L’argan est l’appellation berbère du fruit de l’arganier. Les femmes berbères ont, en effet, transmis les savoir-faire et usages autour de l’argan à travers le temps. L’amande du fruit permet l’extraction de l’huile d’argan. L’arganier figure parmi l’un des arbres les plus anciens du monde. À la demande du Maroc en 2012, l’Union européenne a enregistré l’huile d’argan comme un produit agricole protégé par une indication géographique. Depuis 2014, l’arganier et les pratiques tournant autour de lui sont inscrits sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.
L’arganier a une morphologie et une structure particulières. Ces dispositions lui permettent de survivre en zone aride.
L’Argania spinosa est un arbre fruitier mesurant jusqu’à dix mètres de hauteur. Un corps tortueux et noueux forme le support de cette espèce ligneuse. La réduction des arganiers à l’état de buissons médiocres, fortement broutés, est possible dans certains endroits. L’« argane » (nom local berbère) possède un bois très dur et lourd. L’écorce est rugueuse et craquelée en peau de serpent.
L’appellation « spinosa » découle de la présence de rameaux aux extrémités épineuses. Avec une densité élevée, ils soutiennent une cime arrondie et compacte. Les feuilles de l’arganier sont subpersistantes et coriaces. De forme obovale à lancéolée, elles ont une position alterne et sont fasciculées. Elles revêtent une couleur vert sombre sur le dessus et un vert plus clair sur le dessous. Les pétioles à la base de ces feuilles sont courts. La nervure médiane est nette et les arêtes latérales sont fines et ramifiées.
L’argan fleurit de mai à juin. Une couleur blanche à jaune verdâtre remplit les populations d’arganiers en cette période. Le fruit apparaît au bout de 9 à 16 mois. Cette baie vert-jaunâtre constitue la principale partie valorisée de l’arganier. Sa forme et sa dimension sont variables. Sa taille varie entre celle de l’olive et celle de la noix, avec un aspect irrégulier. Elle renferme une pulpe charnue. À l’intérieur de ce péricarpe se trouve un noyau dur, dans lequel loge la graine ou l’amande. De cet organe central est extraite l’huile d’argan.
L’arganier est endémique de la région maghrébine. Des reboisements existent au niveau de ces berceaux.
L’Argania spinosa est un arbre originaire du Maroc et de l’Algérie. Ces deux arganeraies formaient probablement une même unité écologique à l’origine. La dernière glaciation, dénommée « Würm », a provoqué une réduction considérable de l’aire de répartition de l’arganier. L’avènement des périodes glaciaires a déplacé l’intégralité des plantations vers le sud marocain. Quelques populations isolées subsistent néanmoins dans le nord, près de Rabat et Oujda. L’écrasement vers le sud a entraîné un débordement sur la hamada de Tindouf. Cette dynamique témoigne de l’existence de la relique algérienne actuelle.
Au Maroc, l’arganier constitue une espèce emblématique. La plus grande arganeraie de Souss-Massa forme une Réserve de biosphère depuis 1988. En plus de la transmission des pratiques d’extraction de l’huile d’argan, les femmes berbères ont perpétué ses utilisations culinaires, médicinales et cosmétiques.
En Algérie, l’arganier se classe comme la deuxième essence forestière après l’Acacia raddiana. Le peuplement de la hamada de la région de Tindouf se caractérise par une dispersion et un regroupement suivant un mode contracté. Cette arganeraie se situe le long des berges des oueds.
La description des vertus de l’huile d’argan par un médecin arabe au XIVe siècle a contribué à la popularité de cette plante. Elle a été connue par les Européens dans les années quatre-vingt-dix.
Outre sa valeur économique, l’arganier assure différents rôles écologiques au sein de son écosystème.
Une pluviométrie annuelle et interannuelle variable caractérise le milieu de développement de l’arganier. Il s’installe dans une zone située entre le niveau de la mer et 1500 m d’altitude. Cette espèce est peu exigeante sur le plan pédologique. Il préfère l’air humide ayant une influence océanique. Le littoral abrite des peuplements constitués d’arbres de grande hauteur et au feuillage dense.
L’arganier est une essence forestière résistante. Il possède une durée de vie allant de 150 à 200 ans. Dans le contexte bioclimatique aride saharien, cet arbre détient des mécanismes physiologiques d’adaptation. Le système racinaire profond et dépourvu de poils absorbants permet une symbiose avec les champignons. L’arbre peut moduler la chute des feuilles. Ce phénomène s’opère de façon transitoire lors d’une sécheresse prolongée.
Les caractéristiques physiologiques et écologiques de l’arganier lui confèrent un rôle de ceinture verte contre la désertification. Sa cime dense offre un ombrage qui protège la végétation de la région désertique, de la sécheresse et de la dessiccation solaire. Par ailleurs, il facilite la conservation du sol et des pâturages. Cet arbre à usages multiples contribue également à la lutte contre l’érosion.
