent aussi rehausser le goût du plat.
Dans les recettes sucrées, les baies de Berberis vulgaris se marient très bien aux desserts à base de chocolats. Vous pouvez aussi les incorporer dans votre préparation de petits sablés aux noisettes ou en faire de la confiture et de la gelée. Enfin, ces baies peuvent être consommées telles quelles, sous forme de granola ou de muesli.
Le suc des baies de l’épine-vinette, mélangé à l’alun, donne une coloration rouge vif. Les rameaux brisés secrètent du colorant jaune. Ces extraits sont employés en teinturerie pour teindre le cuir et les tissus.
Cette plante fournit également du bois à la fois dur et fin qui est utilisé en menuiserie et en marqueterie. On s’en sert aussi pour fabriquer des cure-dents.
Dans la nature, cette espèce fournit le gîte et le couvert aux oiseaux qui se nourrissent des baies. Elle attire aussi les abeilles et d’autres insectes pollinisateurs. En effet, de par ses inflorescences, elle est une plante à la fois nectarifère et mellifère.
L’épine-vinette sert également de plante hôte à la rouille noire. Il s’agit d’un champignon nuisible qui ravage les cultures de blé et de céréale. En raison de cette caractéristique, cette espèce a alors fait l’objet d’éradications fréquentes en France à partir du XIXe siècle. Une situation qui a entraîné la rareté de la plante dans certaines régions de l’Hexagone. À Poitou-Charentes, par exemple, elle est déclarée comme étant « Quasi menacée ». Ce statut indique qu’en l’absence d’adoption de mesures de conservation, la plante pourrait devenir une espèce menacée.
En Picardie, elle est déclarée comme « Vulnérable ».
Enfin, en Limousin, en Haute-Normandie et en Île-de-France, elle est considérée comme étant « En danger ».
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