La guitarra baiana, aussi appelée baiana, est un instrument à cordes pincées créé dans l’État fédéré du Brésil, Bahia. Cette mandoline électrique, dotée de quatre à six cordes, est un monument historique pour le pays sud-américain.
Cette invention musicale est apparue en Amérique latine afin de rivaliser avec les guitares électriques des États-Unis. Elle a gagné en notoriété grâce à trois musiciens talentueux.
En 1942, le guitariste brésilien Dodô (Antônio Nascimento) a assisté à une présentation de son homologue, Benedito Chaves, au Salvador. Ce dernier avait utilisé un capteur destiné à une guitare acoustique, ce qui a poussé Dodô à fabriquer le sien et à le placer aux côtés d’instruments acoustiques.
Malheureusement, le larsen ne lui permettait pas d’amplifier le son à sa guise. Afin d’atténuer ce problème, il a décidé de boucher l’accès à la caisse de résonance, notamment avec des tissus. Le capteur a été installé sur un morceau de bois prolongé par un manche de cavaquinho, ce qui a permis d’obtenir un son plus puissant.
Dodô a été accompagné par le musicien Osmar Macedo au bord d’une Ford 1929 afin de parcourir les rues lors du carnaval de 1950. Le véhicule a été doté d’un dispositif audio, agrémenté d’un groupe électrogène ainsi que de deux haut-parleurs. Six percussionnistes ont également fait partie de l’aventure. Les instruments ont été accordés de la même manière qu’une mandoline à la quinte (sol, ré, la, mi).
En 1951, les deux passionnés ont réitéré cette performance, mais sur un véhicule plus imposant, un générateur de meilleure qualité et huit haut-parleurs. Ils ont été rejoints par le musicien Temístocles Aragão afin de former le fameux trio elétrico (traduit littéralement par « trio électrique »).
L’année suivante, le groupe a été appuyé par une entreprise de boissons qui leur a fourni un camion. L’équipe a rendu ce type d’outils célèbre dans les défilés de carnavals, en particulier grâce à l’accordage et à la distorsion produite à fort volume.
De nouveaux modèles de guitarras baianas, se rapprochant davantage des guitares électriques, ont été mis au point, entre autres grâce au fils d’Osmar Macedo, Armandinho. Ce dernier a travaillé avec des luthiers comme Luizinho Dynamite, Vitório Qunitino ou Elifas Santana, et a ajouté une cinquième corde à ces appareils. Dans les années quatre-vingt-dix, un système de chevalet mobile, baptisé Floyd Rose, a été installé sur ces derniers.
La guitarra baiana est progressivement délaissée par les musiciens qui ont privilégié des objets électriques plus communs. Malgré tout, elle demeure une grande fierté pour les habitants de Bahia, car sa création est distincte de celle de la guitare électrique aux États-Unis.
En général, la guitare bahianaise possède cinq ou six cordes, la quinte délivrant un do pour la cinquième et un fa pour la sixième. Toutefois, l’accordage n’est pas le même en fonction des musiciens, certains préférant le style de la guitare ou celui de la viola.
La guitarra baiana actuelle est un croisement entre les différentes créations musicales révélées lors de la seconde moitié du XXe siècle. Il s’agit d’un instrument en bois dur muni de capteurs magnétiques et accordé en quinte. Il peut s’adapter à plusieurs styles comme le frevo et le rock. Dans certains cas, il se substitue même à la guitare ou à la mandoline.
La guitarra baiana est un joyau à part entière du carnaval brésilien, surtout au Salvador. Ses inventeurs voulaient en réalité mettre au point une version brésilienne de la guitare électrique, avec un langage et un style musical spécifiques.
À la fin des années soixante, de nombreux musiciens ont désapprouvé l’ajout d’éléments de pop et de rock occidentaux dans la musique du pays. Ils ont toutefois fini par revenir sur leur décision grâce à la guitare bahianaise démocratisée par le trio elétrico.
Le rocker Robertinho Barreto s’est servi de la guitarra baiana pour bâtir un univers autour du frevo. Parmi les figures emblématiques de la pratique de cet instrument à cordes pincées, on retrouve également le rappeur BNegão et le célèbre chanteur Lucas Santtana.
