Accordéon chromatique à boutons

Une peau en cuir ou en matériau composite recouvre l’interstice entre la plaquette et l’anche. Elle est destinée à empêcher la perte d’air au niveau de cette partie de l’instrument qui ne produit pas de son, notamment lorsque l’accordéoniste n’appuie sur aucun bouton. L’accordéon chromatique à boutons dispose de deux manuels (ou claviers) sur la face avant. Celui se trouvant sur le côté droit, aussi appelé cantabile, représente la partie mélodique. Le clavier de la main gauche est dédié à l’accompagnement.

Polyvalent, cet instrument de musique à vent permet de jouer dans toutes les tonalités. En effet, l’accordéoniste est en mesure d’explorer une vaste gamme de styles musicaux.

Origine et histoire de l’accordéon chromatique à boutons

Étymologiquement, le mot « accordéon » vient des termes grecs φῦσα phȳsa, signifiant « souffle », et ἁρμονικός, se traduisant par « harmonieux ». Il provient également de l’allemand Akkordeon. Connu depuis plus de quatre millénaires, avec une structure évoluant au fil du temps, l’accordéon possède une longue histoire riche d’emprunts.

L’histoire de l’ancêtre de l’accordéon

Le premier instrument polyphonique à anche libre a vu le jour en Chine vers 2500 av. J.-C. Il est composé d’une chambre à vent reliée à des tuyaux en bambou au bout desquels l’anche est fixée. Il s’agit d’une lamelle conçue pour émettre une vibration, générant ainsi un son bien défini au contact de l’air. Au fil des siècles, il a gagné en notoriété en tant qu’instrument de musique religieux. Utilisé dans le reste de l’Asie, il hérite de nombreuses appellations : shēng (en Chine), shō (au Japon), khène (au Laos), sompoton (à Bornéo), etc.

L’arrivée de l’accordéon en Europe

En 1740, Johann Wilde, un inventeur d’instruments de musique et violoniste d’origine allemande, a rapporté un shēng de son voyage en Chine. Il l’a présenté à la cour de Saint-Pétersbourg, qui a immédiatement été séduite. Le musicien a alors décidé de rénover cet instrument en l’équipant d’une chambre à vent en métal pour remplacer la pièce en bois. Il a aussi installé des résonateurs individuels sur les tuyaux en bambou, permettant ainsi d’obtenir des notes plus stables.

En 1777, Joseph-Marie Amiot, un historien, astronome et prêtre jésuite français, a fait parvenir deux modèles de shēng à Monseigneur Henri Bertin, ministre d’État sous Louis XV. En découvrant le procédé sonore de l’anche libre de ces derniers, les inventeurs ont commencé à faire des recherches approfondies pour l’améliorer. Selon certains historiens, ces études ont permis l’émergence d’un nouvel instrument de musique considéré comme l’ancêtre de l’accordéon. D’autres affirment que son histoire serait intimement liée à celle de la guimbarde ou de l’harmonium.

L’apparition des accordéons modernes

Cyrill Demian, un compositeur et facteur d’orgues et de piano d’origine autrichienne, a déposé un brevet à Vienne sous l’appellation « accordion » en 1829. Celui-ci est composé d’une caisse, sur laquelle des lamelles métalliques sont fixées, et d’un soufflet. Ce dernier est manié avec la main gauche qui effectue un mouvement de « tirer » ou de « pousser ». La main droite est destinée à jouer des notes sur le clavier disposant de cinq touches.

En 1830, l’accordéon apparaît en France, considéré par certains comme un instrument de divertissement. Les accords ont été supprimés par Marie Candide Buffet en 1931, qui les a remplacés par un clavier mélodique. L’accordéoniste obtient ainsi une note en tirant et une autre en poussant. En 1934, Cyrill Demian intègre un second clavier pour les accords, le premier étant toujours destiné à la mélodie.Le premier accordéon proche de la version moderne n’a vu le jour qu’en 1871. Il a été conçu par Mariano Dallapè, un entrepreneur italien et fondateur de l’usine Fabbrica Armoniche Mariano Dallapè e Figlio, basée à Stradella. Depuis, d’autres fabricants, dont le facteur italien Paolo Soprani, se lancent sur le marché en créant des modèles innovants. Les accordéons ne cessent de se perfectionner, la plupart étant conçus en fonction des coutumes, des styles et des traditions culturelles.

L’accordéon chromatique à boutons dans la culture

L’accordéon chromatique à boutons est utilisé en musique folklorique, traditionnelle, populaire, contemporaine et classique. Il est aussi de plus en plus présent dans les musiques actuelles.

Dans la musique classique

Paul Hindemith, un célèbre altiste, chef d’orchestre et compositeur allemand, a créé en 1921 la première composition spécifiquement dédiée à l’accordéon chromatique : Kammermusik No. 1. Un an plus tard, le compositeur autrichien Alban Maria Johannes Berg a décidé d’inclure cet instrument dans son opéra intitulé Wozzeck. D’autres musiciens ont suivi leurs pas, tels que Kurt Weill, Sergueï Prokofiev, Dmitri Chostakovitch et Jean Françaix, entre autres.

Dans la musique contemporaine

De nos jours, l’accordéon chromatique à boutons est présent dans le répertoire de musique contemporaine. Il est généralement utilisé en musique de chambre, dont les plus célèbres sont :

• Twentse (1976) et Sonate (1981), du néerlandais Henk Badings ;
• Sequenza XIII (1985), de l’italien Luciano Berio ;
• Concerto pour accordéon (1997), du français Jean Françaix.

