Accordéon de Styrie

Origines et histoire de l’accordéon de Styrie

Le nom de cet instrument à vent n’a rien à voir avec la Styrie, un État fédéré de la République d’Autriche. En réalité, l’accordéon de Styrie a été inventé à Vienne. Il s’agit de la capitale et plus grande ville de ce pays où l’allemand est reconnu comme une des langues officielles. Dans le langage courant, la musique rurale est couramment appelée « musique de Styrie », d’où le nom de cette variante diatonique qui prête parfois à confusion.

Il est plébiscité par les musiciens locaux pour interpréter la musique folklorique d’Autriche, notamment les chansons traditionnelles alpestres. Les instrumentistes de Schrammelmusik, un genre musical typiquement viennois, utilisent parfois l’accordéon de Styrie. Ces artistes ont permis à cet instrument de se faire connaître auprès d’un plus large public. De nos jours, il est aussi utilisé par les accordéonistes spécialisés dans la musique populaire de Bavière, de Slovénie, de la République tchèque et du Tyrol du Sud.

Place de l’accordéon de Styrie dans la culture

L’accordéon de Styrie se fait particulièrement remarquer lors de divers festivals organisés à Bavière. Ces événements sont connus pour leurs musiques de fanfare et l’ambiance conviviale qui y règne.

Durant l’Oktoberfest en Haute-Bavière, la Tanzlmusi donne le rythme tout au long de cette manifestation culturelle incontournable qui dure généralement entre 16 et 18 jours. Il s’agit d’une musique traditionnelle faite pour danser, avec un rythme marqué par les clappements de mains. La formation instrumentale est variée, mais se compose souvent d’accordéons de Styrie, de guitares, de barytons et de cors des Alpes.

La plupart du temps, des sonorités harmonieuses résonantes se font entendre dans la région alpine bavaroise. Elles caractérisent la fameuse Stubenmusik, qui veut dire littéralement « musique des tavernes ». Divers instruments sont utilisés, plongeant ainsi le public dans le ravissement. La formation est souvent constituée d’un accordéon de Styrie, d’un modèle classique, d’une contrebasse et d’une harpe.

Fonctionnement de l’accordéon de Styrie

Cet instrument de musique se compose de trois blocs, dont :

• un clavier pour la main droite (la partie mélodique) sur laquelle chaque bouton est destiné à jouer une note ;
• un clavier pour la main gauche (la partie de l’accompagnement) où les boutons permettent de jouer plusieurs notes et accords ;
• le soufflet, situé entre ces deux blocs, qui est actionné par l’accordéoniste par un mouvement de « « tirer/pousser ».

Pour produire un son, le musicien effectue un mouvement latéral tout en jouant des notes. Pour ce faire, il appuie sur un ou plusieurs boutons de la main gauche et/ou droite. Cette action entraîne l’ouverture d’une ou de plusieurs soupapes définies.

L’accordéon de Styrie est également composé de hanches libres, les organes de production du son. Ces lamelles sont montées sur une plaquette (une de chaque côté) qui ne fonctionnent que dans un sens. De ce fait, que l’accordéoniste « pousse » ou « tire » le soufflet, il obtient la même note.

Fabrication : comment c’est fait ?

La méthode de fabrication traditionnelle est une opération complexe. En effet, des centaines de pièces sont intégrées dans les trois parties principales qui composent l’accordéon de Styrie. Ces éléments sont composés de clapets et de ressorts dont le montage et la fixation sont à réaliser avec minutie. Les boîtiers, généralement en bois dur comme de l’érable ou du chêne, sont réalisés dans un atelier. À l’issue du montage, le facteur procède à son calibrage à la main, un travail long et fastidieux qui demande beaucoup de précision.

À la main gauche, le clavier est divisé en deux parties :

• La première est destinée aux basses, qui évoluent en quintes de bas en haut et en quartes de haut en bas. Disposée sur la rangée précédente, la basse complémentaire correspond à la tierce.
• La seconde est réservée aux accords dits « pré-fabriqués ». En d’autres termes, cette partie du clavier produit trois notes à la fois.

Vu le registre restreint de ce type d’accordéon, le jeu nécessite parfois l’ingéniosité de l’instrumentiste. Il doit avoir un bon sens de l’improvisation pour dissimuler une note manquante.

Notation musicale : comment la musique est-elle conservée ?

Les partitions imprimées sont les plus courantes en vue de conserver la musique de l’accordéon de Styrie. Elles sont conçues pour indiquer la hauteur ainsi que la durée des notes. Ces documents sont disponibles dans les magasins de musique, mais aussi dans les boutiques en ligne spécialisées dans ce domaine.

Il existe également les tablatures qui se déclinent en deux systèmes spécifiques.

