Selon la classification du système Hornbostel-Sachs, la scie musicale appartient à la famille des idiophones. Également appelée « lame sonore », elle se compose d’une crosse, éventuellement équipée d’une poignée d’inflexion pour faciliter le jeu. Son élément principal est la lame d’acier qui est frottée avec un archet en vue de produire un son. Ce dispositif musical peut accompagner plusieurs types d’instruments de musique.
L’origine de la scie musicale est complexe à déterminer. D’après les légendes, des bûcherons travaillant dans des forêts au Canada, en Argentine ou en France auraient remarqué que leurs scies émettent des sons lorsqu’ils les frappaient ou les tordaient d’une certaine manière. Intrigués par ces sonorités, certains ont commencé à expérimenter et à organiser ces dernières pour créer de la musique.
Au fur et à mesure que la métallurgie a progressé vers les années 1870, des scies spécialement conçues pour la musique ont commencé à être fabriquées. Celles-ci étaient souvent adaptées à partir de scies à métaux ordinaires en modifiant leur forme, leur poignée appelée « crosse », et parfois, en retirant les dents.
Vers 1900, des améliorations ont été apportées, permettant à certaines scies musicales d’atteindre une tessiture de quatre octaves. Ces modèles nécessitent un acier trempé de qualité, façonné avec l’épaisseur, la dureté et les dimensions appropriées.
Aujourd’hui, cet instrument à friction est utilisé dans divers genres musicaux, ajoutant une touche unique à la palette sonore de certains artistes.
La scie musicale présente une configuration trapézoïdale, semblable au xylophone, dotée de lames vibrantes.
La lame est fabriquée en acier trempé. Son axe de symétrie doit être aligné parallèlement au sens de laminage du métal. La forme trapézoïdale influe directement sur le son produit par l’instrument. Pour assurer une tessiture étendue, cette composante de la scie musicale doit être étroite en haut et large en bas.
Afin de faciliter la torsion de la lame, certains modèles peuvent être équipés d’une manette d’inflexion. La précision des notes obtenues dépend du poids du bras fixé sur cette dernière. Enfin, la crosse sert à maintenir confortablement le dispositif de musique entre les jambes.
L’archet utilisé pour la scie musicale est de taille réduite, correspondant à celui d’un violon ou d’un violoncelle. Il est fabriqué en bois de Pernambouc, également appelé « bois du Brésil », un matériau qui offre une bonne densité. Celui-ci permet de créer un archet de qualité supérieure.
La baguette présente une bonne élasticité. Elle est souvent confectionnée à partir de fibres de carbone. Pour frotter la lame, une mèche en crin de cheval est utilisée. Un mécanisme est intégré à l’archet pour régler la tension de cette dernière selon les besoins du musicien.
Pour générer un son, il est nécessaire d’isoler une portion de la lame. Contrairement au xylophone, la scie musicale offre une plus grande flexibilité dans la modulation des notes. Afin d’interpréter des morceaux de musique, il importe de déplacer le point d’inflexion le long de la lame. Les notes les plus graves sont obtenues au niveau des parties les plus larges de la lame, tandis que les aiguës sont produites par les sections plus étroites de celle-ci.
La fabrication d’une scie musicale implique plusieurs étapes.
Afin d’assurer une sonorité optimale, l’utilisation d’un acier à ressort est nécessaire. Ce type de métal est réputé pour sa capacité à vibrer et à produire des sons clairs et résonants. Par ailleurs, ce matériau doit présenter les dimensions suivantes :
Cela permet d’obtenir la flexibilité indispensable en vue de créer des vibrations harmonieuses.
La découpe de l’acier constitue une étape cruciale dans la fabrication d’une scie musicale. La technique la plus courante consiste à tailler le métal en suivant les motifs naturels présents sur la surface. Bien que cette méthode entraîne une perte de matière, elle garantit une découpe qui respecte la structure de l’acier.
Une alternative moderne et efficace à la découpe mécanique est l’utilisation du laser. Cette technique est privilégiée pour ses avantages en matière de vitesse et de précision. En outre, elle permet d’ajouter des marques, des symboles ou des dessins personnalisés sur le métal. Ce procédé offre également la possibilité de percer les trous nécessaires pour la fixation de la poignée en bois.
La poignée est ajustée avec précision pour s’harmoniser avec la lame métallique et éviter toute résonance indésirable. Elle est fixée à la scie à l’aide de trois points de fixation. Cet accessoire est non verni afin d’assurer une prise stable et d’éviter tout glissement entre les cuisses du joueur. Après la fixation, un ébarbage manuel peut être réalisé pour garantir un confort optimal lors de l’utilisation de l’instrument.
La manette d’inflexion, correspondant à un bras de levier, est fabriquée en hêtre et dépourvue de vernis pour correspondre à la poignée. Fixée à la pointe de la scie par encliquetage ou par vissage, elle facilite la flexion de la pointe, améliorant ainsi le confort du joueur.