Avec ses racines superficielles et traçantes développées, l’arganier peut récupérer un maximum d’eau de pluie. De même, cette partie de l’arbre participe à la récupération de l’eau contenue dans la rosée matinale. Le système racinaire pivotant arrive à puiser l’eau jusqu’à 30 m de profondeur.
Malgré cette utilité environnementale primordiale, l’arganier est sujet à de multiples pressions anthropiques. La production de charbon et le surpâturage constituent les principales menaces qui pèsent sur cette espèce. Par conséquent, la répartition spatiale de cette essence est profondément modifiée.
Les peuplements d’arganiers existent principalement au sein de leurs régions d’origine. Les chercheurs et les techniciens de ces régions ont développé le reboisement de l’arganier afin d’étendre la surface couverte par cet arbre à usages multiples.
Les populations d’arganiers constituent le deuxième peuplement forestier le plus abondant au Maroc. Jadis, elles s’étendaient des environs immédiats de Safi à Tensift. L’arbre y est actuellement en voie de disparition. Lors du dernier inventaire de 2014, les arganiers recouvraient 830 000 hectares. Cette relique se situe dans divers endroits. D’abord, elle est représentée dans le Souss au sein des provinces d’Agadir-Ida Outanane, d’Inezgane-Aït Melloul et de Chtouka Aït Baha. L’arbre de fer prospère également dans les rizières des préfectures de Taroudant, de Tiznit et de Safi à Essaouira. Ensuite, il se développe dans l’oued Tensift et celui de Grou. Il pousse sur la Basse-Moulouya dans les monts Beni-Snassen au nord-est du pays. Enfin, l’arganier occupe une lisière du Sahara, dans le Drâa.
Selon Peltier en 1983, l’arganier était présent dans le Sahara algérien. Il se trouvait notamment sur la hamada de Tindouf ainsi qu’entre celle-ci et le Jebel Ouarkziz. Les forêts d’arganiers algériennes actuelles sont localisées à l’ouest du Sahara. Elles se situent au cœur des gorges hamadiennes du Drâa, des falaises de K’reb El-Hamada et de la dépression du nord de Tindouf. Trois unités hydrogéographiques déterminent la distribution des populations sur la carte : les périmètres Touaref Bou-âam, Merkala, et Targant. Par ailleurs, une plantation d’arganiers a été établie dans la wilaya de Mostaganem en 2012.
Considérant les intérêts écologiques et économiques de l’arganier, le reboisement constitue un rempart aux pressions existantes. Au début, sa plantation menait à de piètres résultats. Les avancées de la recherche ont toutefois permis de lever les principaux blocages.
Les spécialistes préconisent aux services forestiers des investissements dans le reboisement de cet arbre. La reproduction peut en effet se réaliser par bouturage ou par germination des graines. L’arrosage des jeunes arbres s’impose pour assurer leur viabilité. La technique de l’irrigation par goutte-à-goutte convient en particulier à la culture de cette espèce. Les agronomes recommandent l’implication des agropasteurs dans la plantation et dans l’entretien des espaces qu’ils occupent.
L’huile d’argan présente des attributs distinctifs en fonction des usages.
Une odeur douce et discrète caractérise l’huile d’argan 100 % pure. La torréfaction lui donne le goût d’une noisette un peu grillée. À la dégustation, il évoque l’arôme du fruit d’amande et rappelle la saveur des cacahuètes dorées.
En cette ère du retour au naturel, les bienfaits de l’huile d’argan sont exploités par les produits cosmétiques. Sa richesse en acides gras insaturés et en vitamine E en fait l’ingrédient par excellence des préparations artisanales et industrielles. La peau et les cheveux peuvent profiter des multiples propriétés de cette huile miraculeuse. Par ces mêmes composants, elle dispose d’une qualité nutritionnelle élevée et de vertus médicinales intéressantes.
Pour les formulations cosmétiques, l’huile d’argan présente moins de 1 % de composants insaponifiables. Son indice de saponification est de 193 en moyenne. Elle est sensible aux températures élevées. Elle possède une bonne résistance à l’oxydation. Dans la nomenclature INCI, l’huile d’argan se reconnaît par la dénomination « Argania Spinosa Kernel Oil ».
Les deux types d’huile d’argan se différencient par leur couleur. La catégorie comestible est plus sombre tandis que l’huile à usage cosmétique est plus claire.
