L’églantier, de son nom scientifique Rosa canina, est l’espèce de rosiers sauvages la plus répandue. Cet arbrisseau épineux fait partie des rosacées et pousse généralement dans les plaines. Il est connu sous diverses appellations, comme gratte-cul, rosier des haies, rosier sauvage ou encore rosier des chiens. Il possède des propriétés intéressantes en phytothérapie, notamment grâce à ses faux fruits appelés cynorrhodons.
Originaire d’Asie occidentale et d’Europe, l’églantier se rencontre dans plusieurs types d’environnements jusqu’en Afrique du Nord. On en trouve au bord des routes et dans les broussailles, entre autres. Il s’agit d’une plante indigène ayant la particularité d’être mellifère, probablement la seule de son espèce à avoir cette caractéristique.
Ses vertus thérapeutiques sont connues et exploitées depuis l’Antiquité. Ses racines sont longtemps réputées pour leur action sur les morsures de chiens enragés, expliquant l’appellation rosier des chiens. Par ailleurs, le nom églantier lui-même est tiré du terme grec kunorhodon qui se traduit par rose de chien. Dans la même logique, la plante aurait aussi contribué dans la guérison d’un chien enragé. Plusieurs appellations désignent le fruit, comme poil à gratter ou encore gratte-cul. Ces désignations trouvent leur origine dans l’aspect de l’akène poilu qui provoque des démangeaisons.
Les Perses et les peuples médiévaux consommaient le fruit de l’églantier comme remède et friandise. Dans la civilisation gréco-romaine, ses fleurs agissaient contre les migraines. La population s’en couvrait la tête pour se protéger des maux de tête. La désignation « baie de Judas » provient de la légende selon laquelle cet apôtre de Jésus s’est pendu à cet arbrisseau. D’autres légendes rapportent que les oreillers de Cléopâtre étaient composés de fleurs d’églantier.
L’églantier mesure 1 à 5 m de hauteur, tandis que les tiges sont dressées et les feuilles, alternes et dentées. Épineuses, les branches de cet arbrisseau comportent des aiguillons crochus et des fleurs solitaires ou regroupées appelées églantines. Celles-ci sont reconnaissables à leur couleur blanc rosé, à leur fragilité et à leurs carpelles poilus. En botanique, les carpelles deviennent des akènes ou des fruits lorsqu’ils sont fécondés.
Il s’agit également d’une plante hermaphrodite et mellifère, dont les espèces pollinisatrices sont les insectes et les oiseaux.
Les églantines font 4 ou 5 cm de diamètre et les cynorrhodons, entre 1,5 et 2 cm de long. Plante vigoureuse, l’églantier fleurit généralement au mois de juin avec des étamines dorées. Les gratte-culs mûrs, une sorte de baies de forme ovale, sont de couleur rouge brillant. Ces fruits sont comestibles et sources de vitamine C.
L’espèce Rosa canina connaît une multitude de variétés et d’hybrides, pour ne citer que le Rosa canina andegavensis, le Rosa hibernica ou encore le Rosa deseglisei.
Arbuste sauvage, l’églantier pousse en milieu naturel, notamment dans les zones tempérées. Il a recouvert des régions telles que les îles Canaries, le Caucase, le sous-continent indien ou encore la Méditerranée. L’espèce se rencontre aussi dans des pays comme l’Irak, l’Afghanistan et la Russie. Le continent américain et l’Océanie l’ont naturalisée, notamment la Nouvelle-Zélande, l’Australie et les USA. L’églantier connaît ainsi une vaste répartition dans le monde, jusqu’en Scandinavie et dans les îles britanniques.
On distingue trois types de composants pour le rosier des chiens. Les bourgeons contiennent des flavonols, des acides hydroxycinnamiques et des glycosides de quercétine, entre autres. Les graines intéressent pour leur teneur en acides gras poly-insaturés. Les baies sont composées d’acide ascorbique (vitamine C), de sels minéraux (calcium, potassium, phosphore, etc.), et de tanins. Elles contiennent aussi des flavonoïdes et des acides de fruits. Elles présentent ainsi des traces d’acides gallique, citrique, malique et quinique. Il existe d’autres vitamines dans le cynorrhodon, comme la provitamine A ainsi que les vitamines PP et B.
Les propriétés phytothérapiques de l’églantier sont nombreuses, expliquant son utilisation tant en pharmacopée qu’en cosmétique.
La forte teneur en vitamine C fait de ses fruits de bons alliés pour tonifier l’organisme. Les cynorhodons sont longtemps connus pour leur participation dans la prévention des symptômes grippaux. La présence des polyphénols apporte un effet antioxydant. Des vertus anti-obésité et vermifuges sont également reconnues. Les baies ont des propriétés astringentes tandis que les fleurs sont laxatives.
Il en va de même pour les bourgeons qui présentent des effets décongestionnants et anti-inflammatoires.
