Histoire de la pierre soufre natif
La pierre soufre natif est entachée d’une connotation négative… voire “sulfureuse”! Son odeur puissante et son origine volcanique l’ont souvent liée au diable, mais pas seulement. Le soufre est reconnu très tôt pour ses vertus purifiantes, assainissantes, mais aussi destructrices : c’est la purification par le feu. Ainsi, vers 150 av. J.-C., Caton l’Ancien propose une recette avec une composition soufrée contre la pyrale de vigne, un papillon ravageur. Homère lui attribue la propriété d’éloigner la vermine ; dans l’Odyssée, Ulysse en brûle pour purifier sa maison après avoir massacré les prétendants de sa femme Pénélope ; il demande de faire “soufrir” sa chambre. De même dans la Bible, il est associé au feu pour incarner la colère divine ; ensemble, ils détruisent afin de purifier notamment Sodome et Gomorrhe. Ses vertus purifiantes continuent d’être mises à profit : on l’utilise encore au XVe siècle contre la peste noire afin d’assainir les bâtiments, en les faisant “soufrir”.
Sa réputation négative vient aussi de la toxicité de ces valeurs. L’étude de ses émanations autour des volcans n’était ainsi pas sans danger. Pline l’Ancien, le naturaliste romain, mourut en 79, probablement intoxiqué par les vapeurs libérées par l’éruption du Vésuve (l’hydrogène sulfureux), cette même éruption qui détruisit Pompéi. Au Ve siècle avant J. C., Empédocle, philosophe et médecin grec fut se suicida en se jetant dans le cratère de l’Etna. Ce n’est pas le seul usage historique des composés soufrés. Des usages militaires furent développés dans différentes civilisations. Dioscoride, qui a posé les bases de la pharmacie scientifique dans l’antiquité grecque décrit sa fumée irritante, utilisée par l’armée grecque pour faire fuir ses ennemis, le dioxyde de soufre (so2). Plus tard, au XIe siècle, les Chinois créent la poudre à canon en le mélangeant à du salpêtre et du charbon de bois. Elle est découverte en Europe au XIIIe siècle.