Le Citrus aurantium appartient à la famille des Rustacea qui englobe tous les agrumes. Il découle d’une variété hybride obtenue à partir du pamplemoussier Citrus maxima et le mandarinier Citrus réticulata. En raison de sa haute teneur en composants actifs, le bigaradier possède de multiples propriétés médicinales. Toutes les parties de l’arbre sont largement utilisées dans la phytothérapie.
Le mot bigaradier tire son origine des mots provençaux bigarrat et arangi bigarrat signifiant orange aigre. Au XVIIe siècle, l’orthographe variait entre « orange bigarade » et « orange bigarrade ». Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que le mot « bigaradier » a été adopté par de nombreux pays ainsi que par les manuels de pharmacie.
Les peuples des îles du Pacifique affirment que l’existence du bigaradier sur leurs territoires remonte à la préhistoire.
En Asie, plus précisément en Chine, au Japon et en Inde, sa culture date de plusieurs milliers d’années. Ensuite, les Arabes auraient transporté cette plante vers la Syrie au début du Xe siècle.
En Europe, on note la présence du bigaradier une première fois en Sicile vers l’année 1002. Sa culture devient ensuite très répandue dans le Mexique en 1568 et au Brésil en 1587.
Aujourd’hui, le Citrus aurantium est présent dans de nombreux pays et est employé pour ses propriétés pharmaceutiques et décoratives. Il a également sa place en cuisine où il est intégré dans de nombreuses recettes comme celles de la marmelade d’orange.
Les autres appellations du bigaradier sont oranger amer ou oranger de Séville.
Ses feuilles vert foncé et persistantes ont une forme ovale. Au moindre froissement, elles dégagent une odeur agréable.
Ses fleurs blanches se déploient habituellement au printemps et parfois en automne. Les pétales sont charnus et les calices sont en forme de coupe.
Les boutons floraux du bigaradier ont une forte odeur, caractéristique des agrumes. Cette senteur se révèle plus puissante que celle des fleurs d’oranger doux.
Les fruits de l’arbre ont une forme légèrement aplatie avec un diamètre de 7 à 8 cm de diamètre. Leur pelure est rugueuse au toucher. Cette dernière, de couleur jaune orangé, recouvre un zeste spongieux et épais qui renferme une pulpe peu juteuse, divisée en 10 à 12 quartiers. Ils ont un goût amer et contiennent plusieurs pépins.
Le bigaradier se développe facilement sous un climat chaud et ensoleillé, tropical ou subtropical. Il supporte les températures allant de – 10°C à 8° C, mais pendant une très courte durée.
La plante peut être cultivée à l’extérieur en pleine terre ou à l’intérieur dans un bac ou un pot. Pour ce second type de culture, un contenant de 60 cm de profondeur et de diamètre est nécessaire pour une bonne croissance de la plante. Toutefois, si le climat est plus frais ou froid, le caisson de culture doit avoir au moins un mètre de côté.
L’oranger amer préfère les sols sableux ou caillouteux, avec un pH acide ou neutre et qui facilite la circulation de l’eau. Cependant, pour les plantations en pot, il vaut mieux privilégier le terreau ou l’humus.
Sous serre ou en pleine terre, la plantation se fait au début de l’automne. Le bigaradier est un arbre plutôt facile à entretenir. Les soins à apporter dépendent, toutefois, du type de culture.
En été, un rythme d’arrosage régulier est recommandé afin de maintenir la fraîcheur du sol.
En hiver, recouvrir l’arbuste d’un voile d’hivernage permet de lui offrir une protection supplémentaire contre le gel et le froid.
En été, un arrosage tous les 2 à 3 jours suffit. Cela permet de donner à la plante l’hydratation nécessaire pour son développement tout en prévenant l’accumulation d’eau dans la soucoupe.
En hiver, il vaut mieux poser les pots dans un endroit lumineux avec une température ambiante de 0 à 5 °C. Il convient aussi d’espacer la fréquence d’arrosage durant cette saison.