Cette mandoline électrique est relativement facile à prendre en main. Il s’agit d’un objet musical léger et compact, facilitant ainsi son transport et son rangement.
Par rapport à d’autres appareils du même genre, la guitarra baiana est dotée de moins de cordes. Ainsi, il s’avère plus facile de lire ses tablatures et ses partitions musicales. Selon de nombreux musiciens, elle est beaucoup plus facile à maîtriser que la guitare, car elle ne requiert pas de techniques complexes.
L’artiste doit adopter une posture droite lorsqu’il joue. Le corps de la guitare bahianaise reposera sur le haut de la jambe, tandis que le manche sera tenu dans la main gauche. L’utilisation d’une sangle aide à se sentir plus à l’aise.
La guitare bahianaise doit être manipulée avec soin pour assurer sa conservation à long terme.
L’accordage de la guitarra baiana ressemble à celui du violon : en sol-sol-ré ré-la-la-mi-mi. Le musicien ira du grave à l’aigu, chaque paire étant accordée sur la même tonalité. Les accordeurs de chaque corde de sol et de ré se trouvent sur le côté de la tête le plus proche. Les cordes de la et de mi, quant à elles, se situent de l’autre côté.
Cette opération suivra le sens des aiguilles d’une montre en descendant sur l’instrument, en allant vers le haut. Cette technique permet de régler la tension de la corde et d’éviter qu’elle ne s’aplatisse. Par ailleurs, il est recommandé d’utiliser des cordes neuves, car celles déjà usées seront difficiles à manipuler. Elles seront à remplacer tous les deux mois environ.
Des précautions sont à prendre afin de maintenir cet appareil dans un état optimal. Certains produits de nettoyage sont, par exemple, proscrits.
La guitarra baiana est à éloigner des sources de chaleur et des endroits humides, car le bois risque de se déformer. Les lieux froids et ceux exposés directement à la lumière du soleil sont aussi à éviter. Par ailleurs, le musicien fera attention à la manière de poser cet objet musical. Les tensions générées par les cordes peuvent provoquer la vrille du manche. Autrement dit, le bois va se bomber vers les cordes, se creuser sous les cordes ou se tourner d’un côté ou de l’autre. Afin d’éviter tout désagrément, il est recommandé d’acquérir une accroche murale et un étui.
Un chiffon doux, légèrement humidifié si besoin, suffit pour le nettoyage régulier de la guitarra baiana. Il existe également certains produits, tout-en-un ou spécifiques, destinés au nettoyage d’instruments à cordes. Le manche, par exemple, se frotte avec de la laine d’acier. Seules les substances agressives sont à proscrire au risque d’endommager le vernis.
Pour les réglages supplémentaires, plus complexes, l’intervention d’un luthier est indispensable. Ce dernier se chargera d’ajuster les éventuelles imperfections et procédera, dans certains cas, à des réparations.
Les méthodes pour apprendre à jouer de la guitarra baiana sont nombreuses. La première consiste à intégrer une école de musique ou un centre de formation. Ces établissements proposent des cours qui permettent d’obtenir un diplôme ou un certificat à leur terme. Les séances sont généralement dirigées par un professeur de guitare qui est déjà un expert dans son domaine. Les élèves suivent en général des cours collectifs durant lesquels ils ont la possibilité d’interagir directement, en posant notamment des questions. En revanche, ils peuvent aussi opter pour des cours particuliers. Ce suivi individuel permet généralement de progresser plus rapidement.
La dernière alternative est la formation autodidacte grâce aux divers contenus disponibles sur le web. De nombreux individus, professionnels ou non, partagent des tutoriels pour se familiariser plus facilement avec cette guitare. Les apprentis se formeront à leur propre rythme, sans subir de pression.
Le style de musique de l’artiste est le premier critère à considérer pour l’achat d’une guitarra baiana, car les modèles sont différents. Le budget et le niveau d’expérience ne sont pas non plus à négliger. Les novices auront certainement à demander conseil auprès de guitaristes aguerris pour faciliter leur choix.
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