Le sac de gemecs (traduit littéralement par « sac de gémissements » en français) fait partie des aérophones à anches. En raison de ses caractéristiques, il est surnommé la « cornemuse catalane ». Cet instrument est surtout utilisé pour jouer le répertoire traditionnel. Bien qu’il ait été délaissé, les événements qui lui sont consacrés ont permis de le remettre au goût du jour.
Le sac de gemecs est souvent confondu avec la gaïta, d’origine espagnole, et avec le xeremia provenant de Majorque. Toutefois, il se démarque par sa forme et par son diapason.
La cornemuse catalane se divise en différentes parties.
Dans la facture traditionnelle, le jujubier est le plus utilisé pour la fabrication des tuyaux. Actuellement, les essences exotiques comme l’ébène sont exploitées. Les bois indigènes sont aussi valorisés. Les plus courants sont l’amandier, le cerisier et le buis.
L’origine du sac de gemecs est assez floue. Toutefois, les hypothèses suggèrent qu’il succède au tibia utricularis, un instrument romain. Les premières véritables traces de la cornemuse catalane remontent au Moyen Âge. Celle-ci était jouée pour la cour par les ménestrels (musiciens et chanteurs ambulants à cette époque). Certains joueurs de cornemuse étaient même attitrés au roi en Aragon. Les meilleurs furent envoyés en Flandre pour étudier pendant le carême (période de 40 jours avant Pâques).
L’utilisation du sac de gemecs s’est répandue dans les différentes classes sociales, des jongleurs aux bergers, voire aux mendiants. Il était couramment employé lors des danses populaires. À partir du XIVe siècle, il a commencé à être accompagné par d’autres instruments. Ainsi est né le trio appelé la cobla de tres quartans. Ce dernier est formé par la cornemuse catalane, la flabiol (flûte) et le tamborí (tambour).
Au XVe siècle, le sac de gemecs est remplacé par des appareils plus modernes dans les domaines royaux. Son jeu se limitait aux danses folkloriques. Trois siècles plus tard, son utilisation était strictement interdite à l’intérieur des églises. L’apparition de nouveaux instruments ainsi que les lacunes de la cornemuse catalane en matière de tessiture ont accéléré son obsolescence.
À partir des années quatre-vingt, des musiciens et des luthiers prennent l’initiative de mettre en avant le son du sac de gemecs. Parmi les nouveaux facteurs, Xavier Orriols a fait la copie d’un modèle ancien trouvé dans une ferme de Maresme, à Barcelone. Par ailleurs, Jordi Thomas s’est inspiré d’un instrument exposé dans un musée de Leipzig. Le 13 août 1983, il donna un concert à Vilafranca del Penedès (ville de la province de Barcelone) avec son partenaire Xavier Bayer. Cette représentation mettait à l’honneur la cornemuse catalane. L’événement a permis de motiver la création de nouveaux groupes musicaux utilisant cet instrument à vent comme Els Cosins del Sac et Cobla Manxaire.
Le sac de gemecs est associé à une légende andorrane : El burner d’Ordino. Celle-ci raconte l’histoire d’un jeune homme issu de la paroisse d’Ordino, à Andorre (entre la France et l’Espagne). Il fut attaqué par des loups alors qu’il allait à une fête à Canillo, à 16 km de là. En jouant de cet instrument, il parvint à les éloigner.
Traditionnellement, la cornemuse catalane est utilisée par de nombreux musiciens solos ou en groupe durant les manifestations. Elle servait à accompagner les chants catalans et les ballades sardanes. Peu populaire, elle est tout de même enseignée dans les centres de formation musicale. Bien que l’autodidaxie soit la forme d’apprentissage la plus prisée, les cours en présentiel commencent à se développer.
Depuis 1991, les joueurs de sac de gemecs se réunissent à l’issue du festival international Cornamusam Cornamusa à Olot, une ville catalane en Espagne. D’autres événements ont été créés pour valoriser cet instrument. À Vilanova i la Geltrú, une commune espagnole, le Firasac est un rassemblement regroupant des musiciens, des luthiers et les professeurs. Le but est de promouvoir un échange de connaissances et d’expériences. Une rencontre est aussi préparée à Riudoms, dans la province de Catalogne.
