L’aigremoine est une plante herbacée vivace à rhizome faisant partie de la famille des Rosacées. Elle est très commune en Europe. Sa tige simple se dresse le plus souvent sur les talus ou sur les bordures de chemin. En été, elle produit de jolies petites fleurs jaunes dorées à cinq pétales. Cette plante est très appréciée en cuisine, mais aussi et surtout en phytothérapie.
L’aigremoine a été décrite pour la première fois en 1753 par le naturaliste suédois Carl Von Linné. Son nom est issu des mots grecs anciens agriôs (sauvage) et mônôs (solitaire). « Aigremoine » veut donc dire « solitaire et sauvage ». Cependant, certaines sources indiquent que le nom de genre de la plante, Agrimonia, est dérivé de la plante argémone. Cette dernière était utilisée dans la Grèce antique pour traiter les taies cornéennes. Il est également possible que son origine soit le nom de l’espèce Eupatoria. Celui-ci fait référence à Mithridate VI Eupator (132-63 av. J.-C.), roi du Pont, connu pour ses connaissances en phytothérapie. Le Pont est un ancien royaume situé en Turquie.
Le genre Agrimonia compte plus de 60 espèces. Toutefois, le nom vernaculaire « aigremoine » désigne couramment l’Agrimonia eupatoria. Parmi les autres noms communs de cette espèce peuvent être cités :
Le nom de « thé des bois » fait aussi partie de ses appellations.
L’aigremoine est pubescente et légèrement parfumée. Elle possède des feuilles doubles vertes à l’extérieur et gris argenté à l’intérieur. Elle est constituée d’une rosette basale de grandes feuilles. Celle-ci est constituée de 3 à 6 paires de folioles principales. Celles-ci sont entrecoupées par plusieurs petites paires de folioles. Sa tige est simple, poilue, rougeâtre et non ramifiée.
Les fleurs jaunes se présentent en grappes terminales qui sont capables d’atteindre une hauteur d’un mètre. Le type d’inflorescence est un épi simple. La fleur est hermaphrodite, ce qui veut dire qu’elle possède à la fois une étamine et un pistil.
Les fruits de la plante sont des akènes et se caractérisent par des sillons. Ceux-ci ont des poils crochus sur le dessus et tombent facilement. Cette particularité facilite la dissémination par les animaux ou les humains.
En ce qui concerne la pollinisation, la plante est entomogame. Le pollen est essentiellement véhiculé par les insectes lors de la reproduction. Elle est aussi autogame, car la fécondation peut ne nécessiter aucune intervention de pollen provenant d’autres individus. L’aigremoine fleurit du mois de juin au mois de septembre. Enfin, le mode de dispersion des graines est épizoochore : elles se font disperser grâce au pelage des animaux et au plumage des oiseaux.
L’aigremoine contient de nombreux flavonoïdes, dont des flavonols, des flavones et des flavan-3-ols. Ces derniers sont constitués :
Des acides phénoliques, un taux important de silice et du triterpène, tel que l’acide ursolique font également partie de ses composants.
Des tanins sont également présents dans la plante à hauteur de 3 à 21 %. Parmi ceux-ci se trouvent des tanins condensés à hauteur de 4 à 10 %, des quantités infimes de gallotanins et d’ellagitanins.
Enfin, l’aigremoine est aussi composée de proanthocyanidines, notamment des leucoanthocyanines. Des procyanidines sont donc comprises dans sa composition.
Les tiges sont exploitées pour leurs propriétés tinctoriales. Elles sont utilisées pour produire une teinture jaune plus ou moins prononcée.
Dans le domaine culinaire, toutes les parties tendres de l’aigremoine, même les fleurs, peuvent être mangées. Ces dernières sont parfois utilisées en tant qu’herbe aromatique. Elles peuvent être consommées crues en salade, ou cuites comme des légumes. Les feuilles et les jeunes fleurs sont employées pour être infusées. Un thé ayant une légère saveur de citron en ressort.
L’aigremoine s’utilise selon deux manières : en externe et en interne. Les parties les plus utilisées de la plante sont la tige, les fleurs et les feuilles. D’une manière générale, les racines ne présentent pas d’intérêt thérapeutique.
L’aigremoine a des propriétés cicatrisantes et antiseptiques. La plante est utilisée pour aider à soulager les ecchymoses et les petites plaies. Grâce à son effet hémostatique, elle est capable d’arrêter les saignements.
Cette plante possède des vertus antitussives. Il s’agit d’un agent tonique pour les muqueuses de la gorge et de la bouche. Une décoction à partir de la plante s’utilise en tant que bain de bouche lors d’une toux sèche. Son efficacité lui permet d’atténuer le mal de gorge ou les crises d’angine. Elle contribue à apaiser les stomatites et les aphtes.
La plante modère les processus inflammatoires. Elle soulage les migraines, les ulcères variqueux et les entorses. Enfin, elle sert également à extraire les épines et les échardes.
L’un des premiers bienfaits internes identifiés de l’aigremoine est son action purifiante. Elle est cholérétique et cholagogue. La plante aide dans le processus d’expulsion des calculs biliaires. Elle favorise la sécrétion de bile en stimulant la vésicule biliaire. Elle se présente donc comme un précieux allié en cas de digestion lente. Les caractéristiques de la plante lui permettent aussi d’expulser les calculs rénaux. Elle est ainsi considérée comme une plante diurétique qui optimise la fonction de filtrage des reins. Elle élimine les toxines en boostant la production d’urine.
L’aigremoine dispose de fortes propriétés astringentes capables de resserrer la muqueuse intestinale. Les professionnels de la phytothérapie la recommandent dans le traitement de la diarrhée ou de dysenteries diverses. Enfin, elle présente des effets antispasmodiques, hypoglycémiants et antihypertenseurs.
La posologie de l’aigremoine est à adapter en fonction de son usage. Par ailleurs, il est possible de l’utiliser de plusieurs manières.
Sous la forme de décoction sèche ou fraîche, prévoir trois poignées de matière première pour chaque litre d’eau. Amener à ébullition durant trois minutes, laisser refroidir, puis filtrer. On obtient ainsi une solution qui peut s’employer comme un bain de bouche et/ou un pansement. Elle est par ailleurs recommandée pour désinfecter et cicatriser les blessures chez les humains comme chez les animaux.
Les feuilles fraîches, quant à elles, peuvent faire office de cataplasme. Il s’agit d’une forme idéale pour aider à soulager des migraines et pour diminuer les douleurs des petites plaies.
En tant que tisane sèche, faire bouillir de l’eau avec quelques feuilles de la plante durant trois à cinq minutes. Laisser ensuite infuser pendant dix minutes afin d’en faire une décoction. Ce thé dégage un léger parfum d’abricot. Le dosage est d’une cuillère à soupe par tasse. Pour obtenir l’effet désiré, il est conseillé de prendre trois verres ajoutés de 250 ml d’eau par jour.
En teinture, la posologie recommandée est de 20 gouttes, deux fois par jour, après les repas.
Il est très important de noter que l’aigremoine est déconseillée aux personnes qui souffrent de constipation. Ceux qui suivent un traitement contre les soucis de tension artérielle ou ceux qui prennent des anticoagulants doivent demander l’avis d’un professionnel avant toute consommation.
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