Le guqin, traduit littéralement par « instrument à cordes ancien », provient de la Chine. Il est aussi appelé qixian-qin, ou qin pour abréger. Bien plus qu’un simple cordophone, il est considéré comme un objet sacré. Cette cithare asiatique est, en effet, indissociable de l’histoire de son pays d’origine. Son étude constituait un cours obligatoire par le passé. Aujourd’hui, elle continue d’être enseignée.
La forme du guqin a connu des modifications au fil des siècles. Bien qu’il puisse exister différents modèles, les caractéristiques générales de l’instrument sont conservées.
La version classique est munie de cinq cordes. Les autres variantes peuvent en compter sept jusqu’à dix, voire plus. Le corps de l’instrument mesure 110 cm de long. Ses extrémités présentent des largeurs différentes , allant de 13 à 17 cm.
Sur la table se trouvent des ponts amovibles qui servent à maintenir les cordes. Cette partie comporte aussi 13 positions de hauteur marquées connues sous le nom de « hui ». Pour que le son puisse se diffuser, la plaque de fond dispose de deux ouïes (trous).
Le son du qixian-qin est doux. Il est accordé deux octaves sous le do de référence et joue ainsi dans les basses. En appuyant sur les hui, la sonorité change, suivant le même principe que la guitare. L’instrument est aussi associé à 91 harmoniques courantes.
Les récits de la mythologie chinoise stipulent que le guqin existait depuis environ 5 000 ans. Le premier modèle de cet instrument aurait été créé grâce à la contribution de Huang Di, l’empereur jaune, et à Fuxi Shennong, un des Trois Augustes (empereurs mythiques). Bien que plusieurs sources valident cette hypothèse, les écrits historiques avancent que la cithare chinoise date d’il y a 2 500 ans. Quoi qu’il en soit, son ancienneté en fait le pionnier de la musique chinoise.
Considéré comme un outil noble, le guqin était réservé aux personnes cultivées. Selon un extrait du Lijing : « Un gentilhomme ne se sépare pas de son qin ou de son se sans bonne raison ». Ces deux instruments se ressemblent dans leurs caractéristiques générales. Le proverbe cité met en évidence les valeurs associées à ce cordophone. Celles-ci ont d’ailleurs été prônées par le philosophe Confucius, qui fait partie des joueurs historiques.
En 2010, une cithare chinoise de la période Song a été vendue au prix de 20,4 millions d’euros environ. Il s’agit de l’instrument le plus cher connu à ce jour.
Le guqin marque l’identité musicale de la Chine. Il est associé à plus de 3 360 titres, enregistrés depuis l’Antiquité et l’Empire britannique. Le 7 novembre 2003, cet instrument est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
En général, les mélodies jouées au qixian-qin durent entre 3 et 8 min, à l’exception de celle intitulée « Guangling San » (22 min). Parmi les plus célèbres, « Flowing Water » (ou « Liu Shui »), interprétée par Guan Pinghu, fut intégrée dans le « Voyager Golden Record ». Cette chanson fait partie des plus longs morceaux inclus dans ce disque. Elle met en avant les vibrations et les harmoniques, relevant de la maîtrise des lois physiques fondamentales. Les autres titres populaires associés à cet instrument sont :
Ces différentes mélodies comptent parmi le répertoire de référence.
Au fil des années, différents musiciens, utilisant le guqin, se sont succédé. Les plus remarquables sont Qu Yan, Confucius et Huizong, l’empereur de la dynastie Song. Du début du XXe siècle à nos jours, le nombre de joueurs de ce cordophone a considérablement diminué. Ils sont souvent spécialisés dans d’autres instruments. Certains sont rémunérés pour réaliser des recherches sur le qixian-qin et pour se présenter sur scène.
Le guqin est associé à différentes pratiques traditionnelles. Il est aussi utilisé pour des performances musicales.
Dans son pays d’origine, le qin est privilégié durant les cérémonies rituelles comme les sacrifices à la cour impériale. Différentes peintures témoignent de cet usage caractéristique. Au Japon, ce cordophone était plutôt employé par les moines bouddhistes et par les érudits (personnes lettrées). Par la suite, il a été adapté pour interpréter la musique folklorique locale.
Le guqin est joué en solo. Sa sonorité, assez subtile, s’efface aux côtés d’autres instruments. Sur scène, dans de grandes salles, l’utilisation d’un microphone est indispensable pour la rendre plus audible. Le qin peut, toutefois, être accompagné par le xiao, une flûte en bambou ou par le se, une ancienne cithare chinoise pincée. Cet instrument à cordes peut également être joué en duo avec le dizi (une flûte traversière en bambou), le pipa (un genre de luth en forme de poire et à quatre cordes) et le xun (un ocarina en céramique). Ces différents instruments se caractérisent par une sonorité douce.
Pour chanter sur des musiques typiques du qixian-qin, le style adopté ne doit être ni folklorique ni lyrique. La voix est grave et profonde.
La conception du guqin n’a pas qu’une visée musicale. Chacune de ses parties présente une symbolique particulière.
La table du qin est légèrement bombée sur sa face supérieure. Celle-ci représente le ciel. En revanche, la partie inférieure, plate, fait référence à la terre. La longueur totale de l’instrument, en mesure chinoise, est de 3 chi, 6 cun et 5 fen. Ces chiffres correspondent aux 365 jours de l’année. Toutefois, d’autres modèles peuvent être plus longs ou plus courts, suivant le standard utilisé par les facteurs. En ce qui concerne les 13 hui, ils font allusion aux 12 mois de l’année, en plus de celui qui est bissextil dans le calendrier lunaire.