Le sac de gemecs présente un double système de fonctionnement. Le premier est relatif au sac dans lequel l’air est stocké. La seconde partie du jeu de cet instrument consiste à manipuler les différents trous pour composer les notes de la mélodie.
La cornemuse catalane se joue souvent debout. Adopter une bonne posture est indispensable, car souffler dans le réservoir d’air sollicite beaucoup les poumons. Le sac est placé sous l’aisselle pour que le bras puisse y exercer une pression. Le souffleur est mis en bouche, tandis que les deux mains sont positionnées au niveau des trous.
Pour jouer du sac de gemecs, la première étape est de remplir le réservoir au maximum. Ainsi, il est possible de prendre une grande inspiration jusqu’à ce qu’il se vide. Le son obtenu est puissant et continu. En ce qui concerne la manipulation des trous, le principe est le même qu’avec la flûte. Tout dépend de l’accordage.
La meilleure façon de maîtriser le jeu de cet aérophone est de se former. Il existe des ateliers spécialisés dans l’apprentissage des instruments catalans. Une autre option est de s’inscrire à des cours de cornemuse, car leur fonctionnement est similaire. Les tutoriels disponibles sur les chaînes vidéo constituent également des supports exploitables pour une initiation réussie.
Le sac de gemecs est fabriqué avec du bois et de la peau d’animaux. Ces matières naturelles doivent être entretenues pour garantir la durabilité de l’instrument. La règle fondamentale est de le garder à l’abri des variations excessives de température. L’humidité est aussi à éviter. Celle-ci est absorbée par le bois qui se gonfle, puis rétrécit en séchant. Ces différents changements affectent les propriétés des fibres et induisent des déformations irréversibles. Il en est de même pour le sac en peau animale.
Outre l’humidité ambiante, la salive est un autre facteur de détérioration des tuyaux du sac de gemecs. L’huilage est recommandé pour les protéger. Il permet d’imperméabiliser la surface interne des bourdons et du tube mélodique. Toutefois, certaines essences de bois sont naturellement plus étanches que d’autres. Parmi les huiles conseillées, vous avez celles d’amande douce et de teck.
De nos jours, il existe toujours des ateliers de fabrication de sac de gemecs dans sa localité d’origine. Ces produits sont disponibles en ligne, sur des sites spécialisés dans la vente d’articles liés à la musique. Vous avez la possibilité de trouver divers types d’instruments modernes ou anciens sur France Minéraux. Pour affiner votre choix, voici les critères à prendre en considération :
La tonalité d’un sac de gemecs diffère généralement suivant la région où il a été fabriqué. En Catalogne, il est accordé en do. En revanche, l’accordage des modèles conçus à Majorque est en do#. Outre les réglages traditionnels, il est également possible de trouver des instruments en sol, en si♭ ou en ré. Certains facteurs ont même fabriqué des modèles en do grave, c’est-à-dire une octave inférieure comparée à la tonalité des versions classiques.
L’essence de bois utilisée influe sur la résistance des tubes, mais aussi sur la sonorité générale du sac de gemecs. Cependant, la différence de son peut être imperceptible par les non-initiés. Le buis constitue le choix le plus courant. Toutefois, il est sensible aux variations de température. En alternative, vous avez la grenadille. Elle est plus lourde et beaucoup plus dure. Sa couleur est plutôt foncée, allant jusqu’au noir. Le cocobolo et le palissandre sont d’autres options possibles. Ils ont respectivement des teintes rougeâtre et marron.
Le réservoir est souvent confectionné à partir de peau d’agneau ou de chèvre. L’esthétique de la première est plus affinée. De plus, elle est plus douce. En matière de durabilité, la peau de chèvre est bien plus appréciable. Tout dépend de vos préférences.
Ces tubes peuvent présenter différentes formes et finitions. Ils apportent plus d’esthétiques à l’instrument, suivant qu’ils sont décorés ou non.
Les anches sont généralement fabriquées en roseaux. Actuellement, il existe des modèles en matières synthétiques, telles que des fibres de verre ou de carbone, et du polycarbonate. Cette dernière variante est qualifiée de « composite ». Quel que soit le type que vous choisissez, il convient de commander des anches de remplacement afin de disposer d’une pièce de rechange en cas d’usure ou de perte.
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