Un ancrage territorial caractérise les pratiques sur l’arganier, de la cueillette des noix d’arganiers aux préparations culinaires. La cohésion sociale s’imprègne dans toutes les activités relatives à l’arganier. L’entente entre les individus et le respect mutuel entre les communautés se manifestent à chaque étape de la fabrication de l’huile d’argan. La culture de l’arbre, l’extraction de l’huile, la formulation des recettes et des produits dérivés impliquent ces aspects civilisationnels. Particulièrement, les outils artisanaux nécessaires aux différentes tâches se confectionnent localement. La population riveraine offre l’huile d’argan en cadeau de mariage. Il compose les ingrédients des plats de cérémonie. Les « arganières » transmettent les savoir-faire traditionnels sur les nombreux usages de ce produit à leurs filles. Ce transfert de compétences s’effectue dès leur plus jeune âge.
La norme marocaine NM 08.5.090 définit les procédés d’extraction pour la production de l’huile d’argan vierge. Ces processus traditionnels ou mécaniques visent le maintien des critères de pureté et de qualités exigés. Ils reposent sur la gestion des conditions thermiques et permettent de préserver les caractéristiques nutritionnelles. Cette référence n’autorise que cinq méthodes de traitement pour l’obtention de l’huile d’argan. Elle interdit l’utilisation d’additifs lors de la torréfaction, la pression, la décantation, la centrifugation et la filtration. Les noix d’arganiers passent par différentes manipulations avant la transformation proprement dite.
Les fruits de l’arganier sont d’abord cueillis sur pieds. Ce type de récolte conditionne la qualité de l’huile d’argan. En effet, les noix ramassées ne conviennent pas à la transformation. L’ingurgitation préalable par les chèvres modifie la composition nutritionnelle de l’huile obtenue. Le passage dans le suc digestif de ces animaux attribue une senteur excrémentielle aux noix. De fait, la désodorisation nuit aux principes actifs caractéristiques de l’huile d’argan.
Les noix récoltées sont ensuite séchées au soleil. Le dépulpage permet de récupérer l’amande enveloppée dans une coque. Le concassage de ce dernier donne l’amandon prêt pour la transformation. La technique de broyage différencie les pratiques traditionnelles des procédés mécaniques.
La méthode d’extraction de l’huile d’argan vierge se réalise principalement de manière traditionnelle. Dans ce procédé, le concassage des coques s’effectue entre deux pierres. Les amandes ainsi retirées sont torréfiées et broyées au moyen d’une meule en pierre. La pression manuelle de la pâte résultant de cette opération fournit un substrat huileux. Le produit final s’obtient après décantation de ce dernier. Les étapes de préparation et de transformation nécessitent un travail fastidieux allant de huit à dix heures par litre d’huile. La phase de concassage est celle qui absorbe le plus grand volume horaire. De fait, un tel rendement requiert 6 à 8 kg de noix en moyenne. Cette quantité est collectée sur six à sept arbres.
Considérant l’importance socio-économique de l’huile d’argan, des efforts de mécanisation ont été développés. Ils s’appliquent aux opérations de torréfaction et de broyage des amandes grillées. La pâte passe dans des presses à cage. La filtration de l’huile finalise le procédé.
Par ailleurs, l’extraction artisanale recourt le plus souvent à l’ajout d’eau lors du pétrissage de la pâte. Cette technique diminue la durée de conservation de l’huile d’argan.
Étant un corps lipidique, les glycérides forment les composants majoritaires (à 99 %) de l’huile d’argan. Ils incluent les triglycérides.
L’un des plus grands atouts de l’huile d’argan réside dans sa teneur en acides gras insaturés. Ils constituent environ 80 % des acides gras contenus dans cette huile :
Les acides gras saturés les plus représentés sont l’acide palmitique et l’acide stéarique. Leurs pourcentages respectifs dans l’huile d’argan sont de 11,5 à 14 % et de 4,3 à 7,2 %. Les polyphénols et les acides phénoliques sont présents en moindre portion. Le rapport d’acides gras polyinsaturés et acides gras saturés varie de 1,2 à 1,8. Ces valeurs avoisinent les recommandations des nutritionnistes (1,25 à 1,50).
Ce produit phare de l’arganier contient aussi de la vitamine E ou tocophérol (483 mg/1000 g) et du squalène (313 mg/1000 g). Le schotténol (147 mg/1000 g) et le spinastérol (122 mg/1000 g) forment les principaux stérols de l’huile d’argan. Ces éléments, dont la teneur est inférieure à 1 %, constituent les composés insaponifiables et les principes actifs de cette huile.
L’huile d’argan vierge doit sa couleur rougeâtre à la teneur élevée en pigments caroténoïdes. Les xanthophylles (500 mg/1000 g) représentent la majorité de ces substances. En revanche, la quantité de provitamine A (trans-bêta-carotène) est négligeable.
