Frangula alnus, couramment appelé « bourdaine », est un arbuste de la famille botanique des Rhamnacées. Il se rencontre fréquemment dans les habitats humides. Cette plante est connue dans la médecine traditionnelle pour l’utilisation de son écorce en tant que purgatif.
La bourdaine, Frangula alnus, trouve ses origines en Europe, en Afrique septentrionale et en Asie occidentale. Elle a été introduite, il y a environ deux siècles en Amérique du Nord où elle s’est naturalisée dans l’est. Considérée comme envahissante dans cette partie du monde, elle a perdu de son habitat en Irlande et au Royaume-Uni. La principale raison est la disparition des tourbières dans ces pays.
La bourdaine a joué un rôle notable dans l’histoire en tant que ressource forestière polyvalente. De 1669 à la fin du règne de Louis XIV, elle a servi à la fabrication de la poudre à canon. Cela afin de répondre aux besoins militaires de l’époque suivant l’ordonnance de Colbert « sur le Faict des Eaux et Forêts ».
En 1803, un décret consulaire réserva exclusivement le bois de l’aulne noir à la production de charbon de bois pour la poudre. Environ 60 ans plus tard, ce même charbon fut utilisé pour produire de la poudre noire à déflagration lente. Elle a permis d’extraire d’importants blocs de pierre ornementale dans les carrières, sans les fissurer.
La bourdaine est un arbrisseau de un à trois mètres de haut. Son écorce brun foncé noirâtre révèle une couche interne jaune citron vif. Des lenticelles allongées de couleur grise marquent sa surface et dégagent une odeur intense. Ses tiges élancées portent des rameaux alternes, exempts d’épines.
Les feuilles ovales ont un aspect lisse, avec une face supérieure vert brillant tandis que celle inférieure est vert clair. Disposées en alternance, elles présentent sept à neuf paires de nervures arquées. Leur pétiole n’excède pas deux centimètres.
Dépourvus d’écailles, les bourgeons bruns de la bourdaine sont nus. Ses fines fleurs verdâtres sont regroupées en ombelles et s’épanouissent d’avril à juillet. Elles laissent la place à des fruits globuleux, d’abord verts, puis rouges et finalement, noirs à maturité. Bien que frais, juteux et légèrement sucrés, ces derniers sont toxiques.
Le Frangula alnus a été formellement décrit par le botaniste suédois Carl Von Linné en 1753, sous le nom de Rhamnus frangula.
En 1768, le botaniste anglais Philip Miller l’a classé en tant que Frangula, en se basant sur ses fleurs hermaphrodites à cinq parties. Celles-ci diffèrent des fleurs dioïques et en quatre parties du genre Rhamnus. Cette distinction, précédemment débattue, est désormais acceptée, soutenue par des preuves génétiques récentes. Cependant, certaines sources maintiennent encore Frangula au sein de Rhamnus, comme la Flore de Chine.
Le nom du genre Frangula, vient du mot latin frango, signifiant « casser » et fait allusion à la nature cassante de son bois.
Le nom courant « nerprun bourdaine » et l’épithète spécifique alnus font référence à son habitat aux côtés des aulnes (Alnus). D’autres appellations incluent « nerprun brillant », « nerprun cassant », « aulne noir », « bourgène » et « nerprun bourdaine ». Par le passé, il a été confondu avec le cornouiller, en raison de la ressemblance de ses feuilles avec celles du Cornus sanguinea.
Contrairement aux autres variétés de nerpruns, celle-ci ne possède pas d’épines.
La bourdaine s’adapte à des terrains variés : humides, acides, secs ou calcaires. Elle prospère dans divers environnements : sous-bois, clairières et les lisières forestières. Son aire de répartition couvre l’Europe, à l’exception des régions extrêmes du nord et des régions méditerranéennes.
En Suisse, elle trouve sa place au sein des zones humides, des haies et des aulnaies, notamment à des altitudes montagneuses et collinaires. L’aulne noir n’est ni protégé ni menacé. Toutefois, il est mentionné dans les Objectifs environnementaux pour l’agriculture sous la catégorie « Espèces et milieux naturels ». Cela indique qu’il est répertorié comme une espèce distinctive dans les habitats naturels.
Le Frangula alnus est une plante nourricière pour le papillon soufre commun (Gonepteryx rhamni). Ses fleurs mellifères attirent les abeilles tandis que ses fruits sont appréciés par les oiseaux, en particulier les grives.
En outre, la bourdaine est une plante hôte pour les chenilles de nombreux papillons dont :
Elle contribue ainsi à la biodiversité de leur environnement.
Le Frangula alnus est composé de flavonoïdes, de dérivés anthracéniques, notamment des dihydroanthracéniques et des traces d’alcaloïdes cyclopeptidiques. De plus, elle renferme des hétérosides d’anthraquinones, tels que les frangulosides A et B. Lorsque la plante est séchée depuis plus d’un an ou traitée thermiquement, des glucofrangulosides A et B s’y retrouvent.