La pratique de la scie musicale se fait généralement en position assise, en serrant la crosse entre les cuisses. Toutefois, certains musiciens préfèrent jouer debout. La partie dentée doit être orientée face au joueur, sauf pour les lames sonores sans dents, comme celles du brevet Keller de 1952, qui offrent un contrôle plus fin sur les notes.
Le principe de jeu repose sur la courbure en « S » de la lame. En frottant un archet le long de la bordure lisse à un point précis de la lame, le joueur crée des sons. Pour varier la tonalité, il déplace le point d’inflexion et ajuste l’articulation du coude. Des nuances supplémentaires, comme le tempo, les vibratos, les harmoniques, sont obtenues en jouant avec la position des cuisses et de la main tenant l’extrémité. Cette approche offre une performance musicale expressive.
En raison de sa sonorité singulière, la scie musicale a gagné une place importante dans la culture. Des icônes comme Marlene Dietrich ont apporté leur touche personnelle en jouant de cet instrument dans leurs œuvres. Natalia Paruz, surnommée « Saw Lady », a propulsé cet équipement musical sur la scène internationale. Elle a participé à des films, à des publicités et à des orchestres mondiaux. En novembre 2007, elle a réalisé une performance solo au Carnegie Hall.
En France, des figures telles que Maurice Dalle et Emmanuel Brun ont contribué à l’essor de ce dispositif musical, apportant chacun leur créativité et leur talent. Pascal Ayerbe a innové en jouant la « lame sonore », une variante développée par Jacques Keller en 1948. Cet instrument de musique est utilisé dans les productions de « La Tordue », d’Olivia Ruiz et de « Les Ogres » de Barback.
Outre son usage dans la scène musicale française, la scie musicale a conquis des horizons variés. Elle est prisée dans les productions cinématographiques, notamment dans le film « Delicatessen ». Alexis Faucomprez, musicien et facteur de cet instrument, a laissé sa marque sur de nombreux enregistrements et collaborations. Il a travaillé avec des artistes renommés tels que Emilie Simon et Benjamin Biolay. Grégoire Blanc a intégré la lame sonore dans le monde des musiques contemporaine et classique. Il a même exploré des versions électro-acoustiques avec des effets électroniques.
La scie musicale a également été jouée sur la scène internationale, notamment avec des musiciens et des groupes de renom tels que :
Ces artistes se sont servis de ce dispositif musical dans certaines de leurs compositions.
L’entretien et le réglage de la scie musicale sont essentiels dans le but de garantir son bon fonctionnement et de prolonger sa durée de vie. Voici quelques conseils pour prendre soin de votre instrument.
Si cet équipement musical possède des dents, il importe de vérifier qu’elles sont bien alignées et en bon état. Ajustez-les, si nécessaire, dans l’objectif d’éviter toute altération du son.
La poignée doit être solidement fixée à la lame. Assurez-vous qu’elle offre une prise confortable.
Si votre scie est équipée d’une manette d’inflexion, assurez-vous qu’elle fonctionne correctement et ne montre aucun signe d’usure.
Il importe de vérifier la mèche et les crins. Ces derniers doivent être tendus correctement. Appliquez de la colophane pour améliorer leur adhérence sur la lame.
Un nettoyage régulier contribue à maintenir une bonne sonorité et à prévenir l’usure prématurée de l’instrument. Après chaque usage, essuyez la lame, la poignée, etc., avec un chiffon doux en vue d’enlever les traces de doigts et la poussière. L’accumulation de la saleté est susceptible de rouiller la scie. Il est conseillé d’appliquer un produit anticorrosif spécialement conçu pour les métaux comme l’acier sur cette dernière après le nettoyage.
Afin de protéger votre dispositif musical contre l’humidité et les chocs, rangez-le dans un étui approprié. Privilégiez une housse en coton fort ou en nylon.
En cas de problèmes majeurs, consultez un professionnel en réparation d’instruments de musique.
La scie musicale ne nécessite pas une formation musicale formelle. Cependant, afin de la maîtriser, l’apprentissage des bases et des techniques est important. La coordination entre le mouvement de la lame, la manipulation de l’archet et la modulation du son peut être un défi. Pour cette raison, la pratique régulière est vivement conseillée.
Des cours en ligne dédiés à la scie musicale sont désormais disponibles. Certains sites proposent des leçons structurées avec des exercices afin de vous aider à progresser. De nombreuses ressources en ligne comme des tutoriels vidéo peuvent vous montrer les techniques de base.
Si possible, vous pouvez envisager des cours particuliers. Le professeur adaptera son enseignement en fonction de votre niveau, de vos besoins spécifiques et de votre progression. L’enseignant peut vous donner un retour immédiat sur votre technique, votre son et d’autres aspects de votre jeu. Cela vous permettra de corriger rapidement vos erreurs et d’améliorer vos compétences. Un professionnel saura également offrir aux apprentis des conseils personnalisés.
En vue d’obtenir un son optimal, choisissez une scie musicale équipée d’une lame en acier à ressort de bonne qualité. Pour une meilleure expérience de jeu, privilégiez un modèle livré avec les accessoires nécessaires comme l’archet, la poignée d’inflexion, etc.
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