Clavecin

Le coffre ou la caisse

Le coffre est la principale structure du clavecin et lui sert de caisse de résonance. Il définit son volume ainsi que sa forme extérieure. Construit autour d’une pièce généralement en chêne appelée « sommier », il est parallèle au(x) clavier(s). 

Les cordes

De faible diamètre, les cordes sont des fils métalliques placés dans le sens de la longueur de l’instrument. Elles sont disposées de manière perpendiculaire au(x) clavier(s). Elles peuvent être en bronze, en cuivre, en laiton ou en fer. Chacune d’elles s’enroule sur une cheville permettant de régler la tension, et ainsi la hauteur du son émis. Chaque note correspond à une ou à plusieurs cordes, assemblées en nappes imbriquées ou superposées au-dessus de la table d’harmonie. Les cordes se trouvant sur une même nappe forment un jeu ou un rang. Chacune d’elles enjambe deux pièces de bois dur : le chevalet (collé sur ladite table, élément sur lequel sont tendues les cordes) et le sillet (fixé sur le sommier).

La table d’harmonie

Jouant le rôle d’amplificateur, la table d’harmonie est une lame de bois fibreux qui se trouve sous les cordes. De diamètre compris entre 2,2 et 4,2 mm, elle couvre presque toute la surface du clavecin. L’angle droit de cette partie de l’instrument possède généralement un orifice circulaire orné d’un dessin d’ange, de rosace… Bien qu’elle ne soit pas obligatoire, cette ouïe influe sur le son. Elle peut aider à éviter un couplage avec le fond et à équilibrer l’hygrométrie.

Le(s) clavier(s)

L’étendue d’un clavier de clavecin varie généralement entre 4,5 et 5 octaves, soit de 56 à 61 notes. S’il existe, le clavier supérieur est secondaire et est placé en retrait. Tout comme dans l’orgue, il s’accouple à l’instrument principal. Ce système permet de faire jouer simultanément les jeux des claviers en appuyant sur les touches d’un seul d’entre eux.

Les touches naturelles ou « marches » s’opposent à celles chromatiques (bémols ou dièses) appelées « feintes ». Contrairement aux versions flamandes, le modèle français possède des marches noires et des feintes blanches.

Le clavecin à pédale ou clavecin-pédalier

Il s’agit d’un grand clavecin sous lequel est ajouté un pédalier permettant d’actionner les touches du clavier par l’intermédiaire de cordes. Ce dispositif est comparable à la tirasse de l’orgue. Ainsi, les organistes peuvent également s’entraîner avec cet instrument de musique.

Le clavicythérium

Le clavicythérium est aussi connu sous l’appellation « clavecin vertical ». Comme son nom l’indique, ses cordes sont disposées verticalement. Ainsi, les sautereaux sont placés à l’horizontale, ce qui permet à l’instrument d’occuper moins de place. Leurs mouvements peuvent solliciter l’utilisation d’un ressort ou d’un autre dispositif.

L’épinette

L’épinette comporte un seul registre de huit pieds, pouvant parfois sonner à l’octave (quatre pieds). Concernant sa forme, elle peut être rectangulaire, polygonale ou à côté courbe. Quant à ses cordes, elles sont légèrement obliques ou perpendiculaires aux touches du clavier. Jusqu’au XVII^e siècle, l’appellation « épinette » était interchangeable avec le mot « clavecin » en France.

L’ottavino

Cet instrument de musique est une épinette rectangulaire ou triangulaire. Sa taille réduite sonne à l’octave grâce à ses cordes plus courtes (de moitié).

Le luth-clavecin

Les cordes d’un luth-clavecin sont en boyau, contrairement à celles d’un modèle classique qui sont en métal.

Le virginal

Le virginal est un instrument à registre unique, une sorte de petit clavecin portatif. Souvent rectangulaire, il est doté d’un clavier situé à gauche du coffre. Ses cordes sont parallèles à celui-ci.

Le muselaar

Ce variant du virginal est doté d’un clavier se trouvant au centre de la caisse. Ses sautereaux pincent les cordes au milieu. Cela provoque un son rond, clair et doux qui se rapproche de celui du luth ou de celui de la harpe.

Le claviorganum

Il s’agit d’un modèle hybride, car il intègre à la fois les cordes d’un clavecin et les tuyaux d’un orgue.

Origine et histoire du clavecin

Les traces de l’existence des premiers instruments à clavier et à cordes se trouvent dans des textes datant du XIV^e siècle. Cependant, ceux-ci ne précisent pas si les cordes sont pincées ou frappées. Le premier modèle se rapprochant le plus d’un clavicythérium était évoqué par le roi Jean I^er d’Aragon en 1388. Celui-ci mentionnait « un instrument semblable à l’orgue, mais qui résonne par des cordes ».

Le premier document parlant explicitement du clavecin date de 1397. Dans une lettre adressée à son gendre ou à son fils, Lodovico Lambertacci décrit un instrument de musique inventé par Hermann Poll. Ce dernier était un médecin et astrologue autrichien attaché à la cour de Bourgogne. Ainsi, les clavecins sont considérés comme étant originaires de cette région historique du centre-est de la France.

Vers 1440, l’organiste Henri Arnault de Zwolle fournit un schéma détaillé d’un clavecin primitif. Il y inclut également quatre mécanismes permettant de pincer ou de frapper les cordes. Vers 1460, l’érudit tchèque Paulirinus de Prague a été le premier à décrire le virginal.