Pour les deux types de culture, l’apport en engrais est à effectuer au printemps et en automne, 1 à 2 fois par mois. L’utilisation des fertilisants spécial agrumes est plus que recommandée.
En cas de sécheresse, le bigaradier devient une cible facile pour les cochenilles. Des arrosages plus fréquents pallient le manque d’hydratation. Par ailleurs, une pulvérisation avec de l’eau au savon noir ou avec de l’huile de colza vient facilement à bout des parasites. L’oranger de Séville est particulièrement sensible à la tristeza, suite à laquelle la plante dépérit. En cas d’infection, la seule solution possible est de détruire l’arbre affecté.
Le bigaradier comporte des flavonoïdes, notamment de la tangérétine, de la nobilétine, de la naringine, de la naringénine et de l’heptaméthoxyflavone. Ces composants sont les principes actifs responsables de la propriété anti-inflammatoire de l’oranger amer. Une vertu qui explique l’efficacité de cette plante dans le traitement des troubles gastriques et intestinaux.
L’écorce des fruits renferme des alcaloïdes qui sont la synéphrine et l’octopamine. Ces deux éléments sont surtout exploités pour leurs vertus amincissantes. Toutefois, leur usage reste déconseillé en raison des effets secondaires qu’ils provoquent.
Pour profiter des bienfaits du bigaradier, il existe d’autres alternatives comme le recours aux huiles essentielles.
À partir des différentes parties du bigaradier, il est possible de fabriquer 3 essences végétales. Les principes actifs contenus dans chaque huile varient en fonction de l’élément de l’arbuste distillé. Ainsi, l’huile essentielle extraite de l’écorce ou du zeste des orangers amers renferme une quantité importante d’essence à limonène.
L’huile essentielle de Néroli est obtenue à partir des fleurs de l’arbuste. Elle contient jusqu’à 45 % de linalol, 2 à 15 % d’acétate de lynalyle ainsi que des traces de nérolidol, de limonène, de farnésol et de béta-pinène.
La dernière est l’huile essentielle petit grain qui est issue de la distillation des feuilles de bigaradier. Elle comporte du linalol ainsi qu’une quantité non-négligeable d’acétate de linalyle.
Le lynalol, l’acétate de lynalyle ainsi que le limonène sont connus pour leurs nombreux effets thérapeutiques, à savoir :
Enfin, ces trois substances donnent au bigaradier une propriété antiseptique. La plante prévient les risques d’infection en cas de plaies et de blessures superficielles.
Les fleurs du bigaradier sont les ingrédients principaux permettant de réaliser la fameuse eau de fleur d’oranger. Cet hydrolat est couramment utilisé en cuisine pour aromatiser des pâtisseries ou pour relever le goût de certaines recettes. Il peut aussi servir à aromatiser des savons et d’autres produits de soins capillaires. En outre, l’eau de fleur d’oranger renferme de nombreuses vertus pour la peau et permet de tonifier et d’illuminer celle-ci.
Vous pouvez fabriquer votre propre hydrolat de fleur d’oranger en utilisant des ingrédients et des matériels facile à trouver, à savoir :
Ces quantités permettent d’obtenir environ 1.5 L d’hydrolat de fleur d’oranger.
Après avoir lavé les fleurs de bigaradier, portez à ébullition avec l’eau minérale dans la cocotte-minute sur un feu doux.
Pour recueillir la vapeur d’eau, fixez une extrémité du flexible à la cocotte-minute. L’autre extrémité, quant à elle, est à fixer au niveau du contenant de stockage. Pour assurer la transformation à l’état liquide des vapeurs recueillies, plongez le serpentin et le flexible dans le seau d’eau froide. Veillez à ce que celle-ci reste fraîche tout au long du processus.
Dans le contenant, on remarque quelques gouttes jaunes flottant à la surface de l’hydrolatet qui est l’huile essentielle de néroli. Elle possède plusieurs vertus thérapeutiques.
