En effet, elle incarne pour les Chinois le beau, le précieux ; elle est considérée comme la plus parfaite représentation du principe du yang dans le Taoïsme, le Yang étant l’énergie qui dispense la vie et incarne le masculin. Dès la préhistoire, elle était considérée comme une roche ayant des propriétés magiques. La culture chinoise au cours des époques suivantes a confirmé cette fascination pour ce minéral auquel était prêté des propriétés et une symbolique extraordinaire. Une cigale sculptée dans cette roche était placée dans la bouche des défunts pour leur garantir la vie éternelle et la résurrection dans l’au-delà. Elle devait protéger le corps de la putréfaction. Elle incarne la vertu, la pureté, la tranquillité, la réserve et l’élégance. Les légendes ont aussi donné une place importante à ce minéral, notamment la légende de la création de l’humanité et la légende de Pangu. Elle a par conséquent été principalement utilisée pour sculpter des objets utilitaires et cérémoniels : objets de décoration intérieure, costumes funéraires, emblèmes de différentes formes utilisés au cours de cérémonies en présence de l’Empereur. Celui-ci était tenu d’arborer un sceptre sculpté dans cette roche (Ruyi) lors des cérémonies. Considérée comme la “pierre impériale”, elle est étroitement associée à l’Empereur et au pouvoir impérial. Comme l’Empereur, elle est considérée comme un intermédiaire entre le monde terrestre et le monde céleste. Elle a suscité cette fascination durable chez les Chinois à cause de sa rareté et de sa dureté relative , pour lesquels elle symbolise à la fois le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Son commerce est un monopole impérial. L’Empereur était le seul à pouvoir utiliser des tablettes taillées dans cette roche pour écrire. Elle était symbole de pouvoir et de prestige ; elle avait notamment pour fonction d’indiquer le rang d’un dignitaire ou d’un responsable chinois noble ou fonctionnaire en ornant sa ceinture. De la même façon, les princes de la cour impériale recevaient chacun une tablette sculptée dans cette roche présentant des motifs particuliers pour identifier leur rang.
Cependant, les gisements chinois se sont taris et les Chinois se sont tournés par l’importation de minéraux du Turkestan, en utilisant la route de la soie. Cette route commerciale permettait le commerce entre le Moyen-Orient, l’Inde et la Chine par le passage de caravanes. Celles-ci transportaient effectivement de la soie, mais aussi de la pierre Néphrite du Turkestan, du thé et de la porcelaine. Deux itinéraires étaient pratiqués qui contournaient par le nord ou par le sud le désert du Taklamakan, aride et dangereux. Ils étaient ponctués d’oasis, des carrefours de commerce et d’échanges culturels et religieux importants, qui avaient pour fonction de fournir du repos et de nouvelles bêtes aux caravanes. Le commerce de la néphrite était le plus prisé des Chinois et a justifié le maintien des échanges commerciaux via la route de la soie jusqu’au XVIIIe siècle.
En Nouvelle-Zélande, cette roche tient une place particulière dans la culture maorie. Elle est connue sous le nom de “pounamu” et considérée comme un trésor. Elle est protégée par le traité de Waitangi : son extraction est strictement limitée. Les Maoris l’utilisent afin de fabriquer des armes comme les mere (qui ressemblent à des masses courtes), des ornements, comme les Hei-tiki présents sur les colliers, mais aussi des outils, car le fer n’est pas présent sur l’île. Les Maoris considèrent qu’elles ont leur propre “mana”, qui signifie “pouvoir” ou “prestige” ; elles se transmettent dans les familles comme des biens patrimoniaux et pouvaient être offertes pour sceller des accords.