D’autres compositeurs célèbres continuent de créer des œuvres contemporaines dédiées à cet instrument.

Dans les musiques traditionnelle et folklorique

L’accordéon chromatique à boutons sert désormais dans la composition de musiques folkloriques, notamment dans :

• la jig en Irlande ;
• des reels en Écosse et au Québec ;
• des valses en Grande-Bretagne, en Autriche et en Suisse.

De nombreuses variantes de cet instrument sont utilisées dans les musiques traditionnelles, incluant le klezmer, la tzigane, etc.

Dans le jazz

L’accordéon est de plus en plus utilisé dans le jazz. Django Reinhardt (guitariste) et Jo Privat (accordéoniste) ont été les premiers artistes français à travailler en collaboration pour le mettre en avant cet instrument à vent à l’époque du jazz swing. Marcel Azzola, un autre accordéoniste français, a fait de même en réalisant des arrangements pour accordéon avec All the Things You Are. Cette chanson, composée par Jerome Kern, figure actuellement dans la liste des standards de jazz les plus connus.

Dans la musique orientale

L’accordéon chromatique à boutons a été intégré aux dernières tendances musicales. Des artistes de renom, tels que Cheb Khaled, un chanteur de raï, le mettent en avant dans leurs œuvres. Il contribue à une transition entre les instruments électroniques et traditionnels. Les modes d’interprétation et les techniques adoptées varient d’une région à une autre et en fonction des styles musicaux.

Dans les festivals

De nombreux événements dédiés à l’accordéon sont organisés en France tels que :

• « le Festival d’Accordéon de Chamberet », en Corrèze ;
• « le Grand Soufflet à Rennes », dans la ville éponyme ;
• « le Roubaix à l’Accordéon », dans la commune du même nom ;
• « le Festival de l’accordéon de Lesterps », en Charente ;
• « le Festival de l’accordéon de Lamoura », dans la commune éponyme ;
• « le Festival national d’accordéon au Mans », à Sarthe ;
• « Accordéons-nous », dans la commune de Trentels;
• « l’accordéon Plein Pot, dans le village de Saint-Quentin-la-Poterie.

Des manifestations culturelles similaires se déroulent également dans d’autres pays d’Europe, à l’instar de « L’Accordéon, moi j’aime ! », organisé à Tournai, en Belgique.

Les artistes célèbres utilisant l’accordéon chromatique

L’accordéon chromatique à boutons a désormais acquis ses lettres de noblesse grâce à des artistes de variétés tels que Yann Tiersen et Patrick Bruel. Des groupes de rap contribuent aussi à sa renommée, à l’instar de Java. Cet instrument est particulièrement mis en avant par « Les Délinquante », le célèbre duo formé par Claire Bernardot et Céline Ribaud. Durant sa tournée Accordéonissi’mots de 2004 à 2007, Serge Lama était accompagné de l’accordéoniste Sergio Tomassi.

Réglage et entretien de l’accordéon chromatique à boutons

Le réglage de l’accordéon chromatique à boutons étant particulièrement compliqué, l’intervention d’un professionnel est requise.

Concernant l’entretien, comme il s’agit d’un instrument fragile, il convient de connaître les bons gestes à adopter pour lui permettre de rester en bon état pendant plusieurs années.

À cet effet, il est important de toujours poser l’accordéon dans une position verticale. S’il est posé sur le côté ou sur le dos, les peaux collées sur chaque côté de la plaquette risquent de se déformer, entraînant des bruits parasites. Il est aussi crucial de le ranger dans un endroit sec et à température ambiante. En effet, exposé à de fortes chaleurs, les matériaux qui composent cet instrument de musique risquent de se rétracter (bois) ou de se dilater (métal). Il est également recommandé de glisser des morceaux de bois de camphrier dans l’étui dans le but de repousser les insectes xylophages.

Pour faire disparaître les rayures, il suffit de frotter la surface avec un tissu doux et de la crème spécialement conçue pour faire briller le cuivre. Ce nettoyant est à bannir si l’accordéon est verni ou peint. Un coup de chiffon suffit amplement en vue de lui redonner son éclat. Pour éviter que les boutons se tordent, il convient de toujours prendre l’accordéon chromatique à boutons sur les côtés ou par le dessous, et jamais par les claviers. Un bon réglage des bretelles est aussi nécessaire afin de limiter l’usure à l’arrière du soufflet. Pour ce faire, celle se trouvant à droite doit être un peu plus longue que celle de gauche.

Apprentissage de l’accordéon chromatique à boutons

Les tutoriels vidéo dédiés à l’apprentissage de l’accordéon chromatique à boutons sont nombreux sur la Toile. Cette méthode demande beaucoup de temps, car il est nécessaire de s’exercer plusieurs fois par semaine au début pour progresser rapidement. Il est également possible de suivre des cours en ligne. Les professeurs particuliers assurent un suivi personnalisé en fonction du profil et du niveau de l’apprenant. Enfin, l’inscription dans de grandes écoles de musique ou dans un conservatoire (il en existe environ 400 en France) constitue l’option à privilégier. Ce type de parcours s’adresse aux personnes souhaitant poursuivre des études supérieures artistiques, car la formation dans ses institutions est de haute qualité.