L’ardîn est originaire de l’Afrique de l’Ouest. Largement utilisé par les griottes mauritaniennes (iggawin), il sert notamment à accompagner les voix et à communiquer avec elles. Bien plus qu’un simple instrument à cordes, il fait aussi office d’instrument à percussion. Cette harpe africaine est indissociable de l’histoire de son pays d’origine. Elle est enseignée dans de nombreuses institutions jusqu’à ce jour.
L’ardîn est une sorte de harpe, dont le corps mesure entre 40 et 50 cm de diamètre. Il est fabriqué à partir d’une calebasse évidée sur laquelle sont fixées les cordes. Celles-ci sont généralement au nombre de dix, mais parfois ce chiffre varie en fonction du modèle. Traditionnellement, elles étaient fabriquées en crin de cheval. La rareté de cette matière a poussé les artisans à chercher d’autres alternatives. Ainsi, les modèles en nylon ont vu le jour. Cependant, sa sonorité s’en trouve changée, elle est devenue moins brillante. Par ailleurs, ces cordes en nylon peuvent créer des rayures sur la surface de l’instrument.
L’ardîn est recouvert d’une peau tendue qui sert de résonateur et dispose d’un manche de plus d’un mètre de long, s’enfonçant dans la calebasse. Les cordes sont reliées à ce dernier par un dispositif de chevilles en bois, pour leur ajustement, et au cordier, qui est attaché à la table de percussion.
Sa sonorité est mélodieuse, douce et riche en harmoniques. Cet instrument peut intervenir pour jouer une grande variété de mélodies traditionnelles africaines et berbères. Son timbre distinctif en fait une pièce maîtresse de nombreuses compositions musicales dans les pays de l’Afrique de l’Ouest.
L’ardîn est un instrument ancien, dont les premières traces remontent à plusieurs siècles dans l’histoire des populations occupant l’Afrique septentrionale et saharienne. Il a une relation étroite avec la musique traditionnelle des iggawin (musiciens et conteurs), appelée communément « musique maure » et avec les traditions musicales des ethnies noires africaines. Il est aussi associé à deux autres types de musique propres aux « maures noirs ». Le premier, le « medh », regroupe des chants rendant hommage au Prophète de l’islam. Quant au second, le « redh », il s’agit d’une musique de danse accompagnée de tam-tams.
L’ardîn a une importance capitale dans la culture des pays de l’Afrique de l’Ouest. Il fait partie des instruments emblématiques qui marquent l’identité et la tradition musicale des différentes régions allant de la Mauritanie au Sahara Occidental.
Il peut jouer le rôle de soliste ou être accompagné d’un autre instrument comme la tidinit, dédiée aux hommes. Il s’agit d’un luth à quatre cordes qui se reconnaît à ses bruiteurs métalliques placés sur le manche et sur le pourtour de la caisse de résonance. De nombreuses variantes existent au Sénégal, au Mali et au Niger.
Les griots combinent ces deux instruments classiques avec :
Avec la modernisation et l’industrialisation de la musique traditionnelle, la tidinit a cédé sa place à la guitare sèche.
Au départ, la pratique de la musique traditionnelle était réservée aux hommes. Depuis, elle est autorisée pour les femmes. Les références absolues dans ce domaine sont deux personnalités issues de familles iggawin : Dimi Mint Abba et Malouma. Elles jouent principalement de l’ardîn et ont contribué à le populariser au niveau international.
Les modes selon lesquels se joue la musique maure laissent présager leurs différentes appellations. Beigi évoque la nostalgie, la tristesse et la mélancolie. Karr et siguim seraient d’origine bambara. Le premier exprime la joie pour les louanges profanes et religieuses. Le second reflète la sensibilité et les sentiments. En revanche, faghou, lieu de la bile, est utilisé pour invoquer le courage et les chants de combat. Autrefois, il servait à donner le signal de guerre.
Les modes se divisent en couleurs ou voies, selon la manière de jouer. Celles-ci sont au nombre de trois : le biadh (voie blanche), le khal (la noire) et le zrag (la tachetée). Ce système à deux dimensions permet de catégoriser les formes musicales. Selon certaines croyances, il aurait également la capacité de classer tous les sons de la nature.
Ces modes déterminent l’octave utilisée pour accorder l’instrument, mais diffèrent des modes traditionnels en Occident. Dans le karr, par exemple, il existe des notes situées à plus d’une octave au-dessus de la note modale la plus grave, qui ne semblent pas avoir d’équivalent dans le registre inférieur.
Le principe de fonctionnement de l’ardîn se rapproche sensiblement de celui de la plupart des cordophones. De ce fait, pour produire un son, il suffit de pincer les cordes avec ses deux mains afin de les faire vibrer. Par la suite, les vibrations sont amplifiées par la caisse de résonance.
L’artisan qui s’occupe de la conception de cet instrument est le luthier. Il s’appuie sur une technique de fabrication traditionnelle, utilisant ses mains et des outils simples. Le procédé requiert un savoir-faire accru et des compétences spécifiques.
La première étape de fabrication est la sélection des matériaux. Celle-ci est importante dans la mesure où elle dicte le rendu final sonore et la durabilité de l’instrument. Par exemple, la calebasse doit être cueillie seulement lorsqu’elle atteint la taille adulte. Les pièces en bois, pour le manche, sont découpées dans des morceaux de noyer ou de mûrier. Ils sont prisés pour leur qualité acoustique et leur solidité.