Une autre hypothèse suggère que cet instrument à sautereaux provient d’Italie. Au fait, le plus ancien modèle authentifié est de conception italienne. Actuellement conservé à Londres, il a été fabriqué par Jérôme de Bologne en 1521.

Cet instrument à cordes et à clavier tombe en disgrâce après la Révolution française, mais revient sur le devant de la scène au début du XX^e siècle. La claveciniste Wanda Landowska a repris plusieurs caractéristiques du piano en vue de créer un modèle « moderne ».

Dans les années 1960 et 1970, cet instrument de musique a marqué les styles rock et pop. Il est devenu l’outil fétiche des passionnées d’English baroque, un genre associant rock et musique classique. Ainsi, les groupes The Rolling Stones, The Beatles, Bee Gees, Deep Purple, The Beach Boys, Aphrodite’s Child et The Stranglers l’ont apprécié. Le hip-hop s’est aussi fortement inspiré du clavecin. Le groupe britannique de trip-hop Massive Attack utilise ce dernier comme continuo dans son célèbre titre « Teardrop ». Dans les années 1970, certains compositeurs et interprètes comme l’Américaine Wendy Carlos ont modernisé le répertoire de Bach.

Clavecin : plus qu’un instrument de musique

À l’époque où cet instrument à cordes pincées était présent à l’opéra, il était également utilisé chez les particuliers. Ces derniers s’en servaient pour réaliser des pièces seules ou des œuvres en petit comité. Comme l’instrument était souvent placé dans le salon, il était alors minutieusement décoré. Il était possible d’apercevoir de la peinture de paysage, de la sculpture, du placage de bois précieux… Au même titre que les vêtements et les meubles, cet instrument de musique reflétait les goûts et les moyens financiers de son propriétaire. Les parties les plus concernées étaient le couvercle, les éclisses, le piètement et la table d’harmonie.

Festivals et concerts

Des enseignes et des institutions réparties dans le Monde organisent des festivals et des concerts mettant en avant le clavecin. Lors du festival Scott Ross de 2023, France Musique a fait appel aux clavecinistes français Pierre Hantaï et Bertrand Cuiller. D’autres évènements de ce genre ont également eu lieu en Estonie (Tallinn), au Canada (Montréal), etc.

Conservation en musée

Le Musée de la musique de la Philharmonie de Paris possède une centaine d’instruments de musique appartenant à la famille des clavecins.

Fonctionnement, accord, réglage et entretien du clavecin

Plusieurs opérations sont à mener minutieusement afin d’accorder et d’entretenir un clavecin.

Comment fonctionne un clavecin ?

Le sautereau est une mince règle en bois, dotée d’un étouffoir en cachemire et d’une languette pivotante armée d’un plectre en plume ou en plastique. Lorsque vous appuyez sur une touche, ce dispositif s’élève, pince le fil correspondant et fléchit. Quand il lâche la corde, celle-ci se met à vibrer et à produire du son. Une fois la touche relâchée, le sautereau redescend par son poids et un étouffoir se place sur le fil pour arrêter la vibration. Contrairement au piano, la force appliquée sur la touche d’un clavecin ne change pas le volume du son émis.

Le claveciniste a le choix entre jouer en solo, rejoindre un orchestre et participer à un petit ensemble.

Comment le régler ?

L’accord de cet instrument de musique varie sensiblement selon les conditions atmosphériques auxquelles réagissent sa caisse et ses cordes. Un professionnel peut le paramétrer à l’oreille ou à l’aide d’un accordeur électronique chromatique. L’accordage consiste notamment à régler la tension des fils métalliques. Pour ce faire, il convient d’utiliser un té ou une clef adaptée pour tourner les vis d’ajustement des sautereaux dans un sens ou dans l’autre.

D’une manière générale, les clavecins sont accordés au diapason avec un la à 415 Hz. Cette référence passe à 440 Hz lorsque l’instrument s’intègre à un ensemble moderne. Cet écart correspond approximativement à un demi-ton. Ainsi, certains modèles ont un dispositif transpositeur rudimentaire permettant de décaler les claviers de la largeur d’une touche. Déplacé vers la droite, le la se place ainsi sous les sautereaux produisant auparavant le si bémol. Cela requiert alors un nouvel accordage.

Comment l’entretenir et le conserver ?

Afin de préserver ses réglages, posez votre clavecin dans un endroit ayant un taux d’humidité de 50 à 60 %. En été, assurez-vous que la pièce soit relativement fraîche. En hiver, une température comprise entre 16 et 18 °C est idéale. Jouer régulièrement de l’instrument de musique est aussi un moyen judicieux d’entretenir son mécanisme.

Apprentissage du clavecin

Jouer du clavecin requiert une technique proche de celle de l’orgue, mais sensiblement éloignée de celle du piano. Cela fait appel aux raffinements du toucher, à la capacité de suivre des voix simultanées, à la maîtrise des jeux d’articulation… L’apprentissage de cet instrument à sautereaux demande une maîtrise de la basse continue. L’apprenti doit aussi témoigner d’un potentiel en ornementation (art de varier, d’embellir et d’amplifier une ligne mélodique ou le mouvement d’une composition musicale).