Le colchique est une plante vivace qui pousse en Asie Mineure et en Europe.
Ses multiples vertus thérapeutiques sont connues depuis l’Antiquité. Il est également réputé pour sa haute toxicité. Il est aussi surnommé « tue-chien » ou « safran des prés ».
Ces herbacées à fleurs délicates et esthétiques du genre Colchicum sont très appréciées par les amateurs de jardinage.
Dans la mythologie grecque, la magicienne Médée utilisait souvent le colchique. Elle s’en servait pour concocter des potions rajeunissantes et pour empoisonner ses rivales.
Diverses propriétés thérapeutiques de la plante sont connues et exploitées depuis l’Antiquité. Les anciens guérisseurs arabes s’en servaient également.
Au Moyen Âge, son usage est jugé trop dangereux : il faiblit.
Au XIXe siècle, le colchique connaît un regain d’intérêt grâce aux recherches réalisées par les chimistes français Joseph-Bienaimé Caventou et Pierre-Joseph Pelletier. Les deux spécialistes identifient la molécule de colchicine. Cet alcaloïde actif est capable de soulager l’inflammation s’il est pris à la bonne quantité.
Par la suite, des expériences effectuées par un médecin autrichien, M. Stork, révèlent ses capacitésà réduire les problèmes diurétiques. Il explique que la nocivité de la racine est réduite en la mélangeant avec du vinaigre.
De nos jours, de nombreux produits à base de colchique sont disponibles dans les boutiques spécialisées.
Près de cent espèces du genre Colchicum sont répertoriées dans le monde. La majorité se découvre dans les Balkans.
Certaines espèces fleurissent en hiver. Tel est le cas du Colchicum hangaricum Janka qui pousse dans les Balkans, ainsi que celui du C. bulbocodium Ker Gawl qui vient des Alpes occidentales. Le C. luteum qui est originaire d’Asie centrale fleurit avant l’arrivée du printemps. Les floraisons sont soit automnales, soit printanières.
Parmi le grand nombre d’espèces, quelques-unes peuvent être citées.
Le C. autumnale ‘Pleniflorium’ est doté de fleurs doubles.
Le croisement entre deux espèces donne des hybrides aux caractéristiques très spécifiques.
Les hybrides ‘Giant’ et ‘Lilac Wonder’ produisent des fleurs géantes. Ils sont obtenus par le croisement de l’espèce C. speciosum et du C. bivonae. Avec ses fleurs à pétales très développés, l’hybride ‘Giant’ est probablement la plus impressionnante de toutes les variétés de colchiques.
L’hybride ‘Waterlily’ a été créé au XXe siècle par la pollinisation entre le C. automnale ‘Alboplenum’ et le C. speciosum ‘Album’. Il se distingue par des fleurs doubles ainsi qu’une forte ressemblance avec l’aspect du nymphéa.
L’hybride ‘Baker’ est formé par le croisement du C. automnale avec le C. variegatum. Il produit de jolies fleurs en forme de damier.
Les colchiques font partie de la famille des Liliaceae.
Grâce à leur aspect attrayant, ces plantes intéressent particulièrement les paysagistes. Elles sont parfaites pour garnir les pelouses ou les plates-bandes d’un jardin. Elles peuvent aussi habiller le contour du bas des arbres.
Le colchique se présente comme une petite herbacée poussant au ras du sol. De manière générale, sa hauteur dépasse rarement dix centimètres. Seule l’espèce ‘Giant’ peut mesurer jusqu’à près de 20 cm.
Autour du bulbe, ses feuilles ne poussent pas en même temps et ne risquent pas de dissimuler les fleurs. Ces dernières restent bien valorisées. Elles dévoilent des pétales dont les couleurs vont du mauve au rose. Certaines espèces sont dotées de magnifiques fleurs de teinte pastel ou jaune. Les espèces aux fleurs doubles sont les plus rares.
Sa floraison est synonyme de la fin de la belle saison. Généralement, les colchiques fleurissent vers la fin de l’été après l’apparition des feuilles et des fruits.
Une certaine similitude est constatée concernant l’aspect des fleurs automnales. En revanche, les feuilles sont différentes. À l’inverse, les feuilles des plantes printanières possèdent la même apparence tandis que les fleurs restent diversifiées.
Le composant bioactif principal du colchique est la colchicine. Il s’agit d’un alcaloïde qui possède des propriétés puissantes, à la fois toxiques et thérapeutiques. En effet, sa consommation peut engendrer un grave empoisonnement souvent mortel.
Cette substance est toxique à partir de 10 mg, elle est mortelle à 40 mg. Pour un adulte, cette dose équivaut à 5 g de graines, pour un enfant, à 1,2 à 1,5 g de graines.
Elle se retrouve dans toutes les parties de la plante : les branches, les feuilles, le bulbe, les graines et les fleurs. Le pourcentage de colchicine atteint son paroxysme au moment où les fleurs se fanent, généralement en juillet. Sur le bulbe, le taux de colchicine est d’environ 0,03 % à 0,06 %.
Les autres composants sont, entre autres : de l’amidon, de l’huile grasse, du tanin et de l’inuline. Ceux-ci sont également issus du bulbe.