Outre ses intérêts phytothérapiques, le bigaradier dispose de nombreuses applications en cuisine et en cosmétique.
En cuisine, le bigaradier entre principalement dans la réalisation de la marmelade à l’anglaise. À base d’oranges amères, cette recette séduit le palais de nombreuses personnes en Angleterre, en Écosse. Par ailleurs, ces deux pays enregistrent le taux d’importation le plus élevé de fruits de bigaradier.
Au Mexique, les oranges amères sont dégustées avec du sel et des pâtes de piment fort, pour atténuer leur goût aigre et amer.
Le bigaradier est un excellent arôme alimentaire et un bon exhausteur de goût. Pour cela, il est présenté sous différentes formes :
Enfin, dans le sud de la France, le bigaradier sert à fabriquer du vin d’orange. Pour cela, les fruits sont macérés dans du vin, du sucre et un peu d’alcool.
Dans l’industrie cosmétique, le bigaradier est surtout utilisé en parfumerie. L’huile petit grain, par exemple, intervient dans la fabrication de l’eau de Cologne. Elle aide aussi à la tonification de la peau ainsi qu’à la régulation de la production de sébum. De plus, elle est idéale pour contrer l’excès de sébum des cheveux gras.
L’huile essentielle de Néroli est présente dans la composition de nombreux parfums et de produits cosmétiques.
En usage interne, on choisit les boutons floraux du bigaradier pour réaliser une infusion. Dans 250 ml d’eau frémissante, versez un gramme de fleurs séchées, filtrez après 10 min. Pour soigner les tensions nerveuses ainsi que les troubles digestifs, il est conseillé de boire trois tasses de cette boisson après chaque repas.
Pour une infusion de feuilles du bigaradier, versez sur 10 g de matières séchées 500 ml d’eau bouillante. Filtrez avant de prendre une tasse après chaque repas.
En décoction, l’ébullition dure 5 min suivi d’un temps d’infusion de 10 min : 20 g de feuilles ou de fleurs séchées ajoutées à 1000 ml d’eau. Buvez 2 à 3 tasses par jour de cette préparation pour ressentir les bienfaits de la plante.
L’huile essentielle de petit grain est la plus employée en usage externe. Elle s’avère, notamment, efficace en cas de spasmes digestifs et de contractions musculaires. Pour cela, diluez 10 gouttes d’huile essentielle dans de l’huile végétale. Ensuite, appliquez par de légers massages le mélange sur les parties concernées.
En diffusion, l’huile essentielle de petit grain aide à lutter contre le stress et l’anxiété, et favorise l’endormissement.
Enfin, pour profiter des vertus du bigaradier sur le système capillaire, il suffit d’ajouter 10 gouttes d’huile essentielle de petit grain à une dose de shampoing ou de masque. Intégrez ensuite ce mélange dans vos routines de soins capillaires.
Lors de l’utilisation du bigaradier, il est recommandé de prêter attention à la quantité de synéphrine présente dans le produit. En effet, cet alcaloïde présente les mêmes propriétés pharmacologiques que l’éphédrine, qui est interdite d’usage en France depuis 2003. Cette dernière provoque des effets indésirables sur les systèmes neurologiques et cardio-vasculaires. Aussi, la quantité de synéphrine recommandée par la DGCCRF dans les produits alimentaires est de 30 mg maximum.
Sauf prescription d’un phytothérapeute, les femmes enceintes et allaitantes ne peuvent pas se servir de l’huile essentielle de petit grain. Cela est également valable pour les enfants.
Par voie orale, un surdosage peut conduire à l’apparition d’effets indésirables comme des vomissements, des maux de tête ou encore des troubles gastriques. Le respect des prescriptions est fortement recommandé.
Enfin, pour prévenir les interactions médicamenteuses, évitez d’associer des préparations à base de bigaradier à des produits contenant de la caféine.
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