La partie la plus utilisée de l’églantier est le cynorrhodon, mais les feuilles servent aussi dans diverses préparations.
Les fruits de l’églantier sont appréciés en cuisine, car leur pulpe est goûteuse. Les cynorrhodons s’introduisent aussi bien dans les recettes sucrées que salées. En effet, leur purée se retrouve dans des préparations de boissons comme des jus ou des sirops. On en retrouve aussi dans des confitures.
Le nyponsoppa, une soupe suédoise, est à base de ces baies de rosier sauvage. Le šípková omáčka, spécialité tchèque et slovaque, contient de la poudre de cynorrhodons dans ses ingrédients de base. Des pâtes à pizza et des sauces tomates comportent de la purée de cynorrhodons. La gelée d’églantier existe également.
Les églantines sont aussi utilisées dans la fabrication d’eau-de-vie, des boissons obtenues par macération ou par fermentation. Grâce à leurs notes délicates, elles servent aussi dans la production d’hydrolat pour parfumer des spécialités maghrébines. Les pâtisseries telles que les kaâk warka et les baklavas sont aromatisées à l’églantier.
Les églantines ont des propriétés antirides, cicatrisantes et anti-vergetures. Elles sont utilisées en cosmétique pour fabriquer un macérât huileux. Elles aident dans la régénération de la peau et ont des actions sur les ulcères cutanés.
Depuis longtemps, l’églantier a servi de porte-greffe en jardinage, notamment dans le greffage de rosiers tiges. Certaines variétés de Rosa canina sont aussi appréciées en tant que plantes d’ornement.
Grâce à ses multiples vertus phytothérapiques, l’églantier est depuis longtemps utilisé dans de nombreuses civilisations. En Tunisie, l’eau d’églantine participe au confort cardiaque en agissant comme tonicardiaque. Son effet cicatrisant justifie aussi son utilisation en application cutanée.
Le bourgeon est connu en gemmothérapie et soulage les inflammations récidivantes, comme en cas de furonculose, d’amygdalite ou d’otite. Il est également indiqué pour apaiser la rhinite, la colite, la trachéobronchite ainsi que la pharyngite. La jeune pousse d’églantier agit sur les troubles ORL et les symptômes asthmatiques infantiles. On lui reconnaît des propriétés stimulantes et antivirales. Cette partie de la plante est utilisée pour soulager les types d’eczéma et d’infections cutanées comme les démangeaisons ou l’herpès. Enfin, des actions sur les troubles de croissance ont également été rapportées. Ainsi, le bourgeon d’églantier contribue dans le traitement des problèmes de croissance osseuse et articulaire.
Le cynorhodon renforce les défenses immunitaires et aide à prévenir les infections hivernales, la grippe ou encore certaines maladies infectieuses. Les actions tonifiantes sont utiles pour les personnes présentant une carence en vitamine C, stressées ou souffrant de fatigue post-infectieuse. Excellent anti-inflammatoire, la baie d’églantier soulage les douleurs liées à plusieurs formes d’arthrite et d’arthrose.
Les propriétés astringentes sont indiquées pour apaiser l’entérite et la diarrhée. Son action vermifuge aide à se débarrasser des parasites intestinaux.
Pour renforcer le système immunitaire, il est indiqué de faire une cure de trois semaines de macérât glycériné de bourgeons d’églantier. La posologie est de diluer cinq gouttes dans un verre d’eau et d’en boire trois fois par jour.
Pour soulager les symptômes grippaux et le rhume, une décoction de quatre à six fruits dans 150 ml est indiquée. Il suffit de faire bouillir pendant deux minutes et de laisser infuser une dizaine de minutes. Il est recommandé de filtrer le mélange et de boire trois tasses par jour.
Pour profiter des effets vermifuges et anti-diarrhées, il faut préparer une décoction de 30 à 50 g de cynorrhodons. Les faire bouillir dans un litre d’eau pendant deux à cinq minutes, puis laisser infuser 10 mn. Le dosage recommandé est à raison de quatre tasses par jour au maximum.
Pour faciliter le travail des appareils digestifs, une infusion d’églantine est souvent préconisée. Pour ce faire, il faut infuser deux cuillères à café d’églantines séchées dans 150 ml d’eau pendant 10 mn.
Pour apaiser les affections cutanées et soulager les peaux acnéiques, la même infusion s’utilise en nettoyage avec des compresses.
Pour l’usage en teinture mère, il convient d’ajouter 20 à 25 gouttes de cynorrhodon dans un verre d’eau. Une prise avant chaque repas suffit.
Les précautions d’emploi de l’églantier portent surtout sur les akènes ou les fruits. En effet, les poils du cynorrhodon risquent d’irriter la peau et d’être responsables de fortes démangeaisons anales. Il fait partie des fruits dits faiblement toxiques.
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