L’écorce séchée de la bourdaine concentre entre 6 % et 9 % d’anthranoïdes. Ces mêmes composants sont également présents dans ses baies, avec une proportion allant de 3 % à 4 %.
Les dérivés anthracéniques de ses fruits et de son écorce fraîche sont potentiellement toxiques. Ils ont une forme réduite qui peut être émétique et donc hautement toxique. Lors du séchage, ils subissent une oxydation qui les transforme en anthraquinones.
La bourdaine agit en tant que laxatif stimulant grâce à ses dérivés d’anthraquinones. Certains de ces composés ont montré des capacités d’inhibition de la transcryptase inverse du VIH. En outre, cette plante possède des propriétés antifongiques et des potentialités antitumorales.
Cette plante est employée comme un arbuste tinctorial, offrant une gamme de couleurs variées à partir de différentes parties de la plante. Son écorce fraîche donne des teintes allant du rouge à la framboise. À partir de son écorce sèche et de son bois, les couleurs obtenues présentent des nuances allant du rouge au brun. Ses baies violettes permettent d’obtenir des teintes vertes.
En outre, en raison de sa souplesse et de sa maniabilité, le bois de la bourdaine est employé dans l’art de la vannerie.
Les composés anthracéniques présents sous forme d’aglycones ou de glycosides, ont un effet purgatif intense qui peut entraîner un risque de collapsus. Les fruits de la bourdaine sont spécialement dangereux pour les enfants en raison de cette toxicité. Par ailleurs, appréciés par les chevreuils, ils contiennent en quantité négligeable des alcaloïdes peptidiques (franganine et frangulanine) aux effets psychotropes.
En plus de ses applications en phytothérapie, le Frangula alnus est cultivé en raison de sa capacité à attirer des papillons.
La bourdaine attire massivement les papillons « Brimstone ». Certains jardins abritent des cultivars particuliers pour des raisons décoratives, tels que le cultivar panaché Frangula alnus ‘Variegata’ et le cultivar à feuilles fines ‘Asplenifolia’.
Par ailleurs, un autre cultivar, « Tallhedge », a été sélectionné pour constituer une haie.
L’utilisation thérapeutique de la bourdaine est diversifiée. Elle est principalement reconnue pour son action laxative stimulante. Ainsi, elle est employée pour soulager la constipation chronique ou spasmodique. Cette plante convient également dans le traitement des hémorroïdes, des troubles biliaires et de la faiblesse des muscles du côlon. Elle est utilisée lorsque les laxatifs doux ne fonctionnent pas, tout en gardant à l’esprit les contre-indications éventuelles.
Ses vertus vermifuges sont également mises en avant. Dans certaines régions, comme en Bretagne, elle était administrée aux enfants pour éliminer les vers intestinaux.
Son usage externe est moins courant, mais elle était historiquement employée pour lutter contre les poux. L’écorce du Frangula alnus et du vinaigre étaient bouillis ensemble. La préparation ainsi obtenue était appliquée pour éliminer ces parasites sur les personnes et les animaux. En application cutanée, la décoction d’écorce peut être utilisée pour combattre les dartres, la teigne et la gale. Cette solution est connue pour favoriser la cicatrisation des plaies atones.
La bourdaine peut être prise sous forme de gélules, d’extrait fluide ou de teinture-mère, conformément aux indications d’un pharmacien.
En décoction, une préparation de 2 à 5 g d’écorce séchée dans 15 cl d’eau est bouillie pendant 5 minutes. Infusée pendant 10 minutes, cette solution est consommée le soir et le lendemain au réveil.
L’infusion est également une option, impliquant l’utilisation de 0,5 g de bourdaine séchée dans 15 cl d’eau, infusée pendant 10 minutes. Elle est prise le soir pour obtenir des effets le lendemain matin.
L’usage à des fins thérapeutiques de l’aulne noir nécessite la prise de certaines précautions. Avant sa consommation, l’écorce doit être séchée pendant au moins un an, voire deux. Ceci permet d’éviter les effets indésirables tels que les vomissements et les coliques.
La confusion avec des espèces similaires est possible, ce qui souligne l’importance de l’achat dans une herboristerie si l’identification est incertaine.
Cette plante est contre-indiquée pour les femmes enceintes, les enfants de moins de 12 ans, ainsi que pour les personnes sensibles. Son usage est limité à une à deux semaines maximum. Les dosages recommandés doivent être respectés pour éviter les diarrhées et les douleurs abdominales. Les personnes aux intestins fragiles peuvent éprouver des irritations en raison de la présence des hétérosides.
L’usage de la bourdaine est déconseillé en présence de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou d’occlusion intestinale. En outre, sa consommation peut entraîner une coloration brun-rouge des urines en raison des anthraquinones métabolisées, des composés actifs naturels.
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