Ces deux plantes sont souvent confondues. Il est crucial de savoir différencier l’ail des ours, qui est comestible, et le colchique, qui est toxique et potentiellement mortel. Voici les principales différences pour éviter une intoxication avant toute cueillette.
| Colchique | Ail des ours |
| Pas de tige | Présence de tiges |
| Feuilles dodues, plutôt rigides, à bouts arrondis | Feuilles plus ou moins brillantes, ovales et pointues |
| Bulbe arrondi et de teinte sombre | Bulbe allongé et de couleur blanche |
| Fleurs mauves | Fleurs en forme d’étoile de couleur blanche |
Par ailleurs, les feuilles de l’ail des ours dégagent une odeur rappelant celle de l’ail lorsqu’elles sont malaxées dans les mains. Celles du colchique n’ont pas d’odeur.
Enfin, toutes les espèces du genre Colchicum se particularisent par un goût prononcé et amer. Si malgré toutes les précautions, ce critère se ressent, arrêter immédiatement d’en consommer, et consulter un spécialiste.
Une astuce consiste à prendre un cliché de la plante avant cueillette, et à le présenter à un botaniste ou à un herboriste pour que celui-ci émette un avis.
Le colchique est facile à planter, il s’adapte aux climats les plus rudes et demande peu d’entretien. Il faut toutefois le cultiver à la bonne période : entre juillet et octobre.
Afin d’obtenir un résultat esthétique, il est préférable de le repiquer par groupes. Placer cinq bulbes côte à côte peut être astucieux. Chaque bulbe devrait disposer d’environ 10 à 15 cm d’espace de tout côté. Une autre possibilité est de mettre en terre tous les cinq bulbes en creusant un grand trou. Le rendu sera tout aussi joli.
Une fois planté, le colchique peut se développer sans arrosage. Disposer des repères sur chaque plant est judicieux : c’est le meilleur moyen de vous retrouver lors du prochain entretien de vos cormes. Enfin, il est conseillé de préserver les plantules des intempéries : opter pour un endroit à l’abri du vent et de la pluie.
La colchicine est l’alcaloïde contenu dans le bulbe et les graines, il est extrait pour soulager certains maux. Cette molécule confère à la plante des propriétés analgésiques, diurétiques, diurétiques, antiallergiques et antivirales. En outre, elle possède des aptitudes inhibant les mitoses cellulaires, et favorisant la sécrétion intestinale et hépatique.
Les produits à base de colchique contribuent à soulager la goutte, le rhumatisme articulaire, la crise arthritique, la cirrhose du foie, la migraine, les crises d’asthme, les allergies, les névralgies, l’atrophie musculaire. Ils aident également à soutenir les traitements contre certains cancers. Toutefois, il est fortement recommandé de faire attention à leur grande toxicité.
Les produits dérivés du colchique se présentent sous différentes formes : huiles essentielles, poudre de plante sèche pour infusion, etc. Quels que soient les formes et les effets escomptés, ils sont à employer avec précaution.
La colchicine est efficace notamment dans l’allègement de la goutte. La teinture de semences peut être suffisante pour apaiser une crise légère. Les symptômes disparaissent après la prise régulière de 15 gouttes, 3 fois par jour.
En cas de diathèse goutteuse, un milligramme d’extrait de colchique est à prendre une fois tous les deux jours. Le dosage est à augmenter ou à diminuer en fonction de l’intensité de la crise. En cas de crise aiguë, utiliser jusqu’à deux milligrammes de colchicine par jour. Il est recommandé d’arrêter immédiatement la prise dès l’apparition de diarrhées ou de vomissements.
Le vin de colchique est obtenu par macération d’une centaine de bulbes, ou de graines, dans du madère. Cette préparation est ensuite filtrée. Le liquide obtenu est versé dans une infusion de tilleul.
La tisane antigoutteuse est réalisée par le mélange de trois grammes d’eau distillée, de deux grammes d’alcool et d’un gramme d’extrait d’huile essentielle de colchique. Le tout est à consommer avec un thé de cassis.
Il est fortement recommandé de consulter un professionnel de santé et d’exposer son cas avant toute prise de la plante à des fins thérapeutiques.
L’usage thérapeutique de Colchicum peut être dangereux sans le respect des doses prescrites. En cas de doute, il est conseillé de s’en remettre à un médecin.
Le cas du cancer reste délicat. Le conseil d’un professionnel est fortement recommandé avant de commencer toute cure base à de cette plante. En outre, cette dernière contient des actifs mutagènes. Par ailleurs, elle n’est pas indiquée pour les personnes souffrant de maladie rénale.
Chaque année, hommes et bêtes sont victimes d’intoxication au colchique. Quelques heures après l’ingestion de parties de la plante, la personne ressent de fortes douleurs abdominales et des nausées. Sans l’intervention d’un médecin, des symptômes plus graves peuvent survenir : troubles nerveux, convulsions, diarrhées, sanguinolentes, suffocations puis arrêt cardiaque. Sans traitement adapté et rapide, la mort peut survenir en moins de 15 jours. En attendant l’arrivée des secours, il convient de placer le patient en position latérale de sécurité. La victime ne doit ni boire ni manger, sauf éventuellement du thé d’angélique qui constitue un contrepoison.
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