La bodega appartient à la famille des cornemuses, et compte parmi les plus volumineuses. En occitan, son nom signifie « chèvre ». Également connue sous le nom de « craba » ou encore « boudègue », elle est faite d’une peau de chèvre ou de brebis entière. Sa conception et sa forme font d’elle un instrument unique en son genre. Sa sonorité à la fois grave et profonde lui confère un son qualifié de « digne des cornemuses du Moyen Âge ».
Bien souvent oubliée, la bodega est originaire du Haut-Languedoc où il constitue un fleuron de la culture régionale. Cette cornemuse se compose principalement de quatre parties.
Pesant environ 1,5 kg, cet instrument à vent est pourvu d’un seul et unique bourdon doté à l’extrémité d’une anche simple battante. Pourvu d’une esthétique d’exception, il se reconnaît entre autres par sa décoration aux couleurs vives, jadis réalisée par les épouses des joueurs.
La bodega figure parmi les cornemuses gothiques dans l’art du XIIIe au XVIe siècle à travers l’Europe. Son hautbois, son bourdon et la forme de sa poche lui confèrent un caractère ancien.
Bien qu’il ait failli disparaître, cet emblème musical a connu une résurrection grâce à son timbre puissant et chaleureux. En effet, cette renaissance est notamment le fruit du travail de collectage acharné de Charles Alexandre et de Claude Romero, deux musiciens du sud de la France. Renaissant ainsi vers les années 1970, ces cornemuses du Haut-Languedoc furent à nouveau fabriquées et diapasonnées en fa/si bémol. Ces deux notes demeurent, jusqu’à ce jour, la tonalité admise de manière commune chez les fabricants.
La bodega possède un caractère carnavalesque, trait qui justifie son utilisation lors des fêtes de rue. Autrefois, le musicien avait coutume de se grimer et de décorer son instrument de pompons et de guirlandes réalisées au crochet. Le but était d’orner l’homme et son outil de musique d’éclatantes couleurs dignes des festivités.
Symbolisant la réjouissance, la craba est utilisée pour mener différentes sortes de festivités : complaintes, danses, promenades de bœufs durant les carnavals, etc. Traditionnellement, cet emblème musical était largement employé lors des mariages, mais également durant les célébrations de Noël et de Pâques.
Autrefois, chaque village ne comptait que deux ou trois joueurs de craba. Également appelés « bodegaires » ou « crabaires », ces musiciens étaient les plus pauvres et marginaux de la société. Ils ont été mis aux premiers rangs lors des combats entre 1914 et 1918 : c’est la raison pour laquelle seulement une vingtaine était recensée dans l’entre-deux-guerres.
Perpétuant les coutumes et les traditions du pays narbonnais, la bodega rythme, aujourd’hui comme jadis, les réjouissances et les peines du monde rural de la Montagne Noire.
La craba est principalement jouée dans le sud de la France, notamment dans la Haute-Garonne, l’Aude, le Tarn et l’Hérault. Statistiquement parlant, environ 300 bodegaires sont comptés à travers l’Europe dont la majorité se situe dans le Tarn. Cependant, l’instrument est tout autant pratiqué dans plusieurs régions de la Montagne Noire. Notamment dans le pays castrais (au nord), en Minervois et Cabardès (dans le sud), en Lauragais (à l’ouest), et dans les monts de l’Espinouse (à l’est).
La boudègue se distingue des cornemuses européennes par la sonorité grave et profonde qu’elle produit. En outre, elle s’associe à n’importe quel style musical, que ce soit traditionnel ou moderne, grâce à ses possibilités chromatiques.
Bodega Buf de vida !, se traduisant librement par « Bodega, souffle de vie ! », est le titre d’un film de Sophie Jacques de Dixmude, réalisé par Stéphane Valentin en 2010. Visant à rendre hommage à cette tradition musicale, ce documentaire a reçu le prix « Coup de cœur » durant le Festival Occitània. Il y a notamment fait un triomphe dans la catégorie Musiques du Monde.
La bodega est confectionnée manuellement selon les méthodes traditionnelles languedociennes.
Fabriqué artisanalement, cet instrument à vent se confectionne principalement avec une peau de mouton ou de chèvre entière appelée « oire ». Minutieusement choisi, idéalement une femelle de moins de deux ou trois ans, l’animal était traditionnellement tué durant une vieille lune d’hiver.
Concrètement, les fabricants retournent la peau de manière à ce que les poils soient à l’intérieur. Considérée comme la plus grosse cornemuse de France, la bodega peut contenir entre 80 et 100 l d’air.
Le processus de fabrication de la boudègue requiert l’utilisation de divers outils spécifiques. En outre, la peau de l’animal doit rester intègre lors de sa manipulation afin de garantir l’étanchéité du sac. En raison de ses dimensions exceptionnellement grandes, le résonateur du bourdon requiert une attention particulière lors de sa fabrication. Par ailleurs, l’instrument exige un façonnage singulier pour obtenir un résultat homogène tant sur le plan esthétique que musical.
Pour produire le son, le musicien souffle dans le bufet, et presse la poche à l’aide de son bras. La mélodie, quant à elle, se joue sur le graile aux moyens des trous de jeu.
Le recours à des techniques spécifiques permet de produire un son à la fois intense et continu. Le contrôle de la pression du sac, notamment, est ce qui permet de jouer des notes graves ou aiguës. Ces dernières, par exemple, nécessitent une plus forte pression.
De nos jours, de nombreux ateliers ouvrent leurs portes à ceux qui souhaitent apprendre à jouer de la bodega. Sophie Jacques de Dixmude, en plus d’être musicienne, enseigne la boudègue au conservatoire de Carcassonne depuis 2015. Son enseignement a pour but de permettre au grand public de se réapproprier la craba, mais aussi de transmettre sa pratique.
Pour trouver tout instrument de musique de qualité, vous pouvez vous rendre sur le site de France Minéraux. Que vous soyez amateur ou passionné, vous y trouverez la bodega qui correspondra à vos besoins.
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