L’huile d’argan présente de nombreuses utilisations pratiques. Les plus connues parmi ces dernières sont ses usages en soins de la peau et des cheveux ainsi que dans le traitement des maladies cardiovasculaires. Les femmes berbères l’ont également intégrée dans leurs préparations culinaires depuis des années.
L’application d’huile d’argan apporte des bienfaits pour la peau au niveau de nombreuses parties du corps. Elle peut être utilisée comme soin protecteur et réparateur, et ce, pour tous types de peaux.
Ce produit issu de l’arganier possède un fort pouvoir hydratant, protecteur, régénérant et nourrissant. Il s’utilise sous sa forme pure ou mélangée à une crème en tant que lotion corporelle. Privilégiez un tamponnage le soir pour ne pas être gêné par sa texture grasse. L’huile d’argan redynamise la peau et lui redonne son éclat et sa vitalité.
Après une exposition au soleil, l’application de cette huile évite le dessèchement de la peau. Elle améliore effectivement l’élasticité et la fermeté de la peau. Dans le creux de la main, déposez quelques gouttes pour en mettre sur le visage et le corps. Accompagnez de légers massages pour une bonne pénétration dans l’épiderme.
La teneur en acides gras essentiels (Oméga 6 et 9), en vitamine E et en caroténoïdes fait de l’huile d’argan un anti-âge naturel. Ces antioxydants empêchent l’agression par les radicaux libres et par les éléments oxydants hyperactifs. La régénération cellulaire se dynamise afin de restaurer le film hydrolipidique de la peau. À cet effet, cette huile contribue à la lutte contre le vieillissement de la peau. Elle limite également l’apparition des rides, des cellulites, des pattes d’oie et des vergetures.
L’huile d’argan s’utilise pareillement en soins unguéaux. Elle nourrit et fortifie les ongles cassants, dédoublés ou mous. Pour les prémunir des agressions externes, plongez-les dans un bain d’huile régulièrement.
Sa richesse en antioxydants confère à l’huile d’argan des propriétés cicatrisantes et apaisantes contre les brûlures et les irritations. Elle assouplit la peau ayant subi une lésion et calme les démangeaisons. Par conséquent, elle agit sur la barrière cutanée pour traiter une plaie ou un eczéma.
De même, l’huile d’argan aide à rétablir l’équilibre des peaux acnéiques. N’étant pas comédogène, son utilisation n’obstrue pas les pores. Des applications quotidiennes le matin et le soir sur une peau propre et démaquillée favorisent l’obtention de bons résultats.
En hiver, les gerçures des lèvres et les engelures au niveau des mains et des pieds se soulagent avec l’huile d’argan. Employez-la comme baume à lèvres et en tamponnage tous les soirs sur les parties enflées.
Les shampoings et masques à l’huile d’argan revitalisent le cuir chevelu. En même temps, vous épargnez vos cheveux d’une exposition aux éléments toxiques contenus dans les produits de soins conventionnels.
En ajoutant quelques gouttes à votre soin lavant, vous obtenez des cheveux soyeux et forts. Pour les cheveux colorés, l’éclat et la teinte se conservent plus longtemps.
En tant que masque capillaire, l’huile d’argan nourrit en profondeur les cheveux abîmés. Elle offre plus de douceur et de brillance à votre crinière. Elle répare aussi les pointes fourchues. Appliquez-la de la racine aux pointes. Selon la nature de vos cheveux, laissez reposer pendant 10 min ou toute la nuit.
En dehors de ses usages en soins cutanés, l’huile d’argan présente d’autres applications thérapeutiques.
Les vertus thérapeutiques de ce produit issu de l’arganier s’exploitent également à travers son utilisation culinaire.
La valeur nutritionnelle de l’huile d’argan fait d’elle un ingrédient par excellence des recettes de cuisine. Mélangée aux amandes pilées et au miel, elle forme un petit déjeuner nourrissant : l’amlou. Elle dispose d’intéressantes propriétés organoleptiques. Couscous, poissons et vinaigrettes sont relevés par son goût typique d’amande et de noisette.
L’huile d’argan ne présente une contre-indication que pour les personnes allergiques à l’arachide et au sésame. Avec de faibles doses inhalées, des réactions sévères peuvent se produire.
Les mélanges avec d’autres huiles végétales, huiles essentielles ou principes actifs restent possibles. Par exemple, l’huile essentielle de bois de rose rendra votre préparation optimale pour les peaux matures. L’ajout de l’huile de ricin favorise un meilleur soin des cheveux et des ongles.
Les dispositions suivantes permettent toutefois de profiter au maximum des bienfaits de cette huile :
Veillez à consulter l’étiquette qui renseigne la traçabilité du produit pour s’assurer de son authenticité. En ce sens, les certifications garantissent sa qualité.
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