Le guqin traditionnel comporte cinq cordes. Elles sont liées aux cinq éléments : la terre, le feu, l’eau, le bois et le métal. À l’époque de la dynastie Zhou, une sixième ligne a été ajoutée à l’instrument en mémoire du fils de l’empereur Zhou Wen Wang : Boyikao. Durant son règne, Zhou Wu Wang, successeur de ce dernier, en a intégré une septième pour motiver ses troupes à aller au combat.
Les cordes du qin étaient longtemps confectionnées en soie. Elles présentaient différentes épaisseurs. Cette matière se faisant rare, il a fallu chercher une alternative. Ainsi, les modèles métalliques, recouverts de nylon, ont été utilisés. Cependant le son du qixian-qin s’en trouve changé. Il est beaucoup moins raffiné. De plus, ces cordes peuvent endommager la surface des instruments anciens. Néanmoins, elles s’adaptent bien au diapason standard. L’accordage se fait sans risque de casse. Il est aussi plus stable.
Le jeu du guqin se fait selon diverses techniques. Il suit une notation répertoriée sous forme de tablature.
L’accordage du qin est appelé « zheng diao ». Il est pentatonique et se présente comme suit : 5 6 1 2 3 5 6 ou 1 2 4 5 6 1 2. Le « 1 » se réfère au do, le « 2 » au ré et ainsi de suite. En réglant la tension, il est possible d’obtenir d’autres accordages :
Cette dernière suite de notes peut être transposée. Ainsi, vous obtenez cet accordage : 2 3 5 6 1 2 3.
De tous les instruments chinois, le guqin est associé au plus grand nombre de techniques de jeu. Selon le livre « Cunjian Guqin Zhifa Puzi Jilan », il en existe plus de 1 000. Cependant, seules 50 d’entre elles sont encore exploitées actuellement. Certaines impliquent l’usage d’un archet de violon.
Les styles de base sont :
Le choix de l’une ou l’autre de ces techniques dépend des précisions dans la tablature et des improvisations engagées par le musicien.
La tablature associée au guqin comporte des détails sur l’accordage, l’emplacement des doigts et la frappe. Elle renseigne sur la façon dont la mélodie devrait être interprétée. Les notes sont représentées suivant le système gongche, à l’aide de caractères. Quant au rythme, il est indiqué par des points. Pour simplifier la présentation de la tablature, les différentes informations ont été regroupées en un seul signe. Cette forme abrégée est connue sous le nom de jianzi pu.
À partir du XXe siècle, la tablature est accompagnée d’une portée. Ce changement permet de conserver la praticité de la notation sous forme de caractères, tout en adoptant un système plus conventionnel.
L’indication de rythme sur les tablatures pour le guqin est assez vague. Elle prend la forme de répétitions de motifs ou de phrases. La répartition du son dans le temps peut aussi être devinée à partir de l’arrangement de la notation. D’autres dispositifs, comme les points, sont également utilisés.
Malgré les directives fournies, la cadence donnée aux morceaux du qin peut être libre. Les musiciens ont alors la possibilité de jouer au gré de leurs émotions et suivant la façon dont ils interprètent la mélodie. Dans certaines compositions, le tempo est, néanmoins, fixé pour des sections bien définies. Celles-ci doivent être respectées.
Des cours de guqin sont dispensés dans de nombreuses écoles de musique en France. Il peut s’agir d’un centre spécialisé dans ce genre de cithare en particulier ou dans la culture chinoise en général. Les séances peuvent se faire individuellement ou en groupe. Suivant votre disponibilité, vous avez le choix entre les cours présentiels ou en ligne. Dans le second cas, vous devez disposer de votre propre instrument. En visitant le site de France Minéraux, vous trouverez facilement le modèle qui vous convient le mieux. En effet, vous découvrirez sur ses pages une vaste gamme d’instruments à corde de qualité signés par les plus grandes marques.
Être en possession d’un qin est aussi nécessaire si vous optez pour un apprentissage en autodidacte. Dans ce cas, les ressources que vous pouvez exploiter sont les livres de cours et les recueils de partitions. Les démonstrations vidéo sur Internet viennent ensuite compléter votre formation.
L’entretien du guqin est similaire à celui adopté pour la majorité des instruments à cordes. Une fois la séance terminée, il est à essuyer à l’aide d’un chiffon doux afin d’éliminer les traces de doigts dues à la sueur et les dépôts accumulés. Les produits nettoyants à base d’acide et d’alcool sont fortement déconseillés. Il convient de choisir des substances au pH neutre si nécessaire. Pour préserver la propreté de ce cordophone, celui-ci est idéalement rangé dans un environnement à l’abri de la poussière. L’utilisation d’un étui est recommandée.
Comme tout instrument en bois, le guqin est sensible à l’humidité. Par conséquent, il ne doit pas être placé dans des pièces telles que la salle de bain. Un taux d’hygrométrie élevé cause des déformations au niveau des différents matériaux qui le composent. A contrario, une ambiance trop sèche provoque des fissures. Ce cordophone ne doit alors pas être exposé au soleil. Pour mieux contrôler le niveau d’humidité, vous avez besoin d’un hygromètre. Suivant les valeurs relevées, vous pouvez mettre en marche un humidificateur ou assécher l’air lorsque l’humidité est accrue.
Enfin, il est important de bien se couper les ongles avant de jouer du guqin. Leur longueur et leur forme peuvent rendre la pratique difficile, et même fragiliser les cordes. Elles doivent être les plus courtes possible, suivant les préférences de chacun.
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