La méthode CADB

La notation CADB, acronyme de « Collectif des Accordéonistes Diatonique de Bretagne », est aussi appelée système « pousser/tirer ». En effet, il met en avant deux lignes :

• la première, comportant la lettre « P », est dédiée aux notes à jouer en effectuant le mouvement de « pousser » ;
• le deuxième rang, avec la lettre « T », correspond aux notes du mouvement de « tirer ».

Les chiffres présents sur ces lignes correspondent aux touches du clavier qui se trouvent sur la rangée extérieure. Par exemple, le 4 signifie que le musicien doit appuyer sur le 4^e bouton en partant du haut. Les touches de la rangée intérieure sont représentées par des chiffres « prime » (3′ = 3^e touche en partant du haut). Tout comme la partition traditionnelle, ce type de tablature se lit de gauche à droite.

La notation Corgeron

Ce système de tablature par rangée doit son nom au diatoniste qui l’a créé : Jean-Michel Corgeron. Tout comme la méthode CADB, il se base sur deux lignes :

• la première est dédiée à la rangée intérieure de C (do) ;
• la seconde est destinée à la rangée extérieure de G (sol).

Pour lire correctement ce système de tablature, il est bon de noter que le chiffre fait référence au numéro de la touche concernée. Par exemple, le 6 sur la ligne C correspond à la 6^e touche en partant du haut sur la rangée intérieure. Concernant le mouvement requis, un chiffre souligné signifie que le musicien procède à l’action « tirer ». Inversement, ce dernier doit « pousser » lorsqu’il n’est pas souligné.

Bon à savoir

La représentation des notes des basses est similaire pour ces deux types de systèmes de tablature. Ainsi, pour la main gauche, elles sont situées sur la dernière ligne (sans les indications « P » ou « T »). Elles sont représentées par les lettres A (la), B (si), C (do), D (ré), E (mi), F (fa) et G (sol). Si la lettre est indiquée en majuscule, cela signifie que l’accordéoniste doit appuyer sur la note du bas. Si elle est mentionnée en minuscule, le musicien joue l’accord correspondant.

L’entretien

Afin de maintenir cet instrument de musique en bon état pendant de nombreuses années, il convient de lui accorder une attention particulière. Dans cette optique, il est recommandé de toujours disposer l’accordéon de Styrie sur ses pieds pour s’assurer que les peaux restent parfaitement planes. Dans le cas contraire, des incidences sur le son et les vibrations risquent d’apparaître.

Il est aussi important de prendre l’habitude de nettoyer toute la surface et les touches à l’aide d’un chiffon doux après chaque utilisation. Cet instrument est ensuite à ranger dans son étui pour le garder à l’abri de la poussière, des températures excessives et de l’humidité. Enfin, il est conseillé de le confier à un luthier tous les 10 ans pour une vérification approfondie du mécanisme et des différentes pièces qui le composent.

Apprentissage de l’accordéon de Styrie

La première option consiste à s’inscrire dans un conservatoire ou dans une école de musique. Ces établissements sont plébiscités pour les formations de haute qualité qui y sont dispensées. Outre le fait de profiter des conseils avisés des professeurs, l’apprenant peut aussi échanger avec les autres musiciens en herbe de sa classe. Cette solution s’adresse principalement aux personnes qui souhaitent poursuivre des études supérieures artistiques.

Il est également possible de se tourner vers les formations en ligne. Leur principal avantage réside dans le suivi et les conseils personnalisés. Cette option s’adresse à tout le monde, peu importe son profil et son niveau.

Pour les autodidactes, les tutoriels vidéo dédiés à l’apprentissage de l’accordéon de Styrie sont nombreux sur le Web. Cependant, il est bon de savoir que cette méthode demande des recherches approfondies et beaucoup de temps. En effet, pour assurer une meilleure prise en main et la maîtrise des doigtés, il est important de s’exercer plusieurs fois par semaine. Une bonne méthode de travail, de la patience et de la persévérance sont ainsi nécessaires afin de progresser dans les meilleures conditions.

Critères d’achat de l’accordéon de Styrie

Plusieurs paramètres sont à prendre en compte pour choisir l’accordéon de Styrie parfait.

Le premier critère se rapporte au niveau de l’instrumentiste. Pour un débutant, un modèle à deux rangs est parfait. Disposant de deux voix et de huit basses, il est apprécié pour son poids léger, tournant autour de 5 kg. Une fois les bases acquises, il est possible de se tourner vers un accordéon de Styrie à trois rangées. L’apprenant sera ainsi en mesure d’accéder à des notes supplémentaires et d’élargir ainsi son répertoire.

Le nombre de boutons est également à considérer. Un instrument à 18 basses est plus limité par rapport à un modèle à 24 basses en termes de notes et d’accords. Le nombre de voix figure aussi dans la liste des critères à ne pas négliger pour optimiser la palette de sonorités. Ainsi, outre la voix vibrato (aussi appelée flûte), il convient de privilégier un accordéon ayant les deux voix supplémentaires :

• grave (basson) située une octave en dessous ;
• aiguë (piccolo) située une octave au-dessus.

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