Lorsque tous les composants sont réunis, l’étape suivante avant l’assemblage consiste à les sécher à l’air libre. Le séchage dure quelques mois et a pour vocation d’éviter les déformations ultérieures. La prochaine étape est l’installation des cordes. Elles sont tendues entre le résonateur et les chevilles, qui sont disposées à des intervalles réguliers le long du manche. Pour finir, divers traitements, comme la laque ou l’huile de lin, sont appliqués sur l’instrument pour le protéger et lui donner une apparence attrayante.
La posture de la musicienne suit des règles précises. Elle place la calebasse face à elle de manière à obtenir les résultats escomptés, que ce soit au niveau acoustique ou harmonique. L’ardîn peut se jouer de différentes manières. La joueuse est accompagnée d’autres instruments tels que la tidinit. Elle peut arrêter de pincer les cordes de son instrument et tape dessus comme sur un tambour. Dans certains cas, il est possible de jouer sur les cordes d’une main, tout en frappant sur la peau du résonateur avec l’autre. Il est bon de noter qu’elle a besoin d’une assistante, notamment lorsque le rythme est profondément marqué. Lors du jeu, cette dernière s’approche de la joueuse (qui fait vibrer les cordes) et frappe sur le tambour-résonateur.
Les partitions associées à l’ardîn présentent des détails sur le réglage, l’emplacement des doigts et la vélocité de frappe. Elles donnent des indications précises sur la façon dont la mélodie devrait être jouée. La notation musicale dépend grandement de la notation utilisée par les griottes, qui peut varier. En général, la musique mauritanienne est transmise de manière orale et n’est pas exactement notée comme la musique occidentale. Toutefois, certaines joueuses, dont Noura Mint Seymali, utilisent des notations similaires à celles de la musique occidentale pour représenter les tonalités de cet instrument. Sa musique mélange le style musical d’Afrique de l’Ouest avec des sonorités et des rythmes empruntés au rock et au blues.
L’ardîn a besoin d’un réglage et d’un entretien régulier. Le but de ces opérations est de lui garantir une bonne longévité et une meilleure qualité sonore.
Pour régler votre instrument à cordes, l’utilisation d’un accordeur électronique est de mise. Cet outil permet de reconnaître toutes ses tonalités. Il est disponible dans les boutiques spécialisées dans la vente de consommables musicaux. Pour ce faire, accordez chaque corde en tournant les chevilles vers l’avant de l’ardîn en vue d’augmenter la tension, et dans le sens inverse pour la diminuer. Une fois que toutes les cordes sont accordées, vous pouvez jouer quelques accords simples pour vérifier si l’instrument sonne mélodieusement. Il convient de ne pas trop tendre les cordes pour éviter qu’elles ne se cassent. Un réglage auprès d’un luthier est recommandé au moins une fois par an.
L’entretien de l’ardîn est identique à celui adopté pour la plupart des instruments à cordes. Après chaque utilisation, ayez le réflexe de le nettoyer avec un chiffon doux non pelucheux afin d’éliminer les traces de doigts et de saleté. Les produits chimiques agressifs sont à proscrire, car ils risquent d’endommager les matériaux qui le composent. Si l’une des cordes est défectueuse ou présente des traces d’usure, remplacez-la immédiatement. Pour conserver votre instrument en bon état, l’idéal serait de le ranger dans un endroit à l’abri de la poussière et du soleil. Pour cela, l’usage d’une housse adaptée est recommandé.
Comme il est constitué de pièces en bois, l’ardîn est sensible à l’humidité. En conséquence, il ne doit pas être entreposé dans un environnement humide tel que la salle d’eau. Il est également possible qu’un niveau d’hygrométrie élevé puisse générer des déformations de ses composants. Le cas échéant, le recours à un hygromètre s’impose. En fonction des valeurs recueillies, vous pouvez faire fonctionner l’humidificateur.
Enfin, il est à noter que jouer avec cet instrument nécessite d’avoir une longueur et une forme d’ongles appropriées. Si ces critères ne sont pas respectés, ils peuvent impacter directement sur le confort de jeu, rendant la pratique difficile.
Pour profiter d’un encadrement complet, vous pouvez vous rapprocher d’une école de musique qui propose un apprentissage centré sur ce type de harpe. Les cours ont généralement lieu en présentiel. Ils peuvent se faire en groupe ou individuellement. Les apprentis avancent à leur rythme et se concentrent non seulement sur la manière de jouer, mais aussi sur les bases de cet instrument à cordes.
Une autre option d’apprentissage consiste à se diriger vers les formations en ligne, appréciées pour la grande flexibilité sur les horaires. Celles-ci sont la plupart du temps proposées sous format vidéo. Elles sont accompagnées de supports picturaux et textuels pour une compréhension rapide et efficace. Sur le Web, vous trouverez des enseignements gratuits ou payants. Dans ce dernier cas, vous bénéficiez d’un suivi personnalisé et individuel, vous permettant ainsi de progresser plus rapidement et dans les meilleures conditions.
Avoir à sa disposition un ardîn est nécessaire si vous privilégiez un apprentissage en autodidacte. Vous pouvez compter sur les ressources exploitables comme les recueils de partition ou les livres de cours.
Avant d’en acheter un, voici les critères à prendre en compte pour bien choisir en toute connaissance de cause :
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