La véritable heure de gloire de ce minerai arrive en Europe au XIXe siècle. À cette époque, les Anglais ont un centre de production dans le Yorkshire et exportent leurs roches dans le monde entier, car elles sont considérées comme étant les plus belles du monde. D’autres gisements sont vendus pour assurer la production mondiale : aux Asturies en Espagne, dans le sud de la France, en Russie, en Chine ou encore en Californie. La finesse particulière du minéral en fait un produit particulièrement difficile à industrialiser et pour produire des bijoux et figurines de qualité, les tailleurs, sculpteurs et bijoutiers développent des techniques professionnelles destinées à travailler leur matériau. Ils sont nombreux à se regrouper à Compostelle pour y vendre des accessoires religieux, des crucifix ou des médailles d’affliction. De manière plus générale, le jais était utilisé pour les bijoux destinés au deuil et en France, c’est le seul modèle que l’on pouvait porter après un décès au XIXe siècle. Le minerai précieux connaît un essor fulgurant pendant toute la période victorienne, et ce, jusqu’au début du XXe siècle : en Indochine, on dénombre 6,2 millions de tonnes pour la seule année 1895. L’intérêt s’étiole après la Première Guerre mondiale et les tailleurs et petits commerces ferment les uns après les autres. Les derniers ont disparu dans les années 1950. Aujourd’hui, cette perle particulière connaît un nouveau regain d’intérêt et certains orfèvres ont retrouvé les savoir-faire séculaires pour proposer un bijou de qualité ou des effigies religieuses dignes de l’époque victorienne. Les formes restent traditionnelles : coquilles, statuettes de saint Jacques, pendentifs, bénitiers, rosaires et chapelets.
Les légendes qui entourent la pierre Jaïs
L’éclat de métal très particulier du lignite ont poussé les civilisations à lui donner des fonctions magiques et son port est autant recommandé pour certaines afflictions que déconseillé en raison de mauvais présages. Sa couleur l’associe à l’élément Terre et elle a la faculté de s’électriser quand on la frotte. Dans les tombes préhistoriques, on estime que le minerai était utilisé pour garder les os des morts et assurer leur défense. En Grèce Antique, on portait ce bijou pour s’attirer les faveurs de la déesse Cybèle, responsable de l’accroissement et des végétaux. Cette croyance était particulièrement suivie par les jardiniers, pendant des siècles.
Dans l’Angleterre du Moyen Âge, elle était utilisée par les femmes de pêcheurs en tant que protecteur magique à brûler dans le feu de la cheminée. Ce geste avait pour but de protéger leurs maris absents des colères de l’océan. Plus généralement à cette époque, les bijoux de ce type sont considérés comme des amulettes protectrices ou des bijoux de deuil. Si elles sont utilisées dans ce but, les perles ont pour réputation d’engloutir un morceau de l’âme de celui qui les porte. Leur utilisation était parcimonieuse, car on pensait que si elles tombaient entre de mauvaises mains, il était possible de manipuler le propriétaire des bijoux. Elles contiennent également certaines émulations négatives du passé dont il n’est pas toujours bon de garder le souvenir. Son côté plus négatif concerne sa réputation auprès des amateurs de sorcellerie et de sacrifices. À Stonehenge, les couteaux utilisés dans les sacrifices rituels étaient taillés dans du jais à l’éclat de métal noir.