Le trautonium a été inventé par le musicien allemand Friedrich Trautwein en 1929. Il s’agit d’un instrument de musique électronique de type monodique, c’est-à-dire à une voix. Celui-ci a été utilisé par plusieurs compositeurs et artistes du XXe siècle et a contribué à la création de bandes sonores de films. Bien que relativement peu connu du grand public, son usage a eu une influence sur l’histoire de la musique électronique, contribuant à l’évolution de la création sonore expérimentale.
Le trautonium s’apparente aux ondes Martenot de France, étant l’un des tout premiers instruments électroniques. Il est considéré comme l’ancêtre du synthétiseur.
Se présentant sous l’apparence d’un petit meuble, il ressemble à un piano droit. Cependant, il se distingue de ce dernier par l’absence de clavier. Celui-ci est remplacé par une barre fonctionnant comme une résistance électrique, surmontée d’un fil métallique. Sur la face verticale se situent divers boutons et interrupteurs permettant de manipuler les effets sonores. Il peut être muni ou non de pédales, selon le modèle.
Dans les années trente, le producteur allemand de radio et de télévision Telefunken commercialisa les premiers trautoniums. Entre 1933 et 1935, celui-ci a produit environ 200 exemplaires de cet instrument électronique. Ces premiers modèles utilisaient des oscillateurs de relaxation à tubes au néon, plus tard remplacés par des thyratrons puis des transistors, pour générer des formes d’onde en dents de scie. La hauteur des sons était déterminée par la pression du fil résistif en contact avec une plaque. Un circuit de filtre résonant était ensuite introduit, avec une pédale contrôlant le volume des sorties des filtres, qui étaient amplifiées.
En 1930, Oskar Sala et Paul Hindemith ont présenté publiquement le trautonium à Berlin, marquant le début de son usage dans la musique contemporaine. Sala, soliste et interprète du Concerto pour Trautonium de Hindemith, a ensuite effectué une tournée en Allemagne avec l’instrument. Ce dernier a apporté des modifications significatives à l’appareil, ajoutant un commutateur pour ajuster le réglage statique. Il a aussi placé un générateur de bruit, un filtre à formants, un générateur d’enveloppe et des oscillateurs sous-harmoniques. Ces derniers ont pour rôle d’améliorer le son en ajoutant des fréquences plus basses à la note principale. Le musicien peut choisir jusqu’à quatre fréquences différentes à ajouter à la note principale, d’où le nom Mixturtrautonium de cette nouvelle version.
Plusieurs compositions et concertos dédiés à cet instrument ont été écrits par Hindemith et son élève Genzmer.
Le trautonium a été utilisé dans la musique de film, comme dans « Les Oiseaux », du réalisateur britannico-américain Alfred Hitchcock, sorti en 1962. Le Mixturtrautonium a été employé pour produire de manière réaliste les cris d’oiseaux et les battements d’ailes dans la bande sonore de ce long-métrage.
Pichler, un musicien et artiste de Munich, se distingue en tant que l’un des rares musiciens capables de maîtriser le trautonium et de composer des œuvres dédiées à cet instrument. Il se produit fréquemment avec le Mixturtrautonium dans différents genres musicaux. En 2010, à l’occasion du 100ᵉ anniversaire d’Oskar Sala, il a présenté une pièce de théâtre musicale intitulée « Wiedersehen in Trautonien » au Musée allemand de Munich. Pour cette performance, il a fait fabriquer trois Volkstrautonien (une version plus petite de l’instrument), dont l’un a été acquis par le musée pour sa collection permanente.
Dans le domaine de la musique classique, des compositeurs tels que Paul Hindemith, Harald Genzmer, Oskar Sala, Hanns Eisler, Carl Orff, Jürg Baur, et d’autres ont écrit des compositions pour trios, quatuors et concertos avec orchestre.
En 2016, la musicienne danoise Agnes Obel a intégré le trautonium dans son album « Citizen of Glass », avec Daniel Matz comme joueur. De même, l’artiste néerlandais LudoWic est l’un des rares musiciens à posséder et à jouer du Mixturtrautonium.
Enfin, ce dernier a été utilisé pour imiter des sons de gongs et de cloches dans divers contextes musicaux.
Le trautonium et les ondes Martenot partagent une approche semblable, basée sur l’utilisation d’une technique de jeu d’instrument à cordes pour créer des sons électroniques résultant de deux hautes fréquences. La distinction réside dans le fait que le son produit par le premier est façonné par des ajustements continus qui ne peuvent être définis de manière précise sur une partition. En revanche, le deuxième offre un nombre restreint de réglages (timbres) parfaitement codifiables.
Pour jouer du trautonium, le musicien presse le fil ou une touche intermédiaire ressemblant à un clavier suspendu, le mettant ainsi en contact avec une barre.
La modulation du volume se réalise en ajustant la pression du doigt sur le fil et la barre, permettant un jeu expressif avec des techniques telles que le vibrato, les glissandi sur trois octaves et les nuances dynamiques. Ce style de jeu rappelle celui des instruments à cordes comme les violons, offrant divers effets expressifs. Des boutons sur le côté permettent de manipuler la résonance, le volume, le type d’attaque et les timbres.
Cependant, la complexité de ces réglages et la difficulté à les noter sur une partition ont contribué au déclin de l’instrument, qui a été supplanté par les ondes Martenot, considérées comme moins complexes.
Plusieurs versions du trautonium ont été conçues. Le Volkstrautonium, une version simplifiée introduite par Telefunken en 1932, n’a pas connu de succès commercial. Malgré sa fabrication et sa commercialisation depuis 1933, seulement treize unités ont été vendues. Par conséquent, la production a été abandonnée en 1938. Cette version, caractérisée par l’absence de clavier et son prix élevé, n’a pas suscité un grand intérêt sur le marché national, bien que quelques compositeurs aient écrit des œuvres pour ce modèle.
Une autre version du trautonium, le modèle de concert à deux cordes, avec un système de pédales et de genouillères, a été développée pour permettre un jeu plus flexible.
Oskar Sala est devenu un virtuose de cet appareil musical après que son inventeur Trautwein ait abandonné sa production. Il a ensuite poursuivi le développement de l’instrument en créant ses propres variantes telles que le Mixturtrautonium, le Concert-Trautonium et le Radio-Trautonium. Malgré l’échec commercial initial, il a continué à travailler avec ces versions jusqu’à sa mort en 2002.
Certaines caractéristiques du trautonium ont inspiré celles utilisées sur des instruments actuels. Tel est le cas des surfaces de contrôle de type ruban métallique avec des interfaces MIDI. Développées par le fabricant de matériels électroniques allemand Doepfer, elles facilitent le contrôle des synthétiseurs actuels.
Par ailleurs, une autre version de cet instrument monodique, en plugin au format VST, est disponible.
Le trautonium étant relativement peu répandu, voici quelques recommandations pratiques pour apprendre à en jouer.
Certaines institutions ou professeurs de musique privés proposent des cours ou des programmes spécifiques axés sur la musique électronique.
Il existe aussi des communautés en ligne, des forums ou des groupes de discussion dédiés aux instruments de musique peu conventionnels comme le trautonium.
En outre, des livres, des tutoriels et des ressources en ligne abordent la théorie musicale, la synthèse sonore et la manipulation d’outils de musique électronique. Bien qu’il puisse ne pas être explicitement mentionné, il est possible de trouver des concepts transférables.
Enfin, une autre option consiste à explorer l’appareil par vous-même, d’en acheter un et d’expérimenter avec la synthèse sonore et les techniques de jeu.
Plusieurs modèles de trautonium sont disponibles sur le marché, parmi lesquels le Mixturtrautonium équipé d’un ou deux contrôleurs de cordes. Vous pouvez également trouver le modèle VT, logé dans un boîtier historique ou moderne, offrant une fonctionnalité comparable à celle du Volkstrautonium. Le choix entre ces options dépend de vos préférences individuelles.
En complément, des dispositifs d’accompagnement sont disponibles, tels que le contrôleur avec sortie CV/GATE (MIDI en préparation), des modules conçus pour les systèmes de synthétiseurs modulaires, ainsi que des outils comme les cordes de trautonium et les pédales.
Il est possible d’acheter ces différents outils musicaux sur le site France Minéraux. La plateforme propose une large gamme de choix pour les musiciens amateurs et les passionnés d